La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « familier »

Familier

Variantes Singulier Pluriel
Masculin familier familiers
Féminin familière familières

Définitions de « familier »

Trésor de la Langue Française informatisé

FAMILIER, IÈRE, adj.

A.− [Correspond à famille I]
1. [En parlant d'une pers. ou d'éléments qui lui sont attachés]
a) [En parlant d'une pers.]
α) Emploi adj. Qui fait comme partie d'une famille, qui participe à l'intimité d'un foyer ou de quelqu'un. Debray, en homme familier dans la maison, entra le premier dans la cour (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 82).Depuis huit jours, le comte Otto, qu'on ne voyait jamais auparavant, commençait d'être familier et même assidu chez son père (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 160).Son camarade Paul Limousin resté, chose rare, l'ami intime et familier du ménage, après avoir été l'inséparable compagnon de sa vie de garçon (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, M. Parent, 1886, p. 588).
MYTHOLOGIE
Dieux familiers. Divinités qui protègent une famille et auxquelles on sacrifie en famille. Cf. constamment ex. 3.Lare familier (Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 177).
Démon, génie familier. Esprit surnaturel (analogue à l'ange* gardien) qui protège, conseille un individu et auquel celui-ci rend un culte. La théorie des anges gardiens n'est pas nouvelle (...). C'était le génie familier qui en tenait lieu chez les Grecs (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 510).Le sacrifice est doux au Démon familier Sur la table de marbre ou sur un bloc de glaise (Heredia, Trophées,1893, p. 49).P. anal. Mon fusil, ce bâton et ce génie familier du chasseur (Lamart., Tailleur pierre,1851, p. 408).Mon diable familier [Masseau] m'interrompt (Colette, Entrave,1913, p. 284).Lui-même [Passy] sut résister au dégoût et se garder de la vantardise, qui sont les démons familiers de cette sorte d'activité (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 129).
β) Emploi subst. Personne qui, bien que non apparentée avec quelqu'un, vit dans son intimité ou fait partie du cercle de la famille. Un familier de la maison, du Tsar. Clément Marot, devenu le familier des antichambres du Louvre (Murger, Scènes vie Boh.,1851, p. 4).[Disraëli] devint un familier du palais (Maurois, Disraëli,1927, p. 155):
1. Trottant de côté comme un chien qui revient de vêpres, la menette ne laissait plus passer un soir sans aller aux Escures. Peut-être, en se rendant une familière du logis, s'efforçait-elle d'apprendre les affaires et secrets des Grange. Pourrat, Gaspard,1922, p. 170.
Spécialement
HIST. Individu qui espionnait et dénonçait des suspects pour le compte de l'Inquisition. [Le] grand inquisiteur Torquemada, environné des juges et des familiers de l'Inquisition, devant lesquels un hasard favorable au maintien des bonnes doctrines aurait fait amener tout à coup Luther ou Calvin (Stendhal, Racine et Shakspeare,1825, p. 55).
Arg. Familière. ,,Prisonnière de Saint-Lazare qui, en raison de sa bonne conduite, est employée au service des autres prisonnières et jouit, en conséquence, de certaines immunités`` (France 1907).
b) [En parlant de choses]
α) Qui a rapport aux liens étroits avec des familiers (supra A 1 a β). Les débris de la vie privée et familière du Romain (Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 112):
2. La quatrième [fête] honore la moins étendue, mais la plus complète des relations civiques, celle où la cohabitation familière nous rapproche le mieux de l'intimité domestique. Comte, Catéch. posit.,1852, p. 234.
Qui s'adresse à des familiers; p. ext., qui a un caractère intime. La comédie et l'épître familière ne les [les jeux de mots] repoussent pas toujours (Jouy, Hermite,t. 5, 1814, p. 227).Traduire les lettres familières de Cicéron (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 4, 1859, p. 466).
Rem. Dans l'ex. de Sainte-Beuve, familier est la trad. du lat. ad familiares.
