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Éteindre

Définitions de « éteindre »

Trésor de la Langue Française informatisé

ÉTEINDRE, verbe trans.

A.− Emploi trans.
1. Faire cesser la combustion de ce qui est en ignition, en flammes et, par voie de conséquence, (faire cesser) la lumière. Éteindre un incendie, les flammes, une bougie. J'ai vu le spectre de ma mère s'approcher de l'autel, éteindre les flambeaux (Baour-Lormian, Veillées,1827, p. 310).La nef vide, où un bedeau éteignait les cierges (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 990).Lilian, qui laissait éteindre sa cigarette (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1053).
a) [L'accent est mis sur la combustion] Il [Jacques] dit : − « Ne laisse pas éteindre le poêle, Antoine. » Puis il sortit (Martin du G., Thib.,Sorell., 1928, p. 1241).L'eau s'est mise à tomber et cette eau a éteint le feu du bûcher (Salacrou, Terre ronde,1938, p. 329).
b) [L'idée d'éclairage est prépondérante; l'idée de combustion s'efface et même disparaît] Éteindre la lumière; éteindre l'électricité. Lorsqu'on ne peut éteindre une lumière, on s'en laisse éclairer (Stendhal, Rome, Naples et Flor.,t. 2, 1817, p. 286).[Il] éteignit l'électricité et alluma la lampe (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 228):
1. Le chauffeur éteignit ses phares, les alluma, puis les fit clignoter régulièrement (...). Sur un dernier signe du guetteur, le chauffeur éteignit définitivement ses phares. La voiture et l'homme disparurent dans la nuit. Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1656.
Absol. Faire cesser la lumière. On avait éteint dans le corridor (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 21).
c) Au fig. Il importe à l'humanité d'éteindre l'incendie qui consume la France, et peut s'étendre dans le reste de l'Europe (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1617).Application de mesures sanitaires capables d'éteindre les foyers de la contagion (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux,1896, p. 263):
2. D'autres crises vont se produire aux siècles suivants, fatales finalement à l'existence politique d'Israël, menaçantes pour sa foi, mais sans pouvoir éteindre la flamme désormais inextinguible du Judaïsme. Weill, Judaïsme,1931, p. 23.
2. Diminuer, tempérer l'ardeur, la force, la violence de quelque chose.
a) Domaine des sens.Le musc éteignait les fétides senteurs de la pourriture humaine (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 147).Je me promettais d'éteindre le son de ma voix comme le bruit de mes pas (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 360):
3. ... ses yeux, coupés en amande, auraient peut-être jeté trop d'éclat, si une suavité extraordinaire n'eût éteint à demi ses regards en les faisant briller languissamment, comme un rayon de lumière s'adoucit en traversant le cristal de l'eau. Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 26.
b) Domaine abstr.Diminuer l'ardeur, l'intensité de quelque chose (sentiments, passions, guerres). Ces paroles éteignirent tout esprit de discorde (Cottin, Mathilde, t.2, 1805, p. 147).Lueur purifiée, mais ardente encore, d'un brasier de passions éteintes seulement parce qu'elles ne flambent plus (Barb. d'Aurev., Memor.2, 1838, p. 339):
4. ... ce vaste désordre (...) éteignant peu à peu toutes les aspirations généreuses et tarissant toutes les sources de la foi, du dévouement, de la poésie... L. Blanc, Organ. trav.,1845, p. 66.
3. Faire cesser, faire disparaître quelque chose; abolir quelque chose. Nouveau revenu de cinq cent millions dont il [le fisc] a besoin pour éteindre la dette publique (Fourier, Nouv. monde industr.,1830, p. 87).La servitude de passage qui permet de l'exploiter est actuellement éteinte par prescription trentenaire (Duhamel, Terre promise,1934, p. 141):
5. L'action en divorce sera éteinte par la réconciliation des époux, survenue soit depuis les faits qui auraient pu autoriser cette action, soit depuis la demande en divorce. Code civil,1804, art. 272, p. 51.
B.− Emploi pronom.
1. Cesser de brûler, d'éclairer.
a) Cesser de brûler. Les derniers charbons qui s'éteignent (Flaub., Corresp.,1847, p. 57).Un reste de feu s'éteignait dans l'âtre sous la marmite pleine d'eau chaude (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Hist. fille de ferme, 1881, p. 23).
b) Cesser d'éclairer. Nous savons que les étoiles s'éteignent; nous savons même à quels signes on peut annoncer la mort d'un astre (France, Vie littér.,1890, p. 97).Les lumières s'éteignaient aux fenêtres (Hamp., Champagne,1909, p. 162).
2. Devenir moins intense.
