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Déprendre

Définitions de « déprendre »

Trésor de la Langue Française informatisé

DÉPRENDRE, verbe trans.

A.− Rare. Séparer plusieurs éléments pris ensemble. Mais je l'eus bientôt rattrapée [la mère de Félibien], et j'aurais bien voulu voir que quelqu'un se fût mêlé de nous déprendre (Fabre, Barnabé,1875, p. 169).Quand Bouliche voit que quelques-unes [des bûches] se prennent au milieu de la rivière, il (...) entre dans l'eau et, avec son croc, les déprend (Renard, Journal,1898, p. 479).
Déprendre de.Détacher un élément attaché à un autre. Il se cambrait, pour déprendre de son dos sa chemise mouillée (Pourrat, Gaspard,1925, p. 161).
Emploi pronom. réfl. Se détacher, se séparer. Comme tout se déprend! Comme tout s'émiette! (Rodenbach, Règne silence,1891, p. 169).Leurs bouches se déprirent, s'arrachèrent l'une à l'autre (Rolland, J.-Chr.,Amies, 1910, p. 1188).
B.− Au fig. [L'obj. désigne une pers.] Dégager de l'emprise d'une personne ou d'une chose. La pratique de la vie ne suffit pas (...) à déprendre l'homme du fol amour d'être toujours (Blondel, Action,1893, p. 24).Il sentait qu'il l'aimerait [la vie] toujours, que rien ne pourrait l'en déprendre (Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 508).
Emploi pronom. réfl. [Le suj. désigne une pers.] Se déprendre d'une personne, d'une attache, d'un sortilège. Une fois accoutumé, vous ne pourrez plus vous déprendre de ce pays (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 209).L'homme ne peut jamais se déprendre tout à fait de lui-même, s'évader de sa condition (Philos., Relig., 1957, p. 4006):
Vous n'avez jamais pu vous déprendre de moi, vous m'avez toujours aimé en dépit de ma conduite abominable. Stendhal, Lucien Leuwen,t. 2, 1836, p. 304.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. déprise. Dépossession. Augustin sentit (...) cette déprise du réel et cet allègement de tout (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 410).
Prononc. et Orth. : [depʀ ɑ ̃:dʀ], (je me) déprends [depʀ ɑ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. cf. prendre. Étymol. et Hist. 1170 despris « dénué, misérable » (Benoit de Sainte-More, Chronique des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 629); 1403 soi desprendre [de la route] « s'écarter » (Christine de Pisan, Liv. du chemin de long estude, 4412, Püschel ds Gdf.); xves. [mss] soi desprendre « se détacher de » (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 134, 63, var. ms Le); 1580 au fig. se desprendre [en parlant de l'âme] (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, I, II, p. 32). Dér. de prendre*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 79.

Wiktionnaire

Verbe - français

déprendre \de.pʁɑ̃dʁ\ pronominal 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se déprendre)

  1. Se dégager (uniquement à propos des êtres animés et au figuré).
    • Il est tellement attaché à cette personne, qu’il ne saurait s’en déprendre.
    • On ne se déprend pas aisément de ses passions, de ses préventions, de ses préjugés.
    • Mais quand j’ai vu s’achever silencieusement notre lugubre promenade à Orcher et surtout quand nos mains se sont déprises l’une de l’autre et sont retombées sans espoir, j’ai cru que mon cœur défaillait de détresse et de peine. — (André Gide, La porte étroite, 1909, Le Livre de Poche, page 112)
    • […] à cette heure Brigitte se sentait emportée dans un océan de musique et de silence dont jamais plus elle ne se déprendrait. — (Robert Brasillach, La Conquérante, Quatrième partie, ch. iii, Librairie Plon, 1943, p. 231)
    • Il me dit que mourir lui serait égal, que si des “gangsters” pénétraient chez lui et le tuaient, ils tueraient un indifférent, dépris de tout, d’absolument tout. — (Julien Green, Journal, 2 avril 1958)
    • Elle n’arrive pas, depuis qu’ils sont partis de la région parisienne sous une pluie battante, à se déprendre de sa douleur conjugale, boule d’impuissance, de ressentiment et de délaissement. — (Annie Ernaux, Les années, Gallimard, 2008, collection Folio, page 147)
    • On peut donc absoudre globalement les hussards noirs d’une entreprise concertée de déracinement. Ils savaient bien que l’enfant n’apprend qu’en se déprenant, mais n’avaient pas la folie de croire qu’il peut apprendre dans une indifférence superbe à ses attaches et ses intérêts propres. — (Mona Ozouf, Composition française, Gallimard, 2009, collection Folio, page 233)
    • Dans un lit, le corps s’oublie, s’efface, s’engloutit. Dans le fauteuil, c’est bien plus ambigu : on veut tout relâcher sans se déprendre. On ne s’abolit pas. — (Philippe Delerm, Le trottoir au soleil, Gallimard, 2011, collection Folio, page 73)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DÉPRENDRE (SE). v. pron.
Se dégager. Il ne se dit que des Êtres animés et au figuré. Il est tellement attaché à cette personne, qu'il ne saurait s'en déprendre. On ne se déprend pas aisément de ses passions, de ses préventions, de ses préjugés.

