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Voix

Définitions de « voix »

Trésor de la Langue Française informatisé

VOIX, subst. fém.

I.
A. − [Chez l'homme]
1. Son, ensemble de sons produits par la bouche et résultant de la vibration de la glotte sous la pression de l'air expiré; faculté d'émettre ces sons. Organes de la voix; hauteur, intensité, timbre, volume de la voix; brouhaha, bruit, éclat, murmure, tumulte de voix; voix qui crie, s'élève, porte, résonne, retentit. Aussitôt la glotte franchie, le souffle devenu voix traverse l'arrière-gorge, la gorge, la bouche, se répand en partie dans le pharynx et les fosses nasales, se moule sur les formes mobiles et ductiles de tous ces organes, qui (...) pétrissent et sculptent la matière sonore (Arts et litt., 1935, p. 36-8).Nous savons aujourd'hui que la voix humaine, qu'elle soit chantée ou parlée, que la hauteur en soit voulue et contrôlée par l'oreille ou non, est conditionnée, elle aussi, par l'arrivée de salves d'influx récurrentiels sur le larynx (É. Garde, La Voix, 1954, p. 23).
Émission* de voix (synon. phonation). Extinction* de voix. Mue* de la voix. Filet de voix. V. filet1.
Expr. et loc.
N'avoir pas de voix, plus de voix. Être aphone, incapable de proférer un son. Ohé! les hommes!... Je m'enroue. Je n'ai plus de voix. Je me sens ridicule de crier ainsi (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 230).Retrouver sa voix. Être capable de parler de nouveau. M. Thibault, la couverture soulevée, voulait s'échapper de ce lit (...), fuir l'atroce menace. Il avait retrouvé sa voix et vociférait des grossièretés (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1254).
Être sans voix. Être aphone, rester muet, souvent sous le coup d'une émotion. La chaleur pèse, je suis fatiguée et sans voix (Colette, Cl. école, 1900, p. 226).La foudre n'eût pas agi autrement sur la malheureuse mère qui, sans voix, sans force, tremblante, laissa couler ce déluge de paroles (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 239).
Rester sans voix. Rester interdit. Ils te virent, seigneur, et restèrent sans voix (Leconte de Lisle, Poèmes ant., 1852, p. 363).
D'une même voix. Ensemble, à l'unisson. D'une même voix, Joseph et moi, nous nous écriâmes: Cécile a raison! (Duhamel, Désert Bièvres, 1937, p. 264).
Spécialement
ACOUST. Voix artificielle. ,,Son complexe, généralement émis par une bouche artificielle, dont la composition spectrale correspond à celle de la voix humaine`` (Industries 1986).
LING., PHONÉT. Voix articulée*. Voix chuchée*. Voix parlée, chantée. L'onde laryngée se reproduit périodiquement suivant un rythme qui oscille, pour la voix chantée, entre 66 Hertz (Hz), ou périodes-secondes (p.s.), ou cycles-secondes (c.s.), correspondant à do1(c'est la note inférieure d'une basse profonde) et 1320 Hertz, soit mi5(note culminante d'un soprano léger) (...). La voix parlée est, plus modestement, située entre 82 p.s. (mi1) et 1056 (do2), les deux octaves inférieures appartenant à la voix masculine et les deux supérieures aux voix enfantine ou féminine (Morier1975, p. 1136).V. duo ex.
Vx. Phonème qui entraîne la vibration des cordes vocales. Synon. voyelle.Les grammairiens (...) commencent par dire que les voix représentées par les voyelles sont une espèce de sons, et que les articulations représentées par les consonnes sont une autre espèce de sons, comme s'il pouvait y avoir dans la nature une articulation sans voix, et une voix sans articulation (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p. 321).
MÉD. Voix œsophagienne, sans larynx. ,,Voix sous-laryngée des opérés du larynx, obtenue après rééducation vocale, grâce à l'air accumulé dans l'œsophage`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
2.
a) [La voix caractéristique de la pers.] Voix jeune; aimer, reconnaître une voix. Parmi les nombreux moyens que Talma avait de captiver son auditoire sa voix était sans contredit l'un des plus puissants (Delécluze, Journal, 1826, p. 350).V. or1ex. 11, sirène ex.
MYTH. La déesse aux cent voix. La déesse aux cent voix bruyantes A du séjour sacré des âmes innocentes Percé les ténébreux chemins (Chénier, Odes, 1794, p. 254).
Les voix chères qui se sont tues. [P. allus. à Verlaine, Poèmes saturn., 1866, p. 64] Est-il possible (...) [dans le souvenir], de restituer non pas simplement le timbre des voix, « l'inflexion des voix chères qui se sont tues », mais encore la résonance de toutes les chambres de la maison sonore? (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 68).
En partic. [La voix enregistrée, reproduite, transmise par les moyens techn.] La voix d'un présentateur; ne pas reconnaître une voix au téléphone. On a l'illusion d'être l'un contre l'autre et brusquement on met des caves, des égouts, toute une ville entre soi... Tu te souviens d'Yvonne qui se demandait comment la voix peut passer à travers les tortillons du fil. J'ai le fil autour de mon cou. J'ai ta voix autour de mon cou (Cocteau, La Voix hum., 1983 [1930], p. 61).Le poste grésilla. La voix du speaker s'éleva, mêlée à la rumeur de l'orchestre d'un poste voisin (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 142).
b) [La voix caractérisée d'après le volume, le timbre, le mode d'articulation] On s'assit autour d'elle, et aussitôt, d'une voix fraîche et pénétrante, légèrement voilée, comme celles des filles de ce pays brumeux, elle chanta une de ces anciennes romances pleines de mélancolie et d'amour (Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 595):
La voix de Chantal le cloua au seuil, stupéfait. Jusqu'alors il n'avait connu que le rythme familier de cette voix, sa cadence, mais soudain il en découvrait l'accent, le timbre, on ne sait quoi qui n'était qu'imperceptible dans la conversation ordinaire. Bernanos, Joie, 1929, p. 658.
Voix blanche. Voix sans timbre, inexpressive ou sans résonance. Vanessa se tourna vers moi. Sa voix blanche et sans timbre était comme le murmure passionné de cette pénombre (Gracq, Syrtes, 1951, p. 110).Bonne voix. Voix forte et bien timbrée. Tout à coup, dans la maison, il y a cette voix inconnue, cette plainte grêle et déjà vigoureuse. « Il a bonne voix, dit la mère Bailleul. C'est un beau gars » (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 228).Voix chaude. Voix au timbre riche, expressive et vivante. Sa voix n'était pas moins transformée que le reste: une voix d'homme, chaude et grave, bien timbrée (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 694).
Voix grasse*. Grosse voix. V. gros1II B 2.Voix claironnante*. Voix rauque*.
SYNT. Voix aiguë, basse, faible, fluette, forte, grave, grêle, imperceptible, profonde; voix argentine, chantante, claire, flûtée, harmonieuse, mélodieuse, musicale, suave, bien timbrée, vibrante; voix métallique, monotone, perçante, pointue, sèche, stridente, traînante, vulgaire, zézayante.
Voix de + subst. (qualifiant, p. métaph., la voix parlée ou chantée).Voix de cristal, de source; voix de clairon. Kobus (...) ne l'entendit pas chanter de sa jolie voix de fauvette, en lavant la vaisselle (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 59).V. airain ex. 17.Voix de crécelle*. Voix de polichinelle*. Voix de rogomme* Voix de rossignol*. Voix de stentor*. Voix de violoncelle*.
Voix de sirène. Voie mélodieuse. Il chantait à voix de sirène et interrompait de temps à autre ces incantations pour m'adresser, si j'ose dire, des préceptes qui allaient de la civilité à l'éthique (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 169).Au fig. Parole au charme irrésistible et trompeur. Son talent, les qualités et les défauts de ce talent lui servent pour voiler ses vrais desseins; c'est la voix de sirène qui abuse le passant (Sainte-Beuve, Poisons, 1869, p. 80).
Changer de voix. Prendre un autre ton de voix. Comme si elle lui pardonnait sa précédente attitude, elle changea de voix pour prononcer: Je suppose qu'à présent vous désirez voir notre chère malade (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 112).
Enfler sa voix, forcer la voix. Augmenter l'intensité sonore de sa voix, lui donner plus de force qu'elle n'en a naturellement dans la parole ou le chant. Il avait forcé la voix pour arriver au bout de sa tirade. Il s'arrêta, plié en deux par une quinte (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 899).
c) [La voix caractérisée par les états physiques ou moraux de la pers.]
[États physiques] Voie éraillée, enrhumée, enrouée, essoufflée, fatiguée; voix avinée, pâteuse; voix qui s'altère, se brise, se casse, s'étrangle, traîne, tremble; rééducation, vieillissement de la voix. Il chantait en accompagnant son violon: « Ah... ah... ah... » sans paroles, d'une pauvre vieille voix brisée. À cette voix usée, chevrotante, le cœur d'Anthime se fondit (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 285).Voix cassée*. Voix caverneuse*. Voix chevrotante*. Voix eunuchoïde*.
Casser* la voix. Se casser la voix. Altérer sa voix par une fatigue excessive. Tu m'as même raconté que tu t'étais cassé la voix à force de crier après tes drôles de pensionnaires (L. de Vilmorin, Lit à col., 1941, p. 28).
[États moraux] Voix affectueuse, aimable, amusée, attendrie, caressante, cordiale, gaie, joyeuse, rieuse, songeuse, tendre; voix autoritaire, bourrue, courroucée, étranglée, furieuse, glapissante, gouailleuse, impérieuse, indignée, ironique, irritée, mordante, sévère, solennelle, terrible, timide, tonitruante; voix calme, changée, déchirante, défaillante, désespérée, ferme, frémissante, inquiète, plaintive, résolue, sûre, tranquille, tremblante. Elle était pâle comme la mort; sa voix altérée sortait avec peine, et sa gorge se contractait (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 235).Tu as de la peine, mon Philippe. Une voix déchirée, naïve, chancelante, une voix d'enfant malheureux répondit, un petit moment plus tard: Oui, papa (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 278).Voix brisée*.
Avoir des larmes dans la voix. Avoir la voix altérée par le chagrin. V. larme I B ex. de Champfleury.
3. Aptitude à émettre des sons modulés, à chanter; ensemble des sons émis. Voix cultivée, inculte. Par des vocalises chantées sur toutes les voyelles les voix sont affermies, « posées », assouplies, développées (Enseign. mus., 1, 1950, p. 16).V. chant1ex. 9, haut1ex. 13, musique ex. 4.P. métaph. V. musique ex. 1.Voix étoffée. V. étoffé II C 1.Voix fausse. V. faux1I A 2 c.Voix juste. V. juste I B 2 b α.
