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Gloire

Variantes Singulier Pluriel
Féminin gloire gloires

Définitions de « gloire »

Trésor de la Langue Française informatisé

GLOIRE, subst. fém.

I.
A. − Célébrité éclatante due à des qualités ou des actions estimées d'un large public. Gloire durable, éclatante, immortelle, littéraire, militaire, naissante; gloire et honneur, amour de la gloire; heure, jour de gloire; être avide de gloire, être au sommet de la gloire, se couvrir de gloire. Le génie n'en veut qu'à la gloire, et la gloire ne jaillit que de l'opinion publique (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 33).C'est la recherche de la notoriété que je veux dire : réputation, gloire, toute publicité suivie d'avantages flatteurs (Barrès, Barbares,1888, p. 182) :
1. Saint-Sulpice doit son origine à un homme dont le nom n'est point arrivé à la grande célébrité; car la célébrité va rarement chercher ceux qui ont fait profession de fuir la gloire et dont la qualité dominante a été la modestie. Renan, Souv. enf.,1883, p. 200.
P. personnification [Avec une majuscule] Dégagé des liens terrestres et soutenu par la Vertu, le Génie parvient au séjour de la Gloire, son but suprême (Delacroix, Journal,1851, p. 440).Gloire distribuant des couronnes [titre d'une œuvre du peintre Paul Delaroche] (Bourget, Essais psychol.,1883, p. 152).
1. Locutions
a) Loc. verb. Faire la gloire de qqn. Contribuer à la célébrité de quelqu'un. Des essais qui eussent fait la gloire des plus grands hommes de l'antiquité (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 312).Les immenses godasses qui firent la gloire de Charlot (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 24).
b) Locution subst. Pour la gloire. Pour rien. Synon. pour des prunes (fam.).Nous nous faisons du tourment pour la gloire (La Varende, Homme aux gants,1943, p. 364).Travailler pour la gloire. Travailler de façon désintéressée, sans profit. (Ds Davau-Cohen 1972, Lar. Lang. fr.). Synon. travailler pour le roi de Prusse (fam.).
2. P. méton. Personne célèbre. Synon. célébrité.Un monument commémoratif des gloires de l'Empire (A. France, Bonnard,1881, p. 395).Il y avait eu des gloires médicales, les grands noms lui revenaient, Hippocrate, Ambroise Paré, et tant d'autres (Zola, Joie de vivre,1884, p. 842).Les hautes gloires de la science et des lettres françaises (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 192).
B. − Vieilli. [Avec une valeur atténuée, parfois iron.] Réputation qui s'attache aux mérites, aux actes particulièrement estimables. Synon. honneur.Impossible que je quitte mon sambayon; il y va de ma gloire et de votre entremets (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 411).
C. −
1. Ce qui assure le renom (vrai ou imaginaire) de quelqu'un; source, motif de célébrité. Ce vieux cliché qu'on nous sort tous les ans : la sculpture est la gloire de la France (Huysmans, Art mod.,1883, p. 97).
2. Ce qui rend une personne digne d'estime. Synon. mérite.Sa gloire est d'avoir formé en M. Le Hir un élève qui, héritier de son vaste savoir, y joignit la connaissance des travaux modernes (Renan, Souv. enf.,1883, p. 270).Une dizaine de critiques se disputèrent soudain la gloire d'avoir découvert son talent (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1627).
Loc. verb., vieilli. Faire gloire à qqn de qqc. Accorder à quelqu'un le mérite de quelque chose. Le patriotisme de l'ecclésiastique, son consentement à faire la guerre, sont des choses dont, très évidemment, les laïcs modernes lui font gloire (Benda, Trahis. clercs,1927, p. 269).
II.
A. − [Idée que l'on se fait de sa propre gloire] Personne ou chose dont on est fier, satisfaction d'amour-propre. Synon. fierté.Yann était son aîné, son préféré, sa gloire (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 314).
Loc. verb.
Mettre sa gloire à faire qqc. Mettre son point d'honneur à faire quelque chose. La tâche d'un écrivain est de concevoir les passions, puisqu'il met sa gloire à les exprimer (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 572).Un homme qui aurait dû mettre sa gloire à faire vite fortune (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 243).
Se faire, tirer gloire de qqc. Tirer une légitime fierté de quelque chose. J'ai été contre la guerre, et je m'en fais gloire (Renan, Drames philos.,1888, p. 574).
B. − Péj. Orgueil exagéré. Synon. suffisance, vanité.Fausse, sotte, vaine gloire; avoir trop de gloire pour faire qqc. La gloire le perdra (Ac. 1798-1878).
Par gloire. Par ostentation. Ce n'est pas par gloire qu'il a dit cela, qu'il a fait cela (Ac. 1932).
Loc. verb. Se faire gloire de qqc. Se prévaloir avec ostentation de quelque chose. Synon. se targuer, se vanter de qqc.Voilà comment les Simion firent une grande et belle cure qui aurait honoré bien des docteurs. Mais étant gens sans bruit, ils ne songèrent même pas à en tirer gloire (Pourrat, Gaspard,1922, p. 73) :
