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Gens

Variantes Singulier Pluriel
Féminin gens gentes

Définitions de « gens »

Trésor de la Langue Française informatisé

GENS1, subst. masc. et fém. plur.

A. − [Précédé des déterminants des, les, qui peuvent être effacés]
1. [Employé fréq. comme synon. de monde (collectif)]
a) Personnes en nombre indéterminé, considérées collectivement. Les nobles d'origine (...) ne haïssent guère qu'une sorte de gens, les vilains anoblis, enrichis, parvenus (Courier, Pamphlets pol., Gaz. vill., 1823, p. 188).Quelque méchante action qu'il ait faite contre moi, j'en ai commis d'analogues contre bien des gens (Montherl., Célibataires,1934, p. 894) :
1. Je vis cette rue noire comme un tuyau de cheminée, avec des tas de gens vivants ou morts, à terre, parmi les décombres, femmes, hommes, je ne sais pas au juste. Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 206.
SYNT. Gens agréables, aimables, ambitieux, avares, bien, braves, brillants, charmants, doctes, élégants, bien/mal élevés, éminents, établis, faibles, fins, grossiers, honnêtes, honorables, importants, influents, intelligents, malheureux, médiocres, pauvres, raisonnables, riches, sages, savants, sensés, simples, superficiels, titrés, tranquilles; gens dans le malheur, dans la peine; gens en place; gens sans cœur; gens comme il faut; beaucoup, nombre, peu, plein, quantité, tant, trop de gens; la plupart des gens; tous les gens; assemblée, foule, groupe, horde, multitude de gens; espèce, genre, sorte de gens.
Bonnes, braves, honnêtes gens. Personnes recommandables, qui ont de la simplicité, de la droiture dans les manières. Les procureurs du roi ne sont pas seulement d'honnêtes gens, ce sont encore des gens fort honnêtes (Courier, Pamphlets pol., Au réd. « Censeur », 1819-20, p. 17).Les Cosaques sont de braves gens, de mœurs douces et hospitalières (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 167).Les braves gens (...) n'ont pas de malice ni d'imagination (Mille, Barnavaux,1908, p. 260).On dirait une rue, dans quelque station de villégiature (...). Villégiature pour bonnes gens un peu simplets par exemple, je le reconnais (Loti, Vertige mond.,1917, p. 98) :
2. Avec les gens intelligents, Je ris du Dieu des bonnes gens. Sacré Dieu! quels airs indulgents! Quel gros c..., quelle panse ronde! Nouveau, Valentines,1886, p. 125.
[Formule d'adresse et interj.] Honnêtes gens de tous les partis, qui voulez le bien du pays (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1836, p. 174).C'est dans les prisons que les magistrats et les philanthropes devraient venir étudier l'homme, les lois et les réformes (...). Bonnes gens! ils ne se doutent même pas de ce que peuvent être ces lieux de détention (Intérieur des prisons,1846, p. 55).
Jeunes gens Adolescents ou jeunes adultes (garçons et filles). De beaux jeunes gens. Les mêmes courriers me parlaient de l'usage suisse de faire coucher ensemble des jeunes gens des deux sexes, des cousins et cousines par exemple, jusqu'à l'âge de seize ou dix-huit ans (Michelet, Journal,1830, p. 74).
[Employé comme plur. de jeune homme] Il rejoint le premier groupe, le désunit, et jeunes gens et jeunes filles partent vers la plage arrière (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 80) :
3. J'ai reçu beaucoup de monde ce matin : des femmes, des hommes, des demoiselles qui ressemblaient à des jeunes gens, et des jeunes gens qui ressemblaient à des demoiselles. Balzac, Gobseck,1830, p. 416.
Vieilles gens. Hommes et femmes âgés. Anne d'Orgel adorait conquérir de vieilles gens (Radiguet, Bal,1923, p. 99).Je ne tolère les vieilles gens que courbés vers la terre, crevassés et crayeux, la main ligneuse, chevelus comme un nid (Colette, Naiss. jour,1928, p. 26).
Petites gens
Personnes de condition sociale modeste. J'ai toujours souffert, comme d'une tare, de la laideur des gens rencontrés dans la rue, des petites gens surtout, ouvriers (...), petits employés (...), ménagères et domestiques (Lorrain, M. Phocas,1901, p. 78) :
4. − Rien n'aurait été possible sans une bête adaptée au sol comme aux ressources de l'homme (...). « Avant tout, d'un prix abordable aux petites gens pour qui, à cette époque, cinq cents francs d'économies représentaient de longs labeurs. » Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 237.
Personnes mesquines, qui manquent de subtilité, de qualités intellectuelles et/ou morales. Le sens moral me paraît baisser de plus en plus; on se rue dans le médiocre. Petites œuvres, petites passions et petites gens (Flaub., Corresp.,1862, p. 17).
Gens sans aveu. V. (homme) sans aveu (voir ce mot B 1 c).
Vieilli. Mille gens, des milliers de gens. Personnes en grand nombre. Plus de mille gens me l'ont dit. Il y a des milliers de gens qui voudraient être à votre place (Ac.1835-1932).Mod. Une douzaine, une centaine de gens. Un bon homme de vieux prêtre (...) qui a assisté plus d'une centaine de gens sur leur lit de mort (Jouve, Paulina,1925, p. 33).
Rem. La docum. atteste gens à. Gens à moustaches, à particule, à subtilité, à vanité... Tout est dans tout! Vraiment? Ah! ces gens à formules! (Laforgue, Moral. légend., 1887, p. 200).
b) [Avec art. déf., sauf cas d'effacement] Les hommes en général. Les choses et les gens. Il ne porte que peu dans son cœur la bête et les gens (Valéry, Corresp., [avec Gide], 1896, p. 270).Voilà bientôt deux mille ans que la pudeur empêche les gens d'ôter leur culotte (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1436).
Se moquer, se ficher (fam.) des gens. Ne pas tenir compte de l'opinion de son entourage; afficher un comportement, exprimer des idées anticonformistes qui marque(nt) du dédain envers ses semblables. Synon. se moquer, se ficher (fam.), se foutre (vulg.) du monde, du peuple.Sa vocation était d'être critiqué, et c'est logique quand on se moque des gens et qu'on le leur montre (Montherl., Bestiaires,1926, p. 390).
Vieilli. Se connaître en gens. ,,Avoir un discernement pour connaître le fort et le faible des hommes, leurs bonnes et leurs mauvaises qualités`` (Ac.).
Rem. 1. En fonction sujet, gens est parfois le concurrent de on. Vous m'avez regardé quand les gens nous acclamaient (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 124). 2. L'adj. qui précède gens est au fém., sous l'influence de l'anc. fr., mais le syntagme reste au masc. Vieilles gens courbés (v. supra). Les Jean-fesses aiment à voir les bonnes gens fessés (Béranger, Chans., t. 3, 1829, p. 181).
2. Gens de + subst.Personnes formant un groupe déterminé.
a) [Le compl. désigne une pers.]
α) Ensemble des personnes qui appartiennent à un groupe déterminé (parti, troupe, etc.), qui sont sous les ordres de quelqu'un; qui font partie régulièrement de l'entourage, de la coterie de quelqu'un. Gens de la maison du duc. Le chef royaliste (...) s'avança par un mouvement de désespoir; mais au moment où ses gens le virent se hasardant ainsi, tous se ruèrent sur les Bleus (Balzac, Chouans,1829, p. 41) :
5. « Je dîne chez des gens », répondait-il à François de Séryeuse l'interrogeant sur l'emploi de sa soirée. Ces « gens » signifiaient pour lui « mes gens ». Ils lui appartenaient. Il en avait le monopole. Radiguet, Bal,1923, p. 25.
En partic. Soldats. Nos gens, braves soldats polonais choisis par lui, passeraient dans le feu pour nous (Balzac, Fausse maîtr.,1841, p. 21).
Gens du roi. Officiers civils et militaires sous la royauté. (Dict. xixeet xxes.).
β) Personnes chargées des tâches de service et d'entretien d'une maison. Synon. domestiques, serviteurs.Je ne m'étonne plus, dit-il (...) des fortunes que faisaient mes gens. En sept ans, j'ai eu deux cuisiniers devenus de riches restaurateurs (Balzac, Honorine,1843, p. 332).Monsieur Baptistin, depuis un an, vous êtes à mon service; c'est le temps d'épreuve que j'impose d'ordinaire à mes gens; vous me convenez (Dumas père, Cte de Morcerf,1851, I, 1, p. 26).
b) [Le compl. désigne une qualité socialement reconnue] En examinant la ligue des sots contre les gens d'esprit, on croirait voir une conjuration de valets pour écarter les maîtres (Chamfort, Max. et pens.,1794, p. 41) :
6. Les gens de bien de toute espèce sont faciles à tromper, parce qu'aimant le bien passionnément, ils croient facilement tout ce qui leur en donne l'espérance. Il faut tout faire au gré des gens de bien. Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 265.
SYNT. Gens d'action, de cœur, de bonne compagnie, de génie, d'honneur, de (bon, mauvais) goût, de mérite, d'ordre, de progrès, de talent.
c) [Le compl. désigne une activité ou un rôle social] Gens d'affaires, de commerce, de contrebande, d'État, de justice, de loi, de proie, de sac et de corde, de théâtre. Mes visiteurs, gens de finance (...) − gens d'ambassade, chiens de garde des gens de finance, − sont uniformément gentils, bien élevés (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 57).Les garçons de salle ne participaient pas aux confidences des gens de cuisine qu'ils tenaient pour des gargouillots (Hamp, Marée,1908, p. 64).Ces places étaient stupides et le mettaient en contact avec une quantité de gens de cinéma, de gens d'automobile, de gens affreux (Cocteau, Par. terr.,1938, I, 2, p. 198) :
7. ... Tartarin de Tarascon connut (...) la judiciaire louche qui se tripote au fond des cafés, la bohème des gens de loi, les dossiers qui sentent l'absinthe, les cravates blanches mouchetées de Champoreau; il connut les huissiers, les agréés, les agents d'affaires, toutes ces sauterelles du papier timbré... A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 124.
