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Rude
Sommaire
- Définitions de « rude »
- Étymologie de « rude »
- Phonétique de « rude »
- Fréquence d'apparition du mot « rude » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « rude »
- Citations contenant le mot « rude »
- Images d'illustration du mot « rude »
- Traductions du mot « rude »
- Synonymes de « rude »
- Antonymes de « rude »
- Combien de points fait le mot rude au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Masculin et féminin | rude | rudes |
Définitions de « rude »
Trésor de la Langue Française informatisé
RUDE, adj.
Wiktionnaire
Nom commun - français
rude \Prononciation ?\ masculin
- (Mycologie) Synonyme de lactaire délicieux (espèce de champignons).
Adjectif - français
rude \ʁyd\ masculin et féminin identiques
-
Âpre au toucher ; brut ; dur.
- Le poil du mouflon, que l’on trouve en Asie, est plutôt rude et ressemble à celui de la chèvre ordinaire avec lequel on le confond souvent. Il est employé pour la confection des tapis et feutres grossiers, …. — (D. de Prat, Nouveau manuel complet de filature; 1re partie: Fibres animales & minérales, Encyclopédie Roret, 1914)
- Elle ne pleurait plus, sa voix était caressante, elle appuyait sur sa gorge blanche et délicate la grosse main rude de Javert, et elle le regardait en souriant. — (Victor Hugo, Les Misérables, I, 5, 13 ; 1862)
- Les sables sont les matières que l'on mélange le plus habituellement à la chaux pour former les mortiers ; ils doivent être rudes au toucher et crier quand on les serre dans la main. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 21)
-
Âpre au goût ; corsé.
- On but à larges goulées le vin rude qui vous râpait la gorge et chantait aux tempes ; à grandes bâfrées, on s'empifra de viandes. Oui, jamais ne fut plus joyeux réveillon. — (Yvonne Pagniez, Pêcheurs des côtes de France, Fernand Lanore, 1977, page 124)
-
Raboteux.
- Les chemins en ce pays-là sont fort rudes.
-
(Figuré) Pénible ; fatigant.
- Sa jeunesse se dépensait ainsi dans un travail rude et mal payé. — (Victor Hugo, Les Misérables, I, 2, 6 ; 1862)
- Manier du fer quand il y a de la glace entre les pavés, c'est rude. Ça vous use vite un homme. — (Victor Hugo, Les Misérables, I, 7, 10 ; 1862)
- On a marché depuis le point du jour, on est au soir d’une longue et rude journée ; on a fait le premier relais avec Mirabeau, le second avec Robespierre, le troisième avec Bonaparte; on est éreinté. Chacun demande un lit. — (Victor Hugo, Les Misérables, IV, 1, 1 ; 1862)
-
Violent ; impétueux.
- – Ah! monsieur le prêtre, vous n’aimez pas les crudités du vrai. Christ les aimait, lui. Il prenait une verge et il époussetait le temple. Son fouet plein d’éclairs était un rude diseur de vérités. — (Victor Hugo, Les Misérables, I, 1, 10 ; 1862)
- La roue du tilbury reçut un choc assez rude. Le courrier cria à cet homme d’arrêter, mais le voyageur n’écouta pas, et continua sa route au grand trot. — (Victor Hugo, Les Misérables, I, 7, 5 ; 1862)
- L’impression de cette première décharge fut glaçante. L’attaque était rude et de nature à faire songer les plus hardis. — (Victor Hugo, Les Misérables, IV, 14, 1 ; 1862)
- Tous les actes extérieurs de sa vie, son âpre ambition, sa rude soif de l'or, tout cela n'était qu'un moyen et non un but. — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
- Essuyer une rude tempête.
-
Difficile à supporter ; rigoureux.
