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Famille

Variantes Singulier Pluriel
Féminin famille familles

Définitions de « famille »

Trésor de la Langue Française informatisé

FAMILLE, subst. fém.

I.− [L'accent est mis sur l'apparentement par le sang, les alliances, les adoptions]
A.− [Au regard du dr.] Institution juridique qui groupe des personnes unies par les liens du mariage, par les liens du sang, éventuellement, en vertu d'un pacte, par des liens d'adoption. Famille légitime; base, code de la famille. Tout se trouve dans les rêveries enchantées où nous plonge le bruit de la cloche natale : religion, famille, patrie, et le berceau et la tombe, et le passé et l'avenir (Chateaubr., Génie,Paris, Droz, 1935 [1805], p. 20).Sans doute, j'écrivais un jour : « Familles, je vous hais »; mais il s'agit ici d'institutions, non de personnes; et ce n'est pas du tout la même chose (Gide, Journal,1933, p. 1168):
1. Hélas! nous disons : la Famille, les familles, comme nous disons aussi la Patrie. On devrait beaucoup prier pour les familles, les familles me font peur. Que Dieu les reçoive à merci! Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1175.
Expressions
Famille adoptive, d'adoption. Filiation d'enfants en vertu d'un acte juridique qui légitime l'adoption et la transmission d'un nom. Une destinée nouvelle dans le sein d'une famille d'adoption (M. de Guérin, Corresp.,1838, p. 334).
Belle*-famille.
Famille directe. Je vous ai présenté tous les habitants ordinaires de la maison en dehors de la famille directe (Duhamel, Suzanne,1941, p. 99).
Famille naturelle. Filiation, hors mariage, des enfants de la mère ou du père. L'adopté restera dans sa famille naturelle et y conservera tous ses droits (Code civil,1804, art. 348, p. 65).
Charges de famille. Sommes allouées à titre de remboursement de frais et des allocations ou indemnités pour charges de famille (Encyclop. éduc.,1960, p. 305).
Conseil de famille. Organe de tutelle d'un enfant légitime mineur ou d'un interdit. Vous aurez d'abord à réunir un conseil de famille (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 184).
Enfant de famille (vx). Enfant légitime :
2. ... cet enfant là [le Champi], voyez-vous, est d'un cœur comme on n'en trouve guère; ça ne se plaint jamais, et c'est aussi soumis qu'un enfant de famille... Sand, F. le Champi,1850, p. 21.
Livret de famille (délivré aux époux lors du mariage civil). Je l'ai là mon livret de famille! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 643).
Soutien de famille. Les mêmes allocations sont dues aux familles des militaires qui (...) justifient de leur qualité de soutien indispensable de famille (J.O., Loi rel. recrut. arm., 1928, p. 3813).
En (bon) père de famille. Veiller sur un mineur en père de famille. Le tuteur prendra soin de la personne du mineur, et le représentera dans tous les actes civils. Il administrera en bon père de famille (Code civil,1804, art. 450, p. 83).
B.−
1. Groupe constitué par des familles (branches) et des individus apparentés par des alliances, par le sang, descendant d'ancêtres communs. Illustre famille; famille princière, régnante; aîné de la famille; cadet de famille; traditions de famille. Et puis, voyez-vous, la haine, c'est dans notre sang, dans notre famille, dans nos traditions (Hugo, Angelo,1835, p. 89).C'est un Lérac de la Môle, d'une grande famille de Provence (Dumas père, Reine Margot,1847, II, 1, p. 62):
3. Dieu merci! elles appartenaient à une trop bonne famille, jamais la tante n'aurait souffert que la nièce se conduisît mal... Zola, Pot-Bouille,1882, p. 304.
En partic. dans l'Antiquité. Ensemble des personnes (enfants, apparentés, esclaves) et des biens soumis à l'autorité du chef de la famille (Pater familias) :
4. Dans la ville, chaque citoyen [romain] vivait renfermé au milieu de sa famille; femme, enfants esclaves, par le même mot il désignait tous les êtres auxquels il commandait en maître absolu. Mérimée, Conjur. Catilina,1844, p. 247.
Expressions
De bonne famille. Il épouse une jeune fille de bonne famille, riche, jolie (Goncourt, Journal,t. 4, 1896, p. 840).
Être de la famille. Ces gens-là sont à notre service de père en fils, depuis des siècles, de sorte qu'à force de se trouver en contact avec nous, ils ont fini par être un peu de la famille (Dumas père, L. Bernard,1843, I, 2, p. 202).
Air famille. Pas d'air solennel, maman. Pas d'air solennel! Jure-moi de ne pas prendre l'air famille, de prendre l'air roulotte (Cocteau, Par. terr.,1938, I, 4, p. 204).
Un fils de famille. Jeune homme appartenant à une famille riche. Quand un fils de famille est à sec, rasé, ratissé, il va chez Pichery, marchand de tableaux, somptueusement installé rue Laffite (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 329).
Ces Messieurs* de la famille.
Des familles [valoris. fam.] S'offrir un déjeuner des familles.
2. Succession d'individus porteurs du même nom descendant les uns des autres. Synon. lignage, lignée.Et il [Pascal] songeait à ces poussées d'une famille, d'une souche qui jette des branches diverses (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 301):
5. Je veux expliquer comment une famille, un petit groupe d'êtres, se comporte dans une société, en s'épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus qui paraissent, au premier coup d'œil, profondément dissemblables, mais que l'analyse montre intimement liés les uns aux autres. Zola, Fortune Rougon,1871, préf., p. 3.
C.−
