La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « tirer »

Tirer

Définitions de « tirer »

Trésor de la Langue Française informatisé

TIRER, verbe

I. − Empl. trans.
A. − Tirer qqc./qqn
1. Amener après soi; traîner, derrière soi, en se déplaçant dans le même mouvement. Anton. pousser.Tirer un cheval par la bride. Et le chariot que tiraient malaisément les vingt chevaux de hussards parvint aussi (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 84).
Tirer la jambe. Marcher difficilement. V. jambe A 1 c.
Tirer qqn à quatre chevaux (vieilli). V. quatre I A 1.
MARINE
Tirer un bâtiment à terre. ,,Le haler à terre, ou en général sur une cale dite de halage`` (Gruss 1952). À six heures, en revenant des îles, Cyril tirait le bateau sur le sable (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 70).
[En parlant d'un navire] Tirer (tant d'eau)/(tant de pieds d'eau). Déplacer telle quantité d'eau en avançant; enfoncer de tant de pieds dans l'eau. Synon. caler (v. caler1I A).Les courans et les remoux sont moins violens, et il n'y a presque plus de danger, sur-tout pour des pirogues qui tirent aussi peu d'eau (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 318).La Reine-Élisabeth (...) ne tire que trois pieds d'eau (Dumas père, Kean, 1836, iii, 2, p. 138).
Absol. Les chevaux tirent bien, ils tirent mal (Ac. 1935).
Au fig., vieilli, fam. On aura bien à tirer dans cette affaire ,,On aura bien de la peine à la faire réussir`` (Ac. 1835, 1878).
2. Amener vers soi.
a) Déplacer dans une/sa direction en étant soi-même immobile. Tirer un tiroir. Il s'approcha du portail et tira la cloche qui tinta dans le silence dominical (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 682).
Tirer le cordon. V. cordon I A 1 b.
Tirer les ficelles. V. ficelle B 1.
[Le suj. désigne un inanimé, le compl. d'obj. un animé] Attirer. Mais c'est surtout le terrible Christ aux outrages qui tire la foule (Bloy, Journal, 1892, p. 27).
b) Au fig.
Tirer qqc. à soi. (Chercher à) tourner une situation à son avantage, à son profit. Il y a des esprits qui ne peuvent admettre et admirer les autres qu'en les tirant à soi (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 8, 1864, p. 260).L'homme épouse une dot et une bonne tenue, la femme épouse une calèche et une frisure. De là un bonheur conjugal vraiment unique, chacun tirant à soi, tous deux trompés dans leurs espérances (Taine, Nouv. Essais crit. et hist., 1865, p. 59).
Tirer un texte à soi. Citer, interpréter un texte de manière non objective afin de lui faire dire ce que l'on souhaite. Synon. solliciter.[Joseph de Maistre] est érudit (...) il tire à lui les textes et les détourne (Sainte-Beuve, Caus. lundis, t. 15, 1860, p. 59).Incapable de renoncer au Christ comme il [Gide] l'était de renoncer à lui-même, il lui restait de tirer à lui chaque parole du Seigneur: ce fut un jeu où il excella. Son Retour de l'Enfant prodigue est, de ce point de vue, un chef-d'œuvre de gauchissement (Mauriac, Mém. intér., 1959, p. 188).
Tirer la couverture à soi (fam.). V. couverture I A 2.
Tirer l'œil. V. œil II B 1.Tirer les yeux. Attirer l'attention. Une affiche, imprimée en lettres noires sur fond rose, tire nos yeux dans la salle à manger (Bourget, Ét. angl., 1888, p. 16).
c) P. anal. Tirer les yeux, les traits. Faire mal aux yeux, leur causer de la fatigue; fatiguer, donner (aux traits) une expression de fatigue. La banale migraine, qui tire les traits et plisse le front (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 137).
3. Tendre quelque chose.
a) Chercher à tendre quelque chose par une extrémité, l'autre extrémité étant fixe, ou immobile, ou tirée dans l'autre sens. Tirer un câble, une courroie; tirer la moustache. Alors le monsieur fit descendre le seau et dit: Assieds-toi dedans. Il tire la corde et il remonte le seau qui n'était pas rempli qu'avec de l'eau, puisque le petit garçon était dedans (Frapié, Maternelle, 1904, p. 174).
Tirer la porte, le battant. Fermer la porte ou l'ouvrir. Il fit tourner la clef et tira le battant (Maupass., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 596).
b) Allonger pour tendre, étendre; ajuster. Tirer ses bas, son pantalon. Les efforts qu'il faisait pour tirer et rectifier les plis tirebouchonnants de son pantalon (Richepin, Flamboche, 1895, p. 99).Ses traits étaient naturellement graves et doux, un peu durcis occasionnellement (...) quand Marie lui tirait les cheveux en arrière (Gide, Si le grain, 1924, p. 455).
Au fig. Tirer qqc. en longueur. Accroître sa durée, en retarder le dénouement, la conclusion. (Ds Ac. 1835-1935). Synon. traîner* en longueur.
c) En partic. Rendre plus long, plus mince; étirer. Tirer l'or, l'argent. ,,Les allonger en fils déliés en passant à la filière`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). Les patrons fournissaient l'or en fil, tout allié; les ouvriers le passaient d'abord par la filière pour l'obtenir à la grosseur voulue (...). Sa sœur (...) avait de fameux bras, il lui avait vu tirer l'or aussi mince qu'un cheveu (Zola, Assommoir, 1877, p. 426).
4. [Le compl. d'obj. dir. désigne un animé ou une partie d'un animé]
a) Attirer quelqu'un à soi pour le dégager ou chercher à capter son attention. Tirer qqn par le bras, par la manche, par les pieds. Durant la montée, Bonaventure tirait Aymar par son manteau (Borel, Champavert, 1833, p. 133).
Au fig., fam. Tirer le diable par la queue. V. diable1I C 2 a.
b) Exercer une traction sur une partie du corps en faisant mal. Tirer qqn par les cheveux; tirer la queue d'un chat. Il tire les cheveux de sa sœur (GDEL).
Au fig., fam. Tirer les oreilles de/à qqn. V. oreille I C 1.Se faire tirer l'oreille. V. oreille I C 1.
c) Région. ou vieilli. Tirer les vaches. Les traire. [Ragotte] tire la vache (...) une tétine en chaque main, et d'un mouvement alternatif et doux: une, deux! une , deux! (Renard, Nos frères farouches, 1910, p. 25).Tu donneras à manger aux hommes, Maria. Et ton père t'aidera à tirer les vaches si tu veux. Je ne suis bonne à rien ce matin (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 200).
5. Mouvoir, faire aller quelque chose latéralement, d'un côté à l'autre. Noémi recommença de coudre et tout le jour tira l'aiguille, la pensée vague (Mauriac, Baiser Lépreux, 1922, p. 189).
Tirer l'échelle. V. échelle A 4 b.
Tirer le loquet, le verrou. Fermer ou ouvrir une porte de l'intérieur au loquet ou au verrou. [Bernier] avait eu soin (...) de tirer les verrous qui fermaient intérieurement l'unique porte faisant communiquer l'appartement avec le corridor (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 81).Sitôt qu'Annalena ouvrait son clavecin, je courais allumer les chandelles et tirer le loquet (Milosz, Amour. init., 1910, p. 168).
Tirer le/les rideau(x). Le/les fermer. [Gobseck] tira un rideau de vieille tapisserie dont les anneaux crièrent sur la tringle (Balzac, Gobseck, 1830, p. 391).[L'enfant abandonnée] craint la nuit, la solitude, la maladie et la mort, elle tire les rideaux, le soir, sur la vitre obscure qui l'effraie (Colette, Vagab., 1910, p. 281).
Au fig. Tirer le rideau* sur qqc.
Tirer le pied, la jambe. ,,Les porter en arrière de soi pour faire une révérence`` (Littré).
Tirer sa révérence. V. révérence C 2 b.
MAR. À VOILE
Tirer un bord. ,,Pour un voilier, c'est, pendant le louvoyage, parcourir une certaine distance sous la même allure`` (Gruss 1978).
Tirer des bords. Naviguer en changeant de bords constamment de manière à remonter dans le sens d'où vient le vent, comme si celui-ci soufflait entre deux lisières (d'apr. Le Clère 1960). Synon. tirer des bordées (infra).Finalement nous mâtons et hissons la voile pour tirer des bords, mais la mer est trop grosse, le courant contre nous (Charcot, « Pourquoi-Pas? »1910, p. 52).
Tirer des bordées. Aller d'un bord à l'autre; ,,louvoyer`` (Gruss 1978). On voyait en rade plus de vingt grands navires qui tiraient des bordées en attendant la pleine mer (Malot, R. Kalbris, 1869, p. 247):
1. Nous avions vent debout tout le temps à cause de la saison. Plévech et moi, on savait tous les deux vaguement qu'il existe une chose qui s'appelle tirer des bordées, et qui sert à faire avancer les bateaux à voiles, même quand le vent est contraire. Mille, Barnavaux, 1908, p. 92.
Au fig., fam. Tirer une bordée. Faire la fête. Nous avions là, pour surveillant, un ancien notaire encore assez jeune, dont les yeux brûlants et la pâleur témoignaient des bordées qu'il allait tirer la nuit (Jammes, Mém., 1922, p. 60).
IMPR., vieilli, rare. Tirer (le barreau, une presse). [P. réf. au mouvement du barreau de la presse] Kolb se couperait la main plutôt que de tirer le barreau d'une presse chez les Cointet (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 562).
[P. méton.] Reproduire à plusieurs exemplaires. Tirer des épreuves, des estampes, des photos. V. infra C 4.
B. − Tirer qqc./qqn (de qqc.)
1. Faire sortir quelque chose de quelque chose.
a) Enlever une partie d'un tout par pression, distillation. Synon. exprimer, faire sortir, extraire.Tirer le suc des herbes, le suc des viandes (Ac. 1798-1935). La pierre des maisons a été tirée du rocher et se confond avec lui dans la même teinte gris-rosâtre (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 223):
2. ... les colons n'avaient à leur disposition d'autre sucre que cette substance liquide qu'ils tiraient de l'érable, en faisant à cet arbre des incisions profondes. Il leur suffisait donc de recueillir cette liqueur dans des vases... Verne, Île myst., 1874, p. 204.
En partic. Tirer du sang. ,,Saigner`` (Ac. 1798-1935). Il (...) se fit tirer du sang à deux reprises, afin d'entretenir sa pâleur, qu'il jugeait intéressante et singulière (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 89).
Au fig.
Tirer des larmes (des yeux) de qqn. V. larme I A 7.
Il tire la quintessence de tout. [En parlant d'un homme ,,habile, adroit, qui fait d'une chose tout ce qu'on peut en faire, qui en tire tout l'avantage qu'elle peut procurer, qui pénètre jusqu'au fond d'une affaire`` (Ac. 1835, 1878)]
Proverbes. Il tirerait de l'huile d'un mur. [En parlant d'un ,,homme qui sait tirer parti de tout`` (Ac. 1935)] On tirerait plutôt de l'huile d'un mur que de tirer de l'argent de lui. [En parlant d'un ,,homme avare et tenace`` (Ac. 1798-1935)]
b) Vieilli ou littér. Faire venir quelque chose d'un pays producteur. Les blés que Rome tirait de l'Égypte, de la Sicile (Ac.1835-1935).C'est de la Louisiane qu'ils [les Espagnols] tirent les bois propres à la construction (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 220).Angers tire des bœufs du Poitou (Michelet, Journal, 1831, p. 99).L'Asie centrale, d'où ils tiraient le jade, les chevaux, où ils établirent longtemps leurs marchés de soie (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 57).
c) Récolter; recueillir naturellement ou après culture, après recherche; exploiter les ressources. Les forêts voisines, d'où ils tirent les bois dont ils ont besoin (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 130).En 1889, le comte d'Épernay tira de son vignoble douze mille hectolitres (Hamp, Champagne, 1909, p. 128).
P. ext. Tirer sa subsistance, sa nourriture de (qqc.). Vivre, manger en utilisant (quelque chose). Dans d'autres végétaux, ou plutôt dans leurs graines, dont les peuples civilisés tirent une grande partie de leur nourriture (Cabanis, Rapp. phys. et mor, t. 1, 1808, p. 203).
d) P. anal. Je sculpterai l'avenir à la façon du créateur qui tire son œuvre du marbre à coups de ciseau (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 51).
2.
a) Ôter quelque chose de l'endroit où il est placé. Synon. retirer.Tirer ses gants; tirer les bottes de qqn. Quand elle sortait parée (...) je m'attachais à sa robe (...) alors elle rentrait, tirait ses habits de fête et restait avec moi (Renan, Ma Sœur, 1862, p. 13).Elle lui tirait ses bas de laine et (...) tâtait à pleines mains les petits pieds froids (A. France, Livre ami, 1885, p. 241).
Tirer son chapeau à qqn. V. chapeau B 3 b.
Fam., vieilli. Tirer ses chausses*, ses grègues*.
b) Faire sortir une chose d'une autre, quelque chose d'un contenant. Tirer son mouchoir, son portefeuille; tirer (qqc.) de sa poche, de son sac, de son sein; tirer son couteau; tirer (qqc.) de son gousset. Le capitaine tira de sa poitrine un second papier qu'il déploya (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 133).Les Princes du Nord n'osaient tirer leur montre (Laforgue, Moral. légend., 1887, p. 172).
Tirer d'un sac deux moutures/tirer deux moutures d'un même sac. V. mouture B 2.
Tirer la langue (à qqn). V. langue I A 1 c.
Tirer de l'eau du puits, du vin d'un tonneau et, absol., tirer de l'eau, tirer du vin. Je descends à la cave tirer du vin (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 142).Les matins, pour se débarbouiller, il tirait un seau d'eau, dans lequel il barbotait, à la façon des vieux soldats (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 18).
En partic. Tirer du vin au clair. ,,Le mettre en bouteilles quand il est bien reposé`` (Ac. 1835-1935).
Absol. Ce vieillard, (...) accueille les brigands (...), va leur tirer à boire (Balzac, Mmede La Chanterie, 1844, p. 320).
Au fig., proverbe. Le vin est tiré, il faut le boire. L'affaire est engagée si avant qu'on ne peut plus reculer. Synon. fam. les carottes sont cuites (v. carotte D 1 a).Mathilde (...) commence à sentir qu'elle ne domine plus la situation, (...) mais, comme on dit, le vin est tiré... « Maintenant il faut le boire, c'est-à-dire tenir la promesse (...) » (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 218).
P. anal. Tirer son jour de. Être éclairé par. Autrefois elle [la tribune de Saint-Savin] tirait du jour de la nef (Mérimée, Ét. arts Moy. Âge, 1870, p. 69).Les écuries (...) avec (...) un pavé de marbre sarancolin (...) et un rang d'arcades vitrées du haut, dont la salle tirait tout son jour (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 96).
Tirer l'épée (contre qqn). V. épée B 3 a.
Au fig. ,,Tirer l'épée contre son prince. Se révolter contre son prince`` (Ac. 1798-1935).
[P. réf. à tirer un sabre au clair*] Tirer une affaire au clair. Débrouiller une affaire, l'élucider. S'il faut tirer l'affaire Henry au clair, l'histoire du petit bleu doit être également mise en pleine lumière (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 240).
c) Arg. Voler à la tire; p. ext., voler. J'ai commencé à tirer les portefeuilles à toutes les personnes, jeunes ou vieilles (Libération, 13 mars 1978ds Cellard-Rey 1980).
[Sans compl.] On était dans le métro, on tirait (Libération, 13 mars 1978ds Cellard-Rey 1980).
[Le compl. désigne une pers.] Détrousser. Non content de tirer le bibard pendant qu'il ronflait on lui avait aussi coupé une de ses charmeuses (Le Breton1960).
3. [Le compl. d'obj. dir. désigne un être humain]
a) Tirer qqn de qqc.Éloigner, (faire) sortir, extraire quelqu'un d'un endroit, d'un état, d'une situation le plus souvent fâcheuse; dégager, délivrer quelqu'un. Tirer qqn de la boue, de l'eau; tirer qqn d'affaire, d'un mauvais pas, de prison; tirer qqn de la misère, de la peine; tirer qqn de sa rêverie, de son sommeil. Rien ne bougeait, l'air était aigre et froid. Le roulement d'une voiture tira Otto de ses réflexions (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 253).Pour tirer le pape d'embarras et le mettre à l'aise, le gouvernement de Charles VII trouva un biais (A. France, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 444).[Le docteur] m'a tiré d'une fluxion de poitrine l'autre année (L. Daudet, Ariane, 1936, p. 27).V. pétrin B ex. de Céline.
Tirer qqn des pattes de qqn. V. patte1B 1.
b) Empl. pronom. Se tirer d'affaire, d'embarras, d'intrigue. Je me tirai ou plutôt on me tira encore du mauvais pas (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 10).
Expr., vieilli
Se tirer de/du pair. V. pair1B 1.
Il se tirerait d'un puits. [En parlant d'un homme ,,qui vient de sortir heureusement d'un danger, d'un embarras très grand; et, en général, (...) qui est ordinairement très-heureux ou très-habile`` (Ac. 1835, 1878)] .
Absol. S'en tirer (fam.). Parvenir à sortir d'une maladie, d'un procès, d'une difficulté. Comme il avait été menacé et que le mari a une sale presse, il s'en est tiré avec deux ans (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 141).Maintenant que les clients rappliquent tu ne peux plus t'en tirer toute seule (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 161).
c) Au fig. Tirer de l'ombre, de l'obscurité. M. Pugno fit une bonne action en tirant de l'oubli où il reposait un ouvrage de cette valeur (P. Lalo, Mus., 1899, p. 428).
4. Au fig. Dégager un élément d'un ensemble.
