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Contraire

Variantes Singulier Pluriel
Masculin contraire contraires

Définitions de « contraire »

Trésor de la Langue Française informatisé

CONTRAIRE, adj. et subst. masc.

I.− Adjectif
A.− [En parlant de deux choses situées sur le même plan]
1. Qui présente l'opposition la plus extrême, la plus radicale. Contraire à; qualités, termes contraires. J'obtiens toujours avec elles le résultat contraire à celui que j'attendais (Giraudoux, Intermezzo,1933, II, 1, p. 88).Des notions et des pensées qui, avant lui, semblaient discordantes ou même contraires (R. Martin du Gard, Notes sur André Gide,1951, p. 1402):
1. ... cette conviction que la vie humaine n'est plus qu'un incertain combat livré entre l'enfer et le ciel; cette foi en deux entités contraires. Satan et le Christ, devaient fatalement engendrer ces discordes intérieures où l'âme (...) finit par s'abandonner et se prostitue à celui des deux partis dont la poursuite a été la plus tenace. Huysmans, À rebours,1884, p. 211.
2. Laure en proie à une foule de sentiments contraires, sentait en elle la colère contre Jean se mêler à une immense pitié pour cette fille qui lui parlait si simplement, avec tant de confiance. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 444.
2. De direction opposée. Marche contraire. En sens contraire des aiguilles d'une montre (A. France, Les Opinions de M. Jérôme Coignard,1893, p. 175):
3. Malgré la chaleur, les deux filles, à bicyclette, tournaient autour de la maison en sens contraire, et poussaient des cris quand elles se croisaient. Mauriac, Le Mystère Frontenac,1933, p. 114.
3. En partic.
a) LOG. Propositions contraires. ,,Propositions universelles qui ont les mêmes termes et dont l'une est affirmative et l'autre négative`` (Lal. 1968).
[P. ell. du subst.] Ces deux autres [propositions] : tous les hommes sont blancs, nul homme n'est blanc, sont des contraires (O. Hamelin, Essai sur les éléments princ. de la représentation,1907, p. 13).
b) MUS. [Dans une composition contrapuntique] Mouvement contraire. Mouvement qui fait monter une partie tandis que l'autre descend :
4. Il est impossible, en fugue, de répondre à un intervalle donné par mouvement contraire. Si l'on ne peut y répondre par mouvement direct, il faut avoir recours au mouvement oblique. M. Dupré, Cours complet de fugue,1936, p. 15.
c) NAV. Vent, marée contraire; avoir un vent contraire, naviguer vent contraire. Face au vent, vent debout*. Nous cinglions à l'aide de la marée, car le vent étoit contraire (Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,t. 2, 1801, p. 322):
5. Sur ces entrefaites, les deux frégates sur lesquelles on m'avait fort éveillé, appareillèrent, bien que le vent leur fût contraire pour sortir, et, arrivées par notre travers, elles laissèrent retomber l'ancre à droite et à gauche de nous, presque à nous toucher... Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 35.
Rem. Un sens partic. est attesté par le syntagme usité en dr. romain action contraire. ,,Action qui naît accidentellement d'un fait postérieur au contrat`` (Lar. Lang. fr.).
B.− [Avec une idée d'hostilité]
1. Vx. [En parlant d'une pers.] Qui agit à l'encontre des intérêts d'une autre personne; hostile, défavorable. Mais depuis qu'il [M. le premier président] s'est avisé d'être contraire à M. de Calonne, le billet a été retrouvé, et M. de Calonne l'a porté au roi (Mmede Staël, Lettres de jeunesse,1786, p. 108):
6. ... il n'était question que de courir sus au duc de Bourgogne comme ennemi de l'État; mais les habitans de Paris lui étaient favorables; le duc de Guyenne lui-même, qui était son gendre, ne lui était point contraire. Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 3, 1821-24, p. 88.
2. Usuel, littér. [En parlant d'une chose en relation avec ce qui est normalement attendu, souhaitable ou souhaité] Contraire à qqn ou à qqc. Qui présente un caractère néfaste, nuisible à quelqu'un ou à quelque chose. Chance, destin, fortune, sort contraire. Du sein de ta splendeur à mon destin contraire Tu veux bien compatir (Sainte-Beuve, Poésies,À mon ami V. H., 1829, p. 50).Une veine contraire m'a emporté tout l'argent dont je pouvais disposer (Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 137).Je braverai le sort contraire! (Claudel, Tête d'or,1reversion, 2epart., 1890, p. 72):
