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Conclusion

Variantes Singulier Pluriel
Féminin conclusion conclusions

Définitions de « conclusion »

Trésor de la Langue Française informatisé

CONCLUSION, subst. fém.

I.− Action de mettre un terme à quelque chose; le résultat de cette action (cf. conclure I). La conclusion d'une affaire, d'un traité :
1. À cette note le président Wilson répondait, le 8 octobre, en mettant comme condition préalable à la conclusion d'un armistice, que les armées allemandes fussent retirées immédiatement des territoires envahis. Foch, Mémoires,t. 2, 1929, p. 270.
A.− Règlement final d'un accord ou de la recherche d'un accord entre deux ou plusieurs personnes ou entre États. La conclusion d'un compromis; conduire qqc. à sa conclusion; donner une conclusion définitive à qqc. Synon. arrêt, arrangement, décision, issue, réalisation, solution (cf. conclure I A).Les pourparlers commencèrent, mais on ne pouvait jamais arriver à aucune conclusion (Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 2, 1821-24, p. 26):
2. Hamilcar trouva en bas, dans la salle, les hommes les plus importants de son parti : Istatten, Subeldia, Hictamon, Yeoubas et d'autres. Ils lui racontèrent tout ce qui s'était passé depuis la conclusion de la paix : ... Flaubert, Salammbô,t. 1, 1863, p. 119.
Fam. Cet homme est ennemi de la conclusion. Il est difficile de finir une affaire avec lui (Ac.1835, 1878).
SYNT. La conclusion dérisoire, heureuse, satisfaisante d'une affaire; aboutir, arriver, parvenir à une conclusion; annoncer la conclusion d'un traité; un conflit s'achemine, va vers conclusion.
B.− P. méton.
1. Ce qui termine un ouvrage littéraire, un récit. La conclusion d'un débat, d'un exposé, d'un livre. Synon. dénouement, épilogue (cf. conclure I B).Cette lettre, pleine d'hésitations et qui recule devant une conclusion définitive, la voici (Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 214).
P. ext. Dernière partie d'un ouvrage littéraire. Écrire, rédiger la conclusion d'un développement littéraire; la conclusion d'une dissertation :
3. Il [Villars] y vérifia certaines dates, certaines références, recopia sa conclusion et numérota les pages du manuscrit. Arland, L'Ordre,1929, p. 339.
Morale, enseignement qui se dégage d'un texte. La conclusion d'une fable. Synon. moralité.Enfants apprenez cette fable sa morale et sa conclusion (Queneau, Si tu t'imagines,1952, p. 233).
2. Locutions
Adv. En conclusion, pour conclusion. Synon. bref, en somme :
4. Le diable se prit à geindre piteusement. − Vous êtes au bord de la mer Rouge, Monseigneur, et moi je suis le plus malheureux des misérables. Sur ce, il chanta au chevalier la même antienne qu'aux saints, le suppliant pour conclusion de l'aider à charger cette outre sur son dos. Hugo, Le Rhin,1842, p. 198.
Prép. En conclusion de. Ils ne pensaient même pas que le plaisir de la chair pût venir en conclusion de ces joies délicates (Aymé, La Jument verte,1933, p. 148).
Rem. S'emploie également comme synon. de en conséquence. (En) conclusion, il n'y a rien à faire.
C.− Spéc., MUS. Fin d'une phrase musicale. Accord(s) de conclusion; conclusion majeure, mineure; conclusion d'une période, conclusion de la fugue. Cf. cadence parfaite, chute, conclusif, queue.La cadence parfaite et la cadence plagale peuvent, seules, servir de conclusion à un morceau de musique (E. Durand, Traité d'harmonie,s.d., p. 86).
D.− P. ext. Synon. de couronnement, dénouement, issue.La conclusion d'un destin, des événements; la conclusion d'une espérance, d'une idylle, d'une intrigue :
5. L'histoire, telle que Renan la conçoit, serait pour l'humanité, une sorte de bilan et de conclusion de la vie. Massis, Jugements,1923, p. 125.
II.
A.− Proposition tirée des données de l'observation ou d'un raisonnement; p. ext., le point de vue de la personne ou du groupe de personnes énonçant ou soutenant cette proposition. La conclusion d'une démonstration; tels faits mènent à telles conclusions; déduire, dégager la conclusion de qqc., que...; adhérer à, adopter, émettre une conclusion. Il [le professeur Durkheim] reconnaissait que ses recherches sociologiques l'amenaient à des conclusions très voisines de celles de Kant (Sorel, Réflexions sur la violence,1908, p. 315):
6. J'ai conscience de démontrer parce que j'aperçois un lien nécessaire entre l'ensemble des données qui constituent l'hypothèse et la conclusion que j'en tire. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 440.
