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Chant
Sommaire
- Définitions de « chant »
- Étymologie de « chant »
- Phonétique de « chant »
- Fréquence d'apparition du mot « chant » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « chant »
- Citations contenant le mot « chant »
- Images d'illustration du mot « chant »
- Traductions du mot « chant »
- Synonymes de « chant »
- Combien de points fait le mot chant au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Masculin | chant | chants |
Définitions de « chant »
Trésor de la Langue Française informatisé
CHANT1, subst. masc.
CHANT2, CHAMP2, subst. masc.
TECHNOL. Face la moins large d'un objet parallélépipédique. Le chant d'une brique, d'un livre, d'une planche; poser à, de, sur chant. ,,Poser de chant des briques, des pierres, des solives`` (Ac.1932).Cf. barrique ex. 2.L'angle formé par le chant de la plinthe et le mur (Bonnel-Tassan1966) :Wiktionnaire
Nom commun 1 - français
chant \ʃɑ̃\ masculin
-
Émission de sons variés et rythmés par lesquels la voix s’élève et s’abaisse, de manière à former un ensemble musical.
- Chant d’allégresse.
- Chants de triomphe.
- Des chants pieux.
- École de chant.
- Professeur de chant.
- Les règles du chant.
- L’art du chant.
-
(Par analogie) Ramage ou cri des oiseaux.
- Le pré dégageait une odeur de terreau humide, une marouette sifflait dans les roseaux au sud. Son chant sonnait comme des gouttes d'eau qui tombaient. — (Kurt Aust, La confrérie des invisibles, traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier, City Édition, 2010, chap. 8)
- Le chant du cygne, chant mélodieux que des poètes attribuaient au cygne mourant. Il se dit figurément du dernier ouvrage qu’un musicien célèbre, un grand poète, un homme éloquent a fait peu de temps avant sa mort.
- Cri du coq.
- Le chant des coqs, l’aboiement des chiens, les appels des oiseaux l’éveillèrent. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 99 de l’édition de 1921)
- Dès le chant du coq, Au point du jour.
- Crissement de la cigale.
- Le chant de la cigale est monotone.
-
Partie mélodique d’une musique quelconque, pour la distinguer de l’accompagnement des instruments.
- L’harmonie ne doit point étouffer le chant.
- Ce morceau, cette ouverture manque de chant, ce morceau, cette ouverture n’a pas de mélodie.
-
(Par extension) Certaines pièces de poésie qui se chantent ou peuvent se chanter.
- De chaumières en tavernes, il écoute les bardes et les vieux rhapsodes qui lui récitent des chants populaires remontant à la nuit des temps. — (André Clavel, L’Iliade boréale, dans L’Express n° 3081, 21 juillet 2010)
- Ainsi le dithyrambe, chant liturgique en l'honneur de Dionysos diffère de l’iambe dont le pied comporte un son bref suivi d'un long avec des vers dodécamétriques alternant avec des octamétriques. — (Louis Lefroid, Esthétique: l'harmonie des formes, Ed. Opéra, 1998, page 36)
- Chant royal, ancienne pièce de poésie française, composée de cinq strophes de onze vers chacune et où le onzième vers de la première strophe était répété à la fin de toutes les autres.
- Au pluriel, toute composition en vers.
- Les héros qu’immortalisent les chants du poète.
- Chants sublimes.
- Chants immortels.
- Daigne inspirer mes chants.
- Mes chants rediront tes exploits.
- Chacune des divisions d’un poème épique ou didactique.
- Le premier chant, le second chant de l’Iliade.
Nom commun - ancien français
chant \Prononciation ?\ masculin
- Chant, surtout un récit que l’on raconte en forme de chanson.
Nom commun 2 - français
chant \ʃɑ̃\ masculin
-
(Art, Maçonnerie, Mécanique, ) Bord le plus long d’une tôle, d’une plaque, d’une planche ; et plus généralement, face étroite d’un objet pris dans sa longueur, par opposition à la face la plus large qui en forme le plat et la plus petite face qui en est le bout.
