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Obscurité

Variantes Singulier Pluriel
Féminin obscurité obscurités

Définitions de « obscurité »

Trésor de la Langue Française informatisé

OBSCURITÉ, subst. fém.

A. −
1. Absence de lumière; état de ce qui est obscur. Synon. ténèbres.Obscurité épaisse; l'obscurité de la forêt; s'habituer à l'obscurité. L'obscurité est vertigineuse. Il faut à l'homme de la clarté. Quiconque s'enfonce dans le contraire du jour se sent le coeur serré (Hugo,Misér.,t.1, 1862, p.468).Sous cette voûte d'arbres, l'obscurité était telle que la lisière de la route ne se voyait même pas (Verne,Île myst.,1874, p.555):
1. Comme dans les pièces ombragées par de hautes voûtes d'arbres, l'obscurité semblait glisser du plafond en volutes d'encre, couler d'instant en instant dans une eau dissolvante, laissant traîner au ras du sol, aux lames du parquet, au gravier encore clair des allées, une phosphorescence impalpable, autonome... Gracq,Beau tén.,1945, p.177.
SYNT. Obscurité complète, dense, envahissante, profonde, sinistre, totale; demi-obscurité; l'obscurité des bois, d'une chambre, de la nuit; au coeur, au milieu, au sein de l'obscurité; l'obscurité se fait, règne, redouble; (agir) à la faveur de l'obscurité; profiter de l'obscurité; se fondre dans l'obscurité; percer l'obscurité.
P. métaph. Seroit-il vrai, madame, (...) que vous vous soyez condamnée volontairement à ensevelir dans une éternelle obscurité ces attraits qui étonnent, ravissent l'ame...? (Cottin,Mathilde,t.1, 1805, p.104).
2. P. méton., PEINT. Caractère sombre, peu lumineux (d'une couleur, d'un objet). L'obscurité de ce costume ne laissait dans la lumière que les épaules, le cou, le visage (Lamart.,Raphaël,1849, p.250).Le fond [du tableau de Reynolds − Nelly O'Brien] se compose d'arbres (...) faisant ressortir par leur obscurité vigoureuse la tête presque blafarde de l'artiste (Gautier,Guide Louvre,1872, p.309).
Au plur. Parties sombres (dans un tableau, une gravure). Une chaleur rousse circule sous ses obscurités [de Rembrandt] et les rend transparentes (Gautier,Guide Louvre,1872p.125).
B. − Au fig.
1. Manque de clarté, d'intelligibilité (d'un fait, d'un discours, d'un ouvrage de l'esprit, d'une personne). Synon. ambiguïté, hermétisme; anton. limpidité.L'obscurité des lois, d'un poème, d'un texte; l'obscurité d'une affaire; l'obscurité d'un écrivain. Il fut encore reçu par le brodeur, qui, devant l'obscurité de ses explications, se décida à le faire monter de nouveau (Zola,Rêve,1888, p.93).Cette obscurité qu'on me reprocha durant quelques années, n'est nullement embarras de style, insuffisance de l'idée, c'est manque d'explications psychologiques (Barrès,Barbares,L'Examen des trois rom. idéol., 1892, p.10):
2. Le style de Mallarmé doit précisément son obscurité, parfois réelle, à l'absence quasi totale de clichés, de ces petites phrases ou locutions ou mots accouplés que tout le monde comprend dans un sens abstrait, c'est-à-dire unique. Gourmont,Esthét. lang. fr.,1899, p.304.
Au plur. Passages, points incompréhensibles (dans un écrit); actions, propos obscurs. Les obscurités d'un récit. J'appelle Quinet le vaticinateur: il a de la fougue et bien des obscurités, mais aussi des éclairs qui percent la nue (Sainte-Beuve,Pensées,1868, p.100).