SYNT. (très fréq.). Conclusion audacieuse, bonne, erronée, hardie, juste, nulle, prématurée; les conclusions qui se dégagent de ces travaux; exposer la conclusion de ses réflexions; aboutir, arriver, être conduit à certaines conclusions, aux conclusions suivantes; affirmer, confirmer, infirmer une conclusion; établir, formuler une conclusion inattaquable; amener qqn à ses conclusions.
B.− P. ext.
1. Tirer la (les) conclusion(s) d'une attitude, d'un comportement; tirer les conclusions d'un échec. Madame Blanchard ne m'estime pas, ne m'aime pas. Voilà toute la conclusion que je tire de son silence (Giraudoux, Pour Lucrèce,1944, I, 5, p. 45).
2. [Avec valeur d'enseign.] Conclusions pratiques. Qu'est-ce pourtant, ai-je dit, que l'histoire, sans une pensée décidée et sans conclusion philosophique morale ou pratique? (Vigny, Le Journal d'un poète,1842, p. 1175).
C.− Spécialement
1. Dans le lang. admin., souvent au plur. Les conclusions des experts. Puisque je fais ici les fonctions de rapporteur, dit Colline en se levant, je soutiendrai les conclusions de mon rapport (Murger, Scènes de la vie de bohème,1851, p. 134):
7. Les conclusions de cette enquête [sur le problème des transports] furent partiellement reprises par le gouvernement et mises dans le domaine de l'application par le décret-loi du 15 mai 1934... La Navigation intérieure en France, 2, 1952, p. 13.
2. LOG. Troisième proposition d'un syllogisme dont la vérité est établie si les prémisses sont vraies :
8. Dans tous les jugements que nous venons de passer en revue, l'esprit ne procède point par voie de démonstration, comme lorsqu'il s'agit d'établir un théorème de géométrie, ou de faire sortir, par un raisonnement en forme, la conclusion des prémisses. Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 70.
P. ext. La logique des passions renverse l'ordre traditionnel du raisonnement et place la conclusion avant les prémisses (Camus, L'Homme révolté,1951, p. 58).
III.− Au plur., JUST. Acte de procédure dans lequel chaque partie (demandeur, défendeur) fait connaître ses prétentions, ses chefs de demande ou ses moyens de défense; l'énoncé de ces requêtes. Déposer, poser, signifier ses (des) conclusions; demander qqc. par conclusions; le juge répond aux chefs de conclusions. Le commissaire près du Tribunal d'Appel donnera ses conclusions par écrit, dans les dix jours qui suivront la réception des pièces (Code civil,1804, art. 293, p. 55):
9. ... les avoués, pour corser leurs notes d'honoraires, ajoutent aux dossiers de leurs clients des conclusions sur papier timbré qui sont taxées fort cher. G. Duhamel, Confession de minuit,1920, p. 189.
SYNT. Prendre des conclusions à l'audience; conclusions au fond; conclusions principales, subsidiaires, additionnelles; conclusions écrites, verbales; conclusions recopiées au placet; des conclusions jugées irrecevables.
Conclusions du Ministère public. Énoncé des avis du Ministère public dans les affaires où il intervient comme les affaires criminelles ou le jugement des mineurs. Le procureur de la République a donné ses conclusions. Ses conclusions ont été suivies (Ac.1932).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃klyzjɔ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. [Ca 1240 d'apr. FEW t. 2, p. 1011] ca 1260 « proposition finale qui dérive d'autres propositions » (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, III, 62, 8); xives. loc. adv. en conclusion « en conséquence » (Bersuire, fo6 ds Littré); 2. ca 1375 dr. « acte de procédure selon lequel chaque partie fait connaître ses prétentions en se fondant sur les faits exposés » (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 171); ca 1450 plur. (Monstrel., liv. I, ch. 48 ds Littré); 3. ca 1260 « dernière partie d'un discours oratoire, d'une lettre » (Brunet Latin, Trésor, III, 14, 1); ca 1283 « fin (d'un ouvrage) » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, titre du § 1982); av. 1380 « fin, en général ». (Bers., T.-Liv., ms. Ste-Gen., fo376eds Gdf. Compl.). Empr. au lat. class. conclusio « fin », attesté comme terme de rhétorique et de logique. Fréq. abs. littér. : 2 087. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 327, b) 2 294; xxes. : a) 3 032, b) 3 837. Bbg. Ascoli (C. I.). Saggiuoli diversi. Archivo glottologico italiano. 1890, t. 11, p. 436.