Emploi subst. masc. avec valeur de neutre. La familiarité (v. ce mot A), l'intimité. [Shakespeare] pénétrait dans le familier des existences populaires ou bourgeoises (L. Daudet, Voy. Shakespeare,1896, p. 182).
β) De famille. Tu nous trouverais dans un village méditerranéen, mais j'aime mieux t'avoir dans notre séjour familier (Mallarmé, Corresp.,1868, p. 277):
3. J'ai passé trois semaines à Mordreux, au sein d'une famille, la plus paisible, la plus unie, la plus bénie du ciel, qui se puisse imaginer. Et cependant, dans ce calme, dans cette douce monotonie de la vie familière, mes jours étaient animés intérieurement... M. de Guérin, Journal,1834, p. 194.
2. [En parlant d'un animal] Qui accepte sans crainte la présence proche d'un autre animal ou, plus fréquemment, de l'homme; qui vit dans la société d'un être humain qui se l'est attaché. Troubler dans le bois la biche familière (Sainte-Beuve, Poés.,1829, p. 95).Tel d'entre nous a besoin, sous la forme d'un chien ou d'un animal familier, d'un compagnon muet que l'on ne dissocie plus de sa promenade quotidienne (Du Bos, Journal,1925, p. 395):
4. La Mamèche aussi fait sa chasse, pour elle, à sa façon. Elle s'attaque au petit gibier : aux moineaux que le froid rend familiers et qui sont tout ébouriffés comme des pelotes de laine. Giono, Regain,1930, p. 52.
B.− P. ext.
1. [L'accent est mis sur l'idée d'habitude]
a) Valeur passive
α) [En parlant d'une pers.] Bien connu (de quelqu'un) en raison de rapports fréquents. Je demandai à un voisin déjà familier quelle était cette remarquable figure (Verlaine, Œuvres compl.,t. 5, Quinze jours en Holl., p. 233).
β) [En parlant d'une chose]
Dont on a l'habitude, qui est bien connue, car elle s'impose souvent (à quelqu'un). Bruit, paysage familier; figure, forme, musique, odeur familière. L'individu jette sur l'objet familier le coup d'œil rapide et léger de l'indifférence et passe outre (Maine de Biran, Influence habit.,1803, p. 93).Un décor trop familier rapetisse les plus vives sensations (Barrès, Homme libre,1889, p. 51).La mort est ici une chose familière qui participe au paysage quotidien (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 127).
Familier à qqn.Une image familière aux habitués de la piste (Montherl., Olymp.,1924, p. 239).
À quoi on est habitué, car on en a une pratique courante; bien connu à la suite d'un apprentissage. Des mots peu familiers ou même inconnus (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 287).
Familier à qqn.Par une manœuvre familière aux avoués, habitués à rester calmes (Balzac, Chabert,1832, p. 95).Cette opération très simple doit être familière au gazier (Quéret, Industr. gaz,1923, p. 154).Il parlait plusieurs langues, et les principaux courants de la littérature européenne lui étaient familiers (Martin du G., Confid. afric.,1931, p. 1108).
Qui est habituel, presque automatique. Geste, tic familier. Synon. coutumier, habituel.Repris par une hantise familière (Martin du G., J. Barois,1913, p. 535).
Familier à qqn.Elle achève de s'asseoir, les genoux ramenés sur son ventre et les bras ceignant ses genoux, dans la posture qui lui est familière lorsqu'elle s'efforce d'apprendre ses leçons (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1300).
b) Valeur active. [En parlant d'une pers.; avec compl. prép. avec, parfois de]
Qui a l'habitude de (quelque chose), qui connaît bien (une chose), car elle s'impose souvent (à la personne). Il joue, dès l'enfance, entre les genoux de Cybèle, il est déjà familier de ses taillis et de ses sources, de ses nuages et de ses brumes (Mauriac, Journal 3,1940, p. 234).
Qui fréquente souvent (un lieu). À feu mon père, à mon grand-père, familiers des deuxièmes balcons (SartreMots,1964, p. 99).
Qui a l'habitude de (quelque chose) à cause d'une pratique courante, qui connaît bien à la suite d'un apprentissage.
Familier avec qqc.Chacun sera devenu familier avec le chant (Comte, Catéch. posit.,1852, p. 197):