Voix sombre, sombrée. Voix couverte que l'on peut prendre volontairement pour certains effets. Boris Christoff, et de très nombreux chanteurs contemporains [sont] séduits par les avantages phonogéniques d'une voix sombrée, celle-ci étant nettement plus favorisée par le disque que la voix claire (R. Mancini, L'Art du chant, 1969, p. 52).Il existe, en principe, un rapport entre le timbre, la tessiture et l'intensité: voix claire de tessiture aiguë d'une part, voix sombre de tessiture grave (R. Mancini, L'Art du chant, 1969, p. 51).
a) Expr. et loc.
Chanteur, chanteuse à voix. Chanteur, chanteuse à la voix naturellement belle et forte. Le reste de la troupe s'amena sur le coup de la deuxième tournée, également offerte par Jacques qui fit alors connaissance (...) d'une chanteuse à voix (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 131).
Mise de voix. V. mise I C 1 b.Port de voix. V. port2B 2.Portement de voix. V. portement A 2.Pose de la voix. V. pose1I B 3.Assouplir la/sa voix. V. haut1ex. 13.
Éclaircir sa voix, s'éclaircir la voix. Rendre sa voix plus distincte, mieux timbrée. On aurait dit qu'il allait tousser un bon coup pour s'éclaircir la voix, comme jadis, avant de pousser sa romance (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1432).V. éclaircir I A 1 b ex. de France.
Placer la/sa voix. V. placer1A 2 a.Poser la/sa voix. V. poser I C 1 b.
Travailler sa voix. Assouplir sa voix par des exercices, des vocalises. Écoute, cette chanson te va comme un gant (...)! Au lieu de somnoler sur ce lit, tu travaillerais ta voix que ça n'en serait pas plus mal, je t'assure (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 138).
Avoir de la voix. Avoir une voix naturellement belle et forte. Maggy Teyte (...) a beaucoup moins de voix que Garden, elle disparaît un peu par moments (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1908, p. 377).
(Être) en voix. (Être) en mesure de bien chanter. Un chanteur fort en voix (Berlioz, À travers chants, 1862, p. 91).
b) CHANT, MUS.
α) Étendue des notes que peut donner la voix d'un chanteur, d'une cantatrice. La voix [de Nathalie Stutzmann] est exceptionnelle: rare, même dans cette tessiture de contralto si recherchée depuis l'engouement pour le baroque (L'Est Républicain, 20 déc. 1989, p. 13, col. 5).V. basse1ex. 11, baryton ex. 1, contralto ex. 1 et 2, soprano B ex. de Lautréamont.
Voix de fausset. V. fausset1.Voix de gorge. V. gorge I B 2 b β.Voix de médium. V. médium I A 2 a.Voix mixte. V. mixte I A 2.Voix de poitrine. V. poitrine I C 2.
Voix de tête. Portion aiguë du registre de la voix dont le timbre est mélodieux. Et comme les chanteurs parvenus à la note la plus haute qu'ils puissent donner continuent en voix de tête, piano, il se contenta de murmurer (Proust, Swann, 1913, p. 254).
Voix dans le masque. V. masque I B 5.Tessiture* des voix. Registre des voix. V. registre B 1 c.
P. méton. Chanteur, cantatrice particulièrement doué(e) pour le chant. Une grande voix de l'opéra. La qualité d'une interprétation qui réunissait les meilleures voix de l'époque (Dumesnil, Hist. théâtr. lyr., 1953, p. 128).
β) Chacune des parties d'une composition polyphonique vocale chantée par une personne ou par un seul registre de voix. Synon. partie.La première, la deuxième voix; voix principale; chanter à deux, trois voix. Pour mieux faire comprendre la composition d'une messe de la Renaissance (...), nous choisissons la messe à cinq voix Veni sponsa Christi, de Jean Leleu (Potiron, Mus. église, 1945, p. 62).
Voix seule. Partie vocale qui n'est pas mêlée à d'autres, qui chante quand les autres se taisent. On achevait la soirée par un morceau de chant. Il va sans dire pour voix seule et pour voix de femme (Pesquidoux, Livre raison, 1925, p. 129).
Loc. adj. [En parlant d'un ensemble vocal] À voix égales. Composé de voix de même étendue, soit voix masculines, soit voix féminines, soit voix féminines et enfantines. Les conditions d'équilibre sont particulièrement difficiles à réaliser lorsqu'on écrit pour voix dites « égales », soit par exemple deux ténors et deux basses (Potiron, Mus. église, 1945, p. 44).À voix mixtes. Composé à la fois de voix masculines et de voix féminines (et enfantines). Chœurs à voix égales ou à voix mixtes (Enseign. mus.,1, 1950, p. 18).
γ) Chacune des parties d'un morceau de musique formant un thème, une mélodie. Fugue (de Bach) à deux, à trois voix. Ces concours (...) comportent deux séries d'épreuves: Première série. 1 Deux dictées musicales, l'une à une voix, l'autre à deux ou trois voix (Enseign. mus.,1, 1950, p. 18).Équilibre du contrepoint et de l'harmonie dans la fugue: Fugue en ut dièse mineur, clav. bien tempéré, livre I; Invention à 3 voix en fa mineur (O. Alain, L'Harmonie, 1969, p. 77).
4. [La voix, agent de la parole, du lang.]
a) [En tant que moyen d'expr.] Parole, discours prononcé par une personne. Écouter la voix de qqn; encourager, animer de la voix; de la voix et du geste. L'élément naturel qui sert de base, de modèle à Montaigne, est toujours la parole, la voix haute et non pas la pensée intime en formation (Larbaud, Vice impuni, 1941, p. 249).
Entendre une/des voix. Entendre parler des personnes que l'on ne voit pas. Entendre une voix derrière la porte. Eurydice (...): j'avais cru entendre des voix!... Personne! (Crémieux, Orphée, 1858, ii, 4, p. 65).Parfois aussi, par une porte ouverte, on entendait une voix criarde appeler un enfant (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 127).
PATHOL. Entendre des voix. Avoir des hallucinations auditives. [Le père Rouault] n'y voyait plus, il entendait des voix autour de lui, il se sentait devenir fou (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 192).Vous entendez des voix, eh bien! Est-ce que ce sont des voix comme la mienne?Non, monsieur. Bon, il a des hallucinations auditives (Breton, Nadja, 1928, p. 129).
RELIG. Avoir une communication mystique auditive. [Jeanne] a des apparitions, elle entend des voix; mais « monsieur Saint-Michel » et « madame Sainte-Marguerite » lui parlent un langage très clair (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 147).Plais. Elle joignit les mains: « Mon Dieu, mon Dieu... pardonnez-moi. » Un client qui entrait, rigola. « Renée, vous entendez des voix! » (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 137).
P. méton. Personne qui parle dont on ne précise pas l'identité. Au même instant, à quelques pas, une voix avertit:Attention, les v'là! (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 208).
HIST. RELIG. Les voix de Jeanne d'Arc. Saints qui dictaient à Jeanne sa mission et qu'elle était seule à entendre. Quand on veut qu'elle continue à guerroyer, elle n'y consent qu'avec répugnancecar ses « voix » ne lui ont rien ordonné de plus que de faire sacrer le roi (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 148).P. anal. Qui est poète doit confesser la poésie, avouer son travail, parler de versification,et non s'attribuer des voix mystérieuses (Valéry, Mauv. pens., 1942, p. 196).
Expr. et loc.
Donneur de voix. [P. anal. avec donneur de sang] Personne qui enregistre bénévolement un texte pour les mal-voyants. Tous [les retraités] veulent se sentir utiles pour ne pas être exclus de la société. L'un d'eux cite l'exemple d'un retraité « donneur de voix » qui enregistre sur cassettes des livres pour aveugles (Le Point, 13 juin 1977, p. 111, col. 3).
CIN., TÉLÉV. Voix dans le champ, voix hors champ. ,,Voix d'une personne présente ou absente à l'écran`` (franterm Néol. 1984).
Rem. Terme recommandé à la place des anglicismes voix in et voix off. V. off ex. 1.
Couvrir, étouffer la voix. Étouffer les sons de la voix en faisant du bruit, en parlant plus fort. Deux personnes qui disputent cherchent mutuellement à se couvrir la voix (Montherl., Songe, 1922, p. 48).P. métaph. Cette manie de fraude est un résultat inévitable (...) du vice de population excessive, dénoncé avec raison par M. Malthus. On a étouffé sa voix comme on étouffe toute vérité (Fourier, Nouv. monde industr., 1830, p. 6).
Élever la voix (au propre et au fig.). V. élever1II A 1 et B 1.Hausser la voix. V. hausser II B 1 b α.Lever la voix. V. lever1I A 2.Pousser la voix. V. pousser III A.
Au fig. Donner une voix à qqn. Se faire l'interprète de. [Les socialistes] ont donné une voix à cet appel angoissé venu des médiocres que nous sommes, qui se comptent par millions, qui font la matière même de l'histoire, et dont il faudra un jour tenir compte (Camus, Actuelles I, 1948, p. 151).Vieilli. [Le suj. désigne un animé ou un inanimé] Prêter la voix à qqn, parler par la voix de qqn. S'exprimer, être exprimé par l'intermédiaire de (quelqu'un, quelque chose). C'est la vérité, c'est bien elle qui parle par la voix d'Hélène (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 143).
Faire la grosse voix. V. gros1II B 2.Prendre une grosse voix, grossir sa voix. Prendre une voix grave et forte pour effrayer quelqu'un, gronder un enfant. S'il grossit la voix, ils [les élèves] ricanent (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1217).Il faut que je vous gronde. Vous ne m'en croyez pas capable? Attendez que je prenne ma grosse voix (Arland, Ordre, 1929, p. 185).
[Le suj. désigne un personnage de théâtre] Prendre voix. Être incarné, interprété. Les personnages de Don Sanche et de l'Infante n'étaient plus réduits au rôle de rouage ou de surcharge inutile. Ils prenaient corps, ils prenaient voix, et ces voix répondaient au duo des amants (Serrière, T.N.P., 1959, p. 153).
Donner de la voix. Parler fort, se faire entendre. La foule passionnée donnait de la voix, et les pelotes bondissaient, quand commença de tinter doucement l'angélus (Loti, Ramuntcho, 1897, p. 161).
MAR. Saluer de la voix, à la voix. ,,Effectuer le salut qui consiste en un ou plusieurs cris`` (Bonn.-Paris 1859).