- Poser sur le chant.
- Une vitre se transporte à chant.
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Émission de sons variés et rythmés par lesquels la voix s'élève et s'abaisse, de manière à former un ensemble musical. Chant d'allégresse. Chants de triomphe. Des chants pieux. École de chant. Professeur de chant. Les règles du chant. L'art du chant. Fig., Chant de sirène, Langage trompeur. Plain-chant, chant grégorien, chant d'Église. Voyez PLAIN-CHANT.
CHANT désigne aussi la Partie mélodique d'une musique quelconque, pour la distinguer de l'accompagnement des instruments. L'harmonie ne doit point étouffer le chant. Ce morceau, cette ouverture manque de chant, Ce morceau, cette ouverture n'a pas de mélodie. Il se dit, par analogie, du Ramage ou du cri des oiseaux. Le chant du rossignol. Le chant du cygne, Chant mélodieux que des poètes attribuaient au cygne mourant. Il se dit figurément du Dernier ouvrage qu'un musicien célèbre, un grand poète, un homme éloquent a fait peu de temps avant sa mort. Il se dit encore du Cri du coq. Dès le chant du coq, Au point du jour. Il se dit aussi du Cri de la cigale. Le chant de la cigale est monotone. Il se dit, par extension, de Certaines pièces de poésie qui se chantent ou peuvent se chanter. Chant nuptial. Chant funèbre. Chant pastoral. Chant guerrier. Chant royal, Ancienne pièce de poésie française, composée de cinq strophes de onze vers chacune et où le onzième vers de la première strophe était répété à la fin de toutes les autres. Il se dit surtout, au pluriel, généralement de Toute composition en vers. Les héros qu'immortalisent les chants du poète. Chants sublimes. Chants immortels. Daigne inspirer mes chants. Mes chants rediront tes exploits. Il se dit spécialement de Chacune des divisions d'un poème épique ou didactique. Le premier chant, le second chant de l' " Iliade ", de l' " Odyssée ", de la " Jérusalem délivrée ", de " la Henriade ", du " Lutrin ". " Art Poétique " de Boileau, chant quatre.
Littré (1872-1877)
-
1Sorte de modification de la voix humaine par laquelle on forme des sons variés, appréciables et soumis à des intervalles réguliers.
Il nous entretint de l'usage où l'on a toujours été de mêler le chant aux plaisirs de la table
, Barthélemy, Anachars. chap. XXX.La poésie et la danse ne tardèrent pas à se mêler au chant dont elles sont des dépendances naturelles
, Lamotte, Disc. sur l'églogue, p. 283. -
2Suite de sons formant soit des phrases, soit des périodes musicales, que l'on nomme généralement des airs, et auxquelles on donne l'expression voulue par le sujet. Chant harmonieux. Chant lugubre. Chant pieux. Le chant de la Marseillaise animait les troupes de la République. L'art, les règles du chant.
Chantons, on nous l'ordonne ; et que puissent nos chants Du cœur d'Assuérus adoucir la rudesse !
Racine, Esth. III, 3.Il chante des chants de joie et de victoire
, Massillon, Or. fun. Dauph.[Les psaumes] monuments immortels de l'histoire de Moïse, de celle des Juges, de celle des Rois, imprimés par le chant et par la mesure dans la mémoire des hommes
, Bossuet, Hist. II, 13.Fig. Chant de sirène, langage trompeur.
-
3Ramage des oiseaux, cri du coq, de la cigale ; et ironiquement, la voix de l'âne, etc. Le chant du rossignol, du serin. Dès le chant du coq. Le chant monotone de la cigale.