- Il arriva qu'un hiver fut rude. Jean n’eut pas d’ouvrage. La famille n’eut pas de pain. — (Victor Hugo, Les Misérables, I, 2, 6 ; 1862)
- Il se rappelait ses anciens compagnons ; comme ils étaient misérables ; ils se levaient dès l’aube et travaillaient jusqu’à la nuit ; à peine leur laissait-on le sommeil ; ils couchaient sur des lits de camp, où l’on ne leur tolérait que des matelas de deux pouces d’épaisseur, dans des salles qui n’étaient chauffées qu’aux mois les plus rudes de l’année. — (Victor Hugo, Les Misérables, II, 8, 9 ; 1862)
- L'hiver 1953-1954 fut particulièrement rude. Des clochards moururent de froid, ainsi qu'un enfant dans une famille mal logée. — (Bertrand Marchand, Paris, histoire d'une ville XIXe-XXe siècle, Éditions du Seuil, 1993, p.279)
- Un rude hiver s’est abattu sur la campagne bourguignonne : les quelques arpents de vigne qui font vivre la famille ont gelé. — (Rosa Moussaoui, Zéphyrin Camélinat (1840-1932) Un long chemin, de la commune au communisme, dans L'Humanité, 7 septembre 2011)
- Les temps sont rudes se dit du temps où l’on a beaucoup à souffrir, surtout lorsqu’il y a peu de travail et beaucoup de misère.
- C’est un rude coup pour lui, cet événement est très fâcheux pour lui.
- Une rude épreuve, une situation difficile et pénible.
- Sa vertu fut mise à une rude épreuve, à de rudes épreuves.
- Une rude tentation, une tentation à laquelle il est difficile de ne pas succomber.
- Ce trait est un peu rude, se dit d’un propos ou d’un procédé difficile à supporter, à accepter.
-
(Familier) Difficile à croire.
- Cela me paraît rude.
-
Bah ! Tant pis ! Ce n’est pas ma faute. C'est l’affaire
Du bon Dieu. Ce sont là des accidents profonds.
Pourquoi donc a-t-il pris leur mère à ces chiffons ?
C’est gros comme le poing. Ces choses-là sont rudes.
Il faut pour les comprendre avoir fait ses études.
— (Victor Hugo, La Légende des siècles, Les Pauvres gens, X ; 1859)
-
Choquant, grossier, désagréable.
- Il avait son sac sur l’épaule, son bâton à la main, une expression rude, hardie, fatiguée et violente dans les yeux. Le feu de la cheminée l’éclairait. Il était hideux. — (Victor Hugo, Les Misérables, I, 2, 3 ; 1862)
- Tout à coup, la voix rude de la Thénardier la rappela à la réalité : – Comment, péronnelle, tu n’es pas partie ! — (Victor Hugo, Les Misérables, II, 3, 4 ; 1862)
- Un auteur qui a le style rude.
- Ces vers-là sont rudes.
- Ce peintre a le pinceau rude, il peint sans grâce.
- Ce coiffeur a la main rude, il ne rase pas légèrement.
- Ce cavalier a la main très rude, il mène durement son cheval.
- Des mœurs rudes, des mœurs d’une simplicité grossière.
-
Fâcheux, dur, sévère.
- Il lui était resté juste assez d’âpreté pour assaisonner sa bonté ; c’était un esprit rude et un cœur doux. — (Victor Hugo, Les Misérables, IV, 3, 4 ; 1862)
- Un maître qui est rude envers ses domestiques.
- Dire des paroles rudes à quelqu’un.
- Il a reçu un traitement très rude.
- Il est rude en affaires, se dit d’un homme qui traite avec dureté ceux qui ont affaire à lui.
-
Rigide, austère.
- La règle de ces religieux, de cet ordre est très rude.
-
(Familier) Redoutable.
- Vous avez là un rude adversaire.
- C’est un rude dialecticien.
- C’est un rude jouteur, c’est un homme avec lequel il ne fait pas bon se mesurer.
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
. Qui est âpre au toucher et dont la surface est inégale et dure. La toile grosse et neuve est extrêmement rude. La haire et le cilice sont rudes sur la peau. Avoir la peau rude. Avoir la barbe rude. Le grès est rude au toucher. Une brosse rude. Il se dit aussi de Ce qui est âpre au goût, au palais. Voilà du vin qui est rude. Il signifie encore Qui est raboteux. Les chemins en ce pays-là sont fort rudes. Il se dit figurément de Tout ce qui cause de la peine, de la fatigue. Il a entrepris une rude tâche. Le métier de tailleur de pierre est très rude. Nous avons eu une journée très rude.