1. Ensemble constitué par un couple de parents et leurs enfants. La famille X; famille nombreuse; affaire, bijoux, cercle, deuil, médecin, père de famille; sens de la famille; avec sa petite famille; abandonner sa famille, fonder, nourrir une famille. Aujourd'hui je n'ai plus de tout ce que j'avais Qu'un fils et qu'une fille (...) Dieu m'ôte la famille (Hugo, Année terr.,1872, p. 208).Je parlerais de ma famille Tant, que c'en serait Han-Mer-Dent : J'ai ma femme, mon fils, ma fille (Nouveau, Valentines,1886, p. 106):
6. ... le concierge laissa même entendre que, s'il en poussait un quatrième [enfant], le propriétaire leur donnerait congé [aux Pichon], car trop de famille dégradait un immeuble. Zola, Pot-Bouille,1882, p. 360.
Grande famille. Famille nombreuse. Faites beaucoup d'enfants, c'est beau les grandes familles, mon fils; pour les élever, gagner des indulgences plénières (G. Clavien, Un hiver en Ardèche,Lausanne, 1970, p. 177).
Album de famille. En feuilletant un album de famille, Anne-Marie s'aperçut qu'elle avait été belle (Sartre, Mots,1964, p. 7).
Ami de la famille. Une mère à tête de morte montrait en riant sa fille à tête d'orpheline au vieux diplomate ami de la famille (Prévert, Paroles,1946, p. 9).
Chef de famille. Que devenir, du moins dans le cas où je serais marié et chef de famille? (Amiel, Journal,1866, p. 450).
Déjeuner, dîner de famille. Il s'agissait d'un dîner de famille offert en voisins (Fromentin, Dominique,1863, p. 17).
Membres de la famille. Les tragédies des anciens sont celles non seulement des membres d'une même famille, mais aussi des divers individus qu'il y a dans un même être (Montherl., Notes théâtre,1954, p. 1071).
Mère de famille. Alors, à l'aide du crédit de son beau-père, je m'occupe à son tour du bonheur d'Angèle (...), est-ce que ce n'est point là le calcul (...) d'une bonne mère de famille? (Dumas père, Angèle,1834, II, 7, p. 152).
Situation de famille. Ils doivent faire acte de candidature [les candidats aux prix Fénéon] par une lettre accompagnée d'un extrait de naissance et de renseignements sur leur situation de famille (Le Monde,19 janv. 1952, p. 7, col. 3).
Vie de famille. Les anciens poètes hollandais (...) sont des moralistes graves, sensés, un peu longs, qui louent les joies d'intérieur et la vie de famille (Taine, Philos. art,t. 2, 1865, p. 252).
P. anal. [En parlant du règne animal] Le renard et sa famille. Du petit village de Rognes, bâti sur la pente, quelques toitures seules étaient en vue, au pied de l'église, qui dressait en haut son clocher de pierres grises, habité par des familles de corbeaux très vieilles (Zola, Terre,1887, p. 10).
2. Expressions
La Sainte Famille. La famille du Christ : la Vierge, Joseph, l'enfant Jésus. Titre de nombreuses représentations picturales de ce groupe. Il y a aussi dans la cathédrale de Burgos, une Sainte Famille sans nom d'auteur, que je soupçonne fort d'être d'André del Sarto (Gautier, Tra los montes,1843, p. 49).
En famille. Dîner, vivre en famille. La vie est une joie où le meurtre fourmille, Et la création se dévore en famille (Hugo, Légende,t. 2, 1877, p. 577).
Faire partie de la famille. J'avais l'impression ridicule de « faire partie de la famille » (Camus, Étranger,1942, p. 1174).
Laver son linge sale en famille. Régler des affaires fâcheuses entre soi, en dehors du public :
7. Un avoué lui avait conseillé [à Antoine], avec des mines dégoûtées, de laver son linge sale en famille, après s'être habilement informé s'il possédait la somme nécessaire pour soutenir un procès. Zola, Fortune Rougon,1871, p. 116.
Argot
La famille tuyau de poêle. Couple d'homosexuels (cf. Lacassagne, Arg. « milieu », 1928, p. 255).
La famille Gautier. Colonie de poux. Il piole avec la famille Gautier. Il est rempli de poux (Nouguier, Notes manuscr. Delesalle,1900, p. 134).
Helvétismes
Avoir de la famille. Avoir des enfants. La femme ne travaille pas si elle a de la famille (Radio Suisse romande,5 nov. 1975).
Attendre de la famille. Être enceinte. Ces jeunes habitent ou sont originaires de Martigny, Salvan... Un seul est marié et sa jeune femme attend de la famille (Feuille d'Avis de Neuchâtel,4 mars 1977).
HÔTELLERIE
Maison de famille. Courrier par courrier (...) Fanny lui fit [à Jean] le tableau de son hôtel, vraie maison de famille habitée par des étrangers (A. Daudet, Sapho,1884, p. 138).
Pension de famille. À Menton, j'écoutais, hier, dans une pension de famille endormie au milieu des jardins, s'éveiller les oiseaux et les mouches (Colette, Vagab.,1910, p. 274).
II.− Au fig.
A.− Ensemble d'individus apparentés par des similitudes dans les croyances, l'idéologie, le tempérament, la technique artistique. Famille artistique, intellectuelle, politique. Le mot d'école (...) désignait autrefois des familles de peintres apparentés par un même idéal et des pratiques analogues (Hourticq, Hist. Art, Fr.,1914, pp. 438-439).On sait d'ailleurs que son chef [de la critique à la N.R.F.], André Gide, est de la famille de Montaigne (Thibaudet, Hist. litt. fr.,1936, p. 530).Léon Blum fut très vite ressaisi par les penchants habituels de la famille socialiste (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 258):
8. Deux familles de poètes, deux familles de penseurs, deux familles de savants, deux familles de mystiques : Jammes et Claudel, Bergson et Heidegger, Descartes et Einstein, François de Sales et Jean de la Croix. Mounier, Traité caract.,1946, p. 648.
B.− [En parlant d'êtres hum., de collectivités, de choses] Communauté de condition, d'intérêts; similitude formelle.
