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Répugnance

Variantes Singulier Pluriel
Féminin répugnance répugnances

Définitions de « répugnance »

Trésor de la Langue Française informatisé

RÉPUGNANCE, subst. fém.

[À propos d'une chose, plus rarement d'une pers.] Forte aversion qui pousse à s'en détourner. Synon. répulsion.Répugnance extrême, invincible, marquée, naturelle, profonde, secrète; une vive répugnance; causer, éprouver une (de la) répugnance; surmonter, vaincre la (sa) répugnance.
A. − [La cause est physique, concr.] Sensation d'écœurement, de dégoût provoquée par quelqu'un ou quelque chose. Une répugnance physique; un geste de répugnance; inspirer de la répugnance à qqn. La pauvreté du lait en chlorure de sodium lui donne une action déchlorurante qui explique ses bons effets dans le brightisme (...). Pour vaincre la répugnance que le lait engendre à la longue, on lui associe des légumes verts, des fruits et du pain, salé ou non (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 274).
Répugnance pour + subst.Quelques personnes ont de la répugnance pour le savon (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 201).J'avais une sorte de répugnance pour le vin (Constant, « Cahier rouge », 1830, p. 70).
Répugnance à + inf.Éprouvant une parfaite répugnance à coucher avec elle, il s'en fait dispenser par une ordonnance de médecin (Goncourt, Journal, 1886, p. 589).
B. − [La cause est morale, abstr.]
1. Sentiment qui conduit à refuser quelque chose, à s'y opposer, à s'en détourner; difficulté morale ou déplaisir à faire quelque chose. Synon. réticence.Je vis avec répugnance arriver ce changement de forme à mon nom (Vigny, Mém. inéd., 1863, p. 61).
Répugnance à + subst.Le propre de la sensibilité artistique étant l'amour des réalités concrètes et la répugnance aux conceptions abstraites (Benda, Trahis. clercs, 1927, p. 211).
Avoir répugnance à + subst.Tout le monde, je ne dis pas le peuple, mais l'évêché, les moines, la magistrature, les bourgeois étaient jansénistes en Auvergne. On y eut toujours répugnance aux Jésuites (Barrès, Cahiers, t. 5, 1907, p. 295).
Répugnance à l'égard de + subst.Notre répugnance à l'égard de cette entrée de la parapsychologie dans la mêlée idéologico-politique (Amadou, Parapsychol., 1954, p. 316).Répugnance contre + subst.Il dit sa répugnance contre la grève (Zola, Germinal, 1885, p. 1377).Répugnance devant + subst.Ce qui fait qu'on recule devant les efforts qui rapprocheraient du bien, c'est la répugnance de la chair, mais non pas la répugnance de la chair devant l'effort. C'est la répugnance de la chair devant le bien (S. Weil, Pesanteur, 1943, p. 64).Répugnance pour + subst.Ne pourrions-nous trouver un moyen de concilier votre répugnance pour le mariage, et mes scrupules? (Montherl., Démon bien, 1937, p. 1241).
2. P. ext. Hésitation, manque d'enthousiasme à l'égard de quelque chose. J'avais évité de parler à la fleuriste du père Paturot, de peur qu'elle ne conspirât avec lui pour vaincre mes répugnances au sujet de la bonneterie (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 140).L'armée de métier s'est toujours regardée comme la seule gardienne de l'intégrité du territoire, n'acceptant qu'avec répugnance le contrôle démocratique des élus de la nation (Serv. milit. et réforme arm., 1963, p. 86).
Répugnance à + inf.Avoir répugnance à faire qqc. Ce que les transporteurs routiers ne disent pas (...) est leur répugnance à se trouver sous les ordres d'agents supérieurs de la SNCF, qui les traitent parfois avec une condescendance un peu humiliante (Pineau, S.N.C.F. et transp., 1950, p. 44).
3. PHYS. Répugnance de la cathode. M. Cooper Hewitt a étudié les tubes à vide dès 1895 et a porté spécialement son attention sur les phénomènes qui se manifestent à la surface des électrodes. Il a découvert que la résistance offerte au passage d'un courant par un semblable tube (...) résidait surtout à la surface de la cathode. Il a appelé ce phénomène répugnance de la cathode (Radium, 1905, p. 196).
Prononc. et Orth.: [ʀepyɳ ɑ ̃:s]. Ac. 1694, 1718: repugnance; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) Mil. xiiies. « opposition, incompatibilité » fere [...] repugnance a (Pierre d'Abernun, Le Secré de secrez, éd. O. A. Beckerlegge, vers 408) − 1718, Ac.; b) 1304 « chose incompatible avec une autre » (De termino Sanctae Trinitatis, Year books of the reign of Edward the first, Years XXXII-XXXIII, p. 311, Rer. brit. script. ds Gdf.); 2. 1647 « aversion que l'on éprouve devant quelqu'un, quelque chose » (Rotr.[ou], Venceslas, I, 2 ds Littré). Empr. au lat. class.repugnantia « désaccord, antipathie, incompatibilité, opposition » d'où le sens des 1resattest. du mot en fr. Fréq. abs. littér.: 1 061. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 868, b) 1 849; xxes.: a) 1 385, b) 1 093.