a) Dégager un élément d'un ensemble dont les éléments sont de nature différente. Une statue qu'on tire de la terre (Gracq, Syrtes, 1951, p. 136).
Loc. ou expr. Tirer une épine du pied. V. épine C 2 a.Tirer son épingle du jeu. V. épingle B 1 b.Tirer les marrons du feu. V. marron1A 1.Tirer pied ou aile à qqn (vieilli). V. aile III B 4.Tirer une plume de l'aile à qqn. V. aile III B 4.Tirer une/des plume(s) à qqn. V. plume1C 3.Tirer les vers du nez (fam.). V. nez I D 2.
b) Dégager un élément d'un ensemble composé d'éléments de même nature, en faisant intervenir le choix ou le hasard, le sort.
α) Prendre au hasard des billets, des noms, des numéros parmi d'autres. Tirer les (noms des) jurés; tirer un billet à la loterie. Les biens et les maux sont une espèce de loterie où chacun, sans distinction, peut tirer un billet blanc ou noir (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 18).Cérizet (...) selon l'expression populaire, devait tirer à la conscription l'année suivante (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 559).
Tirer un bon/mauvais numéro. V. numéro C.Des jeunes gens (...) fuyaient la Pologne ou la Russie, pour échapper au service militaire quand ils avaient tiré un mauvais numéro (Tharaud, Jument err., 1933, p. 101).
β) [P. méton.] Tirer une loterie. Tirer les billets d'une loterie afin de savoir à qui écherront les lots. Nous avons tiré l'autre dimanche notre loterie mensuelle, c'est le plus pauvre qui a gagné le gros lot en argent (Giraudoux, Intermezzo, 1933, i, 4, p. 27).
P. anal. Tirer la galette* des Rois, le gâteau* des Rois; tirer les rois (v. roi I A 3 a).
γ) Tirer les cartes. V. carte II D 1.
5. Obtenir naturellement; recueillir, prendre, extraire.
a) Emprunter, puiser à la source. Tirer sa force de; tirer son origine de. La légende d'où est tiré le sujet [le Miracle de San Diego de Murillo] (...) est touchante dans sa simplicité (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 115).Le système triasique tire son nom de la division habituelle en trois termes (trias) qu'il présente dans la région classique de la Franconie (Lapparent, Abr. géol., 1886, p. 226).Il s'en faut que les concepts (...) tirent uniquement leur autorité de leur valeur objective (Durkheim, Formes élém. vie relig., 1912, p. 625).
b) Extraire de. On entendit d'abord la Chanson du blé, tirée des Saisons de Victor Massé (P. Lalo, Mus., 1899, p. 72).Dans certaines paroisses, le Graduel (et l'Offertoire) sont psalmodiés, ce qui s'explique par le fait que les textes sont tirés des psaumes (Dupré, Manuel accompagn. plain-chant grégor., s.d., p. 32).
c) Tirer des sons (d'un instrument de musique). Jouer (de cet instrument). La « Syringe » ou flûte de Pan (...) composée de roseaux d'inégale longueur (...) dont on tire des sons avec le souffle en promenant les lèvres sur le bord de chaque tuyau (Schmitt, Simon, Guédon, Nouv. Manuel organiste, 1905, p. 16).Un homme se tenait devant le clavier de l'orgue et en tirait des sons comparables à ceux du hautbois (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 104).
6. Obtenir, parvenir à, par un effort, une démarche de l'esprit
a) par déduction, raisonnement; inférer, conclure. Tirer des conclusions; tirer un enseignement, la morale (de l'histoire); tirer des indications, des présages. On doit les déplorer [ces cas], mais non point en tirer un argument contre le caractère expressif de la cantilène grégorienne (D'Indy, Compos. mus., 1897-1900, p. 80):
3. ... suivant l'espèce d'élément organique qui sera atteint, nous aurons une dislocation de l'organisme caractéristique et c'est de là que nous devrons tirer les caractères de la maladie. Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 290.
b) par voie de conséquence; exploiter, utiliser à son profit. Tirer les conséquences; tirer parti/le meilleur parti de qqc./qqn; tirer avantage, bénéfice, profit; tirer gloire. Cette disposition [de la coupole Saint Georges de Salonique] ne fut pas oubliée par les architectes de l'église de Sainte-Sophie: ils en tirèrent au contraire des effets nouveaux (...) en multipliant à l'infini ces fenêtres (Lenoir, Archit. monast., 1852, p. 325).
c) Tirer qqc. de qqn.Obtenir quelque chose de quelqu'un par adresse ou en le sollicitant avec insistance. Tirer de l'argent de qqn; ne pas tirer un mot de qqn (qui ne veut pas répondre); tirer un éclaircissement, une promesse de qqn. Polydor (...) se destinait au métier d'ignorantin, pour flatter sa tante, dont il tirait des douceurs (Zola, Vérité, 1902, p. 321).[Des Italiens] ont préféré me berner, me tirer de petites sommes, et puis ils m'ont rejeté bêtement, me croyant à sec (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 216).
Locutions
Tirer qqc. de qqn. Permettre à quelqu'un, obtenir de quelqu'un, qu'il se comporte, qu'il produise selon ses capacités, ses dons, son talent. Ceux qui paraîtront s'intéresser à un débutant ne diront pas: « Il a du talent », mais: « Il y a quelque chose à faire avec ce garçon. On peut en tirer quelque chose » (Renard, Corresp., 1884, p. 39).Il n'y a rien à tirer de ces brutes-là! On leur offrirait son âme toute brûlante, arrachée toute vive, qu'ils prendraient l'air soupçonneux d'un tripier qui regarde une pièce démonétisée (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 22).
Tirer parti, le meilleur parti (de). V. parti A 1 b.
Tirer raison, tirer satisfaction. ,,Faire réparer l'injure, l'offense`` (Ac. 1835-1935).
Tirer raison d'un homme. ,,Obtenir de lui qu'il se porte à faire ce qu'il doit`` (Ac. 1798-1935).
Tirer vanité de. S'enorgueillir de, en faire vanité. Il tirait vanité de sa place. Il était fier de tout, de son « panama » (...) de son gilet blanc crasseux (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 98).Secrètement, il tirait vanité de sa force, pour avoir, toute son enfance, souffert d'être plutôt chétif (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1318).
Tirer vengeance. Se venger. Le psaume CXLIX: « Que la haute louange de Dieu soit dans leurs bouches et une épée à deux tranchants dans leurs mains. Pour tirer vengeance des païens, pour châtier le peuple » (Milosz, Amour. init., 1910, p. 221).
C. − Étendre sur une surface.
1. Allonger, mener une ligne, des traits continus, dans une direction; dessiner, tracer. Tirer des lignes, tirer un plan. Tirer une allée au cordeau (Ac. 1878, 1935). On tire à angle droit trois traits (Maugin, Maigne, Nouv. Manuel luthier, 1929 [1869], p. 63).Une fusée boche tire son trait blanc et éclate (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 94).Il sifflait sur la plaine en poussant sa charrue (...) parlait à ses bœufs (...) tirait droit son sillon (Aymé, Jument, 1933, p. 65).
Tirer l'horoscope* (de qqn). Tirer des plans. Faire des projets. V. plan3B 1 b.Tirer des plans sur la comète*.
Tirer un trait sur qqc. (au fig.). Le considérer comme dénué de gravité, l'oublier. Synon. passer l'éponge* sur qqc.La présence de cette... personne aux Laboratoires Trévière nous empêche de tirer un trait sur l'écart de conduite d'Olivier (Aymé, Quatre vérités, 1954, p. 153).Tirer un trait. [Pour indiquer qu'une affaire est terminée] Synon. de mettre un point final*.[Le fiancé] avait demandé à Suzanne d'assurer leur chasteté par l'absence: ils s'attendraient à distance. Elle avait préféré tirer un trait (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 233).
2. Vx. Tirer le portrait de qqn, tirer qqn en portrait, et, p. ell., tirer qqn. Dessiner, peindre et, p. anal., sculpter quelqu'un. Il avait fallu (...) qu'elle se montrât nue (...) au peintre, afin que celui-ci pût la tirer si bien; non, rien de plus saisissant que ce chef-d'œuvre (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 376).
Faire tirer son portrait. Je saisirai cette occasion pour faire tirer mon portrait, dit madame Crémière. En province on dit encore tirer au lieu de faire un portrait (Balzac, U. Mirouët, 1841, p. 168).
3. BANQUE, COMM., FIN. Tirer une lettre de change, un chèque sur qqn et, p. ell., tirer sur qqn. Établir, rédiger une lettre de change, un chèque. (Dict. xixeet xixes.). P. anal. V. lettre III B 2 b ex. de Balzac.P. métaph. Confier le placement de l'huile de noisette à ce précieux metteur en œuvre des inventions marchandes, (...) n'était-ce pas tirer une lettre de change sur la fortune (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 153).
4. P. anal. Reproduire par la technique de l'imprimerie; imprimer. Acheté les quatre cent quarante-deux rames de papier pour tirer à quinze mille la troisième édition (Michelet, Journal, 1858, p. 448).Bon à tirer. V. bon III B 1.
Absol. Léon Bloy. « Qu'est-ce qu'un « scatologue »? C'est un auteur qui ne se vend pas. Un romancier qui tire à cent mille n'est jamais un scatologue (...) » (Bloy, Journal, 1893, p. 90).
Reproduire à plusieurs exemplaires. Tirer des épreuves; tirer une estampe. On tire de moi cent photos (Sartre, Mots, 1964, p. 19).
Absol. Cette estampe fait partie d'une suite de sept planches que je possède en anciennes épreuves. Et il faut se méfier: car on a tiré depuis avec les vieux cuivres (A. France, Mannequin, 1897, p. 203).
Empl. pronom. passif. Vereker nous est dépeint comme un romancier à grand succès, dont les livres (...) se tirent à des milliers d'exemplaires (Blanche, Modèles, 1928, p. 169).
Tirer une copie, tirer la copie, tirer copie d'un acte, d'une lettre, d'un dessin. ,,Les copier`` (Ac. 1935).
Tirer les parties d'une partition. ,,En copier à part les différentes parties d'orchestre`` (Ac. 1935).
PHOT. (Se faire) tirer le portrait. Se faire photographier. V. portrait I A 1 e.
D. −
1. Vieilli. Aller, marcher, poursuivre, aller le long de; se diriger d'un certain côté. Il fallait traverser la ville dans toute sa largeur. Jeanne qui, depuis trois jours, parcourait les rues d'Orléans, tira son chemin tout droit (A. France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 334).
Tirer pays. V. pays1A 2 a.
2. Pop., fam., empl. pronom. S'en aller, se sauver; partir. Tu veux te tirer! Tu veux repartir en vadrouille! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 522).[Angélo] avait remarqué une haie très bourrue et très épaisse qui courait entre des saules. Il se tira de ce côté (Giono, Hussard, 1951, p. 194).
Se tirer des flûtes. V. flûte1B 2 d.
3. Fam. [Le compl. désigne une durée] Passer une période considérée comme longue en raison de son caractère pénible; en partic., passer un temps de service ou de condamnation. Tirer cinq ans de prison. J'ai pensé que c'était toujours un dimanche de tiré, que maman était maintenant enterrée, que j'allais reprendre mon travail et que, somme toute, il n'y avait rien de changé (Camus, Étranger, 1942, p. 1142).
Empl. pronom. Ça se tire. Cela se termine, la durée qu'il reste à faire diminue. Ça se tire, hein? Plus que treize jours (Colette, Music-hall, 1913, p. 60).
E. −
1. Vieilli. Tirer un coup. Asséner un coup; p. ext., lancer un projectile à la main ou à l'aide d'une arme. Tirer une/des flèche(s). Bientôt les Anglais s'avancèrent (...). Quand leurs archers furent arrivés à la portée du trait, ils commencèrent à tirer une grêle de leurs fortes flèches, qui avaient trois pieds de long (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 74).
2. Faire usage d'une arme de trait. Tirer l'arbalète. Vous ferez une demi-lieue (...) puis, arrivés à la place où l'on tire l'arc, vous prendrez à droite (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 579).
Trivial. [Pour un homme] Tirer un/son coup. Avoir un rapport sexuel avec une femme. Il est midi, je n'ai pas encore déjeuné. J'ai tiré ce matin six coups à la Galand... (Goncourt, Journal, 1860, p. 765).V. coup A 3 b ex. de Goncourt.
3. Faire usage d'une arme à feu. Tirer un coup de canon, de fusil, de pistolet; tirer des coups de feu, de revolver; tirer des salves d'artillerie. Un navire est là sur la côte; il tire le canon de détresse (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 270).Tu pourrais crier ici tout ton saoul, tirer le pistolet, je veux être pendu si on t'entendrait du presbytère (Bernanos, Crime, 1935, p. 744).
[Le suj. désigne l'arme à feu] Tirer des bombes, des boulets, des obus. La mitrailleuse tirait sept balles, dix balles, s'arrêtait (Malraux, Espoir, 1937, p. 495).
Tirer sa poudre aux moineaux. V. moineau A.
P. anal. Tirer un feu d'artifice. ,,Tirer des pétards, des fusées`` (Ac. 1798-1878). Mes tuteurs (...) ont tiré un feu d'artifice et dressé un mât de cocagne (Proudhon, Propriété, 1840, p. 207):
4. Soudain on entendit une pétarade. En face, sur le pont-tournant, Raoul tirait le feu d'artifice; alternativement, une fusée, un soleil, éclaboussaient le ciel. Au bout d'un quart d'heure, il alluma des feux de bengale; une lueur d'incendie se refléta dans l'eau sombre, s'étendit... Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 174.
4. (Chercher à) atteindre avec un(e arme de) trait, un projectile; viser.
a) Empl. pronom. Se tirer une balle dans (la tête/le cœur). Se suicider à l'aide d'une arme à feu. Il y a trois mois, j'ai voulu me tirer une balle dans la tête et c'est ce qui vous explique ce bandeau sur le front (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 155).J'ai connu un suicidé jeune. Je ne sais plus quel chagrin d'amour l'avait poussé à se tirer soigneusement une balle dans le cœur (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 167).
b) CHASSE. Diriger son arme à feu sur, tirer sur. Tirer un oiseau, un lièvre, une perdrix. Demain, au saut du lit, nous irons battre nos bruyères et tirer quelques lapereaux (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 161):
5. ... le père Gonse me prêta un vieux fusil et me conseilla de me distraire en abattant du gibier, si j'en trouvais. J'allai tirer les choucas qui nichaient dans les pierres du vieux château. J'en abattis un. Je le vis tomber, une aile immobile... A. France, Vie fleur, 1922, p. 408.
5. Vieilli. Tirer l'estocade, une estocade à qqn. ,,Porter, pousser une estocade à celui contre qui on fait des armes, on se bat`` (Ac. 1798-1878).
Au fig. ,,Demander de l'argent à quelqu'un en sachant qu'on n'a ni la possibilité, ni l'intention de lui rendre`` (Ac. 1798-1878).
6. SPORTS
a) JEU DE BOULES. Tirer une boule. ,,Lancer directement sa boule sur la boule ou le but qu'on cherche à déplacer`` (Petiot 1982).
b) JEUX DE BALLON. Expédier le ballon en direction du but adverse. (Ds Petiot 1982). Tirer un corner (Ds Petiot 1982).
II. − Empl. intrans. ou trans. ind.
A. −
1. Exercer une traction sur une extrémité. Tirer sur une amarre (Ac. 1935). C'est toujours les mêmes qui tirent sur les rames. Ceux du quartier de misaine, ils font semblant, comme d'habitude (Aymé, Vogue, 1944, p. 123).Arg. Tirer sur le bout de bois. Exercer une traction sur l'aviron. (Ds Petiot 1982). [Sans compl.] Même sens (Ds Petiot 1982).
2. [Le suj. désigne une partie du corps] Faire éprouver une sensation de tiraillement. La peau me tire. Mais, monsieur, est-ce qu'à mon âge (...), avec des yeux qui me tirent le soir, je devrais encore travailler? (Balzac, Ferragus, 1833, p. 110).
3. Tirer sur qqc.Exercer une aspiration sur quelque chose. Tirer sur sa pipe, sa cigarette. On a beau tirer tant qu'on veut sur le tuyau de sa pipe et amener à soi toute la quantité de fumée qu'on veut: faute d'être vue, elle est comme si elle n'existait pas (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 17).
4. Qqc. tire.Avoir une bonne circulation d'air. Poêle qui tire, qui tire bien. Mais, à cause de l'entrée commune qui donnait même air aux deux pièces, les deux cheminées ne pouvaient tirer ensemble, et, par les temps froids, quand on faisait du feu dans l'une, on faisait de la fumée dans l'autre. Les jours où il voulait faire du feu, Tityre prit donc l'habitude d'ouvrir sa fenêtre (Gide, Prométhée, 1899, p. 337).
Région. (Belgique, Est de la France). Ça tire. ,,Il y a un courant d'air`` (Pierreh. Suppl. 1926).
5. TECHNOL., AUTOMOB. [Le suj. désigne une voiture, un moteur] Tirer bien. Avoir une forte puissance. (Dict. xxes.).
B. −
1. Fam. Aller, s'acheminer, se diriger. Tirons de ce côté (Ac. 1835-1935). Jésus tirait vers un pays très loin où professait un docteur fameux, du nom de M. Mauve (A. Daudet, Port-Tarascon, 1890, p. 97).Quand ils avaient beaucoup discuté, ils se séparaient maussades, et tiraient chacun de son côté, dans la nuit triste (Tharaud, Ville et champs, 1907, p. 20).Les uns rentrent aux États-Unis, les autres en sortent, tirent au sud, vers Santa-Fé, ou au nord (Cendrars, Or, 1925, p. 48).
Tirez, tirez. ,,Terme dont on se servait autrefois pour chasser au chien`` (Ac. 1835-1935).
Tirer à sa fin. V. fin1A 4 b.
Tirer au large. ,,S'enfuir`` (Ac. 1798-1935). ,,Se diriger vers la haute mer`` (DG).
Tirer de long (vieilli). ,,S'esquiver, s'enfuir`` (Ac. 1835, 1878). ,,Apporter des délais dans une affaire`` (Ac. 1835, 1878).