5. ... la princesse qui, n'étant pas familière avec les travaux de Darwin et de ses successeurs, comprenait mal la signification des plaisanteries de la duchesse. Proust, Guermantes 2,1921, p. 517.
Familier de qqc.Ainsi, maintenu hors de la hiérarchie paroissiale régulière, familier des besognes les plus serviles, en toute occasion maître Jacques et bon à toutes fins, le pauvre curé... (Bernanos, Imposture,1927, p. 338).
Emploi subst. Le héros était je pense un familier de la musique (Chardonne, Ciel,1959, p. 44).
2. [L'accent est mis sur l'idée d'aisance, de non-contrainte]
a) [En parlant d'une pers. ou d'un trait de son comportement dans ses relations avec autrui]
α) Qui manifeste de la liberté, du naturel. Accueil familier; allure, manières familière(s). C'est vrai, Vial, que je suis plus familière que liante (Colette, Naiss. jour,1928, p. 48).Cf. amical ex. 4 :
6. Louis est un garçon de vingt-deux ans, qui porte lorgnon, se vêt de drap noir, comme un instituteur. Il plaisante volontiers, n'étale pas son savoir, et sait garder, vis-à-vis du maître, une attitude familière et cependant respectueuse, dont le dosage est plein de tact. Martin du G., Devenir,1909, p. 185.
β) En mauvaise part. Qui outrepasse, dans sa liberté, les limites de la discrétion, de la politesse. Synon. grossier, vulgaire.Mais il se souvint aussi qu'elle avait dit « Vinca » tout court, d'une manière trop familière et un peu injurieuse (Colette, Blé en herbe,1923, p. 46).Cf. apostrophe1ex. 4.
b) Simple, dénué d'apprêt, de prétention. « (...) J'aime la vertu familière, sans tunique, ni cothurnes, sans phrases, qui agit à la dérobée (...) » (L. Daudet, A. Daudet,1898, p. 140).Il est heureux pour sa mémoire que les Rêveries du Promeneur solitaire nous aient donné de lui [Rousseau] une image si familière et si charmante que l'avenir l'a retenue de préférence à toutes les autres (Mauriac, Trois gds hommes dev. Dieu,1947, p. 128).
− Dans le domaine de l'expression, de la création.Qui se caractérise par l'enjouement, le naturel, la simplicité. Anton. élevé, guindé, recherché.[Un] style familier, gai, d'une piquante simplicité (Berlioz, À travers chants,1862, p. 75).Nous ne connaissions pas sous cet aspect le talent du jeune sculpteur. Nous l'avions vu sévère et fort dans son David, héroïque et fier dans son Gloria victis : nous le retrouvons ici familier et gracieux (Castagnary, Salons,t. 2, 1875, p. 196).
Dans l'expression langagière. Dont on use dans l'intimité, dans la conversation courante. Expression, locution familière. Une conversation explicative, où de temps en temps le « tu » familier succédait au « vous » de la discussion officielle (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 169).Car il convenait, n'est-ce pas, de choisir des termes familiers et populaires, ceux mêmes qu'eût employés la pauvre mère Rambaud (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 402).
Prononc. et Orth. : [familje], fém. [-ε:ʀ]. Enq. : /familje, -ʀ/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1160-74 adj. « qui est regardé comme étant de la famille » fameliers (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 4750); fin xiiies. subst. « attaché à une maison » famillÿers (Trad. Ovide, Remède d'Amour, 1653 ds T.-L.); 2. ca 1240 adj. « qui est intime avec quelqu'un, ami » (St. François, 1705, ibid.); ca 1370 subst. (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, L. I, ch. 7, p. 113); 3. 1530 adj. « qui vit habituellement avec quelqu'un » (Contreditz de Songecreux, fo48 rods Gdf. Compl.); 1580 fig. « qui est bien connu (en parlant de livres) » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, p. 194); 4. 1680 « qu'on emploie naturellement » (Rich. : stile familier. Les épîtres familieres de Ciceron). Empr. au lat. familiaris « qui fait partie de la maison, de la famille », d'où « ami, intime ». Fréq. abs. littér. : 3 059. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 526, b) 3 223; xxes. : a) 4 622, b) 6 347. Bbg. Boulan 1934, p. 72. − Gohin 1903, p. 295. − Reinh. 1963, p. 293.