1. Ensemble constitué par des individus qu'unit une communauté de condition, d'intérêts, de destin. Famille humaine; la grande famille juive; famille monastique, professionnelle. Toutes ses pensées [de Trenmor] sont pour la grande famille des malheureux (Sand, Lélia,1839, p. 468).Les soins de la famille, les soins de l'université, cette famille plus grande, l'ont occupé [M. de Mussy] uniquement et absorbé jusqu'à la fin (Sainte-Beuve, Chateaubr.,t. 2, 1860, p. 328).Le personnel de la Crêcherie devenait une grande famille, dont le lien se nouait de plus en plus étroit (Zola, Travail,t. 2, 1901, p. 7).
Expr. Les deux cents familles. Symbole de la puissance représentée par les deux cents plus gros actionnaires de la Banque de France au temps où celle-ci était un institut d'émission privé. Le propre des Parisiennes était d'être célèbres (...). Elles étaient Parisiennes comme on est aujourd'hui des deux cents familles, du Suez ou de quelque extrême parti politique (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 190).
2. Ensemble constitué par des choses apparentées en raison de leurs similitudes formelles. Familles d'industries, former des familles de vers. Dans cette grande famille des signes, il est une espèce dont les propriétés sont remarquables; ce sont les noms (Taine, Intellig., t. 1, 1870, p. 27).Les figures (et il faut en dire autant des mouvements) ne forment-elles pas des familles? (Hamelin, Élém. princ. représ.,1907, p. 208).Les tragédies de Racine sont des sœurs séparées alignées qui se ressemblent. Les quatre tragédies de Corneille sont une famille liée (Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 793).
Expr. Air de famille. Ressemblance. Non seulement ce synchronisme est un air de famille qui épouse l'aspect général de l'action, mais encore (...) il souligne ses détails à la grande surprise de ceux qui en estimaient l'emploi sacrilège (Cocteau, Diff. d'être,1947, p. 243).
C.− Dans les domaines techn.
1. BOT., ZOOL. Groupe naturel inférieur à l'ordre et supérieur au genre. Par cela qu'il doit se développer en types de classes, d'ordres, de familles, etc., un type d'embranchement se procure de l'extension (Hamelin, Élém. princ. représ.,1907, p. 212).Nous appelons pingouin, en français, un oiseau des régions arctiques appartenant à la famille des alcidés (France, Île ping.,1908, p. 7).Les espèces, bien que variant beaucoup comme coloration, ont cependant un air de famille indéniable (Coupin, Animaux de nos pays,1909, p. 133):
9. L'allée finit brusquement par un dernier bouquet où tremblent les bouleaux, les peupliers et tous les arbres frémissants, famille intelligente, à tiges gracieuses, d'un port élégant, les arbres de l'amour libre! Balzac, Paysans,1844, p. 7.
P. ext. (à l'homme). Ensemble de l'espèce humaine. Famille humaine; la grande famille du genre humain :
10. Il [le bassin de la Méditerranée] se dessine et se creuse dans la région la plus tempérée du globe (...). Ce bassin (...) a été le théâtre du mélange et des contrastes, pendant des siècles, de familles différentes de l'espèce humaine, s'enrichissant l'une l'autre de leurs expériences de tout ordre. Valéry, Regards sur monde act.,1931, p. 235.
Spéc. Une des branches de l'espèce humaine caractérisée par des traits morphologiques communs et par une communauté de langage. Ces hommes [les Lombards] au teint brun, aux visages remuants, formaient une famille au langage commun (Druon, Roi de fer,1955, p. 285).
2. LING. Famille articulatoire, de racines. Famille de langues (cf. Mar.Lex.1933, p. 80).Famille de transformations (cf. Ling.1972).
Famille de mots. Tous les mots dérivés et les mots composés formés sur un même radical constituent une famille de mots. Ex. : rouler − rouleau, dérouler, déroulement, enrouler, roulade (E. Grammont et A. Hamon, Gramm. fr.,Classes de fin d'études, Paris, Hachette, 1957, p. 42).
3. MUS. Famille instrumentale, d'accords, de voix, des violes. Ce sera [le hautbois baryton] une admirable basse le jour où l'on voudra grouper tous les instruments de même famille (Widor, Techn. orch. mod.,1904, p. 23).
4. PHILOS., SC. HUM. Famille des sciences historiques. Elles [les mathématiques] ne sont (...) qu'un des membres de la grande famille métaphysique (Proudhon, Créat. ordre,1843, p. 142).
5. CHIM. Famille de l'uranium, du thorium; famille radioactive (cf. Ostoya s.d.).
6. Autres domaines techn. (archit., construction, technol.).Famille d'exécution, de gammes, d'opérations, de phases. Les Pyramides de Giseh font partie de cette nombreuse famille de géométrie dans l'espace qui s'étend jusqu'au Soudan et entoure le Caire de repères implacables (Morand, Route Indes,1936, p. 143).
Prononc. et Orth. : [famij]. Voyelle de seconde syll. respectivement demi-longue et longue ds Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930. V. aussi Grammont Prononc. 1958, p. 43. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1337 « personnes habitant sous le même toit » (Livre Roisin, 353 ds T.-L.); 2. 1580 « ensemble des personnes vivant sous le même toit, et unies par les liens du sang » (Bernard Palissy, Discours Admirables, éd. P. A. Cap, p. 338 : un bon pere de famille Normand); 3. 1611 « succession de personnes qui ont une même origine » (Cotgr.); 4. 1658 « ensemble de personnes présentant des caractères communs » (Balzac, De la Cour, 1erdisc. ds Littré : Les philosophes de la famille de Platon et de celle d'Aristote); 5. 1676 terme d'hist. nat. (Magnol, Botanicum monspelliense d'apr. Lar. Lang. fr.); 1690 (Fur. : Les Chymistes divisent la Nature en trois Familles ou Regnes, les mineraux, les vegetaux, et les animaux). Empr. au lat. familia. Fréq. abs. littér. : 20 252. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 36 119, b) 34 167; xxes. : a) 23 967, b) 22 586.

