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Ville

Variantes Singulier Pluriel
Féminin ville villes

Définitions de « ville »

Trésor de la Langue Française informatisé

VILLE, subst. fém.

A. −
1. Agglomération relativement importante dont les habitants ont des activités professionnelles diversifiées, notamment dans le secteur tertiaire. Synon. agglomération* urbaine, cité.Belle, nouvelle ville; ville maritime, industrielle, portuaire, touristique; ville de province; centre, cœur, faubourg, quartier de la ville; habiter la ville; habiter, travailler, vivre à la/en ville. Il lui apportait comme un présent magnifique un monde éblouissant, la magie des villes; il la délivrerait de l'accablement de la campagne glacée et des bois sombres (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 197).V. agglomération ex. 20, 21, 22, 23, 27, banlieue ex. 4, campagne ex. 1, 3.
Par personnification. Poumons de la ville. Entendre la voix naturelle de la ville lointaine et bavarde, (...) comprendre le sens mystérieux de sa voix sans mots (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1907, p. 56).
2. Spécialement
a) HIST. (en partic. au Moy. Âge)
[En parlant d'une agglomération gén. fortifiée] Synon. cité.Enceinte, murs, portes, remparts de la ville; armoiries, blason d'une ville. Klotz avait défendu au peuple de Paris de chanter l'Internationale au Père-Lachaise, puis, pris de peur, avait permis cette démonstration dans les fossés de la ville, hors de la ville, comme si son pouvoir se fût arrêté aux murs (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 336).V. clef I B 1 ex. de Lorrain, fossé A 1 ex. de Du Camp, rempart A 1 ex. de Pourrat.
Ville forte, fortifiée. Ville entourée d'une enceinte, de remparts. Anton. ville ouverte*.La partie de la vallée du Gave où réapparaissent les roches calcaires, propres à édifier châteaux et villes fortes (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 361).Le décret du 27 germinal expulsa les nobles et les étrangers de Paris et des villes fortifiées (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 420).
Tour de ville. Boulevard circulaire autour d'une ville. À Goettingen, les remparts constituent une promenade, un « tour de ville » célèbre (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 104).SPECTACLES. Défilé, cavalcade, parade. La « parade » et le « tour de ville », si spectaculaires, ont pour objet principal de recruter des spectateurs (Hist. spect.,1965, p. 1528).
DROIT Ville franche. V. franc3I B.Ville affranchie. La moralité finaliste s'affirme (...) dans les villes affranchies tout particulièrement (elles sont très agitées par les luttes entre les groupes qui les constituent) (Traité sociol.,1968, p. 165).
Bonne ville. Ville fortifiée, importante; en partic., ville privilégiée ayant des magistrats jurés et tenant du roi le droit de bourgeoisie avec affranchissement de la taille. Il était aussi réglé que tous les seigneurs du sang royal, les gens d'église, les nobles et les gens des bonnes villes se soumettraient, et jureraient aussi bienveillance, union et concorde (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 4, 1821-24, p. 242).
Ville consulaire. ,,Commune du Midi de la France qui était administrée par un corps de consuls`` (GDEL). Ville impériale. V. impérial I A 1.Ville libre*. Ville royale. ,,Ville dont la seigneurie et la justice appartenaient au roi`` (GDEL). Ville seigneuriale. ,,Ville où le seigneur avait un droit de justice`` (GDEL). Ville hanséatique*.
b) ADMIN. RELIG. Ville métropolitaine. Ville qui est une métropole, qui est le siège d'un archevêché, capitale d'une province ecclésiastique. V. métropolitain1A 1 ex. de Chateaubriand.
c) ART MILIT. Ville bombardée, détruite, envahie, investie, occupée, rasée, saccagée; ville martyre; assiéger, prendre une ville; possession, siège d'une ville. Ils prêtèrent serment de (...) s'entendre avec lui pour la garde, la conservation et la défense de la ville (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 4, 1821-24p. 278).
Ville ouverte*. Anton. ville forte, fortifiée (supra).
Loc. fig., vieilli. Loc. verb., fam. Avoir ville gagnée. Avoir surmonté les difficultés, être maître de la situation. V. gagner II B 3 ex. de Fabre.Loc. proverbiales. Ville qui parlemente est à demi/à moitié rendue. V. parlementer.,,Villes et filles qui parlementent sont à moitié rendues; ville prise, château rendu``. (Ds Rey-Chantr. Expr. 1979).
d) JEU (de dames). Un jeu qui était (...) très anciennement en usage chez les Romains était le jeu de la ville, ainsi nommé parce que toutes les combinaisons rappelaient les péripéties d'un siège et la lutte établie entre les assiégeants et les assiégés (D'Allemagne, Récr. et passe-temps, 1904, p. 51).
3. Le plus souvent dans le domaine de l'admin., de l'urban.
α) Ville + adj.
Ville artificielle, créée. Anton. ville naturelle, spontanée (infra).Les villes spontanées seront pour nous celles qui ne se sont pas développées suivant un plan arrêté d'avance. Nous réserverons aux autres le nom de villes créées (P. Lavedan, Urban.,1926, p. 22).
Grande ville. Agglomération urbaine importante. Au Moyen-Âge, la « grande ville » avait 10 000 habitants. Aujourd'hui, il lui faut dix fois plus pour mériter ce titre (Univers écon. et soc.,1960, p. 6-15):
1. Un centre urbain voisin de Paris ou de Londres aura des chances de rester stationnaire, à moins qu'il ne soit très voisin (...) de l'agglomération centrale, à moins qu'il ne soit précisément situé dans sa zone d'extension. La grande ville se vide même en son centre, fait qui se vérifie à Paris comme à Londres. Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 222.
Villes jumelles, jumelées. ,,Deux villes contiguës associées par leur économie, tout en étant distinctes. Cas des villes séparées par un fleuve`` (George 1984).
Ville morte. Ville sans présence ou activité humaine. Même dans les villes mortes, la place vaste et irrégulière, faite pour les rassemblements populaires, évoque le souvenir des foules d'autrefois (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 82).En partic., mod. Ville dont toute activité commerciale, industrielle est arrêtée en signe de protestation et comme moyen de revendication. Journée ville morte. À Longwy, elle aussi « ville morte », autre climat. Il est 9 heures vendredi matin, sur la grand-place. Dans le jour gris et froid, une trentaine de jeunes militants (...), le visage dissimulé par un passe-montagne, s'attaquent à la grande porte aux barreaux de fer de l'immeuble de l'Union patronale (Le Point,19 févr. 1979, p. 32, col. 3).