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

familier \fa.mi.lje\ masculin

  1. (Fantastique, Mythologie) Créature supposée entretenir un rapport mystique avec un magicien ou sorcier.
    • Le magicien peut, en se concentrant, voir à travers les yeux de son familier ; en contrepartie, il partage également la douleur que son familier ressent.

Nom commun 1 - français

familier \fa.mi.lje\ masculin (pour une femme, on dit : familière)

  1. Personne très proche dans ses habitudes et ses fréquentations.
    • C’est un familier du président.
    • Les familiers du club bénéficieront du voyage.
    • Fait trop souvent oublié, Stravinski a fréquenté quelques-uns des plus fameux écrivains de son temps. Au cours de son séjour américain, il fut un familier d’Aldous Huxley, de T. S. Eliot, de l’intelligentsia anglo-saxonne. — (Claude Glayman, « Igor Stravinski », in Musiciens de notre temps depuis 1945, éditions Plume et SACEM, Paris, 1992, page 463)

Adjectif - français

familier \fa.mi.lje\

  1. Qui est considéré comme appartenant à la famille.
    • Aucun animal familier n’est autorisé dans l’avion.
  2. Qui vit dans l’intimité de quelqu’un.
    • Un ami familier.
  3. Qui a rapport à l’intimité d’une personne avec une autre, en parlant des choses.
    • Ils vivent dans un commerce familier. Avoir des relations familières avec quelqu’un. La conversation prit un tour plus familier.
  4. (Par extension) Qui se comporte librement à l’égard de quelqu’un, surtout en parlant des choses.
    • Vous devenez trop familier avec vos supérieurs.
    • Prendre un air, un ton familier.
    • S’exprimer en termes familiers.
    • Et puis presque sans transition, ni pause, quatre femmes pénétrèrent dans la pièce, fardées, mûres, charnues, du muscle et des bijoux, fortement familières.' — (Louis-Ferdinand Céline (Louis-Ferdinand Destouches), Voyage au bout de la nuit, Denoël et Steele, Paris, 1932 (réédition Gallimard, Folio #28, 2019, page 265)
    • Je pensai que j’avais été trop aimable ou familière avec Adam Johnson et je rédigeai un texte froid et distant : […]. — (Amélie Nothomb, Stupeur et tremblements, Éditions Albin Michel S.A., 1999, p. 11)
  5. (Par extension) Qui est devenu facile, aisé, par la pratique, l’habitude.
    • Le débarquement d’une automobile à quai était une manœuvre peu familière aux employés de la petite station, et le train s’attardait, et Psyché devenait impatiente. — (Pierre Louÿs, Psyché, 1927, p.137)
    • Il se plongeait dans l’aridité des études financières, le jargon des affaires, la jonglerie des chiffres et, lentement, ces choses, hier hermétiques, lui devenaient familières. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 116)
  6. Qualifie les choses devenues ordinaires ou habituelles.
    • Elles accomplissaient des tâches qui leur étaient a priori familières : elles nettoyaient le riz, pilaient l'igname et moulaient le maïs. Elles travaillaient aussi comme cuisinières, […]. — (Marcus Rediker, À bord du négrier. Une histoire atlantique de la traite, traduit de l'anglais par Aurélien Blanchard, éditions du Seuil, 2013)
  7. Qualifie les choses que l’on reconnaît aisément pour les avoir vues souvent.
    • Sport ludique et convivial, le Padel est un jeu à l’aspect familier car il emprunte sa technicité et son règlement à nombre de jeux que nous connaissons bien : le tennis dont il a hérité du filet, de la balle, et du décompte des points, […]. — (Petit Futé, Vendée, 2009-2010, p. 49)
    • Cette figure m’est familière. Ces notions lui sont familières. Tout m’est familier dans cette ville, les choses et les gens.
  8. (Par extension) (Linguistique) Qui se dit dans la conversation, qui ne convient qu’à la conversation, en parlant de la langue parlée, par opposition à la langue écrite.
    • Elle est pleine : terme assez familier je vous l'accorde, pour dire que la patiente est en occlusion intestinale, comprenez de façon très grossière que le caca est québlo. D'accord d'accord, je rectifie avant que mon éditrice ne me gronde : le transit intestinal étant à l'arrêt complet, les selles ne peuvent plus s'évacuer. — (Caroline Estremo, #Infirmière, First Éditions, 2017, chap. 6)
  9. (Vieilli) (Désuet) Qui est de la famille.
    • Note : Il n’a plus ce sens que dans les expressions les dieux familiers des anciens et démon, génie familier.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