Wiktionnaire

Nom commun - français

famille \fa.mij\ féminin

  1. (Nom collectif) (Désuet) Ensemble formé par les parents, les enfants et les serviteurs d'une maisonnée.
    • Jusqu'au xviie siècle d’ailleurs, la famille, comme l’indique son étymologie, puisque le mot vient du terme latin famulus, le serviteur, englobe l’ensemble des parents et serviteurs. Et c’est dans ce sens qu’en parle La Fontaine lorsqu'il écrit : « il déjeune très bien, ainsi fait sa famille, chiens, chevaux et valets, tous gens bien endentés. » — (Simone Veil, discours à la Conférence internationale de la famille à l’UNESCO, Paris, 8 janvier 1979, dans Simone Veil, Mes combats, Bayard, 2016, page 383)
  2. (Nom collectif) (Strictement) Ensemble formé par les parents et leurs enfants.
    • La famille, monsieur, existe-t elle ? Je nie la famille dans une société qui, à la mort du père ou de la mère partage les biens et dit à chacun d’aller de son côté. La famille est une association temporaire et fortuite que dissout promptement la mort. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • Il avait grandi dans le giron de la famille, entouré de la tendresse de tous […] — (Louis Pergaud, Une revanche, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • En outre, l’organisation de la famille française s’est achevée sous l’influence du droit canon et du droit romain qui revêtaient hier encore un aspect d’éternité et qui nous surprennent aujourd’hui par l’imminence de leur déclin. — (Pierre Louÿs, Liberté pour l’amour et pour le mariage, 1900, dans Archipel, 1932)
    • Il n’y a point d’amour durable, partant point de bonheur, en dehors de la famille. — (Marcel Aymé, La jument verte, Gallimard, 1933, collection Le Livre de Poche, page 233.)
    • Mal éclairée d’un quinquet nu, la famille veillait autour du poêle triangulaire. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  3. (Nom collectif) (Au sens large) Ensemble des personnes ayant des liens de parenté par le sang ou par alliance.
    • Un faire-part imprimé, collé sur une vitre, annonçait la mort d’un client. Aucun nom sous le sien. Nulle mention d’ami ni de famille. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • […] je vis toute la famille de mon hôte, une vingtaine de personnes, dont une dizaine d’enfants, qui dormaient, serrés les uns contre les autres, sur des nattes de pandanus. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Dans ma famille, j’ai un oncle et deux cousins.
  4. (Nom collectif) (Spécialement) Suite des individus nés d’une même souche.
    • Rabalan était le dernier représentant d’une famille de sorciers qui, durant plus d’un siècle, régnèrent dans Trélotte. Son arrière-grand-père, son grand-père, son père, tous ses oncles et tous ses cousins avaient été sorciers, et l’on racontait d’eux des choses terribles et merveilleuses. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : Rabalan)
  5. Toutes les personnes qui vivent sous la protection d’un chef.
    • Les Corleone sont une des cinq familles mafieuses de la ville de New York.
    • La famille de l’ambassadeur désignait les domestiques et officiers qui sont sous ses ordres.
  6. Groupe, catégorie de choses ou d’êtres partageant des caractères communs.
    • Nous faisons tous partie de l'unique famille humaine. — (Jean Proulx, Grandir en humanité, Fides, 2018, page 139)
    • La famille des hypocrites est immense.
    • Il y a plusieurs grandes familles de langues.
  7. (Mathématiques) Collection indexée d’élément(s) d’un ensemble E. Rigoureusement, application d’un ensemble d’indices I dans E, notée formellement .
    • On appelle base d'un espace vectoriel E, toute famille de vecteurs libre et génératrice de E : (définition)
  8. (En particulier) (Biologie) Taxon qui regroupe les genres qui présentent le plus de similitudes entre eux.
    • La Girafe dans son pays natal, broute la sommité des arbres, préférant les plantes de la famille des mimosa qui y abondent […] — (Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, Quelques Considérations sur la Girafe, 1827)
    • Les Aroïdées habitent généralement les lieux humides, marécageux, et les bois très-ombragés; elles sont presque toutes âcres, même vésicantes. On distingue dans cette famille le Gouet ou Pied-de-veau (Arum L.), le Calla et l’Acorus. — (J.-P. Lamouroux, Précis de Phytographie ou d'Histoire Naturelle des plantes, Paris, 1828, page 333)
    • Dans la nuit du 27 au 28 décembre, le patron du bateau le Saint-André, de Nice, a capturé, au moyen du palangre, quatre moines ou monges, squales de la famille des requins : deux de 3m,50 de long, et deux de 2m,50. — (Revue maritime et coloniale, 1895, volume 124, page 469)
    • Dans l’hypothèse de la sinistralité ontogénétique du fossile, celui-ci pourrait être théoriquement classé dans la famille des Cynoglossidae, si sa morphologie tout entière ne s’inscrivait en faux contre pareille proposition : […]. — (Paul Chabanaud, « Étude complémentaire de la morphologie du Téléostéen pleuronectoïde solèiforme Eobuglossus eocenicus », dans le Bulletin de la Société géologique de France, 1941, page 21)
  9. (Typographie) Ensemble homogène de polices apparentées, de style identique, ne différant que par la largeur, la graisse ou le caractère romain ou italique[1] (information à préciser ou à vérifier).
    • Helvetica est une police de la famille des linéales, où l'on retrouve notamment les polices Arial, Univers et Geneva. — (Wikipédia → lire en ligne)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

FAMILLE. n. f.
Ensemble de personnes unies par le sang ou l'alliance. C'est un homme qui chérit sa famille. Il vit bien avec sa famille. Une famille nombreuse. La famille royale. Réunir sa famille. Chef de famille. Tous les membres de la famille. La famille de sa femme. Il ne veut voir personne de sa famille. Porter le trouble dans les familles. Être en famille. Dîner en famille. Un repas, une fête de famille. Ce sont des devoirs de famille. Par extension, La grande famille humaine. Avoir un air de famille, Avoir cette conformité de traits, de physionomie, qui existe ou qu'on croit reconnaître entre les personnes d'une même famille. Ils ont tous un air de famille. Il se dit spécialement de la Suite des individus nés d'une même souche. Bonne famille. Honnête famille. Famille riche considérable, noble, ancienne. De quelle famille est-elle? Dites-moi votre nom de famille. La ruine des familles. Déshonorer sa famille. Entrer dans une famille. Il est de famille de robe. Il est d'une famille bourgeoise. Il y a eu de grands hommes dans cette famille. Ces deux familles sont depuis longtemps ennemies. La famille régnante. Belle-famille, Les pères, mères, frères et sœurs d'un des deux époux par rapport à l'autre. Il se dit aussi de Parents qui ont un même foyer, qui habitent ensemble; et plus particulièrement du Père, de la mère et des enfants, ou même des enfants seulement. Il ne se plaît que dans sa famille. Vivre en famille. Il est traité comme une personne de la famille. J'ai passé huit jours dans cette aimable famille. Il est chargé d'une nombreuse famille. Père de famille. Mère de famille. C'est un bon père, une bonne mère de famille. Plusieurs de ceux qui ont péri étaient des pères de famille. Ce jeune homme est le soutien de sa famille. Il est le fléau de sa famille. Famille par alliance, Personnes entre lesquelles existent des liens résultant de mariages. Beau-frère, gendre, belle-fille, neveu, cousin par alliance. Fils de famille, Jeune homme né d'une famille riche et qui profite de la situation de ses parents pour s'endetter. Soutien de famille. Voyez SOUTIEN. Conseil de famille. Voyez CONSEIL. En termes de Procédure, User, prendre soin d'une chose en bon père de famille, Ménager, administrer une chose qui ne vous appartient pas avec autant d'économie que le propriétaire lui-même pourrait le faire. En termes de Peinture, Sainte Famille, Tableau qui représente Notre-Seigneur, la Vierge, saint Joseph, et quelquefois saint Jean. Une sainte Famille de Raphaël. Une sainte Famille du Poussin. Figurément, il désigne aussi un Ensemble d'êtres ou de choses présentant des caractères communs. En termes d'Histoire naturelle, Cet ordre d'oiseaux est divisé en trois familles. Les Labiées, les Ombellifères forment des familles de plantes. En termes de Philologie, Il y a plusieurs grandes familles de langues. Famille de mots, Les mots qui sont sortis d'un mot simple par les procédés de dérivation ou de composition.