Le paon se plaignait à Junon : … Le chant dont vous m'avez fait don Déplaît à toute la nature
, La Fontaine, Fab. II, 17.[L'âne] Lève une corne tout usée… Non sans accompagner, pour plus grand ornement, De son chant gracieux, cette action hardie
, La Fontaine, ib. IV, 5.Fig. Le chant du cygne, la dernière et excellente composition d'un musicien, d'un poëte célèbre, d'un orateur, etc. Locution prise de ce qu'on pensait dans l'antiquité que le cygne, près de mourir, faisait entendre un chant mélodieux.
-
4Musique qui s'exécute avec la voix. Mettre un air en chant. Il a fait les paroles, un autre a fait le chant. Étudier un morceau de chant.
Plain-chant, chant grégorien, chant d'église, le chant ordinaire de l'Église dont la régularisation est attribuée à saint Grégoire.
C'est de là que l'on est parti pour le faire auteur, c'est-à-dire compositeur de plain-chant ; par une conséquence de cette invention prétendue, on a nommé le plain-chant chant grégorien, comme s'il était l'œuvre du célèbre pontife
, La Fage, Cours complet de plain-chant, n° 754.Chant figuré, notre chant ordinaire, par opposition à plain-chant, parce que les phrases musicales et leurs sections, les mesures, le ton, sont astreints à une marche et ont une valeur déterminée qui lui donnent une figure particulière et reconnaissable.
Chant sur le livre, plain-chant ou contre-point à 4 parties, dans lequel une seule partie est écrite, celle du livre de chœur qui est au lutrin, les trois autres étant composées et chantées impromptu.
-
5Partie mélodique de la musique, celle qui résulte de la durée et de la succession des sons, celle d'où dépend en grande partie l'expression et à laquelle tout le reste est subordonné. Ce morceau manque de chant.
Musique vocale. Parties de chant, celles qui sont exécutées par les voix.
Phrase musicale qui se détache de l'ensemble. Dans ce sens, se dit des instruments. Chant du violoncelle, du hautbois.
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6 Par extension, poésie qui se chante ou peut se chanter. Chant nuptial. Chant guerrier.
Si dans nos chants ta douleur retracée…
, Racine, Esth. I, 2.Chant royal, composition de notre ancienne poésie, qui avait cinq strophes de onze vers, et un envoi de cinq à huit vers, ces six parties finissant par un même vers qui en formait le refrain.
-
7 Au plur. Fig. et poétiquement, toute composition d'un ordre élevé en vers. Chants sublimes, immortels. Mes chants rediront tes exploits.
Il excelle à conduire un char dans la carrière… à réciter des chants qu'il veut qu'on idolâtre
, Racine, Brit. IV, 4. - 8Division d'un poëme. L'Énéide a douze chants. Un chant du Lutrin.
HISTORIQUE
XIIe s. Li oisel [se] levent, si commencent lor canz
, Roncisv. 34. Jamais nuls chanz par moi ne fu oïz
, Couci, V. Or commence chansons moult bone à enforcier, Qui bien en sait les vers et le chant desrainier
, Sax. IV.
XIIIe s. U [au] munde n'a si bel oisel ; Fust tieus [tel] ses chans cum est ses cors, Il vauroit mix [mieux] que nul fins ors
, Marie de France, Fable 14. Li chastelains de Couci aima tant Qu'onc pour amor nus [nul] n'en ot dolor graindre [plus grande] ; Pour ce ferai ma complainte en son chant, Car je ne cuit que la moie soit maindre [moindre]
, Anonyme, dans Couci. Pour qui ferai [je] mais ne chançon ne chant ?
ib.