Ville moyenne. Les divers auteurs, du moins en Europe occidentale, parlent de ville moyenne pour une agglomération de 20 000 à 200 000 habitants, ayant des fonctions diversifiées et exerçant un certain rayonnement (CabanneGéogr.1984).
Ville naturelle, spontanée. Anton. ville artificielle, créée (supra).Pour l'organisation des espaces libres, en particulier l'aménagement artistique ou utilitaire de la place publique, il n'y a plus de différence entre villes spontanées et villes artificielles (P. Lavedan, Urban.,1926p. 6).
Ville neuve, nouvelle. Ensemble urbain ne résultant pas de l'extension d'une agglomération existante mais d'une création autonome dans laquelle est prévu le développement simultané des fonctions économiques et de résidence. Ville nouvelle de Cergy-Pontoise, de Marne-La-Vallée. En 1960-1961 (...), le loyer annuel d'un HLM de 3 pièces dans une ville neuve de 10 000 habitants, devrait s'établir à 500 000 anciens francs pour équilibrer l'ensemble des dépenses (Gds ensembles habit.,1963, p. 23).Jean-Pierre Fourcade veut faire dans les villes nouvelles un test de grande dimension (15 000 maisons) pour réconcilier la ville et la maison (Le Point,11 juill. 1977, p. 58, col. 1).
Ville sainte. Synon. de cité* sainte.La ville sainte de Jérusalem, de Rome. La Mecque est la ville sainte des musulmans (Quillet1965).
Ville tentaculaire*.
Ville universitaire. Ville possédant une université. Les autres villes universitaires britanniques, Cambridge, Oxford, Édimbourg, constituèrent aussi progressivement de riches collections [de météorites] (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 369).
Ville verte. Ville pourvue de nombreux espaces verts. Synon. ville-jardin, ville verdure (infra).Les agglomérations tendront à devenir des villes vertes (Le Corbusier, Chartes Ath.,1957, p. 45).
La Ville éternelle*.
En partic. Partie d'une agglomération constituant une entité particulière. Synon. quartier.
Ville basse. V. bas1I A 2 a.Basse(-)ville. Quartier bas d'une ville qui possède une individualité. Anton. ville haute (infra).Enragé libéral (...), Petit-Claud fut le promoteur, l'âme et le conseil secret de l'opposition de la basse-ville, opprimée par l'aristocratie de la ville haute (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 682).V. bas1ex. 15 et cité ex. 14.
Ville haute. V. haut1I A 7 b.Anton. ville basse, basse(-)ville (supra).
Vieille(-)ville, ville(-)vieille. Quartier le plus ancien de la ville, généralement central. Habiter, visiter la vieille ville; rénovation de la vieille ville. Statuts déposés, bureau désigné, la très officielle « Vivre en vieille ville » est née, association créée par une poignée d'habitants « constatant le besoin d'amélioration de la qualité de la vie en ville vieille » (L'Est Républicain,25 févr. 1991, p. 605, col. 5).
β) Ville + subst.[Ville, 1erélém. de compos. entrant dans la formation de subst. comp. dont le 2eélém., le plus souvent relié par un trait d'union, indique une fonction, une caractéristique de la ville ou du type d'agglomération considéré]
Ville(-)capitale. Capitale. Accroître l'emprise de Chirac sur la ville-capitale n'aurait certes pas d'incidence politique sur le présent (Le Nouvel Observateur,25 févr. 1983, p. 24, col. 1).V. capitale1ex. 1.
Ville(-)carrefour. Ville qui, grâce à sa situation géographique et/ou à la diversité de sa population est le point de rencontre d'éléments divers ou opposés. Jane Jacobs (...) défend (...) la ville odorante, diverse, grouillante, multiraciale, la ville carrefour (La Nef,juin 1970, p. 43 ds Quem. DDL t. 24).Paris, pour moi, c'est encore et toujours le pays des libertés, de pensée, de circulation. Plus qu'un simple lieu, qu'un point sur une carte, cette ville-carrefour ouvre sur l'univers (Le Nouvel Observateur,19 juill. 1980, p. 62, col. 2).
Ville carrefour de qqc. Ville point central de quelque chose. Car Marseille est aujourd'hui la ville-carrefour du trafic de la drogue. C'est un Chicago, dans un autre genre (Le Nouvel Observateur,11 juin 1966, p. 18 ds Quem. DDL t. 24).
Ville(-)centre. Anton. de ville de banlieue (infra).Nos villes-centres et leurs banlieues tendent à se développer en différenciant de plus en plus leurs deux organismes (M. Simart, inMercure de France,16 mars 1917, pp. 203-204 ds Quem. DDL t. 15).
Ville(-)champignon. V. champignon B 4.Sydney a été bâtie sans nul souci d'harmonie géométrique. La conception des villes-champignons était en effet ignorée à l'époque de sir Phillip (Cottreau, Le Chartier,Indes, Extrême-Orient, Océanie,1911,p. 160, ibid.).
Ville-dortoir. Synon. de cité-dortoir (v. cité II B 2 b).Une nouvelle fois, Soweto, la ville-dortoir qui abrite un million de Noirs, s'est soulevée (Le Nouvel Observateur,27 sept. 1976, p. 38, col. 4).
Ville-jardin, ville-verdure. Synon. de ville verte (supra), cité-jardin.La ville-jardin de Roissy, un ensemble de 1 500 pavillons, un des plus importants réalisés en Île-de-France (L'Express,9 mai 1977, p. 174, col. 2).
Ville-musée. Ville possédant de nombreux monuments historiques ou musées. Ni ville-musée ni cité-dortoir, elle [Dijon] a réussi, mieux peut-être qu'aucune ville de France, à faire coexister les vieilles pierres et l'eau chaude aux étages (L'Express,6 sept. 1980, p. 182, col. 1).
Ville-phare. Ville importante au point de vue économique, etc. dans une région. La ville, c'est Lens: 40 000 habitants, la ville-phare du bassin minier, ceinturée de ses tristes cités minières en brique rouge (Le Point,31 janv. 1977, p. 40, col. 1).
Ville-satellite. V. satellite II A.
La Ville Lumière. Paris. C'est grâce à mes pareils que cette ville [Paris] mérite de s'appeler la ville lumière (Larbaud, F. Marquez,1911, p. 156).
γ) Ville de + subst.
Ville de banlieue. Agglomération urbaine périphérique à une ville-centre plus importante. Anton. ville-centre (supra).Jusqu'en 1914, le port de Paris desservait non seulement les besoins de la ville, mais aussi ceux des villes de banlieue (Nav. intér. Fr.,1952, p. 54).