Wiktionnaire

Nom commun - français

conclusion \kɔ̃.kly.zjɔ̃\ féminin

  1. Terminaison d’une affaire, d’une délibération, etc.
    • Moscou offre en compensation une rectification frontalière en Carélie orientale et la conclusion d'un pacte d'assistance. — (Jean Quellien, La Seconde Guerre mondiale, 1939-1945, Paris : Éditions Tallandier, 2015)
    • La conclusion d’un traité. - La conclusion d’un mariage. - Il faut en venir à la conclusion. - Nous touchons au moment de la conclusion, à la conclusion.
  2. Ce qui termine et qui résume un discours, un récit, etc.
    • La conclusion de son discours fit beaucoup d’impression sur l’auditoire.
  3. Conséquence que l’on tire d'un raisonnement, et surtout d’un argument en forme.
    • En combinant avec les observations si précises de M. Edwards celles de ses devanciers et de ses successeurs, nous pouvons en tirer une conclusion générale. — (Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau, Les Métamorphoses et la généagénèse, Revue des Deux Mondes, 2e période, tome 3, 1856, p.508)
    • Nous sommes arrivés, de critique en critique, à cette triste conclusion : que le juste et l'injuste, dont nous pensions jadis avoir le discernement, sont termes de convention, vagues, indéter­minables ; […]. — (Joseph Proudhon, De la Justice dans la Révolution et dans l’Église, tome I, p.70)
    • Ainsi, Constantin V, successeur de Léon III, en partant des mêmes principes christologiques que les iconophiles, arrive à des conclusions opposées aux leurs. — (Carole Talon-Hugon, Une histoire personnelle et philosophique des arts : Moyen Âge et Renaissance, Presses Universitaires de France, 2014)
    • J'ignore quel est le crétin qui est arrivé à la conclusion qu’une image vaut mille mots, et si je le savais, je trouverais le moyen de lui régler son compte en chambre noire. — (Ofir Touché Gafla, Le Monde de la fin, Éditions Actes Sud, 2015, chap. 5)
  4. (Au pluriel) (Justice) Ce que les parties demandent par des requêtes, soit écrites, soit verbales, ou par d’autres actes.
    • On m’a donné tout ce que je demandais par mes conclusions. - On lui a adjugé ses fins et conclusions. - Prendre des conclusions à l’audience.
    • Conclusions au fond. - conclusions principales, subsidiaires, additionnelles.
  5. (En particulier) Avis et réquisitions du ministère public dans les affaires où il intervient.
    • L’avocat général a pris ses conclusions. - Le procureur général, le procureur de la République a donné ses conclusions.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CONCLUSION. n. f.
Terminaison d'une affaire, d'une délibération, etc. La conclusion d'un traité. La conclusion d'un mariage. Il faut en venir à la conclusion. Nous touchons au moment de la conclusion, à la conclusion. Il se dit également de Ce qui termine et qui résume un discours, un récit, etc. La conclusion de son discours fit beaucoup d'impression sur l'auditoire. Il signifie aussi Conséquence que l'on tire de quelque raisonnement, et surtout d'un argument en forme. Sa conclusion ne vaut rien, est nulle. Déduire une conclusion.

