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Bref

Variantes Singulier Pluriel
Masculin bref brefs
Féminin brève brèves

Définitions de « bref »

Trésor de la Langue Française informatisé

BREF1, BRÈVE, adj., subst. et adv.

I.− Emploi adj. Qui est court.
A.− [Dans l'espace] Qui a peu de longueur, peu d'étendue.
1. [En parlant du corps]
a) Vx. Qui est de petite taille. Un ancien maître de postes nommé Huguet, mince, bref, bancal, mal peigné (A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 180).
Rem. Pépin le Bref, père de Charlemagne ainsi surnommé à cause de sa petite taille.
b) [En parlant des parties du corps] Qui est court :
1. Songeons que Napoléon était petit, qu'il n'échappait pas au tourment des hommes petits, c'est-à-dire le souci de sa brève stature et de ses attitudes... Colette, La Jumelle noire,1938, p. 41.
2. [En parlant des choses] Qui a peu de longueur, peu d'étendue. Un bref tronçon de rue Vandamme, enclavé par erreur dans le quartier de la Gaîté (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 93).
SYNT. Bref coup d'œil, bref regard, bref sourire; nez bref; brève stature.
B.− [Dans le temps] Usuel. Qui est de courte durée ou se situe au bout d'un court espace de temps. Bref instant, bref silence; à bref délai :
2. Mais elle [Camille] ne pouvait pas comprendre que l'humeur sensuelle de l'homme est une saison brève, dont le retour incertain n'est jamais un recommencement. Colette, La Chatte,1933, p. 136.
Spéc., GRAMM. et PROSODIE. Voyelle brève, syllabe brève. Voyelle, syllabe qu'on prononce rapidement :
3. L'allemand est la seule langue moderne qui ait des syllabes longues et brèves comme le grec et le latin; (...); elle [la durée musicale des sons] est bien plus favorable à la poésie que l'accent, parce qu'elle n'a point d'objet positif et qu'elle donne seulement un plaisir noble et vague comme toutes les jouissances sans but. Mmede Staël, De l'Allemagne,t. 2, 1810, p. 105.
C.− P. ext.
1. [En parlant du style] Qui occupe peu de temps ou d'espace, parce que exprimé en peu de mots, concis (cf. R. Martin du Gard, Souvenirs autobiographiques et littér., 1955, p. XLVI) :
4. Ceci est bref, concis; c'est le style impérial, ennemi des longueurs et des explications. Courier, Pamphlets pol.,Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 15.
2. [En parlant du ton, de la voix] Qui est senti comme sec, tranchant. Voix brève. Ton bref, presque rude (Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1064).
Avoir le ton bref, le parler bref. Manière de parler rapide et décidée. ... dit-elle [Mathilde] avec cette voix vive, brève, et qui n'a rien de féminin, qu'emploient les jeunes femmes de la haute classe (Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 281).
SYNT. Mots brefs, ordres brefs; paroles brèves, phrases brèves.
II.− Emploi subst. fém.
A.− GRAMM., PHONÉT. P. ell. de syllabe brève, voyelle brève (cf. supra I B spéc.) :
5. (... il semble qu'il n'y ait pas de province qui n'ait son « midi », et combien ne rencontre-t-on pas de Savoyards et de Bretons chez qui l'on trouve toutes les douces transpositions de longues et de brèves qui caractérisent les méridionaux!). Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 18.
P. métaph. :
6. Oui, les pleins et les vides sont les longues et les brèves de cette prosodie muette qu'on appelle l'architecture. Ch. Blanc, Gramm. des arts du dessin,1876, p. 97.
Loc. Observer les longues et les brèves. Être précis et cérémonieux dans tout ce qu'on fait.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle.
Il en sait les longues et les brèves. C'est un homme habile, intelligent, qui connaît tous les détails de cette affaire.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que dans Quillet 1965.
B.− MUS. Ancienne figure de note correspondant à une unité de mesure et utilisée notamment en plainchant. Synon. carrée :
7. ... les principales figures de notes [dans la notation musicale, vers le xiesiècle] : (double longue), (longue), ■ (brève), ◆ (semi-brève), valaient chacune deux notes de la figure suivante, et quelquefois trois, comme dans nos triolets. A. Lavignac, La Mus. et les musiciens,1895, p. 458.
Rem. 1. Également M. Brenet, Dict. pratique et théorique de la mus., 1926, p. 298. 2. On rencontre dans la docum. un néol. brévissime, adj. (calqué sur le superl. lat. brevissimus). Qui est très bref. L'instant brévissime de la fraction du pain (Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 126).
III.− Emplois inv.
A.− Empl. comme interj. Enfin, pour le dire en peu de mots! :