Gens de mer. ,,Personnes employées à bord et au service de tout navire de mer autre qu'un navire de guerre`` (Barr. 1974). Caisse des gens de mer. P. ext. Pêcheurs, marins; personnes dont le métier est de naviguer sur mer. Une des précautions qui peut contribuer le plus efficacement à conserver la santé des gens de mer, est l'attention continuelle à maintenir une extrême propreté dans le vaisseau et sur leurs personnes (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 56).
Gens d'Église (vieilli). Membres du clergé séculier et régulier. L'université vint faire ses remontrances au nom des gens d'Église, et réclamer leurs exemptions [d'un impôt] (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 325).
Gens de robe (vieilli). ,,Personnes appartenant au monde de la justice, de l'administration`` (Lep., 1948). Les légistes [se divisent] en juges et en avocats, abstraction faite des gens de robe plus subalternes (Comte, Philos. posit., t. 5, 1839-42, p. 442).
Gens d'épée (vieilli). Nobles. Il [le podestat de Sibas] voulait remplacer la guillotine par une potence à fleurs de lis, pour y suspendre ensemble nouveaux seigneurs, nouveaux bourgeois, nouvelles gens d'épée, tout ce qui, en un mot, s'était tiré de roture (Toulet, La jeune fille verte,1918, p. 20).
Gens d'épée, de guerre (vieilli). Militaires. Tous ces gens de guerre ne savaient point se résoudre à une discipline si sévère; ils s'en allaient sans cesse provoquer les Bourguignons, chercher des faits d'armes glorieux (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24p. 144).
Gens d'armes (vx). Cf. gendarme A.Compagnie de gens d'armes.
Gens de pied (vx). Fantassins. Au nombre de cent six marchaient les gens de pied. L'histoire a dédaigné ces braves (Heredia, Trophées,1893, p. 193).
Gens de cheval (vx). Cavaliers. Les gens de cheval, quand ils ont les pieds dans la paille et le nez sur une croupe, les heures leur coulent comme des secondes (A. France, Pt bonh.,1898, p. 5).
Gens de trait (vx). Soldats équipés d'armes de jet. Entre les galères, quantité d'autres bâtiments (...) étaient remplis de marins et de gens de trait (Mérimée, Don Pèdre Ier,1848, p. 261).
Gens de lettres. Auteurs, écrivains. Quand un homme aimable ambitionne le petit avantage de plaire à d'autres qu'à ses amis (comme le font tant d'hommes, surtout de gens de lettres, pour qui plaire est comme un métier), il est clair qu'il ne peut y être porté que par un motif d'intérêt ou de vanité (Chamfort, Max. et pens.,1794, p. 68).Plus je vieillis plus je me félicite et suis enchanté de n'avoir pas de relations avec tout le monde de soi-disant gens de lettres (Léautaud, Journal littér., 4, 1922-24, p. 241).
Société des gens de lettres. Association d'écrivains qui défendent les droits, les intérêts de la profession :
8. L'article que je lis est un éreintement, au nom de l'honorabilité des gens de lettres. Il paraît qu'il y a un tollé contre notre livre et contre nous et que toute la littérature est prête à se déclarer, en masse, solidaire de l'honneur des Montbaillard, des Couturat (...). La Société des Gens de lettres, surtout est furieuse comme un seul homme. Goncourt, Journal,1860, p. 702.
Gens de/du voyage. Artistes ambulants. Dans les tableaux qui se passent chez les « gens du voyage » on peut intercaler toutes sortes d'attractions (L'Œuvre,6 mars 1941).
Gens de service. ,,Salariés qui accomplissent un travail domestique`` (Cap. 1936). Les créances privilégiées sur la généralité des meubles sont celles ci-après exprimées (...) : 4. Les salaires des gens de service, pour l'année échue et ce qui est dû sur l'année courante (Code civil,1804, art. 2101, p. 377).
Gens de maison. Ensemble du personnel domestique d'une maison en y incluant ceux qui ne sont pas attachés à la personne (cocher, concierge, intendant,...) (d'apr. Cap. 1936). Le quartier était excellent. Les gens de maison étaient tous nationalistes (A. France, Bergeret,1901, p. 309).
d) Vieilli ou région. [Le compl. désigne un lieu] Habitant. Gens de Galice, de Bruges. Entre gens de Tarascon (...) on sait bien ce que parler veut dire (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p. 241).
Gens de ville. Citadins. Les hameaux près de Paris, les bastilles près de Marseille (...) avec plus d'affluence, surtout en gens de ville, avaient moins d'agrément, de rustique gaieté (Courier, Pamphlets pol., Pétition pour vill., 1822, p. 141).
Gens de village. Habitants de la campagne. Ces querelles sont affaires de village, de petites gens de village (Larbaud, Journal,1934, p. 336).Vx, proverbe. À gens de village, trompette de bois. ,,Il faut que les choses de chacun soit proportionnées à sa condition`` (Littré).
Gens de cour. Courtisans vivant dans l'entourage direct du roi. Il y a une antipathie naturelle entre les gens de cour et les gens de guerre (J. de Maistre, Corresp.,1812, p. 94).
e) [Le compl. désigne une stratification sociale]
Gens de qualité. ,,Vieux nobles`` (Lar. 19e). Personnes aux goûts, aux mœurs raffinés; cultivées. Les lettrés restent (...) comme les gens de qualité de l'intelligence, et ignorer certain livre, certaine particularité de la science littéraire, restera toujours, même chez un homme de génie, une marque de roture (Proust, Past. et mél.,1919, p. 265).
Gens de rien, du commun, de peu (vx). Roturiers; personnes sans distinction, aux mœurs frustes, sans raffinement; sans importance. Ne me parlez jamais des gens de rien devenus quelque chose par le caprice du public! (Balzac, Lettres Étr., t. 2, 1850, p. 381).C'est pour le jeu comme pour le tapage : trop de gens de basse condition s'en mêlent (Hermant, M. de Courpière,1907, I, 10, p. 9).Il ne faut pas non plus nous traiter comme des gens de rien, prendre votre plaisir, et nous planter là, pour faire rire de nous (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 64).
Gens du monde. La grande bourgeoisie; les personnes distinguées de la haute société :
9. Je suis de ceux qui préfèrent Montmartre à Montparnasse, même depuis que Montmartre est devenu un repaire de danseurs, de bricoleurs frivoles et bien vêtus, et de gens du monde « qui font la nuit comme on fait de la peinture ». Fargue, Piéton Paris,1939, p. 148.
Gens du peuple. Personnes de condition modeste. Elle avait gardé de son enfance (...) le manque d'éducation des gens du peuple (Proust, Guermantes 2,1921, p. 319).
f) Loc. vieillie. Nous sommes gens de revue [Pour marquer la confiance vis-à-vis de qqn avec qui on a contracté qq. obligations] Laissez donc, monsieur Pommeau (...). Est-ce convenu, mesdames? (...) Nous sommes gens de revue, d'ailleurs (Augier, Lionnes,1858, IV, p. 34).
Rem. Avec certains adj. gens peut être précédé d'un numéral : deux, trois... bonnes gens, petites gens, gens de maison; un de ses gens. On voudrait partager la vie de ces trois braves gens (Flaub., Corresp., 1872, p. 453). L'intrigue orléaniste n'a échoué que grâce à la rencontre imprévue de deux honnêtes gens (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 320).
B. − [Précédé de certain, plusieurs, etc. ou d'un adj. dém.] Synon. personnes.Il avait remarqué les allées et venues de plusieurs gens dont la mine et la tournure (...) permettaient de croire (...) à des occupations secrètes chez les habitants de la maison (Balzac, Mmede La Chanterie,1850, p. 241).Il est extrêmement dreyfusard... (...). Je ne peux pas fréquenter ces gens-là (Proust, Sodome,1922, p. 1094).
Rem. La docum. atteste des emplois vieillis dans lesquels gens est précédé d'un numéral. Les vaches (...) poussaient un faible meuglement vers ces deux gens qui passaient (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Diable, 1886, p. 237).
Prononc. et Orth. : [ʒ ɑ ̃]. La prononc. pop. est [ʒ ɑ ̃:s] écrite gensses par les aut. qui veulent s'en moquer (cf. Buben 1935, & 217 et Nyrop Phonét. 1951, § 254). Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. Nombre indéterminé de personnes a) sing. fin xes. (Passion, éd. d'Arco S. Avalle, 33 : Cum co audit tota la gent; 487 : Per tot convertent popl' et gent); ca 1050 (S. Alexis, éd. Chr. Storey, 527 : la povre gent; 531 : la gent menude); b) plur. fin xes. (Passion, éd. cit., 65 : per totas genz); 2. ca 1100 sing. « groupe de personnes placées sous l'autorité de quelqu'un » (Roland, éd. J. Bédier, 614 : Cumbatrat sei a trestute sa gent); 1176-81 plur. ses genz (Chr. de Troyes, Ch. au Lion, éd. M. Roques, 2810); 3. ca 1195 dis mile genz (Ambroise, Estoire, 3277 ds T.-L.); 1278 jens de la maison (Sarrazin, Hem, éd. A. Henry, 1302); 1285 gens communes (Jacques Bretel, Tournoi de Chauvency, 3480 ds T.-L.); ca 1350 li jovene gent (Gilles Le Muisit, I, 15, ibid.); 4. v. gendarme; 1544 gens de lettres (Calvin, Excuse aux Nicodémites, VI, 600 ds Hug.). Anc. plur. de gent1*, du lat. class. gens, gentis fém., désignant à l'orig. le clan, le groupe de tous ceux qui se rattachent par les mâles à un autre ancêtre mâle commun (Ern.-Meillet), puis la famille, la race, le peuple; gentes, plur. a été à l'époque impériale synon. de homines désignant « les gens », d'où à basse époque, le genre masc. relevé pour cet emploi dans des syntagmes tels que gentium majorum et fortunatorum; gentes qui... (TLL s.v. 1843, 6); de là (quelques ex. à partir du xiiies. ds T.-L.) le genre masc. du fr. gens plur., fém. à l'orig., ce dernier genre étant conservé dans le cas notamment où l'adj. précédant le subst. fait corps avec lui (cf. Grev.10, 257, e). V. aussi gent1et gentil1. Fréq. abs. littér. : 28 773. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 38 591, b) 45 670; xxes. : a) 45 051, b) 37 872. Bbg. Bloch (O.). Jeunes hommes, jeunes gens. In : [Mél. Thomas (A.)]. Paris, 1927, pp. 29-34. - Gohin 1903, p. 257. - Lew. 1968, p. 72. - Quem. DDL t. 1, 3, 6. - Ricken (U.). Zur Entwicklung des französischen Intellektualwortschatzes. Wissenschaftliche Zeitschrift der Martin-Luther Universität. 1963, t. 12, pp. 993-999. - Wandruszka (M.). Nos Lang. : struct. instrumentales, struct. mentales. Meta. 1971, t. 16, no1/2, p. 8.

