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Accuser

Définitions de « accuser »

Trésor de la Langue Française informatisé

ACCUSER1, verbe trans.

I.− Emploi trans.
A.− DR. Déférer à la justice un individu désigné comme l'auteur d'une infraction, d'un délit ou d'un crime, afin de le faire condamner :
1. Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la loi, et selon les formes qu'elle a prescrites. Déclaration des droits de l'homme,1789, art. 7.
B.− Courant
1. Accuser qqn de qqc.Reprocher, imputer à qqn un défaut, une faute, une action coupable et répréhensible.
[Le compl. d'obj. second. est exprimé, le suj. désigne une pers. ou une chose] ,,On l'accusa d'avoir eu des intelligences avec les ennemis.`` (Ac. 1835-1932) :
2. fabio. − Rassurez-vous, madame! J'ai honte d'avoir fait cet éclat et d'avoir cédé à un premier mouvement de surprise. Vous m'accusez d'imposture, et votre belle bouche ne peut mentir. Vous l'avez dit, je suis fou, j'ai rêvé. G. de Nerval, Les Filles du feu,1854, p. 672.
3. Il ne faut jamais dire aux jeunes gens qu'ils font des enfantillages : rien ne les excite davantage. Et en vérité on ne peut guère accuser la jeunesse d'enfantillages, car elle a une force bouillante et active qui peut amener de grands désastres. Il faut, au contraire, compter sérieusement avec elle. L.-E.-E. Duranty, Le Malheur d'Henriette Gérard,1860, p. 20.
[Le compl. d'obj. second. n'est pas exprimé, le suj. désigne une pers. ou une chose personnifiée] :
4. Voulez-vous de mes jours?... sans cesse je prie, sans cesse je pleure; je n'ose regarder le ciel, la nature entière m'accuse, et la prière, les privations ne me paroissent jamais assez sévères!... H. de Balzac, Annette et le criminel,t. 2, 1824, pp. 179-180.
5. Il disait sans amertume : « j'ai de grands talents, mais on les a pour rien, c'est comme si j'étais un crétin! » Et il se condamnait au lieu d'accuser les hommes. H. de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1848, p. 128.
2. Accuser qqc. de qqc.Reprocher à qqc. un état de fait, une situation (que l'on voudrait voir s'améliorer).
[Le compl. d'obj. second. est exprimé, le suj. désigne une pers. ou une chose] :
6. Emma portait sa lettre au bout du jardin... Rodolphe venait l'y chercher et en plaçait une autre, qu'elle accusait toujours d'être trop courte. G. Flaubert, Madame Bovary,1857, p. 180.
[Le compl. d'obj. second. n'est pas exprimé, le suj. est une pers. ou une chose personnifiée] :
7. Je n'ai pas cru cependant à la nécessité du décret qui vous fut proposé de juger sans désemparer. Ce n'est pas que je me détermine par le motif de ceux qui ont cru que cette mesure accuseroit la justice, ou les principes de la convention nationale. M. Robespierre, Discours,Sur le jugement de Louis XVI t. 9, 1792, p. 186.
8. Accusez les choses, les événements de la vie, ses traverses, mais ne m'accusez pas. Je n'ai jamais cessé un moment d'être le même pour vous. Il est vrai que le devoir, ou ce qui me paraissait tel, m'a poussé en des voies qui, à quelques égards, semblaient nous séparer. F.-R. de Lamennais, Lettres inédites... à la baronne Cottu,1841, p. 311.
Rem. Cf. en emploi abs., le célèbre J'accuse, titre d'un art. d'É. Zola paru dans l'Aurore du 13 janv. 1898 :
9. Aux yeux de notre ami, le fameux article J'accuse... est « l'affirmation courageuse d'une conscience convaincue..., un acte qui fait honneur à l'homme et à l'artiste et ne peut inspirer à tous les esprits impartiaux que de la sympathie. » G. Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 249.
II.− Emploi pronom. [Le compl. d'obj. second. est ou n'est pas exprimé]
A.− Forme réfléchie. S'accuser de qqc.Se reconnaître coupable, se confesser :
10. Mes rêves ne vont pas au-delà des horizons qui bornent ces campagnes. Et pourtant je sens que ma présence à Paris ne vous serait pas tout à fait inutile, je sens qu'en plus d'une occasion je pourrais vous être de quelque secours. Il y a des instants où ma sollicitude s'effraie, où ma tendresse s'épouvante, des instants où je m'accuse d'égoïsme, où je me demande si ma place n'est pas auprès de vous. J. Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 37.
En partic., RELIG. ,,Déclarer ses péchés au prêtre au tribunal de la Pénitence.`` (Ac. t. I 1932). ,,Il faut s'accuser de tous ses péchés`` (Ac. 1798-1932) en confession.
B.− Forme réciproque. S'accuser de qqc.Se reconnaître mutuellement coupable :
11. Ainsi la haine entre les deux partis ne s'était point assoupie; ils continuèrent à s'accuser des crimes les plus odieux. Les Armagnacs rapportaient que le duc de Bourgogne avait formé le dessein de faire tuer à Auxerre les princes d'Orléans et le duc de Berri; qu'il avait communiqué ce projet aux sires de Jacqueville et Désessart; que celui-ci s'était refusé à ce crime, et en avait fait secrètement prévenir les princes. P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 3, 1821-1824, pp. 323-324.