Tirer en longueur. ,,Se prolonger, ne pas se terminer. Cette affaire tire en longueur. On dit aussi absolument Tirer. Cette négociation tire beaucoup`` (Ac. 1935).
Tirer à la ligne/à la page/au volume (fam.). Allonger un article, un écrit, un ouvrage de manière à être mieux payé, le prix étant payé en fonction du volume ou du nombre de lignes. (Ds Ac. 1878, 1935, DG). Pas d'âme dessous [dans les Mauprat de George Sand] ni de vrai art... De la facilité de talent et de l'abus pour tirer à la page et gagner tout l'argent à Buloz (Sainte-Beuve, Corresp., t. 2, 1837, p. 180).V. ligne II D 3 e pédag. en partic. ex. de Aymé:
Au fig. Tirer à conséquence*.
2. ÉQUIT., CAVALERIE. [Le suj. désigne le cheval]
Tirer à la main. Résister à la bride. (Ds Lar. 19e-GDEL).
Tirer au renard. S'arc-bouter pour tirer violemment sur la longe en vue de se libérer (d'apr. St-Riquier-Delp. 1975). Le cheval, un instant, tire au renard... s'écarte... (Vialar, Éperon arg., 1952, p. 53).
Tirer au vent. Relever la tête et par conséquent ne plus répondre/obéir à la main du cavalier (d'apr. Rigaud, Dict. arg. mod., 1881, p. 366).
Argot
Tirer au cul. Reculer (dans les brancards); refuser d'avancer. Au fig., pop., vulg. V. cul I A 1 f δ fig.
Tirer au flanc. Se dérober de côté. Au fig., fam. V. flanc I A 1 b fig.
3. Tirer + prép. + compl.Se rapprocher de...; avoir quelque rapport, quelque ressemblance avec...
Tirer de qqn.Ressembler à quelqu'un; tenir de quelqu'un par quelque trait, quelque caractère. Je la trouve [sa sœur] très jolie. Elle a évidemment nos traits de famille, ce gros modelage qui vient de mon père, de ma grand'mère justement (...). Moi, je tire aussi de ma grand'mère par le corps (Giono, Eau vive, 1943, p. 74).
Tirer sur (qqc.).Approcher de..., se rapprocher de... Il tirait sur la cinquantaine (...) il était difficile de se le représenter en Didon, ou en Galathée, sans avoir grande envie de rire (Sand, Consuelo, t. 3, 1842-43, p. 108).La journée tirant sur le tard, le facteur avait déjà traversé le chemin creux (Fabre, Chevrier, 1867, p. 302).
[En parlant de couleurs] Tirer à/au, sur, vers.Se rapprocher de...; être mêlé de... Le ciel de ce lundi de Pentecôte avait toutes les délicatesses de l'Île de France et tirait plus vers l'argent que vers l'or (L. Daudet, Rech. beau, 1932, p. 72).Déjà la mer tirait sur le noir. Planier allumait ses feux à éclipse et le ciel se piquait d'étoiles (Cendrars, Homme foudr., 1945, p. 102).
C. − S'en remettre à la décision du sort. (Ds Ac. 1835-1935). Tirer au sort. V. sort D 1.Tirer à la courte paille. V. paille I A 4 a.
Vieilli, au fig., fam. Tirer au bâton, tirer au court bâton avec quelqu'un. ,,Contester avec lui d'égal à égal`` (Ac. 1798-1878).
JEUX. Tirer à qui fera. ,,À qui commencera, à qui donnera les cartes`` (Ac. 1835-1935).
D. −
1. ESCR., vieilli
Tirer des armes et, absol., tirer. S'exercer au maniement des armes (épée, fleuret, sabre); faire des armes. Tirer de tierce, de quarte. Tirer en tierce. Tirer à la muraille (Ac. 1798-1935). Tirer au mur. Il tire bien (Ac. 1835-1935).
Tirer sur le temps. ,,Tirer au moment où l'adversaire se prépare à tirer lui-même; et, figurément, saisir prestement l'occasion de dire ou de faire quelque chose`` (Ac. 1798-1878).
2. [Le suj. désigne une pers.]
a) Envoyer au loin, lancer une arme de trait, un projectile; faire usage, se servir d'une arme à feu; la faire partir. Tirer en l'air (Ac. 1798-1935). Tirer bien, mal; tirer à vue (Rob. 1985).
Tirer à bout portant. V. bout I A 2 a.
Tirer au jugé/au juger. V. jugé III.
Tirer au vol, tirer en volant. ,,Tirer un oiseau lorsqu'il vole`` (Ac. 1798-1935).
b) Tirer + à/de + subst. (désignant l'arme).Envoyer des traits, des projectiles à l'aide de...; faire partir un trait, un projectile au moyen de... Tirer à balle (Ac. 1935). Tirer à poudre (Ac. 1798). Tirer au pistolet, à la carabine (Ac. 1935). Tirer de l'arc, de l'arbalète (Ac. 1798-1935).
c) Tirer + à + subst. (désignant ce qu'on cherche à atteindre).Diriger son arme, son projectile vers...; viser. Tirer aux perdrix (Ac. 1798-1935). Je n'ai aperçu qu'un gentleman qui tirait aux bécasses et aux pigeons (Nerval, Voy. Orient, t. 1, 1851, p. 84).
En partic. Tirer à l'oiseau. ,,Chercher à atteindre un oiseau de bois en haut d'une perche`` (Ac. 1798-1935).
d) Tirer sur qqn/qqc.Le prendre comme cible, chercher à l'atteindre. Tirer sur un arbre, un oiseau, un ennemi. V. cible ex. 1.
Au fig.
Tirer sur ses gens/sur ses troupes. Dire ou faire quelque chose qui va à l'encontre de ses propres intérêts, qui attaque ses partisans:
6. Je vois d'ici les articles que l'on va publier, en contradiction directe avec ceux qui ont paru et l'on disait qu'il fallait éviter les hommes des Cent-Jours. Dans leur effarade, ils ont avoué notre système et tiré sur leurs propres troupes, car enfin, le citoyen Molé est, je pense, un pair des Cent-Jours. Chateaubr., Corresp., t. 2, 1817, p. 13.
Tirer à boulet(s) rouge(s) sur qqn ou sur qqc. V. boulet A.
Loc. fam. Ne tirez pas sur le pianiste*.
e) Tirer dans + subst. désignant une partie du corps.Au fig. Tirer dans la/les jambe(s), dans les pattes de qqn. Chercher à lui nuire, généralement par des moyens détournés. Qui m'empêchait d'aller dans les boums? Qui me tirait sans arrêt dans les pattes (J. Lanzmann, Le Lama bleu, 1984 [1983], p. 142 ds Bernet-Rézeau 1989, s.v. patte). Ne tirons pas dans la jambe du pauvre (Le Figaro, 17 sept. 1992, Le Fig. éco, p. 10).
3. [Le suj. désigne une arme à feu] Partir, détoner, faire explosion. (Ds Littré, Ac. 1835-1935). Le canon tire (Ac. 1798-1935). Le fusil tire (Ac. 1798-1878). Tout près de l'endroit où tirait le fusil-mitrailleur, une fusée monta dans le ciel magnifique. Le train blindé cessa de tirer (Malraux, Espoir, 1937, p. 488).Les carabines tiraient (Cocteau, Théâtre poche, 1949, P. 136).
Un fusil qui tire juste. Un fusil ,,qui ne fait point dévier la balle ou le plomb de la direction dans laquelle on a voulu les lancer`` (Ac. 1835-1935).
REM.
Tirement, subst. masc.Action, fait de tirer, d'être tiré. Des masques japonais (...) avaient le même rire lointain, le même tirement d'yeux que ces femmes birmanes aux ongles d'or (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 148).Personne ne vient à moi, continue la mère Agnès, si mon Père qui est aux cieux ne le tire. Il faut donc attendre ce tirement et ne pas nous lever devant le jour, comme dit le prophète... (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4,1920,p. 221).
Prononc. et Orth.: [tiʀe], (il) tire [ti:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) α) Ca 1100 tirer « faire sortir une chose avec un grand effort » (Roland, éd. J. Bédier, 2283); ca 1365 « faire sortir (l'épée du fourreau) » (Bérinus, éd. R. Bossuat, 417); 1459 tirer l'épée sur qqn « lever (une arme) contre (quelqu'un) » (A.N. JJ 188, fo86 vods Gdf. Compl.); 1611 tirer des armes « faire des armes » (Cotgr.). 1832 tirer l'épée (Raymond); 1640 tirer l'estocade à qqn « demander (à quelqu'un) de l'argent à emprunter sans avoir l'intention de le lui rendre » (Oudin Curiositez, s.v. estocade); β) fin xiiies. [date du ms.] tirer qqn (d'une fosse) « faire sortir, faire cesser d'être (dans un lieu où l'on est retenu) » (Marie de France, Fables, De vidua, apr. v. 36, éd. K. Warnke, leçon propre au ms. H, v. Anhang I, XXV, p. 331); 1549 se tirer hors de la boue (Est.); 1671 tirer qqn de la misère (Pomey); 1690 tirer qqn de la boue (Fur.); ca 1500 soy tyrer d'un mauvais pas « sortir heureusement (d'une mauvaise affaire) » (Commynes, Mémoires, I, 10, éd. J. Calmette, t. 1, p. 67); 1642 s'en tirer (Corneille, Le menteur, II, 6); 1835 se tirer de là (Ac.); γ) ca 1410 tirer en exemple « proposer comme modèle (au moral) » (Le livre des fais ... de Bouciquaut, IV, 6, éd. D. Lalande, p. 414); δ) ca 1500 tirer argent « se faire donner de l'argent par quelqu'un à force de sollicitations, de poursuites » (Commynes, op. cit., VIII, II, t. 3, p. 142); 1538 tirer qqc. de qqn « tirer quelque chose de la bouche de quelqu'un, faire dire quelque chose à quelqu'un » (Est.); 1665 tirer les larmes des yeux (La Fontaine, Contes, I, 1, 50); 1694 tirer les larmes des yeux de qqn (Ac., s.v. larme); ε) 1550 tirer du feu des pierres à feu « en faire sortir du feu en le frappant » (La Saincte Bible, Louvain, Second Livre des Machabées, ch. 10, 3); 1690 « tirer (des sons d'un instrument) » « faire rendre à » (Fur., s.v. son); ζ) 1538 tirer hors « faire sortir au hasard de la boîte qui les contient, des billets, des numéros, etc. » (Est.); 1559 tirer au sort « s'en remettre à la décision du sort » (Amyot, Vies, Theseus, fo5 vo); 1680 tirer une loterie « tirer les numéros d'une loterie » (Rich.); 1690 tirer l'horoscope de qqn(Fur.); 1798 tirer les cartes (à qqn) (Ac., s.v. carte); η) 1636 tirer (une conséquence) « inférer, conclure » (Monet); 1691 tirer son nom de « devoir son nom à » (Ozanam, p. 349); b) α) 1365 tirer « extraire des métaux de la terre » (Oresme, Monnaie, éd. L. Wolowski, X); ca 1500 « extraire des pierres d'une carrière » (Commynes, op. cit., I, 9, t. 1, p. 62); 1690 tirer la racine carrée (Fur.); β) 1530 tirer de l'eau « puiser de l'eau » (Palsgr., p. 528); 1549 tirer l'eau « s'imbiber de (en parlant d'une chaussure) » (Est.); 1690 « faire eau (en parlant d'un navire) » (Fur.); γ) 1530 tirer « extraire (le lait du sein d'une femme) » (Palsgr., p. 636); 1538 tirer du sang à « saigner » (Est., s.v. detrahere); δ) 1580 tirer le bonnet « ôter (pour saluer quelqu'un) » (Montaigne, Essais, I, 23, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t. 1, p. 111); 1660 tirer les bas, les vêtements à qqn « (les lui) ôter » (Oudin Fr.-Esp.); 2. a) ca 1100 tirer « arracher (la barbe) » (Roland, 2414); 1155 « s'arracher (les cheveux) » (Brut, 6057 ds T.-L.); b) 1459 « extraire (du vin) d'un tonneau » (A.N. JJ 188, fo108 vods Gdf. Compl.). B. 1. a) α) Ca 1150 tirer « mouvoir quelqu'un vers soi » (Charroi Nîmes, éd. D. McMillan, 1374); ca 1150 tirer la barbe (à aucun) (ibid., 1332); β) ca 1160 tirer (les rênes) (Benoît de Ste-Maure, Troie, 6496 ds T.-L.); 1617 tirer ses bas, ses gants « les étendre sur son corps de manière qu'ils ne fassent pas de plis » (Crespin); γ) 1534 « être tendu (en parlant du ventre) » (Rabelais, Gargantua, XX, éd. M. A. Screech et V. L. Saulnier, p. 134); δ) 1573 [éd.] se faire tirer l'oreille « avoir de la peine à consentir à quelque chose » (Larivey, Facetieuses nuicts de Straparole, VIII, V ds Gdf. Compl.); ε) 1580 tirer qqc. à (ou en) conséquence « s'autoriser de quelque chose à l'avenir pour quelque chose de pareil » (Montaigne, Essais, II, 18 et I, 48, t. 1, p. 667 et 289); ζ) 1611 tirer la couverte de son côté « prendre plus que sa part » (Cotgr.); 1640 tirer la couverture de son côté (Oudin Curiositez); 1798 tirer la couverture à soi (Ac.); b) α) ca 1365 tirer aucun a une part « emmener hors d'un groupe de personnes » (Berinus, éd. citée, 495); 1401-02 tirer aucun a part (Coudrette, Roman de Mélusine, éd. E. Roach, 3015); β) 1530 tirer son alayne « respirer » (Palsgr., p. 527); 1559 tirer « souffler impétueusement (en parlant du vent) » (Amyot, Vies, Fabius, fo124 vo); γ) 1630 tirer une lettre de change, etc. sur qqn « signer un effet de commerce par lequel on charge un correspondant de payer la somme énoncée à celui qui présentera cette lettre » (Kuhn, p. 133); δ) 1690 tirer du pied « boîter » (Fur.); 1765 tirer de la jambe (Encyclop.); 1893 tirer la jambe (DG); c) α) 1534 bien tyré « ajusté avec soin et de manière à paraître craindre de déranger son ajustement » (Rabelais, Gargantua, XIIII, p. 100); 1690 tiré à quatre épingles (Fur.); β) 1572 tirer qqc. par les cheveux « amener de loin, d'une manière peu naturelle » (Amyot, Œuvres morales, Comment il faut lire les poètes, 13 ds Littré, s.v. cheveu); γ) 1699 visage tiré « abattu, qui témoigne de fatigue » (Fénelon, Télémaque, VIII ds Littré); δ) 1860 tiré subst. masc. « celui sur qui une lettre de change a été tiré » (M.-D. Garnier, Répertoire général: La Loi civile et la Loi de l'Enregistrement comparées, s.v. Effet de commerce, 5237); 2. a) ca 1165 tirer as avirons « peser sur les avirons, chercher à s'éloigner » (Troie, 1134 ds T.-L.); ca 1165 tirer (à qqc.) « tendre vers » (Troie, éd. L. Constans, 15143); ca 1180 tirer de (aucun) « se détacher de quelqu'un » (Thomas, Tristan, éd. J. Bédier, 82); b) 1456-67 tirer à fin « faire mourir » (Cent Nouvelles Nouvelles, éd. F. P. Sweetser, 20eNouvelle, 169); 1669 tirer à sa fin « être près de mourir » (Widerhold Fr.-All.); 3. ca 1229 tirer « endurer (une peine) » (Gerbert de Montreuil, Violette, éd. D. Buffum, 388); 1636 tirer peine « souffrir » (Monet); 4. a) 1422 tirer « lancer des armes de trait (une flèche, etc.) » (Alain Chartier, Quadrilogue invectif, éd. E. Droz, p. 20); ca 1480 tirer « faire usage d'une arme de trait » (Le Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 35747); b) 1490 tirer (une personne) « chercher à atteindre avec une arme » (J. Aubrion, Journal ds Gdf. Compl.); c) ca 1500 tirer « partir, être tiré (en parlant d'un coup de canon) » (Commynes, Mémoires, VIII, 10, t. 3, p. 180); ca 1500 tirer ung coup (Id., ibid.); 1569-77 le tirer de l'harquebouserie (Monluc, 1. V (II, 447) ds Hug.); 5. ca 1495-98 tirer (les vaches) « traire (les vaches) » (André de La Vigne, Voyage de Napples, éd. A. Slerca, 2117); 6. apr. sept. 1496 tirer aprés (qqc.) « avoir de la ressemblance avec » (Jean Molinet, Voiage de Naples, 85 ds Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, t. 1, p. 281); 1538 tirer sur l'or (en parlant d'une couleur) « avoir quelque rapport, quelque ressemblance avec telle couleur » (Est., s.v. declinare); 7. a) 1529 tirer « tracer, écrire » (M. D'Amboise, Complainctes, 40 rods Hug.); 1559 tirer (une muraille) « construire en longue ligne » (Amyot, Vies, Alcibiades, fo135 ro); b) 1536 portraict tiré sur le vif (Rabelais, Lettre à Monseigneur de Maillezais ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 356); 1538 tirer qqn « faire le portrait de » (Est., s.v. deliniare); 1550 tirer « dessiner » (La Grise, tr. Guevara, I, 3 ds Hug.); 1904 tirer qqn « photographier » (Nouv. Lar. ill.); 1949 tirer un portrait de qqn (Nouv. Lar. univ.); c) 1669 tirer un ouvrage « imprimer » (Widerhold Fr.-All.); 1694 tirer copie « copier » (Ac., s.v. copie); 1835 bon à tirer (Ac.); 1845 photogr. tirer des copies (Valicourt, Nouv. man. complet de galvanoplastie ou éléments d'électro-métallurgie, ch. Procédé ferrocyanotype de M. Hunt, p. 2 ds Quem. DDL t. 31). Mot d'orig. très discutée (FEW t. 6, 1, pp. 418-420). Selon Wartburg, tirer serait une réduction de l'a. fr. martirier « martyriser, torturer (en général) » (xiies. ds T.-L.), dér. de martyre*. Le part. prés. de martirier, martirant, aurait été interprété comme comp. de l'a. adv. mar « malheureusement » (du lat. mala hora « à la mauvaise heure ») et de tiranz, nom habituel du bourreau au Moyen Âge, lui-même issu du lat. tyrannus (tyran*), une torture fréquente était en effet la dislocation des membres par étirement ou écartèlement. Tirer s'est substitué à traire* dans la plupart de ses empl. en m. fr. Fréq. abs. littér.: 21 971. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 27 228, b) 30 799; xxes.: a) 30 943, b) 35 092.
DÉR.
Tireuse, subst. fém.,technol. a) Appareil, système permettant de remplir des bouteilles de vin, de lait après l'avoir soutiré de la futaille, du bidon. La tireuse [à vin] s'arrête d'elle-même dès que le liquide est arrivé à la hauteur voulue [dans la bouteille], ne laissant que la place nécessaire au bouchon (Brunet, Matér. vinic., 1925, p. 479).L'embouteillage du lait [stérilisé] ou sa mise en boîtes s'effectue rapidement au moyen de rampes à robinets ou de tireuses à siphon (Pouriau, Laiterie, 1895, p. 71).b) ,,Appareil de photogravure permettant de copier par contact, un négatif pour obtenir un positif ou inversement`` (Comte-Pern. 1963). Cette tireuse optique universelle présente le grand avantage d'être manipulée en pleine lumière (Ciné Amateur, nov. 1936). [tiʀø:z]. 1resattest. a) α) 1671 « celle qui tire du vin d'un tonneau » (La Fontaine, Contes, Rémois, 166), β) 1895 tireuse à siphon « appareil pour remplir les bouteilles de lait » (Pouriau, loc. cit.), 1925 tireuse « appareil pour remplir les bouteilles de vin » (Brunet, loc. cit.), b) 1921 « appareil pour le tirage des films positifs » (La Science et la Vie, 2 oct., p. 439 d'apr. Lar. Lang. fr.); de tirer; suff. -euse (-eur2*).
BBG.Meier (H.). Neue lateinisch-romanische Etymologien. Bonn, 1980, pp. 245-266; Anmerkungen zu Pierre Guirauds Dict. des étymol. obscures. Rom. Forsch. 1984, t. 96, no1/2, p. 73. − Quem. DDL t. 1, 4, 6, 10, 19, 27, 30, 38.