CONCLUSIONS, au pluriel, se dit, en termes de Procédure, de Ce que les parties demandent par des requêtes, soit écrites, soit verbales, ou par d'autres actes. On m'a donné tout ce que je demandais par mes conclusions. On lui a adjugé ses fins et conclusions. Prendre des conclusions à l'audience. Conclusions au fond. Conclusions principales, subsidiaires, additionnelles. Conclusions du ministère public, Les avis et réquisitions du ministère public dans les affaires où il intervient. L'avocat général a pris ses conclusions. Le procureur général, le procureur de la République a donné ses conclusions. Ses conclusions ont été suivies. Conclusions favorables. Conclusions conformes. Conclusions contraires.

Littré (1872-1877)

CONCLUSION (kon-klu-zion ; en poésie, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Arrangement final d'une affaire. La conclusion de ce traité, de cette affaire, a présenté de grandes difficultés. On dit qu'un homme est ennemi de la conclusion, pour exprimer qu'on ne peut terminer une affaire avec lui.
  • 2 Par extension, résultat final, terminaison, dénoûment. La conclusion d'un roman. Ce concile eut une heureuse conclusion, Bossuet, Hist. I, 11. Ce premier point eut par fortune Malheureuse conclusion, La Fontaine, Tabl.
  • 3Résultat d'une délibération. La conclusion fut que l'on marcherait incontinent vers l'ennemi.
  • 4 Terme de logique. La déduction d'un raisonnement, d'un discours. La conclusion de son discours fit beaucoup d'impression sur l'auditoire. La majeure est inepte, la mineure impertinente, et la conclusion ridicule, Molière, Mariage forcé, 6. Qui ne tirât de vos principes quelque méchante conclusion, Pascal, Prov. 7. Il en tire des conclusions admirables, Pascal, ib. Voici la conclusion que vous devez tirer, Massillon, Avent, Jug. J'en tire mes conclusions pour la thèse générale, Sévigné, 443. Belle conclusion et digne de l'exorde, Racine, Plaid. III, 3. Rien de plus dangereux en physique que ces conclusions trop générales, Bonnet, Observ. Pucerons.

    Adverbialement, dans le style familier, bref, en un mot. Conclusion, je n'en veux rien faire. Conclusion qu'il ne la put fléchir, La Fontaine, Faucon.

  • 5 Au plur. Terme de procédure. Énoncé de ce qu'une partie demande à un tribunal de juger. Conclusions au fond, principales, subsidiaires, additionnelles. Le tribunal lui a adjugé ses conclusions.

    Énoncé de ce qu'une partie demande contre son adversaire.

    Conclusions du ministère public, énoncé de l'opinion du ministère public, ses réquisitions. Les conclusions du procureur général contre l'Encyclopédie n'ont-elles pas été plus fortes que le mandement de notre archevêque ? Voltaire, Dial. 30. L'avocat général Marigny prend des conclusions contre l'héritier de la couronne [Charles VII], Voltaire, Mœurs, 79. On prend des conclusions, puis on rend un arrêté conforme au bon plaisir du maire, Courier, I, 164.

    Conclusions conformes, conclusions contraires, conclusions du ministère public conformes ou contraires à la décision rendue.

SYNONYME

CONCLUSION, CONSÉQUENCE. Dans un raisonnement, la conclusion est la proposition finale qui découle des prémisses. La conséquence est la proposition, finale ou non, qui découle des prémisses. Un raisonnement n'a qu'une conclusion ; mais il peut avoir plusieurs conséquences. Mais, à un autre point de vue, la différence est que la conséquence est le lien intellectuel entre les prémisses et la conclusion ; la conclusion, nommée aussi le conséquent, est la proposition même qui est déduite. La conséquence peut être juste et la conclusion fausse, si l'on part de principes faux.

