La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « fantaisie »

Fantaisie

Variantes Singulier Pluriel
Féminin fantaisie fantaisies

Définitions de « fantaisie »

Trésor de la Langue Française informatisé

FANTAISIE, subst. fém.

A.− Vx. Imagination; p. méton. production de l'imagination. Synon. chimère, fantasme.Plongé dans cette rêverie mêlée de veille et de sommeil qui prête aux réalités les apparences de la fantaisie et donne aux chimères le relief de l'existence (Balzac, Peau. chagr.,1831, p. 285).J'arrivais d'emblée aux jeux qui flattaient ma fantaisie. Nous simulions des batailles, des fuites à travers ces bois qui jouaient un si grand rôle dans mon imagination (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 168):
1. ... [Claude] tourna le dos pour ne plus voir, et s'éloigna à grands pas de l'effroyable vision [le clocher de l'Enfer]. Quand il rentra dans les rues, les passants qui se coudoyaient aux lueurs des devantures de boutiques lui faisaient l'effet d'une éternelle allée et venue de spectres autour de lui. Il avait des fracas étranges dans l'oreille. Des fantaisies extraordinaires lui troublaient l'esprit. Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 411.
1. B.-A., LITT.
a) Faculté imaginative, pouvoir d'invention d'un artiste, d'un écrivain, etc. Fantaisie pure, fantaisie d'artiste, du peintre, du poète, art et fantaisie. Synon. créativité.Il [Achille Devéria] commence le joli profil d'une tête de jeune fille; tout à coup sa fantaisie suit un autre cours, et de ce même profil, sur le blanc vélin, il engendre une horrible figure de vieille femme ignoble et sale (Janin, Âne mort,1829, p. 18).Ce célibataire, assez semblable à une petite tonne d'eau-de-vie sur laquelle la fantaisie d'un peintre aurait mis une grosse figure grêlée de petite vérole et rougeaude (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 71).N'ai-je pas tout ce qu'il y a de plus enviable au monde? L'indépendance, la liberté de ma fantaisie, mes deux cents plumes taillées et l'art de s'en servir (Flaub., Corresp.,1850, p. 162).
De fantaisie, loc. à valeur adj.
Qui n'a aucun modèle dans la réalité, est composé d'imagination. Nom, portrait de fantaisie. Beaumarchais, dans son autre Tartufe, n'a montré qu'une odieuse figure de fantaisie (Jouy, Hermite,t. 1, 1811, p. 34).Ce portrait n'est pas vrai. C'est une tête et un cœur de fantaisie (Lamart., Raphaël,1849, p. 223).
P. ext. Qui est sans fondement, manque d'orthodoxie. L'empirisme non scientifique engendre la médecine de fantaisie (Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 46).
Rem. La docum. atteste fantaisier, verbe intrans., rare. Donner libre cours à son imagination créatrice. Tandis que mon frère continuait à versifier et à fantaisier (Goncourt, Journal, 1885, p. 438).
b) P. méton., DIDACT. Œuvre où l'imagination se donne libre cours sans souci des règles formelles. Fantaisie littéraire, poétique. À côté, une drôlerie flamande : Le Marchand d'anneaux. Cette fantaisie un peu scabreuse qu'on eût pu appeler aussi : Les trois âges, est joliment, délicatement traitée (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 340).Comme Pauline lisait un soir le journal à son oncle, Lazare était sorti, bouleversé d'avoir entendu la fantaisie d'un conteur, qui montrait le ciel du vingtième siècle empli par des vols de ballons, promenant des voyageurs d'un continent à l'autre (Zola, Joie de vivre,1884, p. 885):
2. ... ce que les peintres appellent des pochades, de petites fantaisies, de ces caricatures plus ou moins spirituelles que l'on passe rapidement en revue en s'amusant à parcourir un portefeuille ou un album. Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 703.
En partic., MUS.
α) Pièce musicale de forme libre. Dans l'œuvre des huit symphonies de Beethoven, il est une fantaisie, grande comme un poème, qui domine le finale de la symphonie en ut mineur (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 217).L'après-midi d'un Faune [de Debussy] est une des plus exquises fantaisies instrumentales que la jeune école française ait produites (Bruneau, Mus. fr.,1901, p. 242).La Fantaisie pour piano, orchestre et chœurs, dont les accents annoncent déjà l'Ode à la Joie (Rolland, Beethoven,t. 1, 1937, p. 68).
β) Mod. Composition musicale réunissant des airs, des motifs empruntés à des opéras, à des œuvres connues. Synon. pot-pourri.Ce procédé [la répétition d'un dessin d'orchestre] qui convient au développement d'une phrase musicale, et plus spécialement à l'enchaînement des motifs, choisis pour établir une fantaisie ou une sélection sur des motifs d'opéra ou autres (Dureau, Instrument. et orchestr.,1905, p. 15).Il [Mozart] improvisa (...) une sorte de fantaisie ou de souvenir sur des airs que tout le monde fredonnait (Boschot, Mus. et vie,1931, p. 134).Il [Steibelt] passe pour être l'inventeur d'un genre de morceau de piano appelé « fantaisie » consistant à faire entendre différents motifs d'un opéra avec des variations (Rougnon1935, p. 368).