Littré (1872-1877)

FAMILLE (fa-mi-ll', ll mouillées, et non fa-mi-ye) s. f.
  • 1Chez les Romains, réunion de serviteurs, d'esclaves appartenant à un seul individu ou attachés à un service public ; c'est le sens primitif.
  • 2Par suite il se dit de toutes les personnes, parents ou non, maîtres ou serviteurs, qui vivent sous le même toit. Chef de la famille. Gouvernement de la famille.

    En Italie, chez les grands, toutes les personnes attachées au service d'une maison. La famille d'un cardinal.

  • 3L'ensemble des personnes d'un même sang, comme père, mère, enfants frères, oncles, neveux, cousins, etc. Entrer dans une famille par alliance. Il était le chef de la famille. La famille de sa femme. Un repas, une fête de famille. J'ai vu trancher les jours de ma famille entière, Racine, Andr. III, 6.

    Par extension. Instruits par tes vertus, nous sommes ta famille, Voltaire, Alz. I, 2. Cet accord [sur un même méridien] introduirait dans leur géographie [des peuples de l'Europe] la même uniformité que représentent déjà leur calendrier et leur arithmétique, uniformité qui, étendue aux nombreux objets de leurs relations mutuelles, formera de ces peuples divers une immense famille, Laplace, Expos. I, 14.

    La grande famille humaine, l'ensemble des hommes, l'humanité tout entière.

    Avoir un air de famille, se dit de la ressemblance que l'on trouve entre les différents membres d'une même famille.

    Bonne famille, famille honnête et aussi famille occupant quelque rang dans la société. Riche suffisamment et de bonne famille, La Fontaine, Contr.

    Fils de famille, enfant de famille, jeune homme qui est d'une bonne famille. Pinucio, jeune homme de famille, La Fontaine, Berc. Lisette est une fille de famille, qui peut trouver mieux, monsieur ; et je ne vois pas que votre Lépine lui convienne, Marivaux, Préj. vaincu, sc. 4.

    Il se dit quelquefois par moquerie. - C'est un jeune homme distingué. - Le colonel : Oui, je sais ; ce que nous appelons, nous autres, un fils de famille, un de ces mauvais sujets que leurs parents jettent dans un régiment pour s'en débarrasser, Ch. de Bernard, un Fils de famille, II, 6.

    Conseil de famille, voy. CONSEIL.

  • 4Les personnes de même sang vivant sous le même toit, et, plus particulièrement, le père, la mère et les enfants. Laissez à son destin cette ingrate famille, Corneille, Poly. IV, 6. Les dieux et l'empereur sont plus que ma famille, Corneille, III, 3. Qu'est-ce, à proprement parler, qu'une famille, sinon une forme de royaume où l'on commande et où l'on obéit ? Bourdaloue, 2e dim. après Pâq. Dominic. t. II, p. 10. Si vous ne voyez plus votre auguste famille, Le Dieu que vous servez vous adopte pour fille, Voltaire, Zaïre, IV, 1.

    Père de famille, mère de famille, celui, celle qui est mariée et qui a des enfants.

    Soutien de famille, le fils, le frère qui soutient une famille ; il a droit à l'exonération du service militaire. Fléau de famille, mauvais sujet qui désole ses parents.

    En famille, chez soi, au milieu des siens. Comme il causait en famille, on le vint avertir, Sévigné, 295.

    La sainte Famille, Joseph, la Vierge et l'enfant Jésus.

    Une sainte Famille, tableau qui représente la sainte Famille, quelquefois avec saint Jean. Une sainte Famille de Raphaël (Famille par une F majuscule).

  • 5 Terme de droit. Père de famille, voy. PÈRE.

    Fils de famille, le fils qui est sous l'autorité paternelle.

  • 6Les enfants par rapport aux parents. Vous vous mariez, vous aurez bientôt de la famille. Sa profession, devenue d'autant plus nécessaire qu'il était déjà chargé de famille, l'occupait beaucoup, Fontenelle, Rolle. Je vous revois enfin, chère et triste famille, Voltaire, Zaïre, II, 3. Les familles sont généralement plus nombreuses dans le peuple que dans les autres conditions, Buffon, Probab. de la vie. Le ciel bénit toujours les nombreuses familles, Collin D'Harleville, Chât. en Esp. v. 10. J'en sais [des chapons] qui sont bons maris, Qui même ont de la famille, Béranger, Chapons.

    Il se dit de même des animaux. Voyez cette poule accourir avec toute sa petite famille.

  • 7Race composée de ceux qui sont du même sang par les mâles. Il est de famille de robe. Une famille bourgeoise. Elle vit qu'elle allait unir la maison de France à la royale famille des Stuarts, Bossuet, Reine d'Anglet. N'en doutons pas, chrétiens : Dieu a préparé dans son conseil éternel les premières familles, qui sont la source des nations, et, dans toutes les nations, les qualités dominantes qui devaient en faire la fortune ; il a aussi ordonné dans les nations les familles particulières dont elles sont composées, mais principalement celles qui devaient gouverner ces nations et en particulier, dans ces familles, tous les hommes par lesquels elles devaient ou s'élever ou se soutenir ou s'abattre, Bossuet, Marie-Thér.

    Famille régnante, voy. RÉGNANT.

    Terme d'histoire. Pacte de famille, traité défensif conclu entre Louis XV et le roi d'Espagne, en 1761.

  • 8Tous les religieux d'un même ordre, d'une même classe, d'un même monastère.

    Tous les philosophes d'une même école. Les philosophes de la famille de Platon et de celle d'Aristote, Guez de Balzac, De la cour, 1er disc.

  • 9Il se dit des choses qui offrent des analogies d'origine ou de ressemblance. Les idées du Tasse ne sont pas d'une aussi belle famille que celles du poëte latin [Virgile], Chateaubriand, Génie, II, I, 2.
  • 10 Terme d'histoire naturelle. Mot introduit en botanique par Magnol, et aujourd'hui généralement adopté non-seulement dans la botanique mais aussi dans la zoologie pour désigner des groupes de genres liés par des caractères communs. Les familles naturelles de Jussieu. La famille des labiées. Les singes et les makis forment deux familles distinctes dans l'ordre des quadrumanes. Les panthères, les onces, les léopards, les guépards, les ocelots, les servals, les margais et les chats ne font qu'une même et méchante famille, Buffon, Quadrup. t. VII, p. 257, dans POUGENS. Les animaux et les végétaux ne composent qu'une même famille et leurs analogies sont en grand nombre, Bonnet, Lett. div. Œuv. t. XII, p. 389, dans POUGENS. Il y a une famille entière de fleurs qui appartient à cette forme [crucifères], Chateaubriand, Génie, IV, I, 2.
  • 11De la botanique et de la zoologie où le mot de famille s'est d'abord établi, il a passé à la classification des substances chimiques La famille des sels.
  • 12Il se dit aussi en géométrie. Réunion de surfaces caractérisées par une propriété commune du plan tangent.