Littré (1872-1877)

DÉPRENDRE (dé-pran-dr'), je déprends, tu déprends, il déprend, nous déprenons, vous déprenez, ils déprennent ; je déprenais ; je dépris ; je déprendrai ; je déprendrais ; déprends, qu'il déprenne ; déprenons, qu'ils déprennent ; que je déprenne, que nous déprenions ; que je déprisse ; déprenant ; dépris v. a.
  • 1Séparer deux choses prises ensemble. On déprit de part et d'autre les crampons de fer, Scarron, Rom. com. II, 19.
  • 2 Fig. Détacher, faire qu'on ne soit pas attaché. Ils y tiennent et s'y attachent si fort qu'il n'y a point de moyen de les en déprendre, Guez de Balzac, 4e disc. sur la cour. Jésus-Christ nous a dépris du commerce des choses de la terre, Traduction des lettres de St Augustin, dans RICHELET. Les années, bien loin de déprendre leur cœur de ce qu'ils ont aimé jusqu'à ne pouvoir se résoudre d'y renoncer pour Dieu, ne servent au contraire qu'à les y attacher davantage, Bourdaloue, Purific. de la Vierge, Myst. t. II, p. 283.
  • 3Se déprendre, v. réfl. Se débarrasser, rompre ses liens. Cet oiseau s'était pris à la glu et ne pouvait s'en déprendre. La double serre [l'ancre] ne s'est pas plutôt déprise de la chevelure de l'abîme, qu'un mouvement se fait sentir dans le corps entier du vaisseau, Chateaubriand, Natch. VII, 318.

    Fig. Les mélancoliques ne se déprennent pas aisément de leurs passions, Guez de Balzac, liv. VII, lett. 6. Des biens dont nos cœurs ne se peuvent déprendre, Bossuet, Fr. d'Ass. 2. Elle ne se peut déprendre de ces pensées sensuelles, Bossuet, Purif. 1. Fortifiez-moi par la douleur pour achever de me déprendre de tout, Fénelon, t. XVIII, p. 165. Plus vous paraissez né d'un caractère facile, léger, inconstant, plus il vous sera aisé de vous déprendre de vos attachements criminels et de revenir à votre Dieu, Massillon, Car. Pécher. Si vous ne pouvez vous déprendre de rien, vous retrancher sur rien…, Massillon, ib. Des liens indissolubles dont on ne peut plus se déprendre, Massillon, Prof. rel. Serm. 2. Un secours qui lui aidât [à l'âme] à se déprendre des filets où le monde et le démon l'avaient enlacée, Massillon, Confér. Excell. du sacerd. Nous ne pouvons nous déprendre de nous-mêmes ; nous n'osons rompre des liens qui nous accablent, Massillon, Panég. St Benoît. Ma mère dont, malgré la mort, son cœur n'avait pu se déprendre, Rousseau, Conf. V.

HISTORIQUE

XIIIe s. Povres et esgarés, essiliés et despris, Berte, XX. Quand ma fille en est si de cuer triste et desprise…, ib. LXXVI.

XVIe s. L'ame semble se desprendre [par les larmes], se desmesler…, Montaigne, I, 8. Faire bouillir un corps pour desprendre la chair d'avecques les OS, Montaigne, I, 5. Se desprendre [détacher] de la vie, Montaigne, I, 79. Se desprendre des opinions et mœurs receues, Montaigne, I, 115. Vous ne les desprenez pas à votre poste [les chevaux fougueux], quand ils se sont une fois harpez, Montaigne, I, 359. Pythagoras faict Dieu un esprit universel, d'où nos ames sont desprinses, Montaigne, II, 248. À quoi ils s'opiniastrerent tellement, que la dame eut toutes les peines du monde à les deprendre [séparer], Yver, p. 598. Ars et Rion se mettent à les desprendre, ce qu'ils ne pouvoient faire sans le secours d'un seau d'eau ; ce duel estant separé…, D'Aubigné, Faen. III, 23. Il est necessaire que peu à peu les tendons et les membranes soient desjointes, ou deprises contre la cicatrice, Paré, XIII, 29.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « déprendre »

Dé… préfixe, et prendre ; bourguig. déprarre, déparre.

