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Modestie

Variantes Singulier Pluriel
Féminin modestie modesties

Définitions de « modestie »

Trésor de la Langue Française informatisé

MODESTIE, subst. fém.

A. − Vieilli. Modération, retenue. Anton. excès.
1. Modération (de quelqu'un). En deux heures Barthélemy eut tout vu, et tout jugé. Mais avec modestie: loué les blés, questionné sur l'état des vignes (Bosco,Mas Théot.,1945, p.167):
1. Haverkamp se promit avec force qu'en fin de décembre 16, quelle que fût la somme à inscrire au bas de la colonne des bénéfices, il n'aurait pas à se reprocher un excès de modestie dans les desseins et les entreprises... Romains,Hommes bonne vol.,1938, p.178.
2. Modération (de quelque chose). Modestie des besoins, des goûts, des prétentions. Ni l'or ni les grandeurs ne nous rendent heureux. C'est dans l'union des âmes que réside la vraie félicité; c'est dans la modestie des désirs que consiste la vraie richesse (Sandeau,Sacs,1851, p.57).Les visiteurs étrangers trouveront d'autres motifs de satisfaction dans la modestie du niveau des prix alimentaires français. Ils seraient, pour la plupart, moins chers que dans les autres pays du Marché commun (L'Express,31 mars 1969, p.96, col.3):
2. Félicité parut étonnée de la modestie de son ambition. Elle le lui fit même entendre. Violer des lettres, risquer le bagne, pour vendre quelques dictionnaires! Zola,Fortune Rougon,1871, p.263.
B. − Simplicité, absence de recherche, de faste, de luxe. Modestie d'un vêtement, d'un intérieur. La vraie cuisine anglaise (...) est excellente quand elle est faite avec modestie, lenteur, et selon les vieilles recettes (Morand,Londres,1933, p.238):
3. ... l'œil intéressé de la comtesse expertisait le salon. Il y régnait une modestie décourageante. Des chaises de reps vert, un fauteuil en velours grenat, un autre en vulgaire tapisserie, dans lequel elle était assise... Gide,Caves,1914, p.765.
Absence d'éclat, discrétion (d'une lumière ou d'une teinte). [Les grands sculpteurs] marient si bien la hardiesse de la lumière à la modestie de l'ombre que leurs sculptures sont savoureuses comme les plus chatoyantes eaux-fortes (Rodin,Art,1911, p.66).
C. −
1. Domaine financier.Modicité (d'un gain, de ressources). Il était volontiers maniaque et, en dépit de la modestie de ses ressources, tenait à vivre fort correctement (G. Leroux,Parfum,1908, p.12):
4. La naissance des enfants, le nouveau métier de Jonas, leur installation étroite, et la modestie de la mensualité qui interdisait d'acheter un plus grand appartement, ne laissaient qu'un champ restreint à la double activité de Louise et de Jonas. Camus,Exil et Roy.,1957, p.1631.
2. Domaine soc.Humilité, manque d'élévation, simplicité. Modestie d'une condition, d'une fonction. Il se donna au théâtre parce qu'il ne se résignait pas à la modestie de sa position: il n'envisageait pas de déchoir (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.37):
5. ... l'extrême modestie de mon origine, mon enfance misérable, abandonnée, la disproportion que je sens de plus en plus entre une éducation si négligée, grossière même, et une certaine sensibilité d'intelligence qui me fait deviner beaucoup de choses... Bernanos,Journal curé camp.,1936, p.1086.
D. − Fait d'être modeste, effacement de soi, retenue dans l'opinion que l'on a ou que l'on affiche de soi-même. Synon. humilité, réserve, retenue, simplicité; anton. audace, fatuité, fierté, forfanterie, orgueil, prétention, suffisance, vanité.L'embarras visible de Lothario, dont la modestie ne supportoit pas les moindres éloges sans impatience (Nodier,J. Sbogar,1818, p.162):
6. Aussi nourrissait-il une préférence secrète pour les anonymes, pour les bâtisseurs qui avaient eu la modestie de s'effacer devant leurs cathédrales, pour l'auteur innombrable des chansons populaires. Sartre,Mots,1964, p.48.