    Réunion de courbes ayant un caractère géométrique ou analytique commun. La famille des courbes du second degré.

  • 13 Terme de grammaire. Famille de mots, ensemble de mots appartenant à un même radical. Père en français, padre en italien, pater en latin, appartiennent à une même famille.

REMARQUE

J'y étais allé en famille, qui fut aussi satisfaite de cette maison que moi, Bussy-Rabutin, Lett. du 21 nov. 1666. Locution vicieuse, parce que famille n'a plus pour ainsi dire son sens propre, Jullien, Gramm. p. 248. Il fallait dire : J'y étais allé en famille, et ma famille fut…

SYNONYME

FAMILLE, MAISON. Famille se dit quand on considère l'ensemble des individus de même sang qui vivent les uns à côté des autres : la famille royale, impériale. Maison se dit quand on considère la famille en sa succession dans le temps et en sa transmission : les maisons souveraines. Un homme est de bonne famille quand il provient d'une famille qui occupe un certain rang dans la société ; il est de bonne maison, quand il provient d'une famille héréditairement distinguée.

L'Académie remarque que, quand on parle des grandes et anciennes races de France et des pays étrangers, on se sert moins ordinairement du mot famille que du mot maison, et qu'au contraire, lorsqu'on parle des anciens Grecs ou des anciens Romains, on emploie de préférence le mot famille. La famille des Héraclides. La famille des Atrides. La famille des Césars. Cette remarque n'a rien d'absolu ; car on voit Bossuet appliquer le mot famille aux grandes races des temps modernes.

HISTORIQUE

XIVe s. Ce fut Brutus de qui famille cil estoit, Bercheure, f° 56, verso. Retenir aucuns autres hosteus [hôtels, logements] en le [la] ville pour les caretons et famile dou dit prevost et jurés, Caffiaux, Abattis de maisons, p. 18.

XVe s. L'archevesque de Ravenne estoit de la famille et maison des Ursins de Rome, Chartier, Hist. de Charles VII, p. 259, dans LACURNE. Environ trente valets que pages, de la famille du duc de Bourgogne, Monstrelet, t. I, f° 282, dans LACURNE. Tant y demoura, que ce seigneur le retint de sa famille pour ce qu'il chevauchoit moult bien, Perceforest, t. III, f° 94.

XVIe s. Famille d'Archambaut, plus y en a, pis vaut, Cotgrave François George de la famille des freres mineurs, Du Verdier, Bibl. p. 523, dans LACURNE.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

FAMILLE de courbes, s. f. (Géom.) Voyez l’article Courbe.

Famille, (Droit nat.) en latin, familia. Société domestique qui constitue le premier des états accessoires & naturels de l’homme.

En effet, une famille est une société civile, établie par la nature : cette société est la plus naturelle & la plus ancienne de toutes : elle sert de fondement à la société nationale ; car un peuple ou une nation, n’est qu’un composé de plusieurs familles.

Les familles commencent par le mariage, & c’est la nature elle-même qui invite les hommes à cette union ; de-là naissent les enfans, qui en perpétuant les familles, entretiennent la société humaine, & réparent les pertes que la mort y cause chaque jour.

Lorsqu’on prend le mot de famille dans un sens étroit, elle n’est composée, 1°. que du pere de famille : 2°. de la mere de famille, qui suivant l’idée reçue presque par-tout, passe dans la famille du mari : 3°. des enfans qui étant, si l’on peut parler ainsi, formés de la substance de leur pere & mere, appartiennent nécessairement à la famille. Mais lorsqu’on prend le mot de famille dans un sens plus étendu, on y comprend alors tous les parens ; car quoiqu’après la mort du pere de famille, chaque enfant établisse une famille particuliere, cependant tous ceux qui descendent d’une même tige, & qui sont par conséquent issus d’un même sang, sont regardés comme membres d’une même famille.

Comme tous les hommes naissent dans une famille, & tiennent leur état de la nature même, il s’ensuit que cet état, cette qualité ou condition des hommes, non-seulement ne peut leur être ôtée, mais qu’elle les rend participans des avantages, des biens, & des prérogatives attachées à la famille dans laquelle ils sont nés : cependant l’état de famille se perd dans la société par la proscription, en vertu de laquelle un homme est condamné à mort, & déclaré déchû de tous les droits de citoyen.

Il est si vrai que la famille est une sorte de propriété, qu’un homme qui a des enfans du sexe qui ne la perpétue pas, n’est jamais content qu’il n’en ait de celui qui la perpétue : ainsi la loi qui fixe la famille dans une suite de personnes de même sexe, contribue beaucoup, indépendamment des premiers motifs, à la propagation de l’espece humaine ; ajoûtons que les noms qui donnent aux hommes l’idée d’une chose qui semble ne devoir pas périr, sont très-propres à inspirer à chaque famille le desir d’étendre sa durée ; c’est pourquoi nous approuverions davantage l’usage des peuples chez qui les noms même distinguent les familles, que de ceux chez lesquels ils ne distinguent que les personnes.

Au reste, l’état de famille produit diverses relations très-importantes ; celle de mari & de femme, de pere, de mere & d’enfans, de freres & de sœurs, & de tous les autres degrés de parenté, qui sont le premier lien des hommes entr’eux. Nous ne parlerons donc pas de ces diverses relations. Voyez-en les articles dans leur ordre, Mari, Femme, &c. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

* Famille, (Hist. anc.) Le mot latin familia ne répondoit pas toûjours à notre mot famille. Familia étoit fait de famulia, & il embrassoit dans son acception tous les domestiques d’une maison, où il y en avoit au moins quinze. On entendoit encore par familia, un corps d’ouvriers conduits & commandés par le préfet des eaux. Il y avoit deux de ces corps ; l’un public, qu’Agrippa avoit institué ; & l’autre privé, qui fut formé sous Claude. La troupe des gladiateurs, qui faisoient leurs exercices sous un chef commun, s’appelloit aussi familia : ce chef portoit le nom de lanista.

