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Ville

Variantes Singulier Pluriel
Féminin ville villes

Définitions de « ville »

Trésor de la Langue Française informatisé

VILLE, subst. fém.

A. −
1. Agglomération relativement importante dont les habitants ont des activités professionnelles diversifiées, notamment dans le secteur tertiaire. Synon. agglomération* urbaine, cité.Belle, nouvelle ville; ville maritime, industrielle, portuaire, touristique; ville de province; centre, cœur, faubourg, quartier de la ville; habiter la ville; habiter, travailler, vivre à la/en ville. Il lui apportait comme un présent magnifique un monde éblouissant, la magie des villes; il la délivrerait de l'accablement de la campagne glacée et des bois sombres (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 197).V. agglomération ex. 20, 21, 22, 23, 27, banlieue ex. 4, campagne ex. 1, 3.
Par personnification. Poumons de la ville. Entendre la voix naturelle de la ville lointaine et bavarde, (...) comprendre le sens mystérieux de sa voix sans mots (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1907, p. 56).
2. Spécialement
a) HIST. (en partic. au Moy. Âge)
[En parlant d'une agglomération gén. fortifiée] Synon. cité.Enceinte, murs, portes, remparts de la ville; armoiries, blason d'une ville. Klotz avait défendu au peuple de Paris de chanter l'Internationale au Père-Lachaise, puis, pris de peur, avait permis cette démonstration dans les fossés de la ville, hors de la ville, comme si son pouvoir se fût arrêté aux murs (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 336).V. clef I B 1 ex. de Lorrain, fossé A 1 ex. de Du Camp, rempart A 1 ex. de Pourrat.
Ville forte, fortifiée. Ville entourée d'une enceinte, de remparts. Anton. ville ouverte*.La partie de la vallée du Gave où réapparaissent les roches calcaires, propres à édifier châteaux et villes fortes (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 361).Le décret du 27 germinal expulsa les nobles et les étrangers de Paris et des villes fortifiées (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 420).
Tour de ville. Boulevard circulaire autour d'une ville. À Goettingen, les remparts constituent une promenade, un « tour de ville » célèbre (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 104).SPECTACLES. Défilé, cavalcade, parade. La « parade » et le « tour de ville », si spectaculaires, ont pour objet principal de recruter des spectateurs (Hist. spect.,1965, p. 1528).
DROIT Ville franche. V. franc3I B.Ville affranchie. La moralité finaliste s'affirme (...) dans les villes affranchies tout particulièrement (elles sont très agitées par les luttes entre les groupes qui les constituent) (Traité sociol.,1968, p. 165).
Bonne ville. Ville fortifiée, importante; en partic., ville privilégiée ayant des magistrats jurés et tenant du roi le droit de bourgeoisie avec affranchissement de la taille. Il était aussi réglé que tous les seigneurs du sang royal, les gens d'église, les nobles et les gens des bonnes villes se soumettraient, et jureraient aussi bienveillance, union et concorde (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 4, 1821-24, p. 242).
Ville consulaire. ,,Commune du Midi de la France qui était administrée par un corps de consuls`` (GDEL). Ville impériale. V. impérial I A 1.Ville libre*. Ville royale. ,,Ville dont la seigneurie et la justice appartenaient au roi`` (GDEL). Ville seigneuriale. ,,Ville où le seigneur avait un droit de justice`` (GDEL). Ville hanséatique*.
b) ADMIN. RELIG. Ville métropolitaine. Ville qui est une métropole, qui est le siège d'un archevêché, capitale d'une province ecclésiastique. V. métropolitain1A 1 ex. de Chateaubriand.
c) ART MILIT. Ville bombardée, détruite, envahie, investie, occupée, rasée, saccagée; ville martyre; assiéger, prendre une ville; possession, siège d'une ville. Ils prêtèrent serment de (...) s'entendre avec lui pour la garde, la conservation et la défense de la ville (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 4, 1821-24p. 278).
Ville ouverte*. Anton. ville forte, fortifiée (supra).
Loc. fig., vieilli. Loc. verb., fam. Avoir ville gagnée. Avoir surmonté les difficultés, être maître de la situation. V. gagner II B 3 ex. de Fabre.Loc. proverbiales. Ville qui parlemente est à demi/à moitié rendue. V. parlementer.,,Villes et filles qui parlementent sont à moitié rendues; ville prise, château rendu``. (Ds Rey-Chantr. Expr. 1979).
d) JEU (de dames). Un jeu qui était (...) très anciennement en usage chez les Romains était le jeu de la ville, ainsi nommé parce que toutes les combinaisons rappelaient les péripéties d'un siège et la lutte établie entre les assiégeants et les assiégés (D'Allemagne, Récr. et passe-temps, 1904, p. 51).
3. Le plus souvent dans le domaine de l'admin., de l'urban.
α) Ville + adj.
Ville artificielle, créée. Anton. ville naturelle, spontanée (infra).Les villes spontanées seront pour nous celles qui ne se sont pas développées suivant un plan arrêté d'avance. Nous réserverons aux autres le nom de villes créées (P. Lavedan, Urban.,1926, p. 22).
Grande ville. Agglomération urbaine importante. Au Moyen-Âge, la « grande ville » avait 10 000 habitants. Aujourd'hui, il lui faut dix fois plus pour mériter ce titre (Univers écon. et soc.,1960, p. 6-15):
1. Un centre urbain voisin de Paris ou de Londres aura des chances de rester stationnaire, à moins qu'il ne soit très voisin (...) de l'agglomération centrale, à moins qu'il ne soit précisément situé dans sa zone d'extension. La grande ville se vide même en son centre, fait qui se vérifie à Paris comme à Londres. Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 222.
Villes jumelles, jumelées. ,,Deux villes contiguës associées par leur économie, tout en étant distinctes. Cas des villes séparées par un fleuve`` (George 1984).
Ville morte. Ville sans présence ou activité humaine. Même dans les villes mortes, la place vaste et irrégulière, faite pour les rassemblements populaires, évoque le souvenir des foules d'autrefois (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 82).En partic., mod. Ville dont toute activité commerciale, industrielle est arrêtée en signe de protestation et comme moyen de revendication. Journée ville morte. À Longwy, elle aussi « ville morte », autre climat. Il est 9 heures vendredi matin, sur la grand-place. Dans le jour gris et froid, une trentaine de jeunes militants (...), le visage dissimulé par un passe-montagne, s'attaquent à la grande porte aux barreaux de fer de l'immeuble de l'Union patronale (Le Point,19 févr. 1979, p. 32, col. 3).
Ville moyenne. Les divers auteurs, du moins en Europe occidentale, parlent de ville moyenne pour une agglomération de 20 000 à 200 000 habitants, ayant des fonctions diversifiées et exerçant un certain rayonnement (CabanneGéogr.1984).
Ville naturelle, spontanée. Anton. ville artificielle, créée (supra).Pour l'organisation des espaces libres, en particulier l'aménagement artistique ou utilitaire de la place publique, il n'y a plus de différence entre villes spontanées et villes artificielles (P. Lavedan, Urban.,1926p. 6).
Ville neuve, nouvelle. Ensemble urbain ne résultant pas de l'extension d'une agglomération existante mais d'une création autonome dans laquelle est prévu le développement simultané des fonctions économiques et de résidence. Ville nouvelle de Cergy-Pontoise, de Marne-La-Vallée. En 1960-1961 (...), le loyer annuel d'un HLM de 3 pièces dans une ville neuve de 10 000 habitants, devrait s'établir à 500 000 anciens francs pour équilibrer l'ensemble des dépenses (Gds ensembles habit.,1963, p. 23).Jean-Pierre Fourcade veut faire dans les villes nouvelles un test de grande dimension (15 000 maisons) pour réconcilier la ville et la maison (Le Point,11 juill. 1977, p. 58, col. 1).
Ville sainte. Synon. de cité* sainte.La ville sainte de Jérusalem, de Rome. La Mecque est la ville sainte des musulmans (Quillet1965).
Ville tentaculaire*.
Ville universitaire. Ville possédant une université. Les autres villes universitaires britanniques, Cambridge, Oxford, Édimbourg, constituèrent aussi progressivement de riches collections [de météorites] (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 369).
Ville verte. Ville pourvue de nombreux espaces verts. Synon. ville-jardin, ville verdure (infra).Les agglomérations tendront à devenir des villes vertes (Le Corbusier, Chartes Ath.,1957, p. 45).
La Ville éternelle*.
En partic. Partie d'une agglomération constituant une entité particulière. Synon. quartier.
Ville basse. V. bas1I A 2 a.Basse(-)ville. Quartier bas d'une ville qui possède une individualité. Anton. ville haute (infra).Enragé libéral (...), Petit-Claud fut le promoteur, l'âme et le conseil secret de l'opposition de la basse-ville, opprimée par l'aristocratie de la ville haute (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 682).V. bas1ex. 15 et cité ex. 14.
Ville haute. V. haut1I A 7 b.Anton. ville basse, basse(-)ville (supra).
Vieille(-)ville, ville(-)vieille. Quartier le plus ancien de la ville, généralement central. Habiter, visiter la vieille ville; rénovation de la vieille ville. Statuts déposés, bureau désigné, la très officielle « Vivre en vieille ville » est née, association créée par une poignée d'habitants « constatant le besoin d'amélioration de la qualité de la vie en ville vieille » (L'Est Républicain,25 févr. 1991, p. 605, col. 5).
β) Ville + subst.[Ville, 1erélém. de compos. entrant dans la formation de subst. comp. dont le 2eélém., le plus souvent relié par un trait d'union, indique une fonction, une caractéristique de la ville ou du type d'agglomération considéré]
Ville(-)capitale. Capitale. Accroître l'emprise de Chirac sur la ville-capitale n'aurait certes pas d'incidence politique sur le présent (Le Nouvel Observateur,25 févr. 1983, p. 24, col. 1).V. capitale1ex. 1.
Ville(-)carrefour. Ville qui, grâce à sa situation géographique et/ou à la diversité de sa population est le point de rencontre d'éléments divers ou opposés. Jane Jacobs (...) défend (...) la ville odorante, diverse, grouillante, multiraciale, la ville carrefour (La Nef,juin 1970, p. 43 ds Quem. DDL t. 24).Paris, pour moi, c'est encore et toujours le pays des libertés, de pensée, de circulation. Plus qu'un simple lieu, qu'un point sur une carte, cette ville-carrefour ouvre sur l'univers (Le Nouvel Observateur,19 juill. 1980, p. 62, col. 2).
Ville carrefour de qqc. Ville point central de quelque chose. Car Marseille est aujourd'hui la ville-carrefour du trafic de la drogue. C'est un Chicago, dans un autre genre (Le Nouvel Observateur,11 juin 1966, p. 18 ds Quem. DDL t. 24).
Ville(-)centre. Anton. de ville de banlieue (infra).Nos villes-centres et leurs banlieues tendent à se développer en différenciant de plus en plus leurs deux organismes (M. Simart, inMercure de France,16 mars 1917, pp. 203-204 ds Quem. DDL t. 15).
Ville(-)champignon. V. champignon B 4.Sydney a été bâtie sans nul souci d'harmonie géométrique. La conception des villes-champignons était en effet ignorée à l'époque de sir Phillip (Cottreau, Le Chartier,Indes, Extrême-Orient, Océanie,1911,p. 160, ibid.).
Ville-dortoir. Synon. de cité-dortoir (v. cité II B 2 b).Une nouvelle fois, Soweto, la ville-dortoir qui abrite un million de Noirs, s'est soulevée (Le Nouvel Observateur,27 sept. 1976, p. 38, col. 4).
Ville-jardin, ville-verdure. Synon. de ville verte (supra), cité-jardin.La ville-jardin de Roissy, un ensemble de 1 500 pavillons, un des plus importants réalisés en Île-de-France (L'Express,9 mai 1977, p. 174, col. 2).
Ville-musée. Ville possédant de nombreux monuments historiques ou musées. Ni ville-musée ni cité-dortoir, elle [Dijon] a réussi, mieux peut-être qu'aucune ville de France, à faire coexister les vieilles pierres et l'eau chaude aux étages (L'Express,6 sept. 1980, p. 182, col. 1).
Ville-phare. Ville importante au point de vue économique, etc. dans une région. La ville, c'est Lens: 40 000 habitants, la ville-phare du bassin minier, ceinturée de ses tristes cités minières en brique rouge (Le Point,31 janv. 1977, p. 40, col. 1).
Ville-satellite. V. satellite II A.
La Ville Lumière. Paris. C'est grâce à mes pareils que cette ville [Paris] mérite de s'appeler la ville lumière (Larbaud, F. Marquez,1911, p. 156).
γ) Ville de + subst.
Ville de banlieue. Agglomération urbaine périphérique à une ville-centre plus importante. Anton. ville-centre (supra).Jusqu'en 1914, le port de Paris desservait non seulement les besoins de la ville, mais aussi ceux des villes de banlieue (Nav. intér. Fr.,1952, p. 54).
