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Monde

Variantes Singulier Pluriel
Masculin monde mondes

Définitions de « monde »

Trésor de la Langue Française informatisé

MONDE1, subst. masc.

I.
A. −
1. Ensemble constitué des êtres et des choses créés; l'univers, le cosmos. Centre, commencement, équilibre, fin, grandeur, naissance, ordre, origine du monde; premier âge, jour du monde; éternité, machine, système du monde; au premier matin du monde; monde infini. Dieu a créé le monde, a tiré le monde du néant (Ac.1935).À quoi nous sert de savoir si le monde existe depuis six ou depuis vingt mille ans, s'il s'est fait de rien ou de quelque chose, de lui-même, ou par un ouvrier (Volney, Ruines, 1791, p.316).Les sages (...) possèdent l'astronomie, l'astrologie, l'arithmétique; ils connaissent le thème natal de l'univers, et peuvent dire le domicile des planètes au moment même de la création du monde (Gautier, Rom. momie, 1858, p.308).
Loc. verb. Se considérer comme le centre du monde; se prendre pour le nombril* du monde; prendre son nombril pour le centre du monde (fam.).
En partic. Ensemble de tout ce qui existe sur terre, perçu par l'homme et le plus souvent en opposition avec lui. Concevoir, connaître, comprendre, découvrir, déchiffrer, expliquer le monde; monde inconnu; compréhension, perception, vision du monde. Peu ou point de cosmogonie proprement dite; peu ou point de mythologie, mais une conception du monde déjà rationnelle, quoique éminemment morale (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p.161).
a) Ensemble constitué par la terre et les astres, conçu comme un système et p. méton. système planétaire de la terre. Cette grande loi d'attraction qui suspend le monde à sa place, l'use et le ronge dans un désir sans fin; chaque planète charrie ses misères en gémissant sur son essieu (Musset, Confess. enf. s., 1836, p.368).
b) P. ext. Tout astre ou corps céleste considéré comme un univers propre. La pluralité des mondes. Les indications que la science s'efforce de fournir, au sujet de l'origine du monde solaire, de l'origine et de la nature de la vie et des espèces (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p.155):
1. Avec quelques notions d'astronomie, on se représente volontiers ce que serait pour nous le spectacle du ciel, vu de la lune ou de Saturne, dans un monde astronomiquement constitué autrement que le nôtre. Cournot, Fond. connaiss., 1851, p.137.
P. métaph. Les cueilleurs, tenant hautes leurs flammes de verre, semblaient venir, du bout de leur canne, de décrocher des mondes (Hamp, Champagne, 1909, p.83).
2. P. exagér. Ensemble complexe et important considéré par exagération comme une réduction de l'univers. Paris est un monde (Ac.1935).Un navire est un monde. Quand il marche, comme celui-ci, en même temps à la vapeur et à la voile (Audiberti, Quoat, 1946, 1ertabl., p.17).La comptabilité, c'est un monde (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.232).
Loc. verb.
C'est un monde! (fam.). C'est exagéré, incroyable. (Dict. xixeet xxes.).
Il y a un monde entre qqc. et qqc., qqn et qqn. Il y a une distance énorme entre deux choses, deux personnes. Il me semblait qu'il y avait un monde entre les locutions nouvelles et le vocabulaire de l'Albertine que j'avais connue (Proust, Guermantes 2, 1921, p.356).
(Tout) un monde de. Un très grand nombre de. Qui traîne ainsi un lourd passé derrière lui, un monde de souvenirs et de pensées secrètes, et de drames, prend l'habitude du silence (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.155).
Faire tout un monde de qqc. Donner à un fait, un événement une importance exagérée. Les femmes sont terriblement fines, les mères surtout. Elles voient partout des réticences quand il s'agit de leur fils, et d'un rien font un monde (Michaux, Plume, 1930, p.160).
B. −
1. La terre et p. méton. la surface de la terre où vivent les hommes. Les cinq parties du monde; capitale, carte, citoyen du monde; conquérir, dominer, courir, parcourir le monde; faire le tour du monde; centre, confins, extrémité du monde; le vaste, le menu monde; les autres coins du monde. Quand tout s'était endormi dans des immobilités lourdes, dans les silences morts, les étoiles apparaissaient en haut plus éclatantes que dans aucune autre région du monde (Loti, Mon frère Yves, 1883, p.73).
Champion*, championnat* du monde; record*, recordman* du monde.
De par le monde. À travers toute la terre, partout. Il est de par le monde des êtres inondés de volupté profonde (Barbier, Iambes, 1840, p.109).Tour* du monde.
Loc. verb.
(Verbe +) du, au bout du monde.Des, aux confins des terres habitées; (de) très loin. L'envoyer chercher son pain (...) au bout du monde (Gobineau, Pléiades, 1874, p.40).Tous les mots que tu me dis Semblaient venir du bout du monde (Géraldy, Toi et moi, 1913, p.117).Au fig. C'est le bout du monde. Au plus, au maximum. Et puis quand nous aurons une dizaine de morts, ce sera le bout du monde (Camus, Peste, 1947, p.1264).V. aussi bout I B 2 au fig.Ce n'est pas le bout du monde. Ce n'est pas (une chose) impossible; l'obstacle n'est pas insurmontable.
Depuis que le monde est monde. Depuis toujours. Si nous avions entendu depuis que le monde est monde toutes les jolies femmes nous appeler à coups de trompe et nous saluer de barrissements, nous aurions pour l'éternité associé l'idée de barrissement à l'idée de jolie femme (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p.51).
[À propos d'une rencontre, d'un rapprochement inattendu] Le monde est petit. (Dict. xixeet xxes.).
Tout est pour le mieux dans le meilleur* des mondes (possibles).
2. P. méton. Partie du globe terrestre. Synon. continent, région.Monde occidental, oriental. La Louisiane est un monde nouveau où nous devons trouver tout ce que la terre promise pouvait produire (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p.328).
L'ancien monde. Partie du globe connue des anciens. (Dict. xixeet xxes.).
Le vieux monde. Le continent européen. Les Américains, sur notre vieux monde, se font aimer par tous et partout (Gide, Journal, 1943, p.246).
Le nouveau monde. Le continent américain. Si l'Europe est obligée de reconnaître les gouvernements de fait en Amérique, toute sa politique doit tendre à faire naître des monarchies dans le nouveau monde (Chateaubr., Mém., t.3, 1848, p.106).
3. La terre considérée comme le séjour de l'homme et p.méton. la vie.
a) Au monde.Sur terre. Je raisonne comme un pauvre diable que je suis, heureux d'être au monde, fort désireux de ne rien gâter de ce que j'ai de bon autour de moi (Gobineau, Pléiades, 1874, p.10).Si l'on t'a donné ta voix et ton coeur et tes larmes, c'est qu'il y avait des êtres au monde qui attendaient de toi que tu leur donnes le goût de vivre (J. Bousquet, Trad. du silence, 1936, p.190).
Loc. verb.
Mettre au monde. Donner le jour à. (Dict. xixeet xxes.).
Ne plus être au, de ce monde. Être mort (Dict. xixeet xxes.).
Arriver, venir au monde. Naître. Je vins au monde fille légitime, ce qui aurait fort bien pu ne pas arriver (Sand, Hist. vie, t.2, 1855, p.74):
2. Les vieilles sociétés avaient (...) leurs rites nationaux, leurs traditions, qui étaient comme le dépôt de l'éducation et de la culture nationale. Chaque individu, venant au monde, trouvait, outre la famille, (...) la nation, dépositaire d'une autre vie plus élevée. Renan, Avenir sc., 1890, p.335.
Être seuls (v. seul) au monde. Les amoureux sont seuls au monde. Jamais elle ni lui n'avaient eu leurs pareils. Ils se sentaient uniques, seuls au monde: et d'heure en heure, si l'on peut dire, tous deux se formaient l'un de l'autre, des idées nouvelles (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p.223).
Rien, seul, tout, personne, aucun, nul + au monde. Il n'existe au monde que deux pouvoirs, l'un illégitime, c'est la force; l'autre légitime, c'est la volonté générale (Constant, Princ. pol., 1815, p.8).
Pour rien au monde. En aucun cas. Il ne devait, pour rien au monde, tomber dans les niaiseries sentimentales: on se répète de mauvaises phrases de romans (Larbaud, F. Marquez, 1911, p.69).
b) Du monde (comme 2eélém. de superl. rel.).Le meilleur homme du monde, la meilleure foi du monde. Trois ans après, nous étions les meilleurs amis du monde et nous luttons ensemble, depuis, avec acharnement, pour la même cause, celle de l'émancipation totale de l'homme (Éluard, Donner, 1939, p.86).
Proverbe. La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a. Le troisième [pois] épuisé, il ne me reste rien à t'offrir, car je n'ai à moi que trois pois verts (...) et la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a (Nodier,Trésor Fèves,1833, p.48).
Loc. verb. Avoir toutes les peines du monde. Avoir beaucoup de mal à faire quelque chose. La police a eu toutes les peines du monde à empêcher le peuple de lyncher ces scélérats (Ménard, Rêv. païen, 1876, p.214).
C. − PHILOSOPHIE
1. Ensemble de choses ou de concepts d'un même ordre, considérés dans leur totalité et constituant un aspect de l'univers. Monde animé, externe, matériel, naturel, perçu, physique, visible, vivant; monde idéal, intersensoriel, intersubjectif, moral; monde des essences, des objets, des phénomènes. Selon le système encyclopédique de Dante, neuf sciences enveloppent l'esprit humain, illuminant les choses intelligibles, répandant la fécondité et la variété dans le monde de la pensée (Ozanam, Philos. Dante, 1838, p.92).Le théâtre doit poursuivre, par tous les moyens, une remise en cause non seulement de tous les aspects du monde objectif et descriptif externe, mais du monde interne, c'est-à-dire de l'homme, considéré métaphysiquement (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p.110).La rime cesse d'être dérision, parce qu'elle participe à la nécessité du monde réel, qu'elle est le chaînon qui lie les choses à la chanson (Aragon, Crève-coeur, 1941, p.76).
En partic.
Monde intelligible. ,,Ensemble des réalités correspondant aux apparences sensibles et telles que la réflexion rationnelle conduit à se les représenter`` (Lal. 1968). Le sens d'une phrase nous paraît (...) détachable de cette phrase même et défini dans un monde intelligible (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.219).
Monde sensible. ,,Ensemble des choses qui sont ou qui peuvent être objet de perception`` (Lal. 1968). Une méthode pour nous élever de la nature matérielle à la nature spirituelle (...) du monde sensible au monde intelligible (Lacroix, Marxisme, existent., personn., 1949, p.86).
Monde extérieur. ,,Ensemble des objets perçus par les sens, y compris le corps propre et les organes de la perception`` (Foulq.-St-Jean 1962). L'Occident s'est voulu exclusivement utilitaire, tout entier tourné vers la possession du monde extérieur. Il en est obsédé; par la science, la recherche des lois physiques, il veut agir sur lui, le domestiquer (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p.30).
P. méton., PHÉNOMÉNOL. EXISTENTIALISTE. Êtres et objets perçus. «Vision», «motricité», «sexualité» − je m'aperçois que ces «fonctions» ne peuvent être liées entre elles et au monde extérieur par des rapports de causalité (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.231).
Monde intérieur. Ensemble des faits mentaux et psychiques. Lorsque le moi se détache de la réalité extérieure, il glisse, sous l'emprise du monde intérieur, dans la psychose (Freud, Abr. psychanal., trad. par A. Bermann, 1949, p.40).
2. Ensemble de choses, de concepts ou d'êtres formant un univers particulier, une société à part. Synon. microcosme.Constituer un monde.
a) [À propos d'un monde concret] Monde humain, inorganique, végétal; monde des abeilles; monde sonore, souterrain. C'est surtout parmi les représentants minuscules du monde animal, insectes ou rats, auxquels semble dévolu le redoutable rôle d'agents de transmission, qu'il y a des connexités et des relations à saisir (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p.105).
b) [À propos d'un monde abstrait] Monde affectif, mental, mystérieux; mondes parallèles; monde des émotions, des fantômes, du fantastique; vision du monde. L'esprit a besoin d'un monde fantastique où il puisse se mouvoir et se promener (Joubert, Pensées, t.1, 1824, p.315).Nerval réclame un univers qui soit une spiritualité. Alors il serait certain que le rêve ouvre à l'homme une communication avec le monde des esprits (Durry, Nerval, 1956, p.150).
II. − P. méton.
A. −
1. La communauté; la société des hommes vivant sur terre. Évolution, destin du monde; le monde entier; le monde épouvanté, heureux, idéal; avenir, échelle, pays du monde; changer, délivrer, réformer, sauver le monde. Ce mot [philosophie] commença même à ne plus exprimer que les principes généraux de l'ordre du monde, la métaphysique, la dialectique et la morale, dont la politique faisait partie (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p.64).Nous vivons une époque probablement unique dans l'histoire du monde, où le monde passé au crible voit ses vieilles valeurs s'effondrer (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p.139):
3. ... quand tout aura disparu, quand tout sera nivelé, il prédit l'avènement d'un monde nouveau. Il voit s'élever sur les ruines de notre civilisation quelque chose comme une confédération mondiale, l'organisation d'une grande vie collective de la planète, sur des bases entièrement renouvelées... Martin du G., Thib., Épil., 1940, p.899.
À la face du monde. Ouvertement. Vous avez donc pratiqué sans titres et clandestinement? Knock: À la face du monde, au contraire (Romains, Knock, 1923, i, p.5).