Les familles romaines, familiæ, étoient des divisions de ce qu’on appelloit gens : elles avoient un ayeul commun ; ainsi Cæcilius fut le chef qui donna le nom à la gens Cæcilia, & la gens Cæcilia comprit les familles des Balearici, Calvi, Caprarii, Celeres, Cretici, Dalmatici, Dentrices, Macedonici, Metelli, Nepotes, Numidici, Pii, Scipiones, Flacci, & Vittatores. Il y avoit des familles patriciennes & des plébéïennes, de même qu’il y avoit des gentes patricia & plebeïa : il y en avoit même qui étoient en partie patriciennes & en partie plébéïennes, partim nobiles, partim novæ, selon qu’elles avoient eu de tout tems le jus imaginum, ou qu’elles l’avoient nouvellement acquis. On pouvoit sortir d’une famille patricienne, & tomber dans une plébéïenne par dégénération ; & monter d’une famille plébéïenne dans une patricienne, sur-tout par adoption. De-là cette confusion qui regne dans les généalogies romaines ; confusion qui est encore augmentée par l’identité des noms dans les patriciennes & dans les plébéïennes : ainsi quand le patricien Q. Cæpio adopta le plébéïen M. Brutus, ce M. Brutus & ses descendans devinrent patriciens, & le reste de la famille des Brutus resta plébéïen. Au contraire, lorsque le plébéïen Q. Metellus adopta le patricien P. Scipio, celui-ci & tous ses descendans devinrent plébéïens, & le reste de la famille des Scipions resta patricien. Les affranchis prirent les noms de leurs maîtres, & resterent plébéïens ; autre source d’obscurités. Ajoûtez à cela que les auteurs ont souvent employé indistinctement les mots gens & familia ; les uns désignant par gens ce que d’autres désignent par familia, & réciproquement : mais ce que nous venons d’observer suffit pour prévenir contre des erreurs dans lesquelles il seroit facile de tomber.

Famille, (Jurispr.) Ce terme a dans cette matiere plusieurs significations différentes.

Famille se prend ordinairement pour l’assemblage de plusieurs personnes unies par les liens du sang ou de l’affinité.

On distinguoit chez les Romains deux sortes de familles ; savoir celle qui l’étoit jure proprio des personnes qui étoient soûmises à la puissance d’un même chef ou pere de famille, soit par la nature, comme les enfans naturels & légitimes ; soit de droit, comme les enfans adoptifs. L’autre sorte de famille comprenoit jure communi tous les agnats, & généralement toute la cognation ; car quoiqu’après la mort du pere de famille chacun des enfans qui étoient en sa puissance, devînt lui-même pere de famille, cependant on les considéroit toûjours comme étant de la même famille, attendu qu’ils procédoient de la même race. Voyez les lois 40. 195. & 196. au ff. de verb. signif.

On entend en Droit par pere de famille, toute personne, soit majeure ou mineure, qui joüit de ses droits, c’est-à-dire qui n’est point en la puissance d’autrui ; & par fils ou fille de famille, on entend pareillement un enfant majeur ou mineur, qui est en la puissance paternelle. Voyez ci-après Fils de Famille, Pere de famille, & Puissance paternelle.

Les enfans suivent la famille du pere, & non celle de la mere ; c’est-à-dire qu’ils portent le nom du pere, & suivent sa condition.

Demeurer dans la famille, c’est rester sous la puissance paternelle.

Un homme est censé avoir son domicile où il a sa famille. ff. 32. tit. j. l. 33.

En matiere de substitution, le terme de famille comprend la lignité collatérale aussi-bien que la directe. Fusarius, de fidei-comm. quest. 351.

Celui qui est chargé par le testateur de rendre sa succession à un de la famille, sans autre désignation, la peut rendre à qui bon lui semble, pourvû que ce soit à quelqu’un de la famille, sans être astraint à suivre l’ordre de proximité. Voyez la Peyrere, lett. F. n. 1. (A)

Famille, dans le Droit romain, se prend quelquefois pour la succession & pour les biens qui la composent, comme quand la loi des douze tables dit, proximus agnatus familiam habeto. L. 195. ff. de verb fignif.

C’est aussi en ce même sens que l’on disoit partage de la famille, familiæ erciscundæ, pour exprimer le partage des biens de la succession. Voyez digest. lib. X. tit. ij. & cod. lib. III. tit. xxxvj. (A)

Famille des Esclaves, étoit, chez les Romains, le corps général de tous les esclaves, ou quelque corps particulier de certains esclaves destinés à des fonctions qui leur étoient propres, comme la famille des publicaires ; c’est-à-dire de ceux qui étoient employés à la levée des tributs. Voyez la loi 19. dig. de verb. signif. §. 3. (A)

Famille de l’Evêque, dans les anciens titres, s’entend de tous ceux qui composent sa maison, soit officiers, domestiques, commensaux, & généralement tous ceux qui sont ordinairement auprès de lui, appellés familiares. (A)

Famille du Patron, c’étoit l’assemblage des esclaves qui étoient sous sa puissance, & même de ceux qu’il avoit affranchis. Voyez la loi 195. digest. de verb. signif. (A)

Famille des Publicaires, voyez ce qui en est dit ci-devant à l’article Famille des Esclaves.

Famille, Maison, synon. on dit la maison de France & la famille royale, une maison souveraine & une famille estimable. C’est la vanité qui a imaginé le mot de maison, pour marquer encore davantage les distinctions de la fortune & du hasard. L’orgueil a donc établi dans notre langue, comme autrefois parmi les Romains, que les titres, les hautes dignités & les grands emplois continués aux parens du même nom, formeroient ce qu’on nomme les maisons de gens de qualité, tandis qu’on appelleroit familles celles des citoyens qui, distingués de la lie du peuple, se perpétuent dans un Etat, & passent de pere en fils par des emplois honnêtes, des charges utiles, des alliances bien assorties, une éducation convenable, des mœurs douces & cultivées ; ainsi, tout calcul fait, les familles valent bien les maisons : il n’y a guere que les Nairos de la côte de Malabar qui peuvent penser différemment. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Famille, (Hist. nat.) ce terme est employé par les auteurs, pour exprimer un certain ordre d’animaux, de plantes ou d’autres productions naturelles, qui s’accordent dans leurs principaux caracteres, & renferment des individus nombreux, différens les uns des autres à certains égards ; mais qui réunis, ont (si l’on peut parler ainsi) un caractere distinct de famille, lequel ne se trouve pas dans ceux d’aucun autre genre.