2. Le responsable désigné lui disait avoir recruté dix, vingt, cinquante partisans, il ne les voyait jamais, c'eût été contraire aux règles de sécurité, l'autre pouvait aussi bien les avoir inventés de toutes pièces, par vantardise ou pour toucher des subsides, étaient-ce bien eux qui avaient fait le sabotage dont leur chef revendiquait le mérite? Il arrivait que plusieurs organisations se fissent gloire d'un même succès. Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 179.
III.
A. − Grand éclat. Synon. prestige.Il [Xénophon] (...) diminue surtout la gloire de la victoire de Mantinée (Michelet, Journal,1820, p. 77).Rappelez-vous la formule finale du serment olympique : « ... pour l'honneur de notre pays et la gloire du sport » (J.-R. Bloch, Dest. S.,1931, p. 129).
En partic., littér., domaine moral.Rayonnement. Synon. allégresse.Les deux amoureux s'en allaient triomphants, dans leur gloire (Zola, Œuvre,1886, p. 164).
B. − P. ext. Éclat qui s'attache à l'être extérieur, beauté éclatante. Synon. lustre, magnificence, splendeur.Théodore de Banville célèbre (...) la gloire et la beauté des choses dans des rythmes magnifiques et joyeux (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 29).Catherine émergea du pyjama d'Alexis dans toute la gloire de ses seins ronds, de ses longues jambes lisses (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 172).
En partic. [P. réf. aux domaines relig. et B.-A. infra IV B] Grand rayonnement de lumière. La rive gauche, les îles, les édifices, se découpaient en une ligne noire, sur la gloire enflammée du couchant (Zola, Œuvre,1886, p. 109).Un large bras de lac où la gloire du couchant doré se reflète (Gide, Voy. Congo,1927, p. 838).V. aussi chair ex. 14.
Au plur., littér. Jeux de lumière. Il faisait une de ces belles matinées de printemps, alternées d'averses et de gloires ensoleillées (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 136).
C. − Sans gloire. Qui manque d'éclat; p. ext. qui est banal. Elle servait des viandes invariées dans des sauces sans gloire (Huysmans, Cathédr.,1898, p. 110).Des pauvres paroles sans gloire, mais du moins illuminées de charité (Bernanos, Imposture,1927, p. 515).J'aime ce quartier sans gloire et sans pittoresque (Arnoux, Rêv. policier amat.,1945, p. 238).
IV. − Emplois spéciaux
A. − RELIGION
1. Splendeur divine. Que la gloire de Dieu est immense (Claudel, Annonce,1948, IV, 2, p. 214).Tu célèbres la gloire de Dieu, tu chantes sa force et sa bonté (Aymé, Cléramb.,1950, I, 10, p. 65).Il n'y avait d'autre occupation raisonnable que de contempler à longueur de temps la gloire de Dieu (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 76) :
3. Je ne puis admettre, messieurs, que vous vous serviez, pour chanter la gloire de Dieu, d'un instrument qui a servi toute la semaine à faire danser des jeunes filles. Maupass., Contes et nouv., t. 2, Nos Angl., 1885, p. 55.
Locutions
a) Rendre gloire à Dieu. Célébrer la splendeur divine. Synon. glorifier.La providence l'avait amenée là pour rendre gloire à Dieu et faire punir le crime (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 164).
P. ext. Rendre gloire à (suivi d'un compl. désignant un inanimé abstr.).Exalter. Rendre gloire à la vérité (Ac.1932).
b) Gloire à Dieu. [Formule qui célèbre la splendeur divine] Gloire à Dieu qui a donné l'intelligence, l'amour, la force à ses enfants (Lamennais, Paroles croyant,1834, p. 129).Gloire au Très-Haut! Lui seul est éternel (Leconte de Lisle, Poèmes trag.,1886, p. 8).Mon Dieu, vous qui fîtes le ciel et la rosée (...). Gloire à vous dans le ciel et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté (A. France, Bonnard,1881, p. 485).
P. ext. Gloire à (suivi d'un compl. désignant une pers., un inanimé abstr.).[Formule d'hommage, d'admiration] Hommage, gloire et richesse à la vertu (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Rosier MmeHusson, 1887, p. 692).Gloire aux penseurs (Giraudoux, Simon,1926, p. 167).Gloire aux hommes de bonne volonté (Bernanos, Imposture, 1927, p. 395).
2. Élévation des élus à la splendeur divine, béatitude céleste. S'ils [le chamelier divin et le bon corroyeur, Aly, le saint d'Allah] vivent dans la gloire éternelle et sans voiles, Pour le monde orphelin ils sont morts tout entiers (Leconte de Lisle, Poèmes trag.,1886, p. 4).Thérèse propose à ses religieuses de gagner l'immortalité dans le ciel, la gloire éternelle, en accomplissant sur la terre des actions grandioses, des actions audacieuses et belles (Barrès, Cahiers, t. 12, 1919, p. 196) :
4. ... un ange vint lui expliquer cette vision de l'Assomption, qui devait être à la fois une faveur d'en haut pour la soutenir dans ses malheurs actuels, et un doux présage de la gloire que Dieu lui réservait, comme à Marie, si elle restait jusqu'à la fin fidèle et docile à sa volonté. Montalembert, Ste Elisabeth,1836, p. 174.
Séjour de gloire. Paradis. Il [Jésus] quittait la prison pour le séjour de gloire (Péguy, Myst. charité,1910, p. 71).
3. Rayonnement de lumière accompagnant les apparitions célestes. Je voyais le Christ à la droite de son père, rayonnant d'une gloire immortelle (Lamennais, Paroles croyant,1834, p. 275) :
5. ... une lumière surnaturelle entr'ouvrit les nuées : au milieu d'une gloire, on aperçut une femme céleste portant un enfant dans ses bras, et calmant les flots par un sourire. Chateaubr., Martyrs, t. 3, 1810, p. 120.