Proverbe. Il faut de tout pour faire un monde. Il faut que toute chose existe. Il y avait toujours eu des gendarmes et il y en aurait toujours. Il faut de tout pour faire un monde (L. Durand, Le Caïd, p.136 ds Rey-Chantr. Expr. 1979).
Loc. verb.
Ainsi va le monde. C'est ainsi; c'est l'ordre normal des choses. Ainsi va le monde, c'est une partie d'échecs (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p.294).
C'est le monde renversé, à l'envers (v. envers2). C'est contraire au déroulement normal des choses. Donner la préférence à votre protégée, ce serait le monde renversé! (Vogüé, Morts, 1899, p.228).
2. La société des hommes telle qu'elle se présente à une époque donnée dans un milieu géographique et socio-économique déterminé. Voyez au contraire (...) quand le monde ancien commence à se dissoudre, ces aspirations vers l'avenir (Renan, Avenir sc., 1890, p.493):
4. ... l'évolution révolutionnaire (...) consiste, selon moi, à introduire dans la société d'aujourd'hui des formes de propriété qui la démentent et qui la dépassent, qui annoncent et préparent la société nouvelle, et par leur force organique hâtent la dissolution du monde ancien. Jaurès, Ét. soc., 1901, p.LXIX.
SYNT. Monde actuel, antique, barbare, contemporain, civilisé, corrompu, fou, mécanisé, moderne, présent, primitif, surdéveloppé; monde arabe, asiatique, atlantique, germanique, grec, latin, méditerranéen, païen, romain, catholique, chrétien, musulman; vivre dans un monde dur, meilleur.
Le quart* monde, le tiers* monde.
B. − La vie des hommes en société sur terre.
1. RELIGION
a) Ce monde; en ce bas monde. La vie des hommes ici-bas. Pascal nous montre le monde présent comme un enfer où toute communication est rompue entre Dieu et l'homme (Bremond, Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.411).Si je pouvais faire mentir ceux qui prêchent que les biens de ce monde ne nous suivent pas dans la mort! (Mauriac, Noeud vip., 1932, p.233).
Le prince* de ce monde.
Loc. verb. La perfection* n'est pas de ce monde.
P. méton. Ensemble des activités profanes, qui constituent la vie séculière par opposition à la vie monastique. Je vais dire adieu au monde et vivre pour Dieu seul dans le silence et la retraite (Balzac, E. Grandet, 1834, p.244).
b) L'autre monde. La vie de l'au-delà. Dans l'autre monde, il faudra rendre compte de ce que nous aurons fait dans celui-ci (Ac.1935).
Loc. verb., fam. Envoyer, expédier qqn dans l'autre monde. Tuer quelqu'un. Brigand de capitaine! (...) il a bien manqué de m'envoyer dans l'autre monde (Ponson du Terr., Rocambole, t.3, 1859, p.305).
c) Monde + adj. déterminatif.Monde futur, supérieur. Il y a là un monde surnaturel et divin qui est Dieu lui-même, dans lequel nous devons être transportés, transformés (Dupanloup, Journal, 1856, p.188).
2. Absol. La haute société, la société des gens qui aiment luxe et divertissements. Le grand monde. Quant à M. le chevalier, rien n'empêche qu'après avoir quitté ses graves amis il n'aille s'amuser dans le beau monde (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.65).Ceux qui ne perçoivent, des êtres humains, que l'apparence et que, seules, les formes extérieures éblouissent, ne peuvent pas se douter de ce que le beau monde, de ce que «la haute société» est sale et pourrie (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p.118).V. beau ex. 10 et 11.
Demi-monde*.
Homme, femme, gens du monde. Je ne savais pas que d'être des gens du monde, cela fût une chose si difficile, si fatigante et si compliquée (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p.198).On voyait qu'il était un véritable homme du monde, à ce qu'il lustrait ses bottines, sous le rebord des marches, au luxueux tapis de l'escalier (Montherl., Célibataires, 1934, p.789).
Loc. verb.
Savoir le/son monde, avoir du monde (vieilli). Connaître les usages de la haute société. (Dict. xixeet xxes.).
Faire son entrée dans le monde. Pour une jeune fille, être admise à participer à la vie mondaine. Je ferai mon entrée dans le monde, et mille gaffes en même temps (Colette, Cl. école, 1900, p.280).
3. Les gens, les individus. Le monde, du monde; beaucoup, plein, trop de monde; un monde fou; le monde est méchant. C'est de la bonne clientèle d'ouvriers, tous du monde honnête, payant bien (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p.13).
Un monde, du monde. Un grand nombre de personnes. Il y avait du monde, autour des baraques foraines (Camus, Étranger, 1942, p.1151).
Un monde + compl. d'obj. déterminatif. Il a un monde d'ennemis (Ac.1935).
Avoir du monde. Recevoir des gens. Quand on voulait avoir du monde à son mariage, on invitait les personnes, parbleu! (Zola, Assommoir, 1877, p.459).
Tout le monde. La (quasi) totalité, la grande majorité des gens. On confond généralement comme Buffon langue et style, parce que peu d'hommes ont besoin d'un art de volonté (...) et parce que tout le monde a besoin d'humanité dans l'expression (Jacob, Cornet dés, 1923, p.14):
5. Tout le monde mange Les pédérastes... les hirondelles... Les girafes... les colonels... Tout le monde mange Sauf le chômeur... Prévert, Paroles, 1946, p.66.
Monsieur Tout le Monde. Individu qui ressemble à la grande majorité des gens; n'importe qui. C'est Monsieur Tout le Monde, l'homme de la rue, le parfait citoyen de la démocratie, celui qui s'habille en série, mange en série, baise en série, a une petite 5 HP de série et ne se distingue et ne se particularise en rien (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.210).
Péj., par antiphrase. Du beau, du drôle de, du joli monde. Des gens peu recommandables. Ce qui m'étonne c'est que la Gestapo ne soit pas encore venue rafler tout ce joli monde (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p.45).
Le petit monde
Les gens du commun. Il a les manières, le langage du petit monde (Ac.1935).Au milieu de cette nature saisissante, s'agitaient ou rêvaient de petites gens, tout un petit monde avec sa vérité native et comique (Baudel., Salon, 1846, p.141).
Les enfants. J'ai deux bouches à la maison, et qui avalent ferme, allez! Comment voulez-vous que j'arrive à élever mon petit monde, si je m'amuse à la bagatelle? (Zola, Assommoir, 1877, p.405).
Son monde
Le personnel de maison. (Dict. xxes.). Il a congédié tout son monde (Ac.1935).
Les proches, la famille. Il pensait au mal qu'avait sa mère pour faire manger tout son monde! Il avait trois frères plus jeunes et sa fiancée habitait avec eux (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.259).
Les gens à qui on a affaire. Le grand Cointet connaît bien son monde! (Balzac, Illus. perdues, 1843, p.618).
Loc. verb.
Se moquer, se fiche (fam.), se foutre (vulg.) du monde. Parler, agir sans se préoccuper des autres. Dites donc, Maheu, est-ce que vous vous fichez du monde! (Zola, Germinal, 1885, p.1176).
Tromper son monde. Tromper les autres, leur donner le change. C'est un grand, qui paraissait sérieux; il trompait bien son monde! (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p.585).
Il y a du monde au balcon (pop.). Voilà une poitrine opulente. (Dict. xixeet xxes.).
Région. (Ouest et Canada)
Du (bon) monde. Personne(s) honnête(s), de bonne éducation, serviable(s). C'est un citoyen respectable qui aurait pu être échevin ou commissaire d'école s'il l'avait voulu; bref du bon monde (J. Ferron, Les Confitures de Coing, Montréal, éd. Parti-pris, 1972, p.42).
Comme du monde. Convenablement, d'une manière correcte. Tiens-toi donc comme du monde (Canada1930).
Loc. verb. (Canada). (N')être pas du monde. Être turbulent, grossier, haïssable, mal élevé. Un vrai sauvage, quoi! Ces survenants-là sont presque pas du monde (Guèvremont, Survenant, 1945, p.254).
Le monde + verbe au plur.Les gens. Le monde vont venir (Canada1930).Att. aussi en Lyonnais.
C. − Classe, groupement social particulier constituant une communauté à part. Le monde aristocratique, bourgeois, ouvrier, artistique, culturel, littéraire, socialiste, agricole, paysan, rural, économique, politique, savant, scientifique, universitaire; monde des arts, du cinéma, des courses, des lettres, de la mode, du travail. C'est curieux, l'hostilité du monde clérical contre cette pièce qui contient un couplet en l'honneur du prêtre (Goncourt, Journal, 1888, p.885).Un salarié qui ne dispose d'aucun capital, un étudiant qui n'a jamais fréquenté le monde des affaires est incapable, par définition, de profiter des facilités du régime [capitaliste] (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p.182).Psychologiquement le communiste est celui qui désespère du monde capitaliste et chez lequel ce désespoir absolu est le moteur même de la lutte (Lacroix, Marxisme, existent., personn., 1949, p.17).
En partic.
a) Milieu social auquel on appartient. Vichy est peuplé de Rouennais et d'une quantité de bourgeois ignobles (...). J'ai trouvé beaucoup de monde de connaissance, des gens de mon monde; on cause dans la rue quand on se rencontre (Flaub., Corresp., 1863, p.97).
Loc. verb. Être du même monde. Être du même milieu. Jacqueline est une petite fille et Miraut est un gros chien. Ils sont du même monde, ils sont tous deux rustiques (A. France, P. Nozière, 1899, p.63).
b) Monde des adultes, des jeunes. La fissure entre le monde des adultes et celui des jeunes y est tout aussi profonde que dans les sociétés bourgeoises (Le Nouvel Observateur, 21 févr. 1968, p.33, col. 4).
Prononc. et Orth.: [mɔ ̃:d]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1135 monde «ensemble des choses et êtres créés» (Couronnement Louis, 1927 ds T.-L.); 1549 depuis que le monde est monde (Est.); 1640 ainsi va le monde (Oudin); 2. 1651 «ensemble complexe et important» (Saint-Amant, Œuvres, éd. C. Livet, I, 143: Paris... ce petit monde); 3. 1657-62 «ensemble de choses, notions formant un domaine particulier» ce monde visible (Pascal, Pensées, éd. J. Chevalier, ch. 1, p.1105); 4. 1672 «planète, corps céleste considéré comme un ensemble» (Molière, Femmes savantes, IV, 3). B. 1. 1135 «le globe terrestre» (Wace, Vie Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 413: les homes de cest mont); 1672 c'est le bout du monde «délai extrême qu'on ne peut dépasser» (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t.3, p.140); 1690 courir le monde, (loger) au bout du monde (Fur.); 2. 1516 le nouveau monde «l'Amérique» (M. Du Redouer, Le nouveau monde et Navigacions faictes par E. de Vespuce...); 1580 «une partie du globe terrestre» (Montaigne, Essais, éd. P. Villey, I, 31); 1690 l'Ancien Monde (Fur.); 3. 1283 «la terre considérée comme lieu de la vie humaine» (Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. M. Salmon, § 21, p.26); 1560 venir au monde (Bible Rebul, chap.1, v. 9, p.33); 1585 l'autre monde «séjour après la mort» (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, 41); 1671 mettre au monde (un enfant) (Pomey); 1677 n'être plus au monde «être mort» (Mmede Sévigné, op. cit., t.5, p.343). C. 1. Ca 1145 «la société, la communauté humaine vivant sur terre» (Wace, Conception N. D., 379 ds T.-L.); 2. 1589 «certaine catégorie d'êtres humains, groupement social» (Plais. devis des supposts du S. de la Coquille ds Gdf. Compl.); 1651 monde des fidèles (Pascal, Lettre à Mret MmePerier à l'occasion de la mort de M. Pascal, le père... ds Œuvres, éd. J. Chevalier, p.494); 1690 c'est le monde renversé (Fur.); 3. ca 1584 «la société sous son aspect de luxe et de divertissement» (Brantôme, Dames galantes, éd. L. Lalanne, t.9, p.183); 1612 savoir son monde «savoir se conduire dans la bonne société» (M. Regnier, Satyre XIII ds Œuvres, éd. G. Raibaud, p.176); 1640 le grand monde (Oudin); 1644 hommes du monde «personnes de la haute société» (C. Sorel, Les loix de la Galanterie, IV ds Nouv. rec. des pièces les plus agréables de ce temps ds Livet Molière); 4. a) 1530 du monde (Palsgr., p.207); 1532 «quelqu'un, des gens» (Rabelais, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, ch. IV, 30, p.24); 1688 se moquer du monde (Bossuet, Hist. des var. des Églises protestantes, éd. F. Lachat, vol.14, p.525); 1689 avoir du monde «avoir des invités» (Mmede Sévigné, op. cit., t.. 9, p.324); 1849 le petit monde «les enfants» (Sand, Pte Fad., p.28); b) 1608 avec un adj. poss. «les personnes que l'on a à son service, les domestiques» (M. Regnier, Satyre VI ds Œuvres, éd. G. Raibaud, p.71); 1645 «ses amis, sa famille» (J.-L. Guez de Balzac, Lettres, éd. P. Tamizey de Larroque, 78 ds Mél. hist. t.1, p.626); c) ca 1135 toz li monz «chacun» (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, 2227); 1585 tout le monde «n'importe qui, le premier venu» (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, p.272); 1881 MrTout le Monde (Sachs-Villatte). D. 2emoitié xiiies. relig. «les activités profanes opposées à la vie spirituelle» (Rutebeuf, Ave Maria Rustebuef ds Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t.2, p.240). La forme monde est empr. au lat. mundus «l'univers», «le globe terrestre», «les hommes» et au sens de «le siècle» en lat. eccl.; elle s'est substituée à l'a. fr. mont (xes., Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 4) encore très usitée au xiieet xiiies., cf. supra et v. T.-L. Fréq. abs. littér.: 63823 (nouveau-monde: 102). Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 86685, b) 81473; xxes.: a) 85671, b) 102291. Bbg. Dub. Pol. 1962, p.346. _ Freire (J. G.). R. port. Filol. 1969-71, t.15, pp.481-482. _ Furukawa (N.). Le Nombre gramm. en fr. contemp. Tokyo, 1977, pp.36-38. _ Gall. 1955, p.45. _ Leroy (G.). Les Idées pol. et soc. de Charles Péguy. (Thèse doctorat. Paris. 1977). _ Quem. DDL t.10, 20. _ Scudéry (M. de). Choix de conversations de Mllede Scudéry. Ravenna, 1977, passim.