GENS2, subst. fém.

ANTIQ. ROMAINE. Ensemble des branches d'une même famille, dont les chefs étaient issus d'un ancêtre commun. Gens Cornelia. L'élément constitutif de toute société était la gens, avec son culte, son chef héréditaire, sa clientèle. Pour lui, la cité ne pouvait pas être autre chose que la réunion des chefs des gentes (Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 375).Le clan romain, c'est la gens, et il est bien certain que la gens était la base de l'ancienne constitution romaine (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 160).
Prononc. : [ʒ ε ̃:s]. Étymol. et Hist. 1834 la gens Fabia (Boiste). Mot. lat., v. gens1.

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

gens \ʒɛ̃s\ féminin

  1. (Antiquité) Clan familial.
    • Ce qu’était la gens dans ces âges reculés, nous ne pouvons que l’entrevoir en la considérant dans sa décadence […] En opérant sur ces données, nous sommes conduits à reconnaître dans la gens, la famille, non pas la famille se démembrant incessamment à la mort de son chef, mais la famille maintenant son unité de génération en génération. — (Gustave Bloch, La République romaine, Flammarion, 1913)
    • Le Sénat est la représentation des gentes. Quand la gens Claudia entre dans la cité, elle prend place aussitôt dans le Sénat. De même les gentes albaines transférées à Rome, après la destruction d’Albe. — (Gustave Bloch, La République romaine, Flammarion, 1913)
    • Si un membre de la gens n’avait pas le droit d’en appeler un autre devant la justice de la cité, c’est qu’il y avait une justice dans la gens elle-même. Chacune avait son chef, qui était à la fois son juge, son prêtre, et son commandant militaire. — (Denis Fustel de Coulanges, La Cité antique : étude sur le culte, le droit, les institutions de la Grèce et de Rome, 1864, page 127)
    • Vous ne l’avez pas adoptée, ce n’est pas une femme de la famille. Cette personne indifférente à tout ce qui ne constitue pas son étroit univers, à tout ce qui ne la touche pas directement, ne connaît aucune des lois de la « gens »; elle ignore que je suis l’ennemi. — (François Mauriac, Le nœud de vipères, 1932, VIII)
    • La famille proprement dite m’intéresse moins que la gens, la gens moins que le groupe, l’ensemble des êtres ayant vécu dans les mêmes lieux au cours des mêmes temps. — (Marguerite Yourcenar, Archives du Nord, Gallimard, 1977, page 46)