2. Caractère d'une chose confuse, vague, qui ne se perçoit pas nettement, sur laquelle on manque de renseignements. Synon. incertitude.Obscurité de l'histoire, d'une situation, de l'avenir. Cet homme, si intelligent, si ingénieux, si profond, verrait peut-être clair dans l'obscurité de son propre malheur (Dumas père, Monte-Cristo,t.1, 1846, p.200).Bacon a donc puissamment contribué à débarrasser les sciences de l'obscurité dont les avait entourées le Moyen-Âge et à les pousser dans une voie nouvelle et lumineuse (Cl. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p.189):
3. ... dans ces vieux livres, si tout n'était pas vrai, du moins il n'y avait rien que le prêtre ne crût vrai. Or c'est pour l'historien qui cherche à percer l'obscurité de ces vieux temps, un puissant motif de confiance, que de savoir que, s'il a affaire à des erreurs, il n'a pas affaire à l'imposture. Fustel de Coul.,Cité antique,1864, p.217.
a) Au plur. Si la conjoncture internationale paraît, aujourd'hui encore, comporter maintes obscurités, notre pays entend s'employer à les éclaircir (De Gaulle,Mém. guerre,1959, p.632).
b) En partic. [En parlant de l'esprit hum.]
Absence de connaissances (dans tel ou tel domaine). L'âme de l'homme a trois qualités: la bonté, la passion, et l'obscurité. Le signe distinctif (...) de l'obscurité est l'ignorance (Ozanam,Philos. Dante,1838, p.214):
4. Le directeur était venu en personne m'attendre à Pont-à-Couleuvre, répétant combien il tenait à sa clientèle titrée, ce qui me fit craindre qu'il m'anoblît jusqu'à ce que j'eusse compris que, dans l'obscurité de sa mémoire grammaticale, titrée signifiait simplement attitrée. Proust,Sodome,1922, p.751.
Partie de l'être qui échappe à la connaissance rationnelle. L'une des seules positions philosophiques cohérentes, c'est (...) la révolte. Elle est un confrontement perpétuel de l'homme et de sa propre obscurité (Camus,Sisyphe,1942, p.77).
3. Condition d'une personne qui est inconnue, ignorée.
a) Absence de noblesse (quant à la naissance), condition sociale modeste. L'un de ces êtres est une femme pleine de passions, de volonté et d'ambition, malgré l'obscurité de son origine (Soulié,Mém. diable,t.2, 1837, p.115).Quoique plébéienne, Mademoiselle Levrault est vraiment jolie. En faveur de son frais visage, vous lui pardonnerez sans peine l'obscurité de sa naissance (Sandeau,Sacs,1851, p.4).
b) Absence de renommée, de gloire. Cette femme née pour être célèbre, maintenue dans l'obscurité par de fatales circonstances (Balzac,Illus. perdues,1837, p.39).Si cela n'avait dépendu que d'eux [des peintres officiels], sans aucun doute Manet et ses amis seraient morts dans une totale obscurité, (...) bannis des Salons et des Musées (Mauclair,Maîtres impressionn.,1923, p.158).
Prononc. et Orth.: [ɔpskyʀite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1119 obscurtez «absence de lumière» (Philippe de Thaon, Comput, 1895 ds T.-L.); 2. ca 1265 oscurté «défaut de clarté (dans les paroles)» (Brunet Latin, Trésor, éd. J. Carmody, III, XXXXIII, p.355); 1305 obscurité «état de ce qui est peu intelligible» (ap. Giry, Hist. de Saint-Omer, 446 ds Delb. Notes mss); 3. 1657-62 plur. «passages difficiles d'un texte» (Pascal, Pensées, éd. Brunschvicg, Section VIII, XIV, 22); 4. 1751 «défaut de civilisation» (D'Alembert, Discours prélim. de l'encyclop., p.117); 5. 1640 «condition de celui qui est inconnu» (Corneille, Horace, II, 3); 1670 «bassesse de l'origine sociale» (Racine, Bérénice, I, 5). Empr. au lat. obscuritas «obscurité, affaiblissement (de la vue); manque de clarté; condition obscure; obscurité (de la naissance)». Fréq. abs. littér.: 2890. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4001, b) 4802; xxes.: a) 4106, b) 3833.