HISTORIQUE

XIVe s. Donc, disent les autres, il faut que cet argument soit leu, et si orrons la conclusion de vos debas et comment il est jugié, Modus, f° CII, verso. Or fault respondre à la raison Qui faict fin et conclusion, ib. f° CXII. Celui qui aime discipline ou mathematiques vers conclusions speculatives, Oresme, Eth. 306. La conclusion s'en suit de necessité, Oresme, ib. 198. Et après l'en doit estudier comme par eulx et de eulx l'en viegne aus termes et as conclusions des sciences, Oresme, ib. XI, 17. Les conclusions de plusieurs sciences sont necessaires, si comme celles de geometrie, Oresme, ib. 66. … Et la conclusion Est telle, beaux seigneurs, que nous vous livrerons Les clefs de la cité…, Guesclin. 8713. En conclusion, il ordonnerent que une preuve s'en feroit loyaument, Bercheure, f° 6.

XVe s. Pour arriver à une telle fin et conclusion, Froissart, II, II, 126. Adieu, court ; je te lesse ; Trop m'as tenu ; et pour conclusion, Foulz la poursuit, et saiges la delesse, Deschamps, Intérieur des cours. Ma dite dame ne peut en cette matiere faire fors tant seulement conclusions civiles ; les conclusions crimineuses appartiennent au procureur du roi, Monstrelet, lîv. I, ch. 48. Les seigneurs qui là estoient prirent conclusion d'estre le lendemain au conseil tous ensemble pour ceste besogne, Fenin, 1407. Les pensées et conclusions [du duc de Bourgogne] estoient grandes, Commines, I, 4. La mort qui depart toutes choses et change toutes conclusions, Commines, III, 9. Pour conclusion, elle les rappella par sottise, Commines, VII, 2.

XVIe s. Sur le poinct de la conclusion [de l'accord], Montaigne, I, 28. Il y a infinis exemples de pareilles conclusions populaires [résolutions], Montaigne, II, 38. Si furent leurs propos à la premiere rencontre les plus gracieux qu'il est possible : mais à la fin la conclusion n'en fut ny belle ny bonne, Amyot, Pomp. 47.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

* CONCLUSION, s. f. (Logiq.) c’est ainsi qu’on appelle la proposition qu’on avoit à prouver, & qu’on déduit des prémisses. Voyez Syllogisme.

On donne aussi le même nom généralement en Logique, Métaphysique, Morale, & Physique scholastiques, aux différentes propositions qu’on y démontre, & aux démonstrations qu’on employe à cet effet. Ainsi l’existence de Dieu est une conclusion de Métaphysique. On intitule en ce sens les theses qui ne sont que des positions de Philosophie redigées par paragraphes, conclusions de Philosophie, conclusiones Philosophiæ.

Conclusion, dans l’art Oratoire, c’est la derniere partie du discours, celle qui le termine. Elle comprend elle-même deux parties, ou pour mieux dire elle a deux sortes de fonctions : la premiere consiste à faire une courte récapitulation des principales preuves : la seconde consiste à exciter dans l’ame des juges ou des auditeurs les sentimens qui peuvent conduire à la persuasion. La premiere partie demande beaucoup de précision, d’adresse, & de discernement, pour ne dire que ce qu’il faut, & pour rappeller en peu de mots & par des tours variés l’essentiel & la substance des preuves qu’on a déployées dans le discours. Mais l’éloquence réserve sa plus grande force pour la seconde partie : c’est par le secours du pathétique qu’elle dommine & qu’elle triomphe. Voyez Anacephaléose, Peroraison, Passion, Récapitulation. (G)

Conclusions, (Jurisp.) sont les fins auxquelles tend une demande formée en justice.

Un huissier prend des conclusions par un exploit de demande.

Les procureurs en prennent par des requêtes verbales & autres, même par des défenses, dires, brevets, & autres procédures ; mais au parlement où la procédure se fait plus regulierement que dans la plûpart des autres tribunaux, on ne reconnoît de conclusions valables en la forme que celles qui sont prises par une requête, & qui sont dans la derniere partie de la requête destinée à contenir les conclusions.

Les avocats prennent aussi des conclusions en plaidant & en écrivant.

Le ministere public prend pareillement des conclusions verbalement & par écrit.

Enfin il y a différentes sortes de conclusions que nous expliquerons chacune séparement.