XVIe s. Et rossignols au gay courage… Chantent leur joly chant ramage
, Marot, I, 177. … Tous differens de chantz et de plumages
, Marot, I, 216. Le chant a grande force et vigueur d'esmouvoir et enflammer le cœur des hommes
, Calvin, 328. Tout ce qu'ils appellent musique rompue, et chants à quatre parties
, Calvin, Instit. 711.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
CHANT, s. m. (Musique.) est en général une sorte de modification de la voix, par laquelle on forme des sons variés & apprétiables. Il est très-difficile de déterminer en quoi le son qui forme la parole, differe du son qui forme le chant. Cette différence est certaine ; mais on ne voit pas bien précisément en quoi elle consiste. Il ne manque peut-être que la permanence aux sons qui forment la parole, pour former un véritable chant : il paroît aussi que les diverses inflexions qu’on donne à sa voix en parlant, forment des intervalles qui ne sont point harmoniques, qui ne font point partie de nos systèmes de Musique, & qui par conséquent ne peuvent être exprimés en notes.
Chant, appliqué plus particulierement à la Musique, se dit de toute musique vocale ; & dans celle qui est mêlée d’instrumens, on appelle partie de chant toutes celles qui sont destinées pour les voix. Chant se dit aussi de la maniere de conduire la mélodie dans toutes sortes d’airs & de pieces de musique. Les chants agréables frappent d’abord ; ils se gravent facilement dans la mémoire : mais peu de compositeurs y réussissent. Il y a parmi chaque nation des tours de chant usés, dans lesquels la plûpart des compositeurs retombent toûjours. Inventer des chants nouveaux, n’appartient qu’à l’homme de génie ; trouver de beaux chants, appartient à l’homme de goût. (S)
Le chant est l’une des deux premieres expressions du sentiment, données par la nature. Voyez Geste.
C’est par les différens sons de la voix que les hommes ont dû exprimer d’abord leurs différentes sensations. La nature leur donna les sons de la voix, pour peindre à l’extérieur les sentimens de douleur, de joie, de plaisir dont ils étoient intérieurement affectés, ainsi que les desirs & les besoins dont ils étoient pressés. La formation des mots succéda à ce premier langage. L’un fut l’ouvrage de l’instinct, l’autre fut une suite des opérations de l’esprit. Tels on voit les enfans exprimer par des sons vifs ou tendres, gais ou tristes, les différentes situations de leur ame. Cette espece de langage, qui est de tous les pays, est aussi entendu par tous les hommes, parce qu’il est celui de la nature. Lorsque les enfans viennent à exprimer leurs sensations par des mots, ils ne sont entendus que des gens d’une même langue, parce que les mots sont de convention, & que chaque société ou peuple a fait sur ce point des conventions particulieres.
Ce chant naturel dont on vient de parler, s’unit dans tous les pays avec les mots : mais il perd alors une partie de sa force ; le mot peignant seul l’affection qu’on veut exprimer, l’inflexion devient par-là moins nécessaire, & il semble que sur ce point, comme en beaucoup d’autres, la nature se repose, lorsque l’art agit. On appelle ce chant, accent. Il est plus ou moins marqué, selon les climats. Il est presqu’insensible dans les tempérés ; & on pourroit aisément noter comme une chanson, celui des différens pays méridionaux. Il prend toûjours la teinte, si on peut parler ainsi, du tempérament des diverses nations. Voyez Accent.
Lorsque les mots furent trouvés, les hommes qui avoient déjà le chant, s’en servirent pour exprimer d’une façon plus marquée le plaisir & la joie. Ces sentimens qui remuent & agitent l’ame d’une maniere vive, dûrent nécessairement se peindre dans le chant avec plus de vivacité que les sensations ordinaires ; de-là cette différence que l’on trouve entre le chant du langage commun, & le chant musical.
Les regles suivirent long-tems après, & on réduisit en art ce qui avoit été d’abord donné par la nature ; car rien n’est plus naturel à l’homme que le chant, même musical : c’est un soulagement qu’une espece d’instinct lui suggere pour adoucir les peines, les ennuis, les travaux de la vie. Le voyageur dans une longue route, le laboureur au milieu des champs, le matelot sur la mer, le berger en gardant ses troupeaux, l’artisan dans son attelier, chantent tous comme machinalement ; & l’ennui, la fatigue, sont suspendus ou disparoissent.