Ville d'eaux. Station thermale. M. d'Orsel se rendait à une ville d'eaux, sous prétexte de promenade et de santé (Fromentin, Dominique,1863, p. 85).
δ) [Ville, 2eélém. de compos. entrant dans la formation de subst. comp. dont le 1erélém. indique une fonction, une caractéristique de la ville ou du type d'agglomération considérée] Centre-ville. Partie centrale d'une ville. Habiter le centre-ville; travailler, vivre au centre-ville. Au beau milieu de ces constellations formées de dizaines de cités satellites, les centres-villes sont obligés de financer des équipements (...) qui servent à tous. Et notamment à ces cités suburbaines qui (...) ,,profitent de la « ville centre » un peu comme le gui sur la branche`` (Le Point,11 oct. 1976, p. 96, col. 3).
B. − P. méton.
1. Ensemble des habitants d'une ville. Dires, racontars de la ville; toute la ville en parle, est en émoi, en fête. Il disait comment la foudre, une seconde fois, venait d'éclater sur Paris, le 3 septembre: les espérances broyées, la ville ignorante, confiante, abattue sous cet écrasement du destin (Zola, Débâcle,1892, p. 497):
2. ... les poèmes [de Boris et d'Oleg] paraissaient le lendemain matin dans les deux journaux rivaux de la ville et toute la ville s'en gaussait car les deux poèmes étaient adressés à la même femme (...), et comme pour la politique la ville se scindait en deux, et il y avait les partisans de Boris et il y avait les partisans d'Oleg... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 223.
En partic., vx. [P. oppos. à la Cour, à Versailles ou à la province] Paris et la vie mondaine, sociale, intellectuelle qu'on y mène; la bourgeoisie parisienne. Quelle gloire pour une compagnie, que de donner ainsi le ton et de régner sur l'uniforme! La faveur de la ville et de la Cour, les applaudissements de la foule (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 175).
2. [P. oppos. à la campagne] Manière de vivre des habitants des villes; séjour que l'on fait en ville. Préférer la ville à la campagne; la ville énerve, fatigue. Changeant toujours de dégoûts et d'asile, Il accuse les champs, il accuse la ville; Tous deux sont innocents (Delille, Homme des champs,1800, p. 35).
C. − Locutions
1. À la ville, en ville, loc. adv.
a) [P. oppos. à la campagne, aux champs, au village]
α) Dans la ville, dans une ville; à l'intérieur de l'agglomération où l'on est; dans le centre, dans la partie la plus commerçante. Aller; habiter, vivre en ville; article que l'on trouve en ville; faire un tour en ville. Elle me rejoindra dans la tombe... piètre rendez-vous! J'aimerais mieux une chambre en ville (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 88).
Loc. proverbiales fig., vieilli. Être aux champs et à la ville (v. champ1I A). Avoir un œil aux champs et l'autre à la ville (v. champ1I A).
En partic. En ville
[Gén. sous la forme de l'abrév. E.V.] Mention portée sur l'enveloppe d'une lettre quand celle-ci n'est pas adressée par la voie postale mais directement déposée par quelqu'un dans la boîte du destinataire. (Dict. xxes.).
Hors de chez soi; dans un restaurant, un théâtre, chez des amis. Faire des visites en ville. Excepté quand il déjeunait en ville, il ne quittait donc jamais son lit avant onze heures (Miomandre, Écrit sur eau,1908p. 96).Le soir, ils sortent, ils sont en ville (GDEL).
Dîner en ville. Dîner mondain rassemblant des personnalités littéraires ou politiques, des notables de la ville, etc. L'ambassadeur avait été habitué autrefois dans la diplomatie à considérer les dîners en ville comme faisant partie de ses fonctions, et à y déployer une grâce invétérée (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 438).Dîner en ville. Participer à un dîner mondain. Je dîne tous les soirs en ville avec des dames décolletées (...) et avec des messieurs qui rient tout le temps par politesse (Blanche, Modèles,1928, p. 42).
Dîneur en ville. Personnage mondain qui participe à ce genre de dîner. Cet artiste rare [Henry James] fut avant tout un homme de salon, comme Marcel Proust, un « dîneur en ville » (Blanche, Modèles,1928p. 149).
β) Dans la ville voisine, dans celle dont on parle. Aller à la ville, en ville; vendre ses bêtes à la ville, en ville. Dans ses voyages à la ville, elle brocanterait des babioles, que M. Lheureux, à défaut d'autres, lui prendrait certainement (Flaub., MmeBovary,t. 2, 1857, p. 139).
b) [P. oppos. à l'écran, à la scène; à propos d'un comédien] À la ville. Dans la vie quotidienne ou dans la vie privée. MmeX à la ville. Vedette habillée à la ville par un petit couturier de quartier (GDEL).
2. De la ville, des villes, loc. adj. [Gén. avec valeur caractérisante; en parlant d'une pers. ou de son comportement; p. oppos. à campagnard, rural, villageois] Synon. citadin.Fille, homme, personne de la ville, des villes. Je te dis que cette petite doit être flattée, qu'elle doit s'estimer heureuse de penser qu'un monsieur de la ville a jeté les yeux sur elle (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 215).Les jeunes filles des villes l'eussent trouvée niaise; mais elle n'était que simple et sincère, et proche de la nature, qui ignore les mots (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 192).
3. De ville, loc. adj.
a) Gaz* de ville.
b) [En parlant d'une chose concr.]
α) Vieilli. Pour la vie en ville. Anton. de campagne.J'ai à Milan une voiture à la fois de ville et de campagne (Napoléon ier, Lettres Joséph.,1796, p. 52).La maison de ville, comme la maison de campagne, n'avaient à se prémunir que contre le dehors (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 272).
β) [En parlant d'un élément vestimentaire; p. oppos. à de cérémonie, de soirée, d'intérieur, de sport, de travail] Costume, habit, tenue, toilette de ville. Après avoir parcouru en chaussures de ville les allées cirées du dortoir (Billy, Introïbo,1939, p. 24).
En appos. avec valeur d'adj. inv. [Le plus souvent relié au 1erélém. par un trait d'union] Complet(-)ville. Étéla liberté, dont le premier signe est pour nous d'abandonner tous les vêtements-carcans, les vêtements-bureau, vêtements-ville qui nous briment toujours un peu (Elle,30 juill. 1979, p. 2, col. 1).Nos produits, chaussures de sport et chaussures « hommes ville » sont principalement distribués auprès des détaillants et succursalistes (Le Point,29 oct. 1984, p. 157).
c) Spécialement
α) IMPR., TYPOGR. Ouvrage*, travail* de ville. Synon. de bibelot (v. ce mot C 2), bilboquet (v. ce mot B 1). Anton. labeur (v. ce mot B 1).
β) MÉD. Médecine de ville. ,,Médecine exercée par les praticiens libéraux par opposition à la médecine hospitalière ou de dispensaire`` (GDEL). Honoraire de ville. Anton. de honoraire hospitalier*, d'hôpital.L'arrêté interministériel du 5 janvier 1948 (...) a posé comme principe que les honoraires médicaux à l'hôpital seraient établis sur la base des honoraires dits de ville (Organ. hospit. Fr.,1957, p. 16).
D. − Administration municipale; personne morale que constitue la municipalité. La ville et l'État; budget, emprunt de la ville; projets, travaux de la ville. Je viens du bureau des échevins, autrement dit bureau de la ville. La municipalité vous refuse votre alignement (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 250).Être chauffé par la ville; personnel de la ville (GDEL).
Vx. Corps de ville. Ensemble des magistrats municipaux. Le corps de ville fut présenté au roi (Ac.1835).
De ville, loc. adj. Hôtel* de ville ou maison* de ville (vieilli). Sergent* de ville. Tambour* de ville (vieilli).
REM. 1.
Villasse, subst. fém.,fam., péj., rare. Ville désagréable, mal bâtie ou peu peuplée. Crémone est une grande villasse où l'on meurt d'ennui et de chaleur (Stendhal, Journal,t. 1, 1801-02, p. 21).
2.
Baise-en-ville, subst. masc.,arg., fam. ,,Petit nécessaire de voyage (sac, petite valise) qui contient ce qu'il faut pour passer la nuit hors de chez soi`` (Cellard-Rey 1980). Avec salle de bains? me demande la dame de la réception. Il n'y a plus qu'en France qu'une telle alternative est offerte! (...) Elle me file le 12. Un groom me monte mon petit baise-en-ville avec une mine dégoûtée (San Antonio,Passez-moi la Joconde,1954,p. 130, ds Cellard-Rey 1980).
Prononc. et Orth.: [vil]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xes. vile « réunion de maisons habitées, disposées par rues » ici, désigne une petite agglomération (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 18: vil' es [Betfage] desoz mont Olivet; cf. Hjerusalem qualifié de ciptad, ibid., 49 et passim); v. H. Baader ds Mél. Gamillscheg (E.) 1968, pp. 35-48; ca 1100 désigne une agglomération importante, ici Saragosse (Roland, éd. J. Bédier, 3660); spéc. 1549 habit d'homme de ville (Est., s.v. habit); 2. fin xiies. vile « propriété rurale » (Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, 2777) seulement a. et m. fr., v. FEW t. 14, p. 449b. Du lat. villa « maison de campagne, propriété rurale » qui prit dès les ve-vies. le sens de « groupe de maisons adossées à la villa », c'est-à-dire à peu près « village » (St Augustin et St Jérôme ds Blaise Lat. chrét.; v. FEW t. 14, pp. 451b-452a). Fréq. abs. littér.: 24 328. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 41 132, b) 41 510; xxes.: a) 29 360, b) 28 465.
DÉR. 1.
Villette, subst. fém.,fam., vieilli. Petite ville. Après un grand nombre de zigzags dans l'Apennin, de Narni à Terni, je suis arrivé dans cette villette par un clair de lune à neuf heures du soir (Stendhal, Corresp.,t. 2, 1825, p. 409).En partic. ,,Commune suburbaine possédant de 10 à 20 000 habitants vivant en majorité en maisons individuelles (opposé à grand ensemble)`` (Rob. 1985). ,,Ce mot, conservé dans certains noms de lieu, est remplacé dans la langue courante par petite ville`` (Lar. Lang. fr.). [vilεt]. Att. ds Ac. 1762-1878. 1reattest. fin xiies. vilete « petite ville » (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, p. 54, 24); de ville*, suff. -ette (-et*).
2.
Villotte, subst. fém.a) Fam. Synon. de villette (supra).Malgré le mauvais an, le grand marché d'été a rempli la villotte. Il y a des hommes et des chars sur toutes les routes, des femmes avec des paquets, des enfants habillés de dimanche (Giono, Regain,1930, p. 184).P. méton. Ensemble des habitants d'une villotte. Toute la villotte attendait donc le fonctionnaire qui devait l'éblouir de son éloquence (La Varende, Trois. jour,1947, p. 201).b) Vx, fam. ou région. (Normandie), agric. Synon. de moyette. (Dict. xixes.; ds Lar. encyclop., Quillet 1965, Lar. Lang. fr.). [vilɔt]. 1reattest. 1561 (Du Pinet, Dioscoride, V, 73, éd. 1605 ds Gdf.); de ville*, suff. -otte (-ot*).
3.
Vil(l)otier, -ière,(Vilotier, Villotier) subst.,vx, littér., péj. [La ville étant parfois considérée comme un lieu de débauche et de perdition; le plus souvent à propos d'une femme] Personne débauchée, libertine. Vous avez un rendez-vous ce soir. Oui, répondit Phœbus (...). Chez la Falourdel (...). La vilotière du Pont Saint-Michel (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 335). [vilɔtje], fém. [-jε:ʀ]. Rob. 1985: villotier. 1resattest. a) au fém. ca 1260 « (femme) de mauvaise vie, de mœurs légères » (Les Quatre âges de l'homme, éd. M. de Fréville, 21, p. 14), 1462 subst. villotiere (Fr. Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1511), b) au masc. α) fin xiiies. agn. adj. vilotir « qui s'enfuit (d'un oiseau de chasse) » (Le medicinal des oiseus, fol. 50 ds Tilander Glanures), β) ca 1470 subst. « homme simple, naturel » (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 179), γ) [1539 id. « coureur, débauché » sens incertain (Est.)], 1571 adj. « id. » (La Porte, Epithètes, 172, rods Hug.), 1589 subst. (Matthieu, Aman, III, p. 72, ibid.); de ville*, suff. -(ot)ier*. On ignore quel sens, de a ou de b β, est le plus anc. Le sens originel est prob. « celui qui ne reste pas sur le domaine rural auquel il appartient mais va d'un domaine à l'autre », mais c'est ensuite ville « agglomération » considérée comme lieu de vices qui a influencé le sens a. Voir FEW t. 14, p. 449b et 452 note 1.
BBG.Bruppacher (V.). Zur Geschichte der Siedlungsbezeichnungen im Galloromanischen. Vox rom. 1961, t. 20, pp. 105-160. − Chaurand (J.). Notes à propos de qq. distinctions médiév.: cité, ville et château. R. intern. Onom. 1963, t. 15, pp. 169-172; 1964, t. 16, pp. 241-243. − Quem. DDL t. 19, 24, 36, 37.

