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Opprobre

Variantes Singulier Pluriel
Masculin opprobre opprobres

Définitions de « opprobre »

Trésor de la Langue Française informatisé

OPPROBRE, subst. masc.

Littéraire
A.− Déshonneur extrême et public infligé à quelqu'un. J'attacherai la gloire à tout ce qu'on insulte; Je jetterai l'opprobre à tout ce qu'on bénit! (Hugo,Châtim.,1853, p.429).La trahison (...) qui inspire en somme une manière de considération pour son auteur surtout quand elle réussit et n'appelle l'opprobre que si elle échoue (Arnoux,Roi,1956, p.46).
Être l'opprobre de. Être cause de déshonneur pour. L'oncle Hyacinthe enfin, la terreur et l'opprobre de la famille (A. France,Pt Pierre,1918, p.177).Je vous avais prévenu que c'était [la collection Nelson] un opprobre de la librairie moderne (Toulet,Corresp. avec un ami,1920, p.169):
. ... songez enfin qu'en persévérant dans ce honteux déréglement, après avoir été l'opprobre de votre sexe, vous deviendrez dans peu d'années l'horreur et le rebut du nôtre. Genlis,Chev. Cygne,t.2, 1795, p.86.
B. − P. méton.
1. Souvent au plur. Acte ou parole d'opprobre. Couvrir d'opprobres. La certitude qu'il n'existe pas d'autre monde, leur est [aux classes éclairées] une consolation des opprobres de celui-ci (Constant,Esprit conquête,1813, p.237).Enfin, au bout de cette journée de calamités et d'opprobres, un rafraîchissement, une éclaircie (Arnoux,Crimes innoc.,1952, p.69).
2. État de déchéance extrême, cause d'opprobre. Synon. abjection, avilissement.Nous ne sommes pas encore arrivés à ce dernier terme de l'opprobre et du malheur où conduisent la crédulité des peuples et la perfidie des tyrans (Robesp.,Discours,Jug. Louis XVI, t.9, 1792, p.92).Belette était d'abord la fille des Beulet, tribu de pouilleux, fainéants et chapardeurs, rebut de Vaux-le-Dévers qu'ils avaient quitté pour s'installer à Roncières où ils continuaient à vivre dans l'opprobre (Aymé,Vouivre,1943, p.29).
Rem. Le mot est parfois empl. au fém. Voir A. France, P. Nozière, 1899, p.321 et Giraudoux, Électre, 1937, I, 3, p.37.
Prononc. et Orth.: [ɔpʀ ɔ:bʀ ̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. «blâme, déshonneur publique, outrage» (Psautier Oxford, 14, 4 ds T.-L.); 1496 opprobre de (qqn) «être sujet de honte, cause de déshonneur pour» (J. de Rely, Bible française, I vo235 ds J. Trenel, L'Anc. Test. et la lang. fr. du Moy. Âge, p.622); 2. 1737 «état d'abjection, de déchéance extrême» (Voltaire, Mérope, II, 7). Empr. au lat. opprobrium «opprobre, honte, déshonneur», «injure, parole outrangeante» (de probrum «honte, infamie»). Fréq. abs. littér.: 287. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 662, b) 365; xxes.: a) 409, b) 212.

Wiktionnaire

Nom commun - français

opprobre \ɔ.pʁɔbʁ\ masculin

  1. Très grande honte publique ; déshonneur.
    • Car c’est pour toi que je porte l’opprobre, Que la honte couvre mon visage. — (Bible, Psaume 69:8)
    • C’est un opprobre pour le lion de pleurer face au renard. — (Talmud, Tana Deve Eliyahou, 225)
    • La plus terrible de toutes les peines pour l’homme social, c’est l’opprobre, c’est l’accablant témoignage de l’exécration publique. — (Maximilien de Robespierre, Discours sur la peine de mort, le 30 mai 1791 au sein de l’Assemblée constituante.)
    • Tremblez, tyrans et vous perfides
      L’opprobre de tous les partis
      — (La Marseillaise)
    • Que ce travail, haï des mères, soit maudit ! Maudit comme le vice où l’on s’abâtardit, Maudit comme l’opprobre et comme le blasphème ! — (Victor Hugo, Les Contemplations ; MELANCHOLIA (Victor Hugo, 1838), poème sur le travail des enfants)
    • Un peuple se lavait de l’opprobre d'une autocratie réductrice. Un pays ravalait sa façade dans l'espoir têtu que sa rage de vivre debout allait éclater sur son nouveau visage. — (Jérôme Carlos, Le miroir, Abidjan : Edilis, 1994, page 33)
  2. État d’abjection.
    • La vie est un opprobre, et la mort un devoir. — (Voltaire)

Note : Le genre tend à fluctuer.