À portée de voix, loc. adv. À une distance telle qu'on peut encore se faire entendre. V. portée ex. 3.MAR. Être à (une) portée de voix (d'un bâtiment, d'un lieu), être à la portée de la voix. Pouvoir se faire entendre avec un porte-voix. La manière dont les deux frégates ont toujours navigué à la portée de la voix, aura rendu commun à toutes deux le même écueil (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. lxii).Le Grand-Saint-Antoine qui passe à une portée de voix de Cagliari, en Sardaigne, n'y dépose point la peste (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 21).
De vive voix. En parlant directement à l'intéressé, oralement. La Marquise: J'y ai répondu de vive voix, mais non pas par écrit (Musset, Lorenzaccio, 1834, ii, 3, p. 137).[Il] n'avait de cesse qu'il se fût expliqué de vive voix avec des employés qui se moquaient de lui, pour avoir pris au mot les ultimatums de l'imprimé (Montherl., Célibataires, 1934, p. 827).
À voix + adj. antéposé ou postposé et avec des verbes signifiant « dire », « parler ».À voix basse. Sans élever le ton. Un soir, j'entendis mon père et ma mère qui se disaient à voix basse:Mon ami, Mélanie baisse de jour en jour (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 192).V. parole ex. 10.À voix haute, à haute voix, à haute et intelligible voix. V. haut1I C 1.À demi-voix*. À mi-voix*. À pleine voix. V. plein I E 1 g.
b) Parole directe ou rapportée exprimant un avertissement, un avis, un ordre. Voix d'outre-tombe; écouter la voix de sa mère, d'un ami; être sourd à la voix de qqn. Une troupe disciplinée, obéissant avec précision à la voix d'un seul chef (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 285).
P. méton. Personne dont la pensée, l'œuvre marque son époque. Chateaubriand et Byron: ces deux grandes voix du siècle se sont fait entendre à peu de distance criant vers Dieu; l'une pour implorer secours, l'autre pour le blasphémer et le maudire (Chênedollé, Journal, 1833, p. 157).L'école d'Augsbourg qui n'entendra plus, avec Christophe Amberger, qu'un écho presque éteint, bien que pur, de la grande voix d'Holbein (Faure, Hist. art, 1914, p. 520).
[P. allus. à Luc III, 4: La voix qui crie/qui clame dans le désert, paroles par lesquelles Isaïe désigne Jean-Baptiste dans son rôle de Précurseur] Personne qui parle, avertit sans parvenir à se faire entendre. Nos exigences, nos demandes, n'ont été qu'une voix clamant dans le désert (Déclar. univ. Dr. Homme, 1949, p. 12).
B. − P. anal.
1. Son produit chez les animaux par l'appareil buccal ou un autre organe. Voix de la colombe, du coq, des oiseaux, d'un perroquet, du rossignol. Des petites voix claires et aiguës de cigales pâmées de chaleur (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 686).Attendez un peu voir, me dit Françoise indignée de mon ignorance, si les lapins ne crient pas autant comme les poulets. Ils ont même la voix bien plus forte (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 484).V. miauler ex. 2.
CHASSE. Voix des chiens. Aboiement du chien courant, caractéristique de sa race, sur la piste ou en vue du gibier. Ce n'est plus, pour les chasseurs, qu'une attente plus ou moins longue (...) mais dans laquelle la voix des chiens marquera infailliblement les péripéties de la chasse (Vidron, Chasse, 1945, p. 106).Donner de la voix. [Le suj. désigne un chien] Aboyer. Miraut ne donnait pas de la voix, de ces coups de gueule prolongés et réguliers qui retentissaient quand il suivait sa piste (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 36).
PATHOL. Voix rabique. Aboiement caractéristique du chien atteint de la rage. Le second chien mange encore le trente-septième jour après l'inoculation (...) le trente-neuvième, il a la voix rabique; le lendemain on le trouve mort (Pasteurds Travaux, 1895, p. 386).
2. Son qui résulte de la vibration de l'air, d'un corps sonore.
a) [À propos d'un élément naturel] Voix de l'océan, de la rivière, d'une source, de la tempête, du tonnerre, de l'univers, des vagues. Accents tendres ou terribles surpris dans la voix de la mer, de la forêt, du fleuve et du vent (Milosz, Amour. init., 1910, p. 166).La fontaine fit entendre sa voix, mince comme le fil d'eau tombant dans le bassin (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 17).
b) [À propos d'un instrument de mus. dont le son rappelle la voix hum.] Voix du cor, des orgues, des trompettes, du violon, du violoncelle. Depuis que la nièce du curé s'était mariée, les paroissiens n'entendaient plus la voix de l'harmonium qu'un dimanche sur cinq (Aymé, Jument, 1933, p. 119).
MUS. (orgue)
Voix humaine. Jeu d'anche qui sert à imiter la voix humaine. Synon. régale.Quant aux tuyaux de la voix humaine, ils ne possèdent qu'un corps très réduit, muni à son extrémité d'un petit couvercle qui permet de régler à volonté l'intensité du son (N. Dufourcq, L'Orgue, 1970, p. 19).
Voix angélique. Jeu d'orgue situé à une octave au-dessus de la voix humaine. Les jeux discordés (voix céleste, voix angélique) ou les trémolos le font personnellement vomir [l'auteur] (Bouasse, Acoust. gén., 1926, p. viii).
Voix céleste. ,,Jeux d'orgues à bouche de la famille des jeux de gambe, où un léger effet de tremblement ou de vibrato est obtenu en accordant légèrement plus haut ou plus bas que les autres gambes, un battement acoustique entre les sons produits par les deux tuyaux correspondants`` (Brenet Mus. 1926). La voix humaine quitte le grand orgue, pour émigrer au récit expressif, où elle chante avec une sensibilité renouvelée. Sur le terrain de l'émotion facile, elle rencontre ici la voix céleste aux effets mystiques (N. Dufourcq, L'Orgue, 1970, p. 55).
c) [À propos d'un objet] Voix du canon; voix d'une horloge, d'un haut-parleur. Cependant que la cloche éveille sa voix claire À l'air pur et limpide et profond du matin (Mallarmé, Poés., 1898, p. 36).Ah! le téléphone, sa voix tremblante et impérieuse (Arnoux, Double chance, 1958, p. 169).
TECHNOL., vx. Son que rendent les pièces de monnaie jetées sur le tas et d'après lequel on les apprécie. (Dict. xixeet xxes.).
II. − Au fig.
A. − Ce qui exprime un message.
1. Gén. au sing. Pensée, sentiment d'une collectivité exprimé(e) avec clarté par sa parole ou par d'autres moyens d'expression. La voix des malheureux, d'un peuple. La voix du peuple était pour eux [les théoriciens de la souveraineté] la voix divine, infaillible, et à ce titre omnipotente (A. de Broglie, Diplom. et dr. nouv., 1868, p. 191).Il n'est pas question de faire quelque chose pour les ouvriers. Mais avec eux. Mais à leur service. D'être une voix parmi leurs voix (Nizan, Chiens garde, 1932, p. 235).
Vieilli. La voix publique. L'avis de tous, le sentiment général. Presque jamais on ne parlait de mon oncle dans la maison. Moi je ne le connaissais pas du tout. Je savais seulement par la voix publique qu'il avait mené et menait encore une vie de polichinelle (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Marquis de F., 1886, p. 65).La voix, les voix de la renommée. Synon. de voix publique.Toutes les voix de la renommée doivent se réunir pour vanter ce monument (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 463).
La voix de la presse. L'ensemble des publications périodiques, des journaux. Voilà ce que, par la voix de la presse, MM. Labro et Béghin (...) ont tenu à porter à la connaissance du public (Combat, 19-20 janv. 1952, p. 8, col. 1).
[P. méton.] Elle vous a dit de ne pas la regarder. Monseigneur la Rosette, vous pouvez être sourd à la voix de l'innocence persécutée mais il ne vous est pas permis de refuser d'entendre votre roi (Audiberti, Mal court, 1947, ii, p. 165).
Loc. adj. ou adv. (Être) sans voix. [En parlant d'un peuple, d'une collectivité] (Être) sans possibilité de se faire entendre, de s'exprimer. Pendant de nombreuses générations, avait déclaré le Président Soekarno, nos peuples ont été sans voix dans le monde. Nous avons été ceux auxquels aucune attention n'était accordée, ceux dont le sort était décidé par d'autres selon leurs intérêts (Univers écon. et soc.,1960, p. 64-9).Empl. subst. Quand il est parfaitement abouti comme celui-ci, le roman historique ressemble à une réparation. C'est la parole donnée après coup aux sans-voix (Le Point,23 févr. 1976, p. 83, col. 3).
Vieilli. Tout d'une voix. Ensemble, unanimement. « Oui, oui », crièrent-ils avec acclamation et tout d'une voix: « Vive le roi, la reine et monseigneur de Bourgogne! » (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 292).
Proverbe, au fig., vieilli. La voix du peuple est la voix de Dieu (lat. vox populi vox dei). Le sentiment général a valeur de vérité. Une ovation flatteuse s'était élevée parmi les curieux quand on avait découvert le tableau. Aussi Marcel se retourna-t-il ravi de ce triomphe, et murmura: La voix du peuple, c'est la voix de Dieu (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 187).
2. Voix + adj., voix de + subst.[Le compl. désigne une valeur]
a) Appel intérieur ressenti par la conscience et qui pousse à l'action ou en détourne. Voix de la conscience, de l'honneur; voix du cœur, de la nature, d'une passion, de la sagesse; écouter la voix de, obéir à la voix de; devenir sourd à la voix de l'amitié. C'est bien là mon devoir, je le sens clairement, tout m'avertit que je devrais suivre cette voix intérieure qui ne nous trompe pas, et qui me crie sans cesse:Pars (Krüdener, Valérie, 1803, p. 59).Lorsque s'élève dans l'âme la voix puissante de l'Amour, ce n'est pas une force seulement, mais toutes les forces de l'âme et du corps qui s'éveillent et s'agitent (Béguin, Âme romant., 1939, p. 119).V. commandement ex. 6.
La voix de (Dieu). Majesté divine qui s'exprime par les éléments, la nature; parole qui s'exprime par l'écriture sainte et dans la conscience humaine. Voix du Très-haut, du Tout-puissant. « (...) Ô Maxence, il n'est pas de bornes à ta liberté que mon amour. » Et le soldat, descendant en lui-même, écoute la voix du Seigneur dans le désert (Psichari, Voy. centur., 1914, p. 202).V. croire ex. 7, lamartinien ex., mettre ex. 7.[Dans un cont. métaph.] Tous les convertis reconnaissent qu'à partir du moment où ils ont prêté l'oreille à la voix de Dieu... ils ont été éclairés sur ce qu'ils étaient, sur ce qu'ils auraient dû être, sur ce qu'ils pouvaient devenir (Philos., Relig., 1957, p. 34-1).
La voix de la raison. V. entendre I B 2 a β.La voix du sang. V. sang II A 2 b.