La forme des conclusions est aussi différente selon les divers objets auxquels elles tendent.

On peut corriger, changer, augmenter ou restraindre ses conclusions tant que les choses sont entieres, c’est-à-dire tant que la partie adverse n’en a pas demandé acte ou qu’il ne lui a pas été octroyé.

Il y a encore un cas où l’on ne peut pas changer ses conclusions, c’est lorsqu’on s’est restraint à la somme de 100 liv. pour être admis à la preuve testimoniale ; on ne peut plus demander l’excédent lorsque la preuve est ordonnée.

Celui qui varie dans ses conclusions & qui occasionne par-là des dépens, doit les supporter comme frais frustratoires.

Conclusions alternatives, sont celles où l’on donne à la partie adverse l’option de deux choses qu’on lui demande.

Conclusions des Avocats sont de deux sortes ; les unes qu’ils prennent en plaidant, les autres en écrivant.

Ils ne peuvent à l’audience prendre d’autres conclusions que celles qui sont portées par leurs pieces, à moins qu’ils ne soient assistés de la partie ou du procureur, auquel cas ils peuvent prendre de nouvelles conclusions sur le barreau, qu’on appelle aussi conclusions judiciaires parce qu’elles sont prises en jugement, c’est-à-dire à l’audience.

Anciennement au parlement de Paris les avocats ne prenoient point les conclusions des causes qu’ils plaidoient ; c’étoit le procureur qui assistoit à la plaidoirie, lequel à la fin de la cause prenoit les conclusions, & l’on n’alloit aux opinions qu’après que les conclusions avoient été prises ; c’est ce que l’on voit dans les anciens arrêts rédigés en Latin, où immédiatement avant le dispositif il est dit postquam conclusum fuit in causâ.

Mais depuis long tems il est d’usage que les conclusions se prennent au commencement de la plaidoirie, ce qui a été introduit afin que les juges connoissent tout d’abord quel est l’objet des faits & des moyens qui vont leur être exposés ; & pour faciliter l’expédition des affaires, on a dispensé les procureurs d’assister à la plaidoirie des avocats, lesquels en conséquence prennent eux-mêmes les conclusions au commencement de la plaidoirie ; & comme en cette partie ils suppléent le procureur absent, il est d’usage qu’ils soient découverts en prenant les conclusions, au lieu qu’en plaidant ils sont toûjours couverts.

Il est néanmoins demeuré quelques vestiges de l’ancien usage, en ce que quand les juges veulent aller aux opinions avant que les plaidoiries soient finies, le président ordonne aux avocats de conclure, sur-tout pour ceux qui n’ont pas encore parlé ; & dans les causes du grand rôle, quoique les avocats prennent leurs conclusions en commençant à plaider au barreau, ils les reprennent en finissant, & pour cet effet descendent du barreau où ils plaident, dans le parquet ou enceinte de l’audience.

Les avocats prennent aussi des conclusions dans les écritures qui sont de leur ministere ; mais pour la validité de la procédure il faut qu’elles soient reprises par requête, parce que le procureur est dominus litis, & a seul le pouvoir d’engager sa partie.

Conclusions sur le barreau, sont celles que les avocats ou les procureurs prennent verbalement sur le barreau, sans qu’elles ayent été prises auparavant par requête ni par aucune autre procédure. Voyez ce qui en est dit dans l’article précédent par rapport aux avocats.

Conclusions conditionnelles, sont celles que l’on ne prend que relativement aux cas & conditions qui y sont exprimés.

Conclusions définitives, sont celles qui tendent à la décision du fond de l’affaire, au lieu que les conclusions interlocutoires ou préparatoires ne tendent qu’à faire ordonner quelque instruction ou procédure qui paroît préalable à la décision du fond.

Le terme de conclusions définitives n’est guere usité qu’en matiere criminelle, où le ministere public après avoir donné de premieres conclusions préparatoires, en donne ensuite de définitives lorsque le procès est instruit. Ces conclusions doivent être données par écrit & cachetées, & elles ne doivent point expliquer les raisons sur lesquelles elles sont fondées. Ordonnance de 1670, tit. 24.