Fantaisie sur. Variation libre sur un thème emprunté à un opéra ou un autre ouvrage. Le programme d'orchestre comprenait l'ouverture d'Egmont, une valse de Waldteufel, le Pèlerinage de Tannhäuser à Rome, l'ouverture des Joyeuses commères de Nicolaï, la marche religieuse d'Athalie, et une fantaisie sur l'Étoile du Nord (Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 387).Fantaisie de Leubach, (...) sur la Flûte enchantée (Mathis-Lussy, Rythme mus.,1911, p. 68).
2. P. ext., usuel. Parti pris d'originalité et de nouveauté. Anton. classicisme.Il [l'hôtel de Nana] était de style Renaissance, avec un air de palais, une fantaisie de distribution intérieure, des commodités modernes dans un cadre d'une originalité voulue (Zola, Nana,1880, p. 1347).Mme Henningsen fumait beaucoup, se fardait avec rage, s'enveloppait de costumes d'une fantaisie arrogante (Duhamel, Terre promise,1934, p. 101).
a) Objet de fantaisie, p. ell. emploi abs. fantaisie (au sing. ou au plur.). Article sans grande utilité et valeur, mais original et plaisant. J'avais su joindre une clientèle élégante qui s'approvisionnait d'objets de fantaisie dans lesquels le bénéfice est presque arbitraire (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 157).Des cartonniers, des dossiers; pas un bibelot d'art, pas une fantaisie [dans un cabinet de travail] (Vogüé, Morts,1899, p. 124).Le sac était beau. Je l'avais choisi, à mon retour du restaurant, dans le meilleur magasin de fantaisies pour dames de l'avenue de la Victoire (Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 199).Cf. aussi albâtre ex. 23.
En partic. Bijou (de) fantaisie. Bijou d'imitation. Les mille bijoux de fantaisie qui peuplaient ses coupes, ses écrins, ses étagères (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 451).Elle désirait follement, depuis quinze jours, une parure de fantaisie, vue avec sa mère à la vitrine d'un bijoutier du Palais-Royal (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 233).
b) De fantaisie, loc. à valeur adj.; fantaisie, en appos. invar. [en parlant d'un objet fabriqué]
α) Qui diffère du modèle ordinaire ou réglementaire par un souci d'originalité, de nouveauté et parfois de raffinement. Cravate, gilet, soie (de) fantaisie. Elle se garnit d'une frange de fantaisie en soie avec glands et filet (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 796).Il réclamait opiniâtrement des revers à la mode, des boutons de fantaisie, des poches innombrables (Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 61):
3. Il a mis un costume splendide, gris perle. Il porte un chapeau de paille fendu qui a la forme d'un chapeau mou. Souliers éclatants, canne fantaisie. Pagnol, Marius,1931, I, 5, p. 46.
β) Emplois spéc.
ALIM. Pain (de) fantaisie. Pain de luxe vendu à la pièce, et non au poids. Il tient dans ses bras une boîte de biscuits, de grande dimension, un pain de fantaisie et une bouteille de champagne (Barbusse, Feu,1916, p. 90).
[En parlant gén. d'un alcool] Qui imite un produit sans en respecter la composition. Kirsch, rhum fantaisie. En raison de son prix, on substitue parfois au miel des miels de fantaisie ou miels artificiels, obtenus par chauffage à l'ébullition de sirops concentrés de sucre ordinaire additionnés d'acide acétique ou d'acide citrique : sous l'action de l'acide, le saccharose est partiellement transformé en glucose (Brunerie, Industr. alim.,1949, p. 30).
ART MILIT. [En parlant d'un uniforme] Qui n'est pas conforme au modèle réglementaire usuel. Les étalages où sont exposés des vareuses et des képis de fantaisie (Barbusse, Feu,1916, p. 323).Des aspirants passent, en uniforme de fantaisie (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 236).
Rem. La docum. atteste le synon. arg. fantoche, adj. Il retaille dans les capotes du gouvernement des tuniques fantoches de danseuse avec des cols aviateur (Arnoux, Cabaret, 1919, p. 177 ds Esnault, Notes compl. Poilu, [1919], 1956). Tenue fantoche (...) [uniforme] non réglementaire (Coindreau, Argot Baille, 1957, p. 141).
TYPOGR. Caractère de fantaisie. Caractère d'imprimerie, différent par la forme et la taille des caractères courants, servant généralement à composer des titres. Dauriat et Ladvocat, les premiers, inventèrent ces affiches par lesquelles ils captèrent l'attention de Paris, en y déployant des caractères de fantaisie, des coloriages bizarres, des vignettes (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 411).
B.− Cour. [À propos du caractère et, p. méton., du comportement d'une pers.]
1. Au sing. Détermination d'une personne à agir à sa guise. Ils n'imaginent que de se soumettre, sans réflexion comme sans réserve, à la fantaisie de tous ou à la fantaisie d'un seul, qui s'est attiré leur aveugle confiance (Destutt de Tr., Comment. sur Esprit des lois,1807, p. 229).Le roi Hilperik, sorte d'esprit fort à demi sauvage, n'écoutait que sa propre fantaisie (Thierry, Récits mérov.,t. 2, 1840, p. 327).Il y a aussi d'autres familles où la fantaisie de chacun est une chose sacrée, chose aimée, et où nul ne songe jamais que sa joie puisse être importune aux autres (Alain, Propos,1907, p. 10):
4. C'était [le fils de Racine] un garçon plaisant et de bonne mine, chez qui son père blâmait une certaine fantaisie, un penchant à satisfaire toujours sa propre volonté « au hasard de tout ce qu'il en pouvait arriver ». Mauriac, Vie Racine,1928, p. 248.