b) Ce que semble exprimer un inanimé dans la conscience, l'intelligence humaine. La voix du temps. Si l'homme a sa voix, si la nature a la sienne, les événements ont aussi la leur. L'auteur a toujours pensé que la mission du poète était de fondre dans un même groupe de chants cette triple parole (Hugo, Œuvres poét., t. 1, Voix intérieures, préf., Paris, Gallimard, 1964 [1837], p. 919).C'était la voix du passé, de l'oubli et de la solitude, certes; mais c'était une voix encore (Milosz, Amour. init., 1910, p. 20).
Les voix du silence. C'est comme ces voix du silence que nous entendons pour les suivre dans leur ronde interminable quand nous n'écoutons qu'en nous et que nos sentiments et nos idées s'enchevêtrent confusément dans la volupté somnolente d'une conscience fermée aux impressions du monde (Faure, Hist. art, 1912, p. 262).« L'œil écoute » a dit Claudel (...). Qu'écoute-t-il? « Les voix du silence » a répondu Malraux, soulignant qu'il s'agit d'un sens caché, qui n'est pas là où l'on se prépare à entendre (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 72).
B. − Jugement, opinion.
1. Droit d'exprimer son opinion au cours d'une délibération, dans un scrutin. Constituer Danton président du Conseil exécutif, avec voix délibérative et voix prépondérante dans les cas d'équilibre, serait à mes yeux le moyen le plus prompt et le plus efficace de faire marcher la machine (Marat, Pamphlets, Aux bons Fr., 1792, p. 323).Voix consultative*. Voix délibérative*.
Vieilli. Voix active. Pouvoir d'élire. (Dict. xixes.). Voix passive. Capacité d'être élu (Dict. xixes.).
Avoir voix au chapitre. V. chapitre2.
2. Expression de l'opinion, lors d'un vote, d'une élection, qui est comptabilisée et entraîne une décision ultérieure; vote émis. Synon. suffrage.Donner sa voix à un candidat, à un parti. Il y avait très grand risque [que] (...) toute une partie des voix radicales fît bloc au second tour avec les faubourgs de la préfecture, les ouvriers des fabriques, et que de tout ça sortît un socialiste. Ce serait du joli. Il fallait donc à tout prix rattraper les voix de droite (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 209).
Mettre aux voix. V. mettre 1reSection III B 1 c.Promettre sa voix. V. promettre A 1.
[Précédé d'un chiffre] Les conservateurs avaient environ 10 à 15 voix de majorité (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1850, p. 140).Au début de 1957, le Parlement français émet un vote favorable à la réalisation du projet (le vote est acquis à l'Assemblée nationale le 24 janvier par 544 voix contre 32 (...)) (Meynaud, Groupes-pression en Fr., 1958, p. 236).
P. méton. Électeur. Compter ses voix avant une élection. V. chasser1ex. 6.
SYNT. Voix communistes, écologistes, socialistes; voix prépondérante du président; écart, égalité, majorité, partage, report, total des voix; avoir toutes les voix, n pour cent des voix; faire le plein, n'avoir qu'un petit nombre de voix; l'emporter de n voix; gagner, obtenir, recueillir des voix; vendre sa voix; aller aux voix.
III. − LING., GRAMM. ,,Aspect du verbe défini par le rôle qu'on attribue au sujet suivant qu'il accomplit l'action (actif), qu'il la subit (passif), qu'il est intéressé d'une certaine manière (moyen)`` (Mar. Lex. 1951). Si l'on emploie la forme du prédicat dite « voix active », on dira le jardinier ouvre le portail du jardin; si l'on emploie la forme dite « voix passive », l'énoncé deviendra le portail du jardin est ouvert par le jardinier (Martinet1967, p. 127).On dit aussi que les verbes intransitifs sont à la voix active, mais cette notion n'est vraiment utile que lorsqu'on veut opposer l'actif et le passif (Grev.1986741, p. 1162).
Voix active. V. actif ex. 40, 41, 42.Voix moyenne. V. moyen1I A 6 ex. de Guillaume.Voix passive. V. passif C 1 a ex. de Le Bidois.Voix pronominale. ,,Le verbe est à la voix pronominale quand son sujet est en même temps objet`` (D. D. L. 1976).
[En gr.] Les trois voix des verbes grecs: voix active, passive, moyenne. Je n'entendis point les explications de M. Beaussier sur la voix moyenne qui ne répond pas au verbe purement réfléchi, comme on ne le croit que trop communément (A. France, Vie fleur, 1922, p. 387).
[En lat.] Voix déponente. Catégorie de verbes ayant une valeur active mais dont les désinences sont celles du passif. À côté des deux voix caractérisées, active et passive, les verbes déponents (on dit souvent « la voix déponente ») constituent un groupe étrange (J. Collart, Gramm. du lat., 1966, p. 44).
Prononc. et Orth.: [vwa]. Fouché Prononc. 1959, p. 62: ,,On peut encore prononcer un [ɑ] bref dans [...] voix``. Martinet-Walter 1973 [vwɑ], [vwa] (8, 9). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. De l'homme 1. fin xes. « ensemble de sons produits par le larynx quand les cordes vocales entrent en vibration sous l'effet d'une excitation nerveuse rythmique » las voz ici acc. plur. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 234); 2. ca 1100 « capacité de produire un ensemble de sons au moyen de l'appareil phonatoire; manière dont cet ensemble de sons est émis » s'escriet a sa voiz grand et halte (Roland, éd. J. Bédier, 2985); 1remoit. xiiies. sans vois (Audefroi le Batard, Chansons, éd. A. Cullmann, XIII, 14); 1631 voix de stentor, v. stentor étymol. 1; 3. a) 1370 « capacité de produire un ensemble de sons musicaux au moyen de l'appareil phonatoire » melodies de vois humaines et de sons faites par instrumenz (Nicole Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, fol. 61b, p. 220); b) 1690 « chanteur » (Fur.); 4. 1671 phonét. « phonèmes qui entraînent la vibration des cordes vocales et font partie des voyelles » (Molière, Bourgeois gentilhomme, II, 4, éd. E. Despois et P. Mesnard, t. 8, p. 85). B. D'inanimés ca 1100 « (d'instruments de musique, de phénomènes de la nature, de certains objets) bruit que l'on assimile à la voix humaine » les voiz [des greisles] en sunt mult cleres (Roland, 3304); 1610 voix humaine « un des jeux de l'orgue » (B. archéol. publ. par le Comité hist. des Arts et des Monuments, III, 220). C. Des animaux 1. ca 1200 « son produit par le larynx d'un animal » la douce voiz du louseignol sauvage (Chatelain de Couci, Chansons, éd. A. Lerond, III, 1); 2. a) 1678 « aboiement d'un chien de chasse » (La Fontaine, Disc. à Mmede La Sablière, 69 ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 2, p. 464); b) 1758 donner de la voix « (d'un chien) aboyer » (Buffon, Hist. nat., t. 7, p. 80). II. A. 1. a) Ca 1100 « organe du langage humain servant à l'expression de la pensée, des sentiments... » ici « manière dont cet organe est employé » A halte voiz s'escrie (Roland, 3641); déb. xvies. de vive voix (D'Aubigné, Les Tragiques, Aux lecteurs, éd. A. Weber, p. 3); b) ca 1200 « langage » (Aliscans, éd. E. Wienbeck, W. Hartnacke et P. Rasch, 1726: A voiz paiene s'est li quens escriëz); 1ertiers xiiies. « mot, parole » (Reclus de Molliens, Charité, éd. Van Hamel, XXVIII, 4); c) 1538 Eslever la voix (Est.); en partic. α) 1691 elever sa [la] voix pour « embrasser hautement les intérêts de quelqu'un, quelque chose » (Racine, Athalie, III, 8, 1204); β) 1694 mar. saluer de la voix (Th. Corneille [1678, Guillet, 3epart., s.v. salut: La Reyne [...] ne voulut estre salüée que de quelques cris de l'Equippage]); 2. ca 1170 « conseils, avertissements, ordre ou appel exprimés par quelqu'un » (Rois, éd. E. R. Curtius, Tierz Livres, XX, 36, p. 165); 3. déb. xvies. « personne qui parle » la voix qui console (D'Aubigné, op. cit., p. 585). B. 1. Av. 1266 « influence, autorité ou crédit d'une collectivité » ciaus qui n'ont vois ni respons en court (Assises de Jérusalem, éd. Beugnot, t. 1, p. 96); 2. a) 1305 « bruit qui court » (Enq., A.N. J. 1030, pièce 28); cf. 1373 (ds Ordonnances des Rois de France, t. 5, p. 649); 1402 vois de... renommee (Christine de Pisan, Le Livre du Chemin de Long Estude, éd. R. Püschel, 982-983); 1553 La voix de la renommée (La Bible, s.l. impr. J. Gérard, Jér., 10, 22); b) 1664 la voix publique « la rumeur générale » (Corneille, Othon, V, 3, 1657); 3. 1636 la voix de la raison (Id., Cinna, II, 1, 510). III. A. 1. 1erquart xiiies. avoir vois de « avoir le droit de » (Reclus de Molliens, Miserere, éd. Van Hamel, L, 10); en partic. 1636 « droit d'exprimer son opinion dans une assemblée ou un scrutin » (Monet); 2. 1558 avoir... voix en chapitre « être admis à donner son avis » (B. Des Périers, Nouv. récréations et joyeux devis, éd. K. Kasprzyk, Nouvelle III, p. 25); en partic. 1893 avoir voix au chapitre « avoir voix délibérative dans un chapitre de moines » (DG); 3. 1636 voix active, voix passive (Monet); 4. 1690 voix deliberative (Fur.). B. 1. 1538 « opinion exprimée dans un vote » (Est., s.v. vox); 2. a) 1625 tout d'une voix « d'un consentement unanime » (Voiture, Lettre à Mrde Balzac ds Œuvres, éd. A. Ubicini, t. 1, p. 24); b) 1638 id. « à l'unanimité des suffrages » la chose passa tout d'une voix (Abl.[ancourt], Ret. ds Rich. 1680); 3. a) 1640 n'avoir qu'une voix « être unaniment d'accord » (Corneille, Horace, III, 2, 789); b) 1696 avoir la voix de qqn « avoir son consentement » il a la voix et l'approbation du peuple (E. de Coulanges, Lettre, 19 mars ds Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 1151); 4. 1656 donner sa voix à qqc. « y consentir » (Molière, Amphitryon, I, 2, 510); 5. 1734 vendre sa voix (Voltaire, Lettres philosophiques, p. 88); 6. 1834 mettre aux voix l'élection (Musset, Lorenzaccio, V, 1, p. 251); 7. 1835 aller aux voix (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, p. 232). IV. Gramm. 1753 « forme que prend le verbe, suivant que l'action est faite ou subie par le sujet » voix active, voix passive, voix moyenne (Encyclop. t. 3, s.v. conjugaison); 1962 voix pronominale (J. Stefanini, La Voix pronominale en a. et m. fr. [titre], Aix-en-Provence). Du lat. class. vōcem, acc. de vōx « voix, son de la voix, accent, son, ton, mot, vocable »; au plur. « paroles, propos ». Fréq. abs. littér.: 36 623. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 43 315, b) 55 339; xxes.: a) 58 777, b) 53 791. Bbg. Blochw.-Runk. 1971, p. 202. − De Gorog (R.). L'Étymol. et la form. des mots désignant « bruit » en fr. médiév. R. Ling. rom. 1977, t. 41, pp. 376-377. − Pottier Ling. gén. 1974,45, 114 à 128, p. 333; Les Voix du fr.: sém. et synt. Cah. Lexicol. 1978, t. 33, pp. 3-39. − Quem. DDL t. 3, 12, 14, 15, 16.