Ville d'eaux. Station thermale. M. d'Orsel se rendait à une ville d'eaux, sous prétexte de promenade et de santé (Fromentin, Dominique,1863, p. 85).
δ) [Ville, 2eélém. de compos. entrant dans la formation de subst. comp. dont le 1erélém. indique une fonction, une caractéristique de la ville ou du type d'agglomération considérée] Centre-ville. Partie centrale d'une ville. Habiter le centre-ville; travailler, vivre au centre-ville. Au beau milieu de ces constellations formées de dizaines de cités satellites, les centres-villes sont obligés de financer des équipements (...) qui servent à tous. Et notamment à ces cités suburbaines qui (...) ,,profitent de la « ville centre » un peu comme le gui sur la branche`` (Le Point,11 oct. 1976, p. 96, col. 3).
B. − P. méton.
1. Ensemble des habitants d'une ville. Dires, racontars de la ville; toute la ville en parle, est en émoi, en fête. Il disait comment la foudre, une seconde fois, venait d'éclater sur Paris, le 3 septembre: les espérances broyées, la ville ignorante, confiante, abattue sous cet écrasement du destin (Zola, Débâcle,1892, p. 497):
2. ... les poèmes [de Boris et d'Oleg] paraissaient le lendemain matin dans les deux journaux rivaux de la ville et toute la ville s'en gaussait car les deux poèmes étaient adressés à la même femme (...), et comme pour la politique la ville se scindait en deux, et il y avait les partisans de Boris et il y avait les partisans d'Oleg... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 223.
En partic., vx. [P. oppos. à la Cour, à Versailles ou à la province] Paris et la vie mondaine, sociale, intellectuelle qu'on y mène; la bourgeoisie parisienne. Quelle gloire pour une compagnie, que de donner ainsi le ton et de régner sur l'uniforme! La faveur de la ville et de la Cour, les applaudissements de la foule (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 175).
2. [P. oppos. à la campagne] Manière de vivre des habitants des villes; séjour que l'on fait en ville. Préférer la ville à la campagne; la ville énerve, fatigue. Changeant toujours de dégoûts et d'asile, Il accuse les champs, il accuse la ville; Tous deux sont innocents (Delille, Homme des champs,1800, p. 35).
C. − Locutions
1. À la ville, en ville, loc. adv.
a) [P. oppos. à la campagne, aux champs, au village]
α) Dans la ville, dans une ville; à l'intérieur de l'agglomération où l'on est; dans le centre, dans la partie la plus commerçante. Aller; habiter, vivre en ville; article que l'on trouve en ville; faire un tour en ville. Elle me rejoindra dans la tombe... piètre rendez-vous! J'aimerais mieux une chambre en ville (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 88).
Loc. proverbiales fig., vieilli. Être aux champs et à la ville (v. champ1I A). Avoir un œil aux champs et l'autre à la ville (v. champ1I A).
En partic. En ville
[Gén. sous la forme de l'abrév. E.V.] Mention portée sur l'enveloppe d'une lettre quand celle-ci n'est pas adressée par la voie postale mais directement déposée par quelqu'un dans la boîte du destinataire. (Dict. xxes.).
Hors de chez soi; dans un restaurant, un théâtre, chez des amis. Faire des visites en ville. Excepté quand il déjeunait en ville, il ne quittait donc jamais son lit avant onze heures (Miomandre, Écrit sur eau,1908p. 96).Le soir, ils sortent, ils sont en ville (GDEL).
Dîner en ville. Dîner mondain rassemblant des personnalités littéraires ou politiques, des notables de la ville, etc. L'ambassadeur avait été habitué autrefois dans la diplomatie à considérer les dîners en ville comme faisant partie de ses fonctions, et à y déployer une grâce invétérée (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 438).Dîner en ville. Participer à un dîner mondain. Je dîne tous les soirs en ville avec des dames décolletées (...) et avec des messieurs qui rient tout le temps par politesse (Blanche, Modèles,1928, p. 42).
Dîneur en ville. Personnage mondain qui participe à ce genre de dîner. Cet artiste rare [Henry James] fut avant tout un homme de salon, comme Marcel Proust, un « dîneur en ville » (Blanche, Modèles,1928p. 149).
β) Dans la ville voisine, dans celle dont on parle. Aller à la ville, en ville; vendre ses bêtes à la ville, en ville. Dans ses voyages à la ville, elle brocanterait des babioles, que M. Lheureux, à défaut d'autres, lui prendrait certainement (Flaub., MmeBovary,t. 2, 1857, p. 139).
b) [P. oppos. à l'écran, à la scène; à propos d'un comédien] À la ville. Dans la vie quotidienne ou dans la vie privée. MmeX à la ville. Vedette habillée à la ville par un petit couturier de quartier (GDEL).
2. De la ville, des villes, loc. adj. [Gén. avec valeur caractérisante; en parlant d'une pers. ou de son comportement; p. oppos. à campagnard, rural, villageois] Synon. citadin.Fille, homme, personne de la ville, des villes. Je te dis que cette petite doit être flattée, qu'elle doit s'estimer heureuse de penser qu'un monsieur de la ville a jeté les yeux sur elle (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 215).Les jeunes filles des villes l'eussent trouvée niaise; mais elle n'était que simple et sincère, et proche de la nature, qui ignore les mots (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 192).
3. De ville, loc. adj.
a) Gaz* de ville.
b) [En parlant d'une chose concr.]
α) Vieilli. Pour la vie en ville. Anton. de campagne.J'ai à Milan une voiture à la fois de ville et de campagne (Napoléon ier, Lettres Joséph.,1796, p. 52).La maison de ville, comme la maison de campagne, n'avaient à se prémunir que contre le dehors (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 272).
β) [En parlant d'un élément vestimentaire; p. oppos. à de cérémonie, de soirée, d'intérieur, de sport, de travail] Costume, habit, tenue, toilette de ville. Après avoir parcouru en chaussures de ville les allées cirées du dortoir (Billy, Introïbo,1939, p. 24).
En appos. avec valeur d'adj. inv. [Le plus souvent relié au 1erélém. par un trait d'union] Complet(-)ville. Étéla liberté, dont le premier signe est pour nous d'abandonner tous les vêtements-carcans, les vêtements-bureau, vêtements-ville qui nous briment toujours un peu (Elle,30 juill. 1979, p. 2, col. 1).Nos produits, chaussures de sport et chaussures « hommes ville » sont principalement distribués auprès des détaillants et succursalistes (Le Point,29 oct. 1984, p. 157).