FAMILIER, IÈRE. adj.
Qui vit dans l'intimité de quelqu'un. Un ami familier. Substantivement, Les familiers de la maison. C'est un de ses familiers. Il se dit aussi des Choses qui ont rapport à l'intimité d'une personne avec une autre. Ils vivent dans un commerce familier. Avoir des relations familières avec quelqu'un. La conversation prit un tour plus familier. Avoir un entretien familier avec quelqu'un. Par extension, il signifie Qui se comporte trop librement à l'égard de quelqu'un. Vous devenez trop familier avec vos supérieurs. Dans cette acception, il se dit surtout des Choses. Prendre un air, un ton familier. S'exprimer en termes familiers. Il a des manières par trop familières. Par extension aussi, il signifie Qui est devenu facile, aisé, par la pratique, l'habitude. Il s'est rendu cette langue familière. Le maniement du fusil lui est devenu familier. Dans cette acception, il se dit des Choses devenues ordinaires, habituelles. Ce défaut est familier aux auteurs. Ce geste lui est familier. Il se dit aussi des Choses que l'on reconnaît aisément pour les avoir vues souvent. Cette figure m'est familière. Ces notions lui sont familières. Tout m'est familier dans cette ville, les choses et les gens. Par extension encore, en parlant de la Langue parlée, par opposition à la langue écrite, il signifie Qui se dit dans la conversation, qui ne convient qu'à la conversation. Cet auteur emploie trop de termes familiers. Ce tour est trop familier. Détaler, décamper sont des mots familiers. Il signifiait autrefois Qui est de la famille. Il n'a plus ce sens que dans les expressions Les dieux familiers des anciens. Démon, génie familier, Sorte de génie que l'on croyait attaché à une personne pour la guider, l'inspirer, la servir. Le démon familier de Socrate.

Littré (1872-1877)

FAMILIER (fa-mi-lié, liè-r' ; au XVIIe s. Chifflet, Gramm. p. 188, dit qu'on prononçait familier comme enfer, hiver ; la prononciation a tout à fait changé) adj.
  • 1Qui vit avec quelqu'un sans façon et comme en famille. C'est un de ses amis les plus familiers. Ne regardez pas la femme d'un autre ; ne vous rendez point familier avec sa servante, et ne vous tenez point auprès de son lit, Sacy, Bible, Ecclésiast. XLI, 27. Le chevalier, familier avec tout le monde, Hamilton, Gramm. 6.
  • 2 Terme de mythologie romaine. Dieux familiers, dieux lares des maisons de chaque particulier.

    Il se dit, dans un sens analogue, des petits génies, lutins, kobolds germaniques, qu'on croyait habiter la maison.

    Esprit, démon, génie familier, être surnaturel que l'on disait être attaché à une personne pour l'inspirer, la diriger. Non, je sais tout cela d'un esprit familier, Corneille, Suite du Ment. IV, 6. Ô l'heureux temps que celui de ces fables, Des bons démons, des esprits familiers, Des farfadets aux mortels secourables ! Voltaire, Ce qui plaît, etc.

    Fig. Ce sont [les hommes de talents éminents] les anges tutélaires des royaumes et les esprits familiers des rois, Guez de Balzac, De la cour, 1er disc.

  • 3Qui se familiarise, qui se comporte avec familiarité. Quelle autre a mieux pratiqué cet art obligeant qui fait qu'on se rabaisse sans se dégrader, et qui accorde si heureusement la liberté avec le respect ? douce, familière, agréable autant que ferme et vigoureuse…, Bossuet, Reine d'Anglet.

    Qui a trop de familiarité. Voyez-vous ? il se rend familier, Racine, Plaid. I, 8. Cet homme me paraît familier, Voltaire, Écoss. II, 5. Il est également importun, bavard et familier, Genlis, Ad. et Théod. t. I, lett. 43, p. 372, dans POUGENS.

    Être familier comme les Épîtres de Cicéron, se dit d'une personne qui se rend trop familière, par allusion aux lettres écrites par Cicéron à ses amis et dites Épîtres familières.