Wiktionnaire

Nom commun - français

tirer \ti.ʁe\ masculin

  1. (Sport) Temps durant lequel le rameur tire sur l'aviron.
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)


Verbe - français

tirer \ti.ʁe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se tirer)

  1. Mouvoir vers soi, amener vers soi ou après soi.
    • Il avait tiré la bague d’opale de son doigt. Elle chatoyait, dans la fin du jour, comme un reflet de beauté, de jeunesse, de plaisir ; […]. — (Paul et Victor Margueritte, Le Désastre, Plon-Nourrit & Cie, 86e éd., page 331)
    • Je mis le moteur en mouvement, le fis tourner quelque minutes, puis je tirai sur la manette des gaz pour démarrer. — (Jean Mermoz, Mes Vols, page 62, Flammarion, 1937)
    • Tirer avec force.
    • Tirer quelque chose à soi.
    • Des chevaux qui tirent une voiture.
    • Tirer quelqu’un par le bras, par l’habit.
    • Tirer un cheval par la bride.
  2. (Manège) (Figuré) Résister à l’action de la bride en parlant d’un cheval.
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
  3. Tendre, allonger.
    • Tirer une courroie.
    • Tirer un câble.
  4. (En particulier) Allonger en fils déliés divers métaux, afin de s’en servir ensuite pour divers usages.
    • Tirer l’or, l’argent, etc.
  5. Ôter, faire sortir une chose d’une autre, extraire d’un lieu, soustraire.
    • Tirer du fer d’une mine, du marbre d’une carrière, du sable du bord d’une rivière.
    • Tirer de l’argent de sa bourse, de sa poche.
    • Tirer une écharde du doigt.
    • Tirer une épine du pied.
    • Tirer une bague de son doigt.
    • Tirer l’épée du fourreau.
    • Tirer de l’eau d’un puits, du vin d’un tonneau.
      • (Absolument) Tirer de l’eau, tirer du vin.
  6. Voler à la tire, en tirant le butin du vêtement ou du sac de la victime. Se disait aussi autrefois pour le vol d’un manteau : voir tire-laine.
    • Un soir, il s’installa sur le Pont-Neuf et essaya de tirer le manteau du premier bourgeois qu’il vit passer. — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
  7. (Par extension) (Argot) Voler, dérober de quelque manière que ce soit.
    • Il s’est fait tirer sa bagnole cette nuit.
  8. (Marine) S’enfoncer dans le liquide à une certaine profondeur, en parlant d’un objet flottant.
    • Ce navire tire tant d’eau, tant de mètres d’eau.
  9. Choisir au sort, faire sortir au hasard de la boîte qui les contient des billets, des noms, des numéros.
    • Le président de la cour a tiré au sort les noms de ceux qui doivent former le jury.
    • Tirer les numéros gagnants d’une loterie.
  10. (En particulier) Choisir au sort des cartes de tarot en vue d’établir une prédiction.
    • Mais enfin, reprit tout à coup Léonora, comment et pourquoi cette funeste idée t’est-elle venue de tirer l’horoscope de ces deux êtres ? — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
  11. Faire venir certains produits d’un pays plus ou moins éloigné.
    • Les blés que Rome tirait de l’Égypte, de la Sicile.
  12. Faire sortir une personne d’un endroit, l’éloigner de quelque chose.
    • On ne l’a tiré de cette prison que pour le conduire dans une autre.
    • On ne l’a tiré qu’à grand-peine de l’eau où il était tombé.
    • On ne saurait le tirer de son cabinet, de ses livres.
      • (Figuré) (Familier) On ne peut le tirer de là se dit en parlant d’un homme qui se tient attaché à une idée et qui répond toujours la même chose.
  13. (En particulier) Dégager, délivrer quelqu’un.
    • C’était sa rencontre dans les bois de Meudon, avec cette jeune fille qu’il avait tirée des mains de Concini. — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
    • Tirer quelqu’un de prison, de captivité.
    • Tirer son ami d’un danger, d’un péril.
    • Qui le tirera de cet embarras ?
    • On l’a tiré de la misère.
    • Il m’a tiré de peine.
    • Tirez-moi de souci, d’inquiétude.
    • Je l’ai tiré d’erreur.
    • Se tirer d’affaire.
  14. Extraire.
    • Tirer le suc des herbes, le suc des viandes.
  15. (Intransitif) Aspirer pour absorber la fumée d’une pipe, d’un cigare, etc.
    • J’ai eu suffisamment de besogne après les poêles qui ne tiraient pas ; impossible de dégourdir la température à dix degrés, excepté au premier, chez Mme Galant. — (Léon Frapié, La maternelle, Librairie Universelle, 1908)
    • Le Père Directeur, qui était venu me rejoindre dans mon bureau de l’hôpital, ne me répondit rien et continua à tirer silencieusement sur son long fume-cigare. — (Albert Gervais, Æsculape dans la Chine en révolte, Gallimard, 1953, page 31)
  16. (Vieilli) (Familier) Étendre, étirer, de manière à ne plus faire de plis.
    • Tirer ses bas, ses chaussettes.
    • Tirer la nappe.
  17. (Vieilli) (Familier) Ôter, en parlant des bottes, des chaussures.
  18. (Figuré) Recueillir, percevoir, obtenir, recevoir d’une source donnée.
    • Maître Lureau, quand il louait cette chambre qui, effectivement, était la plus belle de l’auberge, en tirait quinze à vingt livres. — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
    • Tirer du profit.
    • Quel avantage tirez-vous de là ?
    • Il tire dix mille francs de rente de sa terre.
    • Il a tiré de cette affaire tout ce qu’on en pouvait tirer.
    • Il a tiré de grands services de cet homme.
    • Les leçons qu’on peut tirer de l’histoire.
  19. (Figuré) Extraire, puiser, emprunter.
    • Il a tiré une infinité de belles sentences des anciens.
    • C’est de tel auteur qu’il a tiré tout ce qu’il sait sur ce sujet.
    • Les mots que nous avons tirés du latin.
    • Mais si M. Caterna l’eût entendu, je pense qu’il ne m’aurait pas demandé d’en tirer le sujet d’une opérette turkestane.— (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre XXII, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)
  20. Inférer, conclure.
    • En combinant avec les observations si précises de M. Edwards celles de ses devanciers et de ses successeurs, nous pouvons en tirer une conclusion générale. — (Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau, Les Métamorphoses et la généagénèse, Revue des Deux Mondes, 2e période, tome 3, 1856, page 508)
    • De cela je tire une conséquence.
    • On tire de là un grand argument contre lui.
    • La conclusion que vous voulez tirer de ce fait n’est pas juste.
    • Tirer un bon, un mauvais augure, un fâcheux, un heureux présage de quelque chose.
  21. Tracer.
    • Tirer une ligne sur du papier.
    • Tirer un trait sur ce qu’on a écrit.
    • Tirer une allée au cordeau.
    • Tirer le plan d’une forteresse, d’une maison.
  22. (Commerce, Finance) Signer un effet de commerce.
    • Tirer une lettre de change, tirer un chèque,
  23. Imprimer.
    • Ici, voyez-vous, mon cher Nicolas, j'ai besoin de recourir aux formes solennelles d'un premier-pariste bien connu, et dont la prose sublime se tire à 217.830 exemplaires. — (Dr Maximin Legrand, « Feuilleton », dans L'union médicale, n° 117, du samedi 30 septembre 1865, page 627)
    • (Figuré)Un intérieur qui venait tout droit d’un grand magasin, un intérieur tiré à des milliers d’exemplaires, y compris les coussins du divan, avec chat noir découpé dans du velours ! — (Georges Simenon, Le Blanc à lunettes, chapitre VII, Gallimard, 1937)
  24. (Photographie) Réaliser une épreuve sur papier à partir d’une image originale sur film ou support informatique.
    • Faire le récit de ce récit, ce sera en finir avec le flou du vécu, comme entreprendre de développer une pellicule photo conservée dans un placard depuis soixante ans et jamais tirée. — (Annie Ernaux, L'Autre fille, éditions NiL, 2011, page 14)
  25. Faire partir une arme de trait, une arme à feu, un feu d’artifice, une fusée.
    • D’un autre côté, pour ne pas augmenter la furie déjà assez violente des naturels, nous ne tirions qu’en cas de nécessité absolue. — (Peter Dillon, Voyage dans la mer du sud, Revue des Deux Mondes, 1830, tome 1)
    • […]il éprouvait le besoin de tirer sur ces deux hommes. Il voulait tirer dessus, et se disait en même temps que les tuer ainsi serait une action horrible. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 354 de l’édition de 1921)
    • Il regarda le flingot, un Lefaucheux à deux coups, et constata, circonstance aggravante, que le coup de gauche avait été tiré. — (Louis Pergaud, Le Retour, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • – Venez donc jeudi tirer le sanglier, cela vous reposera, dit-il. — (Louise de Vilmorin, Madame de, Gallimard, 1951, réédition Folio, page 25)
    • Tout à coup, deux coups de feu brisent le silence de midi. […]. Puisque la chasse est fermée, il ne peut s’agir que de braconniers, à moins qu’un fraudeur, surpris par des gabelous ne leur ait tiré dessus. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  26. (En particulier) (Industrie minière) Faire exploser la charge pour abattre la roche.
  27. Chercher à atteindre avec une arme de trait, avec une arme à feu.
    • Au détour d'un amas de roches buissonneuses, je tire sur une gazelle. Un bellah arrête le dernier bourriquot du convoi pour emporter ce gibier — notre repas, ce soir. — (Louis Alibert, Méhariste, 1917-1918, Éditions Delmas, 1944, page 24)
  28. (Intransitif) Faire usage d’une arme de trait ou d’une arme à feu, la faire partir.
    • Tirer de l’arc, de l’arbalète.
    • Tirer au pistolet, à la carabine.
    • Tirer en l’air.
    • Tirer à blanc, à la cible.
  29. (Figuré) (Familier) Offenser, attaquer, dire des choses offensantes.
    • Tirer sur quelqu’un.
  30. Partir en parlant d’arme à feu.
    • Dès que le canon eut commencé à tirer, les ennemis capitulèrent.
    • Ribadier. — Vous pouvez parler sans crainte, monsieur, ma femme dort et quand elle est dans cet état, on pourrait tirer le canon à côté qu’elle ne l’entendrait pas ! — (Georges Feydeau, Le Système Ribadier, 1892, acte II, scène 3)
  31. Exercer une traction, un effort pour amener à soi quelque chose.
    • Tirer fortement sur une corde pour amener un fardeau.
    • Tirer sur une amarre.
  32. (Escrime) Combattre, faire des armes.
    • Tirer de tierce, de quarte.
    • Tirer en tierce.
    • Tirer à la muraille, au mur.
  33. S’en remettre à la décision du sort.
    • On les fit tirer au sort.
    • Ils tirèrent tous deux à la courte paille, au doigt mouillé.
    • Tirer à qui fera, à qui commencera, à qui donnera les cartes.
  34. (Familier) Aller, s’acheminer.
    • Tirons de ce côté.
    • En tirant vers la droite.
    • En tirant sur la gauche.
  35. (Figuré) Avoir quelque rapport ou quelque ressemblance.
    • Leur vanité, leur patriotisme tirant sur le nationalisme, donnèrent lieu à beaucoup de critiques ; ils leur prêtaient le flanc. — (Sophie Basch et ‎Robert A. Jouanny, Le Mirage grec : la Grèce moderne devant l’opinion française depuis la création de l’École d’Athènes jusqu’à la guerre civile grecque (1846-1946), Hatier, 1995, page 495)
  36. (En particulier) Être en ressemblance, en parlant des couleurs.
    • Cette pierre tire sur le vert.
    • Le plumage de cet oiseau tire sur le violet.
  37. (Familier) Effectuer.
    • Vint l’heure du noble devoir patriotique. Fagerolle tira ses mois d’embastillement militaire sans trop de dommages, dans un régiment de marsouins, à Toulon. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 27)
    • — J’viens d’décarrer, Dussèche. J’ai tiré dix berges pour avoir refroidi ma belledoche. — (Stephen Coulter, La vie passionnée de Guy de Maupassant, Éditions Seghers, 1959, page 259)
  38. (Familier) Terminer
    • Le mercredi matin à 5 heures, Le Gonidec, son quart étant tiré, quitte la dunette. Il prend un peu de repos et remonte. — (José Gers, Sur la mort du Pourquoi pas ?, France libre, vol. 6, 1936)
  39. (Jeux de boules) (Transitif ou intransitif) Lancer la boule avec l’intention de heurter violemment une ou (plus rarement) plusieurs cibles parmi les boules jouées et le but, afin de la ou les chasser.
    • Tu la tires ou tu la pointes ? — (Marcel Pagnol, César, 1936)
  40. (Sports de ballon) (Transitif ou intransitif) Lancer une balle en la frappant (avec son pied, sa main, etc., selon le sport).
    • « Avec quel pied avez-vous tiré ? » « Avec celui-ci, mon fils, lui montre Ghiggia, surpris. Avec le droit.» - (sofoot.com: Le fantome du Maracanã)
    • On s’en souvient, le gardien reste finalement droit et immobile, et l’avant-centre lui tire le ballon dans les mains… - (France culture. Le journal des idées.)
  41. (Par métonymie) (Construction) Installer des câbles.
    • L’idée de cet article va être de vous partager des astuces, ou simplement des bonnes idées pour vous faciliter votre rénovation, lorsque vous avez des câbles RJ45 à tirer. — (Morgan, Rénovation : Astuces pour tirer vos câbles RJ45 !, 15 juillet 2018 → lire en ligne)
  42. (Sports hippiques) En parlant d'un cheval dans une course hippique, qui se montre impétueux, brillant, qui va plus vite que ne le voudrait son cavalier, qui a besoin d'être retenu au risque de s'épuiser et de ne pas garder un bon rythme sur le parcours.
  43. Produire une impression de tension.
    • La peau de ma joue droite me « tirait ». J'y portai la main, pour la frictionner, mais ma paume y resta collée : en m'appuyant contre le pin quand les oiseaux bleus m'avaient fait peur, je l'avais enduite de résine. — (Marcel Pagnol, La gloire de mon père, 1957, collection Le Livre de Poche, page 329)
  44. (Argot) (Vulgaire) baiser, avoir des rapports sexuels
  45. (Argot) (Vulgaire) branler, masturber
  46. (Boxe) Combattre, faire un match, boxer.
    • — Et si j’ai compris, tu n’es pas sûr de tirer ?
      Tirer ? Tu causes comme un boxeur, maintenant, père abbé ?
      Tirer, boxer, c’est du pareil au même, non ?
      — Pour nous, les boxeurs, oui, c’est deux synonymes.
      — (Guy Boley, Quand Dieu boxait en amateur, 2018, page 121)
  47. (Fumisterie) Évacuer les fumées et les gaz chauds tout en attirant l’air frais nécessaire à la combustion.
    • J’ai eu suffisamment de besogne après les poêles qui ne tiraient pas ; impossible de dégourdir la température à dix degrés, excepté au premier, chez Mme Galant. — (Léon Frapié, La maternelle, Librairie Universelle, 1908)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TIRER. v. tr.
Mouvoir vers soi, amener vers soi ou après soi. Tirer avec force. Tirer la porte après soi, la tirer sur soi. Tirer quelque chose à soi. Des chevaux qui tirent une voiture. Tirer une brouette. Tirer quelqu'un par le bras, par l'habit. Tirer un cheval par la bride. Tirer quelqu'un à part, le tirer à l'écart pour lui parler. Tirer les oreilles, les cheveux à quelqu'un. Absolument, Ces chevaux tirent bien, ils tirent mal. Tirer le verrou, Fermer une porte au verrou. Tirer le pied, la jambe en arrière, Les porter en arrière pour faire une révérence. On dit aussi par extension et populairement : Tirer sa révérence à quelqu'un, Le saluer. Cette expression signifie encore, familièrement, Quitter. Je lui dis nettement ma façon de penser et je lui tirai ma révérence. Elle s'emploie aussi pour Refuser. Ce que vous me proposez ne me convient pas, je vous tire ma révérence. Fig. et fam., Tirer les yeux, Faire mal aux yeux, leur causer de la fatigue. Ce caractère typographique est trop fin, il tire les yeux. Fig. et fam., Se faire tirer l'oreille, Avoir de la peine à consentir à quelque chose. Il s'est fait tirer l'oreille pour donner cette somme. Fig. et fam., Cette comparaison est tirée par les cheveux, Elle est amenée de loin, d'une manière peu naturelle, forcée. Fig. et fam., Tirer la couverture à soi, de son côté, Prendre plus que sa part, chercher dans une affaire à s'emparer de profits, d'avantages qu'on doit partager avec d'autres. On dit dans le même sens : Cet homme tire tout à lui. Fig. et fam., Tirer le diable par la queue, Être démuni d'argent, avoir beaucoup de peine à subsister. Tirer un criminel à quatre chevaux signifiait L'attacher par les pieds et par les mains à quatre chevaux, qui le tiraient chacun d'un côté et le démembraient. Fig. et fam., Après lui il faut tirer l'échelle se dit d'un Homme qui a si bien fait en quelque chose que personne ne peut faire mieux. Par analogie, Après cela il faut tirer l'échelle se dit d'un Fait tellement imprévu et déconcertant qu'on ne peut imaginer rien au-delà. En termes de Manège, Tirer à la main se dit d'un Cheval qui résiste à l'action de la bride.

TIRER signifie encore Tendre, allonger. Tirer une courroie. Tirer un câble. Tirer l'or, l'argent, etc., Les allonger en fils déliés, afin de s'en servir ensuite pour divers usages. Tirer ses bas, Les étendre sur ses jambes de manière qu'ils ne fassent pas de plis. Des bas bien tirés. Fig. et pop., Tirer ses chausses, tirer ses grègues, S'en aller, s'enfuir. Tirer les rideaux, Les ouvrir ou les fermer. Fig., Tirer le rideau sur quelque chose et absolument Tirer le rideau, Ne plus parler, ne plus s'occuper l'esprit de quelque chose de fâcheux, de désagréable. Fig., Tirer une chose en longueur, En éloigner la conclusion. Il tire l'affaire en longueur pour la faire échouer. Fig. et fam., Être tiré à quatre épingles, Être ajusté avec un très grand soin et de manière à paraître craindre de déranger son ajustement.

TIRER signifie aussi Ôter, faire sortir une chose d'une autre, d'un lieu. Tirer du fer d'une mine, du marbre d'une carrière, du sable du bord d'une rivière. Tirer de l'argent de sa bourse, de sa poche. Tirer une écharde du doigt. Tirer une épine du pied. Tirer une bague de son doigt. Tirer l'épée du fourreau. Tirer de l'eau d'un puits, du vin d'un tonneau; et absolument, Tirer de l'eau, tirer du vin. Tirer du sang, Saigner. Tirer la langue, Avancer la langue hors de la bouche. Fig. et pop., Faire tirer la langue à quelqu'un, Le faire languir dans l'attente de quelque assistance dont il a grand besoin. On dit aussi en parlant d'une Personne dont on n'a aucune compassion : Je lui verrais tirer la langue d'un pied de long que je ne lui donnerais pas un verre d'eau. Tirer l'épée contre quelqu'un, Se battre contre lui. Faire tirer l'épée à quelqu'un, L'obliger à se battre. Fig., Tirer l'épée contre son prince, Se révolter contre son prince. Tirer des sons d'un instrument, Lui faire rendre des sons. Tirer du feu d'un caillou, En faire jaillir du feu en le frappant. Tirer des larmes des yeux de quelqu'un, Le faire pleurer. Ce discours lui a tiré les larmes des yeux. Tirer les bas, les bottes à quelqu'un, Les lui ôter des jambes. Tirer son chapeau, L'ôter pour saluer. Je ne lui tirerai pas mon chapeau s'il ne me salue le premier. Fig. et fam., Tirer son épingle du jeu, Se dégager adroitement d'une mauvaise affaire. Fig. et fam., Tirer les marrons du feu, Faire au profit d'un autre et sans avantage pour soi-même quelque chose de difficile, de dangereux. Fig. et fam., Tirer à quelqu'un les vers du nez, Lui faire dire ce qu'on veut savoir, en le questionnant adroitement. Fig. et fam., Se tirer une épine du pied, Surmonter un obstacle, se délivrer d'un grand embarras. On dit dans le même sens : Tirer à quelqu'un une épine du pied. Fig. et fam., Tirer pied ou aile d'une chose, En tirer quelque profit de manière ou d'autre. Fig. et fam., Tirer d'un sac deux moutures, Prendre double profit dans une même affaire. Tirer du vin au clair, Le mettre en bouteilles quand il a été bien reposé. On dit aussi figurément : Tirer au clair un fait, une difficulté, L'éclaircir, la débrouiller. Il reste bien des obscurités dans cette affaire : il faudra la tirer au clair. Prov. et fig., Quand le vin est tiré, il faut le boire, L'affaire est engagée, il n'y a plus à reculer. En termes de Marine, Ce navire tire tant d'eau, tant de mètres d'eau, Il s'enfonce dans l'eau de tant de mètres.

TIRER signifie aussi Choisir au sort, faire sortir au hasard de la boîte qui les contient des billets, des noms, des numéros. Le président de la cour a tiré au sort les noms de ceux qui doivent former le jury. Tirer les numéros gagnants d'une loterie. Par extension, Tirer une loterie, Tirer les numéros d'une loterie, pour savoir à qui le sort fera échoir les lots. Tirer le gâteau des Rois ou, simplement, Tirer les Rois, Distribuer les parts du gâteau pour voir à qui la fève écherra.