Wiktionnaire

Nom commun - français

ville \vil\ féminin

  1. Assemblage ordonné d'un nombre assez considérable de maisons disposées par rues, et limitées parfois par une enceinte.
    • Oh ! caballero, la ville la plus belle et la plus grande de la vieille Europe est bien petite, bien sale et bien mesquine comparée au désert. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Il y a dans certaines villes jusqu’ici préservées, il y a de ces rues extraordinaires, remarquables tantôt par leur fourmillement et tantôt par leur silence, car la variétés des villes est infinie. — (Pierre Louÿs, La ville plus belle que le monument, dans Archipel, 1932)
    • Soudain, devant nous, au seuil des montagnes, apparaît une ville. C’est si nettement une ville, la ville des écriteaux d’école, mi en plaine, mi en montagne, que nous doutons d’y pénétrer. Au-dessus d’elle, un château-fort, les tours encore presque intactes, mais renversées horizontalement, comme dans les mirages qui n’ont pu tourner tout-à-fait. Jamais l’état-major […] ne nous permettra de pénétrer dans cet exemple de ville, avec sa cathédrale ogivale au milieu, ses usines à droite, ses toits de tuile à gauche. — (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)
    • […] nous passons sous le pont suspendu de Brooklyn et devant Manhattan et ses gratte-ciel, et ma dernière vision de New-York me laisse une impression de ville monstrueuse et titanesque. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Le Havre, tout le monde le sait, est une ville de création beaucoup plus récente que Rouen, une ville claire, ouverte, aérée, une ville rectiligne. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
  2. Entité administrative ayant légalement obtenu le statut de ville, comme par exemple certaines communes de Belgique ou du Luxembourg.
    • Chiny a le statut de ville, glorieux héritage de son lointain passé historique. — (Bernard Dubrulle, Le Petit Futé Wallonie: L’Ardenne et bien plus, 2007)
  3. (Par extension) L’administration de cette cité.
    • Il avait une partie de son bien en rentes sur la ville de Paris.
  4. (Par extension) Population d’une ville.
    • Et voilà qu’Eugène passait les soirées entières dans le salon jaune, écoutant religieusement ces grotesques que lui, Aristide, avait si impitoyablement raillés. Quand il sut, par les bavardages de la ville, que son frère donnait des poignées de main à Granoux et en recevait du marquis, il se demanda avec anxiété ce qu’il devait croire. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, ch. III ; réédition 1879, p. 99)
    • À Marseille, les juifs eurent droit de cité jusqu’au XVIe siècle, et il semble pas que la ville ait eu à le regretter, car c’est un des leurs, Crescas Davin, qui introduisit chez elle, en 1371, la fabrication du savon. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • La ville et ses plus riches bourgeois veulent surpasser en magnificence les autres cités. La réception est « de gros coutange » mais aussi « chose très admirable ». — (Jean-François Solnon, Quand la Franche-Comté était espagnole, Fayard, 1989)
  5. Vie urbaine, mœurs qui y règnent, par opposition au séjour, à la vie et aux mœurs de la campagne.
    • J’aime mieux la ville que les champs.
    • Il préfère la campagne à la ville.
  6. (Histoire) (Par ellipse) Corps des officiers municipaux.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

VILLE. n. f.
Assemblage ordonné d'un nombre assez considérable de maisons disposées par rues, et limitées souvent par une enceinte. Ville close de murailles. Ville fermée. Ville ouverte. Ville démantelée. Ville forte. Ville maritime. Ville frontière. Ville marchande. Ville d'eaux. La ville de Rouen. La ville et ses faubourgs. La ville haute et la ville basse. La ville neuve. La vieille ville. Se promener dans une ville. Errer par la ville. Il est allé faire un tour de ville, un tour en ville. J'ai parcouru tous les quartiers de la ville. Il demeure au centre, au cœur de la ville, à l'autre bout de la ville. Il court un bruit par la ville, dans la ville. Il possède une maison de ville et une maison des champs. La Ville éternelle se dit de la Ville de Rome. Ville libre. Voyez LIBRE. Le corps de ville ou simplement La ville se disait du Corps des officiers municipaux. Le corps de ville fut présenté au roi. Hôtel de ville, maison de ville, Hôtel, maison où se réunit habituellement le conseil municipal. Il avait une partie de son bien en rentes sur la ville, En rentes sur l'Hôtel de Ville de Paris. Sergent de ville. Voyez SERGENT. Toilette, tenue de ville, Toilette, tenue pour sortir le jour, par opposition à Toilette, tenue du soir, de soirée. Fam., Être à la ville, N'être point à la campagne. Être en ville, N'être pas actuellement chez soi. On dit aussi : Déjeuner, dîner en ville, Déjeuner, dîner dans une maison où l'on est invité. Travailler en ville, Aller travailler chez des particuliers. Fig. et fam., Avoir ville gagnée se dit en parlant de Toute difficulté vaincue, surmontée. Prov. et fig., Ville qui parlemente est à moitié rendue, Une personne qui écoute les propositions qu'on lui fait n'est pas éloignée d'accorder ce qu'on lui demande.