B. − BEAUX-ARTS
1. Auréole enveloppant le corps du Christ, dans certaines représentations artistiques. Christ en gloire. Tandis qu'éternelle et adorable profondeur améthyste Tourne à jamais la flamboyante gloire du Christ (Apollinaire, Alcools,1913, p. 40) :
6. Le Crucifix se dresse, ineffablement doux, Sur sa croix peinte en vert aux arêtes dorées, Et la gloire d'or sombre en langues échancrées Flue autour de la tête et des bras étendus... Verlaine, Œuvres compl., t. 2, Amour, 1888, p. 25.
a) P. ext. Auréole entourant la tête d'un personnage divin ou d'un saint. Synon. nimbe.Ces vierges byzantines que j'ai vues, avec leur gloire d'or (Quinet, All. et Ital.,1836, p. 30).Ces gloires munies de rayons, placées dans les églises, derrière l'occiput des Vierges (Huysmans, En mén.,1881, p. 59).
b) P. anal. Ce qui entoure la tête, la silhouette d'une sorte d'auréole. Synon. halo.Son visage le remplit [un voile blanc] de lumière, et la gaze dont elle semble se cacher lui fait une gloire qui l'illumine (Taine, Notes Paris,1867, p. 332).
2. Faisceaux de rayons divergents d'un triangle symbolisant la Trinité ou d'un ovale contenant la colombe du Saint-Esprit ou l'image d'un saint. La gloire du Bernin. On appelle gloire un amas de rayons dorés. Cet ornement, qui environne l'hostie consacrée dans un ostensoir, est une gloire (Stendhal, Prom. ds Rome, t. 1, 1829, p. 142).Brûlant comme une gloire de tabernacle (Zola, Rêve,1888, p. 53).À la manière du triangle doré des gloires dans une église de campagne (Jouhandeau, M. Godeau,1926, p. 186).
3. Représentation picturale d'un ciel peuplé d'anges et de saints. Peindre des gloires; une gloire du Tintoret, du Titien; la gloire du Val-de-Grâce. Au milieu du premier étage, le recouvrant presque en entier, démesurément grande, une gloire rayonnait, avec, au centre, la tête de saint Jean-Baptiste, portée par les anges (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 58) :
7. Le comble du luxe ecclésiastique était de suspendre sur le maître autel ces « gloires » qui explosent, projetant des rayons dorés parmi des nuages ronds, où volètent des têtes ailées de gros bébés. Hourticq, Hist. Art, Fr., 1914, p. 285.
C. − THÉÂTRE. Élément du décor théâtral consistant en une machine suspendue et entourée de nuages artificiels permettant d'évoquer les apparitions célestes. Descendre dans une gloire (Ac. 1835-1932). La chimère se dressa, ouvrit les ailes et lentement monta dans une gloire électrique (Péladan, Vice supr.,1884, p. 219) :
8. Le critique incisif et plein de verve qui passe tous les huit jours sa plume de fer à travers les gloires en carton du théâtre, les actrices en bois, et les pièces en patois... Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 118.
REM. 1.
Gloriette, subst. fém.,vx, rare. Gloire de peu d'importance. Nous ne savons pas si nos gloriettes ne sont pas des affaires de mode, et il n'y a rien de plus affreux que de se voir le revenant de sa propre gloire (Balzac, Corresp.,1835, p. 759).
2.
Gloriomanie, subst. fém.,péj. [Correspond à I B supra] Manie de la gloire. Je ne te gronde point dans cette lettre sur ta gloriomanie : c'est une maladie comme la fièvre jaune ou la pleurésie (J. de Maistre, Corresp.,1810, p. 500).V. gloriette ex. 1.
Prononc. et Orth. : [glwa:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 glorie « béatitude céleste » (Alexis, éd. Chr. Storey, 295); 1622 terme de peint. (R. François [E. Binet], Essay des merveilles de nature, p. 312); 2. 1130-40 « renommée, célébrité » (Wace, Conception Notre-Dame, éd. W.R. Ashford, 1053); 1639 « personne célèbre » (Rotr., Antig., II, 2 ds Littré); 3. fin xiies. vaine glorie « présomption, vanité » (Vie d'Edouard le Confesseur, 52 ds T.-L.); 4. ca 1160 « éclat, lustre, magnificence » (Eneas, 4645, ibid.). Empr. au lat.gloria « renom, réputation; désir de la gloire », spéc. « majesté, splendeur (de Dieu); béatitude éternelle (de Dieu et des élus); palme du martyre; honneur, glorification » en lat. chrétien. Fréq. abs. littér. : 8 987. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 19 823, b) 10 947; xxes. : a) 12 171, b) 8 117. Bbg. Barber (W.H.). Patriotisme and Gloire in Corneille's Horace. Mod. Lang. R. 1951, t. 46, pp. 368-378. - Bucklin (L.B.). Gloria. Nueva Revista de Filología Hispánica. 1954, t. 8, pp. 71-77. - Gougenheim (G.). La Relatinisation du vocab. fr. Annales de l'Univ. de Paris. 1959, pp. 8-10. - Joukovsky (F.). La Gloire ds la poésie fr. et néo-latine du 16es. Genève-Paris, 1969, 637 p. - Joukovsky-Micha (F.). La Notion de vaine gloire de Simund de Freine à Martin Le Franc. Romania. 1968, t. 89, pp. 1-30. - Kell (B.). Die Bedeutung des Wortes gloire bei der Plejade. Diss. Würzburg, 1947, 135 p. - Kuehn (E.). The Functioning ambivalence of la gloire in Bossuet's Oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre. Romance Notes. 1971, t. 12, pp. 377-380. - Lida de Malkiel (M.R.). L'Idée de gloire ds la tradition occ. Paris, 1968, 310 p. - Nadal (O.). Le Sentiment de l'amour ds l'œuvre de P. Corneille. Paris, 1948, pp. 299-315.

