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Abattu

Définitions de « abattu »

Trésor de la Langue Française informatisé

ABATTU, UE, adj.

A.− Sens propre. Abaissé, affaissé :
1. Elle [la Faustin] possédait ... des épaules abattues et joliment tombantes... E. de Goncourt, La Faustin,1882, p. 231.
P. ext. ds la loc. (à) bride abattue. Retombé (sur le cou du cheval), relâché :
2. Je m'en vais musant et baguenaudant, comme disait Rabelais, jusqu'à Naples; et de là, ayant fait ce que j'ai à faire, vu ce que j'ai à voir (c'est l'affaire de peu de jours), je repars ventre à terre à bride abattue jusqu'à Paris, jusqu'à vous, Madame; ... P.-L. Courier, Lettres de France et d'Italie,1811, p. 848.
3. Et les autres chevaux, étriers ballants, sabre cliquetant, galopaient bride abattue, épouvantés, hennissants, et traçaient de grands cercles à travers les champs moissonnés, dont ils semblaient ne pouvoir s'écarter, comme des oiseaux surpris par un coup de fusil... J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 1, 1925, p. 236.
Rem. Sans prép. l'expr. est plutôt une constr. part. absolue.
B.− Sens fig. Privé de ses forces physiques ou morales :
4. Je te dirai encore avec la même franchise que lorsque ma mère était seule avec moi, et qu'elle me voyait toujours triste, morne et abattu, elle exhalait quelquefois sa douleur en plaintes contre moi et contre toi; ... V. Hugo, Lettres à la fiancée,1822, p. 185.
5. Je me sens mieux depuis hier midi. Mais jeudi fut vraiment sans nulle force. Très abattu. Le contraire de l'ascension. A. Gide, P. Valéry, Correspondance,lettre de P.V. à A.G., mai 1918, p. 472.
Rem. L'emploi possible de très (cf. ex. 5) prouve la valeur adj. de abattu.

ABATTU, subst. masc.;ABATTUE, subst. fém.