a) Domaine des sens.[En parlant de la lumière naturelle, des formes, des couleurs, des sons] Décroître; diminuer d'intensité; perdre son éclat. Le coloris [des peintres flamands du XVIe] s'éteint; il devient de plus en plus blanchâtre, crayeux et blême (Taine, Philos. art, t. 2, 1865, p. 35).Les voix joyeuses (...) se firent entendre de nouveau (...) puis brusquement tout s'éteignit dans un vague murmure qui s'éteignit bientôt lui-même dans un silence morne (Feuillet, Mar. monde,1875, p. 224):
6. Le jour mourant s'éteint dans les eaux violettes Des lacs et des bassins, Et les noirs peupliers dressent leur silhouette En un sobre dessin. L'ombre ravit la forme et la couleur des choses, Et mon œil incertain Voit se faner les lys et s'éteindre les roses Au fond de mon jardin. Muselli, Travaux et jeux,1914, p. 25.
b) Domaine des sentiments, des passions.Diminuer d'intensité, d'ardeur; décroître jusqu'à devenir nul. L'idée que tu peux m'oublier, que l'amour peut s'éteindre dans ton cœur vient quelquefois obscurcir tristement ma vie (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 66).Si nous descendons dans la Prusse rhénane, les souvenirs français vont jusqu'à Coblence où ils diminuent et s'éteignent (Barrès, Cahiers, t. 12, 1919-20, p. 86).
3. Disparaître, mourir, ne plus exister.
a) [Le suj. est une pers.] Synon. mourir.Il [Haydn] s'éteignit enfin le 31 mai au matin (Stendhal, Haydn, Mozart et Métastase,1817, p. 195).
P. ext. [Le suj. désigne une famille, une dynastie, une race, un nom] Disparaître par la mort du dernier représentant (mâle). Ce fils âgé de quelques mois l'a suivi dans la tombe. Avec Auguste de Staël s'est éteinte la postérité masculine d'une femme illustre (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 352).Et puis notre cousin n'a pas d'enfants, et le nom s'éteint avec lui (Claudel, Otage,1911, III, 1, p. 277):
7. Il en a découlé d'abord cette règle que chaque famille dût se perpétuer à jamais. Les morts avaient besoin que leur descendance ne s'éteignît pas. Dans le tombeau où ils vivaient, ils n'avaient pas d'autre sujet d'inquiétude que celui-là. Leur unique pensée, comme leur unique intérêt, était qu'il y eût toujours un homme de leur sang pour apporter les offrandes au tombeau. Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 53.
b) Pronom. passif. La rente viagère ne s'éteint pas par la mort civile du propriétaire (Code civil,1804, art. 1982, p. 356).Il [le comte de Camors] avait (...) une rente viagère d'une trentaine de mille francs, qui naturellement s'éteignait avec lui (Feuillet, Camors,1867, p. 50).
Prononc. et Orth. : [etε ̃:dʀ ̥], (j')éteins [etε ̃]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1130-40 esteindre « faire cesser de brûler (d'éclairer) » (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 537); 2. ca 1160 « atténuer, faire cesser » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 13464); 1165 pronom. « s'affaiblir, mourir doucement » ([Chr. de Troyes,] G. d'Angleterre, éd. Wilmotte, 909). Du lat. pop. *extingere, class. exstinguere « faire cesser de brûler » et « effacer, faire cesser ». Fréq. abs. littér. : 2 974. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 693, b) 4 603; xxes. : a) 4 536, b) 3 445.
DÉR. 1.
Éteignement, subst. masc.Action d'éteindre ou de s'éteindre; résultat de l'action (cf. extinction). Elles ont dépensé leur vitalité et (...) elles se trouvent au même degré d'assouvissement et de l'éteignement de la chair que leurs maris (Goncourt, Journal,1890, p. 1107).À la fin du jour, dans un éteignement sommeilleux de toutes les couleurs où la lumière ne serait plus donnée que par une mer presque caillée ayant le bleuâtre du petit lait (Proust, Temps retr.,1922, p. 713). [etε ɳ əmɑ ̃], transcr. ds Littré : é-tè-gne-man. 1reattest. début xiiies. fig. estignemenz (Li Epistle saint Bernard a Mont Deu, ms. Verdun 72, fo65 vods Gdf.); du rad. de éteindre, suff. -(e)ment1* Fréq. abs. littér. : 3.
2.
Éteigneur, euse, subst.Celui, celle qui éteint quelque chose (cf. baba1, ex. 1). L'éteigneur de réverbères (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., 7, p. 165).Il y avait un grand concours de gens pour faire la chaîne et passer les seaux, et, parmi tous ces éteigneurs bénévoles, les utilités de la troupe (Arnoux, Renc. Wagner,1927, p. 140). [etε ɳ œ:ʀ], fém. [-ø:z]. 1resattest. ca 1306 esteingnour (Joinville, St Louis, 136b ds T.-L.) 1611, Cotgr., à nouv. 1834 (Boiste); du rad. du part. prés. de éteindre ou forme de éteignoir, suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. − Delamaire (J.). Quand pirouettaient les toupies. Vie Lang. 1973, p. 349. − Jud (J.). Éteindre dans les lang. romanes. R. Ling. rom. 1925, t. 1, p. 181.