P. ext., au sing. ou au plur. Idée saugrenue; envie subite et passagère, souvent irraisonnée. Fantaisie bizarre, folle, passagère; avoir la fantaisie de; résister aux, à des fantaisies. Synon. caprice, désir, lubie, toquade (fam.).Tu n'as jamais eu que des caprices, des toquades, des fantaisies de mauvais sujet d'homme (E. de Goncourt, Faustin,1882, p. 287).Il s'obstinait à lui imposer ses idées, ses passions d'art, jusqu'à ses fantaisies et ses caprices (France, Lys rouge,1894, p. 174).Qu'est-ce que c'est que cette fantaisie? dit ma mère. Tu salues le drapeau à présent? C'est tout à fait inutile (Green, Journal,1932, p. 91):
5. Aussi, Thérèse se prêta-t-elle à l'accomplissement d'une fantaisie que Châteaubedeau eut le toupet de lui proposer, et qui consistait à être introduit subrepticement dans la chambre de Madame de Chamarante. Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 76.
Loc. Passer une fantaisie (à qqn); se passer, se payer une (petite) fantaisie. Satisfaire un caprice. Ils cherchaient encore à l'amuser et lui passaient toutes ses fantaisies (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 227).
En partic. Amour passionné, mais éphémère; p. méton. personne aimée. Un petit carnet à fermoir d'or, reste de ses anciennes fantaisies ou peut-être même tendre souvenir de quelques-unes de ces femmes mystérieuses et voilées qui frappaient à la petite porte (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 635).Peut-être n'était-elle pour lui qu'une fantaisie violente et sincère (France, Lys rouge,1894, p. 217):
6. − Eh! mon Dieu, une passion a conduit là Roguin, dit Claparon. Quel est le vieillard qui peut répondre de ne pas se laisser dominer, emporter par sa dernière fantaisie? Personne de nous, qui sommes sages, ne sait comment il finira. Un dernier amour, eh! c'est le plus violent. Voyez les Cardot, les Camusot, les Matifat!... vous ont des maîtresses! Balzac, C. Birotteau,1837, p. 243.
2. Qualité d'une personne qui se singularise par son esprit imaginatif et un comportement imprévu et amusant. Synon. originalité.Elle s'enveloppait d'une fantaisie malicieuse, s'abritait derrière un paradoxe léger (Goncourt, Mme Gervaisais,1869, p. 45).La fantaisie du mari, le peintre, que sa situation d'artiste mondain forçait tout de même de temps à autre à quelques actions insolites (Céline, Voyage,1932, p. 499).Madame Mabille − à qui elle attribuait des trésors de charme, de sensibilité, de fantaisie (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 117):
7. Vos livres, votre vie m'ont enseigné mille choses précieuses, la curiosité, la fantaisie, la facilité, le détachement, le jeu, mais aussi la ferveur et la sincérité. Guéhenno, Journal« Révol. », 1938, p. 227.
P. méton., gén. au plur. Manifestation de cette qualité. Ici commence le premier Livre des Fantaisies de Gaspard de la Nuit (Bertrand, Gaspard,1841, p. 68).Elle n'eut plus aucune de ses fantaisies de malicieuse écolière (Rolland, J.-Chr.,Matin, 1904, p. 195).
Prononc. et Orth. : [fɑ ̃tεzi] ou p. harmonis. vocalique [fɑ ̃te-]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 fantasie « imagination » (Moralités sur Job, 338, 31 ds T.-L.); ca 1450 fantaisie (Myst. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, t. III, XXIV, 17788); 2. fin xves. « caprice, humeur » (Cent quarante-cinq Rondeaux d'Amour, éd. E. M. Bancel, p. 114 ds IGLF : Ma fantaisie à ce faire m'enhorte); p. ext. 1585 « morceau de musique qu'on appelle aussi caprice » (A. du Verdier, Bibliothèque, p. 499 ds La Curne); 1718 loc. adj. de fantaisie (Ac. : portrait de fantaisie). Empr. au b. lat. phantasia « imagination », « idée, conception de l'esprit » en lat. class., empr. au gr. φ α ν τ α σ ι ́ α « apparition ». Fréq. abs. littér. : 2 493. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 498, b) 4 596; xxes. : a) 3 710, b) 2 922.
DÉR.
Fantasier, verbe trans.[Correspond à fantaisie A] . Imaginer, rêver quelque chose. Je ne veux pas oublier, effacer cette histoire de ma mémoire. L'ai-je fantasiée? (Arnoux, Paris,1939, p. 315).P. ext. Troubler par des rêveries. Il ne put fermer l'œil, soit qu'il n'eût point l'habitude de dormir hors de son lit, soit que le voisinage de jolies femmes lui fantasiât la cervelle (Gautier, Fracasse,1863, p. 36).Il me restait de la faiblesse et une espèce de vertige ensommeillé qui me fantasiait un peu l'entendement (Arnoux, Calendr. Fl.,1946, p. 122).Emploi pronom. Être égaré par son imagination. À l'âge de vingt-trois ans, Naudé nous paraît déjà dans ce livre ce qu'il sera toute sa vie, revenu et guéri de l'ambition des nouveautés où il s'était fantasié d'abord (Sainte-Beuve, Portr. littér.,t. 1, 1844, p. 477). [fɑ ̃tazje]. Je me fantasie [fɑ ̃tazi]. 1resattest. 1458 réfl. « se laisser aller à son imagination » (A. Greban, Myst. de la Passion, éd. O. Jodogne, 27100) 1660, Oudin, repris comme ,,vx`` dep. Trév. 1752; de l'a. m. fr. fantasie (fantaisie), dés. -er.
BBG. − Gall. 1955, pp. 68-69. − Klein (J.-R.). Le Vocab. des mœurs de la Vie parisienne sous le Second Empire. Louvain, 1976, pp. 111-112. − Paré (G.). Le Vocab. scolastique. Paris, 1941, p. 50. − Teppe (J.). De qq. appellations (peu) contrôlées. Vie Lang. 1966, pp. 706-707.

