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Endormir

Définitions de « endormir »

Trésor de la Langue Française informatisé

ENDORMIR, verbe.

I.− Emploi trans.
A.− [Le suj. désigne gén. une pers.; l'obj. désigne une pers. ou un animal]
1. Faire dormir, entraîner au sommeil :
1. Nulle ne berce mon chagrin et ne me parle. Ailleurs, je le sais bien, au fond de claires chambres, Les mères ont des voix apaisantes qui chantent Pour endormir les enfants tristes dans leurs larmes. Guérin, Le Cœur Solitaire,1904, p. 86.
P. anal. [Le suj. désigne un état de la pers.] La fatigue qui l'endormait debout (Zola, Joie de vivre,1884, p. 382).
Usuel, emploi pronom. subjectif
[Aspect inchoactif] Commencer à dormir, avoir envie de dormir. Synon. s'assoupir :
2. La lumière, dans cet air humide et épais, colorait les objets de teintes un peu pâles et en émoussait les angles, comme il arrive quand on s'endort et que rien ne se voit plus distinctement. Michelet, Journal,1820, p. 95.
[Aspect inchoactif et duratif] Commencer à dormir et dormir. S'endormir dans les bras de, sur les genoux de; s'endormir paisiblement, profondément; finir par s'endormir. Quand la fatigue les accablait, ils s'endormaient pendant une ou deux heures dans des fauteuils, pour s'éveiller en sursaut (Zola, Th. Raquin,1867, p. 148).Les oiseaux chantaient avant de s'endormir (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 185):
3. Il [Christophe] tombait de sommeil et s'endormit à peine rentré. Mais il fut réveillé deux ou trois fois dans la nuit, comme par une idée fixe. Il se répétait : « J'ai un ami »; et il se rendormait. Rolland, Jean-Christophe,Le Matin, 1904, p. 154.
P. métaph. Le lobélia bleu s'endort comme un mulot, L'anémone se ferme (Noailles, Éblouiss.,1907, p. 205).
[Avec un compl. d'obj. interne] S'endormir du sommeil du juste*. Elle s'endormit d'un sommeil de plomb jusqu'au lendemain matin (Huysmans, Marthe,1876, p. 69).
[Aspect imperfectif] Être dans un état intermédiaire entre la veille et le sommeil :
4. « − Il faut vous dire que je dors très mal. Quand il m'arrive de m'endormir, je ne perds pas le sentiment de mon sommeil. Ce n'est pas vraiment dormir, n'est-ce pas? Celui qui dort vraiment ne sent pas qu'il dort; simplement, à son réveil, il s'aperçoit qu'il a dormi. (...) » Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1218.
2. En partic. [Le suj. désigne une pers. ou un moyen physique ou chimique; l'obj. désigne une pers. ou un animal] Provoquer artificiellement le sommeil de.
a) (Quasi-)synon. de anesthésier.Le narcotique endormit le parfumeur (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 351).On endormait les malades avec du chloroforme (Feydeau, Dame Maxim's,1914, I, 18, p. 21).
b) (Quasi-)synon. de hypnotiser.Il [Janet] endormait les serpents (Giono, Colline,1929, p. 63).Les médecins réussirent à endormir et à réveiller sur ordre mental leur sujet (Amadou, Parapsychol.,1954, p. 101).
B.− P. ext. Donner envie de dormir à, faire dormir une personne à force d'ennui. Synon. fam. barber, raser.Il m'endormait avec son Brahma, ce vieux bonze (Pailleron, Monde où l'on s'ennuie,1869, II, 1, p. 80).Sermon fort ennuyeux qui, la chaleur aidant, endormait les plus fanatiques (Green, Journal,1937, p. 96).
Emploi pronom. Je lis sans m'endormir ,,La Tentation de Saint Antoine`` (Renard, Journal,1890, p. 58).