8. Aujourd'hui ton père tombe chez moi comme une bombe, et me menace du gendarme; bref, un scandale des mille diables. Demain, j'aurais tout le canton sur les bras. Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 79.
B.− Empl. comme adv. En peu de mots. Parler bref (DG);cf. également Camus, La Peste, 1947, p. 1418) :
9. Monsieur le magister (...) je vous le dis bref et bien : si la douce jeune fille ne repose pas ce soir dans mes bras, à minuit nous nous séparons. Nerval, Faust,1840, p. 110.
Loc. adv. En bref. En résumé :
10. Les membres de l'espèce, oublieux de l'élémentaire, se livrent à de vastes et minutieux préparatifs pour s'entretuer. Ni l'évidence logique, ni l'évidence pratique ne paraissent les convertir à une économie fondamentale jugée aux résultats, largement indépendante des types spéciaux d'organisation, sainement méfiante des orthodoxies fallacieuses. Tel est, en bref, le bilan de l'économie moderne... Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 352.
Rem. En bref empl. seul étant senti comme un néol., on rencontre aussi des loc. verbales du type pour le dire en (très) bref (cf. Id., ibid., p. 653).
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bʀ εf], fém. [-ε:v]. Dernière transcr. des formes brief et briève dans DG : bri-yèf'; bri-yèv'. Ces 2 formes sont transcrites sans yod de passage dans les dict. du xixes. (cf. p. ex. Littré ou Nod. 1844). Enq. : /bʀef, -v/. 2. Forme graph. − Les dict. de Ac. 1798 à Lar. 20e(cf. aussi Quillet 1965) enregistrent en plus de bref la forme brief (briève) avec une rem. Cf. p. ex. dans Lar. 19e: ,,On ne le [brief] dit plus guère qu'au féminin et dans les locutions Briève description, briève narration (...). Il était assez fréquemment usité en termes de Palais.`` Ac. 1932, Lar. encyclop. et Dub. n'enregistrent plus que bref. Rob. consacre encore à brief une simple vedette de renvoi à bref.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− Adj. 1. a) ca 1040 « de peu de durée » (Alexis, éd. G. Paris & L. Pannier, 110c : Bries est cist siecles); b) peu av. 1200 brieve oroison « id. (en parlant du discours) » (La Première Continuation de Perceval, I, 6867 dans IGLF Litt.); d'où fin xves. être bref « faire ou dire, vite » (G. Coquillard, Poésies, ibid.); 2. 1115-30 « petit » brieve figure (Ph. de Thaon, Bestiaire, 1038 dans T.-L.); 3. a) 1549 terme de prosodie (Du Bellay, Deffense et Illustration de la lang. fr., p. 269 dans IGLF Litt.); d'où b) 1680 subst. fém. brève « syllabe brève » (Rich.) [Les formes bref, brève et brief, briève sont encore en concurrence au xvies.; bref, brève l'emporte au xviies. et dès Rich. 1680 la plupart des dict. ne mentionnent plus brief, briève que pour le vocab. de la justice, en partic. dans l'expr. bonne et briève justice]. II.− Adv. 1. 1remoitié xiiies. « dans peu de temps, bientôt » surtout dans les loc. a bref, de bref ou en bref (Aumeri, Passion Ste Catherine, 445 dans T.-L.), la loc. en bref est qualifiée avec ce sens de ,,vieux mot dont on ne se sert plus`` dans Trév. 1704; 2. a) 1403 en brief « en peu de mots » (Chr. de Pisan, Livre du chemin de longue estude, 1367 dans Gdf. Compl.); fin xves. en début de phrase « en résumé, enfin » (G. Coquillard, Poésies, I, 196 dans IGLF Litt.); b) ca 1450 brief en début de phrase « en résumé, enfin » (Myst. du Vieil Testament, IV, 103, ibid.). Déconseillé par Vaugelas (Rem. sur la Lang. fr., éd. Streicher, Paris, Droz, 1934, p. 31), l'adv. s'est pourtant imposé au xviies. (Brunot t. 4, p. 751). I de l'adj. lat. class. brevis, -e attesté au sens gén. de « petit, court » dep. Pacuvius (TLL s.v., 2182, 79, en parlant d'une partie du corps), qualifie ce qui est de peu de durée (Plaute, ibid., 2172, 39) et en partic. les écrits ou les discours (Id., ibid., 2176, 41), attesté comme terme de prosodie (Lucilius, ibid., 2178, 57 : brevis syllaba) ainsi qu'à l'emploi substantivé pour désigner une syll. brève (Cicéron, ibid., 2178, 67). II du même adj. lat. brevis, -e, attesté notamment dans les expr. in breve tempus (Térence dans TLL s.v., 2173, 19) et ad breve tempus (Cicéron, ibid., 2173, 22) au sens de « en peu de temps », souvent réduites à in brevi (Pseudo Cicéron, ibid., 2174, 8) et à ad breve (Suétone, ibid., 2174, 23); in breve au sens de « en peu de mots, en résumé » est attesté dep. Horace (TLL s.v., 2177, 77).
STAT. − Bref. Fréq. abs. littér. : 3 149. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 435, b) 4 651; xxes. : a) 4 530, b) 7 138 Brève. Fréq. abs. littér. : 649. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 254, b) 611; xxes. : a) 1 498, b) 1 314.
BBG. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 275.

