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Brusque

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin brusque brusques

Définitions de « brusque »

Trésor de la Langue Française informatisé

BRUSQUE, adj.

I.− [En parlant d'une pers. ou d'un animal]
A.− [En parlant du comportement physique] Qui se manifeste dans un mouvement imprévu avec violence et rapidité. Geste brusque (Zola, Vérité,1902, p. 77):
1. Mais plus rien ne troublait la forêt et Guerriot repartit de nouveau à sa récolte, longeant le sentier accoutumé, où ses bonds brusques et impétueux semblaient casser des vitrages de verdure et favoriser l'espionnage du soleil qui se glissait aussitôt dans les failles ménagées par son complice. Pergaud, De Goupil à Margot,1910, p. 146.
B.− Péj. [En parlant du comportement en société] Rude, manquant de séduction, de raffinement. Manières brusques, ton brusque (Ac. 1835-1932) :
2. Je suis un peu brusque, me disoit-il [M. d'Albe] ce matin, et la bonté de mon cœur ne rassure pas toujours sur la rudesse de mes manières. MmeCottin, Claire d'Albe,1799, p. 95.
3. Ce soldat-philosophe et fleuriste met, je l'ai bien vu, de la coquetterie à être négligé dans ses vêtements et brusque dans ses discours. Delécluze, Journal,1825, p. 272.
P. ext. Dur, volontairement grossier. Faire une réponse brusque (Ac. 1798-1932, Rob.). [Le professeur] le renvoya avec une phrase brusque et cinglante (Lacretelle, Silbermann,1922, p. 55).
C.− [En parlant d'une pers. jugée sur son caractère et son esprit] Qui est sans détour et d'une grande franchise :
4. C'était un ennemi peu commode que Racine, et ce doucereux était passé maître dans l'épigramme. Comparé à Boileau brusque et franc, mais sans fiel, ... Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 467.
II.− [En parlant d'un inanimé, l'accent étant mis sur la soudaineté et la brièveté d'un élément de la nature (pente, détour, phénomène météorologique)] Brutal, inattendu. Une chaleur orageuse suivait ces brusques ondées (Camus, La Peste,1947, p. 1239):
5. Enfin, la route fit un brusque détour, et le régiment se trouva aux premières barrières des fortifications, qui, du côté de Paris, paraissent extrêmement basses et comme enterrées. Stendhal, Lucien Leuwen,t. 1, 1836, p. 57.
[Inanimé abstr.] Brutal, imprévisible :
6. Tout à coup, mon phénomène de chauffeur donna un brusque coup de volant. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 292.
III.− LITT., PEINT.
A.− Péj. Qui manque d'harmonie :
7. La bassesse excessive et paradoxale de la donnée, la vision très nette et un peu fiévreuse des détails infimes de la vie extérieure, un atroce sentiment de la platitude et de l'ennui de l'existence, un style brusque, inégal et violent, voilà ce qui frappe déjà dans Sac au dos et ce que vous retrouverez dans les autres romans de M. Huysmans. Lemaitre, Les Contemporains,1885, p. 313.
B.− En bonne part. Original, expressif, sans afféterie. Il [Tallemant] a le crayon rouge, heurté, brusque et expressif de nos vieux dessinateurs qui logeaient près des Halles. Il a le croquis parlant (Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 13, 1851-62, p. 186).
PRONONC. : [bʀysk].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1373 « aigre, âpre (du vin) » (Trad. de Pietro de Crescenzi. Quart livre des prouffitz champestres, 82 dans Quem.) − 1771, Trév.; 2. 1549 « vif, hardi (d'une pers.) » (Du Fail, Propos Rustiques, ch. 6, p. 44 dans Hug.); 1661 « id. (d'une répartie) » (Molière, Éc. des maris, I, 6 dans Littré). Empr. à l'ital. brusco « âpre » (EWFS2; REW3, no7460; Sain. Lang. Rab., t. 1, p. 151; DEI; Wind, p. 185; Vidos Tecn., p. 60; Cor., hyp. probable; FEW t. 1, p. 575b, 2ehyp.) attesté au sens 1 dans le syntagme vino [austero e] brusco dep. ca 1340 (Volgarizzamento di Palladio dans Batt.), au sens fig. 2 dep. le 1erquart du xives. (Dante, ibid.); cf. aussi infra brusquer3.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 932. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 485, b) 4 437; xxes. : a) 6 728, b) 4 777.
BBG. − Bruant 1901. − Bugge (S.). Étymol. rom. Romania. 1875, t. 4, p. 352. − Greive (A.). Zu Wortfamilie von lat. FŪSTIS/ FŪSTIGARE im Romanischen. In : [Mél. Meier (H.)]. München, 1971, pp. 167-168. − Hope 1971, p. 168. − Kohlm. 1901, p. 34. − Sar. 1920, p. 55. − Wind 1928, p. 185, 206, 207.

Wiktionnaire

Adjectif - français

brusque \bʁysk\ masculin et féminin identiques

  1. Qui agit par saccades violentes.
    • Il est fort brusque dans ses reparties.
    • Manières brusques. Ton brusque. Faire une réponse brusque.
  2. Qui est subit et inopiné.
    • Du dehors, à la clarté brutale de l'électricité, je pus apercevoir […] plusieurs individus se défaire, avec un geste brusque, de couteaux ou de revolvers. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • En lui-même, il souhaitait que Feempje déguerpît, car les colères brusques du Hollandais le faisait trembler pour ses vitres. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 39)
    • Néologisme anglo-saxon, l’urgenturie désigne une envie impérieuse et brusque d’uriner difficilement contrôlable et aboutissant le plus souvent à une perte d’urine. — (« L'incontinence urinaire par urgenturie : un besoin impérieux d’uriner », 30/09/14, Cours étudiants en soins infirmiers, sur le site infirmiers.com (www.infirmiers.com))
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BRUSQUE. adj. des deux genres
. Qui agit par saccades violentes. Il est fort brusque dans ses reparties. Manières brusques. Ton brusque. Faire une réponse brusque. Il signifie aussi Qui est subit et inopiné. Un changement brusque. Une démarche brusque. Une attaque brusque. Le dénouement de cette pièce est trop brusque.