  • 4Il se dit des choses qui ont un caractère de familiarité. Ils vivent dans un commerce très familier. Il a des manières un peu trop familières. Des gens d'un caractère libre et familier. Le commerce plus familier qu'on a à la campagne me la fit mieux connaître, et toujours à son avantage, Duclos, Confess. Comte de ***, Œuv. t. VIII, p. 142, dans POUGENS. Malgré le ton familier du nouveau venu, Rousseau, Conf. VI. La demande est un peu familière, Collin D'Harleville, M. de Crac, sc. 10.
  • 5Animal familier, se dit des animaux qui ne s'effarouchent pas, qui viennent près de l'homme, qui ont de la tendance à s'apprivoiser. Les bengalis sont des oiseaux familiers et destructeurs, Buffon, dans le Dict. de BESCHERELLE. Parmi les animaux, les uns paraissent être plus ou moins familiers, plus ou moins sauvages, plus ou moins doux, plus ou moins féroces, Buffon, ib.
  • 6Qui est du parler de la conversation. Langage familier. Style familier. Dans les discours familiers et dans les discours de science, Pascal, Espr. géom. I. Ce n'est pas qu'il faille condamner des vers familiers dans ces pièces de poésie ; au contraire, ils y sont nécessaires comme les jointures dans le corps humain, ou plutôt comme des repos dans un voyage, Voltaire, Conseils à un journaliste.

    Terme, mot familier, locution, expression familière, terme, mot, locution, expression qui ne peuvent entrer que dans le langage familier.

    Être familier, avoir un ton familier. Il était familier de l'inquisition ; milord Boldmind n'était familier que dans la conversation, Voltaire, Dict. phil. Liberté de penser.

  • 7Qui n'est pas assez respectueux en tant qu'expression. Le terme d'amitié est un terme trop familier avec des personnes placées bien au-dessus de nous.
  • 8Ordinaire, habituel. L'allégorie est très familière aux poëtes grecs. Vous savez qu'il y a des gens opiniâtres sur les petites choses et à qui le terme non est beaucoup plus familier dans de certaines occasions que le terme oui, Voltaire, Lett. Richelieu, 19 juill. 1773.
  • 9Avec quoi l'on se familiarise. Le premier qui vit un chameau S'enfuit à cet objet nouveau ; Le second approcha ; le troisième osa faire Un licou pour le dromadaire ; L'accoutumance ainsi nous rend tout familier, La Fontaine, Fabl. IV, 10.
  • 10Il se dit de ce que l'on connaît pour l'avoir souvent vu, étudié, pratiqué Des notions familières à tout le monde. Son visage m'est familier, La Bruyère, VII. Dans une chambre où il est familier [il a ses habitudes], La Bruyère, XI. Ceux qui parcourent ses ouvrages [de Bacon] le trouveront versé dans toute la littérature ancienne et moderne, et familier avec les auteurs grecs, latins, hébreux, italiens, français, allemands, arabes, Diderot, Opin. des anc. phil. (scolastiques).
  • 11 S. m. et f. Familier, familière, celui, celle qui est dans la familiarité d'une personne éminente. Il fit entrer ses familiers et ses médecins, Vaugelas, Q. C. III, 5. Au sabbat elle est la première, Et du bouc noir la familière, Scarron, Virg. VI. Madame de Maintenon se produisit fort peu au camp [de Compiègne], toujours dans son carrosse avec trois ou quatre familières, Saint-Simon, 10, 13.

    Les familiers de la maison, ceux qui sont reçus habituellement et familièrement dans une maison.

  • 12Celui, celle qui affecte la familiarité avec les personnes d'un rang au-dessus du sien. Il fait le familier avec le ministre. Elle fait la familière avec la princesse. Le [un grand] tirer par son habit, lui marcher sur les talons, faire le familier, prendre des libertés, marquent mieux un fat qu'un favori, La Bruyère, IV. Les petits courtisans se relâchent sur ces devoirs, font les familiers, et vivent comme gens qui n'ont d'exemple à donner à personne, La Bruyère, VIII.
  • 13Officier de l'inquisition. Un familier du saint-office. Les plus adroits s'empressèrent d'être les archers de l'inquisition, sous le nom de ses familiers, aimant mieux être satellites que suppliciés, Voltaire, Mœurs, 140.
  • 14 S. m. Ce qui a le caractère du style familier. Mais prenons garde à la bassesse Trop voisine du familier, Lamotte, Fabl. II, 12. On ne distinguait pas assez les bornes qui séparent le familier du simple : le simple est nécessaire, le familier ne peut être souffert, Voltaire, Comm. Corn. Rem. sur Hor.

    Manières familières. Il a été d'un familier auquel je ne m'attendais guère.

  • 15 S. f. Familière, espèce d'araignée.