    • Le génocide suscite indéniablement une opprobre particulière car il vise l’oblitération physique de groupes humains. — (Dictionnaire Reverso, s. d.)
    • Cela a commencé par une attaque de Jean-Luc Mélenchon, associant Valeurs Actuelles et l’hebdomadaire Marianne dans une même opprobre. — (Daniel Schneidermann, “Le journalisme selon Natacha Polony”, Gazette n° 671, 16 septembre 2020)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

OPPROBRE. n. m.
Déshonneur éclatant et public. Sa conduite l'a couvert d'opprobre. Jeter l'opprobre sur quelqu'un. Opprobre éternel. Il signifie aussi Cause de déshonneur, en parlant d'une Personne. Il est l'opprobre de sa famille. Un Néron est l'opprobre du genre humain.

Littré (1872-1877)

OPPROBRE (o-pro-br') s. m.
  • 1Honte profonde, déshonneur extrême. Pleurez le déshonneur de toute notre race Et l'opprobre éternel qu'il laisse au nom d'Horace, Corneille, Hor. III, 6. Jérusalem et votre peuple sont aujourd'hui en opprobre à toutes les nations qui nous environnent, Sacy, Bible, Daniel, IX, 16. Venez, rebâtissons les murailles de Jérusalem, afin qu'à l'avenir nous ne soyons plus en opprobre, Sacy, ib. Esdras, II, Néhémias, II, 17. Quoi donc ! les Romains ont-ils pu penser à honorer comme dieu celui que leurs magistrats avaient condamné au dernier supplice et que plusieurs de leurs auteurs ont chargé d'opprobres ? Bossuet, Hist. II, 12. C'est bien assez pour moi de l'opprobre éternel D'avoir pu mettre au jour un fils si criminel, Racine, Phèdre, IV, 2. N'attends pas qu'un père furieux Te fasse avec opprobre arracher de ces lieux, Racine, ib. Père juste, lui dit-il [Jésus-Christ], voici enfin le jour de votre gloire et de mes opprobres, Massillon, Carême, Passion. Je ne vous ai caché ni le bien ni le mal, ni nos opprobres ni notre gloire, Voltaire, Princ. de Babylone, 8. La postérité prononcera entre mes juges et moi [Socrate] : tandis qu'elle attachera l'opprobre à leur mémoire, elle prendra quelque soin de la mienne, Barthélemy, Anach. ch. 67.
  • 2L'opprobre de, c'est-à-dire ce qui est une cause de honte. Un exécrable Juif, l'opprobre des humains, Racine, Esther, III, 1. Réponds donc à ton juge, opprobre de ma vie, Voltaire, Brutus, V, 7. Tous les gens de lettres, à l'exception de ceux qui sont l'opprobre de la littérature, ne sont pas moins indignés que vous du traitement que j'éprouve, D'Alembert, Lett. à Volt. 30 juin 1765.
  • 3État d'abjection. Mais mourir dans l'opprobre et dans l'ignominie, Voltaire, Alz. II, 1. L'opprobre avilit l'âme et flétrit le courage, Voltaire, Mérope, II, 2. Quand on a tout perdu, quand on n'a plus d'espoir, La vie est un opprobre et la mort un devoir, Voltaire, ib. II, 7. Il vit que la mauvaise fortune avait déjà flétri son cœur, que l'opprobre et le mépris avaient abattu son courage, Rousseau, Ém. IV. [L'indigent] Dévoré de besoin, de projets, d'insomnie, Il vieillit dans l'opprobre et dans l'ignominie, Chénier, Idylle, le Mendiant.

HISTORIQUE

XIIe s. Aemple [remplis] les faces d'icels d'opprobre, Liber psalm. p. 118.

XIVe s. Et poui un peu de gaaing ils soustiennent obprobres et vilaines reproches et diffames, Oresme, Eth. 111.