Le chant consacré par la nature pour nous distraire de nos peines, ou pour adoucir le sentiment de nos fatigues, & trouvé pour exprimer la joie, servit bientôt après pour célébrer les actions de graces que les hommes rendirent à la Divinité ; & une fois établi pour cet usage, il passa rapidement dans les fêtes publiques, dans les triomphes, & dans les festins, &c. La reconnoissance l’avoit employé pour rendre hommage à l’Être suprême ; la flatterie le fit servir à la louange des chefs des nations, & l’amour à l’expression de la tendresse. Voilà les différentes sources de la Musique & de la Poésie. Le nom de Poëte & de Musicien furent longtems communs à tous ceux qui chanterent & à tous ceux qui firent des vers.
On trouve l’usage du chant dans l’antiquité la plus reculée. Enos commença le premier à chanter les loüanges de Dieu, Genese 4. & Laban se plaint à Jacob son gendre, de ce qu’il lui avoit comme enlevé ses filles, sans lui laisser la consolation de les accompagner au son des chansons & des instrumens. Gen. 31.
Il est naturel de croire que le chant des oiseaux, les sons différens de la voix des animaux, les bruits divers excités dans l’air par les vents, l’agitation des feuilles des arbres, le murmure des eaux, servirent de modele pour regler les différens tons de la voix. Les sons étoient dans l’homme : il entendit chanter ; il fut frappé par des bruits ; toutes ses sensations & son instinct le porterent à l’imitation. Les concerts de voix furent donc les premiers. Ceux des instrumens ne vinrent qu’ensuite, & ils furent une seconde imitation : car dans tous les instrumens connus, c’est la voix qu’on a voulu imiter. Nous en devons l’invention à Jubal fils de Lamech. Ipse fuis pater canentium citharâ & organo. Gen. 4. Dès que le premier pas est fait dans les découvertes utiles ou agréables, la route s’élargit & devient aisée. Un instrument trouvé une fois, a dû fournir l’idée de mille autres. Voyez-en les différens noms à chacun de leurs articles.
Parmi les Juifs, le cantique chanté par Moyse & les enfans d’Israel, après le passage de la mer Rouge, est la plus ancienne composition en chant qu’on connoisse.
Dans l’Egypte & dans la Grece, les premiers chants connus furent des vers en l’honneur des dieux, chantés par les poëtes eux-mêmes. Bientôt adoptés par les prêtres, ils passerent jusqu’aux peuples, & de-là prirent naissance les concerts & les chœurs de Musique. Voyez Chœurs & Concert.
Les Grecs n’eurent point de poésie qui ne fût chantée ; la lyrique se chantoit avec un accompagnement d’instrumens, ce qui la fit nommer mélique. Le chant de la poésie épique & dramatique étoit moins chargé d’inflexions, mais il n’en étoit pas moins un vrai chant ; & lorsqu’on examine avec attention tout ce qu’ont écrit les anciens sur leurs poésies, on ne peut pas révoquer en doute cette vérité. Voyez Opera. C’est donc au propre qu’il faut prendre ce qu’Homere, Hésiode, &c. ont dit au commencement de leurs poëmes. L’un invite sa muse à chanter la fureur d’Achille ; l’autre va chanter les Muses elles-mêmes, parce que leurs ouvrages n’étoient faits que pour être chantés. Cette expression n’est devenue figure que chez les Latins, & depuis parmi nous.
En effet, les Latins ne chanterent point leurs poésies ; à la réserve de quelques odes & de leurs tragédies, tout le reste fut récité. César disoit à un poëte de son tems qui lui faisoit la lecture de quelqu’un de ses ouvrages : Vous chantez mal si vous prétendez chanter ; & si vous prétendez lire, vous lisez mal : vous chantez.
