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Noirceur

Variantes Singulier Pluriel
Féminin noirceur noirceurs

Définitions de « noirceur »

Trésor de la Langue Française informatisé

NOIRCEUR, subst. fém.

A. − Rare
1.
a) Qualité de ce qui est noir. La noirceur des cheveux, des sourcils. Mettre de ce corps mercuriel calciné et fixé dans l'eau spirituelle ou esprit liquide mercuriel distillé; (...) les putréfier ensemble jusqu'à la noirceur (Caron, Hutin,Alchimistes,1959, p.156):
1. La puanteur intolérable des déjections, la sécheresse et la noirceur de la langue, la prostration des forces, les défaillances, l'intermittence du pouls et les autres signes de putridité font distinguer la dysenterie putride de la bénigne. Geoffroy,Méd. prat.,1800, p.3859.
b) Vieilli ou région. (Canada). Obscurité. Au milieu des tourmentes et des noirceurs d'un long hiver, souvent apparaissent des matinées de neige, de glace et de soleil (Barrès,Cahiers,t.10, 1914, p.250).Les feuilles des fusains luisaient au milieu de la noirceur nocturne (Montherl.,J. filles,1936, p.974):
2. −Noé, disait-il, j'aime ça un feu au bord de l'eau, ou devant une tente. C'est vivant, c'est plus gai que la noirceur. H. Bernard,Les Jours sont longs,Ottawa, 1951, p.27 ds Rogers 1977.
2. Tache noire. Il a des noirceurs au visage (Littré).
B. − Au fig.
1.
a) Caractère méchant, perfide (d'une personne, d'une action). La noirceur d'un crime, d'un attentat; la noirceur de son âme; la noirceur de l'égoïsme. La noirceur de son ingratitude, de son infidélité, de sa trahison (Ac. 1935). Divine naissance, symbole elle aussi du triomphe prochain du jour sur la nuit, du bien sur le mal, de la lumière sur la noirceur de Satan, espoir en des jours nouveaux (Menon, Lecotté,Vill. Fr.,2, 1954, p.109).
b) Rare. État de ce qui est assombri par la tristesse, la mélancolie. La noirceur des pensées. Breuil, gâteaux, pâtés en terrine, Pain blanc, chocolat sans farine, Dans un veuvage sans noirceur (Toulet,Vers inéd.,1920, p.85).
c) État de ce qui est inquiétant, menaçant. Malgré les rigueurs du moment présent et la noirceur du tableau qui m'était fait à la 2eArmée (Foch,Mém.,t.1, 1929, p.170).
2. Action, parole, pensée, sentiment méchant(e), perfide. Il y avait eu d'abord contre M. Madeleine, sorte de loi que subissent toujours ceux qui s'élèvent, des noirceurs et des calomnies (Hugo,Misér.,t.1, 1862, p.210):
3. Quelle éloquente révélation des noirceurs que peuvent cacher, dans un jeune homme, les grâces de l'esprit, les charmes du langage, les agréments de la figure, et tous les dons de séduire et de plaire! Quel exemple des perfidies et des horreurs dont l'orgueil et l'amour, réunis dans une âme violente et dans un coeur dépravé, sont capables! Marmontel,Essai sur rom.,1799, p.338.
Prononc. et Orth.: [nwaʀsoe:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1175 nerçor «qualité de ce qui est noir» (Chronique Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 26907); 2equart xiiies. noirceur (Lapidaires, éd. L. Pannier, E 1061, p.270); 2. ca 1175 neiçors «obscurité» (Chronique Ducs Normandie, 4239); 3. 1690 noirceur «tache noire» (Fur.). B. 1. a) 1628 «méchanceté» (Hardy, Amour victorieux, 1554: l'aveugle noirceur); 1651 (Scarron, Roman comique, Iepart., chap.XXII ds Rob.: la noirceur de son action); b) 1680 «acte, parole méchante» (Mmede Sévigné, Lettres, 26 janv., éd. R. Duchêne, t.2, p.815); 2. 1657-62 «mélancolie, tristesse» (Pascal, Pensées, éd. L. Lafuma, no622). Dér. de noir*; suff. -eur1* (+ -c- d'apr. noircir*). Fréq. abs. littér.: 205. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 204, b) 531; xxes.: a) 296, b) 233.