C.− P. anal. [L'obj. désigne un membre ou un organe] Diminuer ou supprimer la sensibilité de. (Quasi-)synon. anesthésier, insensibiliser.
P. ext. Altérer la mobilité ou la sensibilité de. Synon. ankyloser, engourdir.Ne pas savourer du faux bien-être qui vous endorme les jambes et vous attache à votre chaise (Huysmans, En mén.,1881, p. 61).
P. métaph., emploi pronom. Les mouvements des hommes de quart s'endormaient ralentis par les épaisseurs d'eau (Gracq, Syrtes,1951, p. 213).
D.− Au fig.
1. [L'obj. désigne une sensation ou un sentiment pénibles] Atténuer ou supprimer. Synon. calmer.Endormir la souffrance. Paroles magiques, qui endorment toutes les douleurs (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 183).
J'endors les brûlures rien qu'avec la salive (Giono, Solit. Pitié,1932, p. 154).
P. métaph. Les neuf vierges de l'île de Sain, endormaient à leur volonté, ou éveillaient la tempête (Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 235).
2. [L'obj. désigne une pers.] Tromper la vigilance de quelqu'un par la ruse ou en lui faisant illusion; le bercer d'illusion. Les citoyennes de Rome allaient endormir, à Capoue, Annibal entre leurs bras (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Boule de Suif, 1880, p. 144).On ne pouvait pas ruser avec lui, ni l'endormir (Romains, Copains,1913, p. 283):
5. Mais voici quelque chose qui me tourmente encore plus, c'est le reproche que vous me faites sans cesse d'endormir des gens qui ne sont déjà que trop somnolents. Si je les endors, ce n'est pas en les caressant, toutefois. Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1856, p. 258.
Emploi pronom. réfl. Se laisser aller à, se relâcher. Le sultan Mustapha s'endormait dans les voluptés (Lamart., Voy. en Orient,t. 2, 1835, p. 371).Il s'agit de prendre un nouveau départ, de ne pas s'endormir dans le terminus de la réussite (Mauriac, Journal,1934, p. 63).
S'endormir sur le fricot, le rôti. Négliger l'occasion propice. Tu vois, (...) que je ne m'endors pas sur le fricot (Flaub., Corresp.,1871, p. 291).Ne nous endormons pas sur le rôti (Giono, Bonheur fou,1957, p. 143).
P. ext. [L'obj. désigne un sentiment, une disposition d'esprit] Atténuer ou supprimer l'effet d'une attitude. Endormir les soupçons. Il réussit à endormir la vigilance de ses chefs et de ses gardiens (Thierry, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 196).Je m'applique à endormir sa méfiance par des propos anodins (Aymé, Vaurien,1931, p. 212).V. berlinois ex.
Absol. Manquer de vigilance, d'attention. Mon amitié ne s'endort pas (Balzac, Corresp.,1839, p. 576).
Rem. On rencontre la constr. rare endormir à. Les rabbins forcent les riches à donner, quand nos curés les endorment à tout garder (Jouhandeau ds Vie Lang., 1973, p. 44).
II.− Emplois pronom. spécifiques, au fig.
A.− Littér. [Le suj. désigne une pers.] Mourir. Les héros grecs ne s'endorment pas comme les patriarches bibliques à côté de leurs pères (Ménard, Rêv. païen,1876, p. 222).
[Gén. accompagné d'un compl. prép. indiquant qu'il s'agit du dernier sommeil] Six cents ans ont passé depuis que le vieil Alighieri s'est endormi, à Ravenne, sous le marbre sépulcral (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 282).
Lang. relig. S'endormir dans le Seigneur. Mourir chrétiennement :