Wiktionnaire

Verbe - français

éteindre \e.tɛ̃dʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’éteindre)

  1. Cesser l’ignition d’une chose.
    • Heureusement, bientôt après, il plut à seaux, ce qui donna la facilité d’éteindre par-tout les flammes. — (Isaac Weld, Voyage au Canada, pendant les années 1795, 1796 et 1797, traduit de l'anglais, tome 1, Paris : Imprimerie Munier & cher Lepetit jeune, an VIII, p. 187)
    • Si donc, dans ces conditions, on veut mécher le tonneau, celui-ci ne contenant plus assez d’oxygène dans l'air qu'il renferme, ne pourra entretenir la combustion du soufre, et la mèche s’éteindra dès qu'elle sera introduite. — (Claude Ladrey, L'art de faire le vin, 1863, page 217)
    • Vers trois heures, un adjudant passe pour faire éteindre les feux inutiles. A Paris l'on éteint en ce moment un bec de gaz sur deux, mais nous n'obéissons pas; …. — (Jean Giraudoux, Retour d'Alsace - Août 1914, 1916)
    • Vers 1 heure du matin, je remarque que mon feu rouge de babord est éteint. Je descends le fanal dans le poste pour le rallumer, […]. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
  2. (Par analogie) Faire cesser une chose qui rappelle le feu ou ses attributs.
    • Éteindre la lumière.
    • N’oubliez pas d’éteindre l’électricité quand vous sortirez.
  3. (Par extension) Amortir, tempérer, voire étouffer, faire cesser.
    • Éteindre de la chaux.
    • Éteindre l’ardeur de la fièvre.
    • L’âge éteint le feu des passions.
    • Une ardeur qui s’éteint.
    • Il parvint à éteindre une guerre qui menaçait d’embraser toute l’Europe.
    • On comprend alors combien une large interprétation de la loi donnerait au pouvoir de moyens pour éteindre toute opposition. — (Gérard de Nerval, Les Filles du feu, Angélique, 1854)
    • La sédition va s’éteindre d’elle-même.
    • Éteindre le feu de l’ennemi, faire cesser le tir de l’ennemi par un tir supérieur.
  4. (Figuré) Faire oublier complètement, abolir.
    • Rien ne semblait capable d’éteindre son ressentiment.
    • On veut en éteindre la mémoire.
    • (Droit) Éteindre et abolir un crime.
    • (Droit) Éteindre une rente, la faire cesser par le remboursement du principal.
    • Éteindre une dette.
  5. Adoucir, affaiblir, atténuer.
    • Éteindre des couleurs trop éclatantes dans un tableau.
    • Des couleurs éteintes.
    • Éteindre son style.
    • La souffrance, la tristesse avait éteint l’éclat de ses yeux, la vivacité de ses regards.
    • Un homme éteint.
    • Un génie éteint.
  6. (Pronominal) S’affaiblir très sensiblement ; toucher à sa fin ; se mourir lentement et presque sans s’en apercevoir.
    • « Les docteurs disaient qu’elle s’éteindrait comme une bougie : ce n’est pas ça, pas ça du tout, a dit ma sœur en sanglotant. — Mais, madame, a répondu la garde, je vous assure que ç’a été une mort très douce. » — (Simone de Beauvoir, Une mort très douce, Gallimard, 1964, Le Livre de Poche, page 130)