c) Spécialement
α) IMPR., TYPOGR. Ouvrage*, travail* de ville. Synon. de bibelot (v. ce mot C 2), bilboquet (v. ce mot B 1). Anton. labeur (v. ce mot B 1).
β) MÉD. Médecine de ville. ,,Médecine exercée par les praticiens libéraux par opposition à la médecine hospitalière ou de dispensaire`` (GDEL). Honoraire de ville. Anton. de honoraire hospitalier*, d'hôpital.L'arrêté interministériel du 5 janvier 1948 (...) a posé comme principe que les honoraires médicaux à l'hôpital seraient établis sur la base des honoraires dits de ville (Organ. hospit. Fr.,1957, p. 16).
D. − Administration municipale; personne morale que constitue la municipalité. La ville et l'État; budget, emprunt de la ville; projets, travaux de la ville. Je viens du bureau des échevins, autrement dit bureau de la ville. La municipalité vous refuse votre alignement (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 250).Être chauffé par la ville; personnel de la ville (GDEL).
Vx. Corps de ville. Ensemble des magistrats municipaux. Le corps de ville fut présenté au roi (Ac.1835).
De ville, loc. adj. Hôtel* de ville ou maison* de ville (vieilli). Sergent* de ville. Tambour* de ville (vieilli).
REM. 1.
Villasse, subst. fém.,fam., péj., rare. Ville désagréable, mal bâtie ou peu peuplée. Crémone est une grande villasse où l'on meurt d'ennui et de chaleur (Stendhal, Journal,t. 1, 1801-02, p. 21).
2.
Baise-en-ville, subst. masc.,arg., fam. ,,Petit nécessaire de voyage (sac, petite valise) qui contient ce qu'il faut pour passer la nuit hors de chez soi`` (Cellard-Rey 1980). Avec salle de bains? me demande la dame de la réception. Il n'y a plus qu'en France qu'une telle alternative est offerte! (...) Elle me file le 12. Un groom me monte mon petit baise-en-ville avec une mine dégoûtée (San Antonio,Passez-moi la Joconde,1954,p. 130, ds Cellard-Rey 1980).
Prononc. et Orth.: [vil]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xes. vile « réunion de maisons habitées, disposées par rues » ici, désigne une petite agglomération (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 18: vil' es [Betfage] desoz mont Olivet; cf. Hjerusalem qualifié de ciptad, ibid., 49 et passim); v. H. Baader ds Mél. Gamillscheg (E.) 1968, pp. 35-48; ca 1100 désigne une agglomération importante, ici Saragosse (Roland, éd. J. Bédier, 3660); spéc. 1549 habit d'homme de ville (Est., s.v. habit); 2. fin xiies. vile « propriété rurale » (Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, 2777) seulement a. et m. fr., v. FEW t. 14, p. 449b. Du lat. villa « maison de campagne, propriété rurale » qui prit dès les ve-vies. le sens de « groupe de maisons adossées à la villa », c'est-à-dire à peu près « village » (St Augustin et St Jérôme ds Blaise Lat. chrét.; v. FEW t. 14, pp. 451b-452a). Fréq. abs. littér.: 24 328. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 41 132, b) 41 510; xxes.: a) 29 360, b) 28 465.
DÉR. 1.
Villette, subst. fém.,fam., vieilli. Petite ville. Après un grand nombre de zigzags dans l'Apennin, de Narni à Terni, je suis arrivé dans cette villette par un clair de lune à neuf heures du soir (Stendhal, Corresp.,t. 2, 1825, p. 409).En partic. ,,Commune suburbaine possédant de 10 à 20 000 habitants vivant en majorité en maisons individuelles (opposé à grand ensemble)`` (Rob. 1985). ,,Ce mot, conservé dans certains noms de lieu, est remplacé dans la langue courante par petite ville`` (Lar. Lang. fr.). [vilεt]. Att. ds Ac. 1762-1878. 1reattest. fin xiies. vilete « petite ville » (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, p. 54, 24); de ville*, suff. -ette (-et*).
2.
Villotte, subst. fém.a) Fam. Synon. de villette (supra).Malgré le mauvais an, le grand marché d'été a rempli la villotte. Il y a des hommes et des chars sur toutes les routes, des femmes avec des paquets, des enfants habillés de dimanche (Giono, Regain,1930, p. 184).P. méton. Ensemble des habitants d'une villotte. Toute la villotte attendait donc le fonctionnaire qui devait l'éblouir de son éloquence (La Varende, Trois. jour,1947, p. 201).b) Vx, fam. ou région. (Normandie), agric. Synon. de moyette. (Dict. xixes.; ds Lar. encyclop., Quillet 1965, Lar. Lang. fr.). [vilɔt]. 1reattest. 1561 (Du Pinet, Dioscoride, V, 73, éd. 1605 ds Gdf.); de ville*, suff. -otte (-ot*).
3.
Vil(l)otier, -ière,(Vilotier, Villotier) subst.,vx, littér., péj. [La ville étant parfois considérée comme un lieu de débauche et de perdition; le plus souvent à propos d'une femme] Personne débauchée, libertine. Vous avez un rendez-vous ce soir. Oui, répondit Phœbus (...). Chez la Falourdel (...). La vilotière du Pont Saint-Michel (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 335). [vilɔtje], fém. [-jε:ʀ]. Rob. 1985: villotier. 1resattest. a) au fém. ca 1260 « (femme) de mauvaise vie, de mœurs légères » (Les Quatre âges de l'homme, éd. M. de Fréville, 21, p. 14), 1462 subst. villotiere (Fr. Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1511), b) au masc. α) fin xiiies. agn. adj. vilotir « qui s'enfuit (d'un oiseau de chasse) » (Le medicinal des oiseus, fol. 50 ds Tilander Glanures), β) ca 1470 subst. « homme simple, naturel » (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 179), γ) [1539 id. « coureur, débauché » sens incertain (Est.)], 1571 adj. « id. » (La Porte, Epithètes, 172, rods Hug.), 1589 subst. (Matthieu, Aman, III, p. 72, ibid.); de ville*, suff. -(ot)ier*. On ignore quel sens, de a ou de b β, est le plus anc. Le sens originel est prob. « celui qui ne reste pas sur le domaine rural auquel il appartient mais va d'un domaine à l'autre », mais c'est ensuite ville « agglomération » considérée comme lieu de vices qui a influencé le sens a. Voir FEW t. 14, p. 449b et 452 note 1.
BBG.Bruppacher (V.). Zur Geschichte der Siedlungsbezeichnungen im Galloromanischen. Vox rom. 1961, t. 20, pp. 105-160. − Chaurand (J.). Notes à propos de qq. distinctions médiév.: cité, ville et château. R. intern. Onom. 1963, t. 15, pp. 169-172; 1964, t. 16, pp. 241-243. − Quem. DDL t. 19, 24, 36, 37.