SYNT. Excessive, extrême, grande modestie; modestie charmante, naturelle, touchante; excès, manque de modestie; parler de soi, répondre, baisser les yeux, s'effacer avec modestie; blesser, choquer la modestie de qqn; faire violence à sa modestie; avoir la modestie/l'extrême modestie de + inf.
Fausse modestie. Modestie affectée, orgueil déguisé, qui révèle le désir plus ou moins conscient d'être flatté. Allons! allons! pas de fausse modestie. Je dis que tu as fait un chef-d'oeuvre (Barrière,Faux bonsh.,1856, iv, 1, p.146).V. faux1I B 2 b p. ext. ex. de Montherl., Exil, 1929, ii, 5, p.62.
En toute modestie. Sans vouloir me/te/se vanter. Tuer le capitaine Fracasse est au-dessus de mes talents, je l'avoue en toute modestie (Gautier,Fracasse,1863, p.351).
P. méton. Manifestation concrète de ce sentiment ou de cette disposition dans l'attitude, les propos, le comportement. Modestie des gestes, du langage, du maintien, de regard; air, sourire de modestie. Admirable aussi la modestie de son attitude, de son récit, que les journaux ont reproduit (Gide,Souv. Cour d'ass.,1913, p.640).Une modestie taciturne et calculatrice habitait ses yeux luisants (Malègue,Augustin,t.1, 1933, p.182).
GRAMM. Pluriel de modestie, nous de modestie. V. nous I A 4 a β, notre, nos I A 4 a et nôtre (le), nôtres (les) II A 3 b.
E. − Vieilli ou relig. ou littér. Pudeur, décence. Synon. honnêteté, vertu; anton. immodestie (vieilli), impudicité, indécence.La rougeur de la modestie; s'habiller avec modestie; braver toute modestie; blesser, choquer, offenser la modestie. Les charmantes demoiselles de Granville se soulagent innocemment devant tout le monde, mais par modestie ne s'essuient pas, pour ne pas se trousser! (Michelet,Journal,1858, p.414):
7. Ce ne sont plus des beautés hardies, dont les grâces faciles n'offrent rien à deviner au désir (...) c'est la modestie, c'est la pudeur de la vierge qui aime, et n'ose avouer son amour, mais l'exhale comme un parfum autour d'elle. Chateaubr.,Essai Révol.,t.2, 1797, p.257.
[P. méton.] Modestie des yeux, du regard, du maintien, de la tenue. La totale absence de coquetterie observée chez elle, la grâce correcte de ses manières, la modestie de sa tenue et de ses gestes, tout révélait la petite bourgeoise française (Bourget,Actes suivent,1926, p.106).
F. − P. méton., HABILL. Petite pièce de dentelle ou de tissu fin servant à voiler pudiquement un décolleté féminin. S'asseoir aux assemblées parmi les prudes femmes, l'œil baissé sur la modestie, avec un air de Sainte N'y touche (Gautier,Fracasse,1863, p.202):
8. Et ce bal d'officiers où elle avait dansé dans sa fameuse robe de soie grise à raies blanches, avec une aigrette de diamants dans les cheveux et sa modestie de dentelle? Green,Journal,1934, p.273.
Prononc. et Orth.: [mɔdεsti]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1352-56 «modération» (Bers., Tit. Liv., BN 20312 ter, fol.93 ds Gdf. Compl.); 2. 1553 «médiocrité, absence d'éclat» (Bible, éd. J. Gérard, 1 Tim. 2 c d'apr. FEW t.6, 3, p.7 b) 3. a) 1553 «retenue dans la manière de parler de soi, absence de vanité» (Bible, éd. citée, Eccli. 10 d 31, ibid.); spéc. 1933 gramm. pluriel de modestie (Mar. Lex.); b) 2emoitié xvies. «retenue, pudeur, décence» (Desportes, Diverses amours, éd. V. E. Graham, XV, p.42: une femme de ville Avec sa modestie et ses douces façons); 4. 1850 cost. (Le Moniteur de la Mode, 2enode mai, 34 a ds Quem. DDL. t.16: Le corsage en coeur plissé, croisé, laissait voir une chemisette décolletée appelée modestie). V. modeste étymol. B (1706). Empr. au lat. modestia «modération, mesure; conduite modeste, modestie; discrétion; dignité, vertu». Fréq. abs. littér.: 1089. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1838, b) 1500; xxes.: a) 1010, b) 1650. Bbg. Gohin 1903, p.308.