7. Il concluait cordialement : « Malgré votre frénésie qui me gêne comme inconscience et qui m'est si contraire, j'ai pour vous l'amitié la plus grande et la moins explicable. » S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 329.
II.− Subst. masc.
A.− Ce qui s'oppose par le plus grand écart possible à une chose située sur le même plan. Une belle fille, on ne peut pas dire le contraire (Claudel, L'Ours et la lune,1919, 3, p. 612).Jusqu'à la preuve du contraire (Maran, Batouala,1921, p. 21).Solange avait menti en protestant du contraire (Montherlant, Le Démon du bien,1937, p. 1269):
8. Car tous les Ianus de Rome ne suffiraient pas à représenter toutes les oppositions, tous les contrastes − ou si l'on veut, toutes les synthèses qu'il y a dans Goethe. C'est presque un jeu de les trouver en lui, et ce jeu fait même douter s'il ne s'était pas fait un système de cultiver exactement les contraires. Valéry, Variété IV,1938, p. 118.
En partic.
1. Mot qui s'oppose totalement par le sens à une autre unité sémantique (cf. antonyme) :
9. Tous les degrés entre la haine et l'amour, entre l'hypo et l'hyper, entre n'importe quel sentiment et son contraire, comme, en physiologie, entre le trop et le pas assez. Gide, Journal,1932, p. 1111.
2. Littér. Personne qu'une nature, un tempérament, des goûts très différents opposent totalement à quelqu'un d'autre. Ces deux espèces de gens fuient leurs contraires et cherchent leurs semblables par le monde (Alain, Propos,1907, p. 9):
10. Alors don Salluste serait l'égoïsme absolu, le souci sans repos; don César, son contraire, serait le désintéressement et l'insouciance... Hugo, Ruy Blas,1838, préf., p. 334.
B.− Loc. nom.
1. Loc. adv. de phrase (en début ou en fin de prop.) marquant l'opposition, la restriction.
(Bien, tout) au contraire. Le champagne ne nuit pas, au contraire (G. Duhamel, Chronique des Pasquier, La Nuit de la Saint-Jean, 1935, p. 218).La terre ne me leurrait pas, bien au contraire (Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 86).
Par contraire (vx). Il lui manque [au patron] l'émulation (...). Prenez, par contraire, dix jeunes gens; donnez-leur à chacun la même pièce à faire, et vous verrez (D. Poulot, Le Sublime,1872, p. 267).
2. Loc. prépositive. Au contraire de. Contrairement à. Au contraire de beaucoup d'enfants, elle n'est pas indifférente à la propreté; elle en a même le goût; elle l'aime (Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 51).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃tʀ ε:ʀ]. Enq. : /kõtʀeʀ/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 subst. « action hostile; dommage, tort causé à quelqu'un » (Roland, éd. J. Bédier, 290), seulement au Moy. Âge; 2. 1160-74 vent contraire (Wace, Rou, I, 545, ds T.-L.); ca 1175 « complètement opposé » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, 6026, ibid. [Amor et Haïne]); ca 1175 subst. tot le contreire (Id., Chevalier Charrette, 3162, ibid.); ca 1393 méd. (Ménagier, I, 9 ds Littré : Es maladies un contraire se garit par un autre contraire); 3. ca 1370 loc. adv. au contraire « d'une manière opposée, différente » (Oresme, Eth., 22 ds Gdf. Compl. : si ... avient tout au contraire); 1495 au contraire « inversement » (Commynes, Memoires, VIII, XIX, éd. J. Calmette, t. 3, p. 251); 4. ca 1450 au contraire de (Mystère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 26769). Empr. au lat. class. contrarius « qui est en face de; du côté opposé » d'où « opposé à », « ennemi, hostile » et « qui est en contradiction avec ». Fréq. abs. littér. : 15 282. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 21 428, b) 17 313; xxes. : a) 17 295, b) 27 032. Bbg. Barb. Loan-words. 1921, p. 259. − Cohen 1946, p. 67. − Lew. 1960, p. 239. − Thomas (A.) Nouv. Essais 1904, p. 122.