Wiktionnaire

Nom commun - français

fantaisie \fɑ̃.tɛ.zi\ féminin

  1. Esprit ; pensée ; idée.
    • Saisissez bien Charlot transi, tout gris, l’estomac vide ; il est le pitre famélique regardant de la rue ceux qui, au restaurant, s’en mettent plein la lampe ; une vitre légère les sépare, et la loi (si la fantaisie lui venait à griveler). — (Henri Pichette, Rond-point, suivi de Joyce au participe futur, et de Pages pour Chaplin, Mercure de France, 1950, page 77)
    • Seulement tu ne peux pas refuser à ton vieux copain Lambert quelques renseignements que, par ailleurs, tu serais obligé de fournir au juge d’instruction s’il lui prenait la fantaisie de te convoquer. — (Jo Barnais], Mort aux ténors, chapitre IV, Série noire, Gallimard, 1956, page 32)
  2. Sentiment ; goût ; humeur ; désir.
    • Elle décidait de l’entrée au logis et de la mort des cochons, frondait le jardinier, arrêtait le menu du déjeuner et du dîner, allait de la cave au grenier, du grenier dans la cave, en y balayant tout à sa fantaisie sans rien trouver qui lui résistât. — (Honoré de Balzac, Le Médecin de campagne, 1833, édition de 1845, chapitre premier)
    • Au contraire, le roi Hilperik, sorte d’esprit fort à demi sauvage, n’écoutait que sa propre fantaisie, même lorsqu’il s’agissait du dogme et de la foi catholique. L’autorité du clergé lui semblait insupportable […] — (Augustin Thierry, Récits des temps mérovingiens, 1er récit : Les Quatre Fils de Chlother Ier — Leur caractère — Leurs mariages — Histoire de Galeswinthe (561-568), 1833, éditions Union Générale d’Édition, 1965)
  3. Caprice ; boutade ; bizarrerie.
    • L’arme en joue, il avança sur son antagoniste, avec, dans l’esprit, la sotte fantaisie de crier un « haut les mains ! » magnanime. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 366 de l’édition de 1921)
    • Je suis habitué à ces fantaisies d’officiers. À la caserne, on est fréquemment convoqué par un capitaine inconnu qui veut connaître sans délai l’horaire de paquebots pour la Chine […] — (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)
    • D’aucuns voient et mettent le ciel tout entier dans les bulles de savon ; elles sont toute la fantaisie, toute la poésie, mais elles sont d’abord du savon, et sans ce savon, pas de bulles […] — (Franc-Nohain, Guide du bon sens, Éditions des Portiques, 1932)
    • Robe, habit de fantaisie : Robe, habit d’un goût nouveau et singulier.
    • Je m’apprête, pour descendre à table. J’endosse un gilet de fantaisie, un vêtement sombre. Je pique une perle à ma cravate. — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Uniforme de fantaisie : Uniforme qui n’est pas à l’ordonnance.
    • Au bout de la salle, devant une porte, un petit caporal chef, imberbe et blond, en uniforme de fantaisie, était assis devant une table. — (Robert Merle, Week-end à Zuydcoote, 1949, réédition Le Livre de Poche, pages 57-58)
  4. (Par ellipse) Toute chose qui est moins utile qu’elle n’est curieuse par sa nouveauté ou par sa bizarrerie.
    • Puis en guise de mille petites fantaisies modernes qui couvraient des consoles, ou des tables que l'on appelait des petits Dunkerques, on place toutes les curiosités antiques que l'on peut se procurer. — (« Modes », dans le Petit Courrier des Dames : journal des modes, du 10 septembre 1833, n° 14, tome 25, page 106)
    • Ai-je besoin de vous dire, après cela, que tout notre argent était dépensé en fantaisies inutiles de toilettes ? — (Octave Mirbeau, Lettres de ma chaumière : La Tête coupée, A. Laurent, 1886)
    • Encore une fois, je ne me sens point de colère contre les adolescents qui, sous le nom d’esthètes, obéissaient aveuglément aux fantaisies saugrenues de certains faiseurs, dont le nom, […], a perdu aujourd’hui les trois quarts de son prestige. — (Anatole Claveau, Les snobs, dans Sermons laïques, Paris : Paul Ollendorff, 1898, 3e édition, page 39)
    • (En apposition) On distingue ici les fils de nuance unie à foulage prolongé, les fils de couleur pour les nouveautés et les fils fantaisie et retors. — (D. de Prat, Nouveau Manuel complet de filature ; 1re partie : Fibres animales & minérales, Encyclopédie Roret, 1914)
    • Un pigeon d’agrément, d’ornement ou de fantaisie[2].
  5. (Vieilli) Imagination. — Note : N’a plus ce sens que dans les ouvrages didactiques et aussi en termes de beaux-arts et de littérature pour désigner un ouvrage composé d’imagination et non pas d’après la réalité ou les règles.
    • Au printemps dernier, la fantaisie, cette autre forme de l’instinct, l’invitait à buriner le cuivre, et l’année n’est pas révolue que les iconophiles avertis le rangent dans leur estime à la suite de miss Mary Cassat, de Desboutin et d’Helleu… — (Gazette des beaux-arts, 1900, volume 23, page 322)
    • Dans le décor des miséricordes, autrefois simple, les huchiers donnent libre cours à leur fantaisie, les groupes sculptés n'ont pas toujours un caractère religieux, la tendance de l'époque au réalisme stimule l'humour et la verve satirique des artistes. — (Histoire de l'art: L'Europe médiévale, sous la direction de Jean Babelon, Paris : NRF/Gallimard (Encyclopédie de la Pléiade), 1961, page 889)
  6. Certaine liberté, d’un caprice de l’imagination qui donne de l’agrément à un ouvrage de l’esprit.
    • Un dialogue plein de fantaisie.
    • La fantaisie d’Alfred de Musset.
  7. (Musique) Composition de forme libre.
    • Fantaisie pour piano à quatre mains sur l’air: L’amour est un enfant trompeur. Paris, Ph. Petit , prix: 4 fr. 50 c.— (François-Joseph Fétis, Revue musicale (Paris : 1827), Volume 1, ‪F. J. Fétis‬, ‪1827‬, page 292)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