BREF2, subst. masc.

A.− Lettre officielle.
1. Anc., rare. Lettre officielle d'un roi, d'un empereur :
1. le héraut. − (...) Je suis porteur d'un bref royal. Lequel de vous Est le seigneur Bertrand du Guesclin?... Coppée, Guerre de cent ans,1878, p. 229.
2. DR. CANONIQUE. Lettre émanant du pape ou de la Pénitencerie, plus courte que la bulle et rédigée sans préambule. Solliciter, obtenir un bref; bref apostolique :
2. On choisit généralement parmi les prélats ou monsignori (...) le Secrétaire des brefs ou lettres pontificales... Stendhal, Rome, Naples et Florence,t. 2, 1817, p. 364.
P. métaph. :
3. ... il [Des Esseintes] avait fait préparer une haute salle, destinée à la réception de ses fournisseurs; ils entraient, s'asseyaient les uns à côté des autres, dans des stalles d'église, et alors il montait dans une chaire magistrale et prêchait le sermon sur le dandysme, adjurant ses bottiers et ses tailleurs de se conformer, de la façon la plus absolue, à ses brefs en matière de coupe, les menaçant d'une excommunication pécuniaire s'ils ne suivaient pas, à la lettre, les instructions contenues dans ses monitoires et ses bulles. Huysmans, À rebours,1884, p. 15.
B.− P. ext. Document officiel.
1. Anc., DR. Lettres de bref. Lettres de chancellerie qu'il était nécessaire d'obtenir pour intenter une action.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que dans Lar. 20eet Lar. encyclop.
2. Anc., MAR. Congé ou passeport qu'il était nécessaire d'obtenir, surtout en Bretagne, pour sortir du port.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que dans DG et Lar. 20e.
C.− LITURG., vx. Petit livre ou calendrier indiquant l'office de chaque jour. Bref à l'usage de Paris, bref à l'usage de Rome. Synon. plus usuel ordo :
4. Ainsi, ceux qui voudront prendre la peine de lire le calendrier latin ou le bref qui guide nos prêtres dans la commémoration des saints et dans la célébration des fêtes, y verront, au 7 octobre, festum sancti Bacchi;... Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 408.
PRONONC. ET ORTH. − Cf. bref1.
ÉTYMOL. ET HIST. − a) Ca 1100 « lettre, message » (Roland, éd. J. Bédier, 341 : Puis li livrat le bastun e le bref [message pour le roi Marsile]); et plus spéc. b) 1557 « rescrit pontifical » (O. de Magny, Souspirs, 103 dans IGLF Litt.). Du lat. brevis, -e (v. bref1); l'adj. lat. a été substantivé au masc. pour désigner un court écrit (Julius Paulus dans TLL s.v., 2179, 16), puis au neutre dep. le vies. (Papyrus Marini Ravennas, ibid., 2179, 74); les premiers brefs pontificaux datent du pontificat d'Eugène IV − 1431-47 − (Giry, Manuel de diplom., Paris, 1894, p. 699), un office nouveau étant créé pour expédier rapidement sous une forme simple les lettres qu'on ne jugeait pas utile de soumettre à toutes les formalités exigées pour les bulles.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 44.
BBG. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 189.