RUDE signifie aussi Qui est violent, impétueux. Un rude assaut. Un rude choc. Une rude attaque. Une rude secousse. Essuyer une rude tempête. Il signifie encore Qui est difficile à supporter, rigoureux. Un temps rude. Une saison rude. Un froid extrêmement rude. L'hiver a été rude. Les temps sont rudes se dit des Temps où l'on a beaucoup à souffrir, surtout des temps où il y a peu de travail et beaucoup de misère. C'est un rude coup pour lui, Cet événement est très fâcheux pour lui. Une rude épreuve, Une situation difficile et pénible. Sa vertu fut mise à une rude épreuve, à de rudes épreuves. Une rude tentation, Une tentation à laquelle Il est difficile de ne pas succomber. Fam., Cela me paraît rude se dit d'une Chose difficile à croire. Fam., Ce trait est un peu rude se dit d'un Propos ou d'un procédé difficile à supporter, à accepter.
RUDE se dit encore de Diverses choses qui, par leur dureté, sont choquantes, désagréables à voir, à entendre, à lire, etc. Avoir le visage rude, l'air rude, les manières rudes. Avoir la voix rude, la prononciation rude. Un auteur qui a le style rude. Ces vers-là sont rudes. Ce peintre a le pinceau rude, Il peint d'une manière rude et sans grâce. Ce coiffeur a la main rude, Il ne rase pas légèrement. Ce cavalier a la main très rude, Il mène durement son cheval. Des murs rudes, Des murs d'une simplicité grossière.
RUDE signifie également Qui est fâcheux, dur, extrêmement sévère. Cet homme a l'humeur rude, l'esprit rude. Un maître qui est rude envers ses domestiques. Dire des paroles rudes à quelqu'un. Il a reçu un traitement très rude. Il est rude aux pauvres gens se dit d'un Homme qui traite avec dureté, avec hauteur ceux qui ont affaire à lui.
RUDE signifie aussi Qui est rigide, austère. La règle de ces religieux, de cet ordre est très rude. Il signifie encore, familièrement, Qui est redoutable. Vous avez là un rude adversaire. C'est un rude dialecticien. Fam., C'est un rude jouteur, C'est un homme avec lequel il ne fait pas bon se mesurer. On le dit au propre et au figuré.
Littré (1872-1877)
-
1Qui n'est pas dégrossi, qui est brut, inculte (sens propre et étymologique).
Vous avez ouï parler de cet amas rude et indigeste [le chaos] qui précéda la disposition et la beauté des choses que nous voyons
, Guez de Balzac, le Barbon.S'ils [les vers] n'étaient remplis d'une certaine beauté qui se fait sentir aux personnes même les plus rudes et les plus grossières
, Pellisson, Hist. Acad. IV, l'Estoile.D'esprit, j'en ai fort peu ; mais on l'aurait bien rude Si l'on ne profitait d'une longue habitude
, Hauteroche, Bourg. de qual. III, 8.Les chiens du Kamtschatka sont grossiers, rudes et demi-sauvages, comme leurs maîtres
, Buffon, Quadrup. t. VIII, p. 173.Des mœurs rudes, des mœurs d'une simplicité grossière.
-
2 Par extension du sens de non dégrossi. âpre au toucher. Avoir la barbe rude. Une brosse fort rude.
Qu'était-ce donc que son vêtement ? un rude cilice
, Bourdaloue, Exhort. sur sainte Thérèse, t. I, p. 300.Couvert de petites saillies ou aspérités nombreuses et sensibles au toucher. Avoir la peau rude.
Se dit des plantes qui présentent au tact une aspérité insensible à l'œil.
- 3âpre au goût. Vin rude.
-
4âpre et difficile, en parlant des chemins. Chemin rude.
Fig. Le rude sentier de la vertu.