Les inflexions de la voix des animaux sont un vrai chant formé de tons divers, d’intervalles, &c. & il est plus ou moins mélodieux, selon le plus ou le moins d’agrément que la nature a donné à leur organe. Au rapport de Juan Christoval Calvete (qui a fait une relation du voyage de Philippe II. roi d’Espagne, de Madrid à Bruxelles, qu’on va traduire ici mot à mot), dans une procession solennelle qui se fit dans cette capitale des Pays-Bas en l’année 1549, pendant l’octave de l’Ascension, sur les pas de l’archange S. Michel, couvert d’armes brillantes, portant d’une main une épée, & une balance de l’autre, marchoit un chariot, sur lequel on voyoit un ours qui touchoit un orgue : il n’étoit point composé de tuyaux comme tous les autres, mais de plusieurs chats enfermés séparément dans des caisses étroites, dans lesquelles ils ne pouvoient se remuer : leurs queues sortoient en haut, elles étoient liées par des cordons attachés au registre ; ainsi à mesure que l’ours pressoit les touches, il faisoit lever ces cordons, tiroit les queues des chats, & leur faisoit miauler des tailles, des dessus, & des basses, selon les airs qu’il vouloit exécuter. L’arrangement étoit fait de maniere qu’il n’y eût point un faux ton dans l’exécution : y hazien cousus aullidos altos y baxos una musica ben entonada, che era eosa nueva y mucho de ver. Des singes, des ours, des loups, des cerfs, &c. dansoient sur un théatre porté dans un char au son de cet orgue bisarre : una gratiosa dansa de monos, ossos, lobos, ciervos, y otros animales salvajes dançando delaute y detras de una granjaula che en un carro tirava un quartago. Voyez Danse.
On a entendu de nos jours un chœur très-harmonieux, qui peint le croassement des grenouilles, & une imitation des différens cris des oiseaux à l’aspect de l’oiseau de proie, qui forme dans Platée un morceau de musique du plus grand genre. Voyez Ballet & Opéra.
Le chant naturel variant dans chaque nation selon les divers caracteres des peuples & la température différente des climats, il étoit indispensable que le chant musical, dont on a fait un art long-tems après que les langues ont été trouvées, suivît ces mêmes différences ; d’autant mieux que les mots qui forment ces mêmes langues n’étant que l’expression des sensations, ont dû nécessairement être plus ou moins forts, doux, lourds, légers, &c. selon que les peuples qui les ont formés ont été diversement affectés, & que leurs organes ont été plus ou moins déliés, roides, ou flexibles. En partant de ce point, qui paroît incontestable, il est aisé de concilier les différences qu’on trouve dans la Musique vocale des diverses nations. Ainsi disputer sur cet article, & prétendre par exemple que le chant Italien n’est point dans la nature, parce que plusieurs traits de ce chant paroissent étrangers à l’oreille, c’est comme si l’on disoit que la langue Italienne n’est point dans la nature, ou qu’un Italien a tort de parler sa langue. Voyez Chantre, Exécution, Opéra.