Wiktionnaire

Nom commun - français

ville \vil\ féminin

  1. Assemblage ordonné d'un nombre assez considérable de maisons disposées par rues, et limitées parfois par une enceinte.
    • Oh ! caballero, la ville la plus belle et la plus grande de la vieille Europe est bien petite, bien sale et bien mesquine comparée au désert. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Il y a dans certaines villes jusqu’ici préservées, il y a de ces rues extraordinaires, remarquables tantôt par leur fourmillement et tantôt par leur silence, car la variétés des villes est infinie. — (Pierre Louÿs, La ville plus belle que le monument, dans Archipel, 1932)
    • Soudain, devant nous, au seuil des montagnes, apparaît une ville. C’est si nettement une ville, la ville des écriteaux d’école, mi en plaine, mi en montagne, que nous doutons d’y pénétrer. Au-dessus d’elle, un château-fort, les tours encore presque intactes, mais renversées horizontalement, comme dans les mirages qui n’ont pu tourner tout-à-fait. Jamais l’état-major […] ne nous permettra de pénétrer dans cet exemple de ville, avec sa cathédrale ogivale au milieu, ses usines à droite, ses toits de tuile à gauche. — (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)
    • […] nous passons sous le pont suspendu de Brooklyn et devant Manhattan et ses gratte-ciel, et ma dernière vision de New-York me laisse une impression de ville monstrueuse et titanesque. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Le Havre, tout le monde le sait, est une ville de création beaucoup plus récente que Rouen, une ville claire, ouverte, aérée, une ville rectiligne. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
  2. Entité administrative ayant légalement obtenu le statut de ville, comme par exemple certaines communes de Belgique ou du Luxembourg.
    • Chiny a le statut de ville, glorieux héritage de son lointain passé historique. — (Bernard Dubrulle, Le Petit Futé Wallonie: L’Ardenne et bien plus, 2007)
  3. (Par extension) L’administration de cette cité.
    • Il avait une partie de son bien en rentes sur la ville de Paris.
  4. (Par extension) Population d’une ville.
    • Et voilà qu’Eugène passait les soirées entières dans le salon jaune, écoutant religieusement ces grotesques que lui, Aristide, avait si impitoyablement raillés. Quand il sut, par les bavardages de la ville, que son frère donnait des poignées de main à Granoux et en recevait du marquis, il se demanda avec anxiété ce qu’il devait croire. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, ch. III ; réédition 1879, p. 99)
    • À Marseille, les juifs eurent droit de cité jusqu’au XVIe siècle, et il semble pas que la ville ait eu à le regretter, car c’est un des leurs, Crescas Davin, qui introduisit chez elle, en 1371, la fabrication du savon. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • La ville et ses plus riches bourgeois veulent surpasser en magnificence les autres cités. La réception est « de gros coutange » mais aussi « chose très admirable ». — (Jean-François Solnon, Quand la Franche-Comté était espagnole, Fayard, 1989)
  5. Vie urbaine, mœurs qui y règnent, par opposition au séjour, à la vie et aux mœurs de la campagne.
    • J’aime mieux la ville que les champs.
    • Il préfère la campagne à la ville.
  6. (Histoire) (Par ellipse) Corps des officiers municipaux.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