Wiktionnaire

Nom commun - français

obscurité \ɔp.sky.ʁi.te\ féminin

  1. Absence partielle ou totale de lumière.
    • Au milieu de l’insondable obscurité, dont s’enveloppe le Kara-Koum, j’éprouve l’impression que donne l’immensité nocturne de la mer autour d’un navire. — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre VII, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)
    • Le dirigeable commençait à se livrer à des exploits de jiu-jitsu atmosphérique, et Bert se trouva balloté dans une obscurité pluvieuse où il ne distinguait autre chose qu'un brouillard qui se déversait tout autour de lui. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910)
    • J'ai à peine terminé que l'obscurité arrive avec une pluie torrentielle. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Le bateau s'enfonce dans l’obscurité. Le projecteur fixé au-dessus du chalut éclaire les eaux vertes et écumantes qu'accompagne le cortège des mouettes. — (Jacky Durand, La nuit où le hareng sort, dans Libération (journal) du 29 novembre 2010, p.30-31)
  2. (Figuré) Défaut de clarté dans les idées, dans les expressions.
    • L'obscurité du commentaire fut loin de lui nuire, et peut-être à cause de cette obscurité même il fut révéré à l'égal des figures qu'il accompagnait. — (Jean-Jacques Ampère, La Chine et les travaux d'Abel Rémusat, Revue des Deux Mondes, 1832, tome 8)
    • Le quiétisme, tant accusé d’obscurité, n'avait été que trop clair. Il érigeait en système et posait avec franchise comme suprême perfection l'état d'immobilité et d'impuissance où l'âme parvient à la longue quand elle abdique son activité. — (Jules Michelet, Du prêtre, de la femme, de la famille, 3e éd., Hachette & Paulin, 1845, p.178)
    • Tout le monde se plaint de ce que les discussions relatives au socialisme soient généralement fort obscures ; cette obscurité tient, pour une grande partie, à ce que les écrivains socialistes actuels emploient une terminologie qui ne correspond plus généralement à leurs idées. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence Chap.I, Lutte de classe et violence, 1908)
  3. (Au pluriel) Passages difficiles à comprendre ; points douteux.
    • Certes, Libavius (1560-1616), dans son célèbre Alchemia de 1597, s'applique à traiter clairement et méthodiquement d'une science qu'il juge embarrassée d’obscurités inutiles et use ainsi de la taxinomie arborescente du logicien Pierre La Ramée (1515-1572) pour organiser la matière de son ouvrage. — (Frank Greiner, Les métamorphoses d'Hermès, Champion, 2000, page 249)
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
  4. (Figuré) Situation médiocre, sans éclat.
    • Sa famille était pauvre et obscure, mais son mérite, secondé d'un travail opiniâtre, répara la faute du sort. Reçu docteur en théologie à Paris, il s'acquit par ses sermons et ses conférences une grande réputation. S.-Louis voulut l'entendre, et conçut pour lui la plus haute estime. Il le fit son chapelain, puis son confesseur; et il l'admettait à sa table.
      Robert, dans une situation si brillante, n'oublia point sa première obscurité, ni les peines qu'il avait éprouvées pendant le cours de ses études.
      — (Jean-Baptiste-Joseph Boulliot, Biographie ardennaise ou Histoire des Ardennais qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs vertus et leurs erreurs, Paris, 1830, vol. 2, p. 381)
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
  5. (Figuré) Absence de connaissance qu’on a des choses ; ignorance.
    • L’obscurité qui couvre l'ancienne histoire des Celtes, n'a rien de surprenant , les tems où cette histoire se cache étant si fort éloignés de notre âge, et même de celui des anciens Romains. Nous ne trouvons rien, soit dans nos mœurs et dans nos usages, soit dans le témoignage des auteurs latins, qui puisse fixer nos doutes sur ce qui regarde ces peuples. — (Agricol-Joseph Fortia d'Urban, Tableau historique et géographique du monde, depuis son origine jusqu'au siècle d'Alexandre, n° 9 : Tableau de la Celtique ou gaule transalpine, Paris : chez Déterville, chez F. Schoell & chez Petit, a Avignon : chez Séguin frères, 1810, vol. 1, p. 10)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

OBSCURITÉ. n. f.
Absence partielle ou totale de lumière. Profonde obscurité. L'obscurité de la nuit, du temps, d'un bois, d'une cave, d'une chambre. À travers l'obscurité. À la faveur de l'obscurité. Les yeux du chat brillent dans l'obscurité. Percer, dissiper l'obscurité. Fig., L'obscurité des temps, l'obscurité de l'avenir, Le peu de connaissance qu'on a des temps éloignés, l'ignorance où l'on est de l'avenir.