FANTAISIE. n. f.
Esprit, pensée, idée. Ceci m'est venu en fantaisie. Ne vous mettez pas cela en fantaisie. Ôtez cela de votre fantaisie. Il a en fantaisie qu'il se porterait mieux s'il changeait d'air. Il signifie également Sentiment, goût, humeur, désir. Chacun en parle et en juge selon sa fantaisie, à sa fantaisie. Il se prend aussi pour Caprice, boutade, bizarrerie. Il a fait cela par fantaisie et non par raison. Quelle fantaisie vous a pris? Il a des fantaisies ridicules. Quelle fantaisie lui est passée par la tête? Robe, habit de fantaisie, Robe, habit d'un goût nouveau et singulier. Uniforme de fantaisie, Uniforme qui n'est pas à l'ordonnance. On appelle aussi Objet de fantaisie, ou simplement Fantaisie, Toute chose qui est moins utile qu'elle n'est curieuse par sa nouveauté ou par sa bizarrerie. Acheter des objets de fantaisie, des fantaisies. Un magasin de fantaisies. Il signifiait primitivement Imagination. Il n'a plus ce sens que dans les ouvrages didactiques et aussi en termes de Beaux-Arts et de Littérature pour désigner un Ouvrage composé d'imagination et non pas d'après la réalité ou les règles. Peindre de fantaisie. Une fantaisie pour le piano. Une description de fantaisie.

Littré (1872-1877)

FANTAISIE (fan-tè-zie) s. f.
  • 1Ancien synonyme d'imagination. Fantaisie signifiait autrefois l'imagination, et on ne se servait guère de ce mot que pour exprimer cette faculté de l'âme qui reçoit les objets sensibles, Voltaire, Dict. phil. Fantaisie.

    En ce sens il a vieilli, et quelques-uns l'écrivent, étymologiquement, phantaisie.

  • 2De fantaisie, par l'œuvre de l'imagination, sans réalité. Heureusement on rectifie sur les lieux ce que les géographes ont souvent tracé de fantaisie dans leur cabinet, Voltaire, Dict. phil. Géographie.

    Tête de fantaisie, tête de pure imagination. Un peintre fait un portrait de fantaisie qui n'est d'après aucun modèle, Voltaire, Dict. phil. Fantaisie. Petit portrait de fantaisie, Mis en tête de mon recueil, Béranger, Portrait.

    Robe, habit de fantaisie, robe, habit qui n'est pas conforme à la mode courante, surtout à l'uniforme réglementaire, et qu'on imagine. Un shako, un sabre de fantaisie. On dit même, dans l'armée, du drap de fantaisie pour désigner du drap plus fin que celui qui est fourni par l'État.

    Un objet de fantaisie, ou une fantaisie, une chose curieuse, singulière.

    Un nom de fantaisie, un nom qu'on imagine de prendre. Tu portes un nom de fantaisie.