Wiktionnaire

Nom commun - français

répugnance \ʁe.py.ɲɑ̃s\ féminin

  1. Opposition naturelle, éloignement ou répulsion pour quelqu’un ou pour quelque chose.
    • Ce fut donc le clergé qui, à Plassans, mena la réaction. La noblesse devint son prête-nom, rien de plus ; il se cacha derrière elle, il la gourmanda, la dirigea, parvint même à lui rendre une vie factice. Quand il l’eut amenée à vaincre ses répugnances au point de faire cause commune avec la bourgeoisie, il se crut certain de la victoire. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, ch. III ; réédition 1879, p. 88)
    • L’iguane est un plat médiocre, disent les uns, cela sent le reptile. Mais si l'on peut vaincre sa répugnance, cela constitue un plat de résistance et qui vaut bien le singe rouge. Quant à moi, j'en suis très friand ; […]. — (Henri Anatole Coudreau, Chez nos indiens : quatre années dans la Guyane Française, 1887-1891, Librairie Hachette et Cie, 1895, p. 399)
    • Il est vrai, […], que le juifs, plus versés que les prêtres chrétiens dans la connaissance des Écritures, étaient de redoutables controversistes, à ce point que Saint Louis manifesta sa répugnance pour les discussions entre les juifs et les chrétiens insuffisamment instruits : […]. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • Sa nuit de noce n'avait pas été pour elle une nuit d'amour. Elle avait subi son époux sans ardeur et sans répugnance. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans "Trois contes de l'Amour et de la Mort", 1940)
    • Un problème d’incontinence peut ne pas être reconnu étant donné la répugnance de la personne à parler de quelque chose d'aussi privé et d'aussi intime que la fonction urinaire. — (Patricia Gauntlett Beare & Mickey Stanley, Soins infirmiers en gériatrie: Vieillissement normal et pathologique, traduit par Françoise Hallet, De Boeck, 2005, p. 224)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

RÉPUGNANCE. n. f.
Opposition naturelle, éloignement, répulsion pour quelqu'un, pour quelque chose. J'ai une grande répugnance à prendre ce parti. J'ai grande répugnance à cela. Pour moi je n'y ai point de répugnance. Il y a consenti avec répugnance, sans répugnance. Il a de la répugnance au mariage, pour le mariage. Inspirer de la répugnance, un sentiment de répugnance. Je ne saurais surmonter la répugnance que j'ai pour lui. Il faut, dans certains cas, savoir vaincre ses répugnances.

Littré (1872-1877)

RÉPUGNANCE (ré-pu-gnan-s') s. f.
  • 1Sorte d'aversion pour quelqu'un, pour quelque chose, pour faire quelque chose. Je n'ai pour Aristie aucune répugnance, Corneille, Sertor. I, 2. Que j'ai de répugnance à cette lâcheté ! Rotrou, Vencesl. I, 2. Il est certain que les Romains, quoiqu'ils aient condamné Jésus-Christ, ne lui ont jamais reproché aucun crime particulier ; aussi Pilate le condamna-t-il avec répugnance, Bossuet, Hist. II, 12. Les princes alliés eurent d'abord quelque répugnance à mettre Polydamas dans la royauté, Fénelon, Tél. XX. L'élévation a ses assujettissements et ses inquiétudes ; …la piété elle-même, ses répugnances et ses dégoûts, Massillon, Avent, Afflict. Ces résolutions qui vous retrouvent toujours infidèle… ces devoirs auxquels votre cœur offre toujours la même répugnance, Massillon, Carême, Prière. Il m'a paru par les expériences que j'ai faites sur le mélange du chien avec le loup et avec le renard, que la répugnance à l'accouplement venait du loup et du renard plutôt que du chien, c'est-à-dire de l'animal sauvage et non pas de l'animal domestique, Buffon, Quadrup. t. VII, p. 248. Il [l'ouvrage de Montlosier] remua fortement les esprits par les répugnances qu'il soulevait, Aug. Thierry, Consid. sur l'hist. de France, IV. Je ne puis approuver votre répugnance pour ce genre de gouvernement qu'on a nommé représentatif, et que j'appelle, moi, récréatif…, Courier, Pièce diplomatique.
  • 2Contradiction logique, impossibilité. Ce que vous dites touchant le progrès à l'infini, à savoir qu'il n'y a point de répugnance qu'il y ait un tel progrès…, Descartes, Rép. aux 5es object. 37. Ne devez-vous pas rougir d'appuyer une passion qui n'est qu'erreur, que faiblesses et qu'emportement, et dont tous les désordres ont tant de répugnance avec la gloire de notre sexe ? Molière, Princ. d'Él. II, 1. Montaigne est incomparable… pour convaincre si bien la raison de son peu de lumière et de ses égarements, qu'il est difficile, quand on fait un bon usage de ses principes, d'être tenté de trouver des répugnances dans les mystères, Pascal, Entret. avec M. de Saci. Vous y verriez une répugnance et une contradiction si grossière, que vous auriez peine à me croire, Pascal, Prov. I.