TIRER signifie également Faire venir certains produits d'un pays plus ou moins éloigné. Les blés que Rome tirait de l'Égypte, de la Sicile. Il signifie encore Faire sortir une personne de quelque endroit, l'éloigner de quelque chose. On ne l'a tiré de cette prison que pour le conduire dans une autre. On ne l'a tiré qu'à grand-peine de l'eau où il était tombé. On ne saurait le tirer de son cabinet, de ses livres. Fig. et fam., On ne peut le tirer de là se dit en parlant d'un Homme qui se tient attaché à une idée et qui répond toujours la même chose. Fig., Tirer quelqu'un d'un mauvais pas, Le dégager d'une affaire difficile, embarrassante, fâcheuse. Fig., Tirer quelqu'un de la boue, de la poussière, Le faire sortir d'un état misérable et bas. On dit aussi : Tirer quelqu'un de son obscurité.

TIRER signifie particulièrement Dégager, délivrer quelqu'un. Tirer quelqu'un de prison, de captivité. Tirer son ami d'un danger, d'un péril. Qui le tirera de cet embarras? On l'a tiré de la misère. Il m'a tiré de peine. Tirez-moi de souci, d'inquiétude. Je l'ai tiré d'erreur. Se tirer d'affaire. Il s'est heureusement tiré de ce sujet difficile, de ce rôle ingrat. Absolument, S'en tirer, s'en bien tirer, Sortir heureusement d'une maladie, d'une difficulté, d'un procès, d'une affaire fâcheuse, etc. Il s'en est tiré. Il s'en est bien tiré. Vous ne vous en tirerez jamais. On dit de même : Il s'est fort bien tiré de là. Vous aurez quelque peine à vous tirer de là.

TIRER signifie encore Extraire. Tirer le suc des herbes, le suc des viandes. Fig. et par exagération, Il tirerait de l'huile d'un mur se dit d'un Homme qui sait tirer profit de tout. On tirerait plutôt de l'huile d'un mur que de tirer de l'argent de lui se dit d'un Homme avare et tenace.

TIRER signifie, au figuré, Recueillir, percevoir, obtenir, recevoir. Tirer du profit. Quel avantage tirez-vous de là? Il tire dix mille francs de rente de sa terre. Il a tiré de cette affaire tout ce qu'on en pouvait tirer. Il a tiré de grands services de cet homme. Les leçons qu'on peut tirer de l'histoire. Cet argument, ce raisonnement tire sa principale force de la manière dont il est présenté. Tirer de l'argent de quelqu'un, Se faire donner de l'argent par quelqu'un, à force de sollicitations, de poursuites, etc. C'est un très mauvais débiteur, on n'en peut tirer aucun argent. Tirer un éclaircissement de quelqu'un, Faire en sorte qu'il donne l'éclaircissement qu'on souhaite de lui. On ne saurait tirer un mot de lui, on ne peut rien tirer de lui se dit en parlant d'un Homme qui ne veut point répondre sur quelque chose. On ne saurait tirer raison de cet homme, On ne peut obtenir de lui qu'il fasse ce qu'il doit. Tirer raison, tirer satisfaction d'une injure, d'une offense, Faire réparer l'injure, l'offense. Tirer vengeance, Se venger. Tirer parti de quelqu'un, de quelque chose, En tirer des services, des avantages. Il a su tirer un grand parti de cet homme, de cette affaire. Il tire parti de tout. Tirer parti des circonstances. Tirer avantage d'une chose, La tourner, l'interpréter à son avantage. Il tire avantage de votre modération, de votre retenue et s'imagine que vous le craignez. Tirer vanité d'une chose, S'en glorifier. Il tire vanité d'une action dont il devrait avoir honte.

TIRER signifie aussi, figurément, Extraire, puiser, emprunter. Il a tiré une infinité de belles sentences des anciens. C'est de tel auteur qu'il a tiré tout ce qu'il sait sur ce sujet. Les mots que nous avons tirés du latin. C'est de là que cette ville, que cette rivière tire son nom, C'est à telle circonstance que cette ville, que cette rivière doit le nom qu'elle porte. C'est de ce lieu que telle famille tire son nom, Elle porte le nom de cette localité. Les Condé tirent leur nom d'un village de la Brie champenoise. Tirer son origine, tirer sa source de, Descendre, être issu de. Il tire son origine de telle famille. Cette rivière tire sa source de telle montagne.

TIRER signifie aussi Inférer, conclure. De cela je tire une conséquence. On tire de là un grand argument contre lui. La conclusion que vous voulez tirer de ce fait n'est pas juste. Tirer un bon, un mauvais augure, un fâcheux, un heureux présage de quelque chose. Absolument, Cette chose tire à conséquence, On pourrait s'en autoriser, s'en prévaloir à l'avenir pour quelque chose de pareil. Je lui accorderai sa demande, sans que cela doive, sans que cela puisse tirer à conséquence ou, elliptiquement, sans tirer à conséquence. Tirer l'horoscope d'une personne, Faire l'horoscope d'une personne suivant les règles de l'astrologie. Il signifie figurément Deviner par quelques circonstances ce que cette personne sera un jour, ce qu'elle fera dans telle ou telle occasion. Tirer les cartes à quelqu'un, Lui prédire sa destinée d'après l'arrangement fortuit des cartes que l'on consulte.

TIRER signifie aussi Tracer. Tirer une ligne sur du papier. Tirer un trait sur ce qu'on a écrit. Tirer une allée au cordeau. Tirer le plan d'une forteresse, d'une maison. Tirer une copie, tirer la copie, tirer copie d'un acte, d'une lettre, d'un dessin, etc., Les copier. Tirer les parties d'une partition, En copier à part les différentes parties d'orchestre. En termes de Finance et de Commerce, Tirer une lettre de change, tirer un chèque, Signer un effet de commerce, une sorte de lettre par laquelle on charge un correspondant de payer la somme énoncée à celui qui présentera cette lettre, ce chèque. En termes de Marine, Tirer des bordées, Louvoyer.

TIRER signifie en outre Imprimer. Tirer des feuilles. Tirer des estampes. On n'a tiré que cent exemplaires de son livre. Cet ouvrage a été tiré à cinq cents exemplaires. Il n'y a encore que deux feuilles de tirées. Bon à tirer. Il signifie encore Faire partir une arme de trait, une arme à feu. Tirer l'arc. S'exercer à tirer le pistolet. Tirer le canon. Tirer un coup de fusil. Tirer des salves d'artillerie. Tirer un feu d'artifice, des fusées, etc., Les faire partir. Fig. et fam., Tirer sa poudre aux moineaux, Employer pour des bagatelles son crédit, ses ressources, ses amis, dont on aurait pu se servir plus utilement.

TIRER signifie également Chercher à atteindre avec une arme de trait, avec une arme à feu. Tirer une perdrix, un lièvre.

TIRER est aussi verbe intransitif et signifie Faire usage d'une arme de trait ou d'une arme à feu, la faire partir. Tirer de l'arc, de l'arbalète. Tirer au pistolet, à la carabine. Tirer en l'air. Tirer à blanc, à la cible. Tirer juste. Tirer à boulets rouges, à coups perdus. Tirer à bout portant. Tirer sur quelqu'un. Tirer à plomb, à balle. Tirer au vol, Tirer sur un oiseau lorsqu'il vole. Tirer au jugé, Tirer sans voir le gibier dans la direction où l'on suppose qu'il se trouve. Tirer à l'oiseau, Chercher à abattre un oiseau de bois placé au haut d'une perche. Fig. et fam., Tirer sur quelqu'un, Dire des choses offensantes de quelqu'un. Tirer à boulets rouges sur quelqu'un, En dire les choses les plus offensantes. Tirer sur quelqu'un à bout portant, Lui dire en face les choses les plus dures. Ces expressions se prennent quelquefois dans un sens moins sérieux, en parlant d'Épigrammes, de plaisanteries. Fig., Vous tirez sur vos troupes, sur vos gens, Vous attaquez ceux qui sont dans vos intérêts.

TIRER se dit aussi des Armes à feu, lorsqu'elles partent. Dès que le canon eut commencé à tirer, les ennemis capitulèrent. Un fusil qui tire juste, Qui ne fait point dévier la balle ou le plomb de la direction dans laquelle on a voulu les lancer.

TIRER, intransitif, signifie aussi Exercer une traction, un effort pour amener à soi quelque chose. Tirer fortement sur une corde pour amener un fardeau. Tirer sur une amarre. En termes d'Escrime, il signifie Faire des armes. Tirer de tierce, de quarte. Tirer en tierce. Tirer à la muraille, au mur. Il tire bien.

TIRER signifie encore S'en remettre à la décision du sort. On les fit tirer au sort. Ils tirèrent tous deux à la courte paille, au doigt mouillé. En termes de jeux de Cartes, Tirer à qui fera, À qui commencera, à qui donnera les cartes.

TIRER signifie aussi Aller, s'acheminer. Tirons de ce côté. En tirant vers la droite. En tirant sur la gauche. Ce sens est familier. Tirer au large, S'enfuir. Tirez, tirez. Terme dont on se servait autrefois pour chasser un chien. Tirer à sa fin, Être bien près de finir, d'être terminé. Cet ouvrage, cette affaire tire à sa fin. Sa maladie tire à sa fin. Ce tonneau de vin tire à sa fin. Ce malade tire à sa fin, Il est près de mourir. Tirer en longueur, Se prolonger, ne pas se terminer. Cette affaire tire en longueur. On dit aussi absolument Tirer. Cette négociation tire beaucoup. Fam., Tirer à la ligne, Allonger un écrit pour qu'il contienne plus de lignes et soit plus copieux, partant plus payé.

TIRER signifie figurément Avoir quelque rapport, quelque ressemblance; il se dit principalement du Rapport que les couleurs ont ensemble. Cette pierre tire sur le vert. Le plumage de cet oiseau tire sur le violet. Le participe passé

TIRÉ s'emploie comme adjectif. Un visage tiré, Un visage abattu, amaigri, qui témoigne d'usure, de fatigue. On dit de même : Avoir les traits tirés. Fig. et fam., Ils sont à couteaux tirés, Ils sont ennemis déclarés.

TIRÉ s'emploie aussi comme nom masculin et désigne une Chasse au fusil. Le roi fit hier un beau tiré. On dit dans le même sens : Chasse au tiré. Il se dit encore d'un Endroit aménagé pour cette chasse. Les tirés de Rambouillet. En termes de Finance et de Commerce, il désigne Celui sur qui un effet a été tiré, qui est indiqué dans une lettre de change, dans un chèque, pour payer cet effet.

Littré (1872-1877)

TIRER (ti-ré) v. a.

Résumé

  • 1° Attirer, mouvoir vers soi, quand on est soi-même immobile.
  • 2° Mouvoir après soi, vers soi, en marchant.
  • 3° Tirer à soi, amener de son côté. Tirer à soi la couverture.
  • 4° Tirer les yeux, faire mal aux yeux.
  • 5° Ce navire tire tant d'eau.
  • 6° Tirer le pied, la jambe. Tirer sa révérence.
  • 7° Faire sortir une chose d'un endroit ou d'une autre chose.
  • 8° Tirer du vin, de l'eau. Tirer au clair.
  • 9° Tirer la langue.
  • 10° Tirer les bas, les bottes à quelqu'un.
  • 11° Tirer pays.
  • 12° Tirer du sang.
  • 13° Tirer les vaches
  • 14° Faire sortir, au hasard, des billets, des numéros, des noms.
  • 15° Faire venir d'un lieu plus ou moins éloigné certains produits.
  • 16° Faire sortir en suçant.
  • 17° Extraire par voie de distillation ou d'expression.
  • 18° Tirer la racine d'un nombre.
  • 19° Faire sortir quelqu'un d'un endroit, l'éloigner de quelque chose.
  • 20° Délivrer, dégager quelqu'un soit d'un lieu où il est mal, soit de quelque état comparé à ce lieu.
  • 21° Étendre, allonger.
  • 22° Tirer l'or, l'argent, les étendre en fils déliés.
  • 23° Tirer au sec.
  • 24° Tirer un coup, l'assener.
  • 25° Er escrime, tirer des feintes, l'estocade.
  • 26° Lancer des armes de trait.
  • 27° Décharger une arme à feu.
  • 28° Viser avec une arme.
  • 29° Creuser en suivant une certaine direction.
  • 30° Tracer.
  • 31° Faire le portrait de quelqu'un.
  • 32° Tirer copie.
  • 33° Faire plusieurs exemplaires de ce qui est composé en caractères d'imprimerie.
  • 34° Tirer une lettre de change.
  • 35° Faire qu'une personne interrogée parle.
  • 36° Recueillir, percevoir, obtenir, recevoir.
  • 37° Tirer tout, faire la vole.
  • 38° Fig. Puiser, emprunter.
  • 39° Faire sortir de, faire produire à.
  • 40° Inférer, conclure.
  • 41° V. n. Exercer une traction.
  • 42° Aller, s'acheminer.
  • 43° Tirer de long.
  • 44° Tirer à la mer.
  • 45° Remettre à la décision du sort.
  • 46° Tirer des armes.
  • 47° Tirer d'une arme de trait ou d'une arme à feu.
  • 48° Il se dit de l'arme à feu qui part et fait explosion.
  • 49° Faire éprouver une sensation de tiraillement.
  • 50° Tirer au volume. Tirer à la ligne.
  • 51° Tirer en longueur, se prolonger.
  • 52° Tirer à sa fin.
  • 53° Tirer à des conséquences, amener, entraîner certaines conséquences.
  • 54° Tirer à, avoir de la ressemblance avec.
  • 55° Tirer sur, avoir quelque rapport, quelque ressemblance.
  • 56° V. réfl. Se tirer, se délivrer, sortir. S'en tirer.
  • 57° Être ôté d'un lieu, en parlant d'un objet.
  • 58° Être mis hors.
  • 59° Être extrait de, par distillation ou expression.
  • 60° Être extrait de, par la mine, la pioche ou la pelle.
  • 61° Être obtenu, recueilli.
  • 62° Être l'objet d'un tir.
  • 63° Être imprimé.
  • 64° Être conclu comme conséquence.
  • 1Attirer, mouvoir vers soi, quand on est soi-même immobile. Tirez cette porte. Il lui tirait les cheveux. Comme un enfant qui est tiré par les voleurs d'entre les bras de sa mère, qui ne le veut point abandonner, Pascal, Extr. des lettres à Mlle de Roannez, 8. Ce fut un spectacle bien étrange de voir tirer un tribun ignominieusement par des licteurs et des affranchis hors de son tribunal, St-Réal, Conjur. des Gracques. Il [le hocco] devient familier au point de heurter à la porte avec son bec pour se faire ouvrir, de tirer les domestiques par l'habit lorsqu'ils l'oublient…, Buffon, Ois. t. IV, p. 139. Sa sœur cadette a beau la tirer par son vêtement, elle n'entend rien, Diderot, Salon de 1765, Œuv. t. XIII, p. 178, dans POUGENS.

    Fig. Est-ce lui qui naguère aux dépens de sa vie Sauva des ennemis votre empereur Décie, Qui leur tira mourant la victoire des mains, Et fit tourner le sort des Perses aux Romains ? Corneille, Poly. I, 3. Sa grâce et sa vertu sont de douces amorces, Qui, pour tirer les cœurs, ont d'incroyables forces, Molière, l'Ét. III, 2.

    Tirer le verrou, fermer une porte au verrou.

    Tirer la porte sur soi ou après soi, la fermer après l'avoir traversée. Mon père est sorti brusquement, il a tiré sur lui la porte du cabinet, Genlis, Théât. d'éduc. la Cloison, sc. 6.

    Tirer l'échelle, voy. ÉCHELLE.

    Tirer l'oreille, les oreilles à quelqu'un, et fig. Se faire tirer l'oreille, voy. OREILLE.

    Populairement et fig. Tirer une dent, escroquer.

    Tirer la laine, voy. LAINE.

    Tirer le diable par la queue, voy. DIABLE, n° 2.

    Tirer l'eau, se dit de ce qui pompe l'eau par absorption. Ce morceau d'aubier a repris de l'eau, et a continué d'en tirer pendant six jours, en sorte qu'au 10 avril il avait tiré 107 grains et demi d'eau, Buffon, Hist. nat. Introd. Œuv. t. VIII, p. 338.

    Ce cuir tire l'eau comme une éponge, il s'en imbibe beaucoup,

  • 2Mouvoir après soi, vers soi, en marchant. Tirer un cheval par la bride. Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé… Six forts chevaux tiraient un coche, La Fontaine, Fabl. VII, 9. Le champ est labouré, on n'a plus besoin des bœufs qui ont tiré la charrue, et on ne se soucie pas de les nourrir ; j'ai tiré, sire, la charrue le mieux que j'ai pu, D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 8 nov. 1771. En général, pour tirer un fardeau sur un terrain inégal et raboteux, comme ils le sont presque tous, il est plus avantageux de tirer un peu en haut, Brisson, Traité de phys. t. I, p. 380.

    Tirer un criminel à quatre chevaux, l'attacher par les pieds et par les mains à quatre chevaux qui le tirent chacun d'un côté et le démembrent.

    Par extension. Je ne savais point du tout la manière dont était mort ce vieil Évreux ; je vois Dieu qui tourne les volontés de ce bonhomme d'une manière extraordinaire, pour le conduire à être déchiré et massacré, et tiré enfin à quatre chevaux [dans un accident de voiture], Sévigné, 455.

    Fig. et familièrement. Tirer quelqu'un à quatre, lui faire les plus grandes instances pour le décider à quelque chose.

    Fig. Se faire tirer, se faire prier, se faire faire des instances. Ce valet de pied se fit tirer d'abord, puis se laissa faire se mit à table], Saint-Simon, 129, 175.

    Absolument. Il [l'éléphant] tire également, continûment et sans se rebuter, pourvu qu'on ne l'insulte pas par des coups donnés mal à propos, Buffon, Quadrup. t. IV, p. 223. Deux buffles attelés ou plutôt enchaînés à un chariot tirent autant que quatre forts chevaux, Buffon, Quadrup. t. v, p. 112.

    Fig. et familièrement. On aura bien à tirer dans cette affaire, on aura bien de la peine à la faire réussir.

    Il a encore bien à tirer pour en venir là, il a encore bien de la peine à avoir avant de parvenir à son but.

    Terme de manége. Ce cheval tire à la main, il résiste à l'action de la bride.

  • 3Tirer à soi, amener de son côté. Tirer à soi la couverture.

    Fig. et familièrement. Tirer la couverture à soi, prendre plus que sa part.

    Fig. Tirer à soi, s'arroger. Émilie : La mienne [gloire] se flétrit, si César te veut croire. - Cinna : Et la mienne se perd, si vous tirez à vous Toute celle qui suit de si généreux coups, Corneille, Cinna, v, 2. L'un soutient son oracle, et l'autre sa statue ; chacun veut tout tirer à soi, Lamotte, Fabl. IV, 16.

    On dit de même : tirer de son côté. Chacun les tire de son côté [les volontés des testateurs], et les interprète de sa manière, je veux dire selon ses désirs ou ses intérêts, La Bruyère, XIV.

  • 4Tirer les yeux, faire mal aux yeux, en les forçant (expression provenant d'une fausse sensation : il semble que cette douleur tire les yeux hors de la tête). Cette écriture est trop fine, elle tire les yeux. Fermez les volets, le soleil me tire les yeux.