Wiktionnaire

Adjectif - français

bref \bʁɛf\

  1. Court, de peu de durée.
    • Dans les plus brefs délais.
    • Cette relation fut brève.
    • [...] si tant de démagogies concourantes consentaient à nous laisser quelque respiration, c'est à de telles études que je me mettrais en devoir de me précipiter immédiatement, parce que la vie est brève. — (Charles Péguy, Cahiers de la quinzaine, 1906)
  2. (Vieilli) Petit de taille.
    • Pépin le bref.
    • Mon petit copain Julot habite au numéro 9. Je dis petit, car il est bref de taille. — (Édouard Bled, J’avais un an en 1900, Fayard, 1987, Le Livre de Poche, page 43)
  3. (Linguistique) Qualifie une syllabe ou une voyelle qui ne se prononce pas longuement.
    • En français, a était long dans grâce et bref dans race.

Nom commun - ancien français

bref \Prononciation ?\

  1. Variante de brief.

Nom commun - français

bref \bʁɛf\ masculin

  1. Rescrit émané du pape ou du grand pénitencier sur des affaires brèves et succinctes.
    • Il reçut un bref du Pape.
    • Solliciter, obtenir un bref.
    • Le secrétaire des brefs.
    • Bref apostolique.
    • On fait état de brefs qu'auraient donnés les papes Nicolas III en 1277, et Benoît XII en 1334 à des corporations de maçons, leur confirmant un monopole embrassant la chrétienté entière. — (Paul Naudon, Les origines de la Franc-Maçonnerie - Le sacré et le métier, Editions Dervy, 2002, p. 238)
  2. Livret écrit en abréviations qui indique les rubriques du bréviaire pour chaque jour.
    • Un bref à l’usage de Paris, à l’usage de Rome.

Adverbe - français

bref \bʁɛf\ invariable

  1. Enfin ; pour le dire en peu de mots.
    • Choisir un roi jeune, beau et bien portant n’empêchait pas qu’il vieillît, enlaidît, tombât malade, ni qu’il perdît ses vertus, ses qualités morales — bref, qu’il changeât et cessât d’être adéquat. — (Jean-Paul Roux, Le Roi : Mythes et symboles, Fayard, 1995)
    • J'ai repris mes anciennes habitudes. Je sors le soir dans les bars pour rencontrer des gens, y aller à la cool pour m’attirer leur sympathie et essayer d'obtenir des informations, prendre la température du territoire, bref chercher si possible de nouveaux tontons. — (Pierre Folacci, Condé : Un flic à la PJ, La Manufacture de livres, 2017)
  2. (Familier) Promptement.
    • Parler bref, avoir une prononciation prompte, tranchante.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BREF, BRÈVE. adj.
Qui est de peu de durée ou d'étendue. Le temps que vous me donnez est bien bref. Assigner quelqu'un à bref délai. Une réponse brève. Par extension, Cet homme est bref dans ses décisions. Dans Pépin le Bref, il signifie Qui est de petite taille. Il se dit particulièrement, en termes de Grammaire, des Syllabes, des voyelles qu'on prononce rapidement. A est long dans Grâce et bref dans Race.

BRÈVE s'emploie comme nom féminin dans le même sens. En grec et en latin, les brèves et les longues sont très marquées. L'ïambe est composé d'une brève et d'une longue. Avoir le parler bref, la parole brève, S'exprimer en peu de mots ou Parler d'une manière tranchante. On dit aussi dans le même sens Parler, répondre d'un ton bref. Il s'emploie aussi comme adverbe et signifie Enfin, pour le dire en peu de mots. Je vous ai déjà dit que cela ne se peut, que cela ne doit pas être; bref, je ne le veux pas. Fam., Parler bref, Avoir une prononciation prompte, tranchante. Il s'emploie comme nom masculin pour désigner un Rescrit émané du Pape ou du grand pénitencier sur des affaires brèves et succinctes. Il reçut un bref du Pape. Solliciter, obtenir un bref. Le secrétaire des brefs. Bref apostolique. Il se dit aussi d'un Livret écrit en abréviations qui indique les rubriques du bréviaire pour chaque jour. Un bref à l'usage de Paris, à l'usage de Rome.