6. ... ils s'endormirent dans le Seigneur tous trois presque en même temps; le comte Longin trépassa le premier, Romulus mourut deux mois plus tard... A. France, L'Étui de nacre,Sainte Euphrosine, 1892, p. 76.
B.− [Le suj. désigne un inanimé concr.]
1. [Le suj. désigne un lieu habité où la nuit tombe] Entrer dans le repos de la nuit. Les lueurs et les bruits allaient toujours en se mourant, la ville s'endormait (Zola, Curée,1872, p. 454).Un coin de forêt, qui s'endormait dans la poussière chaude du couchant (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 110).
2.− [Le suj. désigne un élément de la nature] Diminuer de force, d'intensité, offrir les apparences du sommeil. À l'automne, quand la feuille tombe et la sève s'endort (Michelet, Insecte,1857, p. 10).Quand je vois s'éteindre ces lumières et tous ces feux s'endormir sous la cendre (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 583).
P. métaph. La rivière s'endort aux caresses des prés (Jammes, Clairières,1906, p. 133).
3. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Perdre de sa vivacité, de son importance. Synon. s'atténuer, s'estomper.Un souvenir ne meurt jamais, il s'endort simplement (Maeterl., Sablier,1936, p. 95).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃dɔ ʀmi:ʀ], (j')endors [ɑ ̃dɔ:ʀ]. Enq. : /ãdoʀ/ (il) endort. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. Cf. dormir. Comme lui, perd au sing. du prés. de l'ind. la consonne finale du radical. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 part. passé adj. « qui dort » (Roland, éd. J. Bédier, 2520); ca 1135 réfl. « entrer dans le sommeil » (Cour. Louis, éd. E. Langlois, 2090); b) 1176 part. passé subst. fém. « potion soporifique » (Chr. de Troyes, Cligès, 5244 ds T.-L. : bëu a de l'andormie); 1572 « jusquiame » (R. Huloet, Dictionarie ds Roll. Flore t. 8, p. 94); 1577 trans. méd. (Junius, Nomencl., p. 318 ds Gdf. Compl. : medecine qui endormit les malades); c) ca 1170 part. passé adj. « engourdi » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 105 [2 Sam. 23, 10]); d) 1820 part. passé adj. « calme, inactif » (Lamart., Médit., p. 160 : le monde endormi); 2. a) ca 1175 fig. « tromper » (B. de Sainte-Maure, Chron. des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 11241 : E od beiau parler endormir); b) 1erquart du xiiies. part. passé adj. « relâché, négligent » (Renclus de Molliens, Miserere, CXIV, 3, éd. A.G. van Hamel, p. 194 : N'est pas perechous n'endormis); c) av. 1539 réfl. « perdre sa force, son acuité » (Gringore, Œuvres, t. 1, p. 47 : mon esprit [...] s'endormit); d) av. 1577 réfl. « s'atténuer, se calmer (d'une sensation, d'un état violent, intense) » (Belleau, Œuvres, t. I, p. 23 : mon esmoy S'endort); 3. xiiies. réfl. « mourir » (Psautier, Ms. Paris B. Maz 58 [anc. 258, ms. déb. 14es.], fo19 ds Littré); 1753 trans. arg. « tuer » (J.-J. Vadé, Bouquet du Roy, p. 8 : Que Charlot vous endorme), 4. 1660 trans. « ennuyer » (Boileau, Satire I, 148, éd. A. Cahen, p. 38 : Allez de vos sermons endormir l'Auditeur). Du lat. class. indormire « dormir sur; être relâché, négligent », b. lat. « s'engourdir (d'un membre) ». Fréq. abs. littér. : 3 151. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 677, b) 5 461; xxes. : a) 5 491, b) 4 033. Bbg. Guiraud (P.). Le Ch. morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, pp. 96-109. − Sain. Lang. par. 1920, p. 414.