Le juste, sévère à lui-même… ne peut pas même obtenir que le monde le laisse en repos dans ce sentier solitaire et rude, où il grimpe plutôt qu'il ne marche
, Bossuet, Reine d'Anglet. -
5Qui cause de la fatigue, de la peine. Un rude métier. Il a entrepris une rude tâche.
Notre sort est beaucoup plus rude Chez les grands que chez les petits
, Molière, Amph. I, 1.Brontin… Sort à l'instant, chargé d'une triple bouteille… L'odeur d'un jus si doux lui rend le faix moins rude
, Boileau, Lutr. II.Mais je ne trouve point de fatigue si rude Que l'ennuyeux loisir d'un mortel sans étude
, Boileau, Ép. X.Ce travail [le Siècle de Louis XIV] est rude ; il y a trois ans qu'il m'occupe et qu'il me tue, sans presque aucune diversion
, Voltaire, Lett. Caperonnier, 1er juin 1768.Qu'il y ait parmi nous un homme [Damiens] qui ait osé attenter à la vie de son souverain… qu'on l'ait condamné à être déchiré avec des ongles de fer… démembré par des chevaux ; qu'on lui ait lu cette sentence terrible, et qu'après l'avoir entendue, il ait dit froidement : la journée sera rude
, Diderot, Lett. à Mlle Voland, 15 oct. 1760.Ma chaise [voiture] était rude, et j'étais trop incommodé pour pouvoir marcher à grandes journées
, Rousseau, Conf. X.Presque en toutes choses les commencements sont rudes
, Rousseau, ib. III.Ce cheval est rude, il a le train rude, fatigant.
Ce barbier a la main rude, il ne rase pas légèrement.
Ce cavalier a la main bien rude, il mène durement son cheval.
-
6 Par extension, désagréable à voir, à entendre, à prononcer, etc. Avoir le visage, l'air, le regard, la voix rude.
…Sollicitude à mon oreille est rude
, Molière, F. sav. II, 7.La colère et la tristesse les rendent [les traits du visage] plus rudes, et leur donnent un air ou plus farouche ou plus sombre
, Bossuet, Connaiss. II, 12.Par ce sage écrivain [Malherbe] la langue réparée N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée
, Boileau, Art p. I.La raison quittant son ton rude Prendra le ton du sentiment
, Gresset, Chartr.Ce peintre a le pinceau rude, il peint d'une manière dure et sans grâce.
-
7Il se dit de la rigueur des saisons. Un froid rude.
Le rude hiver des années dernières acheva de la dépouiller de ce qui lui restait de superflu
, Bossuet, Ann. de Gonz.La Haie est un séjour délicieux l'été, et la liberté y rend les hivers moins rudes
, Voltaire, Lett. d'Argenson, 8 août 1743.Fig. Temps rudes, temps où le travail manque, et où la misère est grande.
-
8Où il y a effort violent, lutte violente.
Après avoir achevé le rude siége de Besançon
, Bossuet, Louis de Bourbon.Vous avez soutenu de rudes guerres, je l'avoue
, Fénelon, Dial. des morts anc. Dial. 29.Des richesses capables de fournir à toutes les dépenses d'une rude et longue guerre
, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 343, dans POUGENS.La mêlée fut rude d'abord, chaque parti faisant des efforts extraordinaires de bravoure pour soutenir l'honneur de sa nation
, Rollin, ib. t. VI, p. 413.Le combat fut rude et très opiniâtre
, Vertot, Rev. rom. XII, 215. -
9Impétueux, intense. Une rude secousse. Essuyer une rude tempête.
Vous soutenez en paix une si rude attaque
, Racine, Andr. IV, 2.Nous lui donnons quelquefois de rudes coups [au gouvernement anglais], mais nous ne le cassons pas
, Voltaire, Dial. XXIV, 15.Fig. Un coup rude, une chose qui cause beaucoup de peine.