Article lié : « Voie » et « voix » : quelle différence ?

Wiktionnaire

Nom commun - français

voix \vwa\ féminin, singulier et pluriel identiques

  1. Ensemble de sons produits par les cordes vocales.
    • Et sa voix alors prenait une intonation dolente et uniforme, enflant les mots, appuyant indéfiniment sur les syllabes. Cela m’agaçait beaucoup. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : La Chanson de Carmen (1882))
    • Si Dris Ben-Aâlem, le caïd el-mechouar, gouverneur de la cour, commandant de la garde chérifienne, porte-parole du Sultan, était un mulâtre gigantesque à voix stentorienne. — (Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 71)
  2. (En particulier) Son articulé de la parole, voyelle.
    • J’eus pour toute récompense un thank you, sir, qui est prononcé d’une voix sèche, extrêmement britannique. — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre 3, Hetzel, 1892)
  3. Son modulé dans le chant.
    • Tu n’as pas une vilaine voix et la mienne est très bien. De tous les chanteurs de plages que j’ai entendus, il n’y en a pas un seul que je n’aurais dégoté facilement. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 69 de l’édition de 1921)
    • S’accompagnant de son gimbri, il nous chante, d’une voix tantôt gutturale, tantôt nasillarde, d’interminables mélopées, que l’assistance reprend aux refrains avec des battements rythmiques des mains. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 33)
  4. (Musique) Parties instrumentales.
    • Une fugue à trois, à quatre voix : Une fugue à trois, à quatre parties simultanées.
  5. (Par extension) Son de certains instruments de musique ou certains bruits.
    • Les voix de viole avaient l’air si plaintives.
  6. Se dit aussi en parlant de certains animaux.
    • Les chiens commencèrent à donner de la voix.
  7. (Par extension) Son de certaines choses.
    • La voix du tonnerre.
  8. Ce qui nous parle ou qui nous inspire. Mouvement intérieur qui nous porte à faire quelque chose ou qui nous en détourne.
    • Écouter la voix de la raison.
  9. Expression d’une opinion.
    • La liberté passait sur le monde, l’internationale était sa voix criant par dessus les frontières les revendications des déshérités. — (Louise Michel, La Commune, Paris : P.-V. Stock, 1898, page 6)
    • On attend désormais les contributions extérieures dans le cadre des États généraux de la régulation numérique. Nous voulons entendre toutes les voix sur le sujet, y compris celles des plates-formes et des associations de défense des libertés numériques. — (Mounir Mahjoubi, Mounir Mahjoubi : « L’État ne va pas demander une pièce d’identité pour aller sur des sites pornos », Le Monde, 17 octobre 2018 → lire en ligne)
  10. Expression d’un vote ; suffrage.
    • Les grands et les mages étaient les juges. […] On allait aux voix ; le roi prononçait le jugement. — (Voltaire, Zadig ou la Destinée, V, Les Généreux, 1748)
    • Je suis plein d’ardeur. J’invente la parité, en lançant la liste « femme, homme » avec laquelle non seulement je vais perdre des voix mais aussi me couvrir de ridicule — on va l’appeler la « liste chabadabada ». — (Michel Rocard, Si la gauche savait, Robert Laffont, 2005)
  11. (Grammaire) Mode d’expression d’une action par rapport au sujet.
    • Voix active (le sujet accomplit l’action), voix passive (le sujet subit l’action).
  12. (Télécommunication) Échanges par téléphone.
    • La première [offre] joue l’illimité voix, y compris vers une quarantaine de destinations internationales, et SMS, avec 3 Go de données pour 19,99 euros mensuels. — (Silicon.fr)
  13. Appel, injonction.
    • Pas un de ces braves Écossais, partis à la voix de leur laird, ne manquait à l’appel, tous revenaient à leur vieille Écosse… — (Jules Verne, Les Enfants du capitaine Grant, 1846)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

VOIX. n. f.
Son qui sort de la bouche de l'homme. Voix forte, faible, grêle. Voix haute, basse. Voix plaintive, mourante. Voix cassée, usée, éteinte, enrouée, chevrotante. Voix harmonieuse, sonore. Voix douce, rude. Voie flûtée, aigre, perçante, aiguë, discordante. Étouffer la voix. La voix lui manque. Extinction de voix. Sa voix mue. J'entends une voix qui m'appelle. Les brebis connaissent la voix du berger. De vive voix ou par écrit. À voix basse. À haute voix. Parler à mi-voix. Faire la grosse voix. Élever la voix signifie Parler avec plus de hauteur, plus d'assurance qu'il ne convient. Il s'est permis d'élever la voix en ma présence. Voix se dit aussi en parlant de Certains animaux. La voix du perroquet. La voix des oiseaux. En termes de Chasse, La voix des chiens, L'aboiement des chiens après leur gibier. Les chiens commencèrent à donner de la voix. Voix se dit particulièrement du Son articulé, de la parole. Tout le pays vous parle par sa voix. Une voix éloquente. Écoutez la voix de votre ami. Ne soyez pas sourd à la voix de ces infortunés. Prêtez l'oreille à ma voix. Demeurer sans voix, Ne pouvoir parler. Fig., Élever la voix pour quelqu'un, en faveur de quelqu'un, contre quelqu'un, Parler hautement, ouvertement en faveur de quelqu'un, ou à son désavantage. Poétiquement, La déesse aux cent voix, La Renommée. Fig., Apprendre quelque chose par la voix de la renommée, L'apprendre par le bruit public.

VOIX se dit aussi du Son modulé dans le chant. Une belle voix. Une grande étendue, un grand volume de voix. Une voix très étendue. Donner toute sa voix. Forcer sa voix. Ménager, conduire sa voix. Chanter à pleine voix. Leurs voix ne s'accordent pas. Une voix de basse, de ténor, de soprano, etc. Les différents registres de la voix. Voix expressive, souple, légère. Voix juste, fausse. Voix blanche. Voix de tête. Voix de poitrine. Il a de la voix. Il n'a plus de voix. Elle n'a qu'un filet de voix. Fam., Être en voix, N'être pas en voix, Être en bonne, en mauvaise disposition pour chanter. Cette chanteuse n'était pas en voix ce soir. Voix humaine, Jeu de l'orgue qui imite la voix de l'homme quand il chante. Un morceau à deux, à quatre voix, Un morceau de musique comprenant deux, quatre parties écrites pour le chant. En termes de Musique, Une fugue à trois, à quatre voix, Une fugue à trois, à quatre parties simultanées.

VOIX se dit, par extension, du Son de certaines choses. La voix du tonnerre. La voix argentine des cloches. Il se dit figurément d'un Mouvement intérieur qui nous porte à faire quelque chose ou qui nous en détourne. La voix de la nature, de l'humanité. La voix du sang. Écouter la voix de l'honneur. Obéir à la voix de sa conscience. Étouffer la voix de la raison, du sentiment. Il se dit aussi de l'Expression de l'opinion. Il n'y eut qu'une voix sur son compte. La voix publique. Tout d'une voix. D'une voix unanime. Il signifie spécialement Expression de l'opinion dans un vote; suffrage. Donner sa voix. Recueillir les voix. Compter les voix. Mettre une proposition aux voix. Il l'a emporté de tant de voix. À la pluralité des voix. Il a eu toutes les voix. Je lui donnerai ma voix. Vous a-t-il demandé votre voix? Il a acheté les voix. L'affaire a passé à une voix seulement. Voix délibérative, voix consultative. Voyez DÉLIBÉRATIF, CONSULTATIF. Fig. et fam., Avoir voix au chapitre, Être qualifié pour donner son avis dans une compagnie, dans une famille, auprès de quelque personne considérable.

VOIX, en termes de Grammaire, se dit de Différentes formes que prennent les verbes, selon qu'ils sont employés dans des propositions dont le sujet fait l'action ou la reçoit, est actif ou passif. La voix active. La voix passive. Dans la langue grecque, les verbes ont une voix moyenne.