ACCUSER2, verbe trans.

I.− Emploi trans. [Le compl. d'obj. dir. est un inanimé, le suj. est soit un animé, soit un inanimé]
A.− Faire ressortir, mettre en évidence, accentuer :
1. ... les Grecs, avec leur esprit puissamment logique, accentuaient d'instinct l'essentiel. Ils accusaient les traits dominants du type humain. A. Rodin, L'Art,1911, p. 62.
En partic., B.-A. Accuser un contour. ,,Cette locution s'applique surtout, en peinture et en dessin, aux indications énergiquement accentuées soit des draperies qui recouvrent certaines parties des figures, soit des différents plans d'un paysage. On l'emploie aussi pour indiquer que l'artiste a précisé, par un trait ferme et plein, les vagues indications d'une ébauche esquissée à l'aide de traits légers, indécis et interrompus.`` (J. Adeline, Lexique des termes d'art,1884).
B.− Révéler, faire apparaître, laisser paraître :
2. Or, un matin, un mois auparavant, le concierge étant sur sa porte et fumant avec un flegme tout britannique, un jeune homme de vingt-sept à vingt-huit ans, dont la tournure et les vêtements semblaient accuser une origine d'Outre-Manche, lui adressa la parole en anglais et demanda à voir le pavillon. P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 140.
3. ... la nature des roches accuse un mode de sédimentation peu favorable aux organismes. A. de Lapparent, Abrégé de géologie,1886, p. 158.
4. La marquise était vraiment surprenante, toute la classique beauté romaine épanouie, grande, forte, très brune, avec une tête de déesse, aux traits réguliers, un peu massifs, n'accusant son âge que par le duvet dont sa lèvre supérieure était recouverte. É. Zola, Rome,1896, p. 108.
En partic., dans le domaine de la méd. :
5. Souffrit-il beaucoup? Une fois la raison détruite, on peut croire que non. Et pourtant si ces malades n'accusent pas de douleur précise ils font voir une agitation constante bien différente de l'apaisement d'une non-douleur. M. Barrès, Mes cahiers,t. 2, 26 févr.-1ersept. 1898, p. 42.
6. La conscience... accuse des troubles que nous ne serons pas capables de mettre en évidence d'une manière objective. P. Janet, Les Obsessions et la psychasthénie,1903, p. 263.
Loc. : . Accuser réception d'une lettre, d'un paquet... Prévenir l'expéditeur de la réception de son envoi :
7. Le comte Bertrand, en la lui adressant, le priait de vouloir bien lui en accuser réception; mais ce pauvre homme loin d'avoir pu accuser une telle réception, n'avait même pas eu connaissance de la lettre du comte Bertrand. E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 596.
Accuser son point (dans les jeux de cartes). Annoncer :
8. J'accuse un mariage en carreau, j'accuse vingt en trèfle. J. Humbert, Nouveau glossaire genevois,1852, p. 52.
Fam. Accuser le coup. Absol., Accuser. Laisser paraître qu'on est affecté d'une chose (au physique ou au moral) :
9. ... David va à terre. Il n'a pas le temps d'être compté, mais il accuse nettement. A.-O. Grubb, L'Auto,16 avr. 1934, p. 4.
II.− Emploi pronom. Se marquer, s'accentuer, se révéler :
10. Comme il arrivait à cette rue neuve du Vingt-Septembre, ouverte sur le flanc et sur le sommet du Viminal, Pierre fut frappé de la somptuosité lourde des nouveaux palais, où s'accusait le goût héréditaire de l'énorme. É. Zola, Rome,1896, p. 89.