Nom commun 1 - français

gens \ʒɑ̃\ au pluriel uniquement, masculin ou féminin (l’usage hésite) (voyez la note grammaticale ci-dessous)

  1. Personnes en nombre indéterminé.
    • Les flibustiers sont gens hardis et surtout clairvoyants et rusés comme des singes. — (Gustave Aimard, Les Rois de l'océan: L'Olonnais, Paris : E. Dentu, 1877)
    • Je regardais les gens entrer dans la cour, les hommes en redingotes sombres, les femmes long voilées de noir. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : Mon oncle)
    • Tumultueux concours de monde aux abords de l’embarcadère, gens qui partent et gens qui regardent partir, recrutés parmi la population cosmopolite de Bakou. — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre III, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892, Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/41)
    • Dans la salle, trop étroite pour contenir un aussi grand nombre de gens, on s’écrasait littéralement. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • Tenez, qu’est-ce qui se passe à la Bourse ? Des gens qui n’ont rien prennent le droit d’acheter une marchandise dont ils savent parfaitement que la livraison ne s’accomplira jamais, mais qu’ils revendront avec profit. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, pages 167-168)
    • Empêcher la vie des gens et leur plaisir devrait-il être permis ? De quoi se mêle un ministre ? De quel droit, avec quelle permission ? — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Je me rendis compte que même à Göttingen il pleuvait parfois, les gens pouvaient être maussades. — (Ruth Klüger, Perdu en chemin, traduction des éditions Viviane Hamy, 2010, La Martinière, 2013)
  2. (Absolument, précédent de l'article défini) Population, dans un ensemble indistinct, sans relief.
    • Les gens. #LesGens. Les gensses, comme dit le chroniqueur Dave Ouellet (MC Gilles). Très souvent, on entend cette expression dans les médias pour parler de ceux qui votent, qui vivent, des citoyens, des téléspectateurs, bref des individus en action. Elle est surutilisée dans les médias, dans la bouche d'animateurs à la testostérone exaltée, mais aussi entendue dans celle de politiciens et d'acteurs de la vie sociale. Sur les réseaux sociaux, elle se présente sous la forme d'un hashtag. #LesGens. Pour dénigrer par des commentaires blessants ou humoristiques les ordinaires un peu lents, les quétaines, les matantes qui s'expriment, les mononcles un peu conservateurs. #LesGens n'est pas un compliment.
      Que ce soit pour rire d'eux sur Facebook ou pour les flatter dans le sens du poil – « je me présente pour les gens », lance le politicien –, ce qu'on entend, c'est un mépris qui n'ose pas dire son nom. On parle au nom des gens. On travaille pour les gens. #LesGens sont donc sans-dessein... [...] Au fond, qui sont
      les gens? Que veut-on regrouper sous ce vocable? Les gens est à la fois une généralisation débilitante, une approximation et une réduction insultante. [...] Les gens; tout est dit. Et le monde, c'est large, ça inclut beaucoup de têtes, c'est même assez vague. Les gens est plus circonscrit. C'est presque géolocalisé : les gens sont d'ici, le monde est de partout.
      Une certaine gauche a une certaine coquetterie pour désigner les gens. Il s'agit du
      peuple. Concept large, là encore, mais qui bénéficie d'une assise conceptuelle historique, quoique un peu moisie. D'où le recours aux gens, qui fleure le bon populisme. — (Marie-France Bazzo, Nous méritons mieux, Boréal, 2020, pages 153-155)
  3. Tous ceux qui sont d’un état, d’une profession quelconque. — Note : il est suivi de la préposition de et d’un nom qui désigne cette profession, ou cet état.
    • Ce qui a pu causer la méprise de ces deux regrettables philologues, c’est que les formes savantes antérieurement aux quinzième et seizième siècles n'appartinrent en effet jamais à ce qu'on peut appeler la langue courante. Elles restèrent à peu près exclusivement à l'usage des gens d’Église, des juristes, des savants, des lettrés et particulièrement des traducteurs […]. — (« Études sur un double mode de formation des mots français dérivés du latin », lu par M. Luce, séance du 20 mars 1863, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres : Comptes rendus des séances de l'année 1863, par Ernest Desjardin, tome 7, Paris : chez Auguste Durand, 1864, page 49)
    • Les gens de robe, d’église, de guerre, d’épée, de loi, de mer. — De nombreux gens de lettres. — Les gens de finance.
  4. Ceux qui sont d’un parti, par opposition à ceux de l’autre.
    • Nos gens ont battu les ennemis. — Dix de nos gens y périrent.
  5. (Vieilli) Personnes qui sont d’une même partie de jeu, de festin, etc.
    • Tous nos gens sont arrivés, faites servir le dîner. — Tous nos gens sont au rendez-vous.
    • Les gens du Roi : Se disait des procureurs et avocats généraux, des procureurs et avocats du Roi.
  6. (Par ellipse) Domestiques.
    • Le bruit, les allées et venues des gens m’alertèrent. J’accourus avec un funèbre pressentiment, sans toutefois penser à un malheur aussi terrible. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 19)
    • Le chîkh ne tarde pas à reparaître accompagné de quelques notables du douar, de mes gens et d’un de ses fils portant un pot de terre rempli de charbons ardents. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 30)
  7. (Franche-Comté) Les parents, père et mère.
    • — Mais si, que tu sais. Pourquoi que tu ne veux pas me le dire  ? eh bien, puisque c’est ça, je le dirai « à vos gens » quand ils viendront. — (Louis Pergaud, Un satyre, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GENS. n. f.
(Pluriel de GENT.) Personnes en nombre indéterminé. Des gens de bien. Des gens de goût. Des gens de talent. Des gens de parole. Ils se sont conduits en gens de cœur. Ce sont des gens de marque. Des gens de qualité. Des gens de rien. Des gens sans aveu. Il y a parmi eux beaucoup de gens en place. Consulter les gens du métier. Lorsque

GENS est accompagné d'un adjectif, celui-ci se met au féminin s'il le précède immédiatement, et au masculin s'il le suit. Ce sont de méchantes gens. Bonnes gens vous croyez cela! Il s'accommode de toutes gens. De telles gens sont à plaindre. De vieilles gens les meilleures gens du monde. Des gens âgés. Des gens instruits. Des gens mal élevés. L'adjectif ou le participe placé en tête du membre de phrase où

GENS est sujet se met toujours au masculin. Quoique déchus de leurs honneurs et de leur fortune, ces gens paraissent heureux. Instruits par l'expérience les vieilles gens sont soupçonneux. Lorsque

GENS est précédé d'un adjectif des deux genres, on met Tous au masculin. Tous les honnêtes gens. Tous les habiles gens. Quand au contraire l'adjectif qui précède Gens est féminin, On met Toutes. Toutes les vieilles gens. On met aussi Tous au masculin lorsque

GENS est suivi d'une épithète ou de quelque autre mot déterminatif. Tous les gens sensés, raisonnables, pieux, etc. Tous les gens qui raisonnent. Tous les gens de bien. Tous les gens en place. Tous ces gens-ci. Tous ces gens-là. Tous gens bien connus. Tous gens d'esprit et de mérite. Les gens du monde, Les personnes qui vivent dans le monde, qui ont les habitudes et les manières de la société élégante. Il se dit aussi quelquefois par opposition à Ceux qui possèdent à fond telle ou telle science. Mettre la science à la portée des gens du monde. Fam., Des gens de sac et de corde. Voyez CORDE. Fig. et fam., Vous vous moquez des gens. Vous nous prenez pour des ignorants, pour des imbéciles. Fig. et fam., Ce sont des gens de l'autre monde. Ce sont des personnes extravagantes. Il ne se dit jamais en parlant d'un nombre déterminé de personnes, à moins qu'il ne soit précédé de certains adjectifs, comme dans ces exemples : Il y vint trois pauvres gens. Nous étions dix honnêtes gens. Ces quatre frères étaient quatre braves gens. Fam., Des milliers de gens, etc. Beaucoup de gens en nombre indéterminé. Il y a des milliers de gens qui voudraient être à votre place.