Wiktionnaire

Nom commun - français

monde \mɔ̃d\ masculin

  1. Ensemble des choses et des êtres existants.
    • Passionné de mathématiques dès mon plus jeune âge, j’ai toujours voulu comprendre le pourquoi et le comment du monde qui nous entoure. — (André Berger, Le Climat de la terre : un passé pour quel avenir ?, De Boeck Supérieur, 1992, page 10)
    • Notre travail de photographe est de documenter et d’interroger le monde, d’en raconter ses changements et d’être au plus près des événements sociétaux. — (Collectif, « Monsieur le président de la République, l’histoire s’écrit maintenant, donnez-nous les moyens de la photographier », Le Monde. Mis en ligne le 22 juillet 2020)
  2. (Vieilli) Ensemble des corps célestes dont le Soleil est le centre.
    • Si la chaleur cosmique diminue, c’est donc que le monde n’a pas toujours existé, sans quoi, […], il y a longtemps qu’elle serait complétement usée. — (Chanoine Kir, Le problème religieux à la portée de tout le monde, Paris : imp. des Orphelins d'Auteuil, 1923, rééd. 1950, page 43)
  3. (En particulier) Ensemble de choses ou d’êtres.
    • Aucun biologiste ni éthologue, qu’il soit évolutionniste ou non, n’établit de différence fondamentale entre les lois biologiques régissant le monde animal et celles régissant l’espèce humaine. — (La Démagogie est-elle génétique ?, dans Le Québec sceptique, no 58, automne 2005, page 17)
    • Grâce au monde végétal va s'ouvrir la porte du merveilleux : ainsi, le parfum des plantes touchées par un arc-en-ciel, aussi suave, selon Pline, que celui de l’alhagi. — (André-Julien Fabre, Mythologie et plantes médicinales de l'Antiquité, publié dans Histoire des Sciences Médicales. vol 37(1), 2003, page 65)
    • Le monde souterrain.
    • Le monde invisible.
    • Le monde des insectes.
  4. Terre sur laquelle on vit.
    • L’Islande est un des pays les plus dépeuplés du monde entier : la population totale de l’île n’est que de 70,000 âmes; elle ne compte pas deux habitants par kilomètre carré; […]. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 28)
    • Ces 1 800 milliards ne constituent pas seulement un plan de relance d’envergure. C’est aussi le plan, de relance le plus écologique au monde. — (Simone Tagliapietra, « L’Union européenne a mis en place un plan de relance écologique de grande envergure », Le Monde. Mis en ligne le 22 juillet 2020)
    • Les cinq parties du monde.
    • Faire le tour du monde.
    • L’ancien et le nouveau monde.
  5. (Par extension) Séjour des hommes sur le plan physique, ensemble des choses et des êtres parmi lesquels se passe notre vie.
    • Grégoire affirme que le Créateur de l’univers a créé le monde sensible comme situé entre deux termes extrêmes contraires l’un à l’autre, je veux dire entre la pesanteur et l’impondérabilité, qui s’opposent absolument l’un à l’autre. — (Jean Scot Érigène, De la division de la nature, Presses universitaires de France, 1995, page 119)
    • Le seul plaisir que Misère goûtât en ce monde était de manger des fruits de son jardin, c’est-à-dire de son poirier […] — (Charles Deulin, « Le Poirier de Misère », in Cambrinus et autres Contes, circa 1847–1875)
    • Ce bas monde.
    • Être au monde, n’être plus de ce monde : Exister, ne plus exister. Cela ne se dit que des personnes.
    • Quand je ne serai plus de ce monde.
  6. Lieu vaste et très peuplé.
    • Paris est un monde.
  7. Le genre humain ; la plupart des hommes.
    • Le démon, au contraire, a envoyé dans les cloîtres des monastères la faim et la soif d’entendre les paroles des hommes et les bruits du monde, en sorte qu’occupés d’un vain parlage, nous repoussions d’autant plus la parole divine […] — (Lettres complètes d’Abélard et d’Héloïse, Lettre VIII, traduction d’Octave Gréard, Garnier, 1875, page 274)
    • L’arrivée du steamer est une fête pour les marchands danois exilés dans cette localité, qu'aucun fil télégraphique ne relie au reste du monde ; […]. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 34)
    • J’ai visité les Féroë pour la première fois en 1899 ; elles étaient alors isolées du monde pendant neuf mois de l’année, sans poste, sans télégraphie, sans rien ! — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Il y a présentement ce qu’on appelle une crise dans le monde. […] Cette crise est arrivée au moment même où le monde se sentait de nouveau prospère et confiant […] — (Paul Nizan, Les Chiens de garde, 1932)
  8. Totalité des hommes qui professent une doctrine ou qui s’inscrivent dans une pratique.
    • Dans ce monde de pasteurs, la femme n'a nullement la vie serve qu'elle mène dans celui de chasse et de guerre. — (Jules Michelet, Bible de l’Humanité, Calmann-lévy, 1876, page 29)
    • Les hommes qui ont reçu une éducation primaire ont, en général, la superstition du livre, et ils attribuent facilement du génie aux gens qui occupent beaucoup l’attention du monde lettré […] — (Georges Sorel, Lettre à Daniel Halévy, 15 juillet 1907, dans Réflexions sur la violence, 1908)
    • C’est ce qui permit à une minorité conquérante, politiquement et socialement dominante, de populations surtout chrétiennes, païennes et zoroastriennes, de consolider l’Islam et de soumettre rapidement les mondes sémitiques et iranien. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992)
    • Et ce ne fut pas une lente décadence qui surprit le monde européanisé ; les civilisations antiques pourrirent et s’effritèrent ; la civilisation européanisée sauta d’un coup, pour ainsi dire. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 392 de l’édition de 1921)
    • En effet, l’astrophysicien québécois Hubert Reeves fait partie des personnalités du monde scientifique que les ésotéristes ont kidnappées dans leurs rangs sans les consulter […] — (Les Grands Esprits manipulés par les astrologues, dans Le Québec sceptique, no 56, printemps 2005, page 29)
  9. Un certain nombre de personnes.
    • Tumultueux concours de monde aux abords de l’embarcadère, gens qui partent et gens qui regardent partir, recrutés parmi la population cosmopolite de Bakou. — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, Hetzel, 1892, chapitre 3)
    • C’est l’avis de beaucoup de monde. — (Jean-Pierre Stroobants, En Belgique, une publicité pour un hamburger montrant un homme frappant une femme fait scandale, Le Monde. Mis en ligne le 10 octobre 2019)
    • Peu de monde, pas grand monde : Peu de personnes.
    1. Une grande quantité de personnes.
      • Un magnifique paquebot danois, le « Oscar II », couvert de monde, nous rattrapa et changea de route pour passer à proximité de Rockall. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    2. (Parfois employé au sens indéfini pour gens, personnes)
      • N’entrez pas dans son bureau, il y a du monde avec lui.
      • Mère Ubu, tu es bien laide aujourd'hui. Est-ce parce que nous avons du monde ? — (Alfred Jarry, Ubu roi, act. I, sc. 2)
      • Vous vous moquez du monde.
  10. Gens qui sont sous les ordres de quelqu’un.
    • L’architecte a-t-il amené tout son monde ?
    1. (En particulier) Les domestiques de quelqu’un.
      • Il a congédié tout son monde.
  11. Vie séculière, par opposition à la vie religieuse ou spirituelle.
    • Rien n’irrite davantage les gens raisonnables, que des hommes qui ont renoncé au monde, et qui cherchent à le gouverner. Tel était, aux yeux des sages, le crime de la Société le moins pardonnable […] — (Jean le Rond d’Alembert, La Suppression des jésuites (éd. populaire abrégée), Édouard Cornély, 1888)
    • Elle a quitté le monde pour entrer dans un couvent.
    • Le frère André, appelé dans le monde Alfred Bessette.
  12. Société des hommes, une partie de cette société.
    • Le ciel avait destiné M. Smallways à vivre dans un monde paisible, mais il avait oublié de créer un monde paisible pour M. Smallways. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 6 de l’édition de 1921)
    • Quant à ceux qui, dans ce monde de richards, n’ont pour subsister que leurs salaires, il enragent, ils maugréent ; ils se considèrent comme des déshérités. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • [Titre] Réduits à solliciter le renfort de Damas, les Kurdes pleurent la fin d’un monde — (Allan Kaval, Réduits à solliciter le renfort de Damas, les Kurdes pleurent la fin d’un monde, Le Monde. Mis en ligne le 14 octobre 2019)
    • Ce qui décide une maîtresse d’école (ou un maître) de changer de pratique, c’est l’envie de construire un monde nouveau, un monde meilleur, avec des élèves plus solidaires et coopératifs. — (Véronique Decker, Pour une école publique émancipatrice, Libertalia, 2019, page 27)
    • Le nouveau monde, celui d’après la pandémie, que même des députés de la majorité appellent à construire, ne pourra plus suivre les logiques d’austérité budgétaires qui sacrifient des vies. — (Collectif, Coronavirus : « Les inégalités tuent aujourd’hui en Seine-Saint-Denis », Le Monde. Mis en ligne le 11 avril 2020)
    • James Tissot appartenait à une génération antérieure, et, dans cette génération débraillée et bohème, il était une exception, l’artiste correct ayant l’usage du monde, de la distance et de la tenue. — (Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux/L’Entre-Deux-Guerres, Grasset, 1915, réédition Le Livre de Poche, page 210)
    • Fréquenter le monde.
    • Se retirer de l’embarras du monde et des affaires.
    • Se faire un nom, une réputation dans le monde.
    • Homme, femme du monde : Homme, femme qui vivent dans la meilleure société.
    • Il va dans le beau monde.
    • J’ai vu là beaucoup de beau monde : Beaucoup de personnes bien mises, élégantes.
    1. Ensemble des personnes rapprochées par les relations, par la profession, par les habitudes.
      • Le monde des patrons apparaît donc à nos gouvernants comme un monde d’aventuriers, de joueurs et d’écumeurs de Bourse ; ils estiment que cette classe riche et criminelle doit s’attendre à subir, de temps à autre, les exigences d’autres groupes sociaux […] — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 1908, page 292)
      • Henri s’était rapidement familiarisé avec la plupart de ces messieurs. Grâce à Tacherot, il était accepté ; il appartenait maintenant à leur monde. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 89)
      • Las, dans le petit monde de l’Université, la probité candide ne mène à rien, et l’enthousiasme pèse peu face aux manœuvres misérables de ceux qui ne reculent devant rien pour faire carrière. — (Alexis Liebaert, On achève bien les profs, dans Marianne, no 758, 29 octobre 2011, page 85)
    • Savoir bien son monde : Savoir bien la manière de vivre dans la société, de s’y comporter en personne bien élevée.
    • Connaître bien son monde : Savoir bien démêler le caractère des gens à qui l’on a affaire.
    • Du train dont va le monde : À la manière dont les choses se passent aujourd’hui.
  13. Est quelquefois un terme augmentatif, soit qu’on affirme, soit qu’on nie.
    • Il a dit de vous tout le bien du monde.
    • Rien au monde ne lui fait tant de plaisir.
    • Il ne manquerait pas à sa parole pour tous les trésors du monde.
    • Je donnerais tout au monde pour l’avoir.
    • Cela est, cela va le mieux du monde : Cela est, cela va très bien.
    • Nous sommes le mieux du monde ensemble : Nous sommes parfaitement d’accord, nous sommes très bien l’un avec l’autre.
  14. (Figuré) (Par extension) Ensemble complexe et important.
    • Il se fait tout un monde de cette affaire.
    • Ce livre contient tout un monde d’idées.
    • Dans une enquête ordinaire, ces détails n’eussent demandé que quelques démarches. Actuellement, c’était tout un monde. — (Georges Simenon, Le fou de Bergerac, Fayard, 1932, réédition Le Livre de Poche, page 85)
  15. (Figuré) (Par analogie) Imaginaire d’une personne.
    • Penser, c’est avant tout vouloir créer un monde (ou limiter le sien, ce qui revient au même). — (Albert Camus, Le mythe de Sisyphe, Gallimard, 1942, page 136)
    • Nous avons discuté de son environnement, de ses passions, ce qui m’a permis de l’amener dans un monde qu’il aimait. — (SudOuest.fr, Un homme de 88 ans opéré du cœur sous hypnose à Lille, sans anesthésie "lourde" sur SudOuest.fr. Mis en ligne le 25 septembre 2018)
  16. (Héraldique) Meuble particulier représentant dans les armoiries une sphère prise dans un cintre en forme de T renversé et surmontée d'une croisette. À rapprocher de globe, sphère et sphère armillaire.
    • D’azur au monde d’argent cintré et croisé d’or ; au chef d’or à la croix ajourée d’azur, qui est de la commune de Présilly en Haute-Savoie → voir illustration « armoiries avec un monde »
  17. (Cartes à jouer) Vingt-et-unième arcane du tarot de Marseille.
  18. (Par analogie) (Informatique) Environnement d'un système d’exploitation.
    • Les CD dits bootables sont très répandus dans le monde Linux, ils permettent de tester un système sans l'installer directement sur le disque dur de l'ordinateur. Cette forme de distribution n'existe pas dans le monde Windows. — (Henri-Dominique Rapin, VirtualBox: faites cohabiter Windows, Mac OS et Linux, Pearson Education France, 2010, p. 102)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MONDE. n. m.
Ensemble des choses et des êtres créés. Dieu a créé le monde, a tiré le monde du néant. La création, la fin du monde. Fam., Depuis que le monde est monde, De tout temps. Vieux comme le monde, Très vieux. Le monde physique, le monde sensible, Le monde considéré comme l'ensemble de ce qui tombe sous les sens; par opposition à Monde moral ou intellectuel, Le monde considéré sous les rapports qui ne peuvent être saisis que par l'intelligence.