Quand ces conclusions sont à la décharge de l’accusé, elles commencent par ces mots, je n’empêche pour le Roi ; & lorsqu’elles tendent à quelque condamnation elles commencent en ces termes, je requiers pour le Roi ; & si ces conclusions tendent à peine afflictive, l’accusé est interrogé sur la sellette. V. ci-après Conclusions préparatoires.

Conclusions judiciaires ou sur le barreau. Voyez ci-devant Conclusions des Gens du Roi, ou du Ministere public, ou du Parquet, ou du Procureur général, ou du Procureur du Roi, sont celles que le ministere public prend dans les causes & procès, soit civils ou criminels, dans lesquels le Roi, l’Église ou le public sont intéressés. Il y a des tribunaux où le ministere public donne aussi des conclusions dans les affaires des mineurs ; mais cela n’est pas d’usage au parlement de Paris. Voyez Conclusions définitives & Conclusions préparatoires.

Conclusions préparatoires, sont celles qui ne tendent qu’à un interlocutoire, & à faire ordonner quelque instruction ou procédure : ce terme est principalement usité pour les conclusions prises par le ministere public avant ses conclusions définitives. Voyez Conclusions définitives.

Conclusions principales, sont les premieres que l’on prend peur une partie, & dont on demande l’adjudication par préférence aux conclusions qui sont ensuite prises subsidiairement.

Conclusions subsidiaires, sont opposées aux conclusions principales, & ne sont prises que pour le cas où le juge feroit difficulté d’adjuger les premieres : on peut prendre différentes conclusions subsidiaires les unes aux autres ; elles sont principalement usitées dans les tribunaux qui jugent en dernier ressort, parce qu’il faut y défendre à toutes fins ou évenemens. (A)

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Étymologie de « conclusion »

Provenç. conclusio ; espagn. conclusion ; ital. conclusione ; du latin conclusionem, de conclusum, supin de concludere, conclure.

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(Date à préciser) Du latin conclusio, via son accusatif conclusionem[1].
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Phonétique du mot « conclusion »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
conclusion kɔ̃klyzjɔ̃

Fréquence d'apparition du mot « conclusion » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « conclusion »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « conclusion »

  • Un homme perturbé et divisé ne peut aboutir à une conclusion logique.
    Haruki Murakami — 1Q84, Livre 1
  • Pâté. Agent annonciateur d'une conclusion qui a pour nom indigestion.
    Ambrose Bierce — Le dictionnaire du Diable
  • La vie est l'art de tirer des conclusions suffisantes de prémisses insuffisantes.
    Samuel Butler — Notebooks
  • La conclusion résulte souvent de ce moment précis où vous en avez eu marre.
    Anonyme — increvables.com
  • Vivre est un élan hasardeux et il n'y a aucune conclusion à en tirer.
    Marc Gendron — Le Prince de ouaouarons
  • La logique des passions renverse l'ordre traditionnel du raisonnement et place la conclusion avant les prémisses.
    Albert Camus — L'homme révolté
  • Le roman est un genre faux, parce qu'il décrit les passions pour elles-mêmes : la conclusion morale est absente.
    Lautréamont — Poésies
  • Le secret d'une bonne vieillesse n'était rien d'autre que la conclusion d'un pacte honorable avec la solitude.
    Gabriel Garcia Marquez — Cent ans de solitude
  • Le colporteur véloce a un avantage certain sur le marchand qui porte de lourdes charges : le commerce est avant tout et surtout la rapidité dans les déplacements et la conclusion des affaires.
    Massa Makan Diabaté — Le Boucher de Kouta
  • Belle conclusion, et digne de l'exorde !
    Jean Racine — Les Plaideurs, III, 3, Léandre
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Images d'illustration du mot « conclusion »

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Traductions du mot « conclusion »

Langue Traduction
Anglais conclusion
Espagnol conclusión
Italien conclusione
Allemand fazit
Chinois 结论
Arabe خاتمة
Portugais conclusão
Russe вывод
Japonais 結論
Basque ondorio
Corse cunclusione
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Synonymes de « conclusion »

Source : synonymes de conclusion sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « conclusion »

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