Wiktionnaire

Adjectif - français

contraire \kɔ̃.tʁɛʁ\ masculin et féminin identiques

  1. Qui est opposé à ; qui est à l'opposé de.
    • Ils auraient alors passé de l’Ouest à l’Est, vers la fin du tertiaire, dans le sens contraire à celui qu'on attribuait à l’émigration humaine. — (René Thévenin & Paul Coze, Mœurs et Histoire des Indiens Peaux-Rouges, Payot, 1929, 2e éd., p.15)
    • Le philosophe doit éviter les ambiguïtés ou les plurivocités, et décider du langage qu'il entend au juste parler. Dans le cas contraire, les portes sont grandes ouvertes aux malentendus. — (Robert Zimmer, Petites distractions philosophiques: Comment apprendre à penser sans jamais s'ennuyer, Librairie Vuibert, 2017, chap. 1)
    • Avoir le vent contraire.
    • Cela est contraire à ce que vous en avez dit ; contraire à la vérité.
  2. Qui est défavorable, hostile ou nuisible.
    • Et, mein Führer, si mon entreprise — qui, je dois l’avouer, à[sic] peu de chances de succès — devait échouer, si le sort devait m’être contraire, cela n’aurait pour vous ou pour l’Allemagne aucune conséquence négative : vous pourrez à tout moment me désavouer, en me déclarant fou. — (Rudolf Hess in François Kersaudy, Les secrets du Ⅲe Reich, Éditions Perrin, 2013, ISBN 978-2-262-03752-9)
    • Ce genre de vie est contraire à sa santé.
  3. (Belgique) Peu accommodant.
    • Il n’est pas contraire, il est toujours d’accord avec nous.

Nom commun - français

contraire \kɔ̃.tʁɛʁ\ masculin

  1. Concept inverse, logiquement opposé.
    • Le contraire d'en haut est en bas.
    • Vous m’avez dit le contraire.
    • Je vois tout le contraire de ce qu’on m’avait promis.
    • Je soutiens le contraire.
    • Je vous prouverai le contraire.
    • Je ne dis pas le contraire.
    • Deux contraires ne peuvent subsister ensemble.
    • Concilier les contraires.
    • Or le droit et la justice sont le contraire de la violence et de la force. — (Jean Izoulet, La cité moderne: métaphysique de la sociologie, 1895)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CONTRAIRE. adj. des deux genres
. Qui est opposé à quelqu'un ou à quelque chose. Le froid et le chaud sont contraires. Avoir le vent contraire. En sens contraire. Cela est contraire à ce que vous en avez dit. Contraire à la vérité. Cela est contraire à la loi de Dieu, à l'honneur, aux bonnes mœurs. Il signifie aussi Qui est défavorable, hostile, nuisible. C'est un homme qui m'a toujours été contraire. Ce genre de vie est contraire à sa santé. En termes de Logique, Propositions contraires, Celles qui énoncent des choses opposées, de manière cependant qu'elles peuvent être fausses toutes deux, quoiqu'elles ne puissent pas être toutes deux vraies, comme : Tout homme est vertueux, tout homme est vicieux. En termes de Procédure, Les parties sont contraires en faits, Leurs allégations sont tout à fait contradictoires. Il s'emploie aussi comme nom masculin et signifie Ce qui est opposé. Vous m'avez dit le contraire. Je vois tout le contraire de ce qu'on m'avait promis. Je soutiens le contraire. Je vous prouverai le contraire. Je ne dis pas le contraire. Deux contraires ne peuvent subsister ensemble. Concilier les contraires.

AU CONTRAIRE, loc. adv. Tout autrement, d'une manière opposée. Vous dites que cela arriva de la sorte, au contraire, il arriva que... Il pense que cela sera ainsi ; pour moi, je crois, au contraire, que... On dit aussi Bien au contraire, tout au contraire.

AU CONTRAIRE DE, loc. prép. À l'opposé de, d'une façon contraire à. Il s'est enrichi au contraire de son frère, qui a toujours été dans la gêne.

Littré (1872-1877)

CONTRAIRE (kon-trê-r') adj.
  • 1Qui est l'opposé de. Le froid et le chaud sont contraires.
  • 2Qui est dans une direction opposée. La mer soulevée par des vents contraires. Son cœur était comme la mer qui est le jouet de tous les vents contraires, Fénelon, Tél. VII.

    Terme de marine. Vent contraire, celui qui oblige à orienter les voiles au plus près et à courir des bordées.

    Terme de botanique. Synonyme d'opposé.

    Terme de conchyliologie. Synonyme de senestre.