Les instrumens d’ailleurs n’ayant été inventés que pour imiter les sons de la voix, il s’ensuit aussi que la Musique instrumentale des différentes nations doit avoir nécessairement quelque air du pays où elle est composée : mais il en est de cette espece de productions de l’Art, comme de toutes les autres de la nature. Une vraiment belle femme, de quelque nation qu’elle soit, le doit paroître dans tous les pays où elle se trouve ; parce que les belles proportions ne sont point arbitraires. Un concerto bien harmonieux d’un excellent maître d’Italie, un air de violon, une ouverture bien dessinée, un grand chœur de M. Rameau, le Venite exultemus de M. Mondonville, doivent de même affecter tous ceux qui les entendent. Le plus ou le moins d’impression que produisent & la belle femme de tous les pays, & la bonne musique de toutes les nations, ne vient jamais que de la conformation heureuse ou malheureuse des organes de ceux qui voyent & de ceux qui entendent. (B)
Chant Ambrosien, Chant Grégorien ; voyez Plein-chant. (S)
* Chant, (Littérat.) c’est une des parties dans lesquelles les Italiens & les François divisent le poëme épique. Le mot chant pris en ce sens, est synonyme à livre. On dit le premier livre de l’Iliade, de l’Enéide, du Paradis perdu, &c. & le premier chant de la Jérusalem délivrée, & de la Henriade. Le Poëte épique tend à la fin de son ouvrage, en faisant passer son lecteur ou son héros par un enchaînement d’avantures extraordinaires, pathétiques, terribles, touchantes, merveilleuses. Il établit dans le cours du récit général de ces avantures, comme des points de repos pour son lecteur & pour lui. La partie de son poëme comprise entre un de ces points & un autre qui le suit, s’appelle un chant. Il y a dans un poëme épique des chants plus ou moins longs, plus ou moins intéressans, selon la nature des avantures qui y sont récitées. Il y a plus : il en est d’un chant comme du poëme entier ; il peut intéresser davantage une nation qu’une autre, dans un tems que dans un autre, une personne qu’une autre. Il y auroit une grande faute dans la machine, ou construction, ou conduite du poëme, si l’on pouvoit prendre la fin d’un chant, quel qu’il fût, excepté le dernier, pour la fin du poëme ; & il y auroit eu un grand art de la part du Poëte, & il en fût résulté une grande perfection dans son poëme, s’il avoit sû le couper de maniere que la fin d’un chant laissât une sorte d’impatience de connoître la suite des choses, & d’en commencer un autre. Le Tasse me paroît avoir singulierement excellé dans cette partie. On peut interrompre la lecture d’Homere, de Virgile, & des autres Poëtes épiques, à la fin d’un livre ; le Tasse vous entraîne malgré que vous en ayiez, & l’on ne peut plus quitter son ouvrage quand on en a commencé la lecture. Il n’en faut pas inférer de-là que j’accorde au Tasse la prééminence sur les autres Poëtes épiques ; je dis seulement que par rapport à nous, il l’emporte du côté de la machine sur Homere & Virgile qui, au jugement des Grecs & des Romains, l’auroient peut-être emporté sur lui, si la colere d’Achille, l’établissement des restes de Troie en Italie, & la prise de Jérusalem par Godefroi de Bouillon, avoient pû être des évenemens chantés en même tems, & occasionner des poëmes jugés par les mêmes juges. Il me semble que les Italiens ont plus de droit que nous d’appeller les parties de leurs poëmes épiques, des chants, ces poëmes étant divisés chez eux par stances qui se chantent. Les Gondoliers de Venise chantent ou plûtôt psalmodient par cœur toute la Jérusalem délivrée, & l’on ne chante point parmi nous la Henriade ou le Lutrin, ni chez les Anglois le Paradis perdu. Il suit de ce qui précede, que les différens chants d’un poëme épique devroient être entr’eux, comme les actes d’un poëme dramatique ; & que, de même que l’intérêt doit croître dans le dramatique de scene en scene, d’acte en acte jusqu’à la catastrophe, il devroit aussi croître dans l’épique d’évenemens en évenemens, de chants en chants, jusqu’à la conclusion. Voyez Drame, Scene, Acte, Machine, Coupe, Poeme épique, &c.
* Chant, (Belles-Lettres.) se dit encore dans notre ancienne poésie, de plusieurs sortes de pieces de vers, les unes assujetties à certaines regles, les autres n’en ayant proprement aucune particuliere. Il y a le chant royal, le chant de Mai, le chant nuptial, le chant de joie, le chant pastoral, le chant de folie. Voyez, dans Clément Marot, des exemples de tous ces chants.