    Fig. Se dit de la figure d'une personne que l'on compare à un objet de fantaisie. Elle a une petite figure sans aucune régularité, un minois de fantaisie extrêmement commun, Genlis, Ad. et Théod. t. I, lett. 53, p. 451, dans POUGENS.

  • 3Esprit, pensée, idée. [Ceux] à qui l'amour lascif règle la fantaisie, Régnier, Sat. XI. Au logis d'une fille où j'ai ma fantaisie, Régnier, ib. XII. Ce qu'un enfant a dans la fantaisie, La Fontaine, Faucon. Il n'avouera jamais qu'il est médecin, s'il se le met en fantaisie, que vous ne preniez chacun un bâton, Molière, le Méd. m. lui, I, 5. Cette frénésie [faire des vers] De ses noires vapeurs troubla ma fantaisie, Boileau, Sat. II. Nous sommes tous faits naturellement comme un certain fou athénien… qui s'était mis dans la fantaisie que tous les vaisseaux… lui appartenaient, Fontenelle, les Mondes, 1er soir.

    Avoir en fantaisie, avoir dans l'idée. Ces messieurs ont en fantaisie de nous donner les âmes des pieds [les violons pour danser], Molière, les Préc. rid. 13.

  • 4Volonté passagère. Je suis en fantaisie d'admirer l'honnêteté de ces messieurs, Sévigné, 67. La fantaisie m'a pris de me lever, Sévigné, 197. Sa femme s'était mise à la fantaisie de se parer, Sévigné, 367. Fantaisie veut dire aujourd'hui un désir singulier, un goût passager : il a eu la fantaisie d'aller à la Chine ; sa fantaisie du jeu, du bal, lui a passé, Voltaire, Dict. phil. Fantaisie. Croyez-vous le monde bien ancien ? ma fantaisie est qu'il est éternel, Voltaire, Dial. 24.

    À la fantaisie, selon qu'on en a volonté. Un bœuf est plus puissant que toi ; Je le mène à ma fantaisie, La Fontaine, Fabl. II, 9. Je te dis, moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie, et que je ne me suis pas mariée avec toi pour souffrir tes fredaines, Molière, Méd. m. lui, I, 1. Disposer de tout selon sa fantaisie, Pascal, Prov. 6. Rois qu'il fit et défit à sa fantaisie, Bossuet, Hist. I, 11.

  • 5Goût particulier. De tous les visages il n'y en avait point à sa fantaisie comme le vôtre, Sévigné, 520. Ah ! que vous écrivez à ma fantaisie ! Sévigné, 32. Il [M. de Grignan] devrait bien renvoyer toutes les fantaisies ruineuses qui servent chez lui par quartier, Sévigné, 5 juin 1680. C'est la fantaisie des hommes qui met le prix aux choses frivoles ; c'est cette fantaisie qui fait vivre cent ouvriers que j'emploie ; c'est elle qui me donne une belle maison, un char commode, des chevaux, Voltaire, Babouc. Avoir des fantaisies, c'est avoir des goûts extraordinaires qui ne sont pas de durée ; fantaisie en ce sens est moins que bizarrerie et que caprice, Voltaire, Dict. phil. Fantaisie.
  • 6Il se dit d'un amour passager. Mais l'amant qui vous charme et pour qui vous brûlez, Ne vous est après tout que ce que vous voulez ; Une mauvaise humeur, un peu de jalousie En fait assez souvent passer la fantaisie, Corneille, Hor. III, 4. Son amour n'était qu'une fantaisie ; les fantaisies se passent, Marivaux, Pays. parv. 5e part. Il [Néron] se prend de fantaisie pour une affranchie nommée Acté, Diderot, Claude et Nér. I, 48. Cette dangereuse coquette n'a point fait naître des fantaisies, et n'a jamais inspiré que de grandes passions, Genlis, Ad. et Théod. t. I, lett. 50, p. 432, dans POUGENS.
  • 7Caprice, boutade. Quelle fantaisie vous a pris ? Cet homme a des fantaisies ridicules. Un chétif centenier des troupes de Mysie Qu'un gros de mutinés élut par fantaisie, Corneille, Héracl. I, 2.

    Se passer la fantaisie d'une chose, satisfaire son caprice. La Temple ayant résolu d'en passer sa fantaisie, Hamilton, Gramm. 10.

    Fantaisies musquées, bizarreries tout à fait singulières. On dit quelquefois, en conversation particulière, des fantaisies musquées ; mais jamais on n'a entendu par ce mot des bizarreries d'hommes d'un rang supérieur qu'on n'ose condamner, comme le dit le Dictionnaire de Trévoux, Voltaire, Dict. phil. Fantaisie.

  • 8 Terme de peinture. Ouvrage où l'on a suivi son caprice et son imagination en s'affranchissant des règles. Des arabesques sont des fantaisies. Le tout me parut si bizarre, que ma première idée fut d'envoyer chercher un peintre pour en faire une fantaisie, Montesquieu, Lett. pers. 49.