VILLE se dit, par extension, de l'Ensemble des Habitants d'une ville. Toute la ville est allée au-devant de lui. Toute la ville parle de cette nouvelle. La ville et la cour s'est dit de l'Ensemble des gens de la bonne bourgeoisie de Paris et des nobles qui avaient entrée à la cour du roi. En termes d'Imprimerie, Ouvrages de ville, Travaux peu importants qui ne comportent qu'un on deux feuillets, comme les cartes, les menus, les annonces, etc.

VILLE se dit encore, absolument, du Séjour des villes. de la vie qu'on y mène et des mœurs qui y règnent, par opposition au séjour, à la vie et aux mœurs de la campagne. J'aime mieux la ville que les champs. Il préfère la campagne à la ville.

Littré (1872-1877)

VILLE (vi-l') s. f.
  • 1Assemblage d'un grand nombre de maisons disposées par rues, souvent entourées de murs d'enceinte, de remparts, de fossés. Elle [la paix] met les pompes aux villes. Donne aux champs les moissons fertiles, Malherbe, III, 2. C'est une ville de guerre fort pauvre, les maisons mal entendues et malpropres, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 380. Au milieu de la première guerre punique, Théodote, gouverneur de la Bactrienne, enleva mille villes à Antiochus appelé le dieu, fils d'Antiochus Soter, roi de Syrie, Bossuet, Hist. I, 8. Une grande ville fort peuplée d'artisans occupés à amollir les mœurs par les délices de la vie, quand elle est entourée d'un royaume pauvre et mal cultivé, ressemble à un monstre dont la tête est d'une grosseur énorme, et dont tout le corps exténué et privé de nourriture n'a aucune proportion avec cette tête, Fénelon, Tél. XXII. Il y a une chose qu'on n'a point vue sous le ciel, et que, selon toutes les apparences, on ne verra jamais, c'est une petite ville qui n'est divisée en aucuns partis, où les familles sont unies, et où les cousins se voient avec confiance, La Bruyère, V. Les voyageurs cherchent toujours les grandes villes, qui sont une espèce de patrie commune à tous les étrangers, Montesquieu, Lett. pers. 23. On peut avoir vu toutes les villes du monde, et être surpris en arrivant à Venise, Montesquieu, ib. 31. Paris est peut-être la ville du monde la plus sensuelle, et où l'on raffine le plus sur les plaisirs ; mais c'est peut-être celle où l'on mène une vie plus dure, Montesquieu, ib. 106. Entrez dans une petite ville de province, rarement vous y trouverez un ou deux libraires ; il en est qui en sont entièrement privées, Voltaire, Dict. phil. Goût. Je vais rasant de ville en ville, Beaumarchais, Mar. de Figaro, v, 3. Ébloui, mais lassé de l'éclat de nos villes, Souvent il s'écriait : rendez-moi mes forêts, Delille, Jard. II. Les grandes villes seules conviennent aux personnes qui sortent de la règle commune, Staël, Corinne, XIV, 2. Le silence est profond dans cette ville [Venise] dont les rues sont des canaux ; et le bruit des rames est l'unique interruption à ce silence, Staël, ib. XIX, 7.

    Par la ville, en parcourant les rues de la ville. Suivez-moi, que j'aille un peu montrer mon habit par la ville, Molière, Bourg. gent. III, 1. Prêtez-moi tout deux votre style, Et je ferai des vers galants Que l'on chantera par la ville, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 17.

    La ville est bonne, on y trouve aisément ce dont on a besoin.

    Anciennement. Bonne ville, qualification honorable donnée par les rois de France à certaines villes plus ou moins considérables.

    Être en ville, n'être pas actuellement chez soi. Mais de vous rencontrer il n'est pas bien facile : Car vous dormez toujours, ou vous êtes en ville, Molière, Fâch. III, 2. D'être en ville si tard ils n'ont pas l'habitude, Al. Duval, Tyran domest. IV, 11.

    Dîner, souper en ville, dîner, souper dans une maison où l'on est invité. Qu'on ne m'attende point, je vais dîner en ville, Régnier, Sat. VIII. Estimé de ses amis, voyant bonne compagnie, soupant en ville ou chez lui avec qui il lui plaisait, Mme de Puisieux, Ridic. à la mode, p. 201, dans POUGENS.

    Habit de ville, toilette de ville, habit, toilette que l'on prend pour faire ses visites dans la ville. Le roi leur dit [à Racine et à Boileau] : Je suis fâché que vous ne soyez venus à cette dernière campagne, vous auriez vu la guerre… Racine lui répondit : Sire, nous sommes deux bourgeois qui n'avons que des habits de ville ; nous en commandâmes de campagne : mais les places que vous attaquiez furent plus tôt prises que nos habits ne furent faits ; cela fut reçu agréablement, Sévigné, à Bussy, 3 nov. 1677. Trois Muses, en habit de ville, Y président à ses côtés, Boileau, Poés. div. IV. On s'étonna de le voir paraître en habit de ville, Hamilton, Gram. 7.

    En typographie, ouvrage de ville, impressions destinées aux usages bourgeois, telles que billets de faire part, étiquettes, etc.

    Fig. Avoir ville gagnée, se dit de toute difficulté surmontée. L'arrogant croit déjà tenir ville gagnée, Corneille, Illusion, II, 9.

    La grande ville, Paris. Si le roi m'avait donné Paris, sa grand'ville, Molière, Mis., I, 2.

    Poétiquement. La ville éternelle, la ville de Rome.

    Villes saintes, Jérusalem, Médine et la Mecque.

    Terme de numismatique. Médailles des villes, celles qui ont été frappées dans les villes autonomes de l'antiquité, et qui en portent le nom ou les emblèmes.

    Terme d'ancienne coutume. Ville d'arrêt, ville où un créancier pouvait procéder par saisie et voie d'arrêt sur les biens de ses débiteurs forains qui y étaient trouvés.

    Terme d'ancienne coutume. Perdre la ville, être banni ; rendre la ville, rappeler de l'exil.

  • 2 Absolument. La ville, dite par opposition à la campagne. Belleau ne parle pas comme on parle à la ville, Régnier, Sat. IX. Une demoiselle habillée moitié ville, moitié campagne, Scarron, Rom. com. I, 1. Perrette, sur sa tête ayant un pot au lait Bien posé sur un coussinet, Prétendait arriver sans encombre à la ville, La Fontaine, Fabl. VII, 10. Je fuis les chagrins de la ville, Boileau, Épître VI. J'ai fui la ville aux muses si contraire, Chénier, Élég. XI.

    Être à la ville, n'être point à la campagne.

    Il se dit aussi par opposition à la cour. Damon, ce grand auteur dont la muse fertile Amusa si longtemps et la cour et la ville, Boileau, Sat. I. La cour, ou ne connaît pas la ville, ou, par le mépris qu'elle a pour elle, néglige d'en relever le ridicule, et n'est point frappée des images qu'il peut fournir, La Bruyère, Disc. sur Théophr.

    Il se dit de la capitale par opposition à la province. Notre siècle est fertile en sots admirateurs ; Et, sans ceux que fournit la ville et la province, Il en est chez le duc, il en est chez le prince, Boileau, Art p. I. La ville dégoûte de la province, La Bruyère, VIII.

  • 3Les habitants d'une ville. Assez de sots sans moi feront parler la ville, Disait, le mois passé, ce marquis indocile, Boileau, Sat. VIII. …verras-tu d'un esprit bien tranquille Chez ta femme aborder et la cour et la ville ? Boileau, ib. x. La ville est partagée en diverses sociétés, qui sont comme autant de républiques, La Bruyère, VII.

    Bruit de ville, nouvelle incertaine ou fausse.

  • 4Le corps de ville, ou, simplement, la ville, les officiers municipaux. Messieurs de ville eurent en vérité bonne part de l'honneur en cette illustre fête, La Fontaine, Lettres, I, à Fouquet. La ville, mais sans le gouverneur, alla saluer Mme de Lorraine au Palais-Royal, Saint-Simon, 62, 40.

    L'hôtel de ville, la maison de ville, l'hôtel, la maison où se réunit le conseil municipal.

    Elliptiquement. La ville, l'administration municipale, l'hôtel de ville.

    On dit de même : Emprunt de la ville de Paris, etc.

    Il avait une partie de son bien sur la ville, il avait une partie de son bien en rente sur l'hôtel de ville de Paris.

    Sergent de ville, voy. SERGENT.

PROVERBES

Les maisons empêchent de voir la ville, voy. MAISON.

Ville qui parlemente est à moitié rendue, voy. PARLEMENTER.

REMARQUE

1. Il faut distinguer en ville et à la ville. Être en ville, c'est n'être pas actuellement chez soi ; être à la ville, c'est n'être pas à la campagne.

2. M. un tel est en ville, il est allé en ville, il est en cour, il est allé en cour, il est bien en cour ; il faut dire M. un tel est à la ville, il est à la cour, il est bien à la cour, Caillières. Bon et mauv. us. convers. I. Ces observations de Caillières ne sont plus reçues aujourd'hui, mais Mme de Sévigné s'y conformait dans le passage suivant : Il lui dit [à la comtesse de Soissons impliquée dans l'affaire des poisons] qu'il fallait sortir de France, ou aller à la Bastille, elle ne balança point… l'heure de souper vint ; on dit que Mme la comtesse soupait à la ville, Sévigné, 26 janv. 1680.

HISTORIQUE

XIe s. Quatre hommes ou de burt [bourg] ou de vile, Lois de Guill. 43.

XIIe s. Venu sont à Hauteme, s'ont la vile brisie, Sax. VII.

XIIIe s. Ensi se hebergierent devant la tour, en la Juierie, qu'on appeloit Lestanor, où il [y] avoit moult bone vile et riche, Villehardouin, LXXII. Lavile [villa] seoit en un bos, Moult i ot gelines et cos, Anes [canes], malarz et jars et oes, Ren. 1271. Les bones viles de commune, et celes meismes là ù il n'a point de commune… doivent estre gardées en tel maniere, que…, Beaumanoir, L, 1. L'autre maniere de compaignie qui se fet par reson de communalité, si est des habitants es viles où il n'a pas communes, k'on apele viles bateices, Beaumanoir, XXI, 27.

XIVe s. Quicunques est present, aidans ou confortans à occire homme ou femme dedens la ville et banlieue [de Tournay], et li occiz murt sans parler ne accuser le malfaiteur, tous les presens sont encoulpé du fait et perdent la ville [sont bannis] à tousjours mais, Du Cange, villa.