Littré (1872-1877)

VOIX (voî ; l'x se lie : une voî-z aiguë) s. f.
  • 1En général et dans l'acception physiologique, production d'un son dans le larynx. La voix est produite par le passage de l'air dans le larynx, par suite de l'impulsion que communique à la colonne aérienne le mouvement d'expiration ; elle est destinée à mettre l'animal en relation avec les êtres doués du sens de l'ouïe.
  • 2 Particulièrement. Son qui est produit par le larynx humain. Il n'y a pas moins d'éloquence dans le ton de la voix, dans les yeux et l'air de la personne, que dans le choix des paroles, La Rochefoucauld, Maximes, au mot éloquence. Une traîtresse voix bien souvent nous appelle, La Fontaine, Fabl. VIII, 21. Le ton de voix impose aux plus sages, Pascal, Pens. III, 3, édit. HAVET. Ma triste voix était donc réservée à ce déplorable ministère, Bossuet, Duch. d'Orl. Elle crut entendre une voix douce et paternelle qui lui disait : Je t'ai ramenée des extrémités de la terre, des lieux les plus éloignés, Bossuet, Anne de Gonz. Il [Louis XIV] assemble dans un temple si célèbre ce que son royaume a de plus auguste, pour y rendre des devoirs publics à la mémoire de ce prince, et il veut que ma faible voix anime toutes ces tristes représentations et tout cet appareil funèbre, Bossuet, Louis de Bourbon. Le prince se souvint de toutes es fautes qu'il avait commises, et, trop faible pour expliquer avec force ce qu'il en sentait, il emprunta la voix de son confesseur pour en demander pardon au monde, à ses domestiques, à ses amis, Bossuet, ib. Je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d'une voix qui tombe et d'une ardeur qui s'éteint, Bossuet, Louis de Bourbon. D'une voix entrecoupée de sanglots… ils s'écrièrent : Comment est mort cet homme puissant ? Fléchier, Tur. Avant que tous les Grecs vous parlent par ma voix, Racine, Andr. I, 2. Il m'a dit d'une voix qu'il poussait avec peine : S'il en est temps encor, cours et sauve la reine, Racine, Mithr. v, 4. Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille, Racine, Iphig. I, 1. J'entends Théodecte de l'antichambre ; il grossit sa voix à mesure qu'il s'approche, La Bruyère, V. Sa voix est douce et modérée, mais forte et insinuante, Fénelon, Tél. XXIV. On l'apprivoise sans peine [le cabiai] ; il vient à la voix, et suit assez volontiers ceux qu'il connaît et qui l'ont bien traité, Buffon, Quadrup. t. v, p. 472. Sa voix est sonore, flexible, et légère, Riccoboni, Œuv. t. IV, p. 27, dans POUGENS. Cette voix argentée de la jeunesse qui fit toujours sur moi tant d'impression, qu'encore aujourd'hui je ne puis entendre sans émotion une jolie voix de fille, Rousseau, Conf. v. L'homme a trois sortes de voix, savoir : la voix parlante ou articulée, la voix chantante ou mélodieuse et la voix pathétique ou accentuée qui sert do langage aux passions, et qui anime le chant et la parole, Rousseau, Ém. II. Une figure imposante, une voix forte et, pour ainsi dire, impérieuse, donnaient à Charpentier toute la confiance nécessaire dans ces circonstances critiques, D'Alembert, Élog. Charpentier. Dans les commencements, lorsque Lysis [un enfant] parlait, qu'il lisait, ou qu'il déclamait quelque ouvrage, j'étais surpris de l'extrême importance qu'on mettait à diriger sa voix, tantôt pour en varier les inflexions, tantôt pour l'arrêter sur une syllabe ou la précipiter sur une autre, Barthélemy, Anach. ch. 26. Cléomède remarqua que, lorsque le roi de Perse porta la guerre dans la Grèce, on avait placé des hommes de distance en distance qui pouvaient entendre leurs voix, et faisaient passer des nouvelles d'Athènes à Suze, Bailly, Hist. astr. anc. p. 144. Inexprimable émotion que la voix de ce qu'on aime, Staël, Corinne, XVII, 9. D'autres buveurs, francs, militaires, Chantent l'amour à pleine voix, Béranger, Aveug. de Bagn. Il [Dieu] prête sa parole à la voix qui le nie ; Il compatit d'en haut à l'erreur qui le prie ; à défaut de clartés il nous compte un désir ; La voix qui crie Allah, la voix qui dit mon père, Lui portent l'encens pur et l'encens adultère ; à lui seul de choisir, Lamartine, Harm. I, 6.

    Voix cuivrée, voix éclatante et dont le timbre a quelque chose de celui de la trompette.

    Voix fêlée, celle qui ne se tient pas aux environs du son médium, et qui fait entendre des sons d'un diapason tout différent.

    Avoir des larmes dans la voix, avoir une voix qui semble entrecoupée de larmes et par conséquent dispose les auditeurs à l'attendrissement. Mlle Gaussin y avait souvent triomphé [dans Bérénice] à l'aide d'une mélodie perpétuelle et de cette musique, de ces larmes dans la voix, dont l'expression a d'abord été trouvée pour elle par La Harpe lui-même, Sainte-Beuve, Rev. des Deux-Mondes, 15 janv. 1844, p. 362.

    À demi-voix, en baissant sa voix. Puis il [le prêtre] récita une prière à laquelle les chrétiens répondaient à demi-voix de toutes les parties de l'édifice, Chateaubriand, Mart. v.

    De vive voix, avec la parole, par opposition à par écrit. Durant ces temps malheureux les prophètes faisaient retentir de tous côtés, et de vive voix et par écrit, les menaces de Dieu et le témoignage qu'ils rendaient à sa vérité, Bossuet, Hist. II, 4.

    Fig. Élever la voix, parler avec plus de hauteur, plus d'assurance qu'on n'en a le droit ; faire valoir ses droits. Il ne vous convient pas d'élever ici la voix.

    Fig. Élever la voix pour quelqu'un, en faveur de quelqu'un, contre quelqu'un, parler hautement pour quelqu'un ou contre quelqu'un. Ma sœur, pour la triste innocence Qui voudrait élever la voix ? Racine, Athal. III, 8. Dans un sens analogue : Crois-tu que quelque voix ose parler pour lui ? Racine, Esth. II, 1.

    Fig. Apprendre quelque chose par la voix de la renommée, l'apprendre par le bruit public.

    Poétiquement. La déesse aux cent voix, la Renommée.

    Fig. La voix de la guerre, les appels guerriers. Et, lorsque la trompette et la voix de la guerre Du Nil au Pont-Euxin font retentir la terre, Voltaire, Zaïre, I, 2.

  • 3Il se dit, en médecine, des modifications pathologiques de la voix.

    Voix croupale, altération de la voix qui caractérise le croup.

    Voix convulsive, névrose de la voix qui consiste dans la difficulté de parler, puis dans la succession de sons discordants que l'on s'efforce en vain de ramener au ton naturel ; affection qui paraît dépendre des muscles du larynx.

    Voix chevrotante, l'égophonie.

    Voix thoracique soufflée, voix qui ne se produit que lorsqu'il existe une respiration avec souffle bronchique ou caverneux dans la partie du poumon où la voix soufflée est perçue.

  • 4Il se dit de certains animaux. La voix du perroquet. À ces mots le corbeau ne se sent pas de joie ; Et, pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie, La Fontaine, Fabl. I, 2. Une voix extraordinaire retentit : c'est celle de cette grenouille qui imite les mugissements du taureau, Chateaubriand, Voy. en Amér. Journal sans date. Toi qui donnes sa voix à l'oiseau de l'aurore, Pour chanter dans le ciel l'hymne naissant du jour, Lamartine, Harm. I, 1. Près de leur nid, des vives hirondelles J'entends déjà les matinales voix, P. Lebrun, Poés. t. I, 17.
  • 5 Terme de chasse. Aboiement. La voix des chiens. … Quand aux bois Le bruit des cors, celui des voix N'a donné nul relâche à la tremblante proie, La Fontaine, Fabl. x, 1.

    Donner de la voix, aboyer. En hiver, le renard ne cesse de donner de la voix ; il est presque muet en été, Buffon, Morceaux choisis, p. 244.

  • 6Faculté de parler. Il demeura sans voix et sans mouvement. Mais voici ce qui glacera le cœur, ce qui achèvera d'éteindre la voix, Bossuet, Anne de Gonz. Le zélé Gilotin, qui prend part à sa gloire, Pour lui rendre la voix fait rapporter à boire, Boileau, Lutr. I. J'ai voulu lui parler, et ma voix s'est perdue, Racine, Brit. II, 2. Tant de coups imprévus m'accablent à la fois, Qu'ils m'ôtent la parole et m'étouffent la voix, Racine, Phèdre, IV, 2. Peut-être, si la voix ne m'eût été coupée, L'affreuse vérité me serait échappée, Racine, ib. IV, 5.
  • 7La voix modifiée pour le chant. Voix juste. Voix fausse. Voix étendue. Voix de basse-taille. Josquin [célèbre musicien du XVIe siècle] a fait voir qu'une voix inflexible et mauvaise peut chanter sa partie ; car, ayant promis à Louis XII, dont il était musicien, de lui faire chanter sa partie, quoiqu'il eût la voix discordante et très mauvaise…, Mersenne, Traité de la voix, I, 35. M. Dodart découvrit que, dans la voix du chant, il y a de plus que dans celle de la parole un mouvement de tout le larynx, Duclos, Œuv. t. IX, p. 343. Entre le son le plus grave de la voix de basse et le son le plus aigu de la voix de premier dessus, il n'y a que vingt-trois notes ou degrés ; chaque voix a de onze à treize notes ou sons, Busset, la Musique simplifiée, t. I, p. 29. Les prêtres ont brisé leurs voix dès l'âge le plus tendre, en voulant suivre le ton des chantres, qui est en dehors de la portée ordinaire des voix humaines, Danjou, Rev. de la mus. relig. février 1845. On peut, en ne sachant pas la musique, avoir une voix très souple, très sonore et beaucoup de goût, P. Galin, Expos. d'une nouv. méth. p. 12. La voix se distingue entre les instruments comme en étant un dont tout le monde sait jouer, ID. ib. p. 13. Si vous possédez une bonne voix, n'hésitez pas un moment à la cultiver, en la considérant comme un des plus beaux dons que le ciel vous ait accordés, Franz Listz, Trad. des conseils aux jeunes musiciens de Rob. Schumann.

    Avoir de la voix, avoir des dispositions naturelles pour le chant. Te montrer la musique ! as-tu de la voix ? Dancourt, Coméd. des coméd. III, 7.

    Être en voix, n'être pas en voix, avoir, n'avoir pas le gosier disposé à chanter.

    Voix de poitrine, étendue des sons produits par la situation naturelle des organes de la voix, avec la poitrine pleine et la bouche ouverte, à la différence de ces sons plus aigus que l'on appelle voix de tête ou fausset. Voix de tête, espèce de voix surlaryngienne nommée anciennement fausset, qu'un homme fait entendre lorsque, sortant à l'aigu du diapason de sa voix naturelle dite voix de poitrine, il imite la voix de femme ou d'enfant. Les ressources de la voix de tête et de la voix mixte étaient tout à fait inconnues [au temps de Rameau], et les notes les plus élevées s'exécutaient toujours à plein gosier, Ad. Adam, Souven. d'un music. Un musicien au XVIIIe siècle.

    Voix blanche, se dit de certaines voix de ténor, claires, ouvertes, mais manquant de timbre et de mordant. M. Viteaux, qui débutait le même soir, a une voix blanche assez agréable, et qui convient au rôle d'Elvino, Th. Gautier, Feuilleton du Monit. univ. 17 juin 1867.

    Voix blanche se dit aussi d'un même chanteur par opposition à voix voilée ou sombrée. Prendre la voix blanche.

    Voix humaine, jeu de l'orgue qui imite la voix de l'homme quand il chante.

    Voix humaine, se dit, en Italie, du cor anglais.