    Terme de musique. Réunion d'airs pris selon le caprice du compositeur, et liés entre eux par des transitions ou ritournelles ; c'est ce qu'on nommait autrefois pot-pourri. Fantaisie sur les airs de Guillaume Tell, pour piano et violon, par Osborne et de Bériot. La fantaisie se distingue de la sonate dont tous les morceaux sont assujettis à des règles certaines, par la liberté qu'elle laisse au compositeur dans la façon de traiter son sujet ; il n'est pas nécessaire que le thème en soit connu ; Mozart a des fantaisies sur des motifs composés tout exprès.

  • 9Se dit des mouvements d'un cheval qui veut agir contre la volonté du cavalier. Ce cheval a des fantaisies.
  • 10Fil tiré du fleuret, lorsqu'il est savonné, cuit et prêt à être teint.

HISTORIQUE

XIVe s. [Les bêtes] ont tant seulement fantaisie et memore des choses singulieres, Oresme, Eth. 199. Les choses de mathematiques sont cognues par abstrattion, ymagination et phantasie, Oresme, ib. 181.

XVe s. Et ainsi petit à petit, ou temps de celle croiscence, nature appreste la fantasie et entendement, Christine de Pisan, Hist. de Ch. V, I, 9.

XVIe s. Le travail des grans journées d'Espagne m'estoit plus portable que le repous de France, où la fantasie me tourmente plus que la peine, Marguerite de Navarre, Lett. XXXVI. Et continuerent longuement cette vie, sans qu'il s'aperçut jamais qui elle estoit, dont il entra en grande fantaisie [inquiétude], pensant…, Marguerite de Navarre, Nouv. XLIII. À ma fantaisie, il n'est rien que la coutume ne face, Montaigne, I, 115. S'il eust mis, comme moi, par escript ses fantaisies, Montaigne, I, 206. Lorsque quelqu'un prend fantaisie de s'aller battre, il faut que celui qui le seconde…, Lanoue, 248.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

FANTAISIE. - HIST. Ajoutez : XIIe s. Quant li corages ki acoustumeiz est es corporeiz choses penset de cele substance [de Dieu], si soffret les fantasies de diverses ymagenes, Job, p. 485.

XIIIe s. Pour la legiereté de la teste de ladite Clemence et pour les fantaisies que ele disoit à la foiz [parfois], Miracles St Loys, p. 147.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

FANTAISIE, s. f. (Gramm.) signifioit autrefois l’imagination, & on ne se servoit guere de ce mot que pour exprimer cette faculté de l’ame qui reçoit les objets sensibles. Descartes, Gassendi, & tous les philosophes de leur tems, disent que les especes, les images des choses se peignent en la fantaisie ; & c’est de là que vient le mot fantôme. Mais la plûpart des termes abstraits sont reçûs à la longue dans un sens différent de leur origine, comme des instrumens que l’industrie employe à des usages nouveaux. Fantaisie veut dire aujourd’hui un desir singulier, un goût passager : il a eu la fantaisie d’aller à la Chine : la fantaisie du jeu, du bal, lui a passé. Un peintre fait un portrait de fantaisie, qui n’est d’après aucun modele. Avoir des fantaisies, c’est avoir des goûts extraordinaires qui ne sont pas de durée. Voyez l’article suivant. Fantaisie en ce sens est moins que bisarrerie & que caprice. Le caprice peut signifier un dégoût subit & déraisonnable. Il a eu la fantaisie de la musique, & il s’en est dégoûté par caprice. La bisarrerie donne une idée d’inconséquence & de mauvais goût, que la fantaisie n’exprime pas : il a eu la fantaisie de bâtir, mais il a construit sa maison dans un goût bisarre. Il y a encore des nuances entre avoir des fantaisies & être fantasque : le fantasque approche beaucoup plus du bisarre. Ce mot désigne un caractere inégal & brusque. L’idée d’agrément est exclue du mot fantasque, au lieu qu’il y a des fantaisies agréables. On dit quelquefois en conversation familiere, des fantaisies musquées ; mais jamais on n’a entendu par ce mot, des bisarreries d’hommes d’un rang supérieur qu’on n’ose condamner, comme le dit le dictionnaire de Trévoux : au contraire, c’est en les condamnant qu’on s’exprime ainsi ; & musquée en cette occasion est une explétive qui ajoûte à la force du mot, comme on dit sottise pommée, folie fieffée, pour dire sottise & folie complette. Article de M. de Voltaire.

Fantaisie, (Morale.) c’est une passion d’un moment, qui n’a sa source que dans l’imagination : elle promet à ceux qu’elle occupe, non un grand bien, mais une joüissance agréable : elle s’exagere moins le mérite que l’agrément de son objet ; elle en desire moins la possession que l’usage : elle est contre l’ennui la ressource d’un instant : elle suspend les passions sans les détruire : elle se mêle aux penchans d’habitude, & ne fait qu’en distraire. Quelquefois elle est l’effet de la passion même ; c’est une bulle d’eau qui s’éleve sur la sur face d’un liquide, & qui retourne s’y confondre ; c’est une volonté d’enfant, & qui nous ramene pendant sa courte durée, à l’imbécillité du premier âge.