VILLE. n. f.
Assemblage ordonné d'un nombre assez considérable de maisons disposées par rues, et limitées souvent par une enceinte. Ville close de murailles. Ville fermée. Ville ouverte. Ville démantelée. Ville forte. Ville maritime. Ville frontière. Ville marchande. Ville d'eaux. La ville de Rouen. La ville et ses faubourgs. La ville haute et la ville basse. La ville neuve. La vieille ville. Se promener dans une ville. Errer par la ville. Il est allé faire un tour de ville, un tour en ville. J'ai parcouru tous les quartiers de la ville. Il demeure au centre, au cœur de la ville, à l'autre bout de la ville. Il court un bruit par la ville, dans la ville. Il possède une maison de ville et une maison des champs. La Ville éternelle se dit de la Ville de Rome. Ville libre. Voyez LIBRE. Le corps de ville ou simplement La ville se disait du Corps des officiers municipaux. Le corps de ville fut présenté au roi. Hôtel de ville, maison de ville, Hôtel, maison où se réunit habituellement le conseil municipal. Il avait une partie de son bien en rentes sur la ville, En rentes sur l'Hôtel de Ville de Paris. Sergent de ville. Voyez SERGENT. Toilette, tenue de ville, Toilette, tenue pour sortir le jour, par opposition à Toilette, tenue du soir, de soirée. Fam., Être à la ville, N'être point à la campagne. Être en ville, N'être pas actuellement chez soi. On dit aussi : Déjeuner, dîner en ville, Déjeuner, dîner dans une maison où l'on est invité. Travailler en ville, Aller travailler chez des particuliers. Fig. et fam., Avoir ville gagnée se dit en parlant de Toute difficulté vaincue, surmontée. Prov. et fig., Ville qui parlemente est à moitié rendue, Une personne qui écoute les propositions qu'on lui fait n'est pas éloignée d'accorder ce qu'on lui demande.

VILLE se dit, par extension, de l'Ensemble des Habitants d'une ville. Toute la ville est allée au-devant de lui. Toute la ville parle de cette nouvelle. La ville et la cour s'est dit de l'Ensemble des gens de la bonne bourgeoisie de Paris et des nobles qui avaient entrée à la cour du roi. En termes d'Imprimerie, Ouvrages de ville, Travaux peu importants qui ne comportent qu'un on deux feuillets, comme les cartes, les menus, les annonces, etc.

VILLE se dit encore, absolument, du Séjour des villes. de la vie qu'on y mène et des mœurs qui y règnent, par opposition au séjour, à la vie et aux mœurs de la campagne. J'aime mieux la ville que les champs. Il préfère la campagne à la ville.

Littré (1872-1877)

VILLE (vi-l') s. f.
  • 1Assemblage d'un grand nombre de maisons disposées par rues, souvent entourées de murs d'enceinte, de remparts, de fossés. Elle [la paix] met les pompes aux villes. Donne aux champs les moissons fertiles, Malherbe, III, 2. C'est une ville de guerre fort pauvre, les maisons mal entendues et malpropres, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 380. Au milieu de la première guerre punique, Théodote, gouverneur de la Bactrienne, enleva mille villes à Antiochus appelé le dieu, fils d'Antiochus Soter, roi de Syrie, Bossuet, Hist. I, 8. Une grande ville fort peuplée d'artisans occupés à amollir les mœurs par les délices de la vie, quand elle est entourée d'un royaume pauvre et mal cultivé, ressemble à un monstre dont la tête est d'une grosseur énorme, et dont tout le corps exténué et privé de nourriture n'a aucune proportion avec cette tête, Fénelon, Tél. XXII. Il y a une chose qu'on n'a point vue sous le ciel, et que, selon toutes les apparences, on ne verra jamais, c'est une petite ville qui n'est divisée en aucuns partis, où les familles sont unies, et où les cousins se voient avec confiance, La Bruyère, V. Les voyageurs cherchent toujours les grandes villes, qui sont une espèce de patrie commune à tous les étrangers, Montesquieu, Lett. pers. 23. On peut avoir vu toutes les villes du monde, et être surpris en arrivant à Venise, Montesquieu, ib. 31. Paris est peut-être la ville du monde la plus sensuelle, et où l'on raffine le plus sur les plaisirs ; mais c'est peut-être celle où l'on mène une vie plus dure, Montesquieu, ib. 106. Entrez dans une petite ville de province, rarement vous y trouverez un ou deux libraires ; il en est qui en sont entièrement privées, Voltaire, Dict. phil. Goût. Je vais rasant de ville en ville, Beaumarchais, Mar. de Figaro, v, 3. Ébloui, mais lassé de l'éclat de nos villes, Souvent il s'écriait : rendez-moi mes forêts, Delille, Jard. II. Les grandes villes seules conviennent aux personnes qui sortent de la règle commune, Staël, Corinne, XIV, 2. Le silence est profond dans cette ville [Venise] dont les rues sont des canaux ; et le bruit des rames est l'unique interruption à ce silence, Staël, ib. XIX, 7.

    Par la ville, en parcourant les rues de la ville. Suivez-moi, que j'aille un peu montrer mon habit par la ville, Molière, Bourg. gent. III, 1. Prêtez-moi tout deux votre style, Et je ferai des vers galants Que l'on chantera par la ville, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 17.

    La ville est bonne, on y trouve aisément ce dont on a besoin.

    Anciennement. Bonne ville, qualification honorable donnée par les rois de France à certaines villes plus ou moins considérables.

    Être en ville, n'être pas actuellement chez soi. Mais de vous rencontrer il n'est pas bien facile : Car vous dormez toujours, ou vous êtes en ville, Molière, Fâch. III, 2. D'être en ville si tard ils n'ont pas l'habitude, Al. Duval, Tyran domest. IV, 11.

    Dîner, souper en ville, dîner, souper dans une maison où l'on est invité. Qu'on ne m'attende point, je vais dîner en ville, Régnier, Sat. VIII. Estimé de ses amis, voyant bonne compagnie, soupant en ville ou chez lui avec qui il lui plaisait, Mme de Puisieux, Ridic. à la mode, p. 201, dans POUGENS.