11. Le jour a perdu sa jeunesse et trouvé la plus noble maturité. C'est l'heure où le modelé s'accuse avec le plus de puissance. De minute en minute les ombres bleues s'étendent, cependant que le soleil incliné défend qu'on le regarde et des coulées jaunes commencent de glisser vers le Nil. M. Barrès, Mes cahiers,t. 6, 1907-1908, p. 211.
Rem. Dans ces 2 ex., il s'agit d'un emploi pronom. proche du passif.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [akyze], j'accuse [ʒaky:z]. Enq. : /akyz/. 2. Homon. : accusé adj. et subst. masc. 3. Dér. et composés : accusable, accusataire, accusateur (-trice), accusatif, accusation, accusatoire, accusatoirement, accusée (-ée), accuseur, coaccusé, excuser, réaccuser, récuser. − Rem. Fér. Crit. t. 1 1787 propose accuser ou acuser avec un seul c. Pour le redoublement de c, cf. accabler.
Étymol. ET HIST. I.− Objet animé. 1. xes. terme jur. « mettre en cause, porter accusation contre qqn aux fins de condamnation en justice » (sans indication de motif) (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 203 : Fortment lo vant il acusand, La soa mort mult demandant; et ibid. 215 : Judeu l'acusent, el se tais); 2. id. avec indication de motif, 1155 (Wace, Brut, partie arthurienne, éd. Arnold et Pelan 2148 : Et an semonant te comande Que tu soies an mi aost A Rome a lui, que qu'il te cost, Aparelliez de fere droit De ce que tu li as toloit Si feras satisfaction De ce que nos t'acuseron). II.− Objet inanimé. 1. ca 1152 terme jur. « dénoncer, incriminer (un fait répréhensible) pour exciter la réprobation » (Li dialoge Gregoire lo Pape, éd. W. Fœrster, 15, 3 ds T.-L. : n'acusat pas lo visce del pere de l'abie); 1173 « révéler (le corps d'un délit) » id. (Aiol et Mirabel, éd. W. Fœrster, 9 735 ds T.-L. : ilor fu acussés Uns mout tresgrans tressors qu'il quidoient enbler); 2. ca 1205 « signaler (qqc.) dans un esprit hostile » (Guillaume de Palerne, éd. H. Michelant, 1062 : tot ce qui me plaist refusent Et ce que celer voel acusent). Empr. au lat. jur. accusare au sens I 1 dep. Plaute, Asinaria, 491 ds TLL, 350, 21 (cf. Vulg. Marc., XV, 3 : et accusabant eum summi sacerdotes), au sens I 2 dep. Cicéron, Verr., 2, 43, ibid., 351, 10; ces 2 emplois très attestés en lat. médiév. jur. (ds Mittellat. W. s.v.); au sens II 1 dep. Plaute, Epidicus, 549 ds TLL, 353, 36; cf. Sénèque, Controversiae, 2, 6, 5, ibid., 353, 71 : vitia patris; pas d'équivalent ds Mittellat. W. s.v.; II 2 semble un élargissement de sens de II 1; cf. aussi au sens de « signaler » [part. passé] Leges Wisigoth., 4, 5, 6 ds Mittellat. W. s.v. accusatus, adj. : accusatum sibi negotium destitit iudicare iudex. Hyp. EWFS2qui voit en II 2 [xiie] un développement pop. à partir du lat., en I, II 1 [xiiies.] une réfection de II 2 d'apr. le lat., fait appel à une distinction inutile : I très anciennement attesté, est directement empr. au lat. et non dû à une réfection d'apr. le lat., d'un 1ersens « signaler »; de même II 1; II 2 est une ext. de II 1.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 4 419. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 7 354, b) 6 509; xxes. : a) 6 968, b) 4 836.
BBG. − Bar 1960. − Barr. 1967. − Bénac 1956. − Bible 1912. − Blanche 1857. − Bonnaire 1835. − Hanse 1949. − Lacr. 1963. − Lafon 1963. − Marcel 1938. − Pol. 1868. (s.v. accusation).Réau-Rond. 1951. − Spr. 1967. − St-Edme t. 1 1824. − Thomas 1956.