OBSCURITÉ signifie au figuré Défaut de clarté dans les idées, dans les expressions. Au pluriel, il désigne souvent des Passages difficiles à comprendre, des points douteux. Cet auteur affecte l'obscurité. L'obscurité des oracles. Ce récit est plein d'obscurités. Il signifie encore, figurément, Situation médiocre, sans éclat. Il n'a point voulu s'élever, il est demeuré dans l'obscurité. Il aime à vivre dans l'obscurité. Il est sorti de son obscurité. Il est rentré dans son obscurité. L'obscurité de sa naissance, de sa famille, de son état, de sa condition.

Littré (1872-1877)

OBSCURITÉ (ob-sku-ri-té) s. f.
  • 1État de ce qui est privé de lumière. Percer, chasser, dissiper l'obscurité. Une grande obscurité couvrait toute la ville, Voiture, Lett. 10. …Elle s'est quelque temps égarée Dans ces bois qui du camp semblent cacher l'entrée ; à peine nous avons, dans leur obscurité, Retrouvé le chemin que nous avions quitté, Racine, Iph. I, 4.

    L'obscurité, la nuit. Dès que l'obscurité régnera dans la ville, Molière, Dép. am. V, 1.

    Fig. Malgré l'obscurité de son illusion, J'espère démêler cette confusion, Corneille, Héracl. IV, 5.

  • 2 Fig. Ce qui est comparé, dans les choses intellectuelles ou morales, aux ténèbres physiques ; état de ce qui est caché, voilé, inconnu. Dans cette obscurité tout me devient suspect, Corneille, Tois. d'or, V, 2. De quoi sert une longue et subtile dispute Sur des obscurités où l'esprit est déçu ? Corneille, Imit. I, 3. Messieurs, ces traits [écriture d'une lettre] pour vous n'ont point d'obscurité, Molière, Mis. V, 4. Je regarde de toutes parts, et ne vois partout qu'obscurité ; la nature ne m'offre rien qui ne soit matière de doute et d'inquiétude, Pascal, Pens. XII, 2, édit. HAVET. Sans l'Écriture, qui n'a que Jésus-Christ pour objet, nous ne connaissons rien, et ne voyons qu'obscurité et confusion dans la nature de Dieu et dans la propre nature, Pascal, ib. XXII, 8. Ce sont les clartés qui méritent, quand elles sont divines, qu'on révère les obscurités, Pascal, ib. XVI, 1. Il n'est pas juste de prendre ses obscurités [de Mahomet] pour des mystères, vu que ses clartés sont ridicules ; il n'en est pas de même de l'Écriture : je veux qu'il y ait des obscurités qui soient aussi bizarres que celles de Mahomet ; mais il y a des clartés admirables, et des prophéties manifestes accomplies, Pascal, ib. XIX, 9. Il y a assez de clarté pour éclairer les élus, et assez d'obscurité pour les humilier ; il y a assez d'obscurité pour aveugler les réprouvés, et assez de clarté pour les condamner et pour les rendre inexcusables, Pascal, ib. XX, 1. Je vous vois dans une pleine solitude… je trouve qu'il est commode de connaître les lieux où sont les gens à qui l'on pense toujours : ne savoir où les prendre fait une obscurité qui blesse l'imagination, Sévigné, 3 juill. 1675. Le ministre [Mazarin], au milieu de tant de conseils que l'obscurité des affaires et l'incertitude des événements et les différents intérêts faisaient hasarder…, Bossuet, le Tellier. Des faits échappés laissent de l'obscurité dans l'histoire, Bossuet, Hist. II, 13. La profonde obscurité du cœur de l'homme, qui ne sait jamais ce qu'il voudra, qui souvent ne sait pas bien ce qu'il veut, et qui n'est pas moins caché ni moins trompeur à lui-même qu'aux autres, Bossuet, Anne de Gonz. Quel soudain rayon perçait la nue, et faisait comme s'évanouir en ce moment, avec toutes les ignorances des sens, les ténèbres mêmes, si je l'ose dire, et les saintes obscurités de la foi ? Bossuet, Louis de Bourbon. Elle passa tout d'un coup d'une profonde obscurité à une lumière manifeste ; les nuages de son esprit sont dissipés, Bossuet, Anne de Gonz. Il accompagnait de toutes les lumières de la raison la respectable obscurité de la foi, Fontenelle, Dodart. Laisse, laisse à jamais dans son obscurité Ce secret malheureux qui pèse à ta bonté, Voltaire, Mort de César, I, 4. Convenons plutôt que la conduite des hommes les plus sages et les plus vertueux présente quelquefois des obscurités impénétrables, Barthélemy, Anach. ch. 67.