endormir* , verbe trans.« Faire dormir quelqu'un »

endormir* (s') , verbe pronom.« Commencer à dormir »
Rem. Dans ce cas, c'est toujours l'idée « d'entrer dans quelque chose » qui apparaît, mais au figuré.

Wiktionnaire

Verbe - français

endormir \ɑ̃.dɔʁ.miʁ\ intransitif et transitif ou pronominal 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’endormir)

  1. Faire dormir.
    • Endormez cet enfant.
    • Il est difficile à endormir.
  2. Commencer à dormir, s’assoupir.
    • La lumière, dans cet air humide et épais, colorait les objets de teintes un peu pâles et en émoussait les angles, comme il arrive quand on s'endort et que rien ne se voit plus distinctement. — (Jules Michelet, Journal, 1820)
  3. (Figuré) Ennuyer, fatiguer jusqu’à provoquer le sommeil.
    • Cette pièce est si ennuyeuse qu’elle endort.
    • Ce livre endort.
    • La conversation de cet homme m’endormait.
  4. Amuser quelqu’un, afin de le tromper et de l’empêcher d’agir.
    • Les terribles prêcheurs de Seize, les moines qui portaient le mousquet aux processions de la Ligue, s'humanisent tout à coup ; les voilà devenus bénins. C'est qu'il faut bien essayer d’endormir ceux qu'on n'a pas pu tuer. — (Jules Michelet, Le prêtre, la femme, la famille, Paris : Chamerot, 1862 (8e éd.), p.17)
  5. (Par analogie) Engourdir.
    • Cette attitude forcée m’a endormi la jambe.
    • Endormir la douleur.
  6. (Par euphémisme) Euthanasier.
    • Il n’y avait plus rien à faire, nous avons dû faire le choix de l’endormir.
  7. (Populaire) Dérober, voler, chourer.
    • Je me suis fait endormir mon briquet !
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ENDORMIR. (Il se conjugue comme DORMIR.) v. tr.
Faire dormir. Endormez cet enfant. Il est difficile à endormir. Il signifie figurément Ennuyer, fatiguer jusqu'à provoquer le sommeil. Cette pièce est si ennuyeuse qu'elle endort. Ce livre endort. La conversation de cet homme m'endormait. Il signifie encore Amuser quelqu'un, afin de le tromper et de l'empêcher d'agir. Il l'a endormi de belles paroles, avec de vaines espérances, par de vaines promesses. On dit, dans un sens analogue, Endormir la vigilance, la prudence de quelqu'un. Il signifie par analogie Engourdir. Cette attitude forcée m'a endormi la jambe. Endormir la douleur.

S'ENDORMIR signifie Commencer à dormir. Il s'endort. Je ne saurais m'endormir. Je me suis endormi vers les trois heures. Il signifie aussi, figurément et familièrement, Négliger une affaire, manquer à la vigilance, à l'attention nécessaire. C'est un homme qui ne s'endort pas. Ce n'est pas un homme à s'endormir sur ses intérêts. Il s'est trop endormi sur cette affaire. Il signifie encore Mourir. S'endormir du dernier sommeil. S'endormir dans le Seigneur, Mourir en état de grâce. Le participe passé

ENDORMI, IE, s'emploie souvent comme adjectif et signifie Qui manque de vivacité, qui est lent, paresseux. C'est un homme endormi, un esprit endormi. Avoir l'air endormi. Substantivement, C'est un endormi.

Littré (1872-1877)

ENDORMIR (an-dor-mir) v. a.

Il se conjugue comme dormir.

  • 1Faire dormir. Endormir un enfant. Argus avec cent yeux sommeille ; Mais croyez-vous Endormir un amant jaloux ? Quinault, Isis, III, 7.

    Fig. Il se dit de ce qui est fort ennuyeux, d'abord de l'ouvrage ou du récit, et, par suite, de l'auteur même. Cette pièce est si ennuyeuse qu'elle endort. Je vous endormirai quelque jour des affaires de cette province, Sévigné, 220. Allez de vos sermons endormir l'auditeur, Boileau, Sat. I. Un style trop égal et toujours uniforme En vain brille à nos yeux, il faut qu'il nous endorme, Boileau, Art p. I. Sœur Andrieux, contez, contez, entendez-vous ? Si vous ne dormez pas, ma sœur, endormez-nous, Lebrun, Épigr. à propos des Contes d'Andrieux.