Wiktionnaire

Nom commun - français

modestie \mɔ.dɛs.ti\ féminin

  1. Retenue dans la manière de penser et de parler de soi.
    • Ce doute intime, que nous traduisons par le mot modestie, anime donc et les traits et la personne. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • On ne pouvait en douter, M. Butteridge était un homme singulièrement affranchi de toute fausse modestie, et même, à vrai dire, de toute modestie, quel qu’en fût le genre. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 34 de l’édition de 1921)
  2. (Quelquefois) Pudeur, décence.
    • Cette femme s’habille avec modestie.
    • Ce langage blesse la modestie, choque la modestie.
    • — Nous avons vu avec douleur la jeune et respectable supérieure des Ursulines déchirer son sein de ses propres mains et se rouler dans la poussière ; les autres sœurs, Agnès, Claire, etc., sortir de la modestie de leur sexe par des gestes passionnés ou des rires immodérés. — (Alfred de Vigny, Cinq-Mars, Michel Lévy frères, 1863)
    • Chacun admirait la modestie de son maintien et l’aimable pudeur qui colorait ses joues. — (Anatole France, L’Étui de nacre, 1892, réédition Calmann-Lévy, 1923, page 50)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MODESTIE. n. f.
Retenue dans la manière de penser et de parler de soi. Parler de soi avec modestie. Il est d'une modestie excessive. On n'ose le louer en sa présence, de peur de blesser sa modestie. Il a fallu faire violence à sa modestie pour lui décerner cet honneur. Il y a une fausse modestie qui n'est qu'un raffinement de vanité. Il signifie aussi quelquefois Pudeur, décence. Cette femme s'habille avec modestie. Ce langage blesse la modestie, choque la modestie.

Littré (1872-1877)

MODESTIE (mo-dè-stie) s. f.
  • 1Retenue à l'aide de laquelle on ne tombe pas dans l'excès. Il est d'une grande modestie dans sa dépense, dans sa conduite.
  • 2Retenue dans la manière de penser et de parler de soi. Vous avez raison de supprimer la modestie de Pauline [fille de Mme de Grignan] ; elle serait usée à quinze ans ; une modestie prématurée et déplacée pourrait faire de méchants effets, Sévigné, 25 oct. 1679. Votre modestie vous a trompé, aussi bien que tant de saints hommes qui ont cru qu'ils se cacheraient éternellement en se jetant dans les places les plus inconnues, Bossuet, Cornet. Comme, tant qu'il a vécu sur la terre, la seule autorité de sa modestie supprimait les marques d'estime, Bossuet, ib. La modestie est belle enchâssée à propos ; Mais hors de son endroit c'est la vertu des sots, Boursault, Ésope à la cour, IV, 2. La modestie est au mérite ce que les ombres sont aux figures dans un tableau : elle lui donne de la force et du relief, La Bruyère, II. Rien ne fait plus d'honneur au prince que la modestie de son favori, La Bruyère, X. Certains hommes, contents d'eux-mêmes, de quelque action ou de quelque ouvrage qui ne leur a pas mal réussi, et ayant ouï dire que la modestie sied bien aux grands hommes, osent être modestes, contrefont les simples et les naturels, La Bruyère, II. Il y a des modesties artificieuses et étudiées qui couvrent un orgueil secret, Rollin, Traité des Ét. V, 1re part. § 5. La modestie est le seul éclat qu'il soit permis d'ajouter à la gloire, Duclos, Consid. mœurs, ch. 5. Il rapporte deux lettres de saint Grégoire, pour montrer avec quelle modestie il écrivait non-seulement aux rois de France, mais aux exarques d'Italie, Voltaire, Dict. phil. Décrétales. Ô hommes, enfants de la vanité ! votre modestie est orgueil ; la plus pure est celle qui est la moins corrompue par la secrète complaisance du cœur, Voltaire, Panég. de St Louis.
  • 3Pudeur, décence. Un prince qui ne savait que c'était d'enlever les femmes à leurs maris et méritait d'être proposé pour exemple de modestie à tous les siècles, Perrot D'Ablancourt, Tacite, 342. Mettez dans vos discours un peu de modestie, Ou je vais sur le champ vous quitter la partie, Molière, Tart. III, 2. Et [je] m'emporte au delà de cette modestie Dont jusqu'à ce moment je n'étais point sortie, Racine, Mithr. IV, 4. Cette fierté qu'en nous soutient la modestie, Dans mon cœur à ce point ne s'est pas démentie, Voltaire, Zaïre, I, 1.