XVe s. Il ardirent une bonne ville, c'on dist Creci-sur-Selle, qui point n'estoit fremée, Froissart, I, 81, éd. LUCE. Il rendit à plusieurs bannis la ville, Mathieu de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 682, dans LACURNE. Les autres bonnes villes, et citez fermées, et villes champestres [villages] et chasteaux, Monstrelet, ch. 158, p. 238, dans LACURNE. Ils poserent une enseigne du roy sur la muraille, et firent sonner par les trompettes le cry de ville gagnée, Saligny, Hist. de Charles VIII, p. 32, dans LACURNE.

XVIe s. Selon la ville les bourgeois, Cotgrave A l'entrée de la ville est le commencement des maisons, Cotgrave

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

VILLE, s. f. (Architect. civil.) assemblage de plusieurs maisons disposées par rues, & fermées d’une clôture commune, qui est ordinairement de murs & de fossés. Mais pour définir une ville plus exactement, c’est une enceinte fermée de murailles, qui renferme plusieurs quartiers, des rues, des places publiques, & d’autres édifices.

Pour qu’une ville soit belle, il faut que les principales rues conduisent aux portes ; qu’elles soient perpendiculaires les unes aux autres, autant qu’il est possible, afin que les encoignures des maisons soient à angles droits ; qu’elles aient huit toises de large, & quatre pour les petites rues. Il faut encore que la distance d’une rue à celle qui lui est parallele, soit telle qu’entre l’une & l’autre il y reste un espace pour deux maisons de bourgeois, dont l’une a la vue dans une rue, & l’autre dans celle qui lui est opposée. Chacune de ces maisons doit avoir environ cinq à six toises de large, sur sept à huit d’enfoncement, avec une cour de pareille grandeur : ce qui donne la distance d’une rue à l’autre de trente-deux à trente-trois toises. Dans le concours des rues, on pratique des places dont la principale est celle où les grandes rues aboutissent ; & on décore ces places en conservant une uniformité dans la façade des hôtels ou maisons qui les entourent, & avec des statues & des fontaines. Si avec cela les maisons sont bien bâties, & leurs façades décorées, il y aura peu de choses à desirer.

M. Bélidor donne dans sa Science des ingénieurs, l. IV. c. viij. la maniere de distribuer les rues dans les villes de guerre ; distribution qui étant subordonnée à la fortification de la place, est un ouvrage d’architecture militaire que nous ne traitons point ici ; mais Vitruve mérite d’être consulté, parce qu’il donne sur l’architecture des villes d’excellens conseils. Cet habile homme, l. I. c. vj. veut qu’en les bâtissant on ait principalement égard à sept choses.

1°. Que l’on choisisse un lieu sain, qui pour cela doit être élevé, selon lui, afin qu’il soit moins sujet aux brouillards. 2°. Que l’on commence par construire les murailles & les tours ; 3°. qu’on trace ensuite les places des maisons, & qu’on prenne les alignemens des rues ; la meilleure disposition, selon lui, est que les vents n’enfilent point les rues. 4°. Qu’on choisisse la place des édifices communs à toute la ville, comme les temples, les places publiques, & qu’on ait égard en cela à l’utilité & à la commodité du public. Ainsi si la ville est un port de mer, il faut que la place publique, soit près de la mer : si la ville est éloignée de la mer, il faudra que la place soit au milieu : que sa grandeur soit proportionnée au nombre des habitans, & qu’elle ait en large les deux tiers de sa longueur. 5°. Que les temples soient disposés de telle sorte, que l’autel soit tourné à l’orient ; qu’ils ayent en largeur la moitié de leur longueur. 6°. Que le trésor public, la prison & l’hôtel-de-ville, soient sur la place. 7°. Que le théâtre soit bâti dans un lieu sain, que les fondemens en soient bien solides, que sa hauteur ne soit point excessive de peur que la voix ne se perde ; que les entrées & les sorties soient spacieuses & en grand nombre ; que chacune ait un dégagement, & qu’elles ne rentrent pas l’une dans l’autre ; toutes ces remarques sont fort judicieuses. (D. J.)

Villes, fondation des, (Antiq. grecq. & rom.) Denis d’Halicarnasse observe, que les anciens avoient plus d’attention de choisir des situations avantageuses, que de grands terreins pour fonder leurs villes. Elles ne furent pas même d’abord entourées de murailles. Ils élevoient des tours à une distance reglée ; les intervalles qui se trouvoient de l’une à l’autre tour, étoient appellés μεσοπύργιον ou μεταπύργιον ; & cet intervalle étoit retranché & défendu par des chariots, par des troncs d’arbres, & par de petites loges, pour établir les corps-de-gardes.

Festus remarque, que les Etruriens avoient des livres qui contenoient les cérémonies que l’on pratiquoit à la fondation des villes, des autels, des temples, des murailles & des portes ; & Plutarque dit, que Romulus voulant jetter les fondemens de la ville de Rome fit venir de l’Etrurie, des hommes qui lui enseignerent de point en point toutes les cérémonies qu’il devoit observer, selon les formulaires qu’ils gardoient pour cela aussi religieusement que ceux qu’ils avoient, pour les mysteres & pour les sacrifices.

Denis d’Halicarnasse rapporte encore, qu’au tems de Romulus, avant que de rien commencer qui eût rapport à la fondation d’une ville, on faisoit un sacrifice après lequel on allumoit des feux au-devant des tentes, & que pour se purifier, les hommes qui devoient remplir quelque fonction dans la cérémonie, sautoient par-dessus ces feux ; ne croyant pas que s’il leur restoit quelque souillure, ils pussent être employés à une opération à laquelle on devoit apporter des sentimens si respectueux. Après ce sacrifice, on creusoit une fosse ronde, dans laquelle on jettoit ensuite quelques poignées de la terre du pays d’où étoit venu chacun de ceux qui assistoient à la cérémonie, à dessein de s’établir dans la nouvelle ville, & on mêloit le tout ensemble.

La fosse qui se faisoit du côté de la campagne à l’endroit même où l’on commençoit à tracer l’enceinte, s’appelloit chez les Grecs ὄλυμπος, à cause de sa figure ronde, & chez les Latins mundus, pour la même raison. Les prémices & les différentes especes de terre que l’on jettoit dans cette fosse, apprenoient quel étoit le devoir de ceux qui devoient avoir le commandement dans la ville. Ils étoient engagés à donner toute leur attention à procurer aux citoyens les secours de la vie, à les maintenir en paix avec toutes les nations dont on avoit rassemblé la terre dans cette fosse, ou à n’en faire qu’un seul peuple.

On consultoit en même tems les dieux pour savoir si l’entreprise leur seroit agréable, & s’ils approuveroient le jour que l’on choisissoit pour la mettre à exécution. Après toutes ces précautions, on traçoit l’enceinte de la nouvelle ville par une traînée de terre blanche qu’ils honoroient du nom de terre pure. Nous lisons dans Strabon, qu’au défaut de cette espece de terre, Alexandre le grand traça avec de la farine, l’enceinte de la ville de son nom qu’il fit bâtir en Egypte. Cette premiere opération achevée, les Etruriens faisoient ouvrir un sillon aussi profond qu’il étoit possible avec une charrue dont le soc étoit d’airain. On atteloit à cette charrue un taureau blanc & une génisse de même poil. La génisse étoit sous la main du laboureur qui étoit lui-même à côté de la ville, afin de renverser de ce même côté les mottes de terre que le soc de la charrue tourneroit du côté de la campagne. Tout l’espace que la charrue avoit ouvert étoit inviolable, sanctum. On élevoit de terre la charrue aux endroits qui étoient destinés à mettre les portes de la ville, pour n’en point ouvrir le terrein.

Voici ce que ces cérémonies avoient de mystérieux. La profondeur du sillon marquoit avec quelle solidité on devoit travailler à la fondation des murs pour en assurer la stabilité & la durée. Le soc de la charrue étoit d’airain, pour indiquer l’abondance & la fertilité que l’on desiroit procurer à la nouvelle habitation. Ceux qui sont initiés aux mysteres de la cabale, savent à quel titre les descendans des freres de la Rose-Croix ont consacré l’airain à la déesse Vénus. On atteloit à la charrue une génisse & un taureau : la génisse étoit du côté de la ville, pour signifier que les soins du ménage étoient sur le compte des femmes, dont la fécondité contribue à l’agrandissement de la république ; & le taureau, symbole du travail & de l’abondance, qui étoit tourné du côté de la campagne, apprenoit aux hommes que c’étoit à eux de cultiver les terres, & de procurer la sureté publique par leur application à ce qui se pouvoit passer au-dehors. L’un & l’autre de ces animaux devoit être blanc, pour engager les citoyens à vivre dans l’innocence & dans la simplicité des mœurs, dont cette couleur a toujours été le symbole. Tout le terrein où le sillon étoit creusé passoit pour être inviolable, & les citoyens étoient dans l’obligation de combattre jusqu’à la mort pour défendre ce que nous appellons ses murailles ; & il n’étoit permis à personne de se faire un passage par cet endroit-là. Le prétendre, c’étoit un acte d’hostilité ; & ce fut peut-être sous le spécieux prétexte de cette profanation, que Romulus se défit de son frere, qu’il ne croyoit pas homme à lui passer la ruse dont il s’étoit servi, lorsqu’ils consulterent les dieux l’un & l’autre, pour savoir sous les auspices duquel des deux la ville seroit fondée.

Les sacrifices se renouvelloient encore en différens endroits, & l’on marquoit les lieux où ils s’étoient faits, par des pierres que l’on y élevoit, cippi ; il y a apparence que c’étoit à ces endroits-là même que l’on bâtissoit ensuite les tours. On y invoquoit les dieux sous la protection desquels on mettoit la nouvelle ville, & les dieux du pays, patrii indigetes, connus chez les Grecs sous le nom de χθόνιοι, ἐπίγειοι, ἐπιχώριοι, πάφωοι, &c. Le nom particulier de ces dieux tutélaires devoit être inconnu au vulgaire.

Ovide nous a conservé en termes magnifiques la formule de la priere que Romulus adressa aux dieux qu’il vouloit intéresser dans son entreprise :

Vox fuit hæc regis : condenti, Jupiter, urbem,
Et genitor Mavors, Vestaque mater ades.
Quosque pium est adhibere deos, advertite cuncti.
Auspicibus vobis hoc mihi surgat opus.
Longa sit huic ætas, dominæque potentia terræ :
Sitque sub hác oriens occiduusque dies.

Lorsque la charrue étoit arrivée au terrein qui étoit marqué pour les portes, on élevoit le soc, comme s’il y eût eu quelque chose de mystérieux & de sacré dans l’ouverture du sillon qui eût pu être profané. Ainsi les portes n’étoient point regardées comme saintes, parce qu’elles étoient destinées au passage des choses nécessaires à la vie, & au transport même de ce qui ne devoit pas rester dans la ville.