Wiktionnaire

Nom commun - français

noirceur \nwaʁ.sœʁ\ féminin

  1. Qualité de ce qui est noir.
    • La noirceur de la tourbe et des basaltes est coupée par des taches d'un gazon vert et abondant. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
  2. Tache noire.
    • Il a des noirceurs au visage, une noirceur à la jambe.
  3. (Figuré) Atrocité d’une action ou d’un caractère.
    • Des doutes s’élevèrent sur sa probité. Mme Aubain étudia ses comptes, et ne tarda pas à connaître la kyrielle de ses noirceurs : détournements d’arrérages, ventes de bois dissimulées, fausses quittances, etc. — (Gustave Flaubert, Trois Contes : Un cœur simple, 1877)
    • Cette Gourguin était, comme l'on dit chez nous, un vrai chat noir, qui n’avait que la peau et les os ; toutefois, un grand feu d'esprit, et les plus beaux yeux, avec des manières hautaines : dangereuse, artificieuse, accusée de beaucoup de noirceurs ; […]. — (Élémir Bourges, « Prologue : Le mémoire d'Ivan Manès », avril 1871, dans Les Oiseaux s'envolent: et les Fleurs tombent, en feuilleton dans La Revue hebdomadaire : romans, histoire, voyages, Paris : Librairie Plon, novembre 1892 (A1 - T6), page 56 & Éditions Ligaran, 2015)
    • Eh oui! les êtres de bonté éprouvent ces disgrâces plus que les autres. Ils ne peuvent imaginer la noirceur dans leur entourage. — (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942)
  4. (Québec) Obscurité de la nuit.
    • Elle hésita quelques minutes, le froid humide la faisait grelotter, la noirceur était tombée, les rues étaient vides, elle n'avait d'autre solution que de retourner à la maison, vivre sa chienne de vie. — (Denise Bombardier, Edna, Irma et Gloria, Albin Michel, 2007, page 207)
  5. État obscur et inquiétant de l'esprit, loin de la vérité.
    • Par cette proposition, Freud demande implicitement à ses lecteurs de se protéger contre les dangers de la superstition et de ne pas tomber dans les pièges d'une quelconque noirceur, petite ou grande. — (Jean Désy, L'irrationalité nécessaire, éd. XYZ, page 149)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

NOIRCEUR. n. f.
Qualité de ce qui est noir. La noirceur de l'ébène, de l'encre. La noirceur des cheveux, des sourcils. Il signifie aussi Tache noire. Il a des noirceurs au visage, une noirceur à la jambe. Il signifie, au figuré, Atrocité d'une action, d'un caractère. La noirceur de son ingratitude, de son infidélité, de sa trahison. La noirceur de cet attentat. La noirceur de son âme.

Littré (1872-1877)

NOIRCEUR (noir-seur) s. f.
  • 1Qualité qui fait qu'un corps est noir. La noirceur d'une étoffe. Quoi ! s'ensuit-il qu'on soit un démon, parce qu'on n'est pas un ange, ou que l'embrasement dure encore, parce que l'on voit quelque fumée ou quelque noirceur ? Bossuet, Sermons, Jugem. hum. 1. Cette couleur des Hottentots, dont la noirceur ne peut avoir été affaiblie que par la température du climat, Buffon, Hist. nat. homm. Œuv. t. V, p. 222.
  • 2Obscurité. La noirceur des bois sombres. Laisse-moi ; de la nuit je chéris la noirceur ; Je voudrais en pouvoir redoubler les ténèbres, Saurin, Beverlei, IV, 5.

    Fig. Je disais bien au fils d'un malheureux [le comte de Vaux, fils de Fouquet] que, si avec son mérite et sa valeur, qui perce même la noirceur de sa misère…, Sévigné, 21 oct. 1676.

  • 3Tache noire. Il a des noirceurs au visage.
  • 4 Fig. Tristesse morne. Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos … incontinent il sortira du fond de son âme l'ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir, Pascal, Pens. XXV, 26. En vérité la noirceur de mes pensées m'a rendue quelquefois insupportable, Sévigné, 56. Mme de Marans vint hier chez Mme de la Fayette ; elle nous parut d'une noirceur, comme quand on a fait un pacte avec le diable, et que l'heure approche de se livrer, Sévigné, 139. J'ai quelquefois des rêveries dans ce bois d'une telle noirceur que j'en reviens plus changée que d'un accès de fièvre, Sévigné, 57. Il m'est doux de penser à vous ; mais l'absence jette une certaine amertume qui serre le cœur ; ce sera pour ce soir la noirceur des pensées, Sévigné, 21 août 1675. Pardonnez-moi d'égayer un peu la noirceur que ma transplantation [à Berlin] répand dans mon âme, Voltaire, Lett. Mme Denis, 24 août 1750.

    Pensées sombres. Je suis trop heureuse de l'espérer [le jour où elle reverra Mme de Grignan], et je ne veux point gâter cette joie par des noirceurs et des prévoyances ingrates envers Dieu, Sévigné, 22 sept. 1680. Les noirceurs dans l'esprit, avec des peines si aiguës dans le corps, ah ! mon Dieu, c'en est trop, arrêtez votre bras et faites sentir vos consolations, Bossuet, Lett. abb. 55. Quand vous seriez dans les noirceurs de la mort, Bossuet, ib. 66.