Wiktionnaire

Nom commun - ancien français

gloire \Prononciation ?\ féminin

  1. Gloire.

Nom commun - français

gloire \ɡlwaʁ\ féminin

  1. La renommée brillante, universelle et durable, l’éclat que les vertus, le mérite, les grandes qualités, les grandes actions ou les grandes œuvres attirent à quelqu’un.
    • Dire, publier quelque chose à la gloire de quelqu’un, dire, publier une chose qui lui fait honneur.
    • Rendre gloire à la vérité, rendre témoignage à la vérité.
    • Se faire gloire de quelque chose, s’en faire honneur, ou en tirer vanité.
    • Ce n’est pas par gloire qu’il a dit cela, qu’il a fait cela, ce n’est pas par ostentation.
    • La gloire du monde passe vite.
    • Ainsi passe la gloire du monde (sic transit gloria mundi)
    • Pourquoi restaurer les histoires vermoulues et poudreuses du moyen-âge, lorsque la chevalerie s’en est allée pour toujours, accompagnée des concerts de ses ménestrels, des enchantements de ses fées et de la gloire de ses preux ? — (Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1842)
    • Les gens de lettres, quand ils en reparlent, citent avec convoitise la somme qu’il a rapportée à son auteur. Le succès monétaire est la forme bourgeoise la plus élevée de la gloire, celle que prisent et que préfèrent les artistes et les écrivains modernes. — (Paul Lafargue, Sapho, paru dans Le Socialiste, 2 janvier 1886)
    • Quand je revins avec une gloire si chèrement payée, au prix de tant de fatigues et de sang, je la trouvai mariée à un petit seigneur gascon dont le nom ne fut jamais cité au-delà des limites de son mesquin domaine. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Il n’y a pas à dire, mais quand les dieux ou les destins, comme vous voudrez, ont décidé qu’ils vous feraient trébucher sur la route de la gloire ou de la fortune, il est inutile de regimber. — (Louis Pergaud, La Chute, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • L’anecdote est flatteuse pour la gloire de Raschi. Il ne lui manque que d’être vraie. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
  2. (Par extension) Personne dont les actions, les talents, les œuvres, etc., sont célèbres.
    • Plus de deux siècles plus tard, Constant Coquelin, ému par la déchéance de quelque ancienne gloire des tréteaux, crée une maison de retraite pour comédiens. — (Christophe Barbier, Dictionnaire amoureux du théâtre, Plon, 2015)
  3. (Plus rare) Chose unique et remarquable.
    • Mais à trente yards, à peu près à l’est de cet arbre se dressait la gloire de la vallée, l’arbre le plus magnifique, sans aucun doute, que j’aie vu de ma vie. — (Edgar Poe, Le cottage Landor, dans Histoires grotesques et sérieuses, traduction de Charles Baudelaire)
  4. (Religion) Hommage rendu à Dieu.
    • Rendre gloire à Dieu.
    • Toutes nos actions tendent à la plus grande gloire de Dieu.
  5. (Religion) Éclat ; splendeur.
    • Vous me l’aviez donné, vous me le reprenez :
      Gloire à vous ! J’oubliais beaucoup trop votre gloire
      Dans la langueur d’aimer mieux les trésors donnés
      Que le Munificent de toute cette histoire.
      — (Paul Verlaine, Lucien Létinois, dans Amour, 1888, Paris : Éd. Vanier, 1905)
  6. (Religion) Béatitude dont on jouit dans le paradis.
    • Ce martyre ne seroit-il pas plutôt un très grand honneur pour nous ? Et plût à Dieu que nous méritassions la gloire que vous nous donnez sans y penser! — (Pierre Bayle, « Avis aux Réfugiez sur leur prochain retour en France », 1690, dans les Œuvres diverses de Pierre Bayle, tome 2, La Haye : chez P. Husson, etc., 1725, p. 628)
    • Il faut songer qu’à cette époque il y avait en Afrique un assez grand nombre de montanistes qui exaltaient beaucoup la gloire du martyre et n’admettaient point que l’on eût le droit de fuir la persécution. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.VI, La moralité de la violence, 1908, p.258)
  7. (Peinture religieuse) Cercle de lumière, auréole qui se met autour de la tête des saints ou des personnes illustres par leurs vertus.
    1. (Peinture religieuse) Représentation du ciel ouvert, avec les personnes divines, les anges et les bienheureux.
      • Le lustre du vestibule, allumé derrière elle, lui faisait une gloire de volubilis en verre bleu et d’arceaux chromés. — (Colette, Le képi, Fayard, 1943 ; éd. Le Livre de Poche, 1968, p. 141.)
      • C’est là plus qu’une métaphore. Hippocrate fut représenté à l’époque byzantine comme un Christ en gloire tenant ouvert son livre des Aphorismes. — (Jacques Jouanna, Hippocrate, Fayard, 1992)
    2. (Sculpture religieuse) Assemblage de rayons divergents, entourés de nuages, et au centre desquels on figure ordinairement la trinité sous la forme d’un triangle.
      • On y voit : au-dessus du maître-autel, une gloire en bois peint et doré, rappelant le prodige dit : le Saint-Sacrement de miracle. — (Guide Diamant, Lille, Roubaix, Tourcoing, Champs de bataille, Éd. Hachette, 1921)
    3. (Théâtre) Machine suspendue et entourée de nuages, sur laquelle se placent les personnages surhumains qui doivent descendre du ciel ou y monter.
      • On fait descendre et monter les gloires au moyen de contrepoids.
      • (Figuré) La matinée était déjà très chaude : les cigales grésillaient éperdument, et une large buse rousse planait là-haut, au milieu d’une gloire dorée. — (Marcel Pagnol, Le temps des secrets, 1960, collection Le Livre de Poche, page 83)
  8. (Météorologie, Optique) Phénomène optique où l’on voit son ombre projetée sur un nuage et entourée d’un halo irisé.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GLOIRE. n. f.
La renommée brillante, universelle et durable, l'éclat que les vertus, le mérite, les grandes qualités, les grandes actions ou les grandes œuvres attirent à quelqu'un. Aimer la gloire. Chercher la gloire. Être avide de gloire. Acquérir de la gloire. L'amour de la gloire. Tous les genres de gloire. La gloire militaire. Gloire immortelle. La vraie gloire. La fausse gloire. Faire une ample moisson de gloire. Étendre bien loin, porter bien loin la gloire de son nom, de ses armes. Se couvrir de gloire. Être jaloux de sa gloire. Avoir soin de sa gloire. Ternir, obscurcir, souiller, flétrir la gloire de quelqu'un. Il s'efforce de rabaisser leur gloire. Il a toute la gloire de cette action. Il eut la gloire d'être le libérateur de son pays. Mettre sa gloire à telle ou telle chose. C'est une triste gloire que celle-là. Quelle gloire, d'accabler un si faible ennemi! La gloire du monde passe vite. Il se dit surtout au singulier, mais il s'emploie aussi au pluriel. Il aspire à toutes les gloires, À tous les genres de gloire. Être la gloire de son pays, de son siècle, etc., se dit d'une Personne dont les actions, les talents, les œuvres, etc., sont un sujet de gloire pour son pays, pour son siècle, etc. On dit aussi, au pluriel, Ce poète, ce savant est une des gloires de son pays. Dire, publier quelque chose à la gloire de quelqu'un, Dire, publier une chose qui lui fait honneur. Rendre gloire à la vérité, Rendre témoignage à la vérité. On dit quelquefois dans un sens analogue Rendre gloire à Dieu. Se faire gloire de quelque chose, S'en faire honneur, ou en tirer vanité. Ce n'est pas par gloire qu'il a dit cela, qu'il a fait cela, Ce n'est pas par ostentation. Il se dit aussi des Hommages qu'on rend à Dieu. La gloire n'appartient proprement qu'à Dieu seul. Il faut que toutes nos actions tendent à la gloire de Dieu, à la plus grande gloire de Dieu. Gloire soit à Dieu. Il ne cherche que la gloire de Dieu. Il se dit encore pour Éclat, splendeur. Le Fils de Dieu viendra dans sa gloire, dans la majesté de sa gloire. Il signifie aussi Béatitude dont on jouit dans le paradis. Les âmes qui jouissent de la gloire, de la gloire éternelle. La gloire que Dieu a préparée à ses élus. En termes de Peinture, il désigne un Cercle de lumière qui se met autour de la tête des saints ou des personnes illustres par leurs vertus (Voyez AURÉOLE). Il signifie encore Représentation du ciel ouvert, avec les personnes divines, les anges et les bienheureux. Une gloire du Titien, du Tintoret. La gloire du Val-de-Grâce. Il se dit pareillement, en termes de Sculpture, d'un Assemblage de rayons divergents, entourés de nuages, et au centre desquels on figure ordinairement la Trinité sous la forme d'un triangle. Il se dit encore, en termes de Théâtre, d'une Machine suspendue et entourée de nuages, sur laquelle se placent les personnages surhumains qui doivent descendre du ciel ou y monter. On fait descendre et monter les gloires au moyen de contrepoids. Descendre dans une gloire.