MONDE signifie aussi Ensemble des corps célestes dont le soleil est le centre. Le système du monde, Les lois qui régissent les mouvements de cet ensemble.

MONDE, dans un sens plus particulier, se dit de la Terre, du globe terrestre. Les cinq parties du monde. Le monde sublunaire. Le centre, les extrémités, les confins du monde. Alexandre aspirait à se rendre maître du monde. Courir le monde. Faire le tour du monde. Voyage autour du monde. De par le monde, En quelque endroit du monde. Le monde ancien ou Le monde des anciens, Ce que les anciens connaissaient du globe terrestre. Le nouveau monde, Le continent de l'Amérique. L'ancien et le nouveau monde ou Les deux mondes, Les deux continents. Hyperboliquement et fam., Il est allé loger, il est logé au bout du monde, Dans un quartier fort éloigné. Fig. et fam., C'est le bout du monde, c'est tout le bout du monde, se dit Lorsqu'on estime quelque chose à son plus haut prix, à sa plus grande valeur. Si vous tirez cent francs de ce bibelot, ce sera le bout du monde. Si j'ai mille francs chez moi, c'est tout le bout du monde. Il se dit encore d'un Ensemble de choses ou d'êtres. Le monde souterrain. Le monde invisible. Le monde des insectes.

MONDE signifie encore Séjour des hommes sur la terre, ensemble des choses et des êtres parmi lesquels se passe notre vie. En ce monde. Ce bas monde. Venir au monde, Naître. Être au monde, n'être plus de ce monde, Exister, ne plus exister. Cela ne se dit que des Personnes. Quand cet entant est venu au monde. Quand je ne serai plus de ce monde. On dit, dans un sens analogue, Mettre un enfant au monde, Donner la naissance à un enfant. L'autre monde, La vie future. Dans l'autre monde, il faudra rendre compte de ce que nous aurons fait dans celui-ci. Fam., Il est allé dans l'autre monde, Il est mort. Fig. et fam., C'est un homme de l'autre monde se dit, par extension et par exagération, d'un Homme dont les mœurs, les façons de vivre paraissent opposées à celles de la société commune des autres hommes. Fig. et fam., Dire des choses de l'autre monde, Dire des choses étranges, incroyables.

MONDE se dit aussi des Planètes qu'on suppose habitées; et alors on l'emploie surtout au pluriel. " La Pluralité des Mondes " est le titre d'un ouvrage de Fontenelle.

MONDE se dit hyperboliquement d'un Lieu vaste et très peuplé. Paris est un monde. Il se dit aussi d'un Ensemble complexe et important. C'est un véritable monde que cette affaire. Ce livre contient tout un monde d'idées.

MONDE signifie, par extension, la Totalité des hommes, le genre humain. JÉSUS-CHRIST est le sauveur du monde. L'opinion est la reine du monde. Le monde chrétien, La totalité des hommes qui professent le christianisme. On dit de même Le monde païen. Le monde musulman. Le monde moderne.

MONDE désigne aussi les Hommes en général, la plupart des hommes. Le monde ne pardonne point l'ingratitude. Il est connu de tout le monde. Il arrive à tout le monde de se tromper. Ceci peut arriver à tout le monde. Tout le monde sait que... Au su et au vu de tout le monde. Il se prend quelquefois au sens indéfini pour Gens, personnes. Il ne faut pas accuser le monde légèrement. Je crois que vous vous moquez du monde. Dans ce sens, il est familier. Il se dit encore d'un Certain nombre de personnes. Il a amené beaucoup de monde avec lui. Le monde n'est pas encore arrivé. Peu de monde, pas grand monde, Peu de personnes. Il n'y avait pas grand monde à cette fête. Il ne put rassembler que peu de monde. Hyperboliquement, Un monde, Une grande quantité de personnes. Il a un monde d'ennemis. Il se dit quelquefois d'Une seule personne. N'entrez pas dans son bureau, il y a du monde avec lui.

MONDE, avec l'adjectif possessif, se dit particulièrement des Domestiques de quelqu'un. Il a congédié tout son monde. Il se dit également des Gens qui sont sous les ordres de quelqu'un. L'architecte a-t-il amené tout son monde? Il se dit pareillement d'Un certain nombre de personnes que l'on reçoit. On servira dès que tout votre monde sera arrivé.

MONDE, dans le langage de la Dévotion, signifie la Vie du siècle, par opposition à la vie religieuse. Renoncer au monde et à ses pompes. Les vanités du monde. Les maximes du monde sont contraires à celles de l'Évangile. Être mort au monde. Elle a quitté le monde pour entrer dans un couvent.

MONDE désigne en outre la Société des hommes, ou une Partie de cette société. Fréquenter, aimer le monde. Le commerce du monde. C'est un homme qui a un grand usage du monde. Observer, étudier le monde. Avoir l'expérience du monde. À son entrée dans le monde. Il n'aime pas le monde. Il ne voit qu'un certain monde. Loin du monde et du bruit. Se retirer du monde, de l'embarras du monde et des affaires. Dans quel monde vivez-vous? Il vit dans un monde qui n'a rien de commun avec celui où vous vivez. Faire figure dans le monde. Se faire un nom, une réputation dans le monde. Faire parler de soi dans le monde. Homme, femme du monde, Homme, femme qui vivent dans la meilleure société. Au pluriel, Les gens du monde. Fam., Le grand monde, La société distinguée par les richesses, par les dignités de ceux qui la composent. Aller dans le grand monde. Fam., Le petit monde, Les gens du commun. Il a les manières, le langage du petit monde. Fam., Le beau monde, La société la plus brillante. Il va dans le beau monde, il voit le beau monde. On dit, par extension, J'ai vu là beaucoup de beau monde, Beaucoup de personnes bien mises, élégantes. Fam., Le pauvre monde, Les pauvres. Fam., Le petit monde, Le monde des enfants. Fam., Le demi-monde, La société des femmes de mœurs légères. Il désigne aussi l'Ensemble des personnes rapprochées par les relations, par la profession, par les habitudes. Le monde religieux. Le monde politique. Le monde savant. Le monde lettré. Le monde du théâtre. Le monde des courses. Savoir bien son monde, Savoir bien la manière de vivre dans la société, de s'y comporter en personne bien élevée. C'est un homme qui sait bien son monde. On dit dans le même sens : Il a du monde, il n'a pas de monde; il a l'usage du monde, l'esprit du monde. Connaître le monde, Connaître les hommes. Connaître bien son monde, Savoir bien démêler le caractère des gens à qui l'on a affaire. Prov., Ainsi va le monde, C'est ainsi que les hommes agissent, se conduisent. On dit dans un sens analogue : Du train dont va le monde, À la manière dont les choses se passent aujourd'hui. Fig. et fam., C'est le monde renversé, se dit d'une Chose qui se fait au contraire de l'usage et de l'ordre commun.

MONDE est quelquefois un terme augmentatif, soit qu'on affirme, soit qu'on nie. Il a dit de vous tout le bien du monde. Je ne voudrais de cette maison pour rien au monde. Il ne manquerait pas à sa parole pour tous les trésors du monde. Je donnerais tout au monde pour l'avoir. Rien au monde ne lui fait tant de plaisir. Cela est, cela va le mieux du monde, Cela est, cela va très bien. Nous sommes le mieux du monde ensemble, Nous sommes parfaitement d'accord, nous sommes très bien l'un avec l'autre. Par exagération, Le meilleur homme, le plus méchant homme du monde; la meilleure chose, la plus mauvaise chose du monde, Un homme très bon, très méchant; une chose très bonne, très mauvaise.

Littré (1872-1877)

MONDE (mon-d') s. m.
  • 1Tout ce que nous apercevons d'espace, de corps et d'êtres, ainsi dénommé à cause de l'arrangement et de la régularité qui y règnent. La création du monde. Plusieurs philosophes ont cru que le monde est éternel. Tout ce monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature ; nulle idée n'en approche, Pascal, Pens. I, 1, édit. HAVET. …Tellement que qui en saura les principes [de la religion] puisse rendre raison et de toute la nature de l'homme en particulier, et de toute la conduite du monde en général, Pascal, ib. XI, 10. L'erreur qui a fait adorer le monde, soit qu'on le regardât comme Dieu lui-même, ou qu'on le considérât comme le corps dont Dieu était revêtu, Bossuet, Avert. sur le reproche d'idolâtrie, 26. L'éternel est son nom, le monde est son ouvrage, Racine, Esth. III, 4. Par le monde ils [les épicuriens] entendaient les cieux et la terre avec tout ce qui y est renfermé ; par l'univers, ils entendaient non-seulement les cieux et la terre, mais encore le vide infini qu'ils supposaient au delà du monde, Rollin, Hist. anc. liv. XXVI, 3, 2, § 2. Sans doute, le monde tel qu'il est, est un mystère que nous ne pouvons ni nier ni comprendre, Staël, Corinne, X, 5. Je ne veux pas d'un monde où tout change, où tout passe, Où, jusqu'au souvenir, tout s'use et tout s'efface, Lamartine, Méd. I, 18.

    Hyperboliquement. Un monde, quelque chose de très grand. Qui n'admirera que notre corps, qui tantôt n'était pas perceptible dans l'univers, imperceptible lui-même dans le sein du tout, soit à présent un colosse, un monde, ou plutôt un tout, à l'égard du néant où l'on ne peut arriver ? Pascal, Pens. I, 1.

    Faire un monde, imaginer un système sur la formation du monde. Les philosophes qui font un monde, ne font guère qu'un monde ridicule, Voltaire, Physique, Dissert. chang. globe.

    La machine du monde, le monde considéré dans le jeu des forces qui l'animent, dans son mécanisme. Sans qu'il nous arrive aucun accident, la machine entière du monde travaille sans cesse avec une force invincible à détruire notre corps, Nicole, Ess. de mor. 1er traité, ch. 4. Grâces aux travaux de ces grands hommes, le monde n'est plus un dieu ; c'est une machine qui a ses roues, ses cordes, ses poulies, ses ressorts et ses poids, Diderot, Pens. philos. n° 18.

    Par exagération. Je ne puis rien porter ; une cuiller me paraît la machine du monde, Sévigné, 265.

    Âme du monde, espèce d'intermédiaire que la philosophie platonicienne plaçait entre Dieu et la matière.

    Selon d'autres philosophes, l'âme du monde se confond avec Dieu même.

    Familièrement. Depuis que le monde est monde, c'est-à-dire de tout temps. Un amour qui ne demande pas mieux que de lui faire oublier son devoir, comme il fait depuis que le monde est monde, Diderot, Salon de 1765, Œuv. t. XIII, p. 75, dans POUGENS.

    L'an du monde deux mille, la deux-millième année depuis la création du monde. Ce fut environ l'an 3000 du monde, le 488e depuis la sortie d'Égypte… et 1000 ans devant Jésus-Christ, que Salomon acheva ce merveilleux édifice, Bossuet, Hist. I, 6.

    Terme de marine. Est du monde, l'est vrai ou corrigé, par opposition à l'est donné par la boussole.

  • 2Les anciens croyaient généralement que le chaos avait précédé le monde qui en avait été tiré.

    Fig. À propos, c'est lundi la fête de Chloé ; Sa maison, on le sait, est l'arche de Noé ; La ville, les faubourgs, chez elle tout abonde ; De ce chaos il faudra faire un monde, Delille, Convers. II. Va donc pour le chaos, et qu'il en sorte un monde ! Delavigne, la Popularité, IV, 6.

  • 3Le monde physique, le monde considéré dans ce qu'il a de sensible.

    Le monde moral ou intellectuel, ou intelligent, le monde considéré par rapport aux choses morales ou intellectuelles. Il s'en faut bien que le monde intelligent soit aussi bien gouverné que le monde physique ; car, quoique celui-ci ait aussi des lois qui, par leur nature, sont invariables, il ne les suit pas constamment comme le monde physique suit les siennes, Montesquieu, Esp. I, 4. Mais de quoi jouissais-je enfin quand j'étais seul ? de moi, de l'univers entier, de tout ce qui est, de tout ce qui peut être, de tout ce qu'a de beau le monde sensible, et d'imaginable le monde intellectuel, Rousseau, 3e lettre à M. de Malesherbes. Le monde moral et le monde physique ont la même marche ; nous nous poussons comme les flots de la mer, et nous nous succédons les uns aux autres, Bailly, Atlantide, p. 231, dans POUGENS.