Ce coup sera sans doute assez rude pour elle
, Corneille, Hor. IV, 3.Il se forme parmi les grandeurs une nouvelle sensibilité pour les déplaisirs, dont le coup est d'autant plus rude, qu'on est moins préparé à le soutenir
, Bossuet, Mar.-Thér.Fig. C'est un rude coup pour lui, cet événement est très fâcheux pour lui.
-
10 Fig. Qui cause du mal, de la souffrance.
Deux choses dont la privation m'est bien rude
, Sévigné, 297.Il y a des endroits dans la vie qui sont bien amers et bien rudes à passer
, Sévigné, à Bussy, 14 mai 1675.Qu'on ne dise donc plus que l'obéissance est rude ; au contraire, ce qui est rude, c'est d'être livré à soi-même et à ses désirs
, Bossuet, Sermons, Oblig. de l'état relig. 2.Chrétiens, ne murmurez pas si Madame a été choisie pour nous donner une telle instruction ; il n'y a rien ici de rude pour elle, puisque Dieu la sauve par le même coup qui vous instruit
, Bossuet, Duch. d'Orl.À la journée de Senef, le jeune duc… vient dans les plus rudes épreuves apprendre la guerre aux côtés du prince son père
, Bossuet, Louis de Bourbon.Quand on a assez d'élévation de génie et d'éloquence pour gouverner, il est bien rude de passer sa vie dans la dépendance d'un peuple capricieux
, Fénelon, Dial. des morts (Solon, Pisistrate).Je travaille depuis vingt ans à recouvrer cette estampe, et je désespère enfin d'y réussir ; cela est bien rude !
La Bruyère, XIII.Un écrit trop long est un impôt très rude qu'on met sur la patience du lecteur
, Voltaire, Pol. et lég. Lett à M. T***.Le doute en mon malheur est un tourment trop rude
, Voltaire, Œdipe, V, 2.Fig. Une rude épreuve, une situation difficile et délicate, ou dangereuse pour le maintien de l'amitié.
Vous mettez notre amitié à une épreuve trop rude
, Lesage, Diab. boit. 13. -
11 Familièrement. Il se dit de ce qui se fait vivement sentir.
J'arrivai, sur le soir, au village d'Ataquinès, avec un très rude appétit
, Lesage, Gil Bl. II, 7.Une rude tentation, une tentation à laquelle il est difficile de ne pas succomber. J'eus une rude tentation de le confondre en public.
Cela me paraît rude, se dit d'une chose difficile à croire.
Ce trait est un peu rude, ce propos, ce procédé est difficile à supporter, à dissimuler.
Serait-il possible que les bontés de M. le duc de Choiseul pour ma colonie m'eussent fait tort, et que je fusse à la fois ruiné et opprimé pour avoir fait du bien ? cela serait rude
, Voltaire, Lett. d'Argental, 11 oct. 1771.On commence aujourd'hui en ce sens à dire raide pour rude, tant par confusion que par besoin de varier les locutions.
-
12Dur, fâcheux, en parlant des personnes. Un père rude à ou envers ses enfants.
Au moins, Seigneur, pardonne à cette multitude, à ce peuple ignorant ; ne lui sois point si rude
, Garn. les Juives, IV.Je croyais avoir été trop rude de refuser ce portrait à Mme de Fontevrault
, Sévigné, 23 oct. 1675.La trouvant de jour en jour plus rude pour lui, par le chagrin qu'elle avait d'ailleurs
, La Fayette, Princesse de Montpensier, Œuv. t. II, p. 322, dans POUGENS.Non que tu sois pourtant de ces rudes esprits Qui regimbent toujours, quelque main qui les flatte
, Boileau, Ép. IX, à Seignelay.Vous savez, monsieur, que nous avions tous conseillé à Clarice d'affecter de paraître sévère et rude aux domestiques, en présence de M. Grichard, afin de gagner ses bonnes grâces
, Brueys, Grondeur, I, 12.C'est un rude homme que M. André, quand il a affaire à cette espèce méchante et sotte
, Voltaire, l'Homme aux 40 écus, Scélérat chassé.Las ! j'épousai bien jeune encor La liberté, dame un peu rude
, Béranger, Refus.Il est rude aux pauvres gens, à pauvres gens, se dit quand un homme prend avantage de sa supériorité pour maltraiter un inférieur.