    • La Belote figure parmi les jeux les plus populaires de notre temps. […]. Elle inspira même chansonniers et revuistes, et l'extraordinaire faveur dont elle jouit ne paraît guère prête de s’éteindre. — (Frans Gerver, Le guide Marabout de Tous les Jeux de Cartes, Verviers : Gérard & C°, 1966, page 51)
    • Celui qui était devenu le patriarche de la famille royale, un homme réputé pour son fort caractère, son franc-parler, mais aussi son dévouement à la reine et aux pays, s’est éteint «paisiblement» vendredi au château de Windsor, à l’ouest de Londres. — (AFP, La reine Elizabeth II ressent un grand vide, Le Journal de Montréal, 12 avril 2021)
  7. (Pronominal) Se finir faute d’héritiers.
    • Cette maison, cette famille est près de s’éteindre.
    • Cette pairie s’éteignit par la mort du dernier titulaire.
    • Une famille éteinte.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ÉTEINDRE. (Il se conjugue comme TEINDRE.) v. tr.
Faire cesser une chose d'être en combustion. Éteignez ce feu. Éteindre un cierge, un flambeau. Éteindre la lumière. Éteindre un incendie. Le feu était à cette maison, mais on l'a éteint. Le feu s'éteint. Ma torche s'éteignit. Des volcans éteints. N'oubliez pas d'éteindre l'électricité quand vous sortirez. Il signifie par extension Amortir, tempérer. Éteindre de la chaux. Éteindre l'ardeur de la fièvre. L'âge éteint le feu des passions. Une ardeur qui s'éteint. Il parvint à éteindre une guerre qui menaçait d'embraser toute l'Europe. Éteindre une rébellion, une sédition. La sédition va s'éteindre d'elle-même. Éteindre le feu de l'ennemi, Faire cesser le tir de l'ennemi par un tir supérieur. Il signifie, figurément, Faire oublier complètement, abolir. Rien ne semblait capable d'éteindre son ressentiment. On veut en éteindre la mémoire. On a dit de même, en termes de Chancellerie, Éteindre et abolir un crime. Éteindre une rente, La faire cesser par le remboursement du principal. On dit de même Éteindre une dette. En termes de Peinture, il signifie Adoucir, affaiblir. Éteindre les lumières trop fortes, les couleurs trop éclatantes dans un tableau. Des couleurs éteintes. On dit dans un sens analogue Éteindre son style. Il prend quelquefois une acception analogue dans le langage ordinaire. La souffrance, la tristesse avait éteint l'éclat de ses yeux, la vivacité de ses regards. Des regards éteints. Par extension, Un homme éteint. Un génie éteint.

S'ÉTEINDRE se dit, dans un sens particulier, d'une Personne qui s'affaiblit très sensiblement et qui touche à sa fin, ou d'une Personne qui meurt lentement et presque sans s'en apercevoir. Ce vieillard s'éteint. Elle s'éteignit doucement entre les bras de ses enfants. Il se dit encore particulièrement des Maisons, des dignités qui finissent faute d'héritiers. Cette maison, cette famille est près de s'éteindre. Cette pairie s'éteignit par la mort du dernier titulaire. Une famille éteinte.

