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Choquer

Définitions de « choquer »

Trésor de la Langue Française informatisé

CHOQUER, verbe trans.

A.− Concr. [Le compl. d'obj. désigne une chose]
1. [Le suj. désigne une pers., un animal, une chose] Donner un choc, heurter violemment. Choquer des cailloux; le taureau choque la muraille de ses cornes; les sabots choquent le pavé. Synon. buter, cogner, frapper.Le troisième [homme] choquait, de temps à autre, ses cymbales avec une violence extraordinaire (Baudelaire, Petits poèmes en prose,Les Vocations, 1867, p. 160).Parfois l'un [un hanneton] d'eux choquait le zinc des gouttières avec un bruit mat (Moselly, Terres lorraines,1907, p. 98).
Rare. Synon. de frapper.Les barbares (...) choquaient leurs paumes en mesure (Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 140).Synon. de heurter.Sa tête [d'Omer] choqua la terre (Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902p. 251).
Rare, intrans. Synon. de se choquer.Ses dents [d'Albertus] Choquaient à se briser (T. Gautier, Premières poésies,Albertus, 1830-45, p. 178).Je m'en allais cogner partout (...) J'allais choquer dans l'armoire (Céline, Mort à crédit,1936, p. 391).
Emploi pronom. [Le suj. désigne des choses et plus rarement certaines parties du corps humain] Les épées, les poulies se choquent; les dents se choquent; les pieds d'une danseuse se choquent en l'air. Ses chaînes [du prince] se choquent avec un fracas horrible (MmeCottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 300).Les prunelles étaient entièrement retournées vers le front, les genoux de l'enfant trop gros se choquaient (Druon, Les Grandes familles,1948, p. 85).
Rare. Synon. de se frapper.Ses deux mains se choquèrent avec bruit (O. Feuillet, Monsieur de Camors,1867, p. 338).Synon. de se heurter.Deux hirondelles se sont choquées dans l'air (Renard, Journal,1899, p. 546).
P. métaph. ou au fig. Les passions se choquent et sont en présence (Maine de Biran, Journal,t. 1, 1816, p. 101).Se choquer contre...Elles [les femmes] se choquent contre la règle, comme un oiseau contre ses barreaux (Taine, Notes sur Paris,Vie et opinions de M. F.-T. Graindorge, 1867, p. 63).Mes raisonnements se choqueront quelquefois contre les grelots de la folie (Lautréamont, Les Chants de Maldoror,1869, p. 253).
2. P. ext., fam. Choquer les verres. Trinquer. Sylvaine et Simon choquèrent leurs verres si fort que celui de Simon éclata dans ses doigts (Druon, Les Grandes familles,1948, p. 75).
Absol. On choque, on boit, et c'est, parbleu! la meilleure goutte que j'aie lampée de ma vie (Verlaine, Œuvres posthumes,t. 1, Souvenirs, 1896, p. 249).
Pronom. Les verres recommencèrent à se choquer au poing des hommes (Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 77).
3. P. anal., vx, pronom. Se heurter et se combattre violemment. Le spectacle des deux armées qui s'avancent en bon ordre, prêtes à se choquer (Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 201).
4. Spéc., MAR. ,,Diminuer la raideur d'un cordage tendu en le filant un peu sur le guindeau, le treuil ou la bitte où il est tourné.`` (Gruss 1952). Choquer une écoute, ,,la filer par à-coups`` (Gruss 1952).
Absolument :
1. ..., le coup d'étrave du Max mettait en pleine lumière la possibilité, pour un cuirassé solidement construit, de choquer à toute vitesse, ... A. Ledieu, E. Cadiat, Le Nouv. matériel naval,t. 2, 1899, p. 501.
B.− Au fig. [Le compl. d'obj. désigne des pers. ou des notions abstr. se rapportant à l'être humain]
1. Aller contre, agir de façon plus ou moins agressive contre une notion établie, un principe. Choquer les bienséances, les convenances, les bonnes mœurs, les principes, la raison. Il [le mari d'Anne-Marie] donnait sa parole de changer, de ne plus rien faire qui choquât la droiture (Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 62).Je vais choquer un grand nombre d'idées reçues, en admettant toutefois que mes lecteurs me comprennent (J. Bousquet, Traduit du silence,1935-36, p. 151).
Absolument :
2. Je ne dissimulerai pas que le plaisir de rompre avec la coutume, l'intention parfois de choquer, n'étaient pas absents de toutes les âmes. Valéry, Variété IV,1938, p. 14.
2. [Avec l'idée de blesser moralement, de déplaire ou de scandaliser] Offenser en heurtant les idées, les habitudes :
3. Ses vêtements [du journaliste] et son attitude détonnaient dans ce milieu. Il s'en rendait compte, et redoublait de vulgarité; les coudes sur la table, le chapeau sur la tête, la voix crapuleuse, il semblait prendre plaisir à choquer ses voisins. Arland, L'Ordre,1929, p. 393.
4. Je me hasarderais à une proposition qu'il vaut mieux que je retienne en moi-même, afin de ne pas choquer ta susceptibilité. A. Arnoux, Rêverie d'un policier amateur,1945, p. 66.
SYNT. Ça me choque (fam.); sa vulgarité me choque; ses paroles blessantes me choquent; choquer ma modestie, ma vanité, mon imagination, mes habitudes.
Rem. On rencontre chez Barrès la constr. Vous êtes choqués à me lire (L'Ennemi des Lois, 1893, p. 21). Elle ,,n'est pas synon. de choqués de me lire. À me lire n'est pas le compl. d'objet de : Vous êtes choqués, mais plutôt une sorte de temporelle ou de causale : Tandis que vous me lisez ou parce que vous me lisez, vous êtes choqués`` (Dupré 1972).
Étonner, surprendre désagréablement. Ce nom choque ici comme un bibelot de camelote dans une collection sans tare (Colette, Claudine s'en va,1903, p. 48):
5. Je ne vois vraiment rien là qui puisse choquer la Sorbonne. Péguy, L'Argent,1913, p. 1184.
Absol. Tout choque en effet dans ce récit romanesque (Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 310).
Pronom. Notre vanité aura beau se choquer des souvenirs (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 16):
6. À ce moment, sur la dernière note de la figure, la môme a pivoté dos au public et, d'une envolée, rejetant ses jupes par-dessus sa tête, remonte ainsi vers le fond, au grand scandale de toute l'assistance. tous. − Oh! Les dames surtout se choquent. Feydeau, La Dame de chez Maxim's,1914, II, 8, p. 50.
3. Frapper désagréablement, produire une impression désagréable. Cette couleur choque la vue; sa voix criarde choque l'oreille :
7. ... les papillons y étaient [dans l'Arche de Noé] plus grands que les éléphants, ce qui, à la longue, choquait mon sens des proportions; ... A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 64.
8. Quand on fait le procès du machinisme, on néglige le grief essentiel. On l'accuse d'abord de réduire l'ouvrier à l'état de machine, ensuite d'aboutir à une uniformité de production qui choque le sens artistique. Bergson, Les Deux sources de la mor. et de la relig.,1932, p. 327.
Absol. Le luisant de la peinture achève de choquer et donne une maigreur insupportable à tout cela (E. Delacroix, Journal,1852, p. 161).
Pronom., rare :
9. La littérature peut et doit descendre au peuple, au laid jusqu'à l'horrible. La peinture doit plutôt aller au beau, à l'élégant, au joli. L'une s'adresse aux yeux qui se choquent, l'autre au cœur qui s'émeut. E. et J. de Goncourt, Journal,1864, p. 39.
C.− Domaine de la vie psychique, rare.[Uniquement au passif et employé plus fréq. comme part. passé pris comme adj. (en parlant de l'organisme humain et du système nerveux)] Faire subir un ébranlement grave :
10. Je vous ai dit de quel coup cette disparition m'avait choqué le crâne! G. Leroux, Le Mystère de la chambre jaune,1907, p. 93.
11. Le lendemain, il eut un nouvel étourdissement. Assis sur la chaise, comme l'autre fois, il regarda de tous côtés, avec un air traqué, la bouche entrouverte, comme ces soldats qui, choqués par une explosion d'obus, vous disaient ensuite : « Prends-moi la main. » Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 897.
Prononc. et Orth. : [ʃ ɔke], (je) choque [ʃ ɔk]. Ds Ac. 1694-1932. Fér. Crit. t. 1 1787 rappelle la vieille orth. chocquer. Étymol. et Hist. A. 1. 1remoitié xiiies. intrans. pic. chuquier « se heurter (dans le combat) » (Durmart le Gallois, éd. J. Gildea, 4689); 2. xiiies. id. pic. çuker « frapper » (Chansons et dits artésiens, XIX, 70 ds T.-L.); 3. 1694 choquer le verre à table (Ac.). B. av. 1621 fig. « aller à l'encontre, offenser, blesser » (Montchrestien, Les Lacènes, p. 180 ds IGLF : choquer les regles de nature); 1631 choquer l'innocence (Rotrou, Hypocondriaque, I, 1, p. 9, ibid.). Orig. obsc., peut-être germanique (Th. Braune ds Z. rom. Philol. t. 19, p. 356); un empr. au m. néerl., m. b. all. schocken « heurter, donner un coup » (Valkhoff, p. 89; FEW t. 17, p. 50a; EWFS2) − le néerl. étant attesté en 1494 par son dér. shockelen d'apr. FEW − fait difficulté du point de vue chronol.; l'attribution de l'alternance [ü] [o] de l'a. fr. à celle du m. h. all. dial. schucken/m. h. all. schocken (FEW) fait difficulté du point de vue géogr. les formes en [ü] étant presque exclusivement pic.; d'autre part, il paraît difficile de partir pour le verbe choquer du subst. a. h. all. scoc « choc » (Bl.-W.5) qui fait, de plus, difficulté du point de vue géogr., l'aire du mot fr. étant à l'orig. essentiellement pic. et wallonne. Fréq. abs. littér. : 892. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 450, b) 1 008; xxes. : a) 1 236, b) 1 272.
DÉR. 1.
Choquable, adj.Qui se choque facilement. Je ne suis pas beaucoup choquable, et cependant je me trouvai choqué d'être si mal reçu (G. Sand, Les Maîtres sonneurs,1853, p. 223).Je vous assure, disait Odette, je suis au fond une petite bourgeoise très choquable, pleine de préjugés, vivant dans son trou, surtout très ignorante (Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 604). [ʃ ɔkabl̥]. 1reattest. 1853 (G. Sand, loc. cit.); de choquer, suff. -able*. Fréq. abs. littér. : 1.
2.
Choquement, subst. masc.Action de choquer, résultat de cette action. Le choquement aigu des crotales passées aux doigts de la danseuse (Du Camp, Le Nil,1854, p. 117).Les chaînes dans l'étable où l'ombre était ouverte avaient un bruit tremblé de choquement de verres (Jammes, De l'angélus de l'aube à l'angélus du soir,1898, p. 16).Il rit comme le choquement d'une coupe de champagne (Jammes, Correspondance avec A. Gide,1893-1938, p. 203). Seule transcr. ds Littré : cho-ke-man (e = ə). 1resattest. 1556 « choc des armées » (Noguier, Hist. tolos., p. 32 ds Gdf. Compl.); 1605 choquement des atomes (Le Loyer, Hist. des Spectres, I, 3 ds Hug.), ces 2 sens seulement aux xvie-déb. xviies.; 1854 (Du Camp, loc. cit.); de choquer, suff. -ment1*. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 131.

Wiktionnaire

Verbe - français

choquer \ʃɔ.ke\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Donner un choc, heurter.
    • Si ce navire vient à choquer cette barque, il la brisera.
    • Choquer les verres à table l’un contre l’autre, ou simplement
    • Choquer les verres.
    • Le capitaine allait ensuite du porche à l’office, où il ouvrait des placards, coupait du pain, choquait des verres les uns contre les autres. — (Julien Green, Le voyageur sur la terre, 1927, Le Livre de Poche, pages 14-15)
    • Deux corps qui se choquent.
  2. (En particulier) (Militaire) Se rencontrer et combattre, en parlant de troupes.
    • Quand les deux armées vinrent à se choquer.
  3. (Figuré) Offenser.
    • Lui non plus n’aurait pas voulu choquer Jim par son manque de délicatesse, mais sa nature brutale subitement l’emportait. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Il fait cela pour me choquer.
    • Vous choquerez sa vanité.
    • C’est un homme qui se choque de tout.
  4. (Figuré) Déplaire.
    • […] ; elle lui pardonna une légèreté d’esprit, dont, après tout, elle n’avait jamais souffert : quand les défauts des autres ne nous nuisent pas, il est rare qu’ils nous choquent beaucoup. — (Marie-Jeanne Riccoboni, Histoire d’Ernestine, 1762, édition Œuvres complètes de Mme Riccoboni, tome I, Foucault, 1818)
    • Et, tout à l’heure, quand il s’était adressé à la prostituée enceinte, il avait usé d’un terme dont la grossièreté — tirant son origine d’une langue moins noble et moins enveloppée que l’argot — me choquait encore secrètement. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • Il truffait ses sermons de paraboles modernes, d'images progressistes, magnifiés par sa verve naturelle et mordante et appuyés par un langage coloré qui choquèrent plus d'une grenouille de bénitier et d'une punaise de sacristie, mais que voulez-vous, il faut s'adapter ou périr, et le père Benoît La Poudrière n'avait aucune intention de baisser les bras face aux temps modernes. — (Thibault Gardereau, Le livre d'un croque-mort: roman, Montréal (Québec) : VLB éditeur, 2003, p. 168)
    • Sauf que cette fois, les numéros pagnolesques devant les caméras ne suffisent plus à conjurer la crise. Gaudin a choqué la population en s'enfermant d'abord dans le déni, allant jusqu'à accuser la pluie. — (Louis Hausalter, A Marseille, l'effondrement du système Gaudin, dans Marianne n° 1132 du 23-29 novembre 2018, p. 28)
  5. (Impersonnel) Contrevenir à ; être contraire à, en parlant des choses de la morale et de l’esprit.
    • Cela choque le bon sens, la bienséance, l’honneur.
  6. (Marine) Relâcher une manœuvre. ( Réduire la tension sur un cordage pour éviter sa rupture)
    • Choquer l’écoute d’une voile.
  7. (Marine) (Par extension) Laisser le vent écarter une voile de la coque.
    • Choquer la grand voile.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CHOQUER. v. tr.
Donner un choc, heurter. Si ce navire vient à choquer cette barque, il la brisera. Choquer les verres à table l'un contre l'autre, ou simplement Choquer les verres. Deux corps qui se choquent. Il se dit, dans un sens particulier, de la Rencontre et du combat de deux troupes. Quand les deux armées vinrent à se choquer. Il signifie au figuré Offenser. Il fait cela pour me choquer. Vous choquerez sa vanité. C'est un homme qui se choque de tout. Il signifie aussi figurément Déplaire. Tout ce qu'il fait me choque. Ce qui me choque en lui, c'est... Cette façon de parler me choque. Ce mot me choque. Choquer la vue. Choquer l'oreille. Cela choque le bon sens, la bienséance, l'honneur, Cela est contraire au bon sens, à la bienséance, à l'honneur.

Littré (1872-1877)

CHOQUER (cho-ké) v. a.
  • 1Donner un choc contre. Il ne voit point d'écueil qu'il ne l'aille choquer, Boileau, Sat. VIII. L'oiseau de Jupiter… Choque de l'aile l'escarbot, La Fontaine, Fabl. II, 8. Ayant choqué celui qu'ils virent les armes à la main contre lui, ils l'avaient porté à terre, Scarron, Rom. com. II, 14. La phalange aussi choqua la bataille [le corps de bataille] des Indiens, qui fut rompue tout d'un coup, Vaugelas, Q. C. 491. Quelque jour ce jeune lion Choquera la rébellion, En sorte qu'il en sera maître, Malherbe, VI, 16.

    Familièrement. Choquer le verre, trinquer. Et pour choquer, Nous provoquer, Le verre en main, en rond nous attaquer, Béranger, Trinquons.

    Absolument, en ce sens. Choquons. Voulez-vous choquer avec moi ?

  • 2 Fig. Offenser, blesser, déplaire. Soit qu'il plaise à mes yeux, soit qu'il me choque en l'âme, Corneille, Othon, II, 5. Ah ! rien de votre part ne saurait me choquer, Corneille, Nicom. V, 5. Ou si ce nom vous choque ailleurs qu'en Arménie, Corneille, ib. III, 2. En faveur des chrétiens s'il choquait son courroux, Corneille, Poly. V, 1. Encor que de ma part tout vous choque et vous blesse, Rotrou, Vencesl. I, 1. On ne le peut heurter qu'on ne me choque en lui, Rotrou, Bélis. IV, 6. Dès que les hommes choquent notre goût, Massillon, Pardon. Les dominicains sont trop puissants, et la société des jésuites est trop politique pour les choquer ouvertement, Pascal, Prov. 2. Des décrets qui choquent vos sentiments, Pascal, ib. 18. Toujours au plus grand nombre il faut s'accommoder, Et jamais il ne faut se faire regarder ; L'un et l'autre nous choque ; et tout homme bien sage Doit faire des habits ainsi que du langage, Molière, Éc. des maris, I, 1. L'hippogriffe n'a rien qui me choque l'esprit, La Fontaine, Coupe. Une robe toujours m'avait choqué la vue, Racine, Plaid. II, 6. Ce qui me choque de ces beaux esprits, c'est qu'ils ne se rendent pas utiles à leur patrie, Monte, Q. Lett. pers. 36. J'ignore comment il faut présenter au roi le détail de Fontenoi et les autres événements qui ne peuvent choquer que sa modestie, Voltaire, Lett. duc de Choiseul, mars 1762.

    Absolument. On vous dira de là-haut qu'on peut quelque chose de difficile, puisqu'on peut embrasser tout ce qui choque, Bossuet, la Vallière. Un remède infaillible pour empêcher que les hardiesses ne choquent, c'est de ne les employer que dans la passion, Boileau, Longin, sublime, 31.

  • 3Être contraire ou agir contrairement à. Si on choque les principes de la raison, Pascal, Rel. 2. Elles ont quelque chose qui choque la bienséance, Corneille, Ex. du Cid. De notre Sparte il choquera les lois, Corneille, Agésil. II, 6. Vous prétendez choquer ce que j'ai résolu, Molière, Sgan. 1. Quatre choses choquaient la liberté de Rome, Montesquieu, Esp. XI, 14. Ce dessein, don Juan, ne choque point ce que je dis, Molière, le Festin, V, 3. S'ils choquent les bonnes mœurs, ils seront notés d'infamie, Voltaire, Lett. à Mlle Clairon, 27 août 1761.

    Choquer l'oreille, produire des sons, joindre des mots qui offensent l'oreille ; et figurément, tenir des propos qui déplaisent.

  • 4 En termes de marine, choquer un cordage tendu, le filer avec précaution.

    Choquer du câble, en filer dehors.

  • 5Se choquer, v. réfl. Recevoir et donner un choc. Ces deux voitures se sont choquées. Il conçut que ces grands corps, qui semblaient en se choquant préparer leur communes ruines, étaient au fond des institutions salutaires, Voltaire, Babouc. Les astres brisant leurs orbites Se choquent dans l'immensité, Delavigne, Paria, IV, 7.

    Par extension, former un hiatus. Que vous songiez à accommoder des consonnes qui se choquent et à mesurer des périodes…, Voiture, Lett. 186.

    En venir aux mains, en parlant d'hommes ou de troupes qui s'abordent pour se combattre. Tant qu'on ne s'est choqué qu'en de légers combats, Corneille, Hor. I, 1. Faut-il faire tomber le fer de la main de deux armées prêtes à se choquer, Fléchier, II, 89. On s'aborde, on se choque, on fait feu de part et d'autre, Courier, 1re lettre particulière.

    S'offenser. C'est un homme qui se choque de tout.

    Être en désaccord, aller mal ensemble. Ses vers… bouffis de grands mots qui se choquent entre eux, Gilbert, le XVIIIe siècle.

SYNONYME

CHOQUER, HEURTER. Choquer, venant de souche ainsi qu'on le voit à l'étymologie de choc, signifie proprement faire trébucher, comme celui qui heurte du pied une souche. Heurter veut dire proprement porter un coup ; c'est pour cela qu'on dit heurter à une porte, et non la choquer ; la choquer, ce serait y frapper à l'effet de l'enfoncer. Une légion romaine qui allait choquer l'ennemi, le chargeait pour le faire trébucher, mais elle ne le heurtait pas : car ici heurter aurait un sens moins précis. En suivant la nuance on trouve que choquer indique plutôt une action faite par une cause extérieure sur un objet, et heurter une action involontaire : Un heurt survient : adieu le char ; Voilà messire Jean Chouart Qui du choc de son mort a la tête cassée, La Fontaine, Fabl. VII, 11. Un heurt, parce que c'est le char lui-même qui a rencontré un caillou ; un choc voudrait dire qu'une autre voiture l'a rencontré. Le choc de son mort, parce que c'est un objet extérieur ; le heurt ne serait pas bon ici. On se heurte la tête, parce qu'on ne le fait pas exprès ; mais un homme qui veut se tuer se choque la tête contre la muraille ; deux béliers qui se battent choquent leurs têtes. Au figuré, heurter les opinions reçues, c'est leur faire éprouver un heurt, c'est-à-dire se rencontrer en opposition avec elles ; choquer des opinions reçues, c'est leur infliger un choc, une offense.

HISTORIQUE

XVIe s. Il allait chocquant sa teste contre la muraille, Montaigne, I, 23. Un de ses ancestres mourut-il pas chocqué par un pourceau ? Montaigne, I, 74. Pour avoir choqué contre la porte de…, Montaigne, ib. Des vices qui chocquent la conscience, Montaigne, I, 122. C'est une incivile importunité de chocquer tout ce qui n'est pas de nostre appetit, Montaigne, I, 166. Ils disent que ses arguments sont foibles, et entreprennent de les chocquer ayséement, Montaigne, II, 150. Et ainsi alla de grande roideur chocquer les ennemis, lesquels soustinrent ce premier choc vaillamment, Amyot, Timol. 37.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHOQUER. Ajoutez :
6Se choquer de, être offensé par. Notre vanité aura beau se choquer des souvenirs, gratter les fleurs de lis…, Chateaubriand, Mém. d'outre-tombe, t. X, p. 16, 1850.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « choquer »

Choc ; espagn. chocar.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

De l’ancien français chuquier[1][2].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « choquer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
choquer ʃɔke

Fréquence d'apparition du mot « choquer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « choquer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « choquer »

  • L'obscénité est tout ce qui se trouve choquer un quelconque magistrat âgé et ignorant.
    Bertrand, 3e comte Russell — Look, 23 février 1954
  • C'est toujours par ce qu'elle contient de vérité qu'une œuvre nouvelle choque ses contemporains.
    Henry Bataille — La Marche nuptiale, Fasquelle
  • Le grand argument du fascisme se résume à «tout le monde tait la vérité, mais nous, nous la disons, au risque de choquer».
    Nicolas Bedos — 26 février 2015
  • Tout système religieux qui contient de quoi choquer l'esprit d'un enfant ne saurait être juste.
    Thomas Paine — L'âge de raison
  • Nous avons contracté cette curieuse habitude de tenir pour médiocre tout artiste qui ne commence par choquer et par être suffisamment injurié ou moqué.
    Paul Valéry — Degas Danse Dessin
  • Il faut bien connaître les préjugés de son siècle, afin de ne les choquer pas trop, ni trop les suivre.
    Montesquieu
  • Les femmes sont plus faciles à choquer.
    Michel Houellebecq — Lire - Septembre 2001
  • Adil Rami et Géraldine Maillet : l'annonce qui risque de choquer Pamela Anderson
    Public.fr — Adil Rami et Géraldine Maillet : l'annonce qui risque de choquer Pamela Anderson
  • Je ne sais pas si c'est une bonne chose de choquer... En tout cas, c'est une source d'emmerdements.
    Michel Houellebecq — Lire - Septembre 2001
  • Sur sa page Facebook, le restaurateur s’en est expliqué : « Nous ne voulions pas choquer, juste répercuter des frais qui n’étaient pas prévus dans notre marge ».
    Courrier picard — Mesures anti-Covid: un restaurateur belge affiche le tarif sur ses tickets
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Traductions du mot « choquer »

Langue Traduction
Anglais shock
Espagnol sorprender
Italien scioccare
Allemand schockieren
Portugais chocar
Source : Google Translate API

Synonymes de « choquer »

Source : synonymes de choquer sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « choquer »

Combien de points fait le mot choquer au Scrabble ?

Nombre de points du mot choquer au scrabble : 21 points

Choquer

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