Ah ! que tu es rude à pauvres gens ! fi ! que cela est malhonnête de refuser les personnes !
Molière, G. Dand. II, 1.Il se dit des choses en un sens analogue. Il reçut un traitement bien rude. Une rude réprimande.
Pour ne vous faire pas de réponse trop rude
, Corneille, Nicom. IV, 5.Elle [la reine] lui fit à lui-même, dès l'après-dînée, des reproches aussi rudes et aussi violents, que s'il lui avait fait toutes les perfidies imaginables
, Retz, Mém. t. II, liv. III, p. 479, dans POUGENS.Je ne sais comme vous avez pu imaginer qu'il fût honnête de refuser une telle chose [un cadeau du cardinal de Retz] ; ou je radote et ne sais plus vivre, ou c'eût été la plus rude et la moins respectueuse action que vous eussiez jamais pu faire
, Sévigné, à Mme de Grignan, 22 août 1675.…Ah ! qu'il m'explique un silence si rude
, Racine, Bér. II, 5. - 13Rigide, austère. La règle de cet ordre est bien rude.
-
14Redoutable. Un rude adversaire.
Le pays délivré d'un si rude ennemi
, Corneille, Cid, IV, 3.Il avait souvent dit à Mme de Senantes, en parlant de Matta, que c'était la plus rude épée de France
, Hamilton, Gramm. 4.C'est un rude joueur, une rude joueuse, se dit d'une personne qui ne sait pas jouer ou folâtrer sans faire du mal.
Fig. et familièrement. C'est un rude joueur, c'est un homme à qui il ne fait pas bon se jouer.
C'est un rude jouteur, c'est un homme avec qui il ne fait pas bon se mesurer, au propre et au figuré.
Ce n'est qu'un… essai [la traduction d'un livre de Tacite]… un si rude jouteur m'a bientôt lassé
, Rousseau, Trad. du 1er livre des Histoires, Avert.Populairement. Un rude lapin, un homme courageux, hardi.
- 15 S. f. Espèce de couleuvre.
HISTORIQUE
XIIIe s. Li rudes hom fet la rude œuvre ; Se rudes est, rudes est bues [le bœuf] ; Rudes est, s'a nom Rudebues ; Rustebues oevre durement
, Rutebeuf, 329.
XIVe s. Rudes, malgracieux jamais plus ne sera ; Il bat, il fiert, il rue les enfants de deça
, Guesclin. 118. Semblant doulx et courtois vers tous, Et, en cuer, faulx, rude et estous [arrogant]
, J. Bruyant, dans Ménagier, t. II, p. 26. Il avoit enseigné les letres aus gens de la terre qui erent [étaient] rudes et simples
, Bercheure, f° 9, verso. Oroison rude et mal composée
, Bercheure, f° 89.
XVe s. …Et ne soyons pas si rudes et si rebelles, que nous fassions perdre davantage, puisque bellement… nous pouvons venir à paix
, Froissart, II, III, 42. Posons encore que l'homme soit de rude entendement, si est-ce, comme dict le proverbe, que l'usage rend maistre
, Bouciq. IV, 10. Comment sont li noble si rude Qu'ilz ont la science en despit ? Dont ilz sont de venu petit
, Deschamps, Miroir de mariage, p. 110. Un soir, qu'il faisoit fort rude temps…
, Louis XI, Nouv. XI. Laquelle femme ne fu aucunement visitée… mais par gens rudes, ignorans, et non pas expers du mestier de cirurgerie
, Du Cange, ruditas.