Littré (1872-1877)

GLOIRE (gloi-r') s. f.
  • 1Célébrité grande et honorable, en parlant des personnes. S'il n'y avait pas de gloire, je n'aurais pas d'éloquence, Guez de Balzac, 7e lett. 4e liv. Dans les murs, hors des murs, tout parle de sa gloire, Corneille, Hor. V, 3. Joignons à la douceur de venger nos parents La gloire qu'on remporte à punir les tyrans, Corneille, Cinna, I, 2. La gloire est plus solide après la calomnie, Et brille d'autant mieux qu'elle s'en vit ternie, Corneille, Nicom. IV, 1. Un héros arrêté n'a que deux bras à lui, Et souvent trop de gloire est un débile appui, Corneille, Suréna, IV, 1. Avec un peu de peine on achète la gloire, Rotrou, Vencesl. II, 3. Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire, La Fontaine, Fabl. X, 14. Les travaux de la guerre où ils faisaient leur gloire, Bossuet, Hist. I, 8. Quand les princes, négligeant de connaître leurs affaires et leurs armées, ne travaillent qu'à la chasse, comme disait cet historien, et n'ont de gloire que pour le luxe ni d'esprit que pour inventer des plaisirs, Bossuet, Reine d'Angl. Louis, qui, assuré de sa gloire, dont la sagesse de ses conseils et la droiture de ses intentions lui répondent toujours malgré l'incertitude des événements…, Bossuet, ib. Que d'années elle [la mort] va ravir à cette jeunesse ! que de joie elle enlève à cette fortune ! que de gloire elle ôte à ce mérite ! Bossuet, Duch. d'Orl. Ne puis-je pas dire, messieurs, pour me servir des paroles fortes du plus grave des historiens, qu'elle allait être précipitée dans la gloire ? Bossuet, ib. On ne l'eût point vue s'attirer la gloire avec une ardeur inquiète et précipitée ; elle l'eût attendue sans impatience, comme sûre de la posséder, Bossuet, ib. La grandeur et la gloire ? pouvons-nous encore entendre ces noms dans ce triomphe de la mort ? non, messieurs, je ne puis plus soutenir ces grandes paroles par lesquelles l'arrogance humaine tâche de s'étourdir elle-même, pour ne pas apercevoir son néant, Bossuet, ib. Je me suis arraché moi-même aux douceurs de la gloire humaine, peu capables de me soutenir, pour donner à mon esprit une nourriture plus solide, Bossuet, Marie-Thér. Toujours vive pour ce grand prince [Louis XIV], toujours jalouse de sa gloire, uniquement attachée aux intérêts de son État, infatigable dans les voyages, et heureuse pourvu qu'elle fût en sa compagnie, Bossuet, ib. Le jeune prince fléchit le genou, et dans le champ de bataille il rend au dieu des armées la gloire qu'il lui envoyait, Bossuet, Louis de Bourbon. Qu'il est beau après les combats et le tumulte des armes de savoir encore goûter ces vertus paisibles et cette gloire tranquille qu'on n'a point à partager avec le soldat, non plus qu'avec la fortune ! Bossuet, ib. Au plus haut point de sa gloire, sa joie [de Mazarin] est troublée par la triste apparition de la mort, Bossuet, le Tellier. Je n'attendais pas moins de cet amour de gloire Qui partout après vous attacha la victoire, Racine, Bérén. II, 2. Ma gloire inexorable à toute heure me suit, Racine, ib. V, 6. Il vit chargé de gloire, accablé de douleurs, Racine, Mithr. V, 4. La gloire des méchants en un moment s'éteint, Racine, Esth. II, 9. Ô Pisistrate, la gloire est belle ; heureux ceux qui la savent trouver, mais qu'il est pernicieux de la vouloir trouver où elle n'est pas ! Fénelon, Dial. des morts, XI, Solon, Pisist. Il faut poser pour principe que la gloire ne peut jamais être séparée de la justice, Rollin, Traité des Ét. V, I, 6. La gloire est la réputation jointe à l'estime ; elle est au comble quand l'admiration s'y joint, Voltaire, Dict. phil. Gloire. Romains, j'aime la gloire, et ne veux point m'en taire ; Des travaux des humains c'est le digne salaire, Voltaire, Catilina, V, 2. Etes-vous digne enfin, seigneur, de votre gloire ? Voltaire, Orphel. V, 6. Le czar perdit près de dix mille hommes dans ces cinq combats où il eut la gloire de vaincre les Suédois, et Levenhaupt celle de disputer trois jours la victoire et de se retirer sans avoir été forcé dans son dernier retranchement, Voltaire, Charles XII, 4. La vraie gloire ne consiste ni à mourir ni à vivre, mais à bien faire l'un et l'autre, Diderot, Claude et Nér. I, 46. Dans l'âge où l'on a le plus de sentiment de ses forces, où l'on est le plus sûr d'obtenir de la gloire, où l'on est si tenté de la confondre avec le bonheur, Condorcet, Bertin. La gloire aux criminels ne sert point de refuge, Ducis, Othello, I, 6. La gloire veut qu'on ose où le péril est grand, Chénier M. J. Gracques, I, 4. En cherchant la gloire, j'ai toujours espéré qu'elle me ferait aimer ; à quoi servirait-elle, du moins aux femmes, sans cet espoir ? Staël, Corinne, IV, 3. Il était un roi d'Yvetot, Peu connu dans l'histoire, Se levant tard, se couchant tôt, Dormant fort bien sans gloire, Béranger, Roi d'Yvetot. Aux jeunes gens racontes-en l'histoire [des trois journées de juillet] ; Guide leur nef, instruis-les de l'écueil ; Et, de la France un jour font-ils l'orgueil, Va réchauffer ta vieillesse à leur gloire, Béranger, Adieu chansons. On était exalté par ce qu'il y a de mieux après la vertu, par la gloire, Ségur, Hist de Nap. VIII, 5. De quelle gloire nous serons comblés, et que dira le monde entier, quand il apprendra qu'en trois mois nous avons conquis les deux grandes capitales du nord ! [paroles de Napoléon à ses soldats pour les conduire de Moscou à St-Pétersbourg], Ségur, ib. VIII, 9. Ces simples soldats se dévouaient pour ne pas se manquer à eux-mêmes, par cet instinct qui veut du courage dans l'homme ; enfin par habitude et par amour de la gloire, mot bien éclatant pour une position si obscure ! car qu'est-ce que la gloire d'un tirailleur, qui n'est loué, blâmé ou regretté que par une escouade ; mais le cercle de chacun lui suffit, une petite association renferme autant de passions qu'une grande, Ségur, ib. IX, 13. Généreux favoris des filles de Mémoire, Deux sentiers différents devant vous vont s'ouvrir, L'un conduit au bonheur, l'autre mène à la gloire ; Mortels, il faut choisir, Lamartine, Méd. I, 14. Non loin des mêmes bords, plus tard il [le Tasse] vint mourir ; La gloire l'appelait, il arrive, il succombe ; La palme qui l'attend devant lui semble fuir, Et son laurier tardif n'ombrage que sa tombe, Lamartine, ib. I, 21. Mais le temps ? il n'est plus. -Mais la gloire ? qu'importe Cet écho d'un vain son qu'un siècle au siècle apporte, Ce nom, brillant jouet de la postérité ? Lamartine, ib. II, 5. Dans le stérile espoir d'une gloire incertaine, L'homme livre, en passant, au courant qui l'entraîne, Un nom de jour en jour dans sa course affaibli ; De ce brillant débris le flot du temps se joue ; De siècle en siècle il flotte, il avance, il échoue Dans les abîmes de l'oubli, Lamartine, ib. Gloire, honneur, liberté, ces mots que l'homme adore, Retentissaient pour toi [Napoléon], comme l'airain sonore Dont un stupide écho répète au loin le son, Lamartine, ib. II, 7. Non, la lyre aux tombeaux n'a jamais insulté ; La mort de tout temps fut l'asile de la gloire ; Rien ne doit jusqu'ici poursuivre une mémoire ; Rien… excepté la vérité, Lamartine, ib. II, 7. La gloire efface tout… tout excepté le crime, Lamartine, ib. Et je marche effaré des crimes de la gloire, Hugo, Contempl. V, 11.