    En un autre sens. Cela tire l'œil, cela attire le regard.

  • 5 Terme de marine. Ce navire tire tant d'eau, tant de pieds d'eau, il enfonce dans l'eau de tant. Un vaisseau de 50 à 56 pièces qui tire seize à dix-sept pieds d'eau, Seignelay, à de Seuil, 21 déc. 1678, dans JAL. Les navires des Indes, qui étaient de jonc, tiraient moins d'eau que les vaisseaux grecs ou romains, qui étaient de bois, et joints avec du fer, Montesquieu, Espr. XXI, 6.
  • 6Tirer le pied, la jambe, les porter en arrière de soi pour faire une révérence. Il y avait plus de politesse dans l'air ouvert et humain de son visage [d'un quaker], qu'il n'y en a dans l'usage de tirer une jambe derrière l'autre, et de porter à la main ce qui est fait pour couvrir la tête, Voltaire, Dict. phil. Quakers. Lubin tire le pied et ôte son chapeau avec les grâces naïves de la nature, Marmontel, Cont. mor. Ann. Lub. On veut être quelque chose : dès qu'un jeune homme sait faire la révérence, riche ou non, peu importe, il se met sur les rangs ; il demande des gages, en tirant un pied derrière l'autre : cela s'appelle se présenter, Courier, 2e lettre au Censeur.

    Tirer sa révérence à quelqu'un, le saluer. Moi j'étais en train de tirer une révérence que je laissai à moitié faite, Marivaux, Pays. parv. 2e part.

    Tirer la révérence, se dit aussi pour saluer en s'en allant, s'en aller. Je lui dis ma façon de penser, et je lui tirai ma révérence.

    Fig. Tirer sa révérence, exprimer un refus. Ce que vous me proposez ne me convient pas, et je vous tire ma révérence.

  • 7Faire sortir une chose d'un endroit, ou d'une autre chose. Tirer une épine du pied. Tirer sa bourse de sa poche, une pièce de monnaie de sa bourse. Tirer de l'eau d'un puits, du vin d'un tonneau. Tirer l'or de la mine. Ces dieux qu'ils honorent sont semblables à des pierres qu'on tire d'une montagne, Sacy, Bible, Baruch, VI, 38. Il tire après ces mots une brillante épée, Rotrou, Antig. I, 2. Vous êtes de l'humeur de ces amis d'épée Que l'on trouve toujours plus prompts à dégainer Qu'à tirer un teston, s'il fallait le donner, Molière, l'Ét. III, 5. Elle [Mlle de Guinée] eut des convulsions, on la crut morte ; on lui voulut tirer le cœur, pour le mettre dans un couvent qu'elle aimait ; elle cria quand on commença…, Sévigné, 20 juill. 1694. Et que du sein des monts le marbre soit tiré, Racine, Esth. III, 9. Après avoir tiré du trésor quatre mille cent trente livres d'or, et quatre-vingt mille livres d'argent… il [César] se mit en état de poursuivre Pompée et ses partisans, Vertot, Révol. rom. XII. Nous avons au Cabinet du roi un fœtus de rhinocéros qui nous a été envoyé de l'île de Java, et qui a été tiré hors du corps de la mère, Buffon, Quadrup. t. IV, p. 347. Fig. Ils ont tiré cet art du nombre des vertus, Régnier, Sat. IV. Un de ces hommes en qui Dieu met ses dons d'intelligence et de conseil, et qu'il tire de temps en temps des trésors de sa providence pour assister les rois et pour gouverner les royaumes, Fléchier, le Tellier.

    Tirer sa montre, regarder à sa montre l'heure qu'il est. Dans l'impatience de me voir à son aise, elle tira sa montre à plusieurs reprises, et dit l'heure qu'il était, pour conseiller honnêtement la retraite à nos convives, Marivaux, Pays. parv. 4e part.

    Tirer l'épée contre quelqu'un, se battre contre lui.

    Faire tirer l'épée à quelqu'un, le forcer à se battre.

    Fig. Tirer l'épée, prendre les armes, en venir aux armes. On ne sait qui défendre, ou qui blâmer des deux, Qui des deux a tiré plus justement, l'épée : Les dieux servent César, mais Caton suit Pompée, Brébeuf, Phars. I. Des Espagnols lui ont dit à la Haye que le roi avait pris bien des places, mais que, pour eux, sans tirer l'épée, ils en avaient pris trois qui en valaient bien d'autres, Maestricht, Bréda et Bolduc, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 253.

    Tirer l'épée contre son prince, se révolter contre lui.

    Fig. Tirer son épingle du jeu, voy. ÉPINGLE.

    Fig. Tirer à quelqu'un une épine du pied, voy. ÉPINE.

    Fig. Tirer les marrons du feu, voy. MARRON.

    Fig. et familièrement. Tirer pied ou aile, arracher quelque chose d'une personne, peu ou beaucoup.

    Fig. Tirer à quelqu'un les vers du nez, voy. VER.

    Fig. Tirer une plume de l'aile à quelqu'un, voy. PLUME.

    Fig. Tirer d'un sac deux moutures, voy. SAC.

    Tirer des sons d'un instrument, lui faire rendre des sons.

    Tirer du feu d'un caillou, en faire jaillir du feu en le frappant.

    Tirer des larmes des yeux de quelqu'un, le toucher au point de le faire pleurer. Pour me tirer des pleurs il faut que vous pleuriez, Boileau, Art p. III. Nous nous en voulions, Mme Denis et moi, d'avoir tiré des larmes des plus beaux yeux qui soient actuellement à Turin ; ces yeux sont ceux de Mme de Chauvelin l'ambassadrice, Voltaire, Lett. à Mme de Fontaine, 24 nov. 1757.

    On dit dans le même sens : tirer des soupirs. L'image de l'empire en de si jeunes mains M'a tiré ce soupir pour l'État que je plains, Corneille, Pulch. II, 1.

  • 8Tirer du vin, tirer de l'eau, faire venir du vin d'un tonneau, de l'eau d'un puits. Il fait tirer du meilleur [vin] cependant, La Fontaine, Orais.

    On dit dans le même sens : tirer bouteille. Faites-moi toujours tirer chopine, je vous prie, Dancourt, Maison de camp. sc. 32. Va-t'en m'attendre, ici près, aux Barreaux verts, et faire tirer bouteille, Regnard, Sérénade, 13.

    Tirer du vin au clair, le transvaser après l'avoir laissé reposer.

    Fig. Tirer une affaire au clair, l'éclaircir, la débrouiller. Rien n'est, ce me semble, si facile, tout serait alors tiré au clair, sans que des personnes qui peuvent beaucoup me nuire eussent le moindre prétexte contre moi, Voltaire, Lett. d'Arqental, 6 nov. 1767. Je supplie très instamment mes anges de vouloir bien parler à le Jeune, et de tirer la chose au clair, Voltaire, ib. 11 janv. 1773. J'attends qu'un de mes amis… soit de retour de la campagne, pour tirer au clair cette histoire abominable, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 9 nov. 1769.

  • 9Tirer la langue, avancer sa langue hors de la bouche. Le médecin lui dit de tirer la langue. Les chiens, quand ils sont échauffés, tirent la langue. Pour perdre la moitié de leurs dents dans la salivation mercurielle], en tirant la langue d'un demi-pied, et pour mourir de la poitrine au bout de six mois, Voltaire, l'Homme aux 40 écus, Entretien avec un chirurgien.

    Tirer la langue à quelqu'un, est une sorte de manifestation d'injure et de moquerie.

    Fig. et populairement. Faire tirer la langue à quelqu'un d'un pied de long, le faire languir dans l'attente de quelque chose.

    Je lui verrais tirer la langue d'un pied de long, que je ne lui donnerais pas un verre d'eau, se dit en parlant d'une personne pour qui on n'a aucune compassion.

  • 10Tirer les bas, les bottes à quelqu'un, les lui ôter des jambes.

    On a dit de même tirer un diadème. Il lui faudrait du front tirer le diadème, Corneille, Nic. v, 7.

    Tirer son chapeau, l'ôter pour saluer. Il ne m'a pas tiré son chapeau.

    Fig. et populairement. Tirer ses chausses, tirer ses grègues, s'enfuir. Le galant aussitôt Tire ses grègues, gagne au haut, Mal content de son stratagème, La Fontaine, Fabl. II, 15. Donnez-moi vitement quelques coups de bâton, Et me laissez tirer mes chausses sans murmure, Molière, le Dép. I, 4.

  • 11Tirer pays, tirer chemin, s'en aller, s'enfuir (c'est, comme gagner pays, mettre du pays, de l'espace derrière soi). Vu que la fuite en est la fin la plus heureuse [d'un duel], Et qu'il faut que, l'un mort, l'autre tire pays, Corneille, Suiv. IV, 5. Ma foi, si vous ne tirez pays, j'irai chercher le commissaire, Hauteroche, Crispin méd. III, 13. Et sans plus m'écouter, il a tiré chemin, Th. Corneille, le Galant doublé, III, 3.
  • 12Tirer du sang, saigner. Je lui conseille de se faire tirer du sang, et lui promets de ne le lui échauffer jamais par mes façons de parler trop libres, Scarron, Lett. Œuv. t. I, p. 256.

    Par exagération. Je tremble comme une feuille ; on ne me tirerait pas une goutte de sang, Th. Leclercq, Prov. t. II, p. 171, dans POUGENS.

  • 13Tirer les vaches, les traire.
  • 14Faire sortir, au hasard, de la boîte qui les contient, des billets, des numéros, des noms. Tirer les billets, les numéros d'une loterie. Le président a tiré au sort les noms des jurés. Ce jeune homme a tiré un mauvais numéro. Le sort, dit le prélat, vous servira de loi ; Que l'on tire au billet ceux que l'on doit élire, Boileau, Lutr. 1. Tout était tiré rigoureusement au sort, Raynal, Hist. phil. X, 10.

    Absolument. Il tourne le bonnet ; l'enfant tire, et Brontin Est le premier des noms qu'apporte le destin, Boileau, Lutr. I.

    Tirer une loterie, tirer les numéros d'une loterie, faire sortir par le sort les numéros.

    Tirer quelque chose à la courte paille, en décider par le hasard de la plus courte paille. Tirez votre réponse à la courte paille, Marivaux, Surpr. de l'amour, III, 4.

    Tirer le gâteau des Rois, ou, simplement, tirer les Rois, distribuer au hasard les parts d'un gâteau dans lequel il y a une fève, afin que celui à qui elle échoit soit le roi de la fête.

  • 15Faire venir d'un lieu plus ou moins éloigné certains produits. On tire beaucoup de tabac de l'Amérique. Ce négociant tire ses étoffes de Lyon. Nous tirons encore aujourd'hui d'Athènes esclave du coton, de la soie, du riz, du blé, de l'huile, des cuirs, Voltaire, Dict. phil. Espr. des lois. Pour juger s'il y a du luxe dans l'usage des choses, il suffirait souvent de considérer l'éloignement des lieux d'où on les tire, Condillac, Comm. gouv. I, 27.
  • 16Faire sortir en suçant. Les sangsues ont tiré beaucoup de sang. L'enfant tire le lait de la mamelle.
  • 17Extraire par voie de distillation ou d'expression. Tirer le suc des herbes. Tirer de l'huile sans feu. Tirer cette huile sans feu, comme on tire l'huile vierge, Genlis, Maison rust. t. II, p. 293, dans POUGENS.

    Fig. On se nourrit des anciens et des habiles modernes ; on les presse, on en tire le plus que l'on peut, on en renfle ses ouvrages, La Bruyère, I.

    Fig. Il tire la quintessence de tout, il est habile, adroit, et fait d'une chose tout ce qu'on en peut faire.

    Il tirerait de l'huile d'un mur, voy. HUILE, aux proverbes.

  • 18 Terme d'arithmétique. Tirer la racine carrée, cubique d'un nombre, trouver, par le calcul, la racine carrée, cubique de ce nombre.
  • 19Faire sortir quelqu'un d'un endroit, et aussi de quelque emploi. Je voulais avoir lieu d'abuser Émilie, Effrayer son esprit, la tirer d'Italie, Corneille, Cinna, v, 3. Jeux, conversations, spectacles, rien ne la tira [Mme la Dauphine] de sa solitude, Fléchier, Dauphine. J'appelai de l'exil, je tirai de l'armée Et ce même Sénèque, et ce même Burrhus, Qui depuis…, Racine, Brit. IV, 2. Que les fonctions saintes du ministère fassent tout mon plaisir, comme elles font toute ma gloire ; que tout ce qui me tire de l'exercice de ces fonctions, me soit insupportable, Massillon, Paraphr. ps. XXV, v. 12. … Pour fuir un éclat, monsieur, je vous conjure, De me tirer d'ici dès demain, dès ce soir, Pour que Valère et moi nous cessions de nous voir, Destouches, Glor. I, 9.

    Tirer à part, voy. PART 2, n° 10.

    Fig. On ne peut le tirer de là, il se tient attaché à son idée, il répond toujours la même chose.

    Fig. Tirer quelqu'un d'un mauvais pas, le dégager d'une affaire difficile, fâcheuse, embarrassante. Et, loin de le tirer de ce pas hasardeux, Ma bonté ne ferait que nous perdre tous deux, Corneille, Poly. v, 1.

    Fig. Tirer quelqu'un de la boue, de la poussière, le faire sortir d'un état misérable et bas.

  • 20Délivrer, dégager quelqu'un soit d'un lieu où il est mal, soit de quelque état comparé à ce lieu. Tirez-moi de ce trouble, ou souffrez que je meure, Corneille, Rodog. v, 4. Vous donc, mes vrais amis, qui me tirez de peine, Corneille, Héracl. III, 4. Vous ne les craindrez point, parce que le Seigneur votre Dieu, qui vous a tirés de l'Égypte, est avec vous, Sacy, Bible, Deutéron. XX, 1. Eh ! mon ami, tire-moi du danger ; Tu feras après ta harangue, La Fontaine, Fabl. I, 19. Cet Anglais [Talbot, qui donnait le quinquina] vient de tirer de la mort le maréchal de Bellefonds, Sévigné, 387. M. de la Trousse aurait pu nous tirer, avec un peu d'amitié et de conduite, de l'embarras où nous sommes, Sévigné, 451. Cette duchesse [de Chaulnes] ne cesse de me dire que la belle comtesse sera ravie qu'elle m'ait tirée de ce mauvais air des Rochers, Sévigné, 30 juill. 1689. Les ennemis sont poussés partout ; Oudenarde est délivrée de leurs mains ; pour les tirer eux-mêmes de celles du prince, le ciel les couvre d'un brouillard épais, Bossuet, Louis de Bourbon. Ils tremblent qu'un censeur… N'aille du fond du puits tirer la vérité, Boileau, Disc. au roi. Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur, Racine, Phèdre, II, 5. Il faut que sur le trône un roi soit élevé, Qui se souvienne un jour qu'au rang de ses ancêtres Dieu l'a fait remonter par la main de ses prêtres, L'a tiré par leur main de l'oubli du tombeau…, Racine, Athal. I, 2. Si je reviens si craint et si peu désiré, ô ciel ! de ma prison pourquoi m'as-tu tiré ? Racine, Phèdre, III, 5. Il ne rougit pas de leur raconter quand et de quelle manière il a tiré cet homme des ennemis, et l'a apporté dans sa tente, La Bruyère, Théophr. XX. Cent écus que feu votre époux, mon intime ami, me prêta pour me tirer d'une affaire d'honneur que j'eus autrefois à Bruges, Lesage, Diable boit. 4. Cet abbé [Desfontaines] est un homme que j'ai, en 1724, tiré de Bicêtre, où il était renfermé pour le reste de ses jours, Voltaire, Mél. litt. aux aut. Bibl. franç. Ce fut Gustave Wasa qui, en tirant les Suédois de l'obscurité, anima aussi les Danois par son exemple, Voltaire, Mœurs, 117. Tire-moi, par pitié, de mon doute terrible, Voltaire, Alz. IV, 5. Voilà comme vous êtes : une plaisanterie vous tire d'affaire, quand vous n'avez pas de bonnes raisons à donner, Genlis, Théât. d'éduc. Fausse délicat. I, 2.
  • 21Etendre, allonger. Tirer du linge sur la platine. Tirer une courroie.

    Fig. Tirer la courroie, et, absolument, tirer, employer beaucoup d'économie pour soutenir une dépense jusqu'à une certaine époque. Il faut qu'il tire bien la courroie pour gagner le bout de l'an. Il a bien à tirer pour suffire à son ménage.

    Tirer une corde, la tirer ferme, la bander le plus qu'on peut.

    Tirer bien ses bas, ses gants, les étendre bien sur la jambe, sur le bras, de manière qu'ils ne fassent point de plis. Elle [Mlle Temple] rougit d'abord, pâlit ensuite… tira ses gants l'un après l'autre jusques au coude, Hamilton, Gram. 10.

    Tirer le cordon, se dit du portier qui ouvre la porte extérieure de la maison au moyen du cordon placé dans sa loge.

    Tirer à poil une étoffe de laine, de soie, de coton, en faire sortir, en faire paraître le poil, en le tirant avec une espèce de carde.

    Tirer les rideaux, les ouvrir ou les fermer.

    Fig. Tirer le rideau, écarter ce qui empêche de voir, de savoir. En un mot, le petit démon qui nous tirerait les rideaux, nous divertirait extrêmement, Sévigné, 197.

    Fig. Tirer le rideau sur quelque chose, et, absolument, tirer le rideau, ne plus s'occuper d'une chose, la mettre en oubli. Sur les noires couleurs d'un si triste tableau Il faut passer l'éponge, ou tirer le rideau, Corneille, Rodog. II, 3.

    Fig. Tirer en longueur, prolonger, allonger. L'attention de l'auditeur déjà lassée se rebute de ces conclusions qui traînent et tirent la fin en longueur, Corneille, Hor. exam. Ce général du sénat [Pompée], qui voulait tirer la guerre en longueur pour avoir le temps d'amasser de plus grandes forces, passa d'Italie en Épire, Vertot, Révol. rom. XII.

    Tirer une affaire en longueur, en éloigner la conclusion. Elle me dit franchement que, ses intentions étant conformes aux miennes, elle n'avait pas dessein de tirer les choses en longueur, Lesage, Guzm. d'Alf. IV, 16.

  • 22Tirer l'or, tirer l'argent, les étendre, les allonger en fils déliés.

    Tirer l'épingle, faire passer le laiton par la filière.

    Tirer le cierge, le fabriquer à la main.

  • 23Tirer au sec, faire sécher une confiture.
  • 24Tirer un coup, le porter, l'assener (emploi qui vieillit ; cette acception provient du sens que tirer a d'étendre, allonger). Le mulet prend le temps, et du grand coup qu'il tire Lui enfonce la tête, Régnier, Sat. III.

    Terme de manége. Tirer la ruade, ruer, en parlant d'un cheval.

  • 25 Terme d'escrime. Tirer des feintes, faire des mouvements simulés, pour tromper son adversaire.

    Tirer une estocade, un coup d'estocade, pousser une estocade à celui contre qui on fait des armes (phrase qui a vieilli).

    Fig. Tirer l'estocade, une estocade à quelqu'un, lui demander de l'argent à emprunter, sans avoir l'intention de le lui rendre (phrase qui a vieilli).