    Habit de ville, toilette de ville, habit, toilette que l'on prend pour faire ses visites dans la ville. Le roi leur dit [à Racine et à Boileau] : Je suis fâché que vous ne soyez venus à cette dernière campagne, vous auriez vu la guerre… Racine lui répondit : Sire, nous sommes deux bourgeois qui n'avons que des habits de ville ; nous en commandâmes de campagne : mais les places que vous attaquiez furent plus tôt prises que nos habits ne furent faits ; cela fut reçu agréablement, Sévigné, à Bussy, 3 nov. 1677. Trois Muses, en habit de ville, Y président à ses côtés, Boileau, Poés. div. IV. On s'étonna de le voir paraître en habit de ville, Hamilton, Gram. 7.

    En typographie, ouvrage de ville, impressions destinées aux usages bourgeois, telles que billets de faire part, étiquettes, etc.

    Fig. Avoir ville gagnée, se dit de toute difficulté surmontée. L'arrogant croit déjà tenir ville gagnée, Corneille, Illusion, II, 9.

    La grande ville, Paris. Si le roi m'avait donné Paris, sa grand'ville, Molière, Mis., I, 2.

    Poétiquement. La ville éternelle, la ville de Rome.

    Villes saintes, Jérusalem, Médine et la Mecque.

    Terme de numismatique. Médailles des villes, celles qui ont été frappées dans les villes autonomes de l'antiquité, et qui en portent le nom ou les emblèmes.

    Terme d'ancienne coutume. Ville d'arrêt, ville où un créancier pouvait procéder par saisie et voie d'arrêt sur les biens de ses débiteurs forains qui y étaient trouvés.

    Terme d'ancienne coutume. Perdre la ville, être banni ; rendre la ville, rappeler de l'exil.

  • 2 Absolument. La ville, dite par opposition à la campagne. Belleau ne parle pas comme on parle à la ville, Régnier, Sat. IX. Une demoiselle habillée moitié ville, moitié campagne, Scarron, Rom. com. I, 1. Perrette, sur sa tête ayant un pot au lait Bien posé sur un coussinet, Prétendait arriver sans encombre à la ville, La Fontaine, Fabl. VII, 10. Je fuis les chagrins de la ville, Boileau, Épître VI. J'ai fui la ville aux muses si contraire, Chénier, Élég. XI.

    Être à la ville, n'être point à la campagne.

    Il se dit aussi par opposition à la cour. Damon, ce grand auteur dont la muse fertile Amusa si longtemps et la cour et la ville, Boileau, Sat. I. La cour, ou ne connaît pas la ville, ou, par le mépris qu'elle a pour elle, néglige d'en relever le ridicule, et n'est point frappée des images qu'il peut fournir, La Bruyère, Disc. sur Théophr.

    Il se dit de la capitale par opposition à la province. Notre siècle est fertile en sots admirateurs ; Et, sans ceux que fournit la ville et la province, Il en est chez le duc, il en est chez le prince, Boileau, Art p. I. La ville dégoûte de la province, La Bruyère, VIII.

  • 3Les habitants d'une ville. Assez de sots sans moi feront parler la ville, Disait, le mois passé, ce marquis indocile, Boileau, Sat. VIII. …verras-tu d'un esprit bien tranquille Chez ta femme aborder et la cour et la ville ? Boileau, ib. x. La ville est partagée en diverses sociétés, qui sont comme autant de républiques, La Bruyère, VII.

    Bruit de ville, nouvelle incertaine ou fausse.

  • 4Le corps de ville, ou, simplement, la ville, les officiers municipaux. Messieurs de ville eurent en vérité bonne part de l'honneur en cette illustre fête, La Fontaine, Lettres, I, à Fouquet. La ville, mais sans le gouverneur, alla saluer Mme de Lorraine au Palais-Royal, Saint-Simon, 62, 40.

    L'hôtel de ville, la maison de ville, l'hôtel, la maison où se réunit le conseil municipal.

    Elliptiquement. La ville, l'administration municipale, l'hôtel de ville.

    On dit de même : Emprunt de la ville de Paris, etc.

    Il avait une partie de son bien sur la ville, il avait une partie de son bien en rente sur l'hôtel de ville de Paris.

    Sergent de ville, voy. SERGENT.

PROVERBES

Les maisons empêchent de voir la ville, voy. MAISON.

Ville qui parlemente est à moitié rendue, voy. PARLEMENTER.

REMARQUE

1. Il faut distinguer en ville et à la ville. Être en ville, c'est n'être pas actuellement chez soi ; être à la ville, c'est n'être pas à la campagne.

2. M. un tel est en ville, il est allé en ville, il est en cour, il est allé en cour, il est bien en cour ; il faut dire M. un tel est à la ville, il est à la cour, il est bien à la cour, Caillières. Bon et mauv. us. convers. I. Ces observations de Caillières ne sont plus reçues aujourd'hui, mais Mme de Sévigné s'y conformait dans le passage suivant : Il lui dit [à la comtesse de Soissons impliquée dans l'affaire des poisons] qu'il fallait sortir de France, ou aller à la Bastille, elle ne balança point… l'heure de souper vint ; on dit que Mme la comtesse soupait à la ville, Sévigné, 26 janv. 1680.

HISTORIQUE

XIe s. Quatre hommes ou de burt [bourg] ou de vile, Lois de Guill. 43.

XIIe s. Venu sont à Hauteme, s'ont la vile brisie, Sax. VII.

XIIIe s. Ensi se hebergierent devant la tour, en la Juierie, qu'on appeloit Lestanor, où il [y] avoit moult bone vile et riche, Villehardouin, LXXII. Lavile [villa] seoit en un bos, Moult i ot gelines et cos, Anes [canes], malarz et jars et oes, Ren. 1271. Les bones viles de commune, et celes meismes là ù il n'a point de commune… doivent estre gardées en tel maniere, que…, Beaumanoir, L, 1. L'autre maniere de compaignie qui se fet par reson de communalité, si est des habitants es viles où il n'a pas communes, k'on apele viles bateices, Beaumanoir, XXI, 27.