Wiktionnaire

Verbe - français

accuser \a.ky.ze\ transitif : 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’accuser)

  1. Déférer à la justice quelqu’un comme coupable d’un délit, d’un crime.
    • Toutes les kommandanturs reçurent ce genre de missives et des hommes et des femmes purent être arrêtés, torturés, déportés, fusillés alors qu'ils étaient innocents des faits dont ils étaient accusés. — (Cyr Belcroix, Les conséquences de l’inconséquence, 1918-1946,Éditions Le Relais, 1995, page 139)
  2. (Droit) Poursuivre, en vertu d’un arrêt de la chambre des mises en accusation, une personne devant la Cour d’assises pour la faire déclarer coupable du crime qu’on lui impute et pour obtenir sa condamnation.
    • Dans la logique mentale de leur temps, les magistrats l’accusent et la condamnent de « sorcellerie », crime pour lequel le bourreau l’énuque avec la « hart » de la potence (corde d'infamie). — (Michel Porret, L'ombre du diable: Michée Chauderon, dernière sorcière exécutée à Genève (1652), Éditions Georg, 2009, page 64)
    • S’accuser soi-même, Avouer un crime en justice.
  3. (Par extension) Présenter quelqu’un comme coupable de quelque faute ou de quelque défaut.
    • La veille du jour où il arrêta Eugène sur le cours Sauvaire, il avait publié, dans l’Indépendant, un article terrible sur les menées du clergé, en réponse à un entrefilet de Vuillet, qui accusait les républicains de vouloir démolir les églises. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, ch. III ; réédition 1879, p. 99)
    • Pareille à la Mallonia déshonorée par Tibère et se présentant devant le sénat romain pour accuser son violateur, avant de se poignarder en son désespoir, Henriette entra dans la salle des austères. — (Auguste de Villiers de L'Isle-Adam, Les Demoiselles de Bienfilâtre, dans les Contes cruels, 1883, éd. J. Corti, 1954, vol. 1, p. 8)
    • Pour accuser avec une telle assurance, il fallait qu'existât la preuve indéniable de la félonie de François. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954)
    • Marat vint à la Convention, monta à la tribune, et pistolet sur la tempe menaça de se tuer si la calomnie l’accusant' de la « septembrisade » ne cessait pas. Danton écourta la tragi-comédie. — (Isabelle Siac, Le Talent ou la Vertu, Place Des Éditeurs, 2016)
    • Sauf que cette fois, les numéros pagnolesques devant les caméras ne suffisent plus à conjurer la crise. Gaudin a choqué la population en s'enfermant d'abord dans le déni, allant jusqu'à accuser la pluie. — (Louis Hausalter, A Marseille, l'effondrement du système Gaudin, dans Marianne n° 1132 du 23-29 novembre 2018, page 28)
  4. (Figuré) Indiquer ; présenter.
    • Notre hydravion chargé de 2.600 litres d’essence accusait un poids de 5.500 kilogrammes. — (Jean Mermoz, Mes Vols, p.61, Flammarion, 1937)
    • L’espérance moyenne de vie est de trente ans en Bolivie ou au nord-est du Brésil. Cette situation va s'aggraver, car l'Amérique latine accuse le taux de croissance démographique le plus élevé du monde : 3 %. — (Herbert Marcuse, Le problème de la violence dans l'opposition, dans La fin de l'Utopie, traduction de Liliane Roskoff & Luc Weibel, 1968)