  • 3Qui contrarie, qui combat, qui diffère du tout au tout. Deux arrêts, deux propositions contraires. La preuve contraire est toujours admise. Et chacun s'est rangé du contraire parti, Régnier, Sat. XVII. Et l'inclination jamais n'a démenti Le sang qui t'avait fait du contraire parti, Corneille, Cinna, V, 1. J'ai vu, dans sa naissance et votre dignité, Pareille aversion et contraire fierté, Corneille, Sert. V, 1. Un certain homme avait trois filles Toutes trois de contraire humeur, La Fontaine, Fab. II, 20. J'eus soin de vous nommer, par un contraire choix, Des gouverneurs que Rome honorait de sa voix, Racine, Brit. IV, 2. Il se venge hautement en prenant le contraire parti, Molière, Crit. de l'Éc. des f. 6. … Allons par des ordres contraires Révoquer d'un méchant les ordres sanguinaires, Racine, Esth. III, 8. Emporté malgré moi par de contraires vœux, Je frémis et j'ignore encor ce que je veux, Voltaire, Orphel. III, 6. Si les sages mortels à qui je dois la vie N'avaient fait à mon cœur un contraire devoir, Voltaire, ib. IV, 4. Ah ! Dieu nous envoyait, par un contraire choix, Pour annoncer son nom, pour faire aimer ses lois, Voltaire, Alz. I, 1. Les hommes ne sont contraires à la raison que lorsqu'ils trouvent que la raison leur est contraire, Du Marsais, Raison, Œuvres, t. VI, p. 21. Du peuple et du soldat en de contraires vœux Les partis opposés se divisent tous deux, D'Avrigni, J. d'Arc, IV, 7.

    Être contraire à soi-même, avoir des volontés qui se contrarient. J'ai songé comme vous qu'à la Grèce, à mon père, à moi-même, en un mot, je devenais contraire, Que je relevais Troie et rendais imparfait Tout ce qu'a fait Achille et tout ce que j'ai fait, Racine, Androm. II, 4.

    Terme de logique. Propositions contraires, celles qui sont opposées dans la qualité seulement ; comme tout homme est mortel, aucun homme n'est mortel. Elles diffèrent des contradictoires qui sont opposées dans la qualité et la quantité : tout homme est mortel, quelque homme n'est pas mortel. Cette dernière proposition est particulière, tandis que les autres sont universelles.

    Terme de musique. Mouvement contraire, mouvement de deux parties qui marchent ensemble, l'une en montant, l'autre en descendant. Il y a trois mouvements, le mouvement direct, le mouvement oblique et le mouvement contraire, Catel, Traité d'harmonie, p. 4.

    Terme de palais. Les parties sont contraires en faits, quand, sur les faits dont on leur permet de faire preuve, elles énoncent des assertions opposées.

    Terme de droit romain. Action contraire, action qui naît accidentellement d'un fait postérieur au contrat, par opposition à l'action directe qui naît directement du contrat. Le dépositaire, l'emprunteur, le mandataire se faisaient indemniser, au moyen de l'action contraire, des frais ou du tort que leur avait causé l'objet du dépôt, du prêt, du mandat.

  • 4Nuisible. Le café vous est contraire.

    Défavorable. Avoir la fortune contraire. C'est un homme qui m'a toujours été contraire. Je sais par quel motif vous m'êtes si contraire, Corneille, Nic. V, 10. Quoi ! se pourrait-il faire Qu'à l'œuvre de ses mains Rome devînt contraire ? Corneille, ib. V, 5. Depuis qu'à mon amour cessant d'être contraire…, Racine, Brit. V, 1. Vous seul jusqu'ici contraire à vos désirs…, Racine, ib. II, 2. Ce vent qui était contraire à Hazaël le contraignit d'attendre, Fénelon, Tél. VI. Comme un homme dolent que le glaive contraire A privé de son fils, Malherbe, I, 4. Ils n'ont pas même de quoi établir le néant auquel ils espèrent après cette vie, et ce misérable partage ne leur est pas assuré ; ils ne savent s'ils trouveront un Dieu propice ou contraire, Bossuet, Anne de Gonz.

  • 5 S. m. L'opposé. La vérité se cache souvent sous les apparences de son contraire. On les considérait [le monde et l'Église] comme deux contraires, comme deux ennemis irréconciliables, Pascal, Comp. des chrét. Les contraires ne paraissent jamais mieux que lorsqu'on les oppose à leurs contraires, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 384. Enfin, quoi que je fasse ou que je veuille faire, La bizarre [la rime] toujours vient m'offrir le contraire [de ce que je veux dire], Boileau, Sat. II. Elle [la vanité] se cache souvent sous les apparences du contraire, La Bruyère, XI. Je connais mille gens qui font le contraire, Sévigné, 116. Le chevalier s'avisa de faire tout le contraire, Hamilton, Gramm. 5. Ma bouche mille fois lui jura le contraire, Racine, Brit. II, 3.