    S'est dit dans le même pays du violon de concerto.

    Voix angélique, jeu d'orgue qui donne l'octave au-dessus du jeu appelé voix humaine.

  • 8Partie vocale d'une pièce de musique. Un canon à trois voix.

    Voix principale, partie d'une composition qui en exprime plus particulièrement le caractère propre ; toute voix qui, dans un morceau, se distingue des autres par une mélodie qui lui est propre.

    Voix extérieures, nom des voix principales les plus aiguës ou les plus graves d'une composition musicale ; on dit, par opposition, voix intermédiaires.

    Voix solo, voix principale d'un morceau de musique exécuté par une seule personne.

  • 9Un chanteur ou une chanteuse. Zadig envoya à ce seigneur un maître de musique avec douze voix et vingt-quatre violons, Voltaire, Zadig, 6. Une très belle voix que Dieu nous a envoyée dans nos déserts, nous a chanté des morceaux d'Iphigénie et d'Orphée, qui nous ont fait un extrême plaisir, Voltaire, Lett. Delisle, 10 juill. 1774. Cafarelli disait, en parlant de Farinelli, qu'il avait été premier ministre en Espagne, et ajoutait : il le méritait bien, car c'est une voix admirable, Duclos, Œuvres, t. VII, p. 176.

    On dit simplement une voix pour dire un homme possédant une belle voix. À notre époque les voix sont rares. Lablache et Tamburini n'étaient pas seulement des artistes d'un très grand talent ; c'étaient aussi deux voix de premier ordre.

  • 10 Terme de marine. Se dit pour commandement.

    Être à portée de voix d'un bâtiment, pouvoir s'en faire entendre avec un porte-voix.

  • 11 Terme de grammaire. L'air vocal devenu pleinement sonore, pleinement appréciable à l'oreille, et susceptible d'être soutenu dans toute sa plénitude pendant un temps plus ou moins long, JULLIEN., Voix articulée. Voix nasale. Il ne faut pas confondre la voix et la voyelle ; la voix est le son ; la voyelle est le signe destiné à représenter la voix.
  • 12 Fig. et dans le langage élevé et poétique. Bruit, son. La voix de l'orage. La voix argentine d'une cloche. La voix de votre tonnerre a éclaté pour renverser les roues des Égyptiens, Sacy, Bible, Psaum. LXXVI, 18. Une lyre aux sept voix lui faisait écouter Les sons que Pausilippe est fier de répéter, Chénier, Élégies, I, 12. Par intervalle, il [le fleuve Meschacebé] élève sa voix en passant sous les monts, et répand ses eaux débordées…, Chateaubriand, Atala, Prologue. Le bruit de la foudre qui gronde Et s'éloigne en baissant la voix, Le sifflement des vents sur l'onde, Les sourds gémissements des bois, Lamartine, Harm. I, 8. Si la voix du torrent qui gémit dans l'abîme Et se brise en sanglots de rocher en rocher, Lamartine, ib. I, 11. Entendez-vous la voix de la foule lointaine, Que l'air calme du soir à notre oreille amène ? P. Lebrun, le Cid d'And. II, 3.
  • 13Dans le langage biblique. Ce qui semble parler. Allez présentement en la grande ville de Ninive, et y prêchez, parce que la voix de sa malice s'est élevée jusqu'à moi, Sacy, Bible, Jonas, I, 2. Malgré la voix du sang qui parle à ma douleur…, Voltaire, Alz. v, 5. Pourquoi y a-t-il une voix dans le sang, une parole dans la pierre ? Chateaubriand, Génie, I, VI, 2.
  • 14 Fig. Suggestion intérieure. La voix de la raison. Résister à la voix des passions. La voix de la conscience. Écoutez un peu mieux la voix de la nature, Racine, Théb. I, 5. La fortune t'appelle une seconde fois ; Narcisse, voudrais-tu résister à sa voix ? Racine, Brit. II, 8. La voix de tes bienfaits est encore entendue, Voltaire, Alz. v, 5. Conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix ! Rousseau, Ém. V.
  • 15Conseil, avertissement, appel, supplication. Ne soyez pas sourd à la voix des malheureux. Dans cet oubli profond et de Dieu et d'elle-même, où elle [l'âme] s'était plongée, ce grand Dieu sait bien la trouver ; il fait entendre sa voix, quand il lui plaît, au milieu du bruit du monde, Bossuet, la Vallière. Crois-tu qu'ils [les janissaires] me suivraient encore avec plaisir, Et qu'ils reconnaîtraient la voix de leur vizir ? Racine, Baj. I, 1. La porte du sérail à ma voix s'est ouverte, Racine, ib. III, 2. N'est-ce pas vous enfin de qui la voix pressante Nous a tous appelés aux campagnes du Xanthe ? Racine, Iphig. I, 3. Et des lâches flatteurs la voix enchanteresse, Racine, Athal. IV, 3. Ou l'orageux forum d'un peuple de héros, Dont la voix des tribuns précipitait les flots, Lamartine, Harm. II, 3.
  • 16Suffrage, vote. Recueillir les voix. Aller aux voix. À la pluralité des voix. Il l'a emporté de tant de voix. Seigneur, votre suffrage a réuni les nôtres ; Votre voix a plus fait que n'auraient fait cent autres, Corneille, Pulch. II, 2. Donnez-moi votre voix pour me faire élire provincial, Pascal, Prov. XI. Il y a un cardinal vénitien, nommé Barbarigo, évêque de Padoue, qui avait plus de voix qu'il ne lui en fallait au scrutin pour être pape ; mais l'accessit gâta tout, Sévigné, 589. Un autre conseiller nous a dit que nous avions gagné tout d'une voix : tout d'une voix est une circonstance qui nous a fait plaisir, Sévigné, 16 mars 1689. Parmi tant de beautés qui briguèrent son choix [de Claude], Qui de ses affranchis mendièrent les voix, Racine, Brit. IV, 2. Il vaudrait mieux, s'il était possible, peser les voix que de les compter, c'est-à-dire qu'il vaudrait mieux suivre l'avis de ceux qui sont les plus savants et les plus sensés, que de se laisser entraîner au sentiment aveugle du plus grand nombre, Dumarsais, Trop. I, 6. Il y a un sénat à Londres dont quelques membres sont soupçonnés, quoiqu'à tort sans doute, de vendre leurs voix dans l'occasion, comme on faisait à Rome ; voilà toute la ressemblance, Voltaire, Dict. phil. Parlement d'Angleterre. Il [Socrate] eut deux cent vingt voix pour lui ; cela fait présumer qu'il y avait deux cent vingt philosophes dans ce tribunal ; mais cela fait voir que, dans toute compagnie, le nombre des philosophes est toujours le plus petit, Voltaire, Dict. phil. Socrate. J'ai répondu que cette place [à l'Académie française] devait vous être destinée, et que je me ferais un honneur de vous céder le peu de suffrages sur lesquels j'aurais pu compter, si votre mérite ne vous assurait de toutes les voix, Voltaire, Lett. la Chaussée, 2 mai 1736. Elle [l'Académie française] arrêta d'une voix unanime que cette lettre [du roi de Prusse] serait insérée dans ses registres, comme un monument honorable pour vous et pour les lettres, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 11 août 1770.

    Fig. Donner sa voix à quelque chose, y consentir. Je ne saurais nier… Que tu ne sois Sosie, et j'y donne ma voix, Molière, Amph. I, 2.

  • 17Droit de suffrage. Voix délibérative. La république des Lyciens était une association de vingt-trois villes : les grandes avaient trois voix dans le conseil commun ; les médiocres, deux ; les petites, une, Montesquieu, Esp. IX, 3. Si les sénateurs n'ont pas voix comme tels à la diète, Rousseau, Pologne, 6.

    Il a voix consultative, on entend son opinion, mais on ne la compte pas.

    Voix active, le pouvoir d'élire ; voix passive, la capacité d'être élu. Il n'a que voix active. Il a voix active et passive.

    Fig. et familièrement. Avoir voix au chapitre, en chapitre, avoir du crédit dans une compagnie, dans une famille. Dans ces occasions-là les mères n'ont pas beaucoup de voix au chapitre, Sévigné, Lett. à Bussy, 28 août 1668.

    Fig. Ni l'honneur, ni la conscience n'ont plus de voix au chapitre, Boisguilleb. Factum de la France, I.

  • 18Sentiment, jugement, opinion. Le ton d'aujourd'hui, c'est l'innocence des nommées [dans l'affaire des poisons] et l'horreur du scandale ; peut-être que demain ce sera le contraire ; vous connaissez ces sortes de voix générales, Sévigné, 31 janv. 1680. La voix publique et celle de votre prince, c'est pour vous la voix de Dieu, Bourdaloue, Domin. 10e dim. après la Pentec. État de vie, p. 207. Et, si de ses amis j'en dois croire la voix, Racine, Bérén. I, 4. Vous-même vous m'avez avoué mille fois Que Rome le louait [Néron] d'une commune voix, Racine, Brit. II, 6. J'eus soin de vous nommer par un contraire choix Des gouverneurs que Rome honorait de sa voix, Racine, ib. IV, 2. Je n'entends pas ici par voix publique celle de la populace qui est presque toujours absurde ; ce n'est point une voix, c'est un cri de brutes ; je parle de cette voix de tous les honnêtes gens réunis qui réfléchissent et qui, avec le temps, portent un jugement infaillible, Racine, Pol. et lég. la Méprise d'Arras. Toutes les voix s'unissaient pour louer le comte Ernest, Riccoboni, Œuv. t. v, p. 130, dans POUGENS.

    Absolument. La voix publique, se dit quelquefois pour approbation. Il a la voix publique.

    La voix publique signifie encore la commune renommée. Tous veulent qu'il soit mort, et c'est la voix publique, Corneille, Othon, v, 3.

    Il n'y a qu'une voix sur, tout le monde est d'accord sur. Il n'y avait qu'une voix sur mon compte, à commencer par celle de l'ambassadeur, Rousseau, Confess. VII. Il n'y a qu'une voix sur le compte de Mlle votre sœur, Genlis, Théât. d'éduc. la Curieuse, II, 6. Il n'y eut qu'une seule voix dans l'assemblée pour qu'on laissât le merveilleux serpent s'échapper, Chateaubriand, Génie, I, III, 2.

    N'avoir qu'une voix, être unanimement d'accord. Ces divers sentiments [à l'égard des Horaces et des Curiaces prêts à en venir aux mains] n'ont pourtant qu'une voix ; Tous accusent leurs chefs, tous détestent leur choix…, Corneille, Hor. III, 2. Les chrétiens et les païens qui nous ont transmis son histoire et ses malheurs [d'Hypatie], n'ont qu'une voix sur sa beauté, ses connaissances et sa vertu, Diderot, Opin. des anc. philos. (Éclectisme)

    N'avoir qu'une voix, signifie aussi avoir toutes les voix, tous les suffrages. Le Cid n'a eu qu'une voix pour lui à sa naissance, qui a été celle de l'admiration, La Bruyère, I.