Il n’a été que trop commun de confondre dans l’histoire naturelle, les termes de classe, famille, ordre, &c. maintenant le sens déterminé du mot famille, désigne cet ordre vaste de créatures sous lequel les classes & les genres ont des distinctions subordonnées. Parmi les quadrupedes, les divers genres de créatures munies d’ongles, conviennent ensemble dans plusieurs caracteres généraux communs à toutes ; mais elles different des autres animaux onglés, qui ont des caracteres particuliers qui les distinguent ; de cette maniere on ne met point le chat & le cheval dans une même famille.

Pareillement dans l’Icthyologie il y a plusieurs genres de poissons qui s’accordent parfaitement dans certains caracteres communs, & qui different de tous les autres genres par ces mêmes caracteres. La breme & le hareng, quoique différens pour le genre, peuvent être placés dans une même famille, parce que l’un & l’autre ont des caracteres généraux communs ; mais d’un autre côté personne ne s’avisera de mettre le hareng & la baleine dans une même famille.

L’arrangement des corps naturels en familles est d’un usage infini, quand cette distribution est bien faite, & que les divisions sont véritables & justes ; mais il est sans doute nuisible quand on se conduit autrement, parce qu’il n’entraîne que l’erreur & la confusion. Voyez Méthode.

Les divisions des regnes en familles, peuvent être ou artificielles ou naturelles.

Les familles sont artificielles chez tous les anciens naturalistes ; telles sont les distinctions & divisions qu’ils ont faites des plantes, en les fondant sur le lieu de la naissance de ces plantes, sur le tems qu’elles produisent des fleurs ; ou, en fait d’animaux, sur le terme de leur portée, leur maniere de mettre bas, leur nourriture & leur grandeur. Telles sont encore les divisions générales prises du nombre variable de certaines parties des corps naturels.

L’absurdité de la premiere de ces méthodes saute aux yeux, puisqu’elle requiert une connoissance antécédente des objets avant que de les avoir vûs. Lorsqu’une plante inconnue, un animal, un minéral, est offert à un naturaliste ; comment peut-il savoir par lui-même le tems auquel cette plante vient à fleurir, ou la maniere dont l’animal fait ses petits ? par conséquent il est impossible qu’il puisse le rapporter à sa famille, ou le découvrir parmi les individus de cette famille.

Pour ce qui regarde la derniere méthode de prendre le nombre de certaines parties externes pour constituer le caractere d’une famille, il est aisé d’en prouver l’insuffisance ; car, par exemple, à l’égard des poissons, si l’on prend les nageoires pour regle, ces nageoires ne sont pas toûjours les mêmes, pour le nombre, dans les diverses especes qui appartiennent véritablement & proprement à un genre ; ainsi la perche, le gadus, & autres poissons d’un même genre, ont plus ou moins de nageoires. Voilà donc les erreurs des méthodes artificielles & systématiques.

Mais les familles naturelles, c’est-à-dire tirées de la nature même des êtres, ne sont point sujetes à de tels inconvéniens. Ici tous les genres se rapportent à la même famille, & s’accordent parfaitement dans leurs parties principales. Les divers individus dont ces familles sont composées, se peuvent réduire sous divers genres : ensuite ceux-ci peuvent être arrangés dans leur classe propre ; & plus le nombre des classes sera petit, plus la méthode entiere sera nette & facile.

Ces familles naturelles ne doivent être uniquement fondées que sur des caracteres essentiels ; ainsi chez les quadrupedes, il faut les tirer seulement de la figure de leurs piés ou de leurs dents ; dans les oiseaux, la forme ou la proportion du bec pourra former leur caractere ; dans les poissons, la figure de la tête & la situation de la queue seront très-considérées, parce que ce sont des caracteres stables & essentiels.

Enfin, après bien des recherches, il semble que tout le monde animal, minéral, végétal & fossile, peut être ainsi réduit à des familles, à des classes, des genres & des especes ; & par ces secours l’étude de la nature deviendra facile & réguliere. Je ne dis pas que les méthodes de Hill, d’Artedi, de Linnæus, &c. soient telles sur cette matiere, qu’on ne puisse à l’avenir les rectifier & les perfectionner ; mais je croi que sans de semblables méthodes l’histoire naturelle ne sera que chaos & que confusion, une science vague, sans ordre & sans principe, telle qu’elle a été jusqu’à ce jour. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

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Étymologie de « famille »

Provenç. familla ; espagn. familia, famiglia ; du latin familia, famille, famulus, serviteur, de l'osque famel, serviteur, faama, maison, ce qui explique famel. Faama est le sanscrit dhāman, maison, du radical dhā, poser ; la transition du dh sanscrit à l'f latine est normale, ex. dhūma, fumus. Le sens étymologique montre par quels degrés le mot famille est venu à signifier les membres de la maison unis par les liens du sang.

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(1337) Du latin familia (« domesticité, maisonnée ») dérivé de famulus, famul (« serviteur, esclave »).
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Phonétique du mot « famille »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
famille famij

Fréquence d'apparition du mot « famille » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « famille »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « famille »

  • Il faut laver son linge sale en famille.
    Proverbe français
  • Si le centre est stable, alors la famille est soudée.
    Ngugi wa Thiong`o — Enfant, ne pleure pas
  • « À vrai dire, Clément n'est pas vraiment déconfiné. » Le soupir de Sandrine Chauvin en dit long. Son fils de 13 ans combine, pour simplifier, une rare forme combinée de neuropathie et encéphalopathie. La famille, domiciliée à Falaise (Calvados), nous avait conté son difficile confinement, alors que les soins à domicile avaient cessé, pandémie oblige.
    leparisien.fr — Clément et sa famille, vivent toujours un confinement forcé - Le Parisien
  • Les amis : une famille dont on a choisi les membres.
    Alphonse Karr
  • La famille est le noyau de la civilisation.
    Will Durant
  • Il y a toujours une cuillère malpropre dans chaque famille.
    Proverbe géorgien
  • Une famille qui crie est une famille unie.
    Gérald Godin — L'Ange exterminateur
  • Mère trop piteuse fait sa famille teigneuse.
    Proverbe français
  • Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille ?
    Jean François Marmontel — Lucile, opéra sur une musique de Grétry (1769)
  • Les familles heureuses se ressemblent toutes ; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à sa façon.
    Lev [en français Léon] Nikolaïevitch, comte Tolstoï — Anna Karenine
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Images d'illustration du mot « famille »

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Traductions du mot « famille »

Langue Traduction
Anglais family
Espagnol familia
Italien famiglia
Allemand familie
Chinois 家庭
Arabe أسرة
Portugais família
Russe семья
Japonais 家族
Basque familia
Corse famiglia
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Synonymes de « famille »

Source : synonymes de famille sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot famille au scrabble : 12 points

Famille

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