Les lois ne permettoient pas que les morts fussent enterrés dans l’enceinte des villes. Sulpicius écrit à Cicéron qu’il n’a pu obtenir des Athéniens que Marcellus fût inhumé dans leur ville ; & cette seule considération suffisoit alors pour faire regarder les portes comme funestes. Cet usage ayant changé, les portes de ville dans la suite furent regardées comme saintes, même dans le tems que l’on enterroit encore les morts hors des villes.

On a déja observé que l’on avoit soin de renverser du côté de la ville, les mottes que le soc de la charrue pouvoit avoir tournées du côté de la campagne : ce qui se pratiquoit pour apprendre aux nouveaux citoyens qu’ils devoient s’appliquer à faire entrer dans leur ville tout ce qu’ils trouveroient au-dehors qui pourroit contribuer à les rendre heureux, & à les faire respecter des peuples voisins, sans rien communiquer aux étrangers de ces choses, dont la privation pourroit apporter quelque dommage à leur patrie. Voyez Pomærum.

Après les cérémonies pratiquées à la fondation des murailles des villes, on tiroit dans leur enceinte toutes les rues au cordeau : ce que les Latins appelloient degrumare vias. Le milieu du terrein renfermé dans l’enceinte de la ville étoit destiné pour la place publique, & toutes les rues y aboutissoient. On marquoit les emplacemens pour les édifices publics, comme les temples, les portiques, les palais, &c.

Il faut observer encore que les Romains célébroient tous les ans la fête de la fondation de leur ville le 11 des calendes de Mai, qui est le tems auquel on célébroit la fête de Palès. C’est sous l’empereur Hadrien que nous trouvons la premiere médaille précieuse qui en fut frappée, comme la légende le prouve l’an 874 de la fondation de Rome, c’est-à-dire la 121° année de l’ere chrétienne, & qui sert d’époque aux jeux plébéiens du cirque institués en cette même année là par ce prince. On ne peut mieux orner cet article que par les vers d’Ovide, qui décrivent toute la cérémonie dont on vient de parler en prose.

Opta dies legitur, quâ mænia signet aratro.
Sacra Palis suberant : inde movetur opus.
Fossa fit ad solidum, friges jaciuntur in ima
Et de vicino terra petita solo.
Fossa repletur humo, plenæque imponitur aræ.
Et novus accenso finditur igne focus.
Indè premens stivam designat mænia sulco :
Alba jugum niveo cum bove vacca tulit.

Il y avoit enfin des expiations publiques pour purifier les villes. La plûpart avoient un jour marqué pour cette cérémonie : elle se faisoit à Rome le 5 de Février. Le sacrifice qu’on y offroit se nommoit amburbale ou amburbium, selon Servius, & les victimes que l’on y employoit amburbiales, au rapport de Festus. Outre cette fête, il y en avoit une tous les cinq ans pour expier tous les citoyens de la ville, & c’est du mot lustrare, expier, que cet espace de tems a pris le nom de lustre. Il y avoit encore d’autres occasions où ces expiations solemnelles étoient employées, comme il arriva lorsque les Tarquins furent chassés, ainsi que nous l’apprenons de Denis d’Halicarnasse. Ce n’étoit pas seulement les villes entieres qu’on soumettoit à l’expiation, on l’employoit pour des lieux particuliers lorsqu’on les croyoit souillés ; celle de carrefours se nommoit compitalia. Voyez tous ces mots.

Les Athéniens avoient poussé aussi loin que les Romains leurs cérémonies en ce genre. Outre le jour marqué pour l’expiation de la ville, ils avoient établi des expiations pour les théatres & pour les lieux où se tenoient les assemblées publiques.

L’antiquité portoit un si grand respect aux fondateurs de villes, que plusieurs furent mis au rang des dieux. Les villes étoient aussi très-jalouses de leurs époques. Celles qui étoient construites autour des temples étoient dévouées au service du dieu qui y étoit adoré.

Les villes célebres de l’antiquité qui ont fourni des monumens aux premiers historiens, furent Thèbes, Memphis, Ninive, Babylone, Sidon, Tyr, Carthage, &c.

Si les poëtes s’étoient contentés de nous apprendre le nom des grands hommes qui ont fondé ces premieres villes, & les cérémonies religieuses qui s’observoient dans ces occasions, on auroit souvent appris des traits d’histoire que les annales des peuples n’ont pas toujours conservés, & on préféreroit de simples vérités au merveilleux qu’ils ont souvent répandu sur ce sujet. Les prodiges, les oracles & les secours visibles des dieux accompagnent toujours dans leurs récits ces sortes d’entreprises. Ce ne sont point de simples ouvriers qui bâtissent la citadelle de Corinthe ; elle est, selon eux, l’ouvrage des Cyclopes, & la lyre d’Amphion met seule les pierres en mouvement pour s’arranger d’elles-mêmes autour de la ville de Thèbes. Nous avons laissé ce merveilleux qui caractérise la poésie, & nous avons cherché simplement dans les historiens quelles étoient les cérémonies que la religion & la politique avoient introduites chez les Romains lorsqu’ils jettoient les fondemens de leurs villes. La religion avoit pour objet d’entretenir l’union entre les nouveaux citoyens par le culte des dieux, & la politique travailloit à les mettre en sureté contre la jalousie des peuples voisins, à qui les nouveaux établissemens donnent toujours de l’ombrage. (D. J.)

Ville, (Jurisprud.) on distingue relativement au droit public plusieurs sortes de villes.

Villes abonnées, sont celles où la taille est fixée à une certaine somme pour chaque année. Voyez Abonnement & Taille.

Villes anséatiques d’Allemagne ou de la hanse Teutonique, sont des villes impériales libres & d’autres municipales d’Allemagne, alliées ensemble pour le commerce. Voyez Anse.

Villes d’arrêt, sont celles dont les bourgeois & habitans jouissent du privilege de faire arrêt sur la personne & les biens de leurs débiteurs forains, sans obligation, ni condamnation. Paris, par exemple, est ville d’arrêt, suivant l’article 173. de la coûtume.

Ville baptice, bastiche, batiche ou bateiche, bastélereche, bateleresche, bateilleche, c’étoit une ville qui n’avoit point de commune ni de murailles de pierre, & qui n’étoit défendue que par des tours & châteaux de bois, qu’on appelloit baldrescha & bastrecha, en françois bretesche, breteque. Quelques-uns croient que ce nom de villes bastiches vient de bastite, bastide ou bastille, qui signifioit autrefois une tour quarrée flanquée aux angles de tourelles, le tout en bois ; d’autres que ville bateilleche étoit celle qui étoit en état de batailler, c’est-à-dire de se défendre au moyen des fortifications dont elle étoit revêtue. Voyez la coûtume de Guise de l’an 1279, le glossaire de Thaumassiere, à la suite des coûtumes de Beauvaisis, & le mot Breteche.

Bonnes Villes, c’étoient celles qui avoient une commune & des magistrats jurés, & auxquelles le roi avoit accordé le droit de bourgeoisie, avec affranchissement de taille & autres impositions. Voyez Brusselles, usage des fiefs. On trouve des exemples de cette qualification donnée à plusieurs villes dès l’an 1314. Le roi la donne encore à toutes les grandes villes dans ses ordonnances, édits, déclarations & lettres-patentes.

Ville capitale, est la premiere & principale ville d’un état ou d’une province ou pays. Paris est la capitale du royaume, Lyon la capitale du Lyonnois, &c.

Ville chartrée, est celle qui a une charte de commune & affranchissement. Voyez Ville de commune & de loi.

Ville de commerce, voyez ci-après.

Ville de commune, est celle qui a droit de commune, c’est-à-dire de s’assembler. Voyez Ville de loi.

Ville épiscopale, est celle où se trouve le siege d’un évêché. Voyez Évêché.

Villes forestieres, on a donné ce nom à quatre villes d’Allemagne, à cause de leur situation vers l’entrée de la Forêt-noire, savoir Rhinfeld, Sekingen, Lauffenbourg & Waldshut.

Villes impériales, sont celles qui dépendent de l’Empire. Voyez Empire.

Ville jurée, quelques uns pensent que l’on donnoit ce nom aux villes qui avoient leurs magistrats propres élus par les bourgeois, & qui avoient ensuite prêté serment au roi ; en effet en plusieurs endroits ces officiers s’appellent jurats, jurati, à cause du serment qu’ils prêtent.

D’autres tiennent que ville jurée est celle où il y a maîtrise ou jurande pour les arts & métiers, parce qu’anciennement en France il n’y avoit que certaines bonnes villes où il y eût certains métiers jurés, c’est-à-dire ayant droit de corps & communauté, en laquelle on entroit par serment, lesquelles villes, à cette occasion, étoient appellées villes jurées ; mais par édit d’Henri III. de l’an 1581, confirmé & renouvellé par un autre édit d’Henri IV. en 1597, toutes les villes du royaume sont devenues villes jurées. Voyez Loyseau en son traité des offices, l. V. ch. vij. n. 77. & les mots Arts, Jurande, Maîtrise, Métier, Réception, Serment.

Ville libre, voyez plus haut.

Ville de loi. est celle qui a droit de commune, & ses libertés & franchises. Dans une confirmation des privileges de la ville de Lille en Flandre, du mois de Janvier 1392, on voit que le procureur des échevins, bourgeois & habitans de cette ville, observa que cette ville étoit ville de loi, & qu’ils avoient corps & commune, cloche, scel, ferme (ou authentique), lois, coutumes, libertés & franchises anciennes appartenans à corps & commune de bonne ville. Voyez le tome VII. des ordonn. de la troisieme race.

Quelquefois par ville de loi on entend une ville où il y a maîtrise pour le commerce, & les arts & métiers, ce qui suppose toujours une ville de commune.

Ville marchande, villa mercatoria, pundinaria, n’est pas simplement celle où le commerce est florissant, mais celle qui jouit du droit de foire & de marché. Voyez Fleta.

Ville de commerce, ville marchande, c’est une ville où il se fait un grand trafic & négoce de marchandises & denrées, soit par mer, soit par terre, soit par des marchands qui y sont établis, soit par ceux qui y viennent de dehors. On donne aussi le même nom aux villes où il se fait des remises d’argent & des affaires considérables par la banque & le change. Paris, Lyon, Rouen, Bordeaux, Orléans, S. Malo, Nantes, la Rochelle, Marseille sont des villes les plus marchandes de France. Londres d’Angleterre, Amsterdam & Rotterdam de Hollande, Cadix d’Espagne, Lisbonne de Portugal, Dantzik de la Pologne, Archangel de la Russie, Smyrne & le Caire du levant, &c.