    Il n'y a pas deux voix différentes sur ce personnage, tout le monde en porte le même jugement.

  • 19 Terme de grammaire grecque et latine. Nom donné à différentes formes du verbe employées pour marquer si le sujet fait l'action du verbe ou la reçoit. Voix active. Voix passive. Voix moyenne. La voix ou forme du verbe : elle est de trois sortes : la voix ou forme active, la voix passive et la forme neutre, Dumarsais, Œuv. t. IV, p. 68.
  • 20 Terme de monnayage. Son que rendent les pièces jetées sur le tas, et d'après lequel on les apprécie. Voix sourde. Voix fêlée.

    PROVERBE

    La voix du peuple est la voix de Dieu, le sentiment général est ordinairement bien fondé.

REMARQUE

Corneille l'a employé pour promesse, parole donnée. Œdipe : La parole des rois doit être inviolable. - Thésée : Elle est toujours sacrée et toujours adorable, Mais ils ne sont jamais esclaves de leur voix, Et le plus puissant roi doit quelque chose aux rois, Corneille, Œd. I, 3.

HISTORIQUE

XIe s. Halt sunt li pui, et la voiz [du cor] est mult lunge, Ch. de Rol. CXXXI. Puis si s'escriet [Charlemagne] à sa voiz grand e halte, ib. CCXII. Sunent ces graisles, les voiz en sunt mult cleres, ib. CCXL.

XIIe s. La douce voix du loussignol sauvage, Couci, XI. Il parla hautement, bien fist oïr sa vois, Sax. XVIII. Li rois s'assist tantost, que finée ot sa vois, ib. XXXIII. Pur ço que tu es inobedient à la voiz nostre Seigneur…, Rois, p. 328.

XIIIe s. À cest mot chet [tombe] pasmée sans vois et sans haleine, Audefroi le Bastard, Romancero, p. 16. Ciaus [ceux] qui n'ont vois ni respons en court, Ass. de Jerus. 96. Bien pou [peu] vaut la voix qu'on n'escoute, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 250.

XIVe s. Et pour ce que il est voix et commune renommée que…, Ordonn. des rois, t. v, p. 649. Ceulx qui se esjoissent et delettent superhabundamment et trop en melodies de vois humaines et de vois faites par instrumens, Oresme, Éth. 92. La vois d'un commun peuple, qui par le monde va, Que c'est la vois de Dieu qui le monde crea, Guesclin. v. 6678.

XVe s. L'evesque de Lincolle, qui là estoit present, leva sa voix et dit…, Froissart, I, I, 81. La voix estoit toute commune aval Londres, que il [le comte de Bourquinghem] estoit avec ce peuple, Froissart, II, II, 109. Et firent si grand bruit de sonner de leurs grands cors tout à une fois, et de huer après tout à une voix, que…, Froissart, I, I, 42. Il fit courir une voix [bruit] en ses pays, qu'il avoit bulles du pape, Math. de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 694, dans LACURNE. Voix de peuple, voix de Dieu ; mais je dis que souventes feis est voiz de diable, Bouciq. III, 14.

XVIe s. Je voudrois savoir à qui mademoiselle Oisille donnera sa voix [passera la parole]. - Je la donne, dit-elle, à Simontault, lequel, je sais bien, n'epargnera personne, Marguerite de Navarre, Nouv. XXXII. Sans espandre ni voix ni pleurs, Montaigne, I, 8. D'une voiz tremblante, Montaigne, I, 127. Cette syllabe frappoit trop rudement leurs aureilles, et cette voiz [le nom de la mort] leur sembloit malencontreuse, Montaigne, I, 72. La voix [la faculté de parler] que la nature lui avoit refusée, Montaigne, I, 92. Il faut juger ces choses par la voye de raison, non par la voix commune, Montaigne, I, 230. Voix gresle, cassée, feminine, Paré, Introd. 7. Ils ont la voix pleine, claire et douce, Paré, ib. Ont le lit nuptial trois fois environné : Puis d'un charme à sous-vois l'ayant empoisonné, Et fasciné la chambre en tournant leurs caroles…, Ronsard, 824. Sans, durant ce long temps, avoir onques ouy ny vent ny voix de son mary, Nuits de Straparole, t. II, p. 64. Ô combien d'efficace a la voix qui console, Quand le conseiller joinct l'exemple à la parole ! D'Aubigné, Tragiques, les feux.

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Étymologie de « voix »

Provenç. votz, voutz ; cat. veu ; espagn. et portug. voz ; ital. voce ; du lat. vocem ; zend, vāks ; sanscr. vāk, voix ; grec ὅψ, ὀπὸς, avec le digamma ϝοπ pour ϝοϰ.

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(Date à préciser) Du latin vōcem, accusatif de vox (« voix »). (1080) voiz.
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Phonétique du mot « voix »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
voix vwa

Fréquence d'apparition du mot « voix » dans le journal Le Monde

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Évolution historique de l’usage du mot « voix »

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Citations contenant le mot « voix »

  • Femme nue, femme noireVêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté !J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux.Et voilà qu’au cœur de l’Été et de Midi, je te découvre Terre promise, du haut d’un haut col calcinéEt ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigle.Femme nue, femme obscureFruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma boucheSavane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’EstTam-tam sculpté, tam-tam tendu qui grondes sous les doigts du VainqueurTa voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée.Femme nue, femme obscureHuile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du MaliGazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peauDélices des jeux de l’esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se moireA l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.Femme nue, femme noireJe chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’ÉternelAvant que le Destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.
    Léopold Sédar Senghor —  Chants d’ombre
  • Léon se mettait près d’elle ; ils regardaient ensemble les gravures et s’attendaient au bas des pages. Souvent, elle le priait de lui lire les vers ; Léon les déclamait d’une voix traînante et qu’il faisait expirer soigneusement aux passages d’amour. 
    Gustave Flaubert — Madame Bovary
  • Ce soir, nous sommes deux devant ce fleuve qui déborde de notre désespoir. Nous ne pouvons même plus penser. Les paroles s’échappent de nos bouches tordues, et, lorsque nous rions, les passants se retournent, effrayés, et rentrent chez eux précipitamment.On ne sait pas nous mépriser.« Nous pensons aux lueurs des bars, aux bals grotesques dans ces maisons en ruines où nous laissions le jour. Mais rien n’est plus désolant que cette lumière qui coule doucement sur les toits à cinq heures du matin. Les rues s’écartent silencieusement et les boulevards s’animent: un promeneur attardé sourit près de nous. Il n’a pas vu nos yeux pleins de vertiges et il passe doucement. Ce sont les bruits des voitures de laitiers qui font s’envoler notre torpeur et les oiseaux montent au ciel chercher une divine nourriture.Aujourd’hui encore( mais quand donc finira cette vie limitée) nous irons retrouver les amis, et nous boirons les mêmes vins. On nous verra encore aux terrasses des cafés.Il est loin, celui qui sait nous rendre cette gaieté bondissante. Il laisse s’écouler les jours poudreux et il n’écoute plus ce que nous disons.  » Est-ce que vous avez oublié nos voix enveloppées d’affections et nos gestes merveilleux? Les animaux des pays libres et des mers délaissées ne vous tourmentent-ils plus? Je vois encore ces luttes et ces outrages rouges qui nous étranglaient. Mon cher ami, pourquoi ne voulez-vous plus rien dire de vos souvenirs étanches? L’air dont hier encore nous gonflions nos poumons devient irrespirable. Il n’y a plus qu’à regarder droit devant soi, ou à fermer les yeux: si nous tournions la tête, le vertige ramperait jusqu’à nous.Itinéraires interrompus et tous les voyages terminés, est-ce que vraiment nous pouvons les avouer ? Les paysages abondants nous ont laisser un goût amer sur les lèvres. Notre prison est construite en livres aimés, mais nous ne pouvons plus nous évader, à cause de toutes ces odeurs passionnés qui nous endorment.
    André Breton et Philippe Soupault —  Les Champs magnétiques
  • Vive l’armée ! s’écria Rodolphe d’une voix vibrante qui fit battre les cœurs des jeunes filles. J’ai trouvé hier soir mon chemin de Damas. J’abandonne ma fortune pour me dévouer à ma famille et à mon pays.
    Marcel Aymé — Le Nain
  • Il l’entendit enfin, sonore, vibrante de larmes et de défi à la fois : « Me voilà sur le chemin de Damas comme saint Paul, maître Pierre ! Ne m’oubliez pas, maître Pierre ! Auberi ! Adieu ! Auberi ! » Puis la voix se perdit parmi les autres. Toutes, elles s’éloignèrent peu à peu ; ceux qui étaient restés suivaient des yeux le cortège, qui avançait sur la route pierreuse, le long des rochers.
    Zoé Oldenbourg — La Pierre angulaire
  • Femme nue, femme noireVétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beautéJ’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeuxEt voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi,Je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calcinéEt ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigleFemme nue, femme obscureFruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma boucheSavane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’EstTamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueurTa voix grave de contralto est le chant spirituel de l’AiméeFemme noire, femme obscureHuile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du MaliGazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.Délices des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or rongent ta peau qui se moireA l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.Femme nue, femme noireJe chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’EternelAvant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.
    Léopold Sédar Senghor — « Femme noire »
  • Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrantD’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la mêmeNi tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.Car elle me comprend, et mon coeur transparentPour elle seule, hélas ! cesse d’être un problèmePour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l’ignore.Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore,Comme ceux des aimés que la vie exila.Son regard est pareil au regard des statues,Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle aL’inflexion des voix chères qui se sont tues.
    Paul Verlaine —  Poèmes saturniens
  • Qui cache son fou, meurt sans voix.
    Henri Michaux — L'Espace du dedans
  • Tout bruit écouté longtemps devient une voix.
    Victor Hugo — Fragments
  • Voix, la seule voix humaine qui ne mente pas […].
    Valery Larbaud — A. O. Barnabooth, Prologue , Gallimard
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Traductions du mot « voix »

Langue Traduction
Anglais voice
Espagnol voz
Italien voce
Allemand stimme
Chinois 语音
Arabe صوت
Portugais voz
Russe голос
Japonais ボイス
Basque ahotsa
Corse voce
Source : Google Translate API

Synonymes de « voix »

Source : synonymes de voix sur lebonsynonyme.fr

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