  • 5 Fig. Caractère méchant et perfide d'une action, d'une personne. Un retour de tendresse de cœur Qui de son action efface la noirceur, Molière, Ec. des f. V, 4. Qu'il y a de noirceur et d'apparence d'aigreur à conserver longtemps ces sortes de haines ! elles doivent passer avec les affaires qui les causaient, Sévigné, 20 oct. 1679. De ces femmes pourtant l'hypocrite noirceur Au moins pour un mari garde quelque douceur, Boileau, Sat. X. D'un empoisonnement vous craignez la noirceur ? Racine, Brit. IV, 4. Et, par là de son fiel colorant la noirceur, Racine, Athal. I, 1. Dans toute leur noirceur retracez-moi ses crimes, Racine, Phèdre, IV, 4. La colère du roi [Alexandre] étant comme éteinte tout à coup dans le sang de Clitus, son crime se montra alors à lui, avec toute son énormité et toute sa noirceur, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VI, p. 462, dans POUGENS. Méchant [Dubois] avec réflexion, et par nature, et par raisonnement, traître et ingrat, maître expert aux compositions des plus grandes noirceurs, Saint-Simon, 390, 14. Quel excès de noirceur ! Voltaire, Zaïre, IV, 6. J'ai démêlé son âme, et j'en vois la noirceur, Voltaire, Sémiram. II, 1.
  • 6Action ou parole qui a pour but de nuire. Il y a bien des noirceurs dans ce que dit la Voisin, Sévigné, 26 janv. 1680. Fausses confidences, noirceurs, billets sacrifiés, flatterie, médisance, Baron, Homme à bon. fort. I, 10. C'est un enchaînement de tours, d'horreurs secrètes, De gens qu'il a brouillés, de noirceurs qu'il a faites, Cresset, Méch. I, 2. Le manége, l'intrigue, les piéges et ce qu'on appelle la noirceur, ne s'emploient qu'entre les rivaux d'ambition, Duclos, Consid. mœurs, ch. 11. Je sus qu'ils m'imputaient des noirceurs atroces, sans jamais pouvoir apprendre en quoi ils les faisaient consister, Rousseau, Confess. X. Les noirceurs secrètes, tous les petits moyens que l'ignorance et l'envie savent si bien mettre en usage contre ce qui leur nuit ou leur déplaît, sont employés pour perdre ce dangereux novateur [Rameau], D'Alembert, Lib. de la mus. Œuv. t. III, p. 341, dans POUGENS. Soyez sûr que Mme du Deffand, qui vous a écrit cette noirceur, est bien moins votre amie que nous, D'Alembert, Lett. à Volt. 2 juill. 1770.

HISTORIQUE

XIIe s. Après vient l'oscurté si granz, E les tenebres, la nerçors, Benoit de Sainte-Maure, II, 2074.

XIVe s. La nerceur [de la dure-mère] apert [apparaît] as eus [yeux], H. de Mondeville, f° 56.

XVIe s. Au lieu de peler les noix, l'on les perce en trois ou quatre endroits, afin de leur feire vuider la liqueur maligne, leur causant la noirceur, De Serres, 859.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

NOIRCEUR. Ajoutez :
7Synonyme de nielle. Beaucoup de pieds [de houblon] ont à peine atteint la moitié de la hauteur des perches ; d'autres ont tant souffert de la vermine et de la noirceur, qu'ils ne laissent plus espérer qu'un rendement fort minime, Extr. des Affiches de Bischwiller, dans Journ. offic. 19 juill. 1876, p. 5317, 3e col.
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Étymologie de « noirceur »

Mot dérivé de noir, avec le suffixe -eur avec un \c\ d’après noircir.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dérivation irrégulière de noir (voy. NOIRCIR). À côté de noirceur, il y avait neror, tiré directement du latin nigrorem, et noireté.

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Phonétique du mot « noirceur »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
noirceur nwarsœr

Fréquence d'apparition du mot « noirceur » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « noirceur »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « noirceur »

  • Ce monstre qui porte sur son visage la noirceur de son âme.
    Charles Baudelaire — Le spleen de Paris
  • Le corbeau critique la noirceur.
    William Shakespeare
  • Malgré tout, l’artiste contraste avec la noirceur de ses œuvres. Comme dans la vie, son regard sur la société et sur son métier est empreint de simplicité et teinté d’humour. 
    Le Droit — Christian Quesnel : La lumière dans la noirceur [VIDÉO] | Livres | Arts | Le Droit - Gatineau, Ottawa
  • Bebe Sy, Une noirceur qui enflamme les réseaux sociaux (Photos). Bebe Sy, Une noirceur qui enflamme les réseaux sociaux (Photos).
    People - Bebe Sy, Une noirceur qui enflamme les réseaux sociaux (Photos) | Senescoop.net
  • La pureté des intentions d'un auteur est à rechercher dans la noirceur de ses brouillons.
    Stanislaw Jerzy Lec — Nouvelles pensées échevelées

Traductions du mot « noirceur »

Langue Traduction
Anglais darkness
Espagnol oscuridad
Italien buio
Allemand dunkelheit
Chinois 黑暗
Arabe الظلام
Portugais trevas
Russe темнота
Japonais
Basque iluntasuna
Corse a bughjura
Source : Google Translate API

Synonymes de « noirceur »

Source : synonymes de noirceur sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « noirceur »

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Noirceur

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