GENS, suivi de la préposition DE et d'un nom qui désigne une profession, un état quelconque, signifie Tous ceux qui sont de cet état, de cette profession. Dans cette acception et dans celles qui suivent, il ne veut jamais l'adjectif ou le participe au féminin. Les gens de robe. Les gens d'Église. Les gens de guerre. Les gens d'épée. Les gens de loi. Les gens de mer. De nombreux gens de lettres. Les gens de finance. Certains gens d'affaires. Il se dit encore de Ceux qui sont d'un parti, par opposition à ceux de l'autre. Nos gens ont battu les ennemis. Nos gens ont été repoussés. Je craignais que ce ne fussent des ennemis, et c'étaient de nos gens. Nos gens battirent les vôtres. Dix de nos gens y périrent. Il se dit également des Personnes qui sont d'une même partie de promenade, de jeu, de festin, etc. Tous nos gens sont arrivés, faites servir le dîner. Tous nos gens sont au rendez-vous. Ce sens est très familier. Les gens du roi se disait des Procureurs et avocats généraux, des procureurs et avocats du roi. Il veut encore dire les Domestiques. Tous vos gens vous ont quitté. Tous mes gens sont malades. Un de ses gens. Appeler ses gens. Les gens de maison. Droit des gens, Droit des nations. Ensemble de droits naturels, communs à toutes les nations. Il se dit aussi des Règles de droit international qui régissent les rapports des nations entre elles. Violer le droit des gens.

Littré (1872-1877)

GENS (jan ; l's se lie : des jan-z aimables ; quelques personnes font sentir l's : des jans' ; mais c'est une mauvaise prononciation) s. pl.
  • 1Nom collectif signifiant en général un certain nombre de personnes ; dans ce sens, gens est, suivant l'emploi, tantôt masculin, tantôt féminin ; voy. les remarques. Tous les honnêtes gens. Les vieilles gens. Ce sont des gens résolus. Quelles méchantes gens ! Achillas et Photin sont gens à dédaigner, Corneille, Pomp. IV, 3. Tandis que leurs soldats en des camps éloignés Prennent l'ordre sous lui de gens qu'il a gagnés, Corneille, Attila, II, 1. Les Germains comme eux deviendront Gens de rapine et d'avarice, La Fontaine, Fabl. XI, 7. Plus telles gens sont pleins, moins ils sont importuns, La Fontaine, Fabl. XII, 13. Telles gens n'ont pas fait la moitié de leur course, La Fontaine, ib. III, 6. Elle ne manque incontinent de dire à son mari l'amour des deux bourgeois, Tous deux gens sots, tous deux gens à sornettes, La Fontaine, Remois. Ma langue est impuissante, et je voudrais avoir Celles de tous les gens du plus exquis savoir, Molière, l'Ét. II, 14. Il y a de sottes gens qui me veulent dire qu'il a été marchand, Molière, Bourg. gent. IV, 5. Ce sont [les avocats] gens de difficultés, Molière, Mal. im. I, 9. Et je connais des gens dans Paris, plus de quatre, Qui, comme ils le font voir, aiment jusques à battre, Molière, Fâch. II, 4. La délicatesse est trop grande de ne pouvoir souffrir que des gens triés, Molière, Critique, 1. Toute mon ambition est de rendre service aux gens de nom et de mérite, Molière, Sicil. 11. Ces gens, dis-je, qu'on voit d'une ardeur non commune Par le chemin du ciel courir à leur fortune, Molière, Tart. I, 6. Pendant qu'avec un air assuré il s'avance pour recevoir la parole de ces braves gens, Bossuet, Louis de Bourbon. Les trembleurs [les quackers], gens fanatiques qui croient que toutes leurs rêveries leur sont inspirées, Bossuet, Reine d'Anglet. Il [celui qui ne croit pas] se met au rang des gens désabusés, il insulte en son cœur aux faibles esprits qui ne font que suivre les autres sans rien trouver par eux-mêmes, Bossuet, Anne de Gonz. Car, grâce au droit reçu chez les Parisiens, Gens de douce nature et maris bons chrétiens, Boileau, Sat. X. Quelles gens êtes-vous ? quelles sont vos affaires ? Racine, Plaid. II, 8. Il y a à la ville, comme ailleurs, de fort sottes gens, des gens fades, oisifs, désoccupés, La Bruyère, VII. Certaines gens qui n'étaient tombés dans la pauvreté que par la paresse et l'intempérance, Vertot, Rév. rom. I, p. 116. Le tout exécuté par de belles femmes, par des jeunes gens bien faits qui ont de l'esprit, devant une assemblée qui a du goût, Voltaire, Lett. Cideville, 3 mars 1758. La plupart des gens en place n'aiment point les gens de lettres, Duclos, Mém. Rég. Œuv. t. VI, p. 159, dans POUGENS. On demandera peut-être (car on devient curieux) combien de gens en France ont le droit ou le pouvoir d'emprisonner qui bon leur semble, sans être tenus de dire pourquoi, Courier, Lett. IV.

    Les petites gens, les gens d'une condition inférieure. Et puis, à dire vrai, les discours obligeants Touchent peu s'ils sont faits par de petites gens, Hauteroche, Bourg. de qualité, v, 1. C'est, lui dis-je, que le terme de mon père est trop ignoble, trop grossier ; il n'y a que les petites gens qui s'en servent, Marivaux, Paysan parv. 1re part. Ne sais-tu pas que les petits scrupules ne conviennent qu'aux petites gens ? Rousseau, Hél. IV, 13. J'ai su depuis que c'était le protocole de Monseigneur en parlant aux petites gens, Marmontel, Mém. VIII.

    De bonnes gens, des personnes qui ont de la bonté, de la bonhomie. Vous croyez cela, bonnes gens. Les autres animaux, créatures plus douces, Bonnes gens, s'étonnaient qu'il criât au secours, La Fontaine, Fabl. VIII, 12. Y a-t-il encore au monde des Voitures et des Malherbes ? bonnes gens, je ne vous puis voir, comme dit maître François dans son livre, La Fontaine, Lett. XXIV. De bonnes gens, qui ne vivent que pour le plaisir et pour la joie, qui ne haïssent rien que ce qu'on leur fait haïr, ne sont que ce qu'on veut qu'ils soient, Marivaux, Paysan parv. 4e part.

    Bonnes gens, se dit quelquefois pour personnes d'un âge avancé. Ne seraient-ce point mes parents ? … si les bonnes gens vivent encore, ils ne sauraient être fort éloignés du dernier moment de leur course, La Fontaine, Psyché, I, p. 63.

    Dans le langage féodal, bonnes gens signifiait des hommes recommandables par leur conduite et par leur position. On sommait le seigneur même devant bonnes gens, et on le faisait sommer par le souverain, Montesquieu, Esp. XXVIII, 28.