  • 2Jeter dans un état moral comparé au sommeil du corps. Endormir la prudence, la vigilance de quelqu'un. Des mots Dont tous les courtisans endorment les plus sots, Régnier, Sat. IV. J'ai reconnu ses défaites, Et comment elle endort de douceur sa maison, Régnier, Élég. II. Tandis qu'il endort votre crédulité par des discours, Hamilton, Gramm. 9. À cette erreur qui endort tant d'âmes impénitentes, Massillon, Car. Impénit. fin. Il s'était laissé endormir par les lettres de César et les feintes démonstrations qu'il faisait paraître de souhaiter la paix, Vertot, Révol. rom. XIII, p. 265.
  • 3Engourdir, calmer. Endormir un membre. Endormir la douleur. Le monde endort les chagrins, mais il ne les guérit pas, Massillon, Av. Des afflict. Le christianisme endort la douleur, fortifie la résolution chancelante, Chateaubriand, Génie, II, III, 4. C'est ainsi que le commerce a trouvé l'art d'endormir et de tromper la discorde, Raynal, Hist. phil. XII, 20.
  • 4S'endormir, v. réfl. Tomber dans le sommeil. La charité nous oblige à réveiller ceux qui s'endorment, Patru, Plaid. 5, dans RICHELET. C'est sur cette lecture que je m'endors, Sévigné, 68. Il s'endort, il s'éveille au son des instruments, Son cœur nage dans la mollesse, Racine, Esth. II, 9. On s'endormait aux sentiments de délicatesse qu'elle voulait expliquer sans les comprendre, et elle ennuyait en voulant briller, Hamilton, Gramm. 6.
  • 5 Fig. N'avoir pas soin de son devoir, de ses affaires, n'y pas veiller. S'endormir dans l'oisiveté. Les officiers s'endorment sur la bonté de leurs maîtres, Patru, Plaid. 4, dans RICHELET. Je laisse aux doucereux le langage affété Où s'endort un esprit de mollesse hébété, Boileau, Sat. IX. Les erreurs sur lesquelles votre esprit s'endort, Massillon, Pet. car. Drap. Ne nous endormons point sur la foi de leurs prêtres, Voltaire, Œdipe, II, 5. Le fils de Lasthénès ne s'était point endormi sur le danger de ses frères, Chateaubriand, Mart. II, 24.

    Absolument. Ne pas s'endormir, être très éveillé sur ses intérêts. Votre belle-mère ne s'endort point, et c'est sans doute quelque conspiration contre vos intérêts où elle pousse votre père, Molière, Mal. imag. I, 10. Il y a des gens qui ne s'endorment pas, Sévigné, 583.

    Familièrement. S'endormir sur le rôti, négliger l'occasion propice.

  • 6S'endormir du sommeil de la mort, de la tombe, mourir.

    S'endormir dans le Seigneur, mourir en état de grâce. Joram s'endormit avec ses pères, il fut enseveli avec eux dans la ville de David, Sacy, Bible, Rois, IV, VIII, 24. Il s'est endormi cette nuit au Seigneur, Sévigné, 292. Elle s'endort tranquillement au Seigneur et s'en retourne dans le sein de Dieu d'où elle était sortie, Massillon, Av. Mort du pécheur.

    PROVERBE

    Parlez à lui, il s'endort, se dit de quelqu'un qui ne songe pas à ce qu'on lui dit.

HISTORIQUE

XIe s. Endormiz est, ne puet mais en avant [il ne peut aller plus loin], Ch. de Rol. CLXXX.

XIIe s. Or poez [vous pouvez], fait il, esculter Del cher seignor, cum s'umilie ; Or nus [nous] cuide peler la fie [figue], E od beau parler endormir, Benoit de Sainte-Maure, II, 9069. Si'n ocist à destre e à senestre estrangement, de ci que le braz li fud endormiz des granz colps que il out dunez, Rois, p. 212. Sa main tendid vers l'ume Deu, e cumandad que il fust pris ; mais la main li endormid chalt pas [aussitôt], si que il ne la pout retraire, ib. 286.