Littré (1872-1877)

ÉTEINDRE (é-tin-dr'), j'éteins, tu éteins, il éteint, nous éteignons, vous éteignez, ils éteignent ; j'éteignais, nous éteignions, vous éteigniez ; j'éteignis ; j'éteindrai ; j'éteindrais ; éteins, qu'il éteigne, éteignons ; que j'éteigne, que nous éteignions, que vous éteigniez ; que j'éteignisse ; éteignant ; éteint v. a.
  • 1Étouffer le feu, en arrêter l'activité, l'action. Éteindre un incendie. Éteindre le feu.

    Il se dit aussi de ce qui est allumé. Vous éteindrez la bougie. Éteindre la lumière.

  • 2 Fig. Éteindre l'encens, faire cesser la flatterie. Combien de fois éteignit-il l'encens, dont la douce et maligne odeur aurait empoisonné une imagination encore tendre [du dauphin, fils de Louis XIV] ? Fléchier, Duc de Montausier. Mais après leur trépas que sont-ils [les rois] à vos yeux ? Vous éteignez l'encens que vous brûliez pour eux, Voltaire, Œdipe, I, 3.

    Fig. Éteindre les lumières, empêcher le développement des sciences, l'extension de l'instruction. Ceux mêmes qui se sont efforcés d'éteindre les lumières, n'ont fait que les répandre, D'Holbach, Essai, préj. ch. 14, dans DUMARSAIS, Œuvres. Éteignons les lumières, Et rallumons le feu, Béranger, Missionnaires.

  • 3Éteindre la chaux, mettre de la chaux vive en contact avec de l'eau pour former de l'hydrate de chaux.

    Éteindre le fer, le plonger dans l'eau froide lorsqu'il est chauffé au rouge.

    Éteindre les épingles, les laver dans l'eau fraîche, après qu'elles ont été étamées.

  • 4 Poétiquement. Éteindre la clarté des yeux, rendre aveugle. Le fer n'a pas éteint le cœur de Bélisaire, Éteignant de ses yeux l'immortelle clarté, Rotrou, Bélisaire, v, 8.

    Éteindre la lumière des yeux, faire mourir. Phèdre mourait, seigneur, et sa main meurtrière Éteignait de ses yeux l'innocente lumière, Racine, Phèd. IV, 1.

  • 5Éteindre le feu, faire cesser le feu de l'artillerie ennemie par une artillerie supérieure, par un tir supérieur. La place éteignit plusieurs fois le feu de l'assiégeant.
  • 6Éteindre la vie, faire mourir. Il éteindra ma vie avant que mon amour, Corneille, Œdipe, II, 2. Si le duc est vivant, quelle vie ai-je éteinte ? Rotrou, Venc. IV, 5.

    Il s'est dit aussi quelquefois des personnes mêmes. Berwick découvrit leur cache de poudre et de munitions [des révoltés des Cévennes], et à la fin éteignit tout à fait ces misérables, Saint-Simon, 148, 156.

    Éteindre une famille, une race, n'en laisser subsister aucun membre pour la continuer. Les guerres si meurtrières que les Grecs eurent à soutenir, éteignirent un grand nombre de familles, accoutumées depuis plusieurs siècles à confondre leur gloire avec celle de la patrie, Barthélemy, Anach. introd. part. II, sect. 3.