Littré (1872-1877)

BREF (brèf, brè-v') adj.
  • 1De peu de durée. Dans un bref délai. La vie s'écoule si vite, qu'il ne faut pas laisser passer, dans l'accablement, des jours si brefs, Bossuet, dans LAFAYE, Synonymes.
  • 2Qui s'exprime brièvement. Les circonstances présentes me rendent bref. Être bref. Cette lettre est brève. Je serai plus bref en parlant de… L'accent bref de la colère. Exposition ou relation brève.

    Un parler bref, une parole brève, manière de parler rapide et ordinairement avec décision ou commandement.

    Pour le faire bref, pour faire bref, pour abréger.

  • 3Qu'on prononce rapidement, en parlant d'une syllabe. Rendre brève une syllabe. Se prononcer bref. Les sons brefs. A est bref dans race et long dans grâce. Chez les Grecs et les Romains, la syllabe brève valait la moitié de la syllabe longue. Juré piqueur de diphthongue, Endoctriné de tout point Sur la virgule, le point, La syllabe brève et longue, Piron, Épigr. contre d'Olivet.
  • 4 S. f. Une brève, une syllabe brève. L'ïambe est composé d'une brève et d'une longue.

    Fig. et familièrement. Observer les longues et les brèves, être circonspect, exact, cérémonieux. Il en sait les brèves et les longues, il y est habile, il connaît l'affaire.

    Terme de musique. Note dont la durée est moindre que celle de la note qui précède.

    Autrefois, figure de note qui avait la valeur de deux rondes.

  • 5Bref, adv. En quelques mots. Bref, en vos actions en tout si glorieuses…, Mairet, Sophon. III, 4. Bref, il en fut à grand'peine au douzième, La Fontaine, le Paysan.

    Parler bref, avoir une prononciation rapide et précipitée.

    En bref, loc. adv. En peu de mots. Expliquer les choses en bref.

  • 6Pépin le Bref, Pépin de petite taille. Le langage historique a conservé cette signification, qui ne peut être déplacée ; bref ne se dit que là dans ce sens.

REMARQUE

D'après, Chifflet, Gramm. p. 32, on disait brief, brieveté, brievement, plutôt que bref, breveté, brevement, qui, dit-il, étaient fraîche invention d'un grammairien. On voit que brief est tombé à peu près en désuétude, tandis que brèveté et brèvement n'ont pas duré : l'usage, comme cela est si fréquent, a été inconséquent. Brief était la forme la plus commune dans l'ancienne langue, qui pourtant en faisait un monosyllabe. Au XVIe siècle, Palsgrave, p. 10, remarque qu'on fait entendre l'i et l'f.

SYNONYME

BREF, COURT. Bref a rapport à la durée ; court, à l'étendue. C'est là ce qui distingue ces deux mots. Soyez bref, se dit à quelqu'un qui parle ; soyez court, se dit à quelqu'un qui va écrire ou composer. En effet, être bref c'est prendre peu de temps pour s'expliquer ; être court, c'est tenir peu d'espace sur le papier. Si l'on dit : la vie est si courte, nos jours sont si brefs, on se représente, dans le premier cas, la vie comme une étendue, dans le second, le jour comme une durée.

HISTORIQUE

XIIe s. Cuidant que brefs seit mult lor vie, Benoit de Sainte-Maure, dans RAYN. Lexique. Li briés jors nos destrent [oblige] ke nos abrevions nostre sermon, Saint Bernard, p. 535.

XIIIe s. Il pourquiert ainsi son atour [il fait ses préparatifs] Que il puist mouvoir [partir] à brief jour, Audefroi le Bastard, Romancero, p. 8. Les demandes des douaires sont assez briés, car la feme doit dire…, Beaumanoir, V, 7.