    L'obscurité des temps, l'obscurité de l'avenir, le peu de connaissance que l'on a du temps passé ou du temps à venir. Ces rois antiques [d'Écosse], dont l'origine se cache si avant dans l'obscurité des premiers temps, Bossuet, Reine d'Anglet. Son illustre maison, dont l'origine s'est perdue dans les obscurités du temps, lui fournissait, depuis sept cents ans, de grands exemples, Fléchier, M. de Montausier.

  • 3 Fig. Défaut de lumières, de civilisation. Tout a des révolutions réglées, et l'obscurité se terminera par un nouveau siècle de lumières, D'Alembert, Disc. prélim. encycl. Œuv. t. I, p. 294, dans POUGENS.
  • 4 Fig. Défaut de clarté dans les idées, dans les expressions. Ô de ses derniers mots fatale obscurité, Corneille, Rodog. V, 4. [Montaigne] montrant que l'exclusion de toutes lois diminuerait plutôt le nombre des différends que cette multitude de lois qui ne sert qu'à l'augmenter, parce que les difficultés croissent à mesure qu'on les pèse, que les obscurités se multiplient par le commentaire…, Pascal, Entret. avec M. de Saci. Ce qui cause ordinairement l'obscurité du discours, c'est de vouloir toujours s'expliquer avec brièveté : il vaut mieux pécher par trop d'étendue que par trop peu, Rollin, Traité des Ét. IV, 2. Ô d'un oracle faux obscurité trompeuse, Voltaire, Œdipe, IV, 1. L'obscurité et la confusion des mots viennent de ce que nous leur donnons trop ou trop peu d'étendue, ou même de ce que nous nous en servons, sans leur avoir attaché d'idée, Condillac, Conn. hum. II, II, 2.

    Être dans l'obscurité, ne pas comprendre ; jeter dans l'obscurité, empêcher de comprendre. Je dois demeurer dans l'obscurité, Pascal, Prov. III. Ce terme me jeta dans l'obscurité, Pascal, ib. I.

    Jeter de l'obscurité dans l'esprit, empêcher de comprendre. Plus ils font d'efforts pour s'expliquer, plus ils jettent l'obscurité dans les esprits, Bossuet, Var. 12.

  • 5Il se dit des personnes dont la conduite ne s'explique pas. C'était un homme plein d'artifice et d'obscurité dans sa conduite, Voltaire, Charles XII, 2.
  • 6Privation de célébrité, d'éclat ; condition, sort obscur. Obscurité de la naissance, de la famille. L'obscurité vaut mieux que tant de renommée, Corneille, Hor. II, 3. Je puis bien aimer l'obscurité totale ; mais, si Dieu m'engage dans un état à demi obscur, ce peu d'obscurité qui y est me déplaît ; et, parce que je n'y vois pas le mérite d'une entière obscurité, il ne me plaît pas, Pascal, Pens. XXIV, 63 ter. Jésus-Christ dans une obscurité (selon ce que le monde appelle obscurité) telle, que les historiens, n'écrivant que les importantes choses des États, l'ont à peine aperçu, Pascal, ib. XVIII, 2. Il [Mardochée] me tira du sein de mon obscurité, Et, sur mes faibles mains fondant leur délivrance [des Juifs], Il me fit d'un empire accepter l'espérance, Racine, Esth. I, 1. Peut-on le voir sans penser, comme moi, Qu'en quelque obscurité que le sort l'eût fait naître, Le monde en le voyant eût reconnu son maître ? Racine, Bér. I, 5. Habdilla, tranquille sur le trône de Grenade, ne l'oublia pas ; mais Rasis préféra l'obscurité du séjour de Fez à celui de la cour d'Espagne, Diderot, Opin. des anc. philos. (Sarrasins). La ville tombe dès lors dans une obscurité que les troubles intérieurs et des invasions étrangères firent durer longtemps, Raynal, Hist. phil. III, 14.
  • 7 Terme de jeux. Jouer à l'obscurité, se dit, à l'hombre, lorsque, ayant les deux as noirs, on ne réserve qu'eux, en écartant le reste.