    Dire, publier quelque chose à la gloire de quelqu'un, dire, publier quelque chose qui lui fait honneur, qui lui tourne à gloire. Il faut dire à sa gloire que…, Bossuet, Hist. III, 5.

    Il se dit au pluriel. Il aspire à toutes les gloires.

    C'est gloire de… il est glorieux de. C'est gloire de passer pour un cœur abattu Quand la brutalité fait la haute vertu, Corneille, Hor. IV, 4.

    Faire gloire, se faire gloire, se faire une gloire, tenir à gloire, mettre sa gloire à, se vanter d'une chose, en faire vanité. Les meilleurs soldats et les chefs les plus braves Mettaient toute leur gloire à devenir esclaves, Corneille, Cinna, I, 3. On m'appelle soldat, je fais gloire de l'être, Corneille, D. Sanche, I, 3. On me croit son disciple et je le tiens à gloire, Corneille, Nicom. II, 3. Vous n'avez qu'à parler, et ma main sur-le-champ fera gloire d'exécuter l'arrêt que vous prononcerez, Molière, Princ. d'Él. V, 2. On me laisse tout croire ; on fait gloire de tout, Molière, Mis. IV, 3. C'est où je mets aussi ma gloire la plus haute, Molière, Tart. II, 1. Faisant gloire de votre indocilité, Bourdaloue, Sur la fausse consc. 1er avent, p. 180. Ces dieux qui se sont fait une gloire cruelle De séduire le cœur d'une faible mortelle, Racine, Phèdre, II, 5. Peut-on de nos malheurs leur dérober l'histoire ? Tout l'univers les sait, vous-même en faites gloire, Racine, Athal. II, 7. Si les sciences n'inspirent aux Grecs que l'injustice, nous [Manduriens] nous ferons gloire d'être toujours ignorants et barbares, Fénelon, Tél. X.

    Titre honorifique qui a été donné aux rois mérovingiens. Votre Gloire.

  • 2Éclat digne de louange, en parlant des choses. Dites-moi qu'elle est chaste et qu'elle en a la gloire, Régnier, Élég. I. J'ai vu dans son malheur la gloire de sa mort, Corneille, Pomp. II, 2. Si vous trouvez des charmes à pousser plus avant la gloire de vos armes, Corneille, Nicom. II, 3. La gloire de son nom et de ses actions immortelles [du prince de Condé], Bossuet, le Tellier. Industrieux à se cacher dans les actions éclatantes, il en renvoyait la gloire au ministre [Mazarin], Bossuet, ib. Il [le prince de Condé en exil] aura du moins la gloire de n'avoir pas laissé avilir la grandeur de sa maison chez les étrangers, Bossuet, Louis de Bourbon. Cet attachement immuable à la religion de ses ancêtres faisait la gloire de sa maison, aussi bien que celle de toute la France, Bossuet, Reine d'Anglet. L'amour ne règle point le sort d'une princesse ; La gloire d'obéir est tout ce qu'on nous laisse, Racine, Andr. II, 2. Ah ! que sous de beaux noms cette gloire est cruelle [de vaincre ses passions] ! Combien mes tristes yeux la trouveraient plus belle, S'il ne fallait encor qu'affronter le trépas ! Racine, Bérén. II, 2. C'est notre patrie qui a la gloire d'avoir inventé la navigation, Fénelon, Tel. III.
  • 3Exploits glorieux. Je viens remercier et mon père et mon roi D'avoir eu la bonté de s'y servir de moi, D'avoir choisi mon bras pour une telle gloire, Et fait tomber sur moi l'honneur de sa victoire, Corneille, Nicom. II, 2.
  • 4Il se dit quelquefois, par exagération, dans le style poétique, pour considération, réputation. Éclate, mon amour, tu n'as plus rien à craindre ; Mon père est satisfait, cesse de te contraindre ; Un même coup a mis ma gloire en sûreté, Mon âme au désespoir, ma flamme en liberté, Corneille, Cid, V, 5. Pourquoi voulez-vous croire Que de ce cas fortuit dépende notre gloire ? Molière, École des f. IV, 8. Ma gloire vous serait moins chère que ma vie ! Racine, Iphig. V, 2. Alors, ne voyant que la gloire de la dame dont nous parlions, je répondis sur-le-champ…, Marivaux, Pays. parv. 7e part.

    Sentiment élevé et fier que la gloire inspire à celui qui la possède. La gloire, il est vrai, les défend [les grands] de quelques faiblesses ; mais la gloire les défend-elle de la gloire même ? Bossuet, Duch. d'Orl. Quel péril n'eût pas trouvé cette princesse dans sa propre gloire ? la gloire : qu'y a-t-il pour le chrétien de plus pernicieux et de plus mortel ? quel appas plus dangereux ? quelle fumée plus capable de faire tourner les meilleures têtes ? Bossuet, ib.

    En mauvaise part, vain orgueil (sens plus usité autrefois qu'aujourd'hui). La Rappinière… avait de la mauvaise gloire autant que barbier de la ville, Scarron, Rom. com. I, 4. Il croyait qu'il y avait de la gloire à votre fait, Sévigné, 215. Encore que les philosophes fussent des animaux de gloire, comme les appelle Tertullien, Bossuet, 2e panég. St Fr. de Paule, Préambule. Le bien public, l'ordre ou plutôt tous les différents établissements particuliers d'ordre que la société demande, toujours sacrifiés sans scrupule, et même violés par une mauvaise gloire, étaient pour lui des objets d'une passion vive et délicate, Fontenelle, des Billettes. Grand soif, bon appétit, et surtout point de gloire, C'est ma devise…, Destouches, Glor. II, 14. Il ne respecte rien, ne ménage personne, Et plus je le connais, plus sa gloire m'étonne, Destouches, ib. IV, 3. Si les hommes sont si glorieux, ce n'est pas à une dame aussi pieuse et aussi charitable que vous à approuver leur mauvaise gloire, Marivaux, Marianne, 6e part.

    Un point de gloire, un point sur lequel l'amour-propre met son orgueil. Mais faut-il nous brouiller pour un sot point de gloire ? - Oh ! le vin est tiré, monsieur, il le faut boire, Regnard, Joueur, III, 11.