    D'honnêtes gens, des personnes de probité ; des gens honnêtes, des personnes qui ont des manières civiles. Les procureurs du roi ne sont pas seulement d'honnêtes gens ; ce sont encore des gens fort honnêtes ; leur correspondance est civile, Courier, Lett. IV. (voy. à HONNÊTE le sens qu'avait honnètes gens au XVIIe s.).

  • 2 Absolument. Les gens, les hommes en général. Presque rien, dit le chien, donner la chasse aux gens, La Fontaine, Fabl. I, 5. Il ne faut jamais dire aux gens : Écoutez un bon mot, oyez une merveille, La Fontaine, ib. XI, 9. On doit se regarder soi-même un peu longtemps, Avant que de songer à condamner les gens, Molière, Mis. III, 5.

    Les gens, se dit parfois, dans le langage familier, des personnes qui parlent, à qui l'on parle, ou même d'une seule personne. Et regardez un peu les gens [c'est-à-dire moi qui vous parle] sans nulle haine, Molière, Tart. II, 4. Les gens à poëme épique et à éléments de Newton [Voltaire lui-même] sont des gens opiniâtres, Voltaire, Lett. d'Argental, 20 janv. 1739. Mais vous pressez les gens d'une manière étrange, Il le faut avouer, Collin D'Harleville, Vieux célib. II, 6. Il faut être amoureux ou avoir des affaires bien pressantes, pour venir de si bonne heure chez les gens, Picard, Deux Philibert, I, 1.

    Se connaître en gens, discerner les caractères, les sentiments des hommes.

    Vous vous moquez des gens c'est se moquer des gens, se dit de celui qui fait des propositions déraisonnables.

    Ces gens-là se dit de personnes qui sont placées à un endroit où nous ne sommes pas. Prenez donc garde, ces gens-là qui nous voient, mais qui n'ont pu entendre ce que nous disions, vont croire que je vous pardonne, Collé, Partie de chasse de Henri IV, I, 6.

    Ces gens-là, se dit aussi par dédain de personnes dont on parle. Et quelle estime voulez-vous que nous fassions du procédé irrégulier de ces gens-là ? Molière, Préc. sc. 5.

  • 3Gens suivi de la préposition de et d'un substantif ; en cet emploi, gens est toujours masculin. Ayez soin que tous deux fassent en gens de cœur, Corneille, Cid, IV, 5. Si tant de gens de cœur font des vœux pour ta mort, Corneille, Cinna, IV, 3. Tous deux pour leur pays sont morts en gens d'honneur, Corneille, Hor. IV, 2.

    Les gens de bien, les personnes qui ont probité et honneur. Que tous les gens de bien vous parlent par ma voix, Corneille, Hor. v, 2. Nous avons ici un Bodineau qui dit sans rougir qu'il faut faire ses affaires à quelque prix que ce soit, que gens de bien n'ont pas de chausses, Patin, Lettres, t. II, p. 337. Toutes les grimaces étudiées de ces gens de bien à outrance…, Molière, 1er placet au roi. En serons-nous moins gens de bien ? aurons-nous une autre morale et d'autres principes d'honneur et de vertu ? Voltaire, Quest. miracles, lett. 13.

    Les plus gens de bien, ceux qui ont le plus de vertu. Il fait paraître du zèle dans les choses qui ne blessent pas son ambition, et il semble même vouloir contenter les plus gens de bien, Bossuet, Polit. VII, III, 9. Les plus gens de bien sont relâchés, Bourdaloue, Dominicales, I, Afflict. des justes, 127. Mais les plus gens de bien n'en font pas de scrupule, dites-vous, Massillon, Confér. Amb. des clercs.

    Les gens du monde, les personnes qui vivent dans la société, par opposition aux personnes qui vivent dans la retraite. Loin de trembler devant les autels, on y méprise Jésus-Christ présent… gens du monde, vous ne pensez pas à ces horribles profanations, Bossuet, Louis de Bourbon. C'est le reproche ordinaire que font les gens du monde à ceux qui le quittent, Rollin, Hist. anc. liv. XXV, ch. I, art. 2.

    Gens du monde, se dit quelquefois par opposition aux gens qui ont une profession savante. Les gens du monde commettent les plus grandes bévues quand ils parlent de médecine.

    Gens de main, hommes habitués à combattre, capables de coups hardis. Mais ces paysans, mêlés d'anciens soldats, la plupart gens de main… chargèrent les bourgeois à coups de pierres et de bâtons, Vertot, Révol. rom. x, p. 10.

    Des gens de sac et de corde, des hommes capables des plus grands crimes et dignes des plus grands châtiments.

    Être gens à… Être capables de. Adieu ; ne craignez rien, Achillas et Photin Ne sont pas gens à vaincre un si puissant destin, Corneille, Pomp. IV, 5.

    Vous nous prenez pour des gens de l'autre monde, vous nous prenez pour des ignorants ou des niais.

    Vous nous prenez pour des gens de delà l'eau, c'est-à-dire pour des gens qui ne savent ni nouvelles ne affaires.

  • 4Gens sert à désigner certaines classes de personnes, certaines professions ; en ce sens il est toujours masculin. Les gens de finance. Gens d'Église, ceux qui composent le clergé.

    Gens d'épée, les militaires.

    Les gens de robe, ceux qui portent la robe au palais, qui rendent les jugements, plaident les causes, etc. J'y trouvai cinq ou six dames et trois messieurs, dont deux me parurent des gens de robe, et l'autre d'épée, Marivaux, Marianne, 6e part.

    Les gens du roi, les procureurs et avocats généraux, et ceux qu'on désignait sous les noms de procureurs ou avocats du roi. J'ai plaint les peuples qu'on abuse, J'ai chansonné les gens du roi, Béranger, Épitaphe.

    Il se disait, dans les ordonnances, dans les édits, des parlements et autres compagnies de justice. Les gens tenants la cour de parlement. Les gens tenants la cour des aides.

    Gens d'armes, cavaliers des anciennes compagnies d'ordonnance (écrit plus ordinairement en un seul mot ; voy. GENDARME). Gens de guerre, les militaires. …Qu'Antoine a mis à terre Ce qui dans ses vaisseaux restait de gens de guerre, Corneille, Pomp. v, 3. Sa conversation était un charme, parce qu'il savait parler à chacun selon ses talents, et non-seulement aux gens de guerre de leurs entreprises…, Bossuet, Louis de Bourbon. On comptait [chez les Juifs] pour gens de guerre tous ceux qui étaient en âge de servir, et cet âge était fixé depuis vingt ans et au-dessus, Fleury, Mœurs des Israél. tit. XXVI, 2e part. p. 326, dans POUGENS.

    Gens de pied, gens de cheval, infanterie, cavalerie. Les ennemis avaient quatre cent cinquante enseignes de gens de pied, distribués en différents corps d'armée, sans compter la cavalerie, Vertot, Révol. rom. XI, p. 94.

    Dans l'antiquité, gens de trait, soldats qui lançaient des traits. Elle était composée de soixante et treize galères, qui portaient cinq mille combattants et environ trois mille tant archers que frondeurs et gens de trait, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. III, p. 689, dans POUGENS.

    Terme de marine. Les gens de mer, tous les hommes non brevetés par l'État qui font le métier de marin.

    Les gens de cour, les courtisans. Je sais des gens de cour quelle est la politique, Corneille, Poly. v, 1.

    Gens d'affaires, les hommes qui s'occupent d'affaires de bourse, de banque, de commerce, de transactions diverses.