XIIIe s. Plorant [elle] s'est endormie ; Diex la gard d'encombrer, Berte, XXXIX. L'Université, qui lors iere Endormie, leva la chiere, la Rose, 12030. Quant je la voi, de parler n'ai pooir, Li cuer me faut, ma langue est endormie, Complainte dou tens, Jubinal, t. II, p. 255. Enlumine mes euz [yeux], que ne m'endorme en la mort, Psautier, f° 19. Li enfes s'est al fu [feu] assis, à endormir n'a gaires mis, Partonop. v. 1053. Perres [Pierre] endormis n'enjalez [engelés] N'a pas les dois seur la viele, Mais si bien chante et si viele…, G. de Coinsi, Du cierge.

XVe s. …mon cueur endurera, En actendant d'avoir de celles Que bon eur lui apportera, Et de l'endormye beuvra, Orléans, Ball. 82. Que dites-vous ? dit-il, contrefaisant l'endormi, Louis XI, Nouv. LXIII.

XVIe s. Pour endormir l'ardeur de cette fureur [érotique], Montaigne, I, 94. Endormir les ouies par la continuation d'un son, Montaigne, I, 106. Des medicaments qui assopissent et endorment la partie, Montaigne, I, 281. Il lui vint aux jambes une douleur endormie avec une pesanteur, Amyot, Sylla, 54. Laguerre n'estoit point esteincte ny amortie, ains seulement endormie, Amyot, Lucull. 11. Quand l'eau n'estoit plus trouble, on pescha à l'endormie, à quoy ne fut pas espargnée la coque du Levant, D'Aubigné, Conf. LIX. Si un homme luy [à la torpille] touche avec une verge, elle luy endormira le bras, Paré, XXIII, 29. Je ne veux point de trop volage amie, Ny ne la veux aussi trop endormie, Saint-Gelais, 230. Pierre leur disoit pour les endormir et les engager à le suivre, Mém. sur du Guesclin. ch. 18.

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Étymologie de « endormir »

En 1, et dormir ; bourguig. andremi ; provenç. endormir, endurmir ; ital. indormire.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Siècle à préciser) Du latin indormire.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « endormir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
endormir ɑ̃dɔrmir

Fréquence d'apparition du mot « endormir » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « endormir »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « endormir »

  • Les écrivains devraient moins la ramener, ils oublient que la plupart des gens ne lisent que pour s'endormir.
    Christophe Paviot
  • S'endormir au volant, c'est très dangereux. S'endormir à vélo, c'est très rare. S'endormir à pied, c'est très con.
    Philippe Geluck — Le chat est content
  • Il y a des orateurs si terriblement soporifiques qu'on n'a même pas le temps de s'en aller avant de s'endormir.
    Jean Martet
  • L'érudition est dans beaucoup de cas une forme mal déguisée de la paresse spirituelle, ou un opium pour endormir les inquiétudes intimes de l'esprit.
    Miguel de Unamuno — Essais
  • Pour enchaîner les peuples, on commence par les endormir.
    Jean-Paul Marat — Les Chaînes de l'esclavage
  • Les trente premières années se passent à ne pas pouvoir se réveiller, les trente suivantes à ne pas pouvoir s’endormir.
    Proverbe chinois
  • Babarbiturique : tranquillisant assez fort pour endormir un éléphant.
    Alain Finkielkraut — Petit fictionnaire illustré
  • Les secrets, ça sert seulement à endormir les souvenirs.
    Janik Tremblay — J'ai un beau château
  • L'ennui de certaines conversations, c'est que les causeurs y parlent trop haut pour que leurs propos puissent nous endormir.
    George Bernard Shaw
  • La liberté et la démocratie exigent un effort permanent. Impossible à qui les aime de s'endormir.
    François Mitterrand — L'Express - Juillet 1989
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Traductions du mot « endormir »

Langue Traduction
Anglais go to sleep
Espagnol quedarse dormido
Italien addormentarsi
Allemand einschlafen
Chinois 睡着
Arabe تغفو
Portugais cair no sono adormecer
Russe заснуть
Japonais 眠りに落ちる
Basque lokartu
Corse addrumintà si
Source : Google Translate API

Synonymes de « endormir »

Source : synonymes de endormir sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « endormir »

Combien de points fait le mot endormir au Scrabble ?

Nombre de points du mot endormir au scrabble : 11 points

Endormir

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