    Le monde idéal, l'idée archétype du monde qui est en Dieu, de toute éternité, selon la philosophie de Platon.

    Monde idéal, se dit d'un monde imaginaire, meilleur que le monde où nous existons.

    Fig. Se créer un monde, se faire un monde idéal. Si les hommes pouvaient, comme les femmes, se créer un monde dans leur propre cœur, Staël, Corinne, II, 2.

    Monde intelligible, le monde considéré dans les rapports qui ne peuvent être saisis que par l'intelligence. Il semble que Locke et Clarke aient eu les clefs du monde intelligible : Locke a ouvert tous les appartements où l'on peut entrer ; mais Clarke n'a-t-il pas voulu pénétrer un peu trop au delà de l'édifice ? Voltaire, Dict. phil. Platon.

  • 4Dans un sens particulier, le monde, notre système solaire avec les planètes, les satellites des planètes et les comètes, par opposition à l'univers qui embrasse tout ce que nous voyons d'espace et de soleils, et dans lequel le monde n'est plus qu'une parcelle.

    Système du monde, l'ensemble des conditions géométriques et mécaniques suivant lesquelles notre soleil, les planètes, leurs satellites et les comètes accomplissent leurs mouvements.

  • 5Les planètes et les étoiles qui roulent dans l'espace, considérées comme des habitations semblables aux nôtres. Il semble que rien ne devrait nous intéresser davantage que de savoir comment est fait ce monde que nous habitons, s'il y a d'autres mondes semblables, et qui soient habités aussi, Fontenelle, les Mondes, Préface. Lorsqu'il [Sénèque] répond à la question : Quelle sera la vie du sage sur une plage déserte, dans le fond d'un cachot ? Celle de Jupiter dans la dissolution des mondes, il montre une âme forte, Diderot, Claude et Nér. II, 1. Je suppose qu'il est une progression dans les perfections respectives de cette série presque infinie de mondes semés dans l'immensité de l'espace, Bonnet, Contempl. nat. IV, 12. Descends-tu [un rayon de la lune] pour me révéler Des mondes le divin mystère ? Lamartine, Méd. I, 4.

    Pluralité des mondes, opinion hypothétique qui, considérant que les planètes sont des globes semblables en beaucoup de choses à la terre, admet qu'elles ont aussi des habitants. Entretiens sur la pluralité des mondes, par Fontenelle. Je n'ai aucune intention de choquer l'auteur des Mondes [Fontenelle], que j'estime comme un des hommes qui font le plus d'honneur à ce monde-ci, Voltaire, Lett. Berger, 14 mai 1738.

  • 6Le globe terrestre. Le monde sublunaire. Faire le tour du monde. Les cinq parties du monde. M. Sauval travaille à nous faire une histoire de la ville de Paris ; vous savez que cet abrégé du monde est divisé en ville, cité et université, Patin, Lett. t. II, p. 223. Entendez, Ô grands de la terre ; instruisez-vous, arbitres du monde, Bossuet, Reine d'Anglet. Le monde, de qui l'âge avance les ruines, Ne peut plus enfanter de ces âmes divines, Boileau, Lutr. III. Je l'épouse, et pour dot je lui donne le monde, Voltaire, Sémiram. III, 3.

    Par exagération. Tout ce qui est au monde, c'est-à-dire une foule considérable. Tout ce qui est au monde était à ce sermon [de Bourdaloue], et ce sermon était digne de tout ce qui l'écoutait, Sévigné, 13 mars 1671.

    Courir le monde, voyager beaucoup. Il court toujours le monde, et le monde est bien grand, Collin D'Harleville, Chât. en Espagne, II, 1.

    Dans une opinion vulgaire qui considérait la terre comme une surface plate, le bout du monde, le lieu où la terre se termine, un lieu très éloigné. D'un bout du monde à l'autre bout L'habit fait tout, Béranger, Vieux habits, vieux galons.

    Hyperboliquement. Il est allé loger au bout du monde, dans un quartier fort éloigné.

    On dit dans le même sens : à l'autre bout du monde. J'ai vu ce beau jardin des plantes. - Miséricorde ! eh quoi ! tu viens ?… Mais c'est, d'honneur, à l'autre bout du monde, Collin D'Harleville, Mœurs du jour, I, 7.

    Fig. et familièrement. C'est le bout du monde, se dit lorsqu'on estime quelque chose à son plus haut prix, à sa plus grande valeur. Si vous tirez cent francs de ce cheval, c'est le bout du monde.

    Le bout du monde, se dit aussi d'un délai extrême qu'on ne peut dépasser. Je pars, et, si je vous écris encore lundi, c'est le bout du monde, Sévigné, 8 juill. 1672.

    De par le monde, quelque part. Il y a de par le monde un homme qui…

    Du monde, se joint avec un superlatif pour exprimer avec plus de force ce qu'on affirme ou ce qu'on nie. Le meilleur homme, le plus méchant homme du monde. Par le caprice du monde le plus bizarre, Boileau, Sat. XII, Avertissement. Cela fait un ricochet de fourberies le plus plaisant du monde, Lesage, Turcaret, I, 12. L'invention du monde la plus heureuse, Voltaire, Comm. sur la Suite du Menteur, III, 1.

    Cela est, cela va le mieux du monde, cela est, cela va très bien. Bannissez vos frayeurs, tout va le mieux du monde, Corneille, l'Illusion, IV, 6.

    Nous sommes le mieux du monde ensemble, nous sommes très bien, très amis l'un avec l'autre.

    Pas le moins du monde, en aucune façon.

    Du monde, se joint avec le même sens à un substantif. Il dit de vous tout le bien du monde. Si homme du monde a le don d'obscurité, avouons que c'est celui-ci, Guez de Balzac, le Barbon. Ouvrez-la [la montre] ; lisez dans son sein ; Mainte roue y tient lieu de tout l'esprit du monde, La Fontaine, Fabl. X, 1. Voilà qui me ferait plus de mal mille fois qu'à personne du monde, Sévigné, 26 juill. 1676.

    Par exagération. Tout au monde, tout ce qui est dans le monde ; rien au monde, rien de ce qui est dans le monde. Je donnerais tout au monde pour l'avoir. Rien au monde ne le fera céder. Terme de blason. Globe terrestre que l'on voit sur les tiares des papes ou sur les couronnes des empereurs. On en trouve aussi dans quelques armoiries particulières.

  • 7Le monde, ce bas monde, ce monde, la terre que les hommes habitent, par opposition au ciel, au royaume céleste. On n'a pas toutes ses aises en ce monde. Mais elle était du monde, où les plus belles choses Ont le pire destin, Malherbe, VI, 18. Tout au monde est mêlé d'amertume et de charmes, La Fontaine, Fabl. III, 1. Sur quoi fondera-t-il [l'homme] l'économie du monde qu'il veut gouverner ? sera-ce sur le caprice de chaque particulier ? quelle confusion ! sera-ce sur la justice ? il l'ignore, Pascal, Pens. III, 8, édit. HAVET. La mort délivre l'âme… de la concupiscence des membres, sans laquelle les saints ne viennent point dans ce monde, Pascal, Lettres sur la mort de son père. Le royaume de son Fils [de Dieu] n'était pas de ce monde, Bossuet, Hist. II, 4. Il y a un royaume qui n'est pas de ce monde, Fléchier, Mar.-Thér. Voilà une pensée qui n'est pas de ce monde, Marivaux, Sec. surp. de l'am. I, 1. Ce monde-ci n'est qu'une loterie De biens, de rangs, de dignités, de droits Brigués sans titre, et répandus sans choix, Voltaire, Nan. I, 9. Comptez que le monde est un grand naufrage, et que la devise des hommes est, sauve qui peut, Voltaire, Lett. le Chevalier de R.... X..., 20 sept. 1760. Un système de perfection qui n'était pas de ce monde et n'existait que dans les livres, Marmontel, Mém. X. Paix au travail ! paix au sol qu'il féconde ! Que par l'amour les hommes soient unis ! Plus près des cieux qu'ils replacent le monde ! Béranger, les Quatre âges historiques.

    Dans le langage de l'Écriture, la figure de ce monde passe, c'est-à-dire tout ce qui est dans le monde n'a rien de solide ni de permanent. Les chrétiens regardent… la figure du monde comme un songe, Massillon, Carême, Mauvais riche.

    Venir au monde, naître. C'est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu est venu au monde, Sacy, Bible, St-Jean, 1re épît. III, 8. Alexandre naquit la première année de la cent-sixième olympiade ; le même jour précisément qu'il vint au monde, le fameux temple de Diane fut brûlé à Éphèse, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. VI, p. 157, dans POUGENS. Fortunio Liceti, savant recommandable du XVIe siècle, qui vint au monde à l'âge de cinq mois, et que son père, médecin de réputation, conserva par les soins les plus minutieux, Cabanis, Instit. Mém. sc. mor. et pol. t. I, p. 125.

    Par extension, venir au monde, survenir, arriver. Cela est donc venu au monde depuis votre société, Pascal, Prov. V.

    Être au monde, être en vie. Cesser d'être au monde, n'être plus au monde, ne plus exister. Il n'était plus au monde, c'était à un mort que j'écrivais, Sévigné, 364. Quand il ne serait plus au monde, Bossuet, Hist. III, 5. Si le fils de Thétis n'eût point été au monde dans le même temps, Fénelon, Tél. XIX. Hé ! Madame, songez-vous encore que je sois au monde ? Baron, Homme à bon. fort. II, 11. Pour être l'objet des événements les plus terribles, il n'est seulement question que d'être au monde, Marivaux, Marianne, 9e part.

    Par extension. Tous les soirs qui seront et qui furent au monde, Régnier, Sat. I.

    Se savoir bon gré d'être au monde, être très satisfait de soi-même, de sa position, etc. D'où vient qu'il parle plus haut que les autres, et se sait si bon gré d'être au monde ? Montesquieu, Lett. pers. 48.

    Mettre un enfant au monde, donner naissance à un enfant. La signora mit au monde une fille, La Fontaine, Herm. C'est un homme voluptueux, qui ne cherche qu'à faire grande chère, et qui croit que Dieu l'a mis au monde pour tenir table, Voltaire, Zadig, 18.

    Fig. Mettre au monde, faire connaître, donner une certaine illustration. Celui-ci était… un gentilhomme tout ordinaire de Lyon ; ce qui les mit au monde [lui et sa famille] fut le mariage de son frère avec la sœur utérine de Mme de la Vallière, Saint-Simon, t. XVII, p. 376, éd. CHÉRUEL.

  • 8Le monde ancien, ou le monde des anciens, ce que les anciens connaissaient du globe terrestre. Ce voyage de Gama fut ce qui changea le commerce de l'ancien monde, Voltaire, Mœurs, 141.

    Le nouveau monde, le continent de l'Amérique. En sorte qu'à son tour le nouveau monde paraît avoir des représentants dans l'ancien, Buffon, Quadrup. t. VII, p. 276. Ce fut en allant à la recherche du Zipangui de Marc Pol que Christophe Colomb découvrit le nouveau monde, Silvestre de Sacy, Instit. Mém. inscr. et belles-lett. t. VII, p. 415. Qui découvrit un nouveau monde ? Un fou, qu'on raillait en tout lieu, Béranger, les Fous.

    Nouveau monde, variété d'œillet. Le nouveau monde n'est point estimé des connaisseurs, Culture des fleurs, ch. 2, dans RICHELET.

    Monde nouveau, tout ce que l'on connaît aujourd'hui du globe terrestre, par opposition à monde ancien qui ne comprenait qu'une partie de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique.

    Monde maritime, l'Océanie et ses dépendances.

    Fig. Soyez-vous l'un à l'autre [deux amants] un monde toujours beau, Toujours divers, toujours nouveau, La Fontaine, Fabl. IX, 2. Ainsi ces deux enfants, l'un à l'autre leur monde…, Lamartine, Chute d'un ange, 6e vision.

    Fig. Un monde tout différent, une manière tout autre de sentir, de comprendre, d'exprimer. Quand on passe de Cinna à Polyeucte, on se trouve dans un monde tout différent, Voltaire, Comm. Corn. Polyeucte, Épît. dédic.

    Fig. Mettre un monde entre… établir une extrême différence entre… Cela seul [les vous de Polyeucte opposés aux tu de Pauline] met tout un monde entre le martyr Polyeucte et la païenne Pauline, Chateaubriand, Génie, II, III, 8.

    Familièrement. De quel monde venez-vous ? ou bien, vous n'êtes pas de ce monde, se dit à quelqu'un qui ne paraît pas instruit d'une chose que tout le monde sait.

  • 9Hyperboliquement. Un lieu vaste et très peuplé. Paris est un monde. C'est une république, c'est un monde que votre château, je n'y ai jamais vu cette foule, Sévigné, 459.
  • 10Monde se dit pour exprimer un ensemble de pays, de sociétés, de civilisation. Le monde oriental. Le monde grec. Le monde du moyen âge.

    On dit de même : le monde chrétien, le monde des fidèles. Dès le moment que nous entrons dans l'Église, qui est le monde des fidèles et particulièrement des élus, Pascal, Lett. sur la mort de son père. Les États qui composent le monde chrétien, Bourdaloue, Serm. 22e dim. après la Pentecôt. Domin. t. IV, p. 341.

    Le monde politique, la société et son gouvernement. Il est certain, et les peuples s'en convaincront de plus en plus, que le monde politique, aussi bien que le monde physique, se règle par poids, nombre et mesure, Fontenelle, Montmort.