    • Une psychasthénique mysophobe, avec rituels de propreté, n’a accusé aucune amélioration par le R 1625. Il convient cependant de multiplier les essais chez les obsédés-phobiques. — (Acta neurologica et psychiatrica belgica, vol. 59, Société de Médecine mentale de Belgique, 1959, page 355)
  5. Blâmer, reprendre.
    • Accuser le sort.
    • J’accusais sa lenteur, sa paresse.
  6. Servir de preuve, ou au moins d’indice contre quelqu’un ou quelque chose.
    • Seuls, dans un des versants caillouteux de la forêt, deux ou trois vieux hêtres accusaient, par quelques feuilles roussies prématurément, l’arrivée prochaine de l’automne et la mort de l’été. — (Louis Pergaud, Un satyre, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Ce fait vous accuse.
    • Toutes les apparences accusent sa mauvaise intention.
    • Son trouble l’accuse.
  7. (Religion) (Pronominal) Déclarer ses péchés au prêtre.
    • Il faut s’accuser de tous ses péchés. — S’accuser d’avoir offensé Dieu.
  8. (Cartes à jouer) Faire connaître ce que les règles veulent qu’on déclare.
    • Accuser son jeu,
    • Accusez votre point. Absolument,
    • Accusez juste.
    • Vous accusez faux.
  9. (Médecine) Dire ressentir telle douleur, etc.
    • Le malade accuse telle douleur, telle sensation dans telle partie,
  10. Marquer, donner avis qu’on l’a reçu.
    • Accuser réception d’une lettre, d’un paquet, etc.,
    • Accusez-moi réception de ma lettre,
  11. (Art) Indiquer, faire sentir certaines parties ou formes des corps recouvertes par quelque enveloppe.
    • Accuser les os, les muscles sous la peau.
    • Accuser le nu par le pli des draperies. On dit dans le même sens
    • Accuser une ressemblance, une différence.
  12. (Pronominal) Se renforcer, s'aggraver, s'accentuer.
    • Ses pattes-d’oie s’étaient accusées, autre signe de vieillissement, mais il semblait n’avoir rien perdu de sa vitalité. — (Anne MacCaffrey traduit par Simone Hilling, Tous les Weyrs de Pern in La Ballade de Pern V, Pocket, 2012, ISBN 978-2-266-22749-0)
    • Avec la guerre, s'accusent l'affaiblissement de la France en même temps que l'expansion des États-Unis. — (Yvan Lamonde, Émonder et sauver l'arbre, Montréal, Leméac, 2021, p. 142)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ACCUSER. v. tr.
Déférer à la justice quelqu'un comme coupable d'un délit, d'un crime. En termes de Droit criminel actuel, il signifie proprement Poursuivre, en vertu d'un arrêt de la Chambre des mises en accusation, une personne devant la Cour d'assises pour la faire déclarer coupable du crime qu'on lui impute et pour obtenir sa condamnation. Accuser un homme d'assassinat. On l'accusa d'avoir eu des intelligences avec les ennemis. Le crime dont on l'accuse. S'accuser soi-même, Avouer un crime en justice. Par extension, il signifie généralement Présenter quelqu'un comme coupable de quelque faute, de quelque défaut. Je l'accuse de négligence. Accuser une personne à tort. On l'accuse d'avoir fait cette satire. On accuse cette nation de légèreté. Il peut signifier simplement Blâmer, reprendre. Accuser le sort. J'accusais sa lenteur, sa paresse.