Ville d’entrepôt, c’est une ville dans laquelle arrivent des marchandises pour y être déchargées, mais non pour y être vendues, & d’où elles passent sans être deballées aux lieux de leur destination, en les chargeant sur d’autres voitures par eau ou par terre. Voyez Entrepôt.

Ville franche, se dit en général d’une ville libre & déchargée de toutes sortes d’impôts ; mais par rapport au commerce, il s’entend d’une ville aux portes, ou sur les ports de laquelle toutes les marchandises, ou seulement quelques-uns ne payent aucun droit d’entrée ou de sortie, ou n’y sont sujettes seulement qu’en entrant ou seulement qu’en sortant. Voyez Port franc.

Ville, signifie quelquefois non tous les habitans, mais seulement les magistrats municipaux qui composent ce qu’on appelle le corps de ville, & qui veillent à la police, à la tranquillité & au commerce des bourgeois, comme les bourguemestres en Hollande, en Flandres & dans presque toute l’Allemagne, les maires & aldermans en Angleterre, les jurats & capitouls en quelques villes de France, les prevôts des marchands & échevins à Paris & à Lyon. Voyez tous les noms de ces dignités, & autres semblables sous leurs titres particuliers. Dict. de comm.

Villes libres ou Villes impériales, (Hist. mod.) en Allemagne, ce sont des villes qui ne sont soumises à aucun prince particulier, mais qui se gouvernent, comme les républiques, par leurs propres magistrats. Voyez Empire.

Il y avoit trois villes libres, liberæ civitates, même sous l’ancien empire romain : telles étoient les villes auxquelles l’empereur, de l’avis ou du consentement du sénat, donnoit le privilege de nommer leurs propres magistrats, & de se gouverner par leurs propres lois. Voyez Cités.

Ville sacrée, (Littérat.) les princes ou les peuples consacroient à une divinité un pays, une ville, ou quelqu’autre lieu. Cette consécration, ἀφιέρωσις, se faisoit par un decret solemnel : une ville ainsi sacrée étoit regardée comme sacrée, ἱερὰ, & on ne pouvoit sans crime en violer la consécration.

Souvent une partie du territoire d’une ville étoit destinée à l’entretien du temple de la divinité & de ses ministres, & ce territoire étoit sacré, χώρα ἰερά.

Les princes ou les peuples, pour augmenter l’honneur & le culte de la divinité, déclaroient que la ville étoit non-seulement sacrée, ἰερά, mais encore qu’elle étoit inviolable, ἄσυλος. Ils obtenoient des nations étrangeres que ce droit ou privilege, ἀσυλία, seroit exactement observé. Le roi Seleucus Callinicus écrivit aux rois, aux princes, aux villes & aux nations, & leur demanda de reconnoître le temple de Vénus Stratonicide à Smyrne comme inviolable, & la ville de Smyrne comme sacrée & inviolable.

Les monumens de la villede Téos en Ionie, publiés par Chishall, dans ses antiquités asiatiques, nous donnent des détails intéressans sur la maniere dont ce privilege, ἀσυλία, étoit reconnu par les étrangers. La ville de Téos rendoit un culte particulier à Bacchus, & la fait représenter sur un grand nombre de ses médailles. Les Téïens, vers l’an 559 de Rome, 195 avant Jesus-Christ, déclarerent par un decret solemnel que leur ville, avec son territoire, étoit sacrée & inviolable. Ils firent confirmer leur decret par les Romains, par les Etoliens & par plusieurs villes de l’île de Crete. On rapporte, d’après les inscriptions, les decrets de confirmation donnés par ces différens peuples.

Semblablement Démétrius Soter, roi de Syrie, dans sa lettre au grand-prêtre Jonathas & à la nation des juifs déclara la ville de Jérusalem, avec son territoire, sacrée, inviolable & exemte de tributs. Vaillant a donné la liste des villes sacrées de l’antiquité, on peut le consulter. (D. J.)

Ville métropolitaine, chez les Romains, c’étoit la capitale d’une province ; parmi nous, c’est une ville où est le siege d’une métropole ou église archiépiscopale. Voyez Métropole & Archevêché.

Villes municipales, municipia, étoient chez les Romains des villes originairement libres, qui, par leurs capitulations, s’étoient rendues & adjointes volontairement à la république romaine, quant à la souveraineté seulement, gardant néanmoins leur liberté en ce que le fonds de ces villes n’appartenoit point à la république, & qu’elles avoient leurs magistrats & leurs lois propres. Voyez Aulugelle & Loyseau, des seign.

Parmi nous, on entend par ville municipale celle qui a ses magistrats & ses lois propres.

Ville murée, on entend par ce terme une ville qui est fermée de murailles, ou du-moins qui l’a été autrefois : ces villes sont à certains égards distinguées des autres ; par exemple, pour posséder une cure dans une ville murée, il faut être gradué. Voyez Cure. Dans les villes & bourgs fermés, on ne peut employer aux testamens que des témoins qui sachent signer. Ordonnance des testamens.

Ville de paix, c’étoit celle où il n’étoit pas permis aux sujets d’user du droit de guerre, ni de se venger de leur adversaire. Paris jouissoit de ce privilege, & étoit une des villes de paix, comme il paroît par une commission du 26 Mai 1344. Voyez le glossaire de M. de Lauriere.

Ville de réfuge, est celle où le criminel trouve un asyle. Dieu avoit établi six villes de réfuge parmi les Israélites. Thèbes, Athènes & Rome jouissoient aussi du droit d’asyle. Il y a encore des villes en Allemagne qui ont conservé ce droit. Voyez Asyle.

Ville royale, est celle dont la seigneurie & justice appartiennent au roi, & dans laquelle il y a justice royale ordinaire.

Ville seigneuriale, est celle dont la seigneurie & justice ordinaire appartiennent à un seigneur particulier, quand même il y auroit quelque jurisdiction royale d’attribution, comme une élection, un grenier à sel.

Ville-Comtal, (Géogr. mod.) misérable bicoque, que quelques géographes nomment petite ville de France, dans le Rouergue, à quatre lieues de Rodes. (D. J.)

Ville-Dieu, (Géog. mod.) nom commun à plusieurs bourgs de France ; mais le principal est un gros bourg de ce nom en Normandie, au diocèse de Coutances, dont il est à sept lieues. Il est remarquable par une commanderie de Malthe fondée par Richard III. roi d’Angleterre, & par son commerce en poëleries, commerce ancien. Cénalis, évêque d’Avranches au xvj. siecle, écrit dans un de ses ouvrages ; habet constantia civitas, sub suâ hierarchicâ ditione. Theopolim, gallicè Ville-Dieu, municipium in fabricandis æneis vasis, fabrili arte omni ex parte addictum. Caldarios artifices vocant. (D. J.)

Ville-Fort, (Géog. mod.) bourg que nos géographes appellent ville dans le Languedoc, au diocèse d’Uzès ; ce bourg est néanmoins un grand passage & la clé des Cévennes & du Languedoc. (D. J.)

Ville-Franche, (Géog. mod.) ville de France, capitale du Beaujolois, entre Lyon & Mâcon, à 5 lieues de la premiere, & à 6 de la seconde ; elle est sur le Morgon, qui se perd dans la Saône, à une lieue au-dessous. Cette ville fut fondée par Humbert IV. sire de Beaujeu, vers le commencement du xij. siecle ; elle est aujourd’hui fortifiée de murailles & de fossés : c’est le chef-lieu d’une élection & d’un grenier-à-sel ; elle a une bonne collégiale érigée en 1681. Long. 22. 24. latit. 45. 58.

Morin (Jean-Baptiste) né à Ville-Franche en Beaujolois, l’an 1583, s’entêta de l’astrologie judiciaire : ce qui lui donna accès chez les grands & chez les ministres. Il obtint une chaire de professeur en mathématiques à Paris, & une pension de deux mille livres du cardinal Mazarin. Il publia plusieurs ouvrages sur la vaine science dont il étoit épris ; cependant il n’eut pas la satisfaction de voir imprimée son astrologia gallica, qui lui avoit couté trente ans de travail, & qui ne parut qu’en 1661. Il attaqua le système d’Epicure & celui de Copernic ; tout le monde se moqua de lui, & le regarda comme un fou ; c’est le jugement qu’en porte avec raison Gui Patin. On fit voir à Morin qu’il se trompoit dans ses horoscopes, & qu’il n’avoit point trouvé le problème des longitudes, comme il s’en flattoit. On avoit raison ; mais il fut trop méprisé des gens de lettres, car il ne manquoit ni de génie ni d’habileté. Il mourut l’an 1656, à 73 ans. (D. J.)

Ville-Franche, (Géog. mod.) petite ville, ou plutôt bourgade de France, dans le Bourbonnois, élection de Montluçon, à quatre lieues de Montluçon, sur les ruisseaux de Hauterive & de Bessemoulin. Il y a un chapitre dans cette bourgade. (D. J.)

Ville-Franche, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le haut Languedoc, au diocese d’Alby ; c’est maintenant une bourgade qui subsiste seulement par ses foires. (D. J.)

Ville-Franche, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le Roussillon, capitale du Conflant, au pié des Pyrénées, sur la Tet, à 9 lieues au sud-ouest de Perpignan, à 10 au nord-est de Puycerda, & à 180 de Paris. Elle fut fondée en 1092 par Guillaume Raymond, comte de Cerdaigne. Sa position est entre deux montagnes très-hautes, & si voisines l’une de l’autre, qu’il n’y a entre-deux qu’un chemin pour le passage d’une charrette. La Tet y coule comme un torrent. Cette place a été cédée à la France avec tout le Roussillon en 1659, par la paix des Pyrénées. Louis XIV. y a fait élever un château où l’on tient un commandant & un état major. Long. 20. latit. 42. 23. (D. J.)

Ville-Franche, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le Rouergue, capitale de la basse-Marche, sur l’Avéiron, à 8 lieues au couchant de Rodès, à 12 au sud-est de Cahors. Elle a été bâtie au xij. siecle, à-peu près dans le même tems que Montauban ; c’est aujourd’hui la deuxieme ville du Rouergue, le chef-lieu d’une élection, & elle contient environ cinq mille habitans ; elle a un college dirigé par les pp. de la doctrine chrétienne, un chapitre, une chartreuse & quelques couvens. Son commerce consiste en toiles de chanvre qu’on débite à Toulouse & à Narbonne. Long. 19. 47. latit. 44. 22. (D. J.)