XIVe s. Quicunques est present, aidans ou confortans à occire homme ou femme dedens la ville et banlieue [de Tournay], et li occiz murt sans parler ne accuser le malfaiteur, tous les presens sont encoulpé du fait et perdent la ville [sont bannis] à tousjours mais, Du Cange, villa.

XVe s. Il ardirent une bonne ville, c'on dist Creci-sur-Selle, qui point n'estoit fremée, Froissart, I, 81, éd. LUCE. Il rendit à plusieurs bannis la ville, Mathieu de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 682, dans LACURNE. Les autres bonnes villes, et citez fermées, et villes champestres [villages] et chasteaux, Monstrelet, ch. 158, p. 238, dans LACURNE. Ils poserent une enseigne du roy sur la muraille, et firent sonner par les trompettes le cry de ville gagnée, Saligny, Hist. de Charles VIII, p. 32, dans LACURNE.

XVIe s. Selon la ville les bourgeois, Cotgrave A l'entrée de la ville est le commencement des maisons, Cotgrave

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Étymologie de « ville »

Du latin villa (« maison de campagne ») ; les villas gallo-romaines, mérovingiennes et carolingiennes gagnant en importance au fur et à mesure du Moyen Âge, le sens évolue vers village, car certaines sont devenues des villages et certaines des villes. Le nom a progressivement suivi leur évolution et remplacé le latin vicus alors que cité s’est maintenu.
Pour une évolution similaire, voir bourg ; le burg (« château-fort ») germanique est aussi devenu synonyme de village et de petite ville.
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Wallon, veie ; bourg. velle ; provenc. vila, maison de campagne, et aussi ville ; espagn. et ital. villa ; du lat. villa, maison de campagne, qui est le diminutif de vicus, archaïque veicus, village ; sanscr. veça, maison. Beaucoup de maisons de campagne latines étant devenues l'origine de villages, de bourgs, de cités, villa a dans le français pris le sens de ville.

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Phonétique du mot « ville »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
ville vil

Fréquence d'apparition du mot « ville » dans le journal Le Monde

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Évolution historique de l’usage du mot « ville »

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Citations contenant le mot « ville »

  • La poule naît au village, on la mange en ville.
    Proverbe espagnol
  • J’ai fait un voyage sur le plus beau bateau qui ait jamais été construit ; particularité étrange, à bord de ce transatlantique, passagers et hommes d’équipage étaient à cheval !Le capitaine, cavalier émérite, montait un pur-sang de courses, il portait un costume de chasse et sonnait du cor pour diriger la manœuvre, quant à moi, ayant horreur de l’équitation, j’avais pu obtenir de passer mes journées sur le cheval de bois de la salle de gymnastique. Nous débarquâmes sur une terre nouvelle où les chevaux étaient inconnus ; les indigènes prirent pour un animal à deux têtes les passagers montés de notre navire, ils n’osèrent s’en approcher en proie à la terreur ; moi seul, reconnu semblable à ces êtres primitifs, je fus fait prisonnier par eux. C’est de la prison ou l’on m’enferma que j’écrivis les lignes qui vont suivre. Cette prison était une île absolument déserte le jour, mais la nuit, les habitants d’une grande ville continentale ou le mariage et l’union libre étaient également défendus, s’y donnaient rendez-vous pour faire d’amour, j’ai pù ainsi rapporter de mon exil la plus splendide collection de peignes de femmes qui soit au monde, depuis le triste celluloïd jusqu’à l’écaille la plus transparente, couverte de pierres précieuses. J’ai offert cette collection à l’un de mes oncles, conchyliologiste distingué, chez lequel elle fait pendant à une vitrine de coquillages indiens.
    Francis Picabia — Jésus-Christ Rastaquouère
  • Lorsque sa mère dormit en ville une fois par semaine, elle se sentit plus libre.
    Cécile Coulon — Trois saisons d’orage
  • Lorsque je fus rentré au pays, j’estimai de mon devoir de me rendre aussitôt dans la ville d’Alberto afin de rapporter à sa mère et à son frère tout ce que je savais. Je fus accueilli avec courtoisie et cordialité, mais dès que j’eus commencé mon récit la mère me pria de l’interrompre, elle savait déjà tout, au moins en ce qui concernait Alberto, et il était inutile que je lui répète les sempiternelles et épouvantables histoires.
    Marcel Proust — À la recherche du temps perdu
  • La lune bouge doucement mais elle traverse la ville.
    Proverbe ashanti
  • La ville a une figure, la campagne a une âme.
    Jacques de Lacretelle
  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Ne pas oublier que les villes sont dans la campagne !
    Germain Nouveau — Album Richepin, CaillerL'Album Richepin a été écrit en collaboration avec Jean Richepin et ses amis du groupe des Vivants : Ponchon, Bourget et Mercier
  • [Pyrrhus] avait perdu une grande partie des forces qu’il avait amenées, et presque tous ses amis et principaux commandants ; il n’avait aucun moyen d’avoir de nouvelles recrues (…). Tandis que, comme une fontaine s’écoulant continuellement de la ville, le camp romain se remplissait rapidement et abondamment d’hommes frais, pas du tout abattus par la défaite, mais gagnant dans leur colère une nouvelle force et résolution pour continuer la guerre.
    Plutarque — Apophtegmes de rois et de généraux
  • Florence : la ville où la tranquilité est faite manifeste.
    Katherine Cecil Thurston — The Gambler
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Traductions du mot « ville »

Langue Traduction
Anglais city
Espagnol ciudad
Italien città
Allemand stadt
Chinois
Arabe مدينة
Portugais cidade
Russe город
Japonais
Basque city
Corse cità
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Synonymes de « ville »

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Antonymes de « ville »

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Nombre de points du mot ville au scrabble : 8 points

Ville

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