    Les gens de lettres, les hommes livrés à la culture des lettres. Il n'y a que les vrais gens de lettres qui n'aient point d'intrigues, Voltaire, Lett. Damilaville, 22 mai 1765. Celui qui, n'ayant lu que des romans ne fera que des romans ; celui qui, sans aucune littérature, aura composé au hasard quelques pièces de théâtre ; qui, dépourvu de science, aura fait quelques sermons, ne sera pas compté parmi les gens de lettres, Voltaire, Dict. phil. Gens de lettres. Aujourd'hui cette critique [des anciens textes] est moins nécessaire, et l'esprit philosophique lui a succédé ; c'est cet esprit philosophique qui semble constituer le caractère des gens de lettres ; et, quand il se joint au bon goût, il forme un littérateur accompli, Voltaire, ib. On est quelquefois étonné que ce qui bouleversait autrefois le monde ne le trouble plus aujourd'hui ; c'est aux véritables gens de lettres qu'on en est redevable, Voltaire, ib. Nos gens de lettres sont par leurs habitudes en contradiction avec le sérieux de l'histoire, Chateaubriand, Génie, III, III, 4.

    La Société des gens de lettres, société composée de gens de lettres et s'occupant de leurs intérêts.

  • 5Ceux qui sont d'un parti ; troupe soit d'une nation en guerre, soit d'un meneur quelconque ; en ce sens il est toujours masculin. Dix de nos gens y périrent. La moitié de tes gens doit occuper la porte, Corneille, Cinna, v, 1. Peignez-lui bien nos gens pâles et désolés, Corneille, Pomp. III, 1. Ces mutins ont pour chef les gens de Laodice, Corneille, Nicom. v, 3. Judas avec ses gens les poursuivit jusqu'à Gezeron et jusqu'aux campagnes d'Idumée, Sacy, Bible, Mach. I, IV, 15. Spendius, le chef des révoltés, craignit que cette douceur affectée de Barca ne lui fît perdre beaucoup de ses gens, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 354, dans POUGENS.

    Ceux qui sont d'une même société. Tous nos gens sont arrivés, faites servir le dîner.

  • 6Les domestiques, les personnes à la suite ; en ce sens, on ne le dit guère que de cette façon : les gens de M. un tel, et, avec les adjectifs possessifs : mes gens, ses gens, vos gens, nos gens, leurs gens, etc. Alors il est d'ordinaire sans épithète qui précède, et par conséquent masculin ; mais sans doute on dirait au féminin : les maladroites gens de M. un tel. Allons donc, mon carrosse ! où est-ce qu'est mon carrosse ? mon Dieu ! qu'on est misérable d'avoir des gens comme cela ! Molière, Pourc. III, 2. Almanzor, dites aux gens de M. le marquis qu'ils aillent querir des violons, Molière, Préc. 12. Un de mes gens la garde au coin de ce détour, Molière, Éc. des femm. v, 2. Ah ! les sottes gens que nos gens ! Marivaux, Jeux de l'am. et du has. II, 6. Élever un enfant comme devant être sans cesse entouré de ses gens, Rousseau, Ém. I.
  • 7Bêtes et gens, les personnes avec les chevaux, avec les mulets qui leur servent. L'espace est étroit, mais nous trouverons le moyen de loger tout le monde, bêtes et gens.

    Il n'y a ni bêtes ni gens, se dit d'un lieu désert.

PROVERBES

Il y a gens et gens, c'est-à-dire les personnes sont fort différentes.

À gens de village, trompette de bois, c'est-à-dire il faut que les choses de chacun soient proportionnées à sa condition ; cela se dit aussi pour marquer que les personnes dont on parle ne se connaissent point aux belles choses.

REMARQUE

Ce mot présente la singularité d'être tantôt masculin, tantôt féminin, suivant la place de l'adjectif ; ceci est dû à une lutte entre le genre propre de gens qui est le féminin, et le genre de l'idée qu'il exprime [hommes, individus] qui est masculin. Cette lutte a donné lieu aux règles suivantes

1. Il veut au féminin les adjectifs ou les participes qui le précèdent, et au masculin ceux qui le suivent : de vieilles gens, des gens résolus.

2. Quand deux adjectifs s'y rapportent, celui qui précède est mis au féminin et celui qui suit, au masculin ; c'est la même chose pour les participes. Il y a de certaines gens qui sont bien sots. Certaines gens étudient toute leur vie ; à la mort, ils ont tout appris, excepté à penser. Ce sont les meilleures gens que j'aie jamais vus. On trouve dans les éditions de la Bruyère : Certaines gens que le hasard seul a placées, La Bruyère, II. Aujourd'hui on écrirait placés.

3. L'adjectif ou le participe mis en tête du membre de phrase où gens est sujet, se met toujours au masculin. Déchus comme ils sont de leurs honneurs, ces gens n'en paraissent pas moins heureux. Instruits par l'expérience, les vieilles gens sont prudents.

4. Quand gens est précédé d'un adjectif des deux genres, on met tous au masculin ; quand il l'est d'un adjectif féminin, on met toutes au féminin : tous les honnêtes gens, toutes les vieilles gens.

5. Tous se met au masculin, lorsque gens est suivi d'une épithète ou de quelque autre mot déterminatif : tous les gens sages, tous les gens de cœur, tous ces gensci, tous ces pauvres gens.

6. Par analogie avec le cas précédent, tous devant les gens se met au masculin, quand bien même les gens n'est suivi d'aucun déterminatif. Vous autres fortes têtes, Vous voilà, vous prenez tous les gens pour des bêtes, Gresset, Méch. I, 4, li 7. Si, avec tous, gens n'est pas accompagné de l'article ou de ce qui en tient lieu, tous se met au féminin, quand même gens aurait après lui une qualification marquée par de. …Le chat grippe-fromage, Triste oiseau le hibou, ronge-maille le rat, Dame belette au long corsage, Toutes gens d'esprit scélérat, Hantaient le tronc pourri d'un pin vieux et sauvage, La Fontaine, Fabl. VIII, 22. Cependant, en cet emploi, en nuançant autrement l'idée, on peut mettre tous au masculin : Le maire, le notaire, les conseillers municipaux, tous gens bien connus, c'est comme si l'on disait : tous, gens bien connus.

8. Gens est toujours masculin quand il désigne une profession, une qualité : gens de lettres, gens de guerre, gens de cour, etc.

9. Dans le XVIIe et le XVIIIe siècle, plusieurs disaient gens avec un nombre déterminé ; ce qui d'ailleurs n'était qu'un archaïsme (voy. l'historique). Mettre des compliments d'amour suivis entre deux gens qui…, Corneille, Veuve, Examen. Il y a là vingt gens qui sont fort assurés de n'entrer point, Molière, l'Impromptu, 3. Deux gens qui auraient le malheur d'être sourds, aveugles et muets, Diderot, Lett. sur les aveugles. Mais Vaugelas, Ménage et Bouhours se sont accordés pour prononcer que cela ne valait rien et que c'était une faute de dire : dix gens, six gens, quatre gens. Cette décision est bonne, malgré les autorités, attendu que gens est un nom collectif. Mais on peut dire mille gens, quand on donne au mot mille un sens indéfini : J'ai vu mille gens sur la place. Moi, je serais cocu ? - Vous voilà bien malade ! Mille gens le sont bien, sans vous faire bravade, Qui de mine, de cœur, de biens et de maison, Ne feraient avec vous nulle comparaison, Molière, Éc. des f. IV, 8. On dit dans le même sens un millier de gens : Il y a un millier de gens qui voudraient être à votre place.

10. Si gens est précédé d'un adjectif, on pourra très bien y joindre tel nom de nombre qu'on voudra : dix jeunes gens ; trois vieilles gens ; ces quatre honnêtes gens.