  • 7Calmer, en parlant de tout ce qui est comparé à un feu, à une flamme, à un incendie. Éteindre l'ardeur de la fièvre. Enfin je suis sorti d'Europe et j'ai passé ce détroit qui lui sert de bornes ; mais la mer qui est entre vous et moi ne peut rien éteindre de la passion que j'ai pour vous, Voiture, Lett. 40. Tu n'as dans leur querelle aucun sujet de craindre ; Un moment l'a fait naître, un moment peut l'éteindre, Corneille, Cid, II, 3. Et comme tous mes feux n'avaient rien que de saint, L'honneur les alluma, le devoir les éteint, Corneille, Héracl. III, 1. J'ai prévu ce tumulte… Comme un moment l'allume, un moment peut l'éteindre, Corneille, Nicom. v, 1. Un si vaillant guerrier, qu'on vient de nous ravir, Éteint, s'il n'est vengé, l'ardeur de vous servir, Corneille, Cid, II, 9. Oui ; mais cette grâce n'éteint pas peut-être le ressentiment des parents et des amis, Molière, le Festin de P. I, 2. Rien n'est plus doux que d'aller éteindre sa soif dans un clair ruisseau, Fénelon, t. XIX, p. 50. Cette soif de régner que rien ne peut éteindre, Racine, Iphig. IV, 4.
  • 8Détruire, faire disparaître. Aime une ombre comme ombre, et de cendres éteintes Éteins le souvenir, Malherbe, VI, 18. Le premier sang versé rend sa fureur plus forte [de la populace] ; Il l'amorce, il l'acharne, il en éteint l'horreur, Corneille, Nicom. v, 4. Dans votre infâme sang j'éteindrai votre amour, Rotrou, Vencesl. I, 4. Je devrais dans ton sang éteindre ce forfait, La Fontaine, Coupe. L'indifférence éteint en quelque sorte la volonté, Bossuet, Orais. VIII, 23. Il se disposait à venir lui-même, à leur tête, éteindre l'Église et l'empire tout ensemble, et ajouter au meurtre de tant de rois celui du souverain pontife de Jésus-Christ, Fléchier, Panég. Fr. de Paule. Il éteint cet amour source de tant de haine, Racine, Brit. v, 1. Les larmes de la reine ont éteint cet espoir, Racine, Bérén. v, 7. Et les soins de la guerre auraient-ils en un jour Éteint dans tous les cœurs la tendresse et l'amour ? Racine, Iphig. II, 3. [Les âmes dans le Tartare souhaitent] une mort qui puisse éteindre tout sentiment, Fénelon, Tél. XVIII. En qui des mœurs tièdes éteignirent toutes les grâces, Massillon, Car. Prière 2. Un seul mot de César a-t-il éteint dans toi L'amour de ton pays, ton devoir et ta foi ? Voltaire, M. de Cés. III, 2. Le malheur tôt ou tard éteindra ma raison, Ducis, Lear, II, 4. Les lâches courtisans se font une étude d'allumer le vice et d'éteindre la vertu, Chateaubriand, Mart. 124.
  • 9Éteindre une rente, une dette, la rembourser, la payer.
  • 10 Terme de chancellerie. Éteindre et abolir un crime, l'abolir, l'effacer.
  • 11 Terme de peinture. Adoucir, affaiblir. Éteindre les lumières d'un tableau. Éteindre des tons trop crus.
  • 12Il se dit, en un sens analogue, dans le langage ordinaire, d'un éclat qui s'efface. La tristesse avait éteint l'éclat de ses yeux. La mort avait éteint ses yeux, Fénelon, Tél. XVII.
  • 13S'éteindre, v. réfl. Cesser de brûler. Le feu, le flambeau s'éteint.

    Fig. Quiconque maudit son père et sa mère, sa lampe s'éteindra au milieu des ténèbres, Sacy, Bible, Prov. de Salom. XX, 20. Sa lumière s'éteint et son âme s'envole, Corneille, Rodog. v, 4. Une mémoire qui se confond, un cœur qui s'éteint, Massillon, Car. Impén. Tes yeux où s'éteignait la vie Rayonnent d'immortalité, Lamartine, Médit. I, 9.

  • 14Cesser d'être en activité, en parlant des volcans. Les volcans de l'Auvergne se sont éteints bien longtemps avant l'âge historique.
  • 15Perdre son éclat. Les yeux s'allument et s'éteignent en un moment, Pascal, Amour.
  • 16Il se dit des maisons, des dignités qui finissent faute d'héritiers. Cette famille s'est éteinte. Cette pairie s'éteindra par la mort d'un tel.

    Avec suppression du pronom personnel. Le jour qui de leurs rois vit éteindre la race Éteignit tout le feu de leur antique audace, Racine, Athal. I, 1.