    Vaine gloire, le sentiment trop avantageux de soi-même que la vanité inspire. La vaine gloire est cette petite ambition qui se contente des apparences, qui s'étale dans le grand faste et qui ne s'élève jamais aux grandes choses, Voltaire, Dict. phil. Gloire, § 1.

    Fausse gloire, fausse opinion de l'honneur, ambition déplacée. La fausse gloire tient souvent à la vaine, mais souvent elle porte à des excès ; et la vaine se renferme plus dans les petitesses ; un prince qui mettra son honneur à se venger, cherchera une gloire fausse plutôt qu'une gloire vaine, Voltaire, Dict. phil. Gloire, § 1.

  • 5Il se dit des personnes justement célèbres. Il fut la gloire de son siècle. Pour vous, ma chère sœur, sage et pieuse fille, Gloire du sang d'Œdipe, honneur de sa famille, Rotrou, Antig. II, 2. Nerva est le premier des bons et Trajan le premier des grands empereurs romains ; après lui il y en eut deux autres, les deux Antonins ; trois sur soixante-dix, tel est à Rome le bilan des gloires morales de l'empire, Ampère, Hist. rom. à Rome, Introd. p. LIII.
  • 6Éclat, splendeur. Je souhaitais qu'on vous vît dans votre gloire, au moins votre gloire de campagne, car celle d'Aix est encore plus grande, Sévigné, 582. Quand, après de si étranges humiliations, elle fut encore contrainte de paraître au monde, et d'étaler, pour ainsi dire, à la France même et au Louvre où elle était née avec tant de gloire, toute l'étendue de sa misère, Bossuet, Reine d'Anglet. La voilà, malgré ce grand cœur, cette princesse si admirée et si chérie ; la voilà telle que la mort nous l'a faite ; encore ce reste tel quel va-t-il disparaître, cette ombre de gloire va s'évanouir, et nous l'allons voir dépouillée même de cette triste décoration, Bossuet, Duch. d'Orl. Venez dans mon palais, vous y verrez ma gloire, Racine, Athal. II, 7. Vous voulez essayer ce bandeau sur mon front ? Ah ! princesse, gardez d'en profaner la gloire ! Du roi qui l'a porté respectez la mémoire, Racine, ib. IV, 1. Il vaudrait mieux que Troie fût encore dans toute sa gloire, Fénelon, Tél. X. Oui, c'est un Dieu caché que le Dieu qu'il faut croire ; Mais, tout caché qu'il est, pour révéler sa gloire, Quels témoins éclatants devant moi rassemblés ! Répondez, cieux et mers, et vous, terre, parlez, Racine L. Religion, I.
  • 7L'honneur, les hommages rendus à la divinité. Dieu est jaloux de sa gloire. Celui qui règne dans les cieux, à qui seul appartient la gloire, la majesté et l'indépendance, Bossuet, Reine d'Anglet. À Dieu ne plaise que nous apprenions par les oracles trompeurs la gloire du fils de Dieu, qui les a fait taire en naissant ! Bossuet, Hist. II, 12. Ô Dieu que la gloire couronne… Tu vois nos pressants dangers ; Donne à ton nom la victoire ; Ne souffre point que ta gloire Passe à des dieux étrangers, Racine, Esther, I, 5. On a osé dire : la gloire de Dieu, il travaille pour la gloire de Dieu ; Dieu a créé le monde pour sa gloire ; ce n'est pas que l'être suprême puisse avoir de la gloire ; mais les hommes, n'ayant point d'expression qui lui convienne, emploient pour lui celles dont ils sont le plus flattés, Voltaire, Dict. phil. Gloire.

    Pour la plus grande gloire de Dieu, sorte de formule pieuse qu'on emploie pour exprimer qu'on rapporte à Dieu la gloire de telle ou telle chose. Je prierai Dieu pour vous, et j'espère que tout se passera à sa plus grande gloire, Voltaire, l'Ingénu, 16.

    Rendre gloire à Dieu, lui rendre hommage, le confesser. Vous n'avez pas voulu rendre gloire à ma puissance et à ma sainteté devant Israël au sujet des eaux, Sacy, Bible, Nombres, XXVII, 14. Au Dieu que vous servez, princesse, rendez gloire, Racine, Athal. III, 4.

    Fig. Rendre gloire à la vérité, lui rendre un éclatant hommage, la confesser hautement. Si quelque orthodoxe ou hétérodoxe m'accusait d'avoir la moindre part à l'article Genève, je vous supplie instamment de rendre gloire à la vérité ; j'ai appris le dernier toute cette affaire, Voltaire, Lett. Vernes, 29 déc. 1757.

    Dans un sens analogue. Un petit nombre d'esprits frivoles ou licencieux, qui encore, au fond du cœur, rendent gloire à la vertu, Massillon, Carême, Resp. hum.

    À la gloire de la vérité, pour rendre à la vérité la gloire qui lui appartient. À la gloire de la vérité, montrons dans un prince admiré de tout l'univers, que ce qui fait les héros…, Bossuet, Louis de Bourbon.

  • 8Terme biblique. La splendeur dont Dieu s'environne quand il se manifeste. Le fils de Dieu viendra dans sa gloire, dans la majesté de sa gloire. Alors, tout le peuple jetant de grands cris et voulant les lapider [Josué et Caleb], la gloire du Seigneur parut à tous les enfants d'Israël sur le tabernacle de l'alliance, Sacy, Bible, Nomb. XIV, 40. Je vis paraître en ce même lieu la gloire du Dieu d'Israël selon la vision que j'avais eue dans le champ, Sacy, Ezéchiel, VIII, 4.

    Par extension, les riches palais, les meubles brillants, les vêtements magnifiques des princes. Salomon dans toute sa gloire.

    La gloire de Niquée, expression très usitée au XVIIe et au XVIIIe siècle pour dire une gloire immense, et qu'on croit ne devoir pas finir. Mme d'Heudicourt est dans la gloire de Niquée, elle y oublie qu'elle est prête d'accoucher, Sévigné. Mon imagination sera toujours pour vous cette gloire de Niquée où vous savez qu'on ne changeait point, Saint-Évremond, à Ninon de Lenclos. Vous voilà donc, mon cher enfant, dans votre gloire de Niquée, Voltaire, Lettre à d'Arnaud. Niquée est une des héroïnes d'Amadis de Gaule ; la fée Zirphée, sa tante, pour la soustraire à l'amour incestueux d'Anastarax, la plaça sur un trône étincelant, dans ses plus beaux habits, et, Anastarax se jetant à genoux sur une des marches du trône, elle les enchanta eux et leur cortége dans cette position, jusqu'à ce qu'une dame de grande beauté vint détourner Anastarax et qu'un illustre chevalier vint rompre le charme (Ces exemples et ces explications sur la gloire de Niquée sont empruntés à BOISSONADE, Morceaux de critique, t. II, p. 60).