Les hommes qui ont plus d’imagination que de bon-sens, sont esclaves de mille fantaisies ; elles naissent du desœuvrement, dans un état où la fortune a donné plus qu’il ne faut à la nature, où les desirs ont été satisfaits aussi-tôt que conçûs : elles tyrannisent les hommes indécis sur le genre d’occupations, de devoirs, d’amusemens qui conviennent à leur état & à leur caractere : elles tyrannisent surtout les ames foibles, qui sentent par imitation, Il y a des fantaisies de mode, qui pendant quelque tems sont les fantaisies de tout un peuple ; j’en ai vû de ce genre, d’extravagantes, d’utiles, de frivoles, d’héroïques, &c. Je vois le patriotisme & l’humanité devenir dans beaucoup de têtes des fantaisies assez vives, & qui peut-être se répandroient, sans la crainte du ridicule.

La fantaisie suspend la passion par une volonté d’un moment & le caprice interrompt le caractere. Dans la fantaisie on néglige les objets de ses passions & les principes, & dans le caprice on les change. Les hommes sensibles & legers ont des fantaisies, les esprits de travers sont fertiles en caprices.

Fantaisie, (Musique.) piece de musique instrumentale qu’on exécute en la composant Il y a cette différence du caprice à la fantaisie, que le caprice est un recueil d’idées singulieres & sans liaison, que rassemble une imagination échauffée, & qu’on peut même composer à loisir, au lieu que la fantaisie peut être une piece très-réguliere, qui ne differe des autres qu’en ce qu’on l’invente en l’exécutant, & qu’elle n’existe plus quand elle est achevée : ainsi le caprice est dans l’espece & l’assortiment des idées, & la fantaisie dans leur promptitude à se présenter. Il suit de-là qu’un caprice peut fort bien s’écrire, mais jamais une fantaisie ; car si-tôt qu’elle est écrite ou répetée, ce n’est plus une fantaisie, mais une piece ordinaire. (S)

Fantaisie, (Manége.) On doit nommer fantaisie dans le cheval, une action quelconque suggérée par une volonté tellement opiniâtre & rebelle, qu’elle répugne à toute autre dénomination ; & appeller du nom de défense, la résistance plus ou moins forte que l’animal oppose à toute puissance émanant d’une volonté étrangere. Voyez Mettre un Cheval. (e)

Fantaisie, (Peinture.) Peindre, dessiner de fantaisie, n’est autre chose que faire d’invention, de génie : quelquefois cependant fantaisie signifie une composition qui tient du grotesque. Voyez Pittoresque.

Wikisource - licence Creative Commons attribution partage dans les mêmes conditions 3.0

Étymologie de « fantaisie »

Grec, φαντασία, action de se montrer, apparition, de φαντὸς, visible, de φαίνεν, montrer, briller (voy. PHÉNOMÈNE).

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(1361) De l’ancien français fantaisie (« imagination »), du latin phantasia (« fantôme, apparition, apparence »), lui-même issu du grec ancien φαντασία, phantasía. (XIIe siècle) fantasie (« vision »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « fantaisie »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
fantaisie fɑ̃tɛzi

Évolution historique de l’usage du mot « fantaisie »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « fantaisie »

  • On ment plus qu'il ne faut par manque de fantaisie : la vérité aussi s'invente.
    Antonio Machado — Nuevas canciones
  • L'usage du temps exclut la fantaisie.
    Pierre Kyria — Pierrot des solitudes
  • On ment plus qu'il ne faut par manque de fantaisie : la vérité aussi s'invente.
    Antonio Machado
  • La fantaisie est un perpétuel printemps.
    Johann Friedrich von Schiller
  • Vérité est un mot à contresens ; fantaisie est le mot positif.
    Herman Teirlinck — De Nieuwe Uilenspiegel
  • Il est doux à tout âge de se laisser guider par la fantaisie.
    Marcel Proust — Jean Santeuil
  • La vie est lunatique et se plaît à mener les événements comme une fantaisie, sans rime ni raison.
    Roland Dorgelès
  • Faute de savoir ce qui est écrit là-haut, on ne sait ni ce qu’on veut ni ce qu’on fait, et qu’on suit sa fantaisie qu’on appelle raison, ou sa raison qui n’est souvent qu’une dangereuse fantaisie qui tourne tantôt bien, tantôt mal.
    Denis Diderot — Jacques le Fataliste et son maître
  • On doit être un logicien ou un grammairien rigoureux, et être en même temps plein de fantaisie et de musique.
    Hermann Hesse — Le jeu des perles de verre
  • L'amour, tel qu'il existe dans la société, n'est que l'échange de deux fantaisies et le contact de deux épidermes.
    Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort — Maximes et pensées
Voir toutes les citations du mot « fantaisie » →

Images d'illustration du mot « fantaisie »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « fantaisie »

Langue Traduction
Anglais fantasy
Espagnol lujoso
Italien fantasia
Allemand schick
Chinois 花式的
Arabe مولع ب
Portugais chique
Russe маскарадный
Japonais ファンシー
Basque dotoreetan
Corse fantasie
Source : Google Translate API

Synonymes de « fantaisie »

Source : synonymes de fantaisie sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « fantaisie »

Combien de points fait le mot fantaisie au Scrabble ?

Nombre de points du mot fantaisie au scrabble : 12 points

Fantaisie

Retour au sommaire ➦

Partager