XIVe s. Doncques affin que en brief concluons, se nous faisons les choses dessus dittes, nous pourrons bien le moien de vertu acquerir, Oresme, Eth. 54.

XVe s. Il [le comte de Foix] estoit bref en ses conseils et en ses reponses, Froissart, II, III, 13. … Et fit tant en bref terme que…, Froissart, I, I, 10. Et en bref temps grandement les endommagerent [les palis avec les cognées], Froissart, I, I, 207. Ces deux seigneurs allerent partout regarder et considerer les passages et les destroits, et puis s'en retournerent au roi, et lui dirent à breve parole, que ils ne pouvoient aviser que il pust aucunement approcher les Anglois, qu'il ne perdist ses gens d'avantage, Froissart, I, I, 318. Pour mectre fin à longue guerre par brief champiage de leurs deux puissances ensemble, Chastelain, Chr. du duc Philippe, 80. Et, à brief parler, au jugement de tous, l'honneur de la journée en emporta Bouciquaut, Bouciq. I, ch. 14. … Fut adverty par le feu duc Jehan de Bourbon que de brief la guerre luy seroit commencée, Commines, III, 1. Brief, cest Alphonse eut si grand envie de fuir, que…, Commines, VII, 11. Je reviendrai bref [bientôt], Louis XI, Nouv. XIX.

XVIe s. Ce sont ceux-là [juges] qui en briefs jours Me mettront hors de tes obscurs sejours, Marot, I, 256. N'en y a un, à parler court et brief, Qui lui soit plus intolerable et grief, Marot, I, 313. Luy disant que en brief [bientôt] elle le feroyt piedz neufz, Rabelais, Garg. I, 6. Luy disant que la douleur seroyt briefve, Rabelais, ib. Que Dieu les en puniroyt de brief, Rabelais, ib. I, 26. J'en ay dit en bref ce que le lieu requeroit, Calvin, Instit. 162. Brief, l'infidelité a ouvert la porte à l'ambition, Calvin, ib. 172. Craindre si longtemps chose de si brief temps ! Montaigne, I, 84. Estans assemblez, ils s'avancerent en païs, et, pour le faire bref, ils exploitterent si bien qu'en trois ans ils paracheverent toute leur conqueste, Lanoue, 409. Qui voudra à cette heure considerer le temps qui fut emploié en une si grande conqueste, le trouvera brief, Lanoue, ib. 409. … Mais d'equité, de clemence et d'humanité, et, à brief parler, de toute autre vertu civile et pacifique, ilz n'avoient encore fait voir aucuns exemples, Amyot, Marcell. 30.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

BREF, COURT, SUCCINT, (Gram.) termes relatifs à la quantité ; bref, à la quantité du tems ; court, de l’espace & du tems ; succint, de l’expression. La prononciation d’une syllable est longue ou breve ; un discours est diffus, ou succint ; un article est court ou long.

Bref, s. m. dans plusieurs coûtumes de France, se dit des lettres qu’on obtient en chancellerie, à l’effet d’intenter une action contre quelqu’un. Ainsi on dit dans ces coûtumes un bref de restitution, de rescision. Dans quelques anciennes coûtumes, & même encore à présent en Angleterre, ce terme est synonyme à action.

Par exemple, on appelle en Normandie bref de mariage encombré, une action que la femme a droit d’exercer à l’effet d’être réintegrée dans ses biens dotaux ou matrimoniaux, qui ont été aliénés par son mari. (H)

Brefs apostoliques, sont des lettres que le pape envoye aux princes & aux magistrats pour des affaires publiques. On les appelle ainsi, parce qu’elles sont concises, sans préambule, & sur papier ; au lieu que les bulles sont plus amples, écrites sur du parchemin, & scellées de cire verte ou de plomb. Les brefs ne sont scellés qu’avec de la cire rouge, & sous l’anneau du pêcheur. Ce scel ne s’applique jamais qu’en présence du pape. Voyez Bulle.

Les brefs ont en tête le nom du pape, & ils commencent par ces mots : Dilecto filio salutem, & apostolicam benedictionem, &c. après quoi s’ensuit la matiere qui doit être traitée sans aucun préambule.