  • 26Lancer des armes de trait (cette acception provient de l'emploi de tirer un coup). C'est pourtant maintenant qu'il se faut assurer, Et lui tirer des traits qu'il ne puisse parer, Mairet, Sophon. III, 2. Je tirerai contre eux toutes mes flèches, Sacy, Bible, Deutéron, XXXII, v. 23.
  • 27Décharger une arme à feu. Tirer un coup de fusil. Tirer des salves d'artillerie. Méli, capitaine de Livry, ayant voulu tirer un fusil chargé depuis longtemps, le fusil lui creva dans la main, et on a été obligé de lui couper le bras, Sévigné, 8 nov. 1688. Il [un navire] tire du canon pour demander du secours ; car la mer est bien mauvaise, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virg. En Europe, nous tirons le canon en signe d'allégresse pour annoncer la destruction de plu sieurs milliers d'hommes, Chateaubriand, Génie, IV, VI, 3.

    On dit dans un sens analogue : tirer un feu d'artifice, tirer des pétards, des fusées.

    Bien tirer le pistolet, être très adroit au tir du pistolet.

    Pour les armes portatives, on dit : tirer le fusil, la carabine, le pistolet, et tirer au pistolet, au fusil, à la carabine.

    Dans les bouches à feu, on emploie toujours le régime direct : tirer le canon, le mortier, l'obusier ; avec cette nuance toutefois que tirer le canon a une signification tout à fait universelle, tandis que, dans le cas général, on dira plutôt pour les autres pièces : tirer des bombes, des obus.

    Pour les projectiles, on dit : tirer des boulets ou à boulets, tirer des obus ou à obus, tirer des bombes.

    Fig. Tirer sa poudre aux moineaux, perdre sa peine et son temps. Force godelureaux à vendre, Devant Héro faisant les beaux, Tirèrent leur poudre aux moineaux ; Ce que ne faisait pas Léandre, Scarron, Poés. div. Œuv. t. VII, p. 280.

  • 28Diriger une arme à feu sur. La ville était prise… ce petit chevalier [de Longueville] monte sur le revers de la tranchée… un soldat veut tirer une bécassine, et tire ce petit garçon ; il en est mort le lendemain, Sévigné, 8 nov. 1688. Il [un oiseau] est difficile à tirer, Buffon, Ois. t. VI, p. 110. Allons tirer des grives, c'est assez pousser d'arguments, Rousseau, Hél. v, 7.

    Fig. Je lui dis : Vraiment, madame, vous avez tiré de bien près ce bon père, vous aviez peur de le manquer, Sévigné, 284. Le voilà pourtant ce seizième [d'août] que nous avons suivi depuis deux mois, je pars demain ; je n'eusse jamais cru… qu'un jour visé de si loin pût être tiré si juste, Sévigné, 15 août 1677.

    Fig. et familièrement. Pour lui parler, il faut le tirer au vol, le tirer en volant, il est difficile de le joindre et de trouver le moment de lui dire un mot.

  • 29Creuser en suivant une certaine direction. Les canaux que l'on tire pour arroser des pays qui en ont besoin, Fontenelle, Guglielmini. Bientôt après, il [Pierre le Grand] tira ce canal qui joint la mer Caspienne au golfe de Finlande et à l'Océan, Voltaire, Russie, II 11. Au delà était un marais, et derrière le marais les Russes avaient tiré un retranchement d'un quart de lieue, Voltaire, ib. I, 16.
  • 30Tracer. Tirer une ligne. Tirer une allée au cordeau. Tirer un plan sur du papier. Tirer une raie sur ce qu'on a écrit.

    Tirer en ligne de compte, employer, comprendre dans un compte.

    On dit plus ordinairement : mettre en ligne de compte.

  • 31Faire le portrait de quelqu'un, soit en peinture, soit en sculpture (emploi qui vieillit). On l'a tiré en cire, en plâtre. Je vous enverrai celui [le portrait] que vous me demandez ; je faisais difficulté d'y faire commencer sitôt ; car cette absence m'a tellement changé, que, si l'on me tire bien, je ne serai pas reconnaissable, Voiture, Œuv. t. II, p. 232. Il n'y a pas longtemps que je me suis fait tirer par Rigaud, me dit-il, c'est un des meilleurs peintres de Paris, et tous ceux qui voient ce portrait, disent que j'y suis fort bien tiré : - un homme du monde… ne se serait pas servi du mot tirer qui n'a aucun usage dans ce sens que parmi la bourgeoisie, Caillières, Du bon et mauvais usage, convers. 1re. On sait que ce prince [Alexandre] avait défendu… à tout autre peintre qu'Apelle de tirer son portrait, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. XI, 1re part. p. 97, dans POUGENS. De se faire tirer certain homme eut envie ; Chacun veut être peint une fois en sa vie, Lamotte, Fabl. IV, 4.

    Fig. Tirer en exemple, proposer pour modèle. Ces choses qu'il faut souffrir au théâtre, parce qu'elles ont un éclat dont la surprise éblouit, et qu'il ne ferait pas bon tirer en exemple pour conduire une action véritable sur leur plan, Corneille, Héracl. Examen. On a vu des génies extraordinaires passer tout d'un coup de la méditation du cabinet aux charges les plus difficiles ; mais ces gens-là ne peuvent être tirés en exemple, Saint-Évremond, De l'étude et de la conversation.

  • 32Tirer copie, tirer une copie, tirer la copie, copier. Tirer copie d'un acte. Un fameux grammairien nommé Tyrannion, qui demeurait alors à Rome, ayant grande envie d'avoir les œuvres d'Aristote, obtint du bibliothécaire de Sylla la permission d'en tirer une copie, Rollin, Hist anc. Œuv. t. x, p. 175, dans POUGENS. D'après son grand tableau, lorsqu'elle fut sortie, Vous fîtes l'autre jour tirer cette copie, Dorat, Feinte par amour, I, 4.

    Tirer les parties d'une partition, les extraire et les copier, pour que chaque concertant ait la sienne, tandis que le chef d'orchestre a la partition complète sous les yeux. Réellement cela m'occupait, et beaucoup, pour rassembler la musique, les concertants, les instruments, tirer les parties, Rousseau, Confess. v.

  • 33Faire plusieurs exemplaires de ce qui est composé en caractères d'imprimerie. Tirer une feuille, un volume, une gravure. Cet ouvrage a été tiré à cinq cents exemplaires. Attendez… c'est depuis vingt ans, On en tira cent exemplaires, Boileau, Epigr. 5. Il [Louis XV] fit imprimer au Louvre un petit livre de la géographie pour le cours des fleuves, qu'il composa en partie sous les leçons de M. de Lisle, et dont on tira cinquante exemplaires, Voltaire, Él. fun. Louis X. La planche d'étain ne saurait tirer proprement beaucoup plus de huit à neuf cents exemplaires, Camus, Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. v, p. 297.

    Absolument. Bon à tirer. Il faut mettre de l'encre et tirer avec soin ; dites cela à votre imprimeur, Courier, Lett. VI.

    Un bon à tirer, voy. BON, n° 18.

  • 34 Terme de commerce. Tirer une lettre de change, faire un billet qui doit être payé au porteur par un correspondant. Tirer une lettre de change payable à deux mois de vue, à vue.

    Tirer une lettre de change sur quelqu'un, ou, absolument, tirer sur quelqu'un, lui adresser une lettre de change. L'on tire sur les pays étrangers pour les payer [ces dépenses], Montesquieu, Esp. XXII, 10. Qu'à Paris on me charge de faire passer à Amsterdam mille onces d'argent, lorsque l'échange est à six pour cent au-dessus du pair, et supposons qu'alors il soit de quatre pour cent au-dessus du pair de Paris à Londres et de deux pour cent au-dessous de Londres à Amsterdam ; dans une pareille circonstance, on voit qu'il y a un bien plus grand profit à tirer d'abord sur Londres, pour tirer ensuite de Londres sur Amsterdam, qu'à tirer directement de Paris sur Amsterdam, Condillac, Comm. gouv. I, 17. On dit de même : tirer une somme sur quelqu'un. Vous pouvez tirer sur moi de petites sommes, Bossuet, Lett. quiét. 214.

    Tirer une lettre de change par première, seconde, troisième, la tirer en deux ou plusieurs exemplaires, soit afin que, l'un étant perdu, l'autre puisse le remplacer, soit afin que, l'un étant envoyé à l'acceptation du tiré, l'autre puisse être négocié pendant ce temps-là.

  • 35Faire qu'une personne interrogée parle. Cinna vient, et je veux en tirer quelque chose, Corneille, Cinna, EI, 1. Donnez-vous la peine de tirer la vérité, et de m'empêcher d'être trompée, Sévigné, 21 déc. 1692. Il tire d'un déserteur, d'un transfuge, d'un prisonnier, d'un passant ce qu'il veut dire, ce qu'il veut taire, ce qu'il sait, et, pour ainsi dire, ce qu'il ne sait pas, Bossuet, Louis de Bourbon. Feignons ; et de son cœur, d'un vain espoir flatté, Par un mensonge adroit tirons la vérité, Racine, Mithr. III, 4. Elle tira le secret de ses compagnes, Mme de Caylus, Souven. p. 144, dans POUGENS. Tout ce que je pus tirer de lui ne fut que des conjectures vagues, aussi propres à confirmer qu'à détruire mes craintes, Graffigny, Lett. péruv. 29.

    Ne pouvoir tirer un mot de quelqu'un, ne pouvoir rien tirer de quelqu'un, n'en pouvoir obtenir de réponse, d'éclaircissement. Valère : Que t'a dit Marine ? - Scapin : Marine ? rien du tout ; c'est une fille dont on ne saurait tirer une parole, Regnard, Sérén. 5. C'est une petite fille si niaise qu'on n'en peut rien tirer, Genlis, Vœux téméraires, t. I, p. 25, dans POUGENS.

    Tirer de la bouche, faire dire. Je pense qu'il vaut mieux que de sa propre bouche Je tire avec douceur l'affaire qui me touche, Molière, Éc. des f. II, 2. Luther n'en a jamais tant dit, et tout ce que ses emportements lui ont tiré de la bouche n'approche pas de ce que Calvin dit froidement de lui-même, Bossuet, Var. IX.

    On ne peut parvenir à tirer la vérité de sa bouche, se dit d'un accusé qui ne veut rien avouer.

    Tirer un éclaircissement de quelqu'un, faire en sorte qu'il donne l'éclaircissement qu'on désire de lui.

  • 36Recueillir, percevoir, obtenir, recevoir. Il tire dix mille francs de rente de sa terre. On a tiré beaucoup d'argent du nouvel impôt. On peut tirer du fruit de tout ce qui fait peine, Corneille, Pulch. III, 1. M. le Prince n'a de force contre Votre Majesté que celle qu'il tire de la haine qu'on a contre M. le cardinal, Retz, Mém. t. II, liv. III, p. 364, dans POUGENS. Je tirai l'autre jour à Rennes, du milieu du tourbillon, une heure de conversation avec M. de Chaulnes, Sévigné, 18 août 1680. Ceux qui tirent des pensions, gages, appointements et dons du roi, Vauban, Dîme, p. 70. Je suis ravie qu'il n'ait tiré aucun avantage de son artifice, Lesage, Diable boit. 4. On tire peu de service des vieillards, Vauvenargues, Max. LXXX. Les registres de la chambre des comptes des Pays-Bas, qui sont actuellement à Lille, déposent que Philippe II ne tirait pas quatre-vingt mille écus des sept Provinces-Unies, Voltaire, Pol. et lég. Idées républ. 47. Vous trouverez que la cour de Madrid tire annuellement 55 084 450 livres de ses provinces du nouveau monde, Raynal, Hist. phil. VIII, 28.

    Tirer race, faire couvrir des juments pour en avoir des produits.

    Tirer de l'argent de quelqu'un, se faire donner de l'argent par supercherie ou par sollicitation. Fais-nous un peu ce récit, qu'on m'a dit qui est si plaisant, du stratagème dont tu t'es avisé pour tirer de l'argent de ton vieillard avare, Molière, Scapin, III, 1. La duchesse de Lude leur donne cinquante écus tous les ans : n'en saurait-on tirer davantage ? Maintenon, Lett. à M. de Caylus, t. VI, p. 97, dans POUGENS. Vous aviez trouvé là une nouvelle manière de tirer de l'argent des princes, Fontenelle, Auguste, Aretin. Pour deux ou trois personnes qui voudront bien payer, il y en aurait cinquante dont je ne tirerais jamais un sou, Dancourt, Désol. des joueuses, sc. 9. Henri III tira d'Aaron, juif d'York, quatorze mille marcs d'argent, et dix mille pour la reine, Montesquieu, Esp. XXI, 20.

    Tirer quelque grâce de quelqu'un, en obtenir quelque grâce par adresse ou par instance. Il a tiré de lui une donation.

    Tirer promesse, tirer parole de quelqu'un, faire en sorte qu'il promette, qu'il donne sa parole.

    On ne saurait tirer raison de cet homme, on ne peut obtenir de lui qu'il fasse ce qu'il doit.

    Tirer raison, tirer satisfaction d'une injure, d'une offense, faire réparer l'injure, l'offense. Mourir sans tirer ma raison !… Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison, Corneille, Cid, I, 9.

    Tirer vengeance, se venger. Je vous déclare que ma santé est assez bonne… pour tirer de vous la vengeance la plus complète, Voltaire, Diatr. du docteur Akakia.

    Tirer parti de quelqu'un, de quelque chose, en tirer des services, de l'avantage.

    Tirer avantage d'une chose, la tourner, l'interpréter à son avantage.

    Tirer vanité d'une chose, s'en prévaloir. Ne rougissez-vous point de mériter si peu votre naissance ? êtes-vous en droit, dites-moi, d'en tirer vanité ? Molière, Don Juan, IV, 6.

    On dit dans le même sens : tirer gloire. On exposait une peinture Où l'artisan avait tracé Un lion d'immense stature Par un seul homme terrassé ; Les regardants en tiraient gloire, La Fontaine, Fabl. III, 10.

  • 37 Terme de jeux. Tirer tout, faire la vole.
  • 38 Fig. Puiser, emprunter. Le pouvoir tire son droit de la nation. Les mots que nous avons tirés du latin. L'instruction qu'on tire de l'histoire. La maison de France, la plus grande sans comparaison de tout l'univers, et à qui les plus puissantes maisons peuvent bien céder, puisqu'elles tâchent de tirer leur gloire de cette source, Bossuet, Duch. d'Orl. Fontenelle ne le traduisit pas [le livre de Van Dale sur les oracles] ; mais il en tira ce qu'il crut de plus convenable à sa nation, qui aime mieux les agréments que la science, Voltaire, Dict. phil. Oracles. Ce n'est guère qu'à Paris que je pourrai trouver ces immenses recueils dont je tire quelques gouttes d'élixir, Voltaire, Lett. au roi de Pr. novembre 1742.

    C'est de là que cette ville, cette rivière tire son nom, elle doit à telle circonstance le nom qu'elle porte. Ce vin tire son nom du territoire qui le produit.

    Tirer son origine, tirer sa source de, provenir. Cette rivière tire sa source de telle montagne. Il tire son origine de telle famille.

    On dit aussi : Les généalogistes tirent l'origine de cet homme de telle maison, ils prétendent que cet homme provient de telle maison.

  • 39Faire sortir de, faire produire à. Quelque sinistres qu'ils [les événements] nous paraissent, nous devons espérer que Dieu en tirera la source de notre joie, si nous lui en remettons la conduite, Pascal, Lett. Sur la mort de son père. La manière dont il [Dieu] produit l'âme est beaucoup plus merveilleuse : il ne la tire point de la matière ; il l'inspire d'en haut ; c'est un souffle de vie qui vient de lui-même, Bossuet, Hist. II, 1. On tirait un autre chef d'accusation contre lui des forts qu'il avait bâtis près de la ville de Byzance, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IV, p. 51. Pythagore croit que Dieu est une âme répandue dans tous les êtres de la nature, et dont les âmes humaines sont tirées, Rollin, Hist. anc. liv. XXVI, ch. III, 1, 2. Savant dans cet art enchanteur de tirer de la plus petite situation les sentiments les plus délicats, Voltaire, Oreste, Ép.
  • 40Inférer, conclure. Et de là nous pouvons tirer des conséquences, Qu'on n'acquiert point leurs cœurs sans de grandes avances, Molière, Mis. III, 5. Ils [les anciens] doivent être admirés dans les conséquences qu'ils ont bien tirées du peu de principes qu'ils avaient, et ils doivent être excusés dans celles où ils ont plutôt manqué du bonheur de l'expérience que de la force du raisonnement, Pascal, Préface sur le traité du vide. Il aurait pu encore tirer cet autre argument, Voltaire, Dict. phil. Vérité.

    On dit de même : tirer une conjecture de. Tirer un bon, un mauvais augure, un bon, un mauvais présage de quelque chose. Les présages qu'on tire du vol des oiseaux et des entrailles des victimes, Fénelon, Tél. XXIII.

    Tirer l'horoscope d'une personne, faire son horoscope en vertu des préceptes de l'astrologie judiciaire.

    Tirer les cartes à quelqu'un, lui prédire sa destinée d'après l'arrangement fortuit des cartes que l'on consulte.

    Absolument et familièrement. Je ne tire pas les cartes, je ne me mêle pas de prédire ce qui adviendra.

  • 41 V. n. Exercer une traction. On tirait fortement sur la corde pour amener le lourd fardeau.

    Cette corde tire, elle est bandés extrêmement ferme.

    Terme de vénerie. Tirer sur le trait, se dit en parlant du limier qui trouve, la voie et veut avancer.

    Terme de manége. Tirer au renard, se dit du cheval qui se jette violemment en arrière, lorsqu'il est attaché.

    Terme de fauconnerie. Faire tirer l'oiseau, le faire becqueter en le paissant, et surtout en lui donnant un pât nerveux pour exciter son appétit.

    Dans une corderie, tirer au premier brin, peigner ou travailler le chanvre de manière à en obtenir les fibres du premier brin.

  • 42 Terme familier. Aller, s'acheminer. Nous sommes découverts, tirons de ce côté, Molière, l'Ét. III, 13. Quel caquet est le vôtre ! Tirez de cette part ; et vous, tirez de l'autre, Molière, Tart. II, 4. M. de Bouillon tira droit en Bourgogne d'où il était venu, Saint-Simon, 200, 176. Nous prîmes congé d'eux le lendemain matin après avoir fait un partage égal de nos espèces, et nous tirâmes vers Valence, Lesage, Gil. Bl. VI, 2. Pour arriver à son pied [d'une montagne], je tirai plus à l'ouest que je n'avais fait la veille, Saussure, Voy. Alpes, t. III, p. 186, dans POUGENS.

    En ti-ant vers, à, sur, se dit en parlant des localités, pour en désigner la direction. L'Arabie s'étend du désert de Jérusalem jusqu'à Aden, vers le quinzième degré, en tirant droit du nord-est au sud-est, Voltaire, Dict. phil. Arabes. Au delà de ces îles, en tirant sur les Moluques, il y en a d'autres…, Voltaire, Mœurs, 149.

    Tirer au large, s'enfuir. Tirez, allez-vous-en, n'approchez pas, éloignez-vous. Tirez, tirez, vous dis-je, ou bien je vous assomme, Molière, l'Ét. IV, 8. Tirez, tirez, monsieur le bailli, et rengainez vos procédures, le défunt n'est pas mort ; le voilà que je vous amène, Dancourt, Mari retrouvé, sc. 23.