  • 11La totalité des hommes, le genre humain. L'opinion du monde. Jésus-Christ est le Sauveur du monde. Le monde est vieux, dit-on ; je le crois ; cependant Il le faut amuser encor comme un enfant, La Fontaine, Fabl. VIII, 4. Avant lui [Jésus-Christ], le monde vivait dans une fausse paix, Pascal, Pens. XXIV, 62. Cette civilisation [celle de l'Europe] contient l'avenir du monde, Jouffroy, Mél. de l'état act. de l'hum.
  • 12Les hommes en général, la plupart des hommes. Le monde, chère Agnès, est une étrange chose, Molière, Éc. des f. II, 6. À quoi pense le monde ?… à danser, à jouer du luth, à chanter, à faire des vers, à courir la bague… sans penser à ce que c'est… qu'être homme, Pascal, Pens. XXIV, 53. Le monde juge bien des choses ; car il est dans l'ignorance naturelle qui est le vrai siége de l'homme, Pascal, ib. III, 18. Il [Alexandre] a souhaité de faire du bruit dans le monde durant sa vie et après sa mort, Bossuet, la Vallière. Le monde, qui n'est pas bon, mène souvent la passion des autres plus loin qu'elle n'est allée, Baron, l'Homme à bonnes fortunes, I, 4. Le monde me dédaigne, il me rejette, nous ne changerons pas le monde, Marivaux, Marianne, 7e part. L'expérience m'a convaincu que ce monde est une espèce de bois infesté de brigands : l'histoire m'assure de plus qu'il n'a jamais été autre chose, D'Alembert, Mélanges, t. V, Réflexions sur l'histoire.
  • 13Un certain nombre de personnes. Peu de monde. Beaucoup de monde. Il a amené beaucoup de monde avec lui. Le monde commençait à venir. Allons-nous-en d'ici, j'entends venir du monde, Mairet, Soliman, I, 2. Une grande partie du monde alla coucher à Reims, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 61, dans POUGENS. C'est ainsi que Candide, Martin et le Périgourdin raisonnaient sur l'escalier, en voyant défiler le monde au sortir de la pièce, Voltaire, Candide, 22. Le manque de soins avait fait périr autant de monde que les armes, Voltaire, Mœurs, 174. On m'a mandé qu'on avait démoli un temple auprès de la Rochelle, et qu'il y avait eu du monde tué, Voltaire, Lett. d'Argence, 10 juillet 1767. Le prince Eugène veut attaquer un pont ; il y perd du monde, Voltaire, Louis XIV, 23. Il y eut ce soir un monde prodigieux au cercle de la reine, Genlis, Mlle de la Fayette, p. 265, dans POUGENS.

    Avoir du monde, avoir chez soi un certain nombre de personnes. Quand j'ai du monde, je travaille à ce beau parement d'autel, Sévigné, 62. Vous me demandez ce que nous lisons ; dès qu'on a le moindre monde, on ne lit plus, Sévigné, 23 nov. 1689. Ah ! oui, j'ai bien le temps de m'arrêter, avec le monde que nous avons, Picard, Collatéral, IV, 4.

    Recevoir du monde, recevoir chez soi des personnes qui viennent rendre visite. … Je ne me sens pas, En ce moment, d'humeur à recevoir du monde, Collin D'Harleville, Chât. en Esp. II, 6.

    Monde se dit aussi pour une seule personne. N'entrez pas, il y a du monde dans son cabinet.

    À cet emploi de monde, correspond personne. Y a-t-il du monde ici ? il n'y a personne.

  • 14Le monde, les gens, vous, nous, le premier venu. Il ne faut pas accuser le monde légèrement. La dague dont il se servait Quand il voulait tuer le monde, Scarron, Virg. VI. Si bien qu'on ne peut se moquer du monde d'une façon plus grossière qu'en nous donnant ces discours comme fort anciens, Bossuet, Var. XI, 126. Devant le monde, en public. Ce qui est écrit noblement dans Homère devient aussi bas et aussi dégoûtant dans le Trissin [poëte italien] que les caresses d'un mari et d'une femme devant le monde, Voltaire, Ess. poés. épique, ch. V.

    Familièrement et avec un ton de plainte. Le pauvre monde, les gens, vous ou moi. Voilà qui est beau de se moquer ainsi du pauvre monde, Voisenon, Hist. de la sultane Grisemine, Œuvr. t. V, p. 67, dans POUGENS.

  • 15Tout le monde, chacun. [Elle] Croit que c'est aimer Dieu que haïr tout le monde, Boileau, Sat. X. Il aurait fallu commencer par imiter M. le duc d'Orléans [qui s'était fait inoculer] ; il faudrait donner la petite vérole à tout le monde pour sauver tout le monde, Voltaire, Lett. Delisle, 27 mai 1774.

    On peut employer le pronom leur avec tout le monde. Avec quelle condescendance engageait-elle tout le monde à leurs devoirs en s'acquittant des siens envers tout le monde ! Le P. de la Rue, Or. fun. du Dauphin et de la Dauphine. Le bon prince [Charles II] commençait à être de mauvaise humeur… il laissait tout le monde en repos dans leur commerce, et cependant on avait souvent l'insolence de troubler le sien, Hamilton, Gramm. 13.

    Tout le monde, le premier venu. Si j'étais la Fontaine et si Mme du Châtelet avait le malheur de n'être que Mme de Montespan, je lui ferais une épître en vers, où je dirais ce qu'on dit à tout le monde, Voltaire, Lett. Thieriot, 1er mars 1736. Madame sort sans livrée ! nous avons l'air de tout le monde, Beaumarchais, Mère coupable, I, 2.

  • 16Hyperboliquement. Un monde, une grande quantité de personnes. Apaisez le lion : seul il passe en puissance Ce monde d'alliés vivant sur notre bien, La Fontaine, Fabl. XI, 1. Être servi par un monde d'esclaves, La Fontaine, l'Eunuque, II, 1. Ma manière d'agir, ma critique, mes ris, M'attireraient bientôt un monde d'ennemis, Regnard, Démocrite, I, 6. Un monde d'adversaires élevés contre lui, tant au dedans qu'au dehors de l'Académie, ne l'ébranla point, Fontenelle, Méry.

    Absolument. L'éloignement d'aucun ne saurait m'affliger ; Mille encore présents m'empêchent d'y songer ; Je n'en crains point la mort, je n'en crains point le change ; Un monde m'en console aussitôt, ou m'en venge, Corneille, la Place roy. I, 1.

    Une grande quantité de choses. Contre un monde de recettes, La Fontaine, Ann. Je vous écrivais tout à l'heure que je brûlais d'aller à Paris ; à présent je tremble d'y trouver un monde d'affaires, Diderot, Lett. Voland, 28 oct. 1760. Dans le peu de paroles qu'avait prononcées cet homme, j'avais entrevu un monde de douleurs secrètes, Reybaud, Jérôme Paturot, Introduct.

  • 17Avec l'adj. possessif, les domestiques. Il a congédié tout son monde. On dit ordinairement en parlant : tout mon monde est venu, son monde n'est pas venu, pour dire : tous mes gens ou tous mes domestiques sont venus, ses gens ne sont pas venus ; mais il le faut éviter comme un terme bas, et, si j'ose le dire, de la lie du peuple, Vaugelas, Rem. t. I, p. 277, dans POUGENS. Son monde, pour dire ses gens, ses domestiques, n'est point un terme de la lie du peuple, comme il est qualifié dans cette remarque ; il est de la conversation et du style familier, et on ne doit point blâmer ceux qui disent : son appartement est fort commode, il a tout son monde autour de lui, Académie, Observations sur Vaugelas, p. 91. Là-dessus le maître entre et vient faire sa ronde : Qu'est ceci, dit-il à son monde ? La Fontaine, Fabl. IV, 21. Il savait bien qu'il n'avait pas besoin de tout ce monde, mais il croyait que tout ce monde avait besoin de lui, Fléchier, Duc de Mont.

    Les gens qui sont sous les ordres de quelqu'un. Ce capitaine n'avait avec lui que la moitié de son monde. Déjà monsieur le maître et son monde se lasse, Régnier, Sat. VI. Le lendemain, au premier lever de l'aurore, je fais embarquer tout mon monde, Fénelon, t. XXI, p. 409.

    Un certain nombre de personnes que l'on attend. Notre monde n'est pas encore arrivé. …Monsieur, voici tout votre monde, Père, rival, maîtresse et madame Raymonde, Legrand, Foire de Saint-Laurent, sc. 4. Mon souper est prêt ; attendons notre monde, Al. Duval, Jeunesse de Richel. V, 1.

    La famille, les gens qu'on a autour de soi Tout mon monde vous fait ses compliments. Tout notre monde vous est extrêmement obligé de l'honneur de votre souvenir, Guez de Balzac, liv. VIII, lett. 46.

    On dit de ses enfants jeunes : mon petit monde.

    Fig. Connaître son monde, savoir à qui l'on a affaire. Apprendre à quelqu'un à connaître son monde, lui faire la leçon, le remettre à sa place. Si vous m'en croyez, nous leur jouerons tous deux une pièce qui leur fera voir leur sottise et pourra leur apprendre à connaître un peu mieux leur monde, Molière, Préc. 1.

  • 18Dans la marine, l'équipage, ou une partie de l'équipage. En haut le monde ! appelez le monde ! On met du monde sur telle ou telle manœuvre qu'on veut haler. Tout le monde sur le pont ! Envoyer du monde à terre.

    Faire passer du monde sur le bord, faire descendre, quand un officier ou un étranger vient à bord d'un vaisseau, le long de l'échelle quelques matelots qui veillent sur lui pendant le trajet à faire de l'embarcation qui l'a apporté au pont du navire, le préservent des chutes ou autres accidents et le reçoivent le bonnet à la main.

  • 19La société des hommes, ou une partie de cette société. L'usage du monde. Il ne voit qu'un certain monde. Vous êtes peu du monde, et savez mal la cour, Corneille, Nicom. III, 8. Mais vous êtes du monde ; et, dans votre sagesse, Vous savez excuser le feu de la jeunesse, Molière, Éc. des f. V, 2. Mais quand on est du monde, il faut bien que l'on rende Quelques dehors civils que l'usage demande, Molière, le Mis. I, 1. …C'est une folie à nulle autre seconde De vouloir se mêler de corriger le monde, Molière, ib. I, 1. Il faut parmi le monde une vertu traitable, Molière, ib. Enfin, j'ai vu le monde, et j'en sais les finesses, Molière, Éc. des f. IV, 5. Le peuple et les habiles composent le tiers du monde, Pascal, Pens. III, 18. Enfin, le voilà jeté dans le monde, et il y fait fort bien, Sévigné, 498. Elle sut se prêter au monde avec toute la dignité que demandait sa grandeur, Bossuet, Mar.-Thér. Je veux confondre le monde par ceux que le monde même révère le plus, par ceux qui le connaissent le mieux, et ne lui veux donner pour le convaincre que des docteurs assis sur le trône, Bossuet, Duch. d'Orl. Les pensées ambitieuses sans lesquelles on n'est pas du monde, Bossuet, 3e serm. Pentec. 1. Le monde est une comédie qui se joue en différentes scènes ; ceux qui sont dans le monde comme spectateurs, souvent le connaissent mieux que ceux qui y sont comme acteurs, Bossuet, Pensées chrét. 30. Dans ces déplorables erreurs, la princesse palatine avait les vertus que le monde admire, et qui font qu'une âme séduite s'admire elle-même, Bossuet, Anne de Gonz. On admire en elle des qualités qui la rendent parfaite selon le monde, Bourdaloue, Concept. de la Vierge, Myst. t. II, p. 55. Il ne pouvait ignorer qu'entre les gentils il y avait eu des sages du monde, des hommes distingués selon le monde, Bourdaloue, Myst. Épiphanie, t. I, p. 94. Qu'il y avait un art innocent de séparer les pensées d'avec les paroles, et que la probité pouvait souffrir ces complaisances mutuelles qui, étant devenues volontaires, ne blessent presque plus la bonne foi, et maintiennent la paix et la politesse du monde, Fléchier, duc de Mont. Le monde, et surtout MM. les évêques sont très mécontents de ce qu'on vient de faire pour les nouveaux convertis, Maintenon, Lett. au card. de Noailles, 3 janv. 1698. Le monde est un menteur, il nous promet des plaisirs, et il ne donne que des peines, Maintenon, Lett. à Mme de Fontanes, 1695. Le monde, à mon avis, est comme un grand théâtre, Où chacun en public, l'un par l'autre abusé, Souvent à ce qu'il est joue un rôle opposé, Boileau, Sat. X. Jeune, autrefois par vous dans le monde conduit, Boileau, ib. X. Le monde cependant se rit de mes excuses, Boileau, Ép. VI. C'est [Alidor bâtissant un monastère] un homme d'honneur, de piété profonde, Et qui veut rendre à Dieu ce qu'il a pris au monde, Boileau, Sat. IX. Point ne me chaut ce que le monde en pense, Chaulieu, Bouquet, 5. La pécheresse de l'Évangile était du monde, Massillon, Carême, Samar. Dans ces maisons de retraite… l'esprit du monde y règne quelquefois plus que dans le monde même, Massillon, Carême, Vocation. Une telle situation mit Villars fort dans le monde, et dans un monde fort au-dessus de lui, Saint-Simon, 3, 51. Heureux qui jouit agréablement du monde ! plus heureux qui s'en moque et qui le fuit ! Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 20 janv. 1769. J'entre avec une secrète horreur dans ce vaste désert du monde, Rousseau, Hél. II, 14. La nature lui avait donné le goût des sciences et une sorte de répugnance pour le monde, c'est-à-dire pour la dissipation sans plaisir, la vanité sans motif et l'oisiveté sans repos, Condorcet, Courtanvaux. Le monde, dit Luther, ressemble à un paysan ivre : veut-on le mettre en selle d'un côté, il tombe de l'autre, Villers, Kant, p. 135. Elle est sœur de Mme d'Olcy, que vous avez certainement rencontrée dans le monde, Genlis, Adèle et Théodore, t. I, p. 53, dans POUGENS. Ici viennent mourir les derniers bruits du monde, Lamartine, Médit. I, 16.