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(XVe siècle) Composé de dé- et prendre.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « déprendre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
déprendre deprɑ̃dr

Fréquence d'apparition du mot « déprendre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Citations contenant le mot « déprendre »

  • « B.-H. L. : Il y avait un journal en mai 68 […] qui s’était donné pour mot d’ordre de “libérer les laids” […]. Ça revenait à dire, en gros, que la laideur était une notion bourgeoise, liée à l’idéologie capitaliste et dont il fallait donc, impérativement, se déprendre. Comment ? En désirant les moches […]. L’idée étant qu’il y avait là, pour le vrai militant révolutionnaire, un impératif aussi absolu que celui de lutter, par exemple, contre le travail à la chaîne…
    Le Devoir — La voie étroite de la beauté, entre esthétique et éthique | Le Devoir
  • Selon la Sûreté du Québec (SQ), la victime se trouvait derrière sa camionnette et tentait de la déprendre, elle qui était coincée en raison de la chaussée glacée, lorsque le VUS est arrivé sur place. 
    Le Journal de Montréal — Un homme meurt lors d'un accident alors qu'il tentait de déprendre sa camionnette | JDM
  • La «blague» en question, qui a été publiée lundi dernier sur le compte du DJ (qui a fait fureur dans les années 1990), nous dévoilait une femme dans une fâcheuse position alors qu'elle luttait pour se déprendre de l'emprise d'un homme, qui la tirait par les pieds. En guise de légende, on pouvait comprendre que l'homme agissait de la sorte puisque la femme avait refusé d'avoir une relation sexuelle avec lui, après qu'il ait dépensé 210$ pour elle pendant la soirée en souper et en fleurs!  
    En vedette — Le DJ Daniel Desnoyers s'excuse une 2e fois après sa blague douteuse sur le viol!
  • 1 – Ne pas improviser. Se fier à la chance et aux vieilles habitudes pour déprendre un véhicule lourd augmente beaucoup les risques d’accident. Il importe plutôt d’analyser précisément la masse immobilisée et les conditions du terrain. Quand la boue recouvre partiellement ou complètement les roues du véhicule, il faut procéder comme si celui-ci pesait de 50 à 100 % de plus que son poids véritable. On doit ajouter un autre 50 % s’il est situé dans une pente de 30 degrés.
    La Terre de Chez Nous — Dix conseils pour se déprendre | La Terre de Chez Nous
  • Les faits retenus par le tribunal se sont produits à la fin des années 1970, alors que la victime était âgée de 11 ou 12 ans. Donat Bruneau avait profité d’une occasion où il était seul avec la victime dans un boisé pour lui faire une fellation. L’agression a pris fin lorsque la jeune victime a réussi à se déprendre de l’emprise de l’accusé et à s’enfuir.
    Donat Bruneau condamné à 8 mois de prison
  • Se fier à la chance et aux vieilles habitudes pour déprendre un véhicule lourd augmente beaucoup les risques d’accident.
    La Terre de Chez Nous — Dix conseils pour se déprendre | La Terre de Chez Nous
  • La «blague» en question, qui a été publiée lundi dernier sur le compte du DJ (qui a fait fureur dans les années 1990), nous dévoilait une femme dans une fâcheuse position alors qu'elle luttait pour se déprendre de l'emprise d'un homme, qui la tirait par les pieds.
    En vedette — Le DJ Daniel Desnoyers s'excuse une 2e fois après sa blague douteuse sur le viol!
  • Ça revenait à dire, en gros, que la laideur était une notion bourgeoise, liée à l’idéologie capitaliste et dont il fallait donc, impérativement, se déprendre.
    Le Devoir — La voie étroite de la beauté, entre esthétique et éthique | Le Devoir
  • L’agression a pris fin lorsque la jeune victime a réussi à se déprendre de l’emprise de l’accusé et à s’enfuir.
    Donat Bruneau condamné à 8 mois de prison
  • Selon la Sûreté du Québec (SQ), la victime se trouvait derrière sa camionnette et tentait de la déprendre, elle qui était coincée en raison de la chaussée glacée, lorsque le VUS est arrivé sur place. 
    Le Journal de Montréal — Un homme meurt lors d'un accident alors qu'il tentait de déprendre sa camionnette | JDM

Images d'illustration du mot « déprendre »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « déprendre »

Langue Traduction
Anglais To be deleted
Espagnol de tomar
Italien prendere
Allemand nehmen
Chinois
Arabe يأخذ
Portugais pegar
Russe брать
Japonais 取る
Basque hartu
Corse piglià
Source : Google Translate API

Synonymes de « déprendre »

Source : synonymes de déprendre sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « déprendre »

Combien de points fait le mot déprendre au Scrabble ?

Nombre de points du mot déprendre au scrabble : 12 points

Déprendre

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