A.− Masc.
1. (À) l'abattu. Position abattue du chien de fusil (cf. abattre, sém. ARMURERIE, I A 2).
2. P. anal. Expr. arg. mettre les godillots à l'abattu :
« Mettre ses godillots à l'abattu, Exposer ses godillots la semelle en dessus (et cirée!), les jours d'inspection; − analogie avec le chien du pétoir, St-Cyr, 1903-1905. » R. Mulot, Notes manuscrites sur l'argot de St-Cyr,1918-1919(Esn. 1965).
B.− Fém.
1. ARCHIT. La retombée d'une voûte (vieilli).
2. SALINES. Travail d'une chaudière pleine d'eau salée, depuis le moment où on la met au feu jusqu'à celui où on la laisse reposer.
3. MAR. Action d'un vaisseau qui suit la direction du vent en se retournant.
Prononc. : [abaty]. Enq. : /abaty/.
ÉTYMOL. − 1. 1395 « action de démolir (une constr.) », terme d'archit. (ds Lobin., II, 790 ds Gdf. : nonobstant la demolicion et abatue du chastel de Tonquedeuc); 2. 1751 terme de salines (Encyclop. s.v. : On entend à Moyenvic et dans les autres salines de Franche-Comté par une abattue, le travail continu d'une poële, depuis le moment où on la met en feu, jusqu'à celui où on la laisse reposer...); 3. 1752 (Trév. Suppl., terme archit. : Abatue. C'est la distance horizontale de la naissance d'un arc à la perpendiculaire qui tombe d'une division de cet arc ou de son extrémité supérieure sur son diamètre horizontal). Ce terme n'est plus guère en usage; on se sert de celui de retombée. Part. passé substantivé de abattre* : 1 et 3, de abattre, étymol. 1, sens propre; prob. à cause de la perpendiculaire qui se projette en s'abattant à l'horizontale (cf. abattre, étymol. 1 a, xiiies. « mettre à l'horizontale par le jeu régulier d'un système, un pont-levis à la verticale », Gaufrey); 2, de abattre, étymol. 2 emploi fig. (cf. abattre, étymol. 2, 1180, terme phys. « faire disparaître par évaporation », Aymeri de Narbonne). HIST. − Subst. masc. et fém. rarement attesté en fr. mod. et seulement dans des emplois techn. Les accept. d'a. fr. mentionnées par l'étymol. ont toutes disparu et ne sont même plus recensées par les dict. post. au xves. Les accept. mod., sans rapport avec les accept. anc. et issues d'accept. différentes de abattre (dans lesquelles on retrouve toujours l'idée de chute − au propre et au fig. − comprise dans le verbe) semblent être senties comme des néol. I.− Disparitions av. 1789. − A.− Abattu, subst. masc. − « Fait d'être abattu »; 1 attest. isolée au xviiies. Il s'agit du part. subst. dans un emploi proleptique (cf. le négligé de sa mise) : Elles [les signatures des ducs et pairs] furent incontinent regardées par ces deux maréchaux [Villeroy et Villars], et reconnues sans doute, au farouche abattu de leurs yeux. Saint-Simon, Mémoires, éd. Lanneau, 1876, t. II, p. 206, (Littré Suppl.). B.− Abattue, subst. fém. − 1. Étymol. 1, xives. Le mot dans ce sens a été très vite supplanté par abattement et abattage exprimant l'action du verbe. 2. Terme d'archit. « retombée d'un arc », présenté comme vieilli à sa 1reattest. ds Trév. 1752 (cf. étymol. 3); repris par Trév. 1771, Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Littré, DG et Lar. encyclop. qui le donnent tous pour vieux et le rejettent au profit de retombée. II.− Hist. des accept. attestées apr. 1789. − A.− Abattu, subst. masc. (A 1), terme d'armurerie; 1reattest. Littré (cf. abattage, hist. II A 8) : Le chien d'une arme à feu à percussion est dite à l'abattu quand il repose sur la cheminée. Littré. − xxes. Terme attesté dans les dict. contemp. : Position du chien d'un fusil désarmé. Cran de l'abattu. Pt Rob. − Rem. P. anal., terme d'arg. (cf. ex.). B.− Abattue, subst. fém. − 1. B 2, terme de salines; 1reattest. 1751 (cf. étymol. 2), subsiste jusqu'au DG. 2. B 3, terme de mar.; 1 attest. isolée ds Besch. Absent de la docum., des gloss. et lex. spécialisés. (cf. abattre).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 1 524. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 3 144, b) 2064; xxes. : a) 1 851, b) 1 578.
BBG. − Barb.-Card. 1963. − Chabat 1875-76. − Chesn. 1857. − Gay 1967. − Nysten 1814-20.

Wiktionnaire

Adjectif - français

abattu \a.ba.ty\ masculin

  1. Affaibli physiquement.
    • Il est encore très abattu: cette maladie a été très virulente.
  2. Affaibli moralement.
    • Il est très abattu depuis la mort de sa soeur.
  3. (Sens figuré) Qui dénote la fatigue, la lassitude.
    • Un visage abattu.
  4. Abaissé.
    • Courir à bride abattue, en relâchant toute la bride au cheval.
  5. (Architecture) Se dit d'un angle dont l'arête a été adoucie.
  6. (Aviation, Militaire) Détruit en vol par un tir.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ABATTRE. (Il se conjugue comme BATTRE.) v. tr.
Mettre à bas. Abattre des maisons, des murailles, des arbres. Abattre par le pied. Il lui abattit le bras d'un coup de sabre. Ces moissonneurs abattent tant d'arpents de blé en un jour. Ces mineurs ont abattu tant de mètres cubes de minerai. Abattre des quilles. La pluie abat la poussière. La violence du choc fut telle que l'arbre, que le mât s'abattit. En termes de Marine, Abattre un navire, l'abattre en carène, Le mettre sur le côté, pour travailler à la carène ou à quelque autre partie qui est ordinairement submergée. En termes d'Art vétérinaire, Abattre un chenal, un bœuf, Le renverser sur un lit de paille, quand il doit subir quelque opération. Ce cheval est fougueux, on est contraint de l'abattre pour le ferrer. Aux jeux de Cartes, Abattre son jeu, Le mettre sur la table pour le montrer. On dit quelquefois absolument Abattre. Fig. et fam., Abattre de la besogne, Expédier en peu de temps beaucoup d'affaires, beaucoup de travail. Prov., Petite pluie abat grand vent, Ordinairement, quand il vient à pleuvoir, le vent s'apaise. Cette phrase signifie au figuré Peu de chose suffit quelquefois pour calmer une grande querelle.