Le chant royal suit les mêmes regles que la ballade, la même mesure de vers, le même mêlange de rime, & le même nombre de stances, si toutefois il est déterminé dans la ballade ; il a aussi son vers de refrein & son envoi. Il ne differe, dit-on, de la ballade que par le sujet. Le sujet de la ballade est toûjours badin ; celui du chant royal est toûjours sérieux. Cependant il y a dans Marot même un chant royal dont le refrein est, de bander l’arc ne guérit point la plaie, qui fut donné par Francois I. & dont le sujet est de pure galanterie. Voyez Ballade. Le chant de Mai est aussi une ballade, mais dont le sujet est donné ; c’est le retour des charmes de la nature, des beaux jours & des plaisirs, avec le retour du mois de Mai. Selon que le poëte traite ce sujet d’une maniere grave ou badine, le chant de Mai est grave ou badin. Il y en a deux dans Marot, & tous les deux dans le genre grave. Le refrein n’est pas exactement le même à toutes les stances du premier ; il est dans une stance en précepte, & dans l’autre en défense : loüez le nom du Créateur ; n’en loüez nulle créature. Cette licence a lieu dans la ballade, sous quelque titre qu’elle soit. Le chant nuptial n’est qu’une épithalame en stances, où quelquefois les stances sont en ballade, dont le refrein est ou varié par quelque opposition agréable, ou le même à chaque stance. Le chant de joie est une ballade ordinaire sur quelque grand sujet d’allégresse, soit publique, soit particuliere. Le chant pastoral, une ballade dont les images & l’allégorie sont champêtres. Le chant de folie n’est qu’une petite piece satyrique en vers de dix syllabes, où l’on chante ironiquement le travers de quelqu’un.
Chant, (Medecine, Physiologie.) voyez Voix & Respiration ; (Pathologie & Hygiene) voyez Exercice.
Étymologie de « chant »
Picard, cant ; provenç. cant, can, chant ; espagn. et ital. canto ; du latin cantus, chant, de canere, chanter.
- (Nom 1) Du latin cantus (« chant (de l’homme, des oiseaux), son (des instruments), vers, poésie, hymne, prédiction, prophétie, enchantement, incantation »). Pour dire « chant », le latin utilise aussi le mot carmen qui a donné charme en français et l'on retrouve cette idée de magie du chant dans les mots incantation et enchanteur.
- (Nom 2) Du latin canthus, issu du gaulois *cantos.
Phonétique du mot « chant »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
chant | ʃɑ̃ |
Fréquence d'apparition du mot « chant » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « chant »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « chant »
-
Le langage de l'amant est son chant du cygne.
Jorge Gaitan Duran — Si demain je m'éveille -
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.
Alfred de Musset — Poésies, la Nuit de mai -
On pourra m'ôter cette vie, mais on n'éteindra pas mon chant.
Louis Aragon — Les Yeux d'Elsa, Cahiers du Rhône -
Les oiseaux ne laissent qu'un chant éphémère ; l'homme passe, mais sa renommée survit.
Proverbe chinois -
Il suffit de chanter un chant de paix avec gesticulations et grimaces pour qu'il devienne un chant de guerre.
Jean Giraudoux — La Guerre de Troie n'aura pas lieu -
Nous portons deux ou trois chants, que notre vie se passe à exprimer.
Marcel Arland — Antarès, Gallimard -
Je chante parce que l'orage n'est pas assez fort pour couvrir mon chant.
Louis Aragon — Les Yeux d'Elsa, Cahiers du Rhône -
Le chant et le silence mon beau pays de joie […].
Tristan Tzara — Terre sur terre, Les Trois Collines, Genève -
Le plus beau chant est celui qui contient le plus grand silence.
Marie Noël — Notes intimes -
Même parmi les insectes au chant, il en est d’habiles d’autres, non !
Kobayashi Issa
Images d'illustration du mot « chant »
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Traductions du mot « chant »
Langue | Traduction |
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Anglais | singing |
Espagnol | canto |
Italien | canto |
Allemand | lied |
Portugais | canto |
Synonymes de « chant »
Source : synonymes de chant sur lebonsynonyme.frCombien de points fait le mot chant au Scrabble ?
Nombre de points du mot chant au scrabble : 10 points