ACCUSER se dit encore des Choses et signifie Servir de preuve, ou au moins d'indice contre quelqu'un. Ce fait vous accuse. Toutes les apparences accusent sa mauvaise intention. Son trouble l'accuse. S'accuser en confession, accuser ses péchés, Déclarer ses péchés au prêtre, au tribunal de la Pénitence. Il faut s'accuser de tous ses péchés. S'accuser d'avoir offensé Dieu. En termes de certains jeux de Cartes, Accuser son jeu, En faire connaître ce que les règles veulent qu'on déclare. Accusez votre point. Absolument, Accusez juste. Vous accusez faux. On dit dans un sens analogue, en termes de Médecine, Le malade accuse telle douleur, telle sensation dans telle partie, Il dit qu'il ressent telle douleur, etc. Accuser réception d'une lettre, d'un paquet, etc., Marquer, donner avis qu'on l'a reçu. Accusez-moi réception de ma lettre, ou absolument, Accusez-moi réception. Il signifie, en termes de Peinture et de Sculpture, Indiquer, faire sentir certaines parties ou formes des corps recouvertes par quelque enveloppe. Accuser les os, les muscles sous la peau. Accuser le nu par le pli des draperies. On dit dans le même sens Accuser une ressemblance, une différence. Le participe passé

ACCUSÉ, ÉE, est aussi nom et signifie Celui, celle qui est accusé en justice. L'accusateur et l'accusé. Plus exactement on nomme Accusé, Celui, celle qui est renvoyé devant les tribunaux criminels pour être jugé; jusque-là, il n'est que prévenu. Amenez l'accusé, l'accusée. Accusé de réception, Pièce justificative par laquelle celui à qui on adresse une lettre, un paquet, reconnaît qu'il l'a reçu.

Littré (1872-1877)

ACCUSER (a-ku-sé) v. a.
  • 1Imputer un crime à quelqu'un. Il fut accusé de brigue, de violence. Accuser quelqu'un d'un crime capital. On l'accusa d'avoir fui du combat. Socrate fut accusé de nier les dieux que le peuple adorait. Pour vous justifier du crime dont ma raison vous accusait…, Molière, Fest. de Pierre, I, 3. Je n'accuse personne et vous tiens innocent, Corneille, Rod. V, 4. Ce n'est pas qu'après tout tu doives épouser Celui qu'un père mort t'obligeait d'accuser, Corneille, Cid, IV, 2. D'un amour criminel Phèdre accuse Hippolyte, Racine, Phèd. IV, 2. Je le crois criminel, puisque vous l'accusez, Racine, ib. V, 7.
  • 2Dans le droit criminel actuel, poursuivre, en vertu d'un arrêt de la chambre des mises en accusation, une personne devant la cour d'assises.
  • 3Accuser un acte faux, soutenir qu'un acte est faux.

    Cette locution a vieilli. On dit présentement, arguer un acte de faux.