    Terme de philosophie. Les contraires, sorte d'opposés, comme le froid et le chaud.

  • 6Au contraire de, loc. prépositive. Contrairement à. Aller au contraire d'une chose, s'y opposer, y contredire. J'ai jugé au contraire de ce que vous jugez, Pascal, Prière. Le pur amour, au contraire de l'autre, pousse sans cesse l'âme hors d'elle-même dans le sein de Dieu, Fénelon, XVII, 259. Le feu se répand en tous sens, au contraire des autres éléments, Voltaire, Newt. II, concl. Tout au contraire d'Euripide, Racine, Préf. d'Androm. Mon tant bon ami sir John, sur les pamphlets pense et me conseille au contraire de M. Arthus Bertrand, Courier, Pampl. des pamph.

    Au contraire, tout au contraire, bien au contraire, loc. adv. Tout autrement ; loin de là. Je ne lui suis point opposé ; au contraire, je le sers de tout mon pouvoir. Je vous l'ai conseillé, j'en pressai l'entreprise. - Tout au contraire, sire, elle m'en a reprise, Rotrou, Antig. IV, 4. L'autre animal tout au contraire, Bien éloigné de nous mal faire, La Fontaine, Fab. VI, 5. Un homme est plus fidèle au secret d'autrui qu'au sien propre ; une femme au contraire garde mieux son secret que celui d'autrui, La Bruyère, III. Je vis bien que je déplaisais ; mon camarade, au contraire ; il était de la famille, Courier, Lett. I, 212. Elle cassa tous les actes rendus au contraire, Maucroix, Schisme, livre II, dans RICHELET.

  • 7Au contraire, réciproquement, vice versa. Pourquoi les astres circulent-ils d'occident en orient [ce qui est leur mouvement réel] plutôt qu'au contraire ? Ils ont l'hiver quand nous avons l'été, et au contraire, Vaugelas, Q. C. 411.

    Terme de pratique. Défenses au contraire, réserve que l'on fait d'alléguer en temps et lieu des raisons contraires aux prétentions d'une autre personne.

HISTORIQUE

XIe s. Je t'en mouvrai un tel si grant contraire [chagrin, peine], Ch. de Rol. X.

XIIe s. Mais prend batisme, je' l te di sans contraire, Ronc. p. 145. Au Mans [ils] erent [étaient] remès [restés] plein d'ire et de contraire, Sax. XXX. … Forment vous doit desplaire De ce roi orguillox qui manda tel contraire [chose contrariante], ib. Puis seromes ensemble pour faire au roi contraire, ib.

XIIIe s. Que trestout leur malices leur retourne à contraire, Berte, LXIX. Vous li cuidiés grant bonté faire, Et il vous quiert honte et contraire, la Rose, 2946. Vésci Guillaume de Lorris, Cui Jalousie sa contraire Fait tant d'angoisse et de mal traire, Qu'il est en peril de morir, ib. 10563. Demande qui est contraires à soi meismes est de nule valeur, Beaumanoir, VI, 26. De la dite pez furent moult contraire ceulz de son conseil, Joinville, 292.

XIVe s. Et aucune foiz avient tout au contraire, Oresme, Eth. 22. Et se ilz font tout le contraire, Lors serons-nous très bien à heure Et à tamps de leur courre seure, Liv. du bon Jeh. 1909. Es maladies un contraire se garit par un autre contraire, Ménagier, I, 9.

XVe s. Si [Jean Lyon] n'osoit dire du contraire, Froissart, II, II, 52. Si s'avisa que par dons il attrairoit si le roi de France, qu'il n'auroit aucune volonté de lui porter contraire, Froissart, I, I, 10. Et se complaignoit à lui [l'évêque de Cambrai au roi de France] trop amerement des Hainuyers [qui ravageaient le Cambrésis] ; et disoit que les Hainuyers lui avoient fait plus de contraire et de dommages que nul autre, Froissart, I, I, 100. Ne tu ne scez mettre frain en tes desirs, sinon de vouloir tousjours le contraire de ce que tu dois, Chartier, Quadriloge invectif. Pour ce donnons estroit commandement Aux officiers de nostre parlement, Qu'ilz le traictent et aident doulcement En tout affaire à son besoing sans venir au contraire, Orléans, Lectre. de retenue. Mais aujourd'hui tout le contraire [je] voy ; Car nul ne veult la verité retraire, Deschamps, Ce qui est nécessaire aux rois. À ces mots se partirent d'illec les deux chevaliers ; car ilz congneurent pleinement que le bon roy et tous ceulx qui là estoient leur portoient contraire, Perceforest, t. IV, f° 46. Quand ce coup fust advenu, ne croyez pas le contraire, que la pucelle au cercle d'or ne fust pas trop dolente, quant elle veist le chevalier à la fumée gesir renversé sur l'herbe, ib. t. VI, f° 75. En haine des Ursins dont [les Colonna] tousjours sont et ont esté contraires, Commines, VII, 10. Il n'avoit garde de dormir, tant estoient ses yeux empeschés de voir son contraire, Louis XI, Nouv. XXXVI.