11. On dit habituellement : ce sont des jeunes gens et non de jeunes gens, à cause que, l'adjectif étant accolé, jeunes gens est regardé comme un mot unique. Autrefois on disait souvent (et il n'y aurait aucune faute à le dire encore aujourd'hui) : de jeunes gens. Ses travaux et ses peines [de l'amour] Veulent de jeunes gens, Malherbe, II, 12. Avint qu'un soir Camille régala De jeunes gens, La Fontaine, Court. Une exactitude qui ne convient pas à de jeunes gens, Sévigné, 433.

12. Jeunes gens est toujours masculin.

SYNONYME

GENS, PERSONNES. Ce qui distingue ces deux mots, c'est que gens est toujours un nom collectif, et personnes, même au pluriel, un nom toujours individuel. Aussi l'on dit vingt personnes, mais non vingt gens ; et, réciproquement, on dit les gens de guerre et non les personnes de guerre.

HISTORIQUE

XIIe s. De pres l'enchassent les gent de bonne foi, Ronc. p. 183. Mais tant enquierent felon, Losengier et males gens, Couci, X.

XIIIe s. Et moult i ot gens navrés et mortes, Villehardouin, XLIX. En la terre le conte de Champagne se croisa Garniers li vesques de Troies… et maintes autres bonnes gens dont li livres ne fait mie mention, Villehardouin, III. Les gent de celle terre en pleurerent forment, Berte, VII. Que m'est-il avenu ? qu'ont ces gens empensé ? ib. X. Je suis des gens le roi cui douce France apent, ib. CX. Puisqu'ainsi est que [vous] estes des gens à nostre roy, ib. CXVI. Pour ces trois gens Qui ont pel de beste afublée, Le dit du buef. Aucunes fois avient il que deus gens qui sont en mariage se departent par lor volenté et par le gré de sainte Eglise, Beaumanoir, XVIII, 21. Et borgesie ne gens de basse main ne pueple [ne doivent pas estre ensi menés] come chevaliers, Ass. de Jér. I, 24. Le roy d'Ermenie amena si grant foison de gens d'armes que il ot pooir de combattre au soudanc du Coyne [d'Iconium], Joinville, 212. Ce sont les gens ou monde qui plus honneurent gens anciennes, Joinville, 222.

XVe s. Adonc s'ordonnerent-ils moult sagement [les Anglois de Berghes] …et firent retraire toutes les dames et les femmes de la ville en l'eglise et aussi tous les enfans et ies anciennes gens, Froissart, II, II, 212. Toutes gens dont il avoit l'obeissance, Froissart, II, II, 1. Là estoient avec le duc d'Anjou grands gens et nobles, Froissart, II, II, 3. Et vinrent les gens d'Eglise à l'encontre du corps, Froissart, II, II, 57. Si se doit-on grandement esmerveiller comment si belles gens d'armes se purent partir sans bataille, Froissart, I, I, 93. Nous ne sommes pas gens pour combattre le roi de France, Froissart, II, II, 212. Seule, sans per, de toutes gens louée, Et de tous biens entierement douée, Orléans, Ball. 23. Je ne suy pas de ces gens-là à qui fortune plaist et rit, Orléans, Rondeau. Les princes venans à l'aage d'homme, la pluspart des gens taschent à leur complaire, Commines, Prol. Et pour aller prendre possession dudit pays estoit allé monseigneur de Chasteauguyon et autres pour le duc de Bourgogne pour faire gens, Commines, V, 2. En ladicte bataille estoient mors huyt mil hommes du party dudit duc prenans gages de luy et autres menues gens assez, Commines, V, 3. L'entreprise sembloit à toutes gens sages et experimentez, très dangereuse, Commines, VII, 1. Parce que souvent petits gens en menoient grand'noise, Commines, ib. Venez-y tost sans nul estrif, Clercz de pratiques diligens Qui congnoissez si bien vos gens, Villon, Repues franches.

XVIe s. Les vieilles gens tu rens fortes et vives : Les jeunes gens tu fais recreatives, à chasse, à vol, à tournois ententives Et esbats maints, Marot, II, 268. Par gens brutaux passés au gros tamis, Marot, V, 353. Execrable lignée de meschans gens, Calvin, Instit. 286. Il voit les embusches que font de loin les fines gens pour attraper les simples en leurs rets, Calvin, Inst. 306. Ces bonnes gents [hommes d'honneur], Montaigne, I, 24. Il ne peut tenir la bride à ses gents, Montaigne, I, 27. Gents de pied… gents de cheval, Montaigne, I, 48. Un tas de gens, Montaigne, I, 248. Sottes gents, Montaigne, I, 248. [Un roi doit] tenir tousjours auprès de luy gens de sçavoir et de vertu, Amyot, Moral. Épît. p. 12. Gens de M. de Roquelaure ; qui toque l'un toque l'autre [s'est dit de gens qui prennent fait et cause les uns pour les autres], Oudin, Curios. fr. Gens de bien sont toujours gracieux, Cotgrave À gens de bien on ne perd rien, Cotgrave De gens de bien vient tout bien, Cotgrave Tant de gens, tant de guises, Cotgrave

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

GENS. - REM.

4. Ajoutez : Quels est traité comme tous : Quels honnêtes gens ! et : quelles sottes gens !

5. Ces messieurs tous honnêtes gens, et non toutes.

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Étymologie de « gens »

Gens est le pluriel de gent 1 ; picard, égeins.

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(Nom commun 1) (980) Ancien pluriel de gent, du latin gens, gentis. Jusqu’au xviie siècle, on dit « cent, mille gens ».
(Nom commun 2) (1834)[1] Emprunt savant au latin gens, gentis.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « gens »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
gens ʒɑ̃

Fréquence d'apparition du mot « gens » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « gens »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « gens »

  • Pour nous, les acteurs, vous êtes un vrai mystère. Souvent, j’ai demandé à Alain Séguret s’il était possible de vous rencontrer, mais il vous décrit comme des gens assez peu liants, enfermés dans leur tour d’ivoire.
    Tonino Benacquista — Saga
  • Le monde est plein de braves gens qui ne voient partout que des gredins.
    Jacques Boutelleau, dit Jacques Chardonne — L'Amour, c'est beaucoup plus que l'amour, Albin Michel
  • Les cimetières sont remplis de gens irremplaçables.
    Alphonse Allais
  • Peu de gens savent être vieux.
    François, duc de La Rochefoucauld — Maximes
  • Je connais gens de toutes sortes Ils n'égalent pas leurs destins.
    Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire — Alcools, Marizibill , Gallimard
  • Les gens simples vont tout droit leur chemin, à moins qu'il n'y ait une barricade qui les contraigne à faire un détour.
    Alphonse Allais — À se tordre, Ollendorf
  • Imagine tous les gens vivant en paix.
    John Lennon — Imagine
  • Les gens généreux font de mauvais commerçants.
    Honoré de Balzac — Illusions Perdues
  • Les gens sincères sont aimés, mais trompés.
    Baltasar Gracian y Morales — L'Homme de Cour
  • Pour diminuer l’accent mis sur les personnes âgées et sensibiliser davantage les plus jeunes, pourquoi ne nous donne-t-on pas chaque jour l’épidémiologie des gens hospitalisés ? Il doit sûrement y avoir des personnes de moins de 60 ans.
    Le Devoir — Épidémiologie des gens hospitalisés | Le Devoir
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Traductions du mot « gens »

Langue Traduction
Anglais people
Espagnol personas
Italien persone
Allemand menschen
Chinois
Arabe اشخاص
Portugais pessoas
Russe люди
Japonais
Basque jende
Corse ghjente
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Synonymes de « gens »

Source : synonymes de gens sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot gens au scrabble : 5 points

Gens

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