    Contenance modeste. Il faut en sa présence un peu de modestie, Corneille, Sertor. V, 6.

  • 4Plur. Actes inspirés par la modestie. Au milieu de ces modesties de Luther [soumission aux puissances], il échappait des paroles de menace et de violence qu'il ne pouvait retenir, Bossuet, 5e avert. 4.
  • 5Nom d'un mouchoir (voy. MODESTE, n° 5).

HISTORIQUE

XIVe s. Par la modestie et atrempance des tribuns, Bercheure, f° 93.

XVIe s. Qui l'eust jamais pensé qu'une femme de ville, Avec sa modestie et ses douces façons…, Desportes, Diverses amours, X. Reformation de mœurs et grande modestie, Montaigne, I, 389.

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Étymologie de « modestie »

Lat. modestia, de modestus, modeste. On a dit aussi dans le XVIe siècle modesteté.

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Du latin modestia.
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Phonétique du mot « modestie »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
modestie mɔdɛsti

Fréquence d'apparition du mot « modestie » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « modestie »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « modestie »

  • Faire preuve de modestie est toujours un exercice salutaire.
    Alain Juppé — Le Journal Du Dimanche - 20 Mai 2007
  • On est orgueilleux par nature, modeste par nécessité.
    Pierre Reverdy — En Vrac
  • Conservons un peu d’ignorance, pour conserver un peu de modestie et de déférence à autrui.
    Joseph Joubert — Carnets
  • La prudence est la modestie des couards.
    Henri Jeanson
  • La fausse modestie est le plus décent de tous les mensonges.
    Chamfort — Maximes et pensées, caractères et anecdotes
  • De toutes les vertus, celle qui, dans le monde, m'a toujours paru réussir le moins à celui qui la pratique, c'est la modestie.
    Prosper Jolyot de Crais-Billon, dit Crébillon fils — Les Égarements du cœur et de l'esprit
  • La fausse modestie est le dernier raffinement de la vanité.
    Jean de La Bruyère — Caractères
  • La fausse modestie, c'est mieux que pas de modestie du tout.
    Jules Renard
  • C'est l'orgueil qui fait dire non, et la faiblesse oui. La modestie peut également dire les deux sans passion.
    Pierre Reverdy — En vrac, Éditions du Rocher
  • Une profonde ignorance avec beaucoup de modestie serait à la vérité fort incommode, mais, avec une extrême présomption, je puis vous assurer qu'elle n'a rien de gênant.
    Prosper Jolyot de Crais-Billon, dit Crébillon fils — Les Égarements du cœur et de l'esprit
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Traductions du mot « modestie »

Langue Traduction
Anglais modesty
Espagnol modestia
Italien modestia
Allemand bescheidenheit
Chinois 谦虚
Arabe تواضع
Portugais modéstia
Russe скромность
Japonais 慎み深い
Basque apaltasun
Corse pudore
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Synonymes de « modestie »

Source : synonymes de modestie sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « modestie »

Combien de points fait le mot modestie au Scrabble ?

Nombre de points du mot modestie au scrabble : 11 points

Modestie

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