  • 17Cesser d'exister, être détruit. Où le culte de Dieu s'était éteint, Bossuet, Hist. I, 7. Sa loi ne s'éteint pas parmi ces rebelles, Bossuet, ib. II, 4. L'amour de la patrie et le respect des lois s'y éteint, Bossuet, ib. III, 7. Et son feu [d'un auteur], dépourvu de sens et de lecture, S'éteint à chaque pas faute de nourriture, Boileau, Art p. III. Dans l'ombre du secret ce feu [l'amour] s'allait éteindre, Racine, Mithr. IV, 4. Les empires, ainsi que les hommes, doivent croître, dépérir et s'éteindre, D'Alembert, Éloges, Montesquieu. Je languissais, mes ans s'éteignaient dans l'ennui, Chénier M. J. Gracques, I, 4. Les langueurs où s'éteint la vieillesse, Delavigne, Paria, III, 4.
  • 18Mourir doucement. Il s'éteignit enfin le premier mars 1715, âgé de près de 80 ans, Fontenelle, Morin. Si vous brillez à votre aurore, Quand je m'éteins à mon couchant, Voltaire, Ép. LXXXIX. Son agonie [de Mme de Maintenon] fut si douce qu'elle avait l'air d'une personne qui dort tranquillement ; elle s'éteignit à six heures du soir, le 15 avril 1719, âgée de 84 ans, Genlis, Mme de Maintenon, t. II, p. 277, dans POUGENS. Jeune je m'éteindrai laissant peu de mémoire…, Hugo, Odes, v, 1.
  • 19Il se dit en parlant du jour qui finit. Ce jour qui va s'éteindre est le dernier pour moi, Delavigne, Paria, v, 2.
  • 20Expirer en parlant de la voix. Les sons rendus par le timbre ne s'éteignent pas sur-le-champ, Diderot, Lett. sur les sourds et muets. Je sens ma voix s'éteindre et mes genoux trembler, Delavigne, le Paria, III, 2.

HISTORIQUE

XIIe s. Ta digne miseration Esteigne le grant feu de t'ire, Benoit de Sainte-Maure, II, 13497. Puis qu'en vous sont tout mal estaint Et tout bien à droit alumé, Couci, III. Ne de mon cuer [je] ne puis la flame estaindre, ib. X. Esteigniez, fait lor il, ces cirges alumez, Th. le mart. 52.

XIIIe s. Ne por ce, se je veil estaindre La fole amor…, la Rose, 5776. Si comme se [sa] mesons art [brûle] et je l'estaing…, Beaumanoir, XXIX, 12. Quant aucuns a son enfant mort, si comme par fu [feu], ou par yaue, ou parce qu'on l'estaint [étouffe] en dormant, ou par aucune autre malvese garde, Beaumanoir, LXIX, 5. Quant la royne se esveilla, elle vit la chambre toute embrasée de feu, et sailli sus toute nue, et prit la touaille et la jeta en la mer, et prist les touailles et les estaint [éteignit], Joinville, 286.

XIVe s. La gent Fabie desconfite et extaincte, Bercheure, f° 50, verso. Les queles choses se eles ne sont tantost ostées, eles estaindront [feront mourir] le pacient, H. de Mondeville, f° 100, verso.

XVe s. Il y ot aucuns mineurs la-dedans esteints qui oncques ne s'en partirent, car la mine renversa sur eux, Froissart, II, II, 36. On dit, et il est verité, que le grand desir que on a aux choses que elles aviennent, estaind le sens, et pour ce sont les vices maistres et les vertus violées et corrompues, Froissart, III, IV, 28. Et se estaignist le bruyt que nous avions ouy, Commines, II, 3.

XVIe s. Trois cents personnes et davantage esteintes, donnerent le premier exemple aux uns pour tuer impunement, aux autres pour n'esperer point de misericorde, D'Aubigné, Hist. I, 130. Ce temple [de Janus] demoura fermé 43 ans, tant estoient toutes occasions de guerres et par tout esteintes et amorties, Amyot, Numa, 32. Leur monnoye estoit de fer, lequel premierement avoit esté esteinct, venant du feu, avec du vinaigre, Amyot, Lysand. 32. Puis en icelle [lessive] on fera esteindre chaux vive, Paré, XXV, 32.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ÉTEINDRE. Ajoutez :
21 Éteindre un torrent, mettre obstacle à ce que les eaux entraînent, dans leur cours impétueux, de la boue, des graviers et des rochers, Surell, dans Rev. des Deux-Mondes, 1er juin 1872, p. 459.
22S'éteindre soi-même, procurer sa propre extinction. Radamante : Que la lampe parle. - La lampe : Celles [saletés] qu'il [un tyran] a faites de jour me sont inconnues ; mais, la nuit, j'ai voulu quelquefois m'éteindre pour ne les point voir, Perrot D'Ablancourt, Lucien, le Passage de la barque.
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Étymologie de « éteindre »