XVe s. Combien que le doux Jhesus des obprobres que nous li faisons nous peust et puist reprendre et blamer, Myst. de Barl. et Josaphat, dans GUI DE CAMBRAI, p. 371.

XVIe s. Ils se desplaisent et melancholient de se voir ainsi en opprobre de tout le monde, Paré, XIX, 4.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « opprobre »

(Date à préciser) Du latin opprobrium.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Lat. opprobrium, de ob, et probrum, action honteuse, qui est pour prohibrum (comparez manubrium pour manuhibrium), de prohibere, prohiber : chose qu'on prohibe et qu'on reproche.

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Phonétique du mot « opprobre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
opprobre ɔprɔbr

Fréquence d'apparition du mot « opprobre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « opprobre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « opprobre »

  • C'est un opprobre pour le lion de pleurer face au renard.
    Le Talmud
  • On vit à l'ère du tribunal populaire et de la présomption de culpabilité, où plainte vaut condamnation, mandat de dépôt et opprobre universel. Tandis que des élus ceints de leur écharpe tricolore sont convaincus, malgré les décisions de justice...
    Le Point — FOG – Faut-il brûler Gérald Darmanin ? - Le Point
  • Ces diverses décisions du président turc, au risque d'un opprobre international, sont manifestement liées à sa volonté de se poser en leader politique d'une grande partie du monde sunnite et de prendre une revanche sur le monde occidental, à l'égard duquel il multiplie depuis des années les déclarations incendiaires. Un paradoxe, puisque les principaux partenaires commerciaux et investisseurs en Turquie sont les pays d'Europe occidentale et qu'Ankara est à la fois membre de l'Alliance atlantique et candidat à l'entrée dans l'Union européenne.
    Les Echos — Sainte-Sophie : la Turquie provoque le monde orthodoxe | Les Echos
  • Lorsque le méchant est venu au plus profond des péchés, il méprise tout ; mais l'ignominie et l'opprobre le suivent.
    La Bible — Le livre des proverbes
  • Pour l'édile, l'attitude de l'opposition « est très exagérée et très inconvenante. Elle jette l'opprobre sur l'honorabilité du maire ».
    leparisien.fr — La hausse des indemnités des élus de Combs-la-Ville irrite l’opposition - Le Parisien
  • Quand on a tout perdu, quand on n'a plus d'espoir, La vie est un opprobre et la mort un devoir.
    Voltaire — Mérope
  • Il a parfois l’impression un peu floue qu’une lutte des classes est en train de se jouer. Que l’image du pauvre ouvrier se rendant au boulot à vélo appartient désormais au siècle dernier. Maintenant que ledit ouvrier a accès à la voiture, l’utilisation de celle-ci est devenue plus compliquée, suspecte, soumise aux taxes, aux mesures antipollution, à la fin des parkings, aux amendes, à l’opprobre général. Les nantis et les bobos l’ont compris: ils roulent déjà en Tesla ou à vélo.
    Le Temps — Le vélo-cargo, tentation de bobo dans une ville sans voitures - Le Temps
  • Trois ans après le magistral Harmonium, Kōji Fukada signe un nouveau thriller psychologique pétri de duplicité. Ichiko travaille comme infirmière pour une famille qui la considère comme un de ses membres à part entière. Lorsque la cadette de ce foyer entièrement féminin disparaît, l’employée modèle se retrouve suspectée d’avoir participé à l’enlèvement. Les médias japonais ont tôt fait de la condamner, et un engrenage redoutable vient vite jeter l’opprobre sur Ichiko… Le titre original du film signifie « de profil », comme pour suggérer cette lecture superficielle, ce jugement hâtif sur la personnalité et les actions d’autrui.
    TROISCOULEURS — [CRITIQUE] "L'infirmière" de Kōji Fukada : Un thriller psychologique pétri de duplicité - TROISCOULEURS

Traductions du mot « opprobre »

Langue Traduction
Anglais reproach
Espagnol reproche
Italien rimprovero
Allemand vorwurf
Chinois 责备
Arabe عتاب
Portugais censura
Russe упрекать
Japonais 叱責
Basque reproach
Corse rimpruverà
Source : Google Translate API

Synonymes de « opprobre »

Source : synonymes de opprobre sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « opprobre »

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Nombre de points du mot opprobre au scrabble : 14 points

Opprobre

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