    Aller dans le monde, fréquenter la société, aller dans les salons, dans les bals, les concerts, etc. Cette dame laissait croire que j'étais destinée à son fils ; mais elle me laissait aller dans le monde sur ce pied-là, Marivaux, Marianne, 5e part. Les filles vivent dans les couvents, et les femmes courent le monde, Rousseau, Ém. V.

    Mettre quelqu'un dans le monde, l'introduire dans la société.

    Homme du monde, homme qui vit dans la société et qui en sait les usages.

    Au pluriel, les gens du monde, voy. GENS, n° 3.

    Savoir son monde, savoir bien le monde, savoir vivre et se conduire dans le monde. Fille qui sait son monde a saison opportune, Régnier, Sat. XII. Est-il possible, notre gendre, que vous sachiez si peu votre monde ? Molière, G. Dand. I, 4. Cela est étrange qu'on ne puisse avoir en province un laquais qui sache son monde, Molière, la Comtesse d'Escarb. I, 2. Un homme qui ne sait pas le monde, Sévigné, 89. Voilà la reine des filles pour entendre parfaitement bien son monde ! Brueys, Muet, IV, 12. Avoir du monde, même signification. M. de Coulanges est bien en peine de savoir laquelle de vos madames y prend goût [à mes lettres] ; nous trouvons que c'est un bon signe pour elle ; car mon style est si négligé qu'il faut avoir un esprit naturel et du monde pour s'en pouvoir accommoder, Sévigné, 23 déc. 1671. [Calvisson] c'était une fort vilaine figure d'homme, mais avec beaucoup d'esprit, de lecture et de monde, Saint-Simon, 78, 2. Je ne puis deviner quel est son projet ; mais il a du monde, de l'esprit, Dancourt, Moulin de Javelle, sc. 26.

    Manquer de monde, être sans monde, ne pas connaître les usages de la société distinguée. J'entendis une fois Mme de *** dire à son amie : Il manque de monde, mais il est aimable, Rousseau, Confess. VI. De paisibles campagnards sans monde et sans politesse, Rousseau, Hél. V, 2.

    Connaître le monde, connaître les hommes. Il a de l'esprit, de l'honnêteté, il connaît le monde, Sévigné, 280. Frédéric a plus d'art et connaît mieux son monde, Voltaire, Ép. 101.

    La science du monde, la connaissance de la manière de voir de la société. Ces sacrifices que les ambitieux appellent la science du monde, Fléchier, Duc de Mont.

    Vous ne changerez pas le monde, c'est-à-dire il faut accepter les usages, les opinions, les manières de faire. Le monde par vos soins ne se changera pas, Molière, Mis. I, 1.

    N'être plus du monde, n'être plus dans le commerce du monde, ne plus fréquenter la société.

    On dit dans le même sens : quitter le monde, renoncer au monde, se retirer du monde. Au monde qui la quitte, elle veut renoncer, Molière, Tart. I, 1. Je m'applaudis tous les jours de m'être retiré à la campagne depuis quinze ans… il y a, je l'avoue, un grand mal dans cette privation, c'est qu'en quittant le monde, je vous ai quittée, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 20 janv. 1769.

    Voilà le monde, c'est ainsi que les choses changent, que la fortune porte ses coups, que les sentiments tournent. La maréchale de Clérambault aura son paquet à Poitiers ; c'est-à-dire au même lieu où elle avait reçu l'ordre de venir au Palais-Royal ; voilà le monde, Sévigné, 391. Enfin voilà Mme de Richelieu à la place de Mme de Montausier ; quelle joie pour bien des gens ! quel chagrin pour d'autres ! voilà le monde, Sévigné, 22 nov. 1671.

    Ainsi va le monde, c'est ainsi que les hommes agissent, se conduisent.

    C'est le monde renversé, se dit quand une chose se fait contre l'ordre et la raison.

    C'est un homme qui doit à Dieu et au monde, c'est-à-dire il est fort endetté.

  • 20Le grand monde, la société distinguée par les richesses, par les dignités de ceux qui la composent. Être reçu dans le grand monde. Dans ce grand monde où tu vas l'entraîner [ta femme], Boileau, Sat. X. Toute sa vie [Villeroy] nourri et vivant dans le plus grand monde, Saint-Simon, 392, 62. Des gens puissants, qui ont du crédit ou des dignités, et qui composent ce qu'on appelle le grand monde, Marivaux, Marianne, 5e part. Le plus grand monde était de ses soupers et de ses fêtes, Marmontel, Mém. IV. Par degrés l'accoutumant à faire les honneurs de sa maison, la mit dans le plus grand monde, Genlis, Mlle de la Fayette, p. 14, dans POUGENS.

    Grand monde signifie aussi une société nombreuse. Et vous avez grand monde ? - à ne pas nous connaître, Piron, Métrom. I, 1.

    Familièrement. Le petit monde, les gens du commun. Le peuple dit : il ne faut pas tant mépriser le petit monde.

    Le beau monde, la société la plus brillante, celle qui est distinguée par l'élégance en tout genre. Voilà le beau monde qui prend le chemin de nous venir voir, Molière, Préc. 12. Mon hôtesse, sans s'informer des motifs de ma curiosité, me mena à une église où tout le beau monde allait à la messe, Mme de Tencin, Malh. de l'amour, Œuv. t. IV, p. 161, dans POUGENS.

    Mme de Genlis trouvait le beau monde une façon de parler basse, Mém. t. V, p. 92, dans POUGENS.

    Voir le beau monde, fréquenter les personnes de distinction.

    En un autre sens. Du beau monde, des gens bien mis. J'ai vu là beaucoup de beau monde.

    Le monde savant, le monde lettré, les hommes qui s'occupent particulièrement des sciences, des lettres.

    Le monde géomètre, les géomètres. L'universalité surprenante des méthodes [dans le calcul différentiel], l'élégante brièveté des démonstrations… tout attirait les esprits, et il se faisait dans le monde géomètre une révolution bien marquée, Fontenelle, Rolle.

    Demi-monde, gens d'une réputation équivoque ; se dit surtout des femmes galantes, entretenues.

    Le demi-monde littéraire, des littérateurs de dernière classe.

  • 21En langage de dévotion, la vie des hommes qui ont les mœurs peu sévères du siècle. Dieu ne veut point d'un cœur où le monde domine, Corneille, Poly. I, 1. Honteux attachements de la chair et du monde, Corneille, ib. IV, 2. Monde, pour moi tu n'as plus rien, Corneille, ib. IV, 2. Ô fausse volupté du monde ! Rotrou, St Genest, V, 1. Dans l'âme elle est du monde, Molière, Mis. III, 3. Seigneur, prenez mes affections que le monde avait volées, Pascal, Prière pour le bon usage des malad. Le monde que je sais avoir été véritablement le meurtrier de celui que je reconnais pour mon Dieu et mon père, qui s'est livré pour mon propre salut, Pascal, ib. Il fallait autrefois sortir du monde pour être reçu dans l'Église, au lieu qu'on entre aujourd'hui dans l'Église en même temps que dans le monde ; on connaissait alors par ce procédé une distinction essentielle du monde d'avec l'Église ; on les considérait comme deux contraires, comme deux ennemis irréconciliables…, Pascal, Compar. des chrét. des premiers temps, etc. Il faut que le monde vous désabuse du monde ; ses appas ont assez d'illusions, ses faveurs assez d'inconstance, ses rebuts assez d'amertume, Bossuet, la Vallière. Reconnaissez ici le monde, reconnaissez ses maux toujours plus réels que ses biens, Bossuet, Ann. de Gonz. L'un [amour] est l'amour de soi-même poussé jusqu'au mépris de Dieu, c'est ce qui fait la vie ancienne et la vie du monde ; l'autre…, Bossuet, la Vallière. L'honneur du monde, mes frères, c'est cette grande statue que Nabuchodonosor veut que l'on adore, Bossuet, 1er serm. Dim. des Ram. Préambule. Ce qu'on appelle le monde, les sectateurs du monde, les esclaves du monde, ces hommes et ces femmes remplis de l'esprit du monde, connaissent-ils Dieu ? Bourdaloue, Instruct. pour l'Avent, Exhort. t. II, p. 219. Le monde, que saint Augustin appelle la région des faussetés et des mensonges, Fléchier, Duc de Mont. Le monde qui ne peut cesser d'être monde, c'est-à-dire corrompu, Fénelon, Éduc. filles, 8. Vous leur persuadez que le monde n'est pas si incompatible avec le salut qu'on le pense, Massillon, Carême, Resp. hum. Une vie mêlée, tantôt de retraite et de vertu, tantôt de monde et de faiblesse, Massillon, Carême, Tiédeur, 2.
  • 22La vie séculière, par opposition à la vie monastique. Abandonner le monde. Un religieux qui rentre dans le monde. Le désir qu'elle avait eu de renoncer au monde, Fléchier, Dauph.
  • 23L'autre monde, la vie par delà le tombeau. N'ayant de communication qu'avec les morts, je ne vous saurais raconter que des nouvelles de l'autre monde, Guez de Balzac, liv. I, lett. 9. Enfin, si l'autre monde a des charmes pour vous, Pour moi je trouve l'air de celui-ci fort doux, Molière, le Dép. V, 1. Et aussi les deux mondes : la création d'un nouveau ciel et nouvelle terre ; nouvelle vie, nouvelle mort, Pascal, Pens. XXIV, 12.

    Familièrement. Envoyer dans l'autre monde, tuer. C'est la vouloir envoyer dans l'autre monde, Molière, Am. méd. I, 1. Si vous n'y prenez garde, il prendra tant de soins de vous qu'il vous enverra dans l'autre monde, Molière, Mal. im. III, 3.

    Aller dans l'autre monde, mourir. Il faut toujours avoir son paquet prêt et le pied à l'étrier, pour voyager dans cet autre monde, où, quelque chose qui arrive, les rois n'auront pas grand crédit, Voltaire, Lett. Mme Denis, 18 déc. 1752.

  • 24 Fig. L'autre monde, se dit du passé, du monde d'autrefois, de ce qui n'est plus à la mode, dans l'usage. Il fait voir que la vertu de Caton était de l'autre monde et non pas de celui-ci, Guez de Balzac, 6° disc. sur la cour. Que la foi lui paraît [au monde] simple et mal habile !… que la piété chrétienne lui semble être de l'autre monde ! Bossuet, 3e serm. Pentec. I.

    Des gens de l'autre monde, des gens qui n'appartiennent plus au temps présent, qui ne connaissent pas les usages du monde. Ce que je ne puis comprendre, c'est que vous vous teniez tous deux à l'écart [M. et Mme de Grignan] pour des gens de l'autre monde, et qui ne sont plus en état de penser à la fortune et aux grâces de Sa Majesté, Sévigné, 13 mars 1680. Je trouvai, dans cette maison, une compagnie plus de l'autre monde que de celui-ci, Staal, Mém. t. I, p. 315.

    Fig. Il semble qu'il vienne de l'autre monde, se dit d'un homme qui paraît ignorer ce qui se passe publiquement, les choses que tout le monde sait. Je viendrais d'un autre monde, si j'ignorais les éloges qu'elle [une reine] a reçus en celui-ci de la voix de tous les peuples, Guez de Balzac, lett. 10, liv. VI.

    Dire des choses de l'autre monde, dire des choses étranges, incroyables.

  • 25Titre de diverses publications périodiques ou non, qui exposent des choses relatives au monde. Le Monde illustré. Le Monde religieux.
  • 26Petit monde, poisson du genre des quatredents.
  • 27Grand monde, sorte de papier d'une grande dimension.
  • 28 Monde d'or, quartz résinite (l'hydrophane des minéralogistes), connu des bijoutiers sous le nom d'œil du monde ; sa qualité spongieuse lui permet d'absorber une quantité d'eau qui, en reflétant les couleurs du spectre solaire, lui donne le chatoiement de l'opale, De Laborde, Émaux, p. 396.

    PROVERBE

    Maître Gonin est mort, le monde n'est plus grue (voy. GONIN).

REMARQUE

1. Bouhours (Nouv. Rem.) hésite sur la locution avoir du monde, il a beaucoup de monde, pour dire avoir l'usage du monde : " Plusieurs personnes qui se piquent de politesse, parlent de la sorte ; mais plusieurs personnes polies en font scrupule, et c'est ce qui me rend la phrase suspecte. Pour m'en servir, je voudrais qu'elle fût plus établie. " Cette locution s'est en effet établie.

2. Th Corneille remarque que un monde de… pour signifier une infinité, une multitude, n'est plus usité ; mais la Fontaine s'en est très bien servi ; et la locution a repris faveur.