  • 4En général, imputer, reprocher. Tu pouvais, pour toi, m'accuser de froideur, Molière, l'Étour. I, 6. Il l'avait accusé de discours médisants, Molière, ib. III, 5. Quand vous devez la vie aux soins de ce grand homme, Vous osez l'accuser d'avoir trop fait pour Rome, Voltaire, Catil. V, 1. Ah ! si nous périssons, n'en accusez que vous, Racine, Baj. II, 3. La vie n'était pour lui qu'un esclavage et une triste captivité ; et sans en accuser la Providence ni s'en plaindre…, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 45.
  • 5Gourmander, blâmer. D'Egmont… De l'incertain Mayenne accusait la lenteur, Voltaire, Henr. VIII. Mais avec quel courroux, avec quelle tendresse Mahomet de mes sens accusa la faiblesse ! Voltaire, Fanat. IV, 3. Contre l'effort des vents ces myrtes sans appuis Accusent notre indifférence, Delavigne, Paria, II, 5. N'accuse point mon sort ; c'est toi seul qui l'as fait, Corneille, Cinna, III, 4. Par des ambassadeurs accuser ma paresse, Racine, Mithr. III, 1. Où donc est ce grand cœur dont tantôt l'allégresse Semblait du jour trop long accuser la paresse ? Boileau, Lutr. II. … En vain de ton départ Les tiens impatients accusent le retard, Delille, Énéide, III.
  • 6En parlant des choses, servir de preuve, d'indice. Le fait même l'accuse. Devant les dieux vengeurs, mon désespoir m'accuse, Voltaire, Sémir. I, 5. Voyons qui son amour accusera des deux, Racine, Mithr. III, 4. Et son silence même accusant sa noblesse Nous dit qu'elle nous cache une illustre princesse, Racine, Iph. I, 2. Caché sous des lambeaux, un reste de richesse Semble encor de son rang accuser la noblesse, Ducis, Lear, II, 2.
  • 7À certains jeux de cartes, accuser son jeu, en faire connaître ce que les règles veulent qu'on déclare.
  • 8Accuser juste, accuser faux, être exact, inexact dans son récit. Chamillart convenait que Catinat accusait vrai en tout et partout, Saint-Simon, 105, 120. La renommée accuse juste en contant ce que vous valez, Molière, Préc. 10.
  • 9Accuser une douleur, accuser son âge, dire qu'on sent une douleur, qu'on a tel âge.
  • 10Accuser la réception ou accuser réception d'une lettre, d'un paquet. M. Plet ne nous accusa ni la réception de cette lettre ni celle d'un assez gros paquet que je lui avais adressé, Voltaire, Lettr. Prusse, 35. Je n'ai de temps que pour en accuser la réception, Bossuet, Lettr. Quiét. 190. La plupart commencent par accuser la réception de ma lettre, Sévigné, 243.
  • 11 En termes de peinture, faire sortir certaines parties qui sont recouvertes par quelque enveloppe. Accuser les muscles, les os.
  • 12S'accuser, v. réfl. Se dire coupable. Il s'accuse d'homicide. S'accuser d'une faute, de sa crédulité. Elle s'accusait de ralentir ma marche. Vientelle s'accuser et se perdre elle-même ? Racine, Ph. III, 6. Votre cœur s'accusait de trop de cruauté, Racine, Brit. IV, 3. Je m'accuse, moi-même, d'en avoir trop entendu, Molière, Festin de pierre, I, 3. Je me suis accusé de trop de violence, Corneille, Cid, III, 4.
  • 13S'accuser, déclarer ses péchés au prêtre dans la confession. S'accuser d'avoir rompu le jeûne.

REMARQUE

Régnier a dit : Un rêveur m'accuse Que je ne suis pas net… Sat. II. Cette tournure est insolite, et l'on dit d'habitude de avec l'infinitif : De n'être pas net. Cependant elle n'a rien qui soit fautif en soi.

HISTORIQUE

XIIe s. S'aucuns est acuseis qu'il ait aucun ochis…, Tailliar, Recueil, p. 491. Et feissent deux homes avant venir, qui Naboth acusassent et sur lui testemoniassent que il out mesparlé de Deu meïme et del rei, Rois, 331.