  • 9La béatitude céleste. Il est dans le séjour de la gloire. La gloire des élus. Comme, dans la gloire éternelle, les fautes des saints pénitents, couvertes de ce qu'ils ont fait pour les réparer et de l'éclat infini de la divine miséricorde, ne paraissent plus, Bossuet, Louis de Bourbon.
  • 10 Terme de peinture. Cercle de lumière, qui se met autour de la tête des saints ou des personnes illustres par leurs vertus.

    Représentation du ciel ouvert avec les personnages divins, les anges, etc. Une gloire du Titien. Il a le visage tranquille et tourné vers une gloire qui éclaire l'angle supérieur gauche de la toile, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 78, dans POUGENS.

    Dans le langage soutenu, miracle qui présente dans le ciel le même aspect que la gloire dans la peinture. On ne vit point un dieu imaginaire lever la tête au-dessus des vagues et leur commander le silence ; mais une lumière surnaturelle entr'ouvrit les nuées ; au milieu d'une gloire on aperçut une femme céleste portant un enfant dans ses bras, et calmant les flots par un sourire, Chateaubriand, Mart. XIX.

    Terme de sculpture. Assemblage de rayons divergents au centre desquels apparaît un triangle, symbole de la Trinité.

  • 11Machine de théâtre entourée de rayons lumineux sur laquelle se placent les acteurs qui représentent des dieux, etc.
  • 12 Terme d'artificier. Soleil fixe, non tournant, d'une grandeur extraordinaire.

    Assemblage de fusées qui jettent leurs feux en rayons.

  • 13 Terme de zoologie. Gloire de mer, mollusque du genre cône.

SYNONYME

GLOIRE, HONNEUR. La gloire dit quelque chose de plus que l'honneur ; c'est une célébrité plus étendue et plus éclatante. Gloire, dans le sens de sentiment qu'inspire la gloire (acception plus usitée au XVIIe siècle qu'elle ne l'est aujourd'hui) confine à l'honneur signifiant aussi un sentiment qui nous oblige à nous honorer nous-mêmes ; mais ici encore la nuance se maintient : l'honneur appartient à toutes les conditions, la gloire n'appartient qu'aux conditions élevées et dans lesquelles il importe de soutenir sa gloire aussi bien que son honneur. Se faire gloire d'une chose, c'est s'en vanter ; se faire honneur d'une chose, c'est en tirer honneur.

HISTORIQUE

XIIe s. Al roi de gloire merci prist à crier, Roncisv. p. 109. La glorie d'icest munt n'est longement durant, Th. le mart. 30.

XIIIe s. Gloire est la bone renomée qui cort par maintes terres de aucun home puissant et de grant afaire, ou de savoir bien son art, Latini, Trésor, p. 450.

XIVe s. Adoncques il habunde en autre plus grant bien, c'est assavoir en glore, Oresme, Eth. 160. L'empereur de Constantinople fist appareiller au dehors de la porte de la cité, en une grant place, la noblesse de toutes manieres de richesses et toute la gloire de pierres precieuses, Chron. de St-Denys, t. I, f° 129, dans LACURNE.

XVe s. Il y a de bonnes gens qui ont ceste gloire qu'il leur semble qu'ils vuyderont des choses là où ilz n'entendent rien, Commines, I, 16.

XVIe s. La response fut longue comme il falloit, et enfin espagnolle, pleine de gloire et de refus, D'Aubigné, Hist. I, 91. Il monta en une presumption et une gloire encore plus grande que n'estoit sa puissance, Amyot, Lysand. 34. Il attribuoit toute la gloire de ses faicts à la fortune, soit qu'il le fist par une maniere de vaine gloire, ou que veritablement…, Amyot, Sylla, 11. Gloire vaine assez fleurit, porte feuille et point de fruit, Cotgrave

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Étymologie de « gloire »

Picard, glore ; provenç. espagn. et ital. gloria ; du lat. gloria, qui est le sanscrit védique çravasya, gloire, de çru, grec ϰλύω, entendre. L'ō représente l'av sanscrit ; et l'r se permute souvent en s, gloria ou glosia. Dans l'ancien français, glorie ne se prononçait pas glo-ri-e en trois syllabes, mais gloire ou glore en deux ; c'est ce que montrent les vers, et entre autres le vers de Th. le mart. cité à l'historique ; glorie était une orthographe rappelant l'étymologie, non la prononciation.

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Du latin gloria (« gloire, réputation, renom, renommée »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « gloire »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
gloire glwar

Fréquence d'apparition du mot « gloire » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « gloire »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « gloire »

  • A jouir sans péril, on s'essouffle sans gloire.
    Jean Adrian —
  • Mangez, moi je préfère, Probité, ton pain sec. […] Mangez, moi je préfère, Ô gloire, ton pain bis. […] Mangez, moi je préfère, Ton pain noir, liberté !
    Victor Hugo — Les Châtiments, Chanson, I, 10
  • […] Dans les grandes actions il faut uniquement songer à bien faire, et laisser venir la gloire après la vertu.
    Jacques Bénigne Bossuet — Oraison funèbre de Louis de Bourbon, prince de Condé
  • La gloire est un vêtement de lumière qui ne s'ajuste bien qu'aux mesures des morts.
    Pierre Reverdy — En vrac, Éditions du Rocher
  • Qui veut la gloire passionnément, finit par l'obtenir, ou du moins en approche de bien près. Mais il faut vouloir, et non pas une fois ; il faut vouloir à tous les instants.
    Marie Jean Hérault de Séchelles — Voyage à Montbard, Visite à Buffon
  • Plutôt que l'amour, que l'argent, que la gloire, Donnez-moi la vérité.
    Henry David Thoreau — Walden, Conclusion
  • Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire.
    Jean de La Fontaine — Fables, les Deux Aventuriers et le Talisman
  • Ta vertu met ta gloire au-dessus de ton crime.
    Pierre Corneille — Horace, V, 3, Tulle
  • La gloire soudaine se fane très vite.
    Proverbe grec moderne
  • La gloire suit ordinairement ceux qui la fuient.
    Charles Rollin
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Images d'illustration du mot « gloire »

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Traductions du mot « gloire »

Langue Traduction
Anglais glory
Espagnol gloria
Italien gloria
Allemand ruhm
Chinois 荣耀
Arabe مجد
Portugais glória
Russe слава
Japonais 栄光
Basque aintza
Corse gloria
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Synonymes de « gloire »

Source : synonymes de gloire sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « gloire »

Combien de points fait le mot gloire au Scrabble ?

Nombre de points du mot gloire au scrabble : 7 points

Gloire

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