XVIe s. Estant ainsi devenu de prince populaire tyran violent, il en fut estimé non seulement rude et rigoureux, mais, qui pis est, deloyal et ingrat
, Amyot, Pyrrh. 51. C'est une croppe de montagne rude et aspre de tous costez
, Amyot, Sylla, 38. C'a esté un zele desordonné de quelques rudes et idiots
, Calvin, Avertissement sur les reliques. Il en fera une rude vengeance
, Calvin, Instit. 66. Un rude tireur le floret au poing
, Montaigne, I, 164. Des nations assises soubs bien plus rude ciel que le nostre
, Montaigne, I, 259. À rude chien dur lien
, Cotgrave †
Encyclopédie, 1re édition (1751)
RUDE, adj. (Gram.) qui affecte le toucher d’une maniere inégale & raboteuse ; voilà une surface bien rude. Il a d’autres acceptions dont je vais donner quelques exemples. On dit d’un chemin qu’il est rude ; d’une saison qu’elle est rude ; d’une voix, du vin, des yeux, de la peau, qu’ils sont rudes. La journée sera rude, disoit froidement un monstre qui avoit commis le plus grand des forfaits, & qui étoit condamné aux plus terribles supplices. Le métier de la guerre est rude ; le choc fut rude ; il a de la rudesse dans le caractere ; il m’a tenu un propos très-rude ; sa versification est rude ; ce cheval a l’allure inégale & rude ; c’est un rude joûteur.
Étymologie de « rude »
Provenç. rude ; espagn. rudo ; it. rude ; du latin rudis.
- Du latin rudis.
Phonétique du mot « rude »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
rude | ryd |
Fréquence d'apparition du mot « rude » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « rude »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « rude »
-
La réponse est rude, mais elle est juste : la justesse paraît d'abord rudesse.
Abu Shakour — Les Premiers Poètes persans -
La vie n'est pas lisse ! Elle est pleine de bosses et de creux, rude et tourmentée ! la vie est faite de noeuds !
Marie Gagnier — Une île à la dérive -
[…] Ces choses-là sont rudes. Il faut pour les comprendre avoir fait ses études.
Victor Hugo — La Légende des siècles, les Pauvres Gens -
La main de Dieu nous paraît souvent rude parce qu'il traite ses amis débiles avec un gant de crin.
Pierre Reverdy — Le gant de crin -
Le whisky ! Rien n’est plus rude à avaler... Dans les pays civilisés, on boit du vin !
Charlie Chaplin — A King in New York -
Le père, le plus sévère dans ses réprimandes est rude en paroles, mais il est père dans ses actions.
Ménandre — Fragments -
L'hiver n'est point rude saison qui fait rester à la maison.
Proverbe français -
La politique est un rude maître qui expose à bien des avatars ; le peuple récompense si mal ceux qui se dévouent pour lui !
Charlotte Savary — Isabelle de Frêneuse -
L'obéissance est un métier bien rude.
Pierre Corneille — Nicomède -
On peut, à la rigueur, parvenir à la jouissance sans acquitter le prix d'un travail rude et pénible, mais non pas à la joie, cette "merveilleuse étincelle divine".
Konrad Lorenz — Les Huit péchés capitaux de notre civilisation
Images d'illustration du mot « rude »
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Traductions du mot « rude »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | rough |
Espagnol | áspero |
Italien | ruvido |
Allemand | rau |
Chinois | 粗 |
Arabe | الخام |
Portugais | rude |
Russe | грубый |
Japonais | 粗い |
Basque | zakarra |
Corse | aspra |
Synonymes de « rude »
- brutal
- véhément
- violent
- fruste
- brusque
- abrupt
- dur
- austère
- sévère
- revêche
- bourru
- farouche
- difficile
- inabordable
- grossier
- inculte
- rustique
- sauvage
- inégal
- rocailleux
- rêche
- raboteux
- rugueux
- âpre
- cruel
- rigoureux
- froid
- pénible
- laborieux
- éreintant
- courageux
- hardi
- fort
- remarquable
- drôle
- solide
- fameux
- autoritaire
- brut
- cassant
- désagréable
- enroué
- éprouvant
- faible
- guttural
- impérieuse
- marquant
- mémorable
- rare
- rauque
- sèche
- tranchant
- sacré
- pète-sec
Antonymes de « rude »
Combien de points fait le mot rude au Scrabble ?
Nombre de points du mot rude au scrabble : 5 points