XIIIe s. Cil cui je n'avoie riens mesfait, m'acusoient, Psautier, f. 48. Par iceste maniere bien nous acuserons [nous prouverons notre fait], Berte, 23. Qui est accusé de cas de crieme, il ne se puet defendre par procureur, Beaumanoir, 80. En cas de crieme dont on pot perdre vie ou membre, li acusés n'est pas tenus à jurer, se li cas n'est de gages, Beaumanoir, XX, 9. Li mariages fu après acusés, et fu depeciés [cassé], et fut tenu por malvès, Beaumanoir, XVIII, 18. Tretout ansinc vous dis pour voir [vrai] Que li cristal, sans decevoir, Tout l'estre du vergier accusent à ceux qui dedans l'iaue musent, la Rose, 1569.

XIVe s. Et encore eüst on tout occis et tué, S'il n'eüssent nommé l'englois et accusé Qui les armes pendi de Bertran l'aduré, Guesclin, 19767. Dame, dist Galerans, jà n'aie je pardon, Se je vous en accuse par nulle entention, Baud. de Seb. II, 90.

XVIe s. Ils ne nous accusoient [dénonçaient] jamais aux ennemys, Carloix, V, 6. Ceux qui accusent les hommes de…, Montaigne, I, 11. Les vieux du Senat accuserent [blâmèrent] cette pratique, Montaigne, I, 23. Les mesmes paroles qui accusent [indiquent] ma maladie, Montaigne, I, 34.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ACCUSER. - REM. Ajoutez :

2. Accuser réception a été créé par Balzac, d'après GÉNIN, Variat. p. 315.

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Étymologie de « accuser »

Provenç. accusar ; espagn. acusar ; ital. accusare ; de accusare, de ad, à, et d'un radical sur lequel on a varié. Priscien dit que ce radical est cusare, fréquentatif de cudere, qui veut dire forger. Mais il est plus vraisemblable de le rattacher à causa, cause (voy. ce mot). Ce qui ajoute quelque probabilité à cette étymologie, c'est que Bède dit que accusare s'est aussi écrit avec deux ss, orthographe qui est aussi celle de causa, caussa.

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Du latin accusare, dérivé de causa (« cause »).
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Phonétique du mot « accuser »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
accuser akyze

Fréquence d'apparition du mot « accuser » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « accuser »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « accuser »

  • Chercher à se justifier quand on n’est pas coupable, c’est s’accuser.
    Proverbe arabe
  • J'accuse.
    Émile Zola — l'Aurore
  • Personne n'est obligé de s'accuser lui-même si ce n'est en face de Dieu.
    Proverbe latin
  • Le premier cas de la sagesse est de tout accuser. Le dernier : de tout concilier.
    Georg Christoph Lichtenberg
  • L'odeur d'un coquillage putréfié suffit pour accuser toute la mer.
    Jules Renard — Journal 1887-1892
  • Un croyant qui a perdu la foi, la grâce, pourrait à juste titre accuser Dieu de trahison.
    Emil Michel Cioran — Cahier 1957-1972
  • Il est plus aisé d'accuser un sexe que d'excuser l'autre.
    Michel de Montaigne — Essais
  • Il existe une vieille et sûre recette pour conserver toujours la paix en soi : c'est d'accuser toujours les autres.
    René Daumal
  • Les gens préfèrent s'accuser des pires défauts plutôt que de s'abstenir de leur présence.
    Dominique Blondeau — Les visages de l'enfance
  • Le travail d'équipe est essentiel. En cas d'erreur, ça permet d'accuser quelqu'un d'autre.
    Bernard Menez
Voir toutes les citations du mot « accuser » →

Traductions du mot « accuser »

Langue Traduction
Anglais accuse
Espagnol acusarse
Italien accusare
Allemand beschuldigen
Portugais acusar
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Synonymes de « accuser »

Source : synonymes de accuser sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « accuser »

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