Ville-Franche de Panat, (Geog. mod.) petite ville ou bourg de France, dans le Rouergue, sur le ruisseau de Dordon, près du Tarn, à 4 lieues au midi de Rodès, & à 5 au nord-ouest de Milhau. Long. 19. 40. latit. 44. 13. (D. J.)

Ville-Franche, (Géog. mod.) petite ville, ou pour mieux dire, bourgade de France, dans la Champagne, au pays d’Argonne, sur la Meuse, à une lieue au-dessus de Stenay. François I. l’avoit fortifiée comme frontiere ; mais on a rasé depuis les fortifications. (D. J.)

Ville-Franche, (Géog. mod.) petite ville du comté de Nice, sur la côte de la Méditerranée, au pié d’une montagne, & au fond d’une baie qui peut avoir deux milles de profondeur. Cette petite ville est à demi ruinée. Elle est à une lieue au nord-est de Nice, & à trois au sud-ouest de Monaco. Long. 25. 4. latit. 43. 40. & la variation de six degrés nord-ouest. (D. J.)

Ville-Maur, (Géog. mod.) petite ville de France, en Champagne, élection de Chaumont, avec un chapitre. Elle a été érigée en duché en 1650. (D. J.)

Ville-Mur, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le haut Languedoc, aux confins de l’Albigeois, sur le Tarn, à quatre lieues de Montauban. Il se livra un grand combat près de cette ville l’an 1592, entre les royalistes & le parti de la ligue. Scipion, duc de Joyeuse, y périt dans le Tarn. Long. 19. 2. latit. 44. 7. (D. J.)

Ville-Neuve, (Géog. mod.) petite ville, ou plutôt bourg de Suisse, dans le canton de Berne, au pays Romand, dans le bailliage de Vevay, anciennement Penai-Lucus. Elle est située à la tête du lac de Geneve, & près de l’endroit ou le Rhône se jette dans ce lac. Scheuchzer cite une inscription à demi-effacée qu’on voyoit sur un marbre ; cette inscription portoit : Victori. Aug. Nitio. Gemina. Tullia. Niti. Il y a dans ce bourg un hôpital fondé par Amé V. comte de Savoie, en 1246. Les Bernois y entretiennent un hospitalier. (D. J.)

Ville-Neuve, (Géog. mod.) nom commun à plusieurs petites villes ou bourgs de France : voici les principales.

1°. Ville-neuve d’Agénois, une petite ville de France en Agénois, sur le Lot. Elle a une justice royale, & un pont qui est le seul qu’il y ait sur la riviere de Lot, dans la généralité de Bourdeaux.

2°. Ville-neuve d’Avignon, petite ville de France, dans le bas Languedoc, recette d’Uzès, au bord du Rhône, au pié du mont Saint-André, & à l’opposite de la ville d’Avignon.

3°. Ville-neuve de Bergue, petite ville de France, dans le Languedoc, recette de Viviers, sur le torrent d’Ibie. Cette petite ville est le siege d’un des bailliages & de la maîtrise particuliere du Vivarais.

4°. Ville-neuve Saint-George, bourg de l’île de France, sur la Seine, dans la Brie françoise, à quatre lieues au dessus de Paris, & à trois de Corbeille, entre l’une & l’autre ville.

5°. Ville-neuve-le-Roi, petite ville de France, dans la Champagne, élection de Sens, sur l’Yonne, à trois lieues au-dessus de Sens, & à quatre au nord de Joigny. On nomme autrement cette petite place, Villeneuve-l’Archevêque.

Sevin (François), de l’académie des Inscriptions, y prit naissance en 1682. Il entra dans l’état ecclésiastique, & fit en 1728, par ordre du roi, un voyage à Constantinople pour y rechercher des manuscrits. Il en rapporta une belle collection, & obtint la place de garde des manuscrits de la bibliotheque du roi, dont il a donné deux volumes. Il étoit depuis longtems de l’académie des Inscriptions & belles-lettres. Cette académie a fait imprimer dans ses mémoires tous les ouvrages qu’il y lisoit, & presque tous entiers ; le nombre en est considérable. Il est mort à Paris en 1741.

6°. Ville-neuve-la-Guyart, ville de France, dans la Champagne, élection de Sens, aux frontieres du Gâtinois. Cette petite ville est située sur l’Yonne, où elle a un pont.

Ville maritime, (Géog. mod.) on nomme villes maritimes, celles qui sont situées sur le bord de la mer, ou à une distance peu considérable de la mer. Platon prétend que la bonne foi ne regne pas ordinairement dans les villes maritimes, & il en apporte la raison : maris vicinitas, cum mercibus & pecuniis cauponando civitas repleatur, dolosi animi instabiles & infidos mores parit : undè parùm & ipsa ad se ipsam, & ad gentes alias fidem & amicitiam colit. Les mœurs ne sont donc plus telles que dans le siecle de Platon ; car il n’y a pas de ville où (choses d’ailleurs égales) il y ait plus de probité & de bonne foi que dans les villes où le négoce fleurit, parce que la droiture & la bonne foi sont l’ame du commerce. (D. J.)

Villes forestieres, (Géog. mod.) villes d’Allemagne, au cercle de Suabe, sur le bord du Rhin. Il y en a quatre : deux à la droite de ce fleuve, & deux à la gauche, entre le canton de Schaffouse à l’orient, le canton de Berne au midi & le canton de Bâle au couchant. Ces quatre villes forestieres sont Waldshutt, Lauffenbourg, Seckingen & Rheinfeld. (D. J.)

Villes impériales d’Allemagne, (Géog. mod.) Voyez Impériales villes.

Villes impériales du Japon, (Géog. mod.) on entend sous ce nom dans le Japon les Gokosio, c’est-à-dire les cinq villes maritimes qui sont du domaine de l’empereur, & appartiennent à la couronne.

Ces cinq villes sont Miaco, dans la province de Jamasyra, & la demeure de l’empereur ecclésiastique héréditaire : Jedo, dans la province de Musasi : Osacca, dans la province de Setz : Sakai, dans la province de Jassumi : & Nagazaki, dans celle de Fisen.

Les quatre premiere sont situées dans la grande île de Niphon, & la derniere dans l’île de Kinsju. Toutes ces villes sont considérables par leur abondance & par leurs richesses : ce qui provient de la fertilité de leur terroir, de leurs manufactures, des marchandises que l’intérieur du pays leur fournit, & de divers autres avantages considérables, comme de la résidence des deux cours impériales & de l’affluence des étrangers, entre lesquels on remarque une grande quantité de princes & de seigneurs qui s’y rendent avec une nombreuse suite.

Chacune des villes impériales a deux gouverneurs ou lieutenans généraux, que leurs inférieurs nomment tonosama, c’est-à-dire, seigneur, supérieur ou prince. Ils commandent tour-à-tour ; & tandis que l’un est au lieu de son gouvernement, l’autre fait son séjour à Jedo à la cour de l’empereur, jusqu’à ce qu’il ait ordre de s’en retourner, & d’aller relever son collegue. Ce dernier va alors à la cour d’où son successeur est parti. La seule ville de Nagasaki a trois gouverneurs. On l’a réglé ainsi depuis l’année 1688, pour la sûreté d’une place aussi importante ; & pour mieux veiller sur la conduite des nations étrangeres qui ont la permission d’y trafiquer, deux de ces gouverneurs résident à la ville, tandis que le troisieme est à la cour. Les deux gouverneurs qui sont à Nagasaki, y commandent conjointement ; mais ils président tour-à-tour de deux mois en deux mois. Kaempfer, hist. du Japon, l. IV. c.j. & ij. (D. J.)

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Étymologie de « ville »

Wallon, veie ; bourg. velle ; provenc. vila, maison de campagne, et aussi ville ; espagn. et ital. villa ; du lat. villa, maison de campagne, qui est le diminutif de vicus, archaïque veicus, village ; sanscr. veça, maison. Beaucoup de maisons de campagne latines étant devenues l'origine de villages, de bourgs, de cités, villa a dans le français pris le sens de ville.

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Du latin villa (« maison de campagne ») ; les villas gallo-romaines, mérovingiennes et carolingiennes gagnant en importance au fur et à mesure du Moyen Âge, le sens évolue vers village, car certaines sont devenues des villages et certaines des villes. Le nom a progressivement suivi leur évolution et remplacé le latin vicus alors que cité s’est maintenu.
Pour une évolution similaire, voir bourg ; le burg (« château-fort ») germanique est aussi devenu synonyme de village et de petite ville.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « ville »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
ville vil

Fréquence d'apparition du mot « ville » dans le journal Le Monde

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Évolution historique de l’usage du mot « ville »

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Citations contenant le mot « ville »

  • La poule naît au village, on la mange en ville.
    Proverbe espagnol
  • La lune bouge doucement mais elle traverse la ville.
    Proverbe ashanti
  • La ville a une figure, la campagne a une âme.
    Jacques de Lacretelle
  • Ne pas oublier que les villes sont dans la campagne !
    Germain Nouveau — Album Richepin, CaillerL'Album Richepin a été écrit en collaboration avec Jean Richepin et ses amis du groupe des Vivants : Ponchon, Bourget et Mercier
  • Florence : la ville où la tranquilité est faite manifeste.
    Katherine Cecil Thurston — The Gambler
  • Paris c'est Babylone la ville de toutes les tentations.
    Christine Angot — Quitter la ville
  • J'ai des souvenirs de villes comme on a des souvenirs d'amours.
    Valery Larbaud — A. O. Barnabooth, les Poésies de A. O. Barnabooth , Gallimard
  • La ville est arc-boutée sur le temps.
    Paul Chemetov
  • La ville demain saura-t-elle préserver la santé de ses habitants ? 
    Franceinfo — Ma ville demain. Pollution, bruit : la ville peut nuire à votre santé
  • Gardez votre ville propre, mangez du pigeon !
    Victor Blin
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Traductions du mot « ville »

Langue Traduction
Anglais city
Espagnol ciudad
Italien città
Allemand stadt
Chinois
Arabe مدينة
Portugais cidade
Russe город
Japonais
Basque city
Corse cità
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Synonymes de « ville »

Source : synonymes de ville sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « ville »

Combien de points fait le mot ville au Scrabble ?

Nombre de points du mot ville au scrabble : 8 points

Ville

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