Littré (1872-1877)

BRUSQUE (bru-sk') adj.
  • 1Qui a une rudesse mêlée de promptitude. Homme brusque. Ton brusque. Style brusque. Dans vos brusques chagrins je ne puis rien comprendre, Molière, Misanthrope, I, 1. Il a le repart brusque et l'accueil loup-garou, Molière, Éc. des maris, I, 6. On voit des gens brusques, inquiets, qui, bien qu'oisifs et sans aucune affaire qui les appelle ailleurs, vous expédient, pour ainsi dire, en peu de paroles et ne songent qu'à se dégager de vous, La Bruyère, 5.
  • 2Soudain, que rien ne prépare. Brusque départ. Prenant de brusques résolutions. Une brusque repartie. Une brusque attaque d'apoplexie. Quels sentiments contraires Par un brusque passage ont fait dans votre cœur à la sécurité succéder la terreur ? Lemercier, Bruneh. II, 1.

HISTORIQUE

XVIe s. Et, pincetant sur les chanterelles de son luth obeissant une mesure plus brusque, poursuivit en ces termes, Yver, p. 526. Celuy qui a esté attainct au vif et deschiré d'une remonstrance, si on le laisse ainsi tout brusque, enflé et esmeu de cholere, il est puis après difficile à remettre, Amyot, Comment disc. le flatteur de l'ami, 63. On cache dessoubs les couleurs brusques et mornes, et met-on au dessus les guayes et claires, Amyot, De la tranq. d'âme, 31. Petit vin, brusc, rude et aspre, Paré, XXV, 27. J'ay d'une ardante et brusque fantaisie, Dès la mammelle, aimé la poësie, Ronsard, 680. Il est très brave et vaillant et brusq ; jamais il ne refusa combat, Brantôme, J. A. Doria. Cingar tenoit un voulge [sorte d'arme] en main, et sur le cul avoit une large dague, faisant bien le brusc avec un grand pennache qui voltigeoit sur son bonnet, et ne regardant que de travers, Merlin Coccaïe, t. I, p. 175, dans LACURNE SAINTE-PALAYE. Ainsi que le diamant brusque [non poli], Pasquier, Rech. III, p. 259, dans LACURNE.

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Étymologie de « brusque »

De l’italien brusco (« âpre, aigre »), il a pris progressivement le sens de « vif, hardi » → voir brusc et brusquer.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Espagn. et portug. brusco, de mauvaise humeur, emporté ; ital. brusco, aigre, âpre. Le mot est italien et d'origine incertaine. Diez y voit l'ancien haut-allemand bruttisc, contracté en brutt'sc, sombre, colère. D'autres le rapportent au celtique : gaél. brisg ; kymri, brysg ; bas-bret. bresg, vif, prompt. Enfin on peut croire qu'il est d'origine latine et que, tenant à bruscolo, brin de paille, brusca, brosse, bruscia, épine, broussailles, il se rapporte à brusco (voy. BRUSC) ; le sens du radical serait piquant, d'où brusco, aigre, âpre.

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Phonétique du mot « brusque »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
brusque brysk

Fréquence d'apparition du mot « brusque » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « brusque »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « brusque »

  • Dans tout ce que la nature opère, elle ne fait rien brusquement.
    Jean-Baptiste de Monet, chevalier de Lamarck — Philosophie zoologique
  • Dans chaque existence humaine, il vient un jour, une heure, un bref instant où Dieu, tout à coup, daigne apparaître dans toute son évidence et nous tend brusquement la main.
    Roger Martin du Gard — Les Thibault
  • Les années ne passent pas chaque année mais tous les dix à quinze ans. Pendant une dizaine ou une quinzaine d'années, on a l'impression d'avoir le même âge ; puis brusquement on vieillit d'un seul coup.
    Ferdinando Camon — Libération - A quoi pensez-vous ?
  • Les femmes commencent par vous aimer ; puis, brusquement, sans motif, elles ne vous aiment plus. Et elles vous disent alors : Comme tu as changé !
    Anonyme
  • Ce qui est honteux, c'est de changer d'opinion pour son intérêt et que ce soit un écu ou un galon qui vous fasse brusquement passer du blanc au tricolore, et vice versa.
    Victor Hugo — Choses vues
  • A brusquer on s’expose, on offre, on se donne...
    Maryline Desbiolles
  • L'abeille brusque-t-elle le jasmin ?
    Proverbe persan
  • Nous appellerons émotion une chute brusque de la conscience dans le magique.
    Jean-Paul Sartre — Esquisse d’une théorie des émotions
  • Vouloir brusquement revoir son mari après une séparation de cinq ans, cela peut être une envie de femme enceinte.
    Sophie Arnould
  • La vieillesse arrive brusquement, comme la neige. Un matin au réveil, on s'aperçoit que tout est blanc.
    Jules Renard
Voir toutes les citations du mot « brusque » →

Traductions du mot « brusque »

Langue Traduction
Anglais sudden
Espagnol brusco
Italien brusco
Allemand abrupt
Portugais brusco
Source : Google Translate API

Synonymes de « brusque »

Source : synonymes de brusque sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « brusque »

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Brusque

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