    Tirez, tirez, terme dont on se servait autrefois pour chasser un chien. Dandin : Tirez, tirez, tirez. - L'Intimé : Notre père, messieurs… - Dandin : Tirez donc ! quels vacarmes ! Ils ont pissé partout, Racine, Plaid. III, 3.

    Terme de vénerie. Tirez, tirez, chiens ! cri dont on se sert pour faire suivre les chiens quand on les appelle.

  • 43Tirer de long ou le long, se dit de la bête qui s'en va sans s'arrêter.

    Dans le langage général, tirer de long, s'enfuir. La colombe l'entend, part et tire de long, La Fontaine, Fabl. II, 12.

    Tirer de long, signifie aussi apporter des délais dans une affaire.

  • 44 Terme de marine. Tirer à la mer, prendre le large.

    Tire avant ! commandement qu'on adresse aux rameurs pour qu'ils nagent avec plus de vigueur.

  • 45Remettre à la décision du sort. On les fit tirer au sort. Ils tirèrent tous deux à la courte paille. On les fit tirer au doigt mouillé. Tenez donc, voici deux bûchettes ; Accommodez-vous, ou tirez, La Fontaine, Fabl. III, 8.

    Tirer à qui…, décider par la voie du sort qui… J'admirais la brutalité de quelques Anglais, de ces marauds sans doute qui tirent au billet pour un teston à qui sera pendu ; monsieur, ils fumaient nonchalamment dans un si grand danger, Saint-Évremond, Sir Politick, II, 1. N'avez-vous point trouvé qu'il [l'historien Josèphe] jouait d'un grand bonheur dans cette cave où ils tiraient à qui se poignarderait le dernier ? Sévigné, 12 janv. 1676.

    Tirer à la conscription, et, absolument, tirer, prendre un des numéros qui, à la conscription, décident si on sera soldat ou non. Il tire cette année.

    Terme de jeu. Tirer à qui fera, décider par le sort qui jouera le premier.

    Fig. et familièrement. Tirer au bâton, tirer au court bâton avec quelqu'un, contester avec lui d'égal à égal (locution vieillie, se disant d'un homme qui était inférieur dans la chose dont on conteste, à celui avec qui il conteste). Il ne vous appartient pas de tirer au bâton avec lui.

  • 46Tirer des armes, ou, simplement, tirer, faire des armes, s'exercer au maniement du fleuret, de l'épée, du sabre. Tirer au mur, à la muraille. T er de tierce, de quarte. Tirer en tierce, en quarte. Il tire bien. Et moi, je leur soutiens à tous deux que la science de tirer des armes est la plus belle et la plus nécessaire de toutes les sciences, Molière, Bourg. gent. II, 4. Après trois mois de leçons je tirais encore à la muraille, hors d'état de faire assaut, Rousseau, Conf. v. Les fers une fois engagés, je n'ai plus songé qu'à ma besogne ; car Daligny tire au moins de ma force, Ch. de Bernard, la Peau du lion, XI.

    Tirer la main plate, enlever la main avec les ongles en l'air.

    Tirer dans le fer, tirer dans le côté où l'adversaire est couvert.

    Tirer dans les armes, allonger un coup d'épée entre les bras de son adversaire, ou, ce qui est la même chose, du côté gauche de son épée.

    Tirer hors les armes, allonger un coup d'épée hors des bras de son adversaire, ou, ce qui est la même chose, du côté droit de son épée.

    Tirer sur les armes, porter une botte à son adversaire, dehors ou dans les armes, en faisant passer la lame de l'épée par-dessus son bras.

    Tirer sous les armes, porter une botte à son adversaire dehors ou dans les armes, en faisant passer la lame de l'épée par-dessous son bras.

    Tirer sur le temps, tirer au moment où l'adversaire va tirer.

    Fig. Tirer sur le temps, profiter prestement de l'occasion.

  • 47Tirer d'une arme de trait ou d'une arme à feu, la faire partir. Tirer de l'arc, de l'arbalète. Tirer de l'arquebuse. Tirer aux perdrix, au blanc. Tirer en l'air. Tirer juste. Tirer à boulet, à boulets rouges, à coups perdus. Tirer à poudre, à balle, à plomb. Poudre à tirer. En parlant des bouches à feu, tirer d'écharpe, d'enfilade, à revers, de plein fouet, à ricochet, à toute volée, sur plate-forme, à embrasure. Sur mer, tirer à fleur d'eau, en plein bois [dans le corps du navire]. Ils [les Hollandais] doivent avoir plus de monde tué que nous, d'autant qu'au lieu qu'eux tirent à démâter, nous tirons au corps du vaisseau, Relation du combat de Lipari, 18 juin 1676, dans JAL. Fais les avances ; nous serons de moitié du prix, et je tirerai pour ton compte, Dancourt, le Prix de l'arquebuse, sc. 17. C'est de là, des fenêtres d'une maison qui subsiste encore [hôtel qui avait appartenu au connétable de Bourbon], qu'un jeune monarque… tira, la nuit de la Saint-Barthélemy, sur ses propres sujets qui passaient l'eau pour se sauver au faubourg Saint-Germain, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. III, p. 25, dans POUGENS. Il avait appris à tirer chez les Bulgares, et il aurait abattu une noisette dans un buisson sans toucher aux feuilles, Voltaire, Candide, 16. Il [un habit simple] l'empêchait d'être remarqué et d'être choisi par les ennemis, qui eussent tiré à sa personne, Voltaire, Charles XII, 2. On a vu les Suisses au service de la Hollande tirer sur les Suisses au service de la France, Voltaire, Dict. phil. Bala. Tirant de temps en temps sur quelques oiseaux, et souvent tenté de tirer sur lui-même ; mais il aimait encore la vie, à cause de Mlle de Saint-Yves, Voltaire, l'Ingénu, VII. Le canon tirait sur eux à cartouche ; mais le roi, qui se découvrait davantage, était le plus exposé, Voltaire, Charles XII, 8. Mes amis, fâché de la peine ; Surtout ne tirez point trop bas, Béranger, Vieux caporal. Ils [les Russes] tirèrent mal, il est vrai, la plupart en l'air et comme des gens troublés, mais de si près, que la fumée, les feux et le fracas de tant de coups épouvantèrent les chevaux wurtembergeois et les renversèrent pêle-mêle, Ségur, Hist. de Nap. VI, 2.

    Fig. C'était [l'évêque d'Avranches]… un saint évêque qui avait si peur de mourir hors de son diocèse, que… il n'en sortait point du tout ; il y en a d'autres qu'il faudrait que la mort tirât bien juste pour les y attraper, Sévigné, 9 mai 1689. Il faudrait voir comme on [une coquette] tire sur tout, sans distinction et sans choix, Sévigné, 26 mai 1676.

    Tirer de loin, lâcher un coup à une grande distance de l'objet.

    Fig. Le jour viendra, je l'espère, que nos discours seront un peu plus justes ; on tire de si loin, qu'il est impossible de tirer droit, Sévigné, 8 sept. 1680.

    Tirer au vol, ou en volant, tirer sur un oiseau lorsqu'il vole. Et quand un gentilhomme… Sait tirer en volant, boire et signer son nom, Regnard, Ménechm. III, 8.

    Fig. Il [le duc de Richelieu] a de beaux éclairs, quand la rapidité des affaires et des plaisirs lui laisse des moments pour tirer en volant aux choses de littérature et de goût, Voltaire, Lett. d'Argental, 28 janv. 1773.

    Tirer au juger, faire feu sur le gibier sans le voir, mais en jugeant par certains indices la place qu'il occupe.

    Tirer à l'oiseau, chercher à abattre un oiseau de bois placé au haut d'une perche.

    Fig. Tirer sur, jeter ses vues. Il y avait un parent de l'abbé Bayard, qui était avec nous à Langlar ; s'il y eût été en même temps que la duchesse, il eût été fort digne qu'elle eût tiré dessus, Sévigné, 289.

    Fig. Tirer sur quelqu'un, dire du mal de quelqu'un, ou bien en faire l'objet de plaisanteries. La satire entraîne toujours plus loin qu'on ne veut ; c'est un si doux plaisir pour certaines gens de tirer sur d'autres, Mme de Puisieux, Ridic. à la mode, p. 240, dans POUGENS. Notre intelligence n'échappa pas au marquis ; il n'en tirait pas moins sur moi : au contraire il me traitait plus que jamais en amoureux transi, martyr des rigueurs de sa dame, Rousseau, Conf. VI.

    Fig Tirer à cartouches, à boulets rouges sur quelqu'un, en dire les choses les plus offensantes.

    Fig. Tirer sur quelqu'un à bout portant, lui dire en face des choses dures, ou lui lancer des épigrammes.

    Fig. Vous tirez sur vos troupes, sur vos gens, sur vos pigeons, vous attaquez ceux qui sont dans vos intérêts.

  • 48Il se dit aussi de l'arme à feu qui part et fait explosion. Son fusil vint malheureusement à tirer. Les cloches sonnent, le canon tire, cent mille voix lui répondent, Voltaire, Amabed, Lett. 15.

    Fusil qui tire juste, fusil qui ne fait pas dévier la balle ou le plomb dont il est chargé.

  • 49Faire éprouver une sensation de tiraillement. La peau du visage me tire ; Et je ressens par tout le corps Certains frémissements que je ne saurais dire, Dancourt, Céphale et Procris, II, 5.
  • 50Tirer au volume, se dit d'un libraire, d'un auteur qui grossit un ouvrage pour avoir un plus gros volume, ou plus de volumes. On tire au volume, non pas pour la raison qu'en donne Pline, qu'il en est d'un bon livre comme de toute autre chose, et que plus il est grand, meilleur il est ; mais parce que les plaideurs, dit-on, mesurent le prix du plaidoyer à son étendue et à sa durée, Marmontel, Œuv. t. v, p. 318.

    Tirer à la ligne, allonger un article, un écrit, pour qu'il contienne plus de lignes et soit plus payé.

  • 51Tirer en longueur, se prolonger, ne pas se terminer. Il me paraît que cette affaire va tirer en longueur, et prendre un tour assez désagréable, Maintenon, Lett. au card. de Noailles, 5 janv. 1696. Le siége tirant en longueur, Duclos, Œuv. t. III, p. 3.
  • 52Tirer à sa fin, être près de finir, d'être terminé. Cet ouvrage tire à sa fin. On espère que la maladie tire à sa fin. Ayant dîné ce jour-là fort sobrement à mon auberge, pour mieux ménager ma pistole qui tirait à sa fin, Lesage, Guzm. d'Alf. III, 1.

    Ce malade tire à sa fin, à la fin, il est près de mourir. Trois neveux qui se sont assemblés chez lui, dès qu'ils ont appris qu'il tirait à sa fin, Lesage, Diable boit. 12. Je ne sais si Votre Majesté est informée que M. Thiriot, chargé de sa correspondance littéraire, tire absolument à sa fin, D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 9 oct. 1772. Tirer à des conséquences, amener, entraîner certaines conséquences. Laissez-moi ce discours [sur l'âge] ; quand vous le faites, il me pousse trop loin, et tire à de grandes conséquences, Sévigné, à Mme de Grignan, 17 juin 1685.

    Tirer à conséquence, se dit d'une chose qui peut avoir des suites graves, dont on pourrait s'autoriser, se prévaloir pour quelque chose de pareil. C'est une grâce que vous pouvez lui accorder, elle ne tire pas à conséquence. Il assura la fée que les bontés qu'il avait témoignées à Canadine ne tiraient point à conséquence, Comte de Caylus, Œuv. t. IX, p. 250.

  • 54Tirer à, avoir de la ressemblance avec. Et l'air de son visage a quelque mignardise Qui ne tire pas mal à celle de Dorise, Corneille, Clit. II, 9.

    Avoir le caractère de. Vous avez grande raison de ne me point mettre au rang de ces oncles trop oncles, et je n'ai pour vous que des sentiments qui tirent droit au paternel, Boileau, Lett. à la Chapelle, 3 janv. 1700. Le monument ne me semble pas de fort grand goût, et a une pesanteur, à mon avis, tirant au gothique, Boileau, Lett. à Brossette, 14 mai 1707. Le style de Marguerite [Reine de Navarre] n'était pas des meilleurs, il s'en faut de beaucoup ; il est lâche, diffus et embarrassé, tirant à la manière et au précieux, quand il n'est pas tendu, lourd et mystique, Nodier, Rev. des Deux-Mondes, 1839, p. 351.

    S'approcher de, en parlant d'une teinte. Mlle de Scudéry était laide ; son teint surtout, tirant au noir, ôtait à sa figure toute prétention à la beauté, V. Cousin, Journ. des sav. avril 1858, p. 245.

  • 55Tirer sur, avoir quelque rapport, quelque ressemblance. Un peu tanné, sauf votre honneur, Et tirant sur le ramoneur, Scarron, Virg. IV. Un portier rustre, farouche, tirant sur le Suisse, La Bruyère, VI. Crosat revint à la cour avec une physionomie entièrement changée et qui tirait sur le niais, Saint-Simon, 67, 110. Délicats sentiments tirant sur la fadeur, Dufrény, Mar. fait et rompu, III, 4. Je remarquai qu'il écoutait le récit qu'on lui faisait, d'un maintien froid, pensif et tirant sur l'austère, Marivaux, Pays. parv. 2e part.

    Il se dit particulièrement des couleurs, des nuances. Couleur de marron tirant au gris cendré, Buffon, Ois t. v, p. 192. Un brun tirant sur le roux, Buffon, ib. t. v, p. 440.

  • 56Se tirer, v. réfl. Se délivrer, se dégager, sortir. Il s'est tiré de prison avec beaucoup de peine. Il sait bien se tirer d'un pas si hasardeux, Corneille, Hor. IV, 2. Ma foi, quand j'y songe, j'ai fait fort sagement de me tirer de cette affaire, Molière, Mar. forcé, 15. Je retiens toujours ce que vous m'avez mandé : on se tire de l'ennui comme des mauvais chemins ; on ne voit personne demeurer au milieu d'un mois, pour n'avoir pas le courage de l'achever : c'est comme de mourir, vous ne voyez personne qui ne sache se tirer de ce dernier rôle, Sévigné, à Mme de Grignan, 28 août 1675. Vivent les gens d'esprit ! ils se tirent de tout, Th. Corneille, D. Cés. d'Avalos. I, 1. Pour se tirer de peine Chacun promet assez : Mais la promesse est vaine Lorsque les périls sont passés, Quinault, Thés. III, 5. J'ai su par adresse me tirer des mains du duc de Bourgogne, Fénelon, Dial. Louis XI, Louis XI. C'est un calme dont vous aurez plus de peine à vous tirer que de la tempête même, Massillon, Avent, Délai de la conv. Il [d'Aubigné] se tirait des réprimandes qu'elle lui faisait, par des plaisanteries qui réussissaient presque toujours avec Mme de Maintenon, quand elles étaient faites avec esprit, Mme de Caylus, Souven. p. 253, dans POUGENS. Comme il n'y avait que ma conduite qui pût dépendre de moi, et que d'ailleurs je savais que les princes se tirent toujours d'affaire, Staal, Mém. t. II, p. 125. Je ne me tirai pas mal du rôle de vieillard [dans une tragédie], attendu que malheureusement je le joue d'après nature, Voltaire, Lett. Tressan, 3 févr. 1758. Croyez-vous de bonne foi que, si vous eussiez eu un compte rapide à rendre d'un aussi grand nombre d'artistes et d'ouvrages, vous vous en seriez mieux tiré que lui ? Diderot, Lett. à Falconet, sept. 1766. De quoi ne se tire-t-on pas avec des distinctions ? Diderot, Opin. des anc. philos. (Chinois). Elle avait tous les talents nécessaires pour se bien tirer d'une négociation, Rousseau, Confess. III.

    Il se tirerait d'un puits, se dit d'un homme qui vient de sortir de quelque danger, de quelque embarras très grand, et, en général, qui est ordinairement très heureux ou très habile.

    Familièrement. S'en tirer, s'en bien tirer, sortir heureusement d'une maladie, d'une affaire fâcheuse. Que dis-tu de l'histoire et de mon artifice ? Le bonhomme en tient-il ? m'en suis-je bien tiré ? Corneille, le Ment. II, 6. Je crains bien que ce ne soit ton maître. - Qu'importe ? il s'en faut tirer, Hauteroche, Crisp. médec. II, 7. L'autre aussitôt de s'excuser, Alléguant un grand rhume : il ne pouvait que dire Sans odorat ; bref, il s'en tire, La Fontaine, Fabl. VII, 7. Vous ai-je mandé que la bonne marquise d'Uxelles a la petite vérole ? on espère qu'elle s'en tirera : c'est un beau miracle à nos âges, Sévigné, 30 sept. 1676.

    On dit de même : il s'est fort bien tiré de là. Vous aurez quelque peine à vous tirer de là.

    S'en tirer mal, ne pas sortir heureusement, avec habileté, d'une affaire, d'un embarras. Il oublie de dire ce qu'il sait, ou de parler d'événements qui lui sont connus ; et, s'il le fait quelquefois, il s'en tire mal, La Bruyère, VI.

    Comment vous en tirez-vous ? comment s'en tire-t-il, se dit pour s'informer comment on mène quelque affaire, quelque occupation. Et le jeu ? comment vous en tirez-vous ? Sévigné, 455.

    Se tirer de la presse, de la foule, se mettre hors du rang des autres. Quelques hommes importants à la cour qui s'étaient persuadés que Son Altesse Sérénissime [le comte de Clermont] ne pouvait paraître à l'Académie sans y occuper une place qui le tirât, disaient-ils, de la foule, dont il se tirait bien mieux en cherchant à s'y cacher, D'Alembert, Œuv. t. XI, p. 410.

    Se tire du pair, se tirer de pair, s'élever au-dessus des autres, avoir quelque avantage particulier.

  • 57Être ôté à un lieu en parlant d'un objet. Il couchait dans une chambre haute où l'on montait par une échelle qui, apparemment, se tirait quand il y était entré, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. v, p. 432, dans POUGENS.
  • 58Être mis hors. Les enfants des dieux, pour ainsi dire, se tirent des règles de la nature, et en sont comme l'exception, La Bruyère, II.
  • 59Être extrait de, par distillation ou expression. L'huile se tire des olives.
  • 60Être extrait de, par la mine, la pioche ou la pelle. Ce marbre se tire de telle carrière.
  • 61Être obtenu, recueilli. Tire le bien du mal, lorsqu'il s'en peut tirer, Régnier, Sat. X. C'est principalement de ce concile [de Trente] que se tireront des éclaircissements qui devront contenter les protestants, Bossuet, Projet de réunion, Lettre 40. Louis XIII avait prédit à mon père le grand parti qui se pouvait tirer de Blaye, Saint-Simon, 9, 112.
  • 62Être l'objet d'un tir. Tout le monde est rassemblé dans les avenues où se tire le prix, Dancourt, le Prix de l'arqueb. sc. 15.
  • 63Être imprimé. Cet ouvrage se tire à mille exemplaires.
  • 64Être conclu comme conséquence. La grandeur de l'homme est si visible, qu'elle se tire même de sa misère, Pascal, Pens. I, 4.

    PROVERBE

    On tirerait plus tôt un pet d'un âne mort qu'un sou de sa bourse, se dit d'un avare duquel on ne peut rien obtenir.

    On dit de même : On tirerait plutôt de l'huile d'un mur, que de tirer de l'argent de lui.

HISTORIQUE

XIe s. [Il] Tiret sa barbe cum hum ki est iret, Ch. de Rol. CLXXIII.

XIIe s. Bien savez e veez à quei il [le