ABATTRE signifie aussi Assommer, tuer. Ce chien était enragé : il a fallu l'abattre. Il signifie au figuré Affaiblir physiquement et moralement. Une fièvre continue abat bien un homme. Cette perte lui abattit le courage, abattit sa fierté. La moindre affliction l'abat. Rien n'abat comme une souffrance continuelle. Ces deux nations, ces deux puissances sont ennemies, elles font leurs efforts pour s'abattre l'une l'autre.

S'ABATTRE se dit particulièrement d'un Cheval à qui les pieds manquent et qui tombe tout d'un coup. En galopant, son cheval s'est abattu sous lui. Il se dit aussi d'un Oiseau qui descend avec rapidité vers quelque but. Une volée de pigeons s'abattit sur mon champ. L'épervier s'abattit sur sa proie. On dit dans le même sens Un orage terrible va s'abattre sur nous. Le vent s'abat, s'est abattu, est abattu, Il s'apaise, il est apaisé. Aller, courir à bride abattue. Voyez BRIDE. Le participe passé

ABATTU, UE, s'emploie aussi adjectivement. À la suite de cette catastrophe, je l'ai trouvé bien abattu. Fig., Un visage abattu, Un visage où se peint l'abattement.

Littré (1872-1877)

ABATTU (a-ba-tu, tue) part. passé.
  • 1Jeté à terre. Des arbres abattus par le vent. Perdrix abattue d'un coup de fusil. Les statues de Néron abattues par l'ordre du sénat. On te croirait toujours abattu sans effort, Corneille, Cid. II, 2. Et ma tête abattue ébranlerait la vôtre, Corneille, Sert. IV, 2. J'adorerais un Dieu sans force et sans vertu, Reste d'un tronc par les vents abattu, Qui ne peut se sauver lui-même, Racine, Esth. II, 9. Mon cœur, respectant sa vertu, N'accable pas encore un rival abattu, Racine, Alex. III, 2.
  • 2Affaibli, privé de son pouvoir, de ses forces, de son courage, de son énergie. Abattu par la maladie. Parti abattu. Carthage abattue par les revers de la deuxième guerre punique. Je me sens tout abattu. Abattu par le chagrin. Esprits abattus. Il n'est pas abattu, malgré les mauvaises nouvelles. Le cœur de son père se repose sur elle, comme un voyageur abattu par les ardeurs du soleil se repose à l'ombre sur l'herbe tendre, Fénelon, Tél. XXII. La douce vapeur du sommeil ne coule pas plus doucement dans les yeux appesantis et dans tous les membres fatigués d'un homme abattu que les paroles flatteuses de la déesse s'insinuaient pour enchanter le cœur de Mentor, Fénelon, ib. VII. Moi-même, Arnauld, ici, qui te prêche en ces rimes, Plus qu'aucun des mortels par la honte abattu, En vain j'arme contre eux une faible vertu, Boileau, Ép. III. Ces mortels ennemis, sur qui l'on avait eu l'avantage, et qui semblaient abattus et vaincus, commencent à se relever, Bourdaloue, Pensées, t. III, p. 106. Vous êtes l'âme la plus abattue au premier péril, Massillon, Car. Par. Visage abattu, Corneille, Sert. v, 3. Je demeure immobile et mon âme abattue Cède au coup qui la tue, Corneille, Cid. I, 1. Pison a l'âme simple et l'esprit abattu, Corneille, Oth. II, 4. La main qui me tue Rend sous mes déplaisirs ma constance abattue, Corneille, Cinna, IV, 4. Je m'agite, je cours languissante, abattue, Racine, Bérén. IV, 1. Sa vue a ranimé mes esprits abattus, Racine, Ath. II, 5. Et que puis-je au milieu de ce peuple abattu ? Racine, Ath. I, 1. Cœur abattu, Racine, Alex. v, 4. Du vieux père d'Hector la valeur abattue Aux pieds de sa famille expirante à sa vue, Racine, Andr. IV, 5. Sous le joug étranger j'ai vu tout abattu, Voltaire, Orph. I, 2. … Et le peu qui m'en reste [d'amis] Sous un joug étranger baisse un front abattu, Voltaire, Mér. v, 4.
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Phonétique du mot « abattu »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
abattu abaty