XVIe s. N'a il pas fidelement executé sa charge ? nous ne pouvons pas dire du contraire, Calvin, Instit. 198. En nature le contraire se verifie par son contraire, Montaigne, I, 70. Quand ces receptes ne peuvent servir, ils en essayent de contraires, Montaigne, I, 129. Une fantaisie que j'ay, contraire au commun usage, Montaigne, I, 159. Au contraire…, Montaigne, I, 273. La plus contraire humeur à la retraicte, c'est l'ambition, Montaigne, I, 285. Leur sueur espandoit une odeur souefve ; mais la commune façon des corps est au contraire, Montaigne, I, 391. Un souffle du vent contraire, le fauls pas d'un cheval, suffisent à le renverser, Montaigne, II, 190. L'armée contraire se mist à sa queue, Lanoue, 622. Quand ils regardoient le desespoir de leurs contraires [ennemis], cela les retenoit un peu, Lanoue, 622. Estant adverty que Flaccus, l'un de ses contraires, ayant esté esleu consul à Rome…, Amyot, Sylla, 44. Un M. Marius, qui estoit de la partie et faction contraire, Amyot, ib. 67. Ceste parole ne depleut point à Sylla, ains au contraire il donna à cognoistre qu'elle l'avoit chatouillé, Amyot, ib. 72. Il tourna bride tout court, et reprenant son chemin un peu à costé, au contraire de ceulx qui le chassoient, il les passa secrettement sans estre apperceu d'eulx, Amyot, Eumène, 17. Des monstres en nature, qui n'ont point de jambes, ou qui ont les bras tournés au contraire, Amyot, De la Curiosité, 17. Tout contraire en son contraire Prend vertu pour soy refaire, Génin, Récréat. t. II, p. 250.

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Étymologie de « contraire »

Wallon, contrâve ; provenç. contrari ; espagn. et ital. contrario ; du latin contrarius, dérivé de contra, contre.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du latin contrarius (même sens).
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Phonétique du mot « contraire »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
contraire kɔ̃trɛr

Fréquence d'apparition du mot « contraire » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « contraire »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « contraire »

  • Qui ose a peu souvent la fortune contraire.
    Mathurin Régnier
  • Montebourger: dire le contraire de son chef.
    Bernard Pivot — Les Tweets sont des chats
  • La fidélité est contraire à la nature humaine.
    Charles Fourier
  • Révolution est précisément le contraire de révolte.
    Victor Hugo — Les Misérables
  • L'envie, ce vice contraire à tout amour.
    Sébastien Lapaque — Mourir d'envie
  • La pensée contraire est érotique.
    Roland Topor
  • Je ne suis ni pour, ni contre, bien au contraire.
    Coluche — Votez nul ! - 1980
  • Toute passion vraiment profonde porte en soi son contraire.
    Mario Soldati — La messa dei villegianti
  • Christophe Castaner a jugé jeudi que "tenter d’effacer le passé" était "le propre de la pensée totalitaire et le contraire même de l’Histoire", à propos des dégradations de statues par des militants antiracistes. 
    SudOuest.fr — Statues vandalisées : pour Castaner, "tenter d’effacer le passé, c’est le contraire de l’Histoire"
  • La vie, souvent, est contraire aux attentes du coeur.
    Madame E. Bertil — Le Tour du Québec par deux enfants
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Traductions du mot « contraire »

Langue Traduction
Anglais opposite
Espagnol opuesto
Italien di fronte
Allemand gegenteil
Chinois 对面
Arabe ضد
Portugais oposto
Russe напротив
Japonais 反対
Basque kontrako
Corse oppostu
Source : Google Translate API

Synonymes de « contraire »

Source : synonymes de contraire sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « contraire »

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Nombre de points du mot contraire au scrabble : 11 points

Contraire

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