HISTORIQUE

XIVe s. Le clerc respont que, sans aucune repugnance [contradiction], une mesme personne peut exercer la jurisdicion espirituelle et temporelle aussi, le Songe du Vergier, II, 50.

XVIe s. Et voyant que la raison fait repugnance à leur nature impetueuse, ils s'appuyent sur la force, Lanoue, 82. Ils viennent à la fin à les porter au col [les serpents], combien que ce soit chose à quoy nature mesme fait quelque repugnance, Lanoue, 137. On pourroit penser qu'entre saint Augustin et nous il y eust quelque repugnance [divergence], Calvin, Instit. 467.

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Étymologie de « répugnance »

Prov. et espag. repugnancia ; ital. repugnanza ; du lat. repugnantia, de repugnare, répugner.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du latin repugnantia (« choses contradictoires », « incompatibilités », « moyen de défense », « arme défensive », « antagonisme », « antipathie », « désaccord », « opposition », « contradiction ») dérivé du verbe repugnare (« résister à », « lutter contre »), formé du préfixe re- qui sert ordinairement à indiquer un sens contraire et de pugnare (« lutter à coup de poing »), lui-même dérivé de pugnus (« poing »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « répugnance »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
répugnance repynjɑ̃s

Fréquence d'apparition du mot « répugnance » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « répugnance »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « répugnance »

  • Les amours les plus durables naissent souvent de mouvements spontanés, et avoués, de répugnance et d'agressivité réciproques.
    Maurice Champagne — Lettres d'amour
  • La mort transforme parfois l'antipathie en amour. C'est ainsi qu'on peut avoir de la répugnance pour le porc vivant et manger avec plaisir du saucisson.
    Paul Masson
  • Nous acquérons, par l'éducation, des connaissances éphémères et des répugnances tenaces.
    Jean Rostand — Pensées d’un biologiste
  • Le PPS, l’Istiqlal et le PAM veulent inciter les jeunes à aller voter en leur promettant des avantages en tous genres, y compris la priorité à l’emploi dans la fonction publique. Ce n’est pas une mauvaise idée car toute créativité est bonne à prendre même celle qui sert à réduire la répugnance envers l’action politique.
    Le360.ma — Les alliances politiques, c'est d'abord des engagements et de l'éthique | www.le360.ma
  • Celui qui n'a pas nos répugnances nous répugne.
    Paul Valéry — Mélange, Gallimard
  • La nouvelle affaire d'insultes racistes et de mauvais traitements au dépôt du Palais de Justice de Paris démontre une fois de plus l'inertie de l'institution policière et sa répugnance à se débarrasser de ses brebis galeuses.
    Club de Mediapart — Violences policières | Le Club de Mediapart
  • À propos de la rencontre à Montoire entre Philippe Pétain et Adolf Hitler, le 24 octobre 1940, où fut décidé le principe de la collaboration, Pierre Laval raconte encore : « Je ne l’ai pas emmené de force. Il n’a pas exprimé de répugnance ».
    Le Telegramme — Il y a 75 ans, le maréchal Pétain se présentait devant ses juges - Histoire - Le Télégramme
  • Malgré la répugnance de Raymond Radiguet pour toute chose d’ordre monstrueux et pour les enfants prodiges — à quinze ans il s’en prêtait dix-neuf — il convient de rappeler que ses poèmes furent écrits entre quatorze et dix-sept ans.
    Le Bal du comte d’Orgel — Préface
  • Et quant à vous, la répugnance que vous aurez surmontée et cachée sera moindre la prochaine fois, et nulle la troisième.
    Georges Sand — La petite Fadette

Traductions du mot « répugnance »

Langue Traduction
Anglais repugnance
Espagnol repugnancia
Italien ripugnanza
Allemand abscheu
Chinois 讨厌
Arabe نفور
Portugais repugnância
Russe нерасположение
Japonais 嫌悪
Basque nazka
Corse repugnanza
Source : Google Translate API

Antonymes de « répugnance »

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Nombre de points du mot répugnance au scrabble : 14 points

Répugnance

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