Fréquence d'apparition du mot « abattu » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « abattu »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « abattu »

  • Arlequin arrive en saluant Cléantis qui sort. Il va tirer Euphrosine par la manche.EuphrosineQue me voulez-vous ?Arlequin, riant.Eh ! eh ! eh ! ne vous a-t-on pas parlé de moi ?EuphrosineLaissez-moi, je vous prie.ArlequinEh ! là, là, regardez-moi dans l’œil pour deviner ma pensée.EuphrosineEh ! pensez ce qu’il vous plaira.ArlequinM’entendez-vous un peu ?EuphrosineNon.ArlequinC’est que je n’ai encore rien dit.Euphrosine, impatiente.Ahi !ArlequinNe mentez point ; on vous a communiqué les sentiments de mon âme ; rien n’est plus obligeant pour vous.EuphrosineQuel état !ArlequinVous me trouvez un peu nigaud, n’est-il pas vrai ? Mais cela se passera ; c’est que je vous aime, et que je ne sais comment vous le dire.EuphrosineVous ?ArlequinEh pardi ! oui ; qu’est-ce qu’on peut faire de mieux ? Vous êtes si belle ! il faut bien vous donner son cœur, aussi bien vous le prendriez de vous-même.EuphrosineVoici le comble de mon infortune.Arlequin, lui regardant les mains.Quelles mains ravissantes ! les jolis petits doigts ! que je serais heureux avec cela ! mon petit cœur en ferait bien son profit. Reine, je suis bien tendre, mais vous ne voyez rien. Si vous aviez la charité d’être tendre aussi, oh ! je deviendrais fou tout à fait.EuphrosineTu ne l’es déjà que trop.ArlequinJe ne le serai jamais tant que vous en êtes digne.EuphrosineJe ne suis digne que de pitié, mon enfant.ArlequinBon, bon ! à qui est-ce que vous contez cela ? vous êtes digne de toutes les dignités imaginables ; un empereur ne vous vaut pas, ni moi non plus ; mais me voilà, moi, et un empereur n’y est pas ; et un rien qu’on voit vaut mieux que quelque chose qu’on ne voit pas. Qu’en dites-vous ?EuphrosineArlequin, il me semble que tu n’as point le cœur mauvais.ArlequinOh ! il ne s’en fait plus de cette pâte-là ; je suis un mouton.EuphrosineRespecte donc le malheur que j’éprouve.ArlequinHélas ! je me mettrais à genoux devant lui.EuphrosineNe persécute point une infortunée, parce que tu peux la persécuter impunément. Vois l’extrémité où je suis réduite ; et si tu n’as point d’égard au rang que je tenais dans le monde, à ma naissance, à mon éducation, du moins que mes disgrâces, que mon esclavage, que ma douleur t’attendrissent. Tu peux ici m’outrager autant que tu le voudras ; je suis sans asile et sans défense ; je n’ai que mon désespoir pour tout secours, j’ai besoin de la compassion de tout le monde, de la tienne même, Arlequin ; voilà l’état où je suis ; ne le trouves-tu pas assez misérable ? Tu es devenu libre et heureux, cela doit-il te rendre méchant ? Je n’ai pas la force de t’en dire davantage : je ne t’ai jamais fait de mal ; n’ajoute rien à celui que je souffre.Arlequin, abattu et les bras abaissés, et comme immobile.J’ai perdu la parole.
    Marivaux — L'île des esclaves

Antonymes de « abattu »

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Nombre de points du mot abattu au scrabble : 8 points

Abattu

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