HISTORIQUE

XIIIe s. Je Miles de Galathas chevaliers et familiaires dou très noble empereor de Constantinoble, Du Cange, Villeh. append. p. 25. Aucuns de ses familiés groussient de ce que il fesoit de si larges aumosnes, Joinville, 298.

XIVe s. Priver de ses pecunes son familier compaignon est plus dure chose et plus injuste, Oresme, Eth. 245. Il ont fait edifier ung hostel ou maison à leurs depens pour mettre eulx et leurs biens, familiers et serviteurs à sauveté, Du Cange, familiarius.

XVIe s. S'il n'est assez familier des livres pour y trouver tant de beaux discours qui y sont, Montaigne, I, 174. Ils ont donné le prix à celle des vertus qui leur estoit plus familiere, Montaigne, II, 67. Ces langues estoient familieres à mon pere, Montaigne, II, 137. Je suis du camp d'amour pratique chevalier ; Pour avoir trop souffert, le mal m'est familier, Ronsard, 230. Si la dure mere est devenue noire par remedes acres, soient appliqués remedes doux et familiers, Paré, VIII, 18. Le fils familier [le fils de famille], greigneur de vingt ans, peut ester en jugement sans autorité ou licence de pere, Coust. génér. t. II, p. 440.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « familier »

Provenç. et espagn. familiar ; ital. famigliare ; du latin familiaris, de familia, famille.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Date à préciser) Du latin familiaris (« relatif à la famille ; ordinaire, commun »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « familier »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
familier familje

Fréquence d'apparition du mot « familier » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « familier »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « familier »

  • Il faut se servir des moyens qui sont familiers aux temps que vous vivez ; sans cela, vous n'êtes pas compris et vous ne vivez pas.
    Eugène Delacroix
  • On nous a dressés à attrister la vie en trouvant la Nature hostile dans la plupart de ses phénomènes familiers.
    Edmond Picard — Fatigue de vivre
  • Quand vous venez d’ailleurs, vous voyez des choses que ceux qui sont plus familiers avec l’environnement ne remarquent plus.
    Louis Malle
  • Toute vue de choses qui n'est pas étrange est fausse. Si quelque chose est réelle, elle ne peut que perdre de sa réalité en devenant familière. Méditer en philosophe, c'est revenir du familier à l'étrange, et dans l'étrange affronter le réel.
    Paul Valéry — Choses tues, Gallimard H. de Montherlant l'a reprise comme épigraphe de son roman les Garçons
  • Vos enfants vivront entourés de machines ; il faut qu'ils les comprennent et soient avec elles familiers. Les machines traitent très mal ceux qui ne les aiment pas.
    André Maurois — Lettres à l'inconnue
  • La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L'homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers.
    Charles Baudelaire — Correspondances
  • Mais c’est surtout pour ses rôles dans des séries télévisées que le visage de Jean-François Garreaud nous est familier : Sous le soleil (dès son lancement sur TF1 en 1996), La Crim’ (sur France 2 entre 1999 et 2006), Plus belle la vie (2007) ou encore dans la série médicale de France 2, Nina.
    L'Aisne nouvelle — Mort de l’acteur Jean François Garreaud
  • Le concret c'est de l'abstrait rendu familier par l'usage.
    Paul Langevin — La pensée et l'action
  • Zenimax vous offre un familier gratuit si vous acceptez de recevoir quelques e-mails publicitaires.
    The Elder Scrolls Online — The Elder Scrolls Online - Un familier gratuit en acceptant les mails commerciaux - The Elder Scrolls Online
  • La plupart des animaux préfèrent rester dans un endroit unique et familier, pas nous, et c'est aussi ce qui différencie l'être humain des animaux.
    Henning Mankell — Extrait de l'interview du Nouvel Observateur du 7 mai 2013
Voir toutes les citations du mot « familier » →

Traductions du mot « familier »

Langue Traduction
Anglais familiar
Espagnol familiar
Italien familiare
Allemand familiär
Chinois 熟悉的
Arabe مألوف
Portugais familiar
Russe знакомый
Japonais おなじみ
Basque ezagunak
Corse familiarizatu
Source : Google Translate API

Synonymes de « familier »

Source : synonymes de familier sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « familier »

Combien de points fait le mot familier au Scrabble ?

Nombre de points du mot familier au scrabble : 13 points

Familier

Retour au sommaire ➦

Partager