HISTORIQUE

XIIe s. Touz l'ors del mont ne les pourreit tenser [préserver], Ronc. 78. Le Seignor [elle] prie qui le mont estora, ib. 175. Novele amor… Me fait chanter de la plus debonaire Qu'on puist el mont ne voer ne trouver, Couci, II.

XIIIe s. En tout ce mont [je] ne lui demanderoie Fors que s'amour, qui à la mort me mene, Couci, 126. Des nons et de la diversité des vens ne dira ore plus li maistres, por ce que les gens dou monde changent et devisent les nons selonc lor usage et selon la diversité des langages, Latini, Trésor, p. 121. A-il mesaise au monde qu'à la moie [à la mienne] compere [soit égale] ? Berte, XVIII. [il] N'[y] avoit si male garce tant com dure li mons, ib. XXIII. Là fu Vilains de Nulli, qui bien estoit uns des bons chevaliers du monde, Villehardouin, XXXIII. Onques si grans afaires ne fu empris de nulle gent puis que li mons fu estorés, Villehardouin, LXI. Et bien sachiés que tos li mons le tint à grant miracle, Villehardouin, CLXI. Avarice a le mont sorpris [s'est emparée du monde], Ren. 193. De mainte guise a gent el monde, Que li un sont de pechié monde, Et moult i en a d'entechiez De toz les creminiés pechiez, ib. 15646.

XVe s. L'homme du monde qui plus aida le roy Philippe à parvenir à la couronne, ce fut…, Froissart, I, I, 54. Ne me sembloit qu'il fust homme en ce monde Qui me vausist [valût] de sens et de povoir, Deschamps, Ball. sur les erreurs de la jeunesse. Au temps passé quant nature me fist En ce monde venir…, Orléans, Poésies, p. 1. Et ne vouldroie estre en cely train pour un monde d'or, car j'en seroie à blasmer devant Dieu et devant les hommes, J. Chastelain, Chr. de Bourg. II, 26. On le presume mort au monde ; On le tient pour desnaturé, Coquillart, Droits nouveaux. Ils ne pensoient qu'à leurs divisions, et à faire ung monde neuf, et ne regardoient point à plus loing, Commines, V, 16. Ils en eurent un monde de biens, qui estoient dedans [le chasteau], Commines, VII, 14.

XVIe s. Il y a un monde de vices caché en l'ame de l'homme, Calvin, Inst. 540. Sans laquelle imprudence, la fontaine dureroit un monde d'ans, De Serres, 772. Sçavez-vous bien comme on s'entretenoit, Vingt ans, trente ans ? cela duroit un monde, Au bon vieux temps, Marot, II, 121. Hors du monde je me retire, Marot, III, 38. Sus, sus, mon cœur, Dieu où tout bien abonde Te faut louer : louez le, tout le monde, Marot, IV, 315. En ce mesme monde [dans l'Inde], Montaigne, I, 16. Un monde d'ennemis, Montaigne, I, 19. Les opinions du monde, Montaigne, I, 69. Il estoit bien près de mourir de soif, car il n'y avoit eau du monde au lieu où il s'étoit retiré, Amyot, Artax. 15. Il les estimoit les plus effrontez hommes du monde, Amyot, ib. 98. Hommes mechans, haïz des dieux et du monde, Amyot, Dion, 37. La divinité au gouvernement de laquelle l'univers obeissant est de faict et de nom monde, qui autrement ne seroit que desordre et confusion, Amyot, ib. 13. Que s'il y a aucune loy qui s'escarte le moins du monde de cette premiere et originelle matrice, c'est un monstre, une fausseté, une erreur, Charron, Sagesse, II, 3. Savoir son monde, Oudin, Curios. franç. Ainsi va le monde ; quand l'un descend, l'autre monte, Oudin, ib. Qui veut la conscience monde, il doit fuir le monde immonde, Cotgrave Le monde est bien mangé de rats, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 330. Le monde est rond ; qui ne sait nager va au fond, Leroux de Lincy, ib. Le monde n'est monde, Leroux de Lincy, ib. Le monde parle, l'eau coule, le vent souffle, l'aage s'escoule, Leroux de Lincy, ib. Quant à la restitution de l'escarboucle et monde d'or qu'avons presentement en nos mains pour gaige…, De Laborde, Émaux, p. 396.

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Étymologie de « monde »

(XIIe siècle) Du latin mundus (« ce qui est arrangé, net, pur ») ; comparer cosmos, du grec ancien κόσμος, kósmos (« ce qui est arrangé, ordre »), apparenté à cosmétique.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. mun, mon, mont ; cat. mon ; esp. et port. mundo ; ital. mondo ; du latin mundus, proprement ce qui est ordonné, bien disposé (voy. MONDE 2). Mundus, ayant les deux sens d'ornement, bon arrangement et de monde, est la traduction du grec ϰόσμος, qui a aussi ces deux sens. Dans ϰόσμος, le sens d'orner, d'arranger est le premier, et celui de monde est secondaire, dû, suivant Plutarque, aux pythagoriciens qui considéraient le monde comme un arrangement. La même idée a déterminé l'emploi latin de mundus ; au sens de monde, il se trouve dès Ennius et Plaute ; l'on sait d'ailleurs que, grâce à la grande Grèce, la philosophie pythagoricienne n'était pas ignorée à Rome, dès ce haut temps.

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Phonétique du mot « monde »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
monde mɔ̃d

Fréquence d'apparition du mot « monde » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « monde »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « monde »

  • Mais comme chaque chose a sa raison, et que la fantaisie d’un individu me paraît tout aussi légitime que l’appétit d’un million d’hommes et qu’elle peut tenir autant de place dans le monde, il faut, abstraction faite des choses, et indépendamment de l’humanité qui nous renie, vivre pour sa vocation, monter dans sa tour d’ivoire et là, comme une bayadère dans ses parfums, rester, seul, dans nos rêves
    Gustave Flaubert — Correspondance
  • La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde.
    Arthur Rimbaud — Une saison en enfer, Délires I
  • Le monde du partage devra remplacer le partage du monde.
    Claude Lelouch — Itinéraire d'un enfant très gâté
  • Je dois m’attendre à tout – ayant été l’homme le plus haï et le plus adoré du XVIIIe siècle !… Avec de la gaieté – et même de la bonhomie, j’ai eu des ennemis sans nombre – et n’ai pourtant croisé la route de personne. Or, j’ai trouvé la cause de tant d’inimitiés. Dès ma folle jeunesse, j’ai joué de tous les instruments, mais je n’appartenais à aucun corps de musiciens – les musiciens m’ont détesté. J’ai inventé quelques bonnes machines, mais je n’étais pas du corps des mécaniciens – et l’on a dit du mal de moi. Je faisais des vers et des chansons, mais qui m’eût reconnu pour poète ? – j’étais le fils d’un horloger ! N’aimant pas le jeu de loto, j’ai fait des pièces de théâtre, mais on disait : “De quoi se mêle-t-il ? Ce n’est pas un auteur, car il fait d’immenses affaires”. Faute de rencontrer qui voulût me défendre, j’ai imprimé de grands mémoires pour gagner des procès qu’on m’avait intentés. Les avocats se sont écriés : “Peut-on souffrir qu’un pareil homme prouve sans nous qu’il a raison !” J’ai traité avec les ministres de grands points de réformation dont nos finances avaient besoin, mais l’on disait encore : “De quoi se mêle-t-il, puisqu’il n’est point financier ?” Luttant contre tous les pouvoirs, j’ai relevé l’art de l’imprimerie française par les superbes éditions de Voltaire – mais je n’étais pas imprimeur et j’ai eu tous les marchands pour adversaires. J’ai fait le haut commerce dans les quatre parties du monde – mais je ne m’étais point déclaré négociant. J’ai eu quarante navires à la fois sur la mer – mais, n’étant pas un armateur, on m’a dénigré dans nos ports. Un vaisseau de guerre à moi de cinquante-deux canons a eu l’honneur de combattre en ligne avec ceux de Sa Majesté, mais regardé comme un intrus, j’y ai gagné de perdre ma flottille ! De tous les Français, quels qu’ils soient, je suis celui qui a fait le plus pour la liberté de l’Amérique – mais je n’étais point classé parmi les négociateurs…
    Sacha Guitry — Beaumarchais
  • Comment obtenir la béatitude ? En disant Dada. Comment devenir célèbre ? En disant Dada. D’un geste noble et avec des manières raffinées. Jusqu’à la folie. Jusqu’à l’évanouissement. Comment en finir avec tout ce qui est journalisticaille, anguille, tout ce qui est gentil et propret, borné, vermoulu de morale, européanisé, énervé ? En disant Dada. Dada c’est l’âme du monde, Dada c’est le grand truc. Dada c’est le meilleur savon au lait de lys du monde. Dada Monsieur Rubiner, Dada Monsieur Korrodi, Dada Monsieur Anastasius Lilienstein. Cela veut dire en allemand : l’hospitalité de la Suisse est infiniment appréciable. Et en esthétique, ce qui compte, c’est la qualité. Je lis des vers qui n’ont d’autre but que de renoncer au langage conventionnel, de s’en défaire. Dada Johann Fuchsgang Goethe. Dada Stendhal, Dada Dalaï-lama, Bouddha, Bible et Nietzsche. Dada m’Dada. Dada mhm Dada da. Ce qui importe, c’est la liaison et que, tout d’abord, elle soit quelque peu interrompue.Je ne veux pas de mots inventés par quelqu’un d’autre. Tous les mots ont été inventés par les autres. Je revendique mes propres bêtises, mon propre rythme et des voyelles et des consonnes qui vont avec, qui y correspondent, qui soient les miens. Si une vibration mesure sept aunes, je veux, bien entendu, des mots qui mesurent sept aunes. Les mots de Monsieur Dupont ne mesurent que deux centimètres et demi. On voit alors parfaitement bien comment se produit le langage articulé. Je laisse galipetter les voyelles, je laisse tout simplement tomber les sons, à peu près comme miaule un chat… Des mots surgissent, des épaules de mots, des jambes, des bras, des mains de mots. AU. OI. U. Il ne faut pas laisser venir trop de mots. Un vers c’est l’occasion de se défaire de toute la saleté. Je voulais laisser tomber le langage lui-même, ce sacré langage, tout souillé, comme les pièces de monnaie usées par des marchands. Je veux le mot là où il s’arrête et là où il commence. Dada, c’est le coeur des mots. Toute chose a son mot, mais le mot est devenu une chose en soi. Pourquoi ne le trouverais-je pas, moi ? Pourquoi l’arbre ne pourrait-il pas s’appeler Plouplouche et Plouploubache quand il a plu ? Le mot, le mot, le mot à l’extérieur de votre sphère, de votre air méphitique, de cette ridicule impuissance, de votre sidérante satisfaction de vous-mêmes. Loin de tout ce radotage répétitif, de votre évidente stupidité.Le mot, messieurs, le mot est une affaire publique de tout premier ordre.
    Hugo Ball —  Manifeste littéraire
  • J’ai fait un voyage sur le plus beau bateau qui ait jamais été construit ; particularité étrange, à bord de ce transatlantique, passagers et hommes d’équipage étaient à cheval !Le capitaine, cavalier émérite, montait un pur-sang de courses, il portait un costume de chasse et sonnait du cor pour diriger la manœuvre, quant à moi, ayant horreur de l’équitation, j’avais pu obtenir de passer mes journées sur le cheval de bois de la salle de gymnastique. Nous débarquâmes sur une terre nouvelle où les chevaux étaient inconnus ; les indigènes prirent pour un animal à deux têtes les passagers montés de notre navire, ils n’osèrent s’en approcher en proie à la terreur ; moi seul, reconnu semblable à ces êtres primitifs, je fus fait prisonnier par eux. C’est de la prison ou l’on m’enferma que j’écrivis les lignes qui vont suivre. Cette prison était une île absolument déserte le jour, mais la nuit, les habitants d’une grande ville continentale ou le mariage et l’union libre étaient également défendus, s’y donnaient rendez-vous pour faire d’amour, j’ai pù ainsi rapporter de mon exil la plus splendide collection de peignes de femmes qui soit au monde, depuis le triste celluloïd jusqu’à l’écaille la plus transparente, couverte de pierres précieuses. J’ai offert cette collection à l’un de mes oncles, conchyliologiste distingué, chez lequel elle fait pendant à une vitrine de coquillages indiens.
    Francis Picabia — Jésus-Christ Rastaquouère
  • Le poète, à l’affût, tout comme un autre, des obscures nouvelles du monde et de l’invraisemblable problème d’herbes, de cailloux, de saletés, de splendeur, qui s’étend sous ses pas, nous rendra les délices du langage le plus pur aussi bien celui de l’homme de la rue ou du sage, que celui de la femme, de l’enfant ou du fou. Si l’on voulait, il n’y aurait que des merveilles.
    Paul Eluard — Les Sentiers et les routes de la poésie
  • Mon Dieu, comme le monde est encore jeune et beau !
    Louis Aragon — Préface à la traduction française de Michael Kolhaas , Éditeurs français réunis
  • L’huître, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l’ouvrir : il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles : c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de halos.À l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en dessus s’affaissent sur les cieux d’en dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords.Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’orner.
    Francis Ponge —  Le parti pris des choses 
  • Le monde est abîme, et le monde s’abîmera.
    Proverbe pachtoune
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Traductions du mot « monde »

Langue Traduction
Anglais world
Espagnol mundo
Italien mondo
Allemand welt
Chinois 世界
Arabe العالمية
Portugais mundo
Russe мир
Japonais 世界
Basque mundu
Corse mondu
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Synonymes de « monde »

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Antonymes de « monde »

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Monde

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