Le pape ne signe pas les brefs, & on n’y applique pas son nom au bas, c’est le secrétaire qui signe. Le pape Alexandre VI. établit un college de secrétaires pour les brefs ; depuis ce tems les brefs sont plus longs & plus amples qu’auparavant.

Les brefs n’étoient autrefois envoyés que pour les affaires de justice : mais présentement ils sont employés pour les matieres de benefices, de graces expectatives, & pour les dispenses. (H)

Bref, en terme de Commerce ; on appelle bref état de compte, un compte en abregé, ou qui n’est pas dressé & rendu en forme. Voyez Compte.

Bref, en terme de Commerce de mer, signifie en Bretagne un congé ou permission de naviger.

Il y en a de trois sortes ; bref de sauveté, bref de con duite, & bref de victuailles. Le premier se donne pour être exempt de droit de bris. Voyez Bris : le second, pour être conduit hors des dangers de la côte ; & le troisieme, pour avoir liberté d’acheter des vivres.

On les appelle aussi brieux, & dans le langage ordinaire, on dit, parler aux hébrieux pour obtenir ces brefs. Voyez Brieux. (G)

Bref, en Musique, est un mot qu’on ajoûte quelquefois au-dessus de la note qui finit un air ou un chant, pour marquer que cette finale doit être coupée par un son bref & sec, au lieu de durer toute sa valeur. Voyez Coupé. (S)

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Étymologie de « bref »

(1050) (sous la forme bries) Du latin brevis (« bref, court »).
Note : Une rétroacronymie fantaisiste fait dériver le mot de Bon, Revenons-En aux Faits.
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Provenç. et catal. breu ; espagn. et ital. breve ; de brevis, qui tient au grec βραχύς. Bref se déclinait ainsi : briés au nominatif singulier pour les deux genres, bref au régime singulier.

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Phonétique du mot « bref »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
bref brɛf

Fréquence d'apparition du mot « bref » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Citations contenant le mot « bref »

  • J'accepte, je veux, je consens, j'agrée, j'acquiesce, bref je dis oui.
    Christophe Ono-dit-Biot
  • Dans chaque existence humaine, il vient un jour, une heure, un bref instant où Dieu, tout à coup, daigne apparaître dans toute son évidence et nous tend brusquement la main.
    Roger Martin du Gard — Les Thibault
  • Le présent est toujours très bref, même si certains croient posséder un passé où ils ont accumulé des choses, et un avenir où ils accumuleront plus encore.
    Paulo Coelho — Veronika décide de mourir
  • L’orage A envahi le ciel, l’éclair S’est fait d’un grand cri bref, Et les richesses de la foudre se répandent.
    Yves Bonnefoy — Les Planches courbes
  • Quel que soit ton conseil, qu'il soit bref.
    Horace
  • L'amour est une chose simple, un désir suivi d'un acte bref, et le voilà ramené à ses justes proportions ; tout le reste est littérature.
    Maurice Donnay — Un homme léger
  • Cette chose dont nous ne voyons ni les yeux ni les oreilles, très peu le nez et la tête, bref, notre corps.
    Georg Christoph Lichtenberg
  • En bref, si un tel scénario n’est pas un indicateur de la direction du prix, il peut néanmoins forcer un mouvement dans une direction ou l’autre.
    Revue de la semaine crypto du 22 juin 2020
  • Ce bref réveil du coma a aussi été relaté par son amie la femme d'affaires, Martine Kindt Bell, sur Facebook également. "Des bonnes nouvelles, Hermine a ouvert les yeux hier et elle est restée éveillée pendant une dizaine de minutes, on peut à présent espérer", a-t-elle écrit en légende d'une photo la représentant avec sa complice.
    Hermine de Clermont-Tonnerre : Bref réveil du coma, son ex donne des nouvelles - Purepeople
  • Après l'annonce de sa victoire, M. Martin a prononcé un bref discours.
    Micheal Martin devient Premier ministre d'Irlande_French.news.cn
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Traductions du mot « bref »

Langue Traduction
Anglais brief
Espagnol breve
Italien comunque
Allemand kurz
Portugais enfim
Source : Google Translate API

Synonymes de « bref »

Source : synonymes de bref sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « bref »

Combien de points fait le mot bref au Scrabble ?

Nombre de points du mot bref au scrabble : 9 points

Bref

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