HISTORIQUE

XIIe s. Par les piliers s'en entrerent dedenz ; Il n'orent cierges ne chandeiles ardanz, L'uns avant l'autre ; l'oscurté i fu granz, la Prise d'Orenge, v. 1782. Nostre sires avalad les ciels et descendid, e desuz ses piez fud oscurted, Rois, p. 206.

XVe s. Les citoiens sont despourveus d'esperance et descoignoissans de seigneurie, par l'oscurté de ceste trouble nuée, Chartier, l'Espérance ou consolation des trois vertus. Vous qui tournez lumiere en obscurté, Et qui voulez du jour faire la nuit, Deschamps, Vie dissipée.

XVIe s. L'obscurité de la nuit, Amyot, Pyrrh. 32. Ausquels toute obscurité de paroles eust esté comme cachette pour couvrir leurs erreurs, Calvin, Inst. 72. Je souhaite le jour pendant l'obscurité, Et souhaite la nuit quand le soleil se leve, Desportes, Diverses amours, XXI, Complainte.

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Étymologie de « obscurité »

(Siècle à préciser) Du latin obscuritas.
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Lat. obscuritatem, de obscurus, obscur ; ital. oscurità. L'ancienne langue avait aussi oscuror (askeror, dans ST BERN. p. 526, avec le changement de o en a).

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Phonétique du mot « obscurité »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
obscurité ɔbskyrite

Fréquence d'apparition du mot « obscurité » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « obscurité »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « obscurité »

  • L'homme est ainsi fait : la lumière du soleil le laisse dans l'obscurité ; il ne discerne rien qu'à la lueur des feux qui consument, qui dévastent.
    Félicité de La Mennais — Lettre au comte de Senfft, 13 juillet 1830
  • L'homme doué sait se servir de son obscurité.
    Jacques de Voragine — La légende dorée
  • Puis il demanda à Odin de se couvrir l’œil gauche et de faire la même chose. Combien ? Deux. Très bien. Maintenant couvrez votre œil droit. Obscurité. Merde. Cet œil était irrécupérable. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois, dit Odin. Merci, docteur.
    Mark Schorr — L’œil était dans la bombe
  • […] Les vrais livres doivent être les enfants non du grand jour et de la causerie, mais de l'obscurité et du silence.
    Marcel Proust — À la recherche du temps perdu, le Temps retrouvé , Gallimard
  • Le vice, toujours sombre, aime l'obscurité.
    Nicolas Boileau — Epitre VIII
  • Les chats ont de la veine : l'obscurité ne les empêche pas de lire.
    Louis Scutenaire
  • Le veau ne perd pas sa mère même dans l'obscurité.
    Proverbe africain
  • Mieux vaut allumer une seule et minuscule chandelle que de maudire l'obscurité.
    Proverbe chinois
  • Celui qui a la diarrhée n’a pas peur de l’obscurité.
    Proverbe mongo
  • L'obscurité suspend tout. Il n'y a rien qui puisse, dans l'obscurité, devenir vrai.
    Alessandro Baricco — Océan Mer
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Traductions du mot « obscurité »

Langue Traduction
Anglais darkness
Espagnol oscuridad
Italien buio
Allemand dunkelheit
Chinois 黑暗
Arabe الظلام
Portugais trevas
Russe темнота
Japonais
Basque iluntasuna
Corse a bughjura
Source : Google Translate API

Antonymes de « obscurité »

Combien de points fait le mot obscurité au Scrabble ?

Nombre de points du mot obscurité au scrabble : 12 points

Obscurité

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