(XIIe siècle) Du latin populaire *extingĕre, altération du latin classique exstinguere.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. estenher, esteinger, extenjer ; espagn. et port. extinguir ; ital. estinguere ; du lat. exstinguere, de ex, et stinguere, éteindre, presser sur, appuyer, comme le prouvent in-stinctus (voy. INSTINCT), et les rapprochements avec stigare (instigare), le grec στίγμα, un point, et l'allemand stechen, piquer. Ex-stinguere, c'est ôter en appuyant.

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Phonétique du mot « éteindre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
éteindre etɛ̃dr

Fréquence d'apparition du mot « éteindre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « éteindre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « éteindre »

  • On pourra m'ôter cette vie, mais on n'éteindra pas mon chant.
    Louis Aragon — Les Yeux d'Elsa, Cahiers du Rhône
  • Il faut éteindre la démesure plus encore que l'incendie.
    Héraclite d'Ephèse
  • La télévision n'exige du spectateur qu'un acte de courage, mais il est surhumain, c'est de l'éteindre.
    Pascal Bruckner
  • Toute la toiture de l’édifice religieux est alors en proie aux flammes. Les sapeurs-pompiers essaient d’éteindre l’incendie avec l’aide de quatre lances à eau. 
    Essonne. Un incendie détruit la toiture de l'église Saint-Paul à Corbeil-Essonnes | Actu Essonne
  • Sans vaccin, n’est-ce pas là le vrai nerf de la guerre ? Devant un virus férocement contagieux, ne pas imposer le masque à travers le Québec, c’est comme envoyer des pompiers éteindre un feu sans boyaux d’incendie.
    Le Journal de Montréal — La décision responsable à prendre | Le Journal de Montréal
  • Les trop grandes pompes d'une religion servent à l'éteindre.
    Xavier Forneret
  • Le gouvernement cherche à imposer sa communication et ses éléments de langage pour contenir la crise des Gilets jaunes ou répondre aux violences policières ? Des centaines de vidéos et de photos se mettent à circuler sur internet. Emmanuel Macron cherche à éteindre l’incendie créé par sa gestion de la crise sanitaire ? Une recherche dans Google suffit à retrouver les déclarations, un autre clic suffit pour repartager les informations.
    Contrepoints — Les réseaux sociaux, le 5eme pouvoir | Contrepoints
  • Un feu léger est vite étouffé : si vous le laissez faire, des rivières ne sauraient l'éteindre.
    William Shakespeare — Henry VI, troisième partie, IV, 8, Clarence
  • 210000 personnes reconfinées autour de Lleida, à l’ouest de Barcelone, 70000 autres en Galice. Quelques jours à peine après la réouverture de sa frontière et l’autorisation rendue aux Espagnols de se déplacer d’une région à l’autre, le pays tente d’éteindre une reprise de l’épidémie. Faut-il s’en inquiéter ?
    midilibre.fr — Coronavirus : le reconfinement de 210 000 Catalans annonce-t-il le nôtre ? - midilibre.fr
  • Le philosophe qui veut éteindre ses passions ressemble au chimiste qui voudrait éteindre son feu.
    Chamfort — Maximes et pensées
Voir toutes les citations du mot « éteindre » →

Traductions du mot « éteindre »

Langue Traduction
Anglais switch off
Espagnol apagar
Italien spegnere
Allemand ausschalten
Chinois 关掉
Arabe اطفيء
Portugais desligar
Russe выключить
Japonais スイッチを切る
Basque itzali
Corse spegnere
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Synonymes de « éteindre »

Source : synonymes de éteindre sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « éteindre »

Combien de points fait le mot éteindre au Scrabble ?

Nombre de points du mot éteindre au scrabble : 8 points

Éteindre

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