La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « cher »

Cher

Variantes Singulier Pluriel
Masculin cher chers
Féminin chère chères

Définitions de « cher »

Trésor de la Langue Française informatisé

CHER, CHÈRE, adj. et adv.

I.− Adjectif
A.− [L'adj. épithète est le plus gén. antéposé. Il exprime un sentiment]
1. [Qualifie des êtres vivants]
a) À qui on voue une affectueuse tendresse :
1. Vous trouvez en vous-même, ma chère maman, des consolations sans nombre, mais je ne trouve en moi que vous. Mmede Staël, Lettres de jeunesse,1778, p. 6.
2. Aujourd'hui, je pense bien plus à moi, puisque je le regrette... Ô cher homme, notre amitié difficile est encore trébuchante, quel bonheur!... Colette, La Naissance du jour,1929, p. 69.
3. Une pareille infamie, un pareil ravalement des êtres chers, sacrés, vénérés, au niveau de la bête, le laissaient épouvanté et révolté, comme le spectacle d'une odieuse dégradation infligée à ses idoles. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 264.
Subst. Mon cher, ma chère. Mais alors, mon excellent cher, qu'est-ce que vous fichez, depuis un mois que vous êtes ici! (Farrère, L'Homme qui assassina,1907, p. 49).
b) [Dans des formules de politesse, ou dans l'expr. de la familiarité] Cher Monsieur, chère Madame; le Cher homme. Ah! bonjour, cher monsieur! vous étiez parti, vous voici revenu? (Barrière, Capendu, Les Faux bonshommes,1856, p. 107).
2. [Qualifie des choses] À quoi on attache un grand prix, envers quoi on manifeste un attachement particulier. Ils oublieraient cette journée d'angoisse, ils retrouveraient leur chère paix, leurs chères amours (Zola, Madeleine Férat,1868, p. 76):
4. Surtout, il continuait ses chères études. Il barbouillait du papier avec frénésie, en prose, en vers, dans tous les genres. Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des « Confessions », 1948, p. 122.
3. Expr. [Le suj. est une pers. ou une chose] Être cher (chère) à qqn :
5. La chimie, qui avait triomphé de l'antique alchimie chère à la renaissance, et qui avait semblé confirmer d'abord les interprétations d'un atomisme mécanique, fournit les premières armes aux partisans d'une unité fondamentale. Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 61.
6. Parmi tous les héros de la liberté et de la paix, celui-là (Luis-Carlos Prestes) est un des plus chers au peuple de France. L'Humanité,19 janv. 1952, p. 1, col. 7-8.
B.− [L'adj. est postposé ou en constr. d'attribut. Il indique une valeur marchande]
[Appliqué à un inanimé] Qui est d'un prix élevé. Le pain cher, la vie chère :
7. ... les jours sont courts, il faut allumer une lampe; l'huile est chère, le bois est cher, le pain est cher. Ô jeunesse! printemps! aube! en proie à l'hiver! Hugo, Les Contemplations,t. 2, 1856, p. 119.
P. méton. [Appliqué à une pers.] Un commerçant trop cher :
8. − Le menuisier est cher, observa le roi. − Est-ce tout? − Non, sire. − « (...) à un vitrier, pour les vitres de ladite chambre, quarante-six sols huit deniers parisis. » Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 495.
II.− Adverbe
A.− [Modifie un verbe d'estimation; ne peut être remplacé par chèrement*] Coûter cher, valoir cher :
9. ... à partir du moment où la force motrice est d'origine mécanique, il faut évidemment que le travail qu'elle commande soit exécuté par des machines. Ce machinisme coûte cher. J. Robert, L'Artis. et le secteur des métiers dans la France contemp.,1966, p. 60.
Au fig. Coûter cher. Imposer de lourds sacrifices; provoquer de graves inconvénients. Il est certain que l'impertinence de ton mari nous aura coûté cher (Mauriac, Le Nœud de vipères,1932, p. 177).
Donner cher. Accorder beaucoup :
10. ... de fait, il [l'adjudant Flick] eût cher donné pour les prendre [Fricot et Laplote] en flagrant délit... Courteline, Le Train de 8 h 47,Au chose, II, 1884, p. 235.
Loc. Ne pas valoir cher. Être peu estimable ou de peu de valeur.
B.− [Modifie un verbe désignant une transaction comm.; peut être remplacé par chèrement*] Acheter cher, vendre cher, payer cher.
Au fig. Payer cher. Obtenir au prix de lourds sacrifices, de graves inconvénients. Vendre cher. Faire subir de graves dommages, de lourds sacrifices en échange de quelque chose. Vendre cher sa peau, sa destruction :
11. ... la crise a fait retrouver à l'art sa noblesse éternelle. Elle a fait payer cher cette trouvaille aux créateurs; ... Arts et litt. dans la société contemp.,1936, p. 7605.
Loc. fam. Il me le payera cher. Je saurai me venger.
Prononc. et Orth. : [ʃ ε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Adj. neutre s'employant adverbialement après certains verbes et demeurant inv., au même titre que bas, bon, clair, court, creux, doux, droit, dru, dur, faux, ferme, fort, franc, gras, gros, haut, juste, lourd, mauvais, net, profond, sec, etc. (cf. Grev. 1964, § 378). Étymol. et Hist. 1. Fin xes. cher « aimé » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 108); spéc. épithète, placé avant le nom dans des formules de politesse milieu xies. cher filz (Alexis, éd. Chr. Storey, 106); 2. fin xes. « précieux » chera merz (Passion, même éd., 87); 3 a) ca 1100 vendre cher [fig] (Roland, éd. J. Bédier, 1633); 1538 coûter cher (Est., s.v. constat); 1549 être cher (Est.); b) 1538 payer cher « obtenir au prix de grands sacrifices » (ibid., s.v. expiare); 1718 fig. faire payer cher « se venger d'une injure reçue » (Ac.). Du lat. class. carus adj. « cher, coûteux, précieux » et « aimé, estimé ». Fréq. abs. littér. : 18 528. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 28 793, b) 36 533; xxes. : a) 26 483, b) 18 723.
DÉR.
Chérot, adj. masc. et adv.,pop. Sa fuite en travesti lui avait coûté chérot, car Arthur avait quitté New-York les poches pleines (Cendrars, Le Lotissement du ciel,1949, p. 235).[ʃeʀo]. 1reattest. 1883 chéro « d'un prix élevé » (d'apr. Esn.), av. 1883 chérot (M[acé] ds Larch. Suppl.); de cher, suff. pop. -o*, ultérieurement assimilé à -ot* (Nyrop t. 3, & 414). Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 152. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Sain. Arg. 1972 [1907], p. 72.

Wiktionnaire

Adverbe - français

cher \ʃɛʁ\

  1. À un prix élevé.
    • […], ils obtenaient les profits moraux et maté­riels que procure la célébrité à tous les virtuoses, dans une société qui est habituée à payer cher ce qui l'amuse. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.VII, La morale des producteurs, 1908, p.328)
    • Acheter cher. — Il vend cher sa protection.
  2. Au prix de grands sacrifices.
    • Je vendrai cher ma peau.
    • La victoire nous coûta cher.
    • Il me paiera cher cet outrage.
  3. (Figuré) Se dit pour faire entendre qu’on se vengera de quelqu’un.
    • Il me le paiera cher.
    • Je le lui ferai payer, il le paiera plus cher qu’au marché,
  4. (Figuré) Se bien défendre avant de succomber.
    • Vendre bien cher sa vie.
  5. (argot lyonnais) Trop.
    • C'est cher bien.

Adjectif - français

cher \ʃɛʁ\

  1. Qui est chéri, tendrement aimé, auquel on tient beaucoup.
    • Être cher à quelqu’un.
    • C’est une personne qui lui est extrêmement chère.
  2. Auquel on attache une grande importance.
    • C’est mon vœu le plus cher.
    • C’est ce que j’ai de plus cher au monde.
  3. Formule de politesse.
    • Chers amis, que je suis heureux de vous voir !
  4. Qui a un prix élevé ; qui est coûteux.
    • Puis, en grosses lettres, cette phrase : « Plus il y aura d'acheteurs de blé, meuniers ou négociants, plus les agriculteurs vendront le leur facilement et cher. »
      Il est hors de contestation que, si des éléments de concurrence nouveaux devaient surgir, le cultivateur y trouverait son compte.
      — (Annales de la Chambre des députés : Débats parlementaires, Paris : Imprimerie du journal officiel, 1921, p. 1002)
  5. Dont le prix est plus haut que les autres.
    • Nous, on s’esbigne en souplesse sans seulement qu'elle s'en aperçoive, la chère épicemarde, attentive qu'elle est à sa laitue peu chère qu'a tendance à faner, et dont elle arrache une feuille jaunie de temps en temps, avec une grande détresse de femme qui épluche son capital. — (Frédéric Dard, San Antonio : Sucette boulevard, éd. Fleuve Noir, 1976)
    • Il se mit à boire plus que la normale, faisant livrer des cubis de bon pinard (en quantité ça coûte moins cher) toujours en perce à la souillarde, et je me revois échapper à la tablée bruyante et discordante où il s'échauffait en parlant politique […]. — (Martin Provost, Léger, humain, pardonnable, Éditions du Seuil, 2015)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CHER, ÈRE. adj.
Qui est tendrement aimé, auquel on tient beaucoup. C'est une personne qui lui est extrêmement chère. C'est, de tous ses enfants, celui qui lui est le plus cher. Ses plus chers amis l'ont condamné. Sauvez une tête si chère. Je tiens ce présent d'une main qui m'est bien chère. Sa mémoire me sera toujours chère. Il n'y a personne à qui la vie ne soit chère. Un homme de bien n'a rien de plus cher que l'honneur. Négliger ses intérêts les plus chers. Perdre ses plus chères espérances. C'est mon vœu le plus cher. C'est ce que j'ai de plus cher au monde. Il s'emploie particulièrement dans certaines façons familières de parler. Mon cher monsieur. Chère madame. Mon cher ami et, simplement, Cher ami. On dit aussi, par ellipse, entre personnes qui se traitent familièrement, Mon cher, ma chère. Il signifie aussi Qui coûte beaucoup. Les belles étoffes sont toujours chères. Le blé est ordinairement plus cher à l'époque de la moisson que dans les autres temps. Il fait cher vivre dans cette ville. Chère année, Année où le blé est beaucoup plus cher qu'à l'ordinaire. Fig., Le temps est cher, les moments sont chers, Le temps presse. Hâtez-vous, les moments sont chers. Partons, le temps est cher. Il se dit encore de Celui, de celle qui vend une denrée ou exécute un travail à plus haut prix que les autres. Ce marchand-là est cher. Cette marchande est trop chère. Cet ouvrier est cher. Il se prend aussi adverbialement et signifie À haut prix. Acheter cher. Vendre cher. Cela me coûte cher. Fig., Il vend cher sa protection. J'achetai bien cher ce court moment de bonheur. La victoire nous coûta cher. Il me paiera cher cet outrage. Il me le paiera cher. Fig., Je le lui ferai payer, il le paiera plus cher qu'au marché, se dit pour faire entendre qu'on se vengera de quelqu'un dont on a reçu quelque injure. Fig., Vendre bien cher sa vie, Se bien défendre avant de succomber.

Littré (1872-1877)

CHER (chêr, chê-r') adj.
  • 1Auquel on est attaché par une vive affection. Un homme cher à sa famille. Vous parlerai-je de ses pertes et de la mort de ses chers enfants ? Bossuet, Marie-Thér. Hermione, seigneur, peut m'être toujours chère, Racine, Andr. I, 2. Ah ! si je vous suis cher, ma princesse, vivez, Racine, Iphig. III, 6. Je pouvais de ma mort accuser… Tout l'univers plutôt qu'une si chère main, Racine, Bérénice, IV, 5. Car de son cher tyran l'injustice fut telle…, Corneille, Sertor. I, 2. Une main qui nous fut bien chère Venge ainsi le refus d'un coup trop inhumain, Corneille, Rodog. V, 4. Je te fis après lui mon plus cher confident, Corneille, Cinna, V, 1. Contre ma douleur j'aurais senti des charmes, Quand une main si chère eût essuyé mes larmes, Corneille, Cid, III, 4.

    Il s'emploie comme expression affectueuse. Mon cher ami. Mon cher oncle. Je crains Dieu, cher Abner, et n'ai point d'autre crainte, Racine, Athal. I, 1.

    Elliptiquement et familièrement. Mon cher, ma chère. Le renard dit au loup : Notre cher, pour tous mets J'ai souvent un vieux coq ou de maigres poulets, La Fontaine, Fabl. XII, 9.

    Aujourd'hui, dans le langage très familier, on supprime même l'adjectif possessif. Bonjour, chers. Çà va bien, très chers ? Venez-vous, chers bons ?

  • 2 Par extension, à quoi on tient. Son estime m'est chère. Sa mémoire vous est chère. Et [ô Dieu !] n'ayant rien si cher que ton obéissance, Où tu le fais régner, il te fera servir, Malherbe, II, 1. Un bien que j'ai si cher, Malherbe, V, 4. [Que l'amoureux] N'aime rien que ce joug et toujours s'étudie à tenir en humeur sa chère maladie, Théoph. Sat. I. Même de vos rivaux la gloire vous est chère, Corneille, Nicom. III, 8. Ainsi puisse-t-il toujours vous être un cher entretien ; ainsi puissiez-vous profiter de ses vertus, Bossuet, Louis de Bourbon. Hélas ! loin de vouloir éviter sa colère, La plus soudaine mort me la rendra plus chère, Racine, Brit. V, 7. Et que, finissant là sa haine et nos misères, Il ne séparât point des dépouilles si chères, Racine, Andr. III, 6. Chers pleurs, Racine, Bérén. IV, 5. Et ce cher intérêt est le seul qui m'amène, Racine, Mithr. IV, 2. Ma gloire vous serait moins chère que ma vie, Racine, Iph. V, 3. Mais l'offrande à mes yeux en doit être plus chère, Racine, Phèd. II, 2. Pour moi, je tiens plus chère et plus digne d'envie Une honorable mort qu'une honteuse vie, Rotrou, Antig. III, 5. Et la plus prompte mort dans ce moment sévère Devient de leur amour la marque la plus chère, Racine, Baj. IV, 5. Lorsqu'aux dépens d'une santé qui nous est si chère…, Bossuet, Louis de Bourbon. Rendre la royauté non-seulement vénérable et sainte, mais encore aimable et chère aux peuples, Bossuet, Reine d'Anglet. Mes regrets m'étaient chers ; mais mon âme affaiblie Tombant dans les langueurs de la mélancolie…, Saint-Lambert, Saisons, hiver. À tous les cœurs bien nés que la patrie est chère ! Voltaire, Tancr. III, 1.
  • 3En parlant du temps, précieux. Vous me faites perdre un temps qui nous est cher, Molière, Impr. 1. Le temps est cher en amour comme en guerre, La Fontaine, Orais. Et ce moment si cher, madame, est consumé à louer l'ennemi dont je suis opprimé, Racine, Brit. II, 6. Soit que le temps trop cher la pressât de se rendre…, Racine, Baj. III, 4. Le temps est cher, seigneur, plus que vous ne pensez ; Tandis qu'à me répondre ici vous balancez, Mathan, près d'Athalie, étincelant de rage, Demande le signal et presse le carnage, Racine, Ath. V, 2. Allez, le temps est cher, il le faut employer, Racine, Mithr. III, 5. Les moments me sont chers ; écoutez-moi, Thésée, Racine, Phèd. V, 7. Les moments sont trop chers pour les perdre en paroles, Racine, Baj. V, 4. Il faut les secourir ; mais les heures sont chères ; Le temps vole…, Racine, Esth. I, 3.
  • 4Que l'on caresse en idée. C'est mon vœu le plus cher. C'est ma plus chère espérance. Laisse-moi mon erreur, puisqu'elle m'est si chère, Corneille, Héracl. V, 3. Je connus votre erreur ; mais que pouvais-je faire ? Je vis en même temps qu'elle vous était chère, Racine, Baj. V, 4. Cette grandeur sans borne à ses désirs si chère, Voltaire, Henr. ch. III. Et mêler des remords à mes plus chers souhaits, Molière, Don Garcie, III, 2.
  • 5Qui est d'un prix élevé. Une marchandise chère. Ce drap est fort cher. Les vins sont chers cette année.

    Substantivement. Pour me régaler du plus cher [du vin le plus cher], Au beau coin m'attend dame Jeanne, Béranger, Bedeau.

    C'est chère épice, se dit d'une chose qu'on fait trop cher.

    Qui exige une grande dépense. La vie est chère. Un voyage cher.

    Une chère année, une année pendant laquelle le blé a été beaucoup plus cher qu'à l'ordinaire. Comme il [le menu peuple] est beaucoup diminué dans ces derniers temps par la guerre, les maladies, et par la misère des chères années qui en ont fait mourir de faim un grand nombre…, Vauban, Dîme, p. 97.

    Qui vend à haut prix. Ce marchand est très cher. C'est un magasin très cher. Cet ouvrier est habile, mais il est cher. Vous pouvez voir ailleurs, messieurs ; on vous accommodera peut-être ; moi, je suis cher, je vous l'avoue, Dancourt, La maison de campagne, sc. 30.

  • 6Cher, adv. À haut prix. Vendre, acheter cher. Ces étoffes coûtent cher. On compte, avec cette masure, Un quart d'arpent, cher affermé, Béranger, Jacques.

    Il fait cher vivre dans cette ville, tout ce qui sert à l'entretien de la vie y est d'un prix élevé.

    Fig. Coûter cher, être obtenu au prix de grands sacrifices, de grandes souffrances, de grandes pertes. La victoire coûtera bien cher. Que vos plaisirs coûtent cher à ces infortunés ! Votre générosité vous a pensé coûter cher, Voiture, Lett. 23.

    Vendre cher, faire obtenir au prix de grands sacrifices. Payer cher, obtenir au prix de grands sacrifices. Il me payera cher cet outrage. C'est un ordre des dieux qui jamais ne se rompt, De nous vendre bien cher les grands biens qu'ils nous font, Corneille, Cinna, II, 1. Fais-lui payer bien cher un bonheur qu'il ignore, Racine, Brit. II, 6. Et tu peux concevoir Que je lui vendrai cher le plaisir de le voir, Racine, ib. II, 2. Vous m'avez vendu cher vos secours inhumains, Racine, Baj. V, 1. Mon père paya cher ce dangereux honneur, Racine, Mithr. I, 3.

    Vendre sa vie bien cher, la venger glorieusement avant de la perdre.

    Familièrement. Il me le payera cher, il le payera plus cher qu'au marché, cela lui coûtera cher, c'est-à-dire je le ferai repentir de ce qu'il a fait.

REMARQUE

1. Voltaire a dit : On avait vendu les vivres trop chers à ses ambassadeurs [de Pierre le Grand], Charles XI.

2. C'est une faute ; cher est ici adverbe et, par conséquent, invariable ; chers ne pourrait être adjectif que s'il se rapportait à vivres ; et le sens serait alors qu'on leur avait vendu des vivres que la délicatesse ou la rareté rendait trop chers ; or ce n'est pas le sens que Voltaire veut faire entendre.

3. Cher signifiant d'un prix élevé, se met toujours après le substantif : une marchandise chère. Il faut en excepter l'expression chère année que l'on emploie quelquefois pour dire une année pendant laquelle le blé a été beaucoup plus cher qu'à l'ordinaire

HISTORIQUE

XIe s. E li plaiez [blessé] jurra [jurera] sur saints que pur mes [moins] nel pot faire, ne pur haür [haine] si chier nel fist, Lois de Guill. 11. D'or et d'argent et de garnemenz chers, Ch. de Rol. VIII. Les douze pairs que Charles a tant chers, ib. X. Tel as occis que mout cher [je] te cuid [pense] vendre, ib. CXXII. Dreiz empereres, cher sire, si ferons, ib. CLXXIV.

XIIe s. Se je chier ne li vent, Ronc. p. 15. Guenelon sire, je vous ai forment chier, ib. p. 30. Par cui il est amez et chier tenuz, ib. p. 81. Sempres morrai, mais chier me sui vendu, ib. p. 93. Chers [riche] est li lieus, si est digne l'eglise, ib. p. 179. [Elle] comperroit [payerait] cier sa folie, Couci, III. Vous merci-je, ma douce amie chere, ib. XVIII. Li cristien rei solent saint iglise obeir ; Lais [un laïque] ne deit clerc fuler, mais chier le deit tenir, Th. le mart. 75.

XIIIe s. Pour ce que [elle] vous ressemble, assez plus chiere [je] l'ai, Berte, VII. Cotte [elle] ot d'un blanc bliaut et mantel mout très chier, ib. XI. Là n'y verrez joiel, tant soit de chere vente, Que je ne vous achete…, ib. CXI. Coveitise ne set entendre à riens qu'à l'autrui acrochier ; Coveitise a l'autrui trop cher, la Rose, 193. Chascun se fait si chier pource que il s'en welent aler en leur païs, que nous ne leur oserions donner ce que ils demandent, Joinville, 257.

XVe s. Et aussi cher avoit-il prendre la mort avec celle noble dame [Isabelle] comme autre part [qu'ailleurs], Froissart, I, I, 16. Et eut adonc en plus cher la delivrance de messire Hervey de Leon que du seigneur de Cliçon, Froissart, I, I, 212. Et se taille celle chevauchée à durer un long temps, et par ainsi vous seront cher vendus les gages que vous avez pris, Froissart, II, III, 18. [Les cardinaux] aimoient plus cher à mourir confesseurs que martirs, Froissart, II, II, 21. Il leur enchargea, si cher qu'ils le vouloient obeir, que son mignon ne fust servi d'autres choses que de pastés d'anguille, Louis XI, Nouv. X. Il aimeroit autant ou plus cher mourir que son malheureux cas fust connu, Louis XI, ib. XII. Ne vous trouvez jamais devant moi, si cher que vous aimez votre vie, Louis XI, ib. XLVIII. J'ai aussi cher [j'aime autant] de n'en faire rien, Louis XI, ib. LXXXII.

XVIe s. Elle nous vend trop cher ses denrées, Montaigne, I, 75. J'aimerois aussi cher [autant] que mon escholier eust passé le temps à jouer à la paulme, Montaigne, I, 145. On l'achete trop cher, Montaigne, I, 193. Je n'ayme pas une vertu si sauvage et si chere [coûtant si cher], Montaigne, I, 224. Les Romains auront maintenant à cher un prince doulx et aimant la justice, Amyot, Numa, 10. A ce compte un homme n'auroit cher ny l'honneur, ny la science, quand il les possederoit, de peur d'en estre privé, Amyot, Solon, 10. Ceste ville est merveilleusement chere, le vin de Chio couste dix escus, Amyot, De la tranq. d'âme, 20. Je veux reciter une histoire laquelle me fut bien chere [me coûta cher], Paré, XIII, 23. L'on ne peut faire de cher fils ou d'enfant de predilection, et faire l'un d'eux donnataire, et par-dessus cela le faire entrer en partage comme un autre, Nouv. coust. génér. t. I, p. 1193. Fille trop veue, robbe trop vestue n'est pas chere tenue, Cotgrave

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHER. Ajoutez :
8Une chère, une précieuse, jeune femme au temps de l'hôtel de Rambouillet, et aussi une petite femme sur le retour ; ce terme d'amitié que les précieuses se prodiguaient entre elles, avait bientôt servi à les désigner elles-mêmes, Note de l'édit. Regnier, t. II, p. 145, Lett. de Sévigné. Je meurs de peur que vous ne mettiez une coiffe jaune comme une petite chère, Sévigné, 4 avril 1671.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « cher »

Picard, cair, kier, quier ; rouchi, tier ; provenç. car ; espagn. et ital. caro ; du latin carus.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du latin carus, qui a déjà les deux sens « cher, coûteux, précieux » et « aimé, estimé ».
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « cher »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
cher ʃɛr

Fréquence d'apparition du mot « cher » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « cher »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « cher »

  • Ce soir, nous sommes deux devant ce fleuve qui déborde de notre désespoir. Nous ne pouvons même plus penser. Les paroles s’échappent de nos bouches tordues, et, lorsque nous rions, les passants se retournent, effrayés, et rentrent chez eux précipitamment.On ne sait pas nous mépriser.« Nous pensons aux lueurs des bars, aux bals grotesques dans ces maisons en ruines où nous laissions le jour. Mais rien n’est plus désolant que cette lumière qui coule doucement sur les toits à cinq heures du matin. Les rues s’écartent silencieusement et les boulevards s’animent: un promeneur attardé sourit près de nous. Il n’a pas vu nos yeux pleins de vertiges et il passe doucement. Ce sont les bruits des voitures de laitiers qui font s’envoler notre torpeur et les oiseaux montent au ciel chercher une divine nourriture.Aujourd’hui encore( mais quand donc finira cette vie limitée) nous irons retrouver les amis, et nous boirons les mêmes vins. On nous verra encore aux terrasses des cafés.Il est loin, celui qui sait nous rendre cette gaieté bondissante. Il laisse s’écouler les jours poudreux et il n’écoute plus ce que nous disons.  » Est-ce que vous avez oublié nos voix enveloppées d’affections et nos gestes merveilleux? Les animaux des pays libres et des mers délaissées ne vous tourmentent-ils plus? Je vois encore ces luttes et ces outrages rouges qui nous étranglaient. Mon cher ami, pourquoi ne voulez-vous plus rien dire de vos souvenirs étanches? L’air dont hier encore nous gonflions nos poumons devient irrespirable. Il n’y a plus qu’à regarder droit devant soi, ou à fermer les yeux: si nous tournions la tête, le vertige ramperait jusqu’à nous.Itinéraires interrompus et tous les voyages terminés, est-ce que vraiment nous pouvons les avouer ? Les paysages abondants nous ont laisser un goût amer sur les lèvres. Notre prison est construite en livres aimés, mais nous ne pouvons plus nous évader, à cause de toutes ces odeurs passionnés qui nous endorment.
    André Breton et Philippe Soupault —  Les Champs magnétiques
  • On ne paie jamais trop cher une bonne leçon.
    Proverbe
  • L’argent coûte souvent trop cher.
    Ralph Waldo Emerson
  • Allez, le temps est cher : il le faut employer.
    Jean Racine — Mithridate
  • Les candélabres coûtent plus cher que l’enterrement.
    Proverbe martiniquais
  • Mon honneur m'est plus cher que ma vie.
    Miguel de Cervantès
  • Le meilleur marché est le plus cher.
    Proverbe belge
  • - Mais... mon cher ami ! - Là, là. Pas de gros mots.
    Paul-Jean Toulet — Le carnet de monsieur du Paur
  • L'ignorance coûte plus cher que les matériels.
    Alexandre Ribeau — Revue EPI
  • Les six premiers mois de 2020 ont été marqués par une augmentation considérable du prix des smartphones haut de gamme. Xiaomi, Oppo, OnePlus… tous ont augmenté le prix de leurs appareils vedettes d'une centaine d'euros ou plus. Pour justifier ces décisions, tous blâment la 5G. En effet, le processeur Snapdragon 865 de Qualcomm couplé à son modem X55 coûterait plus cher que son prédécesseur. Même les flagship killers, comme le Realme X50 Pro ou le Poco F2 Pro, ont dépassé la barre des 500 euros. 
    01net — Les smartphones de 2021 devraient coûter plus cher que ceux de 2020
Voir toutes les citations du mot « cher » →

Traductions du mot « cher »

Langue Traduction
Anglais dear
Espagnol querido
Italien caro
Allemand teuer
Portugais caro
Source : Google Translate API

Synonymes de « cher »

Source : synonymes de cher sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « cher »

Combien de points fait le mot cher au Scrabble ?

Nombre de points du mot cher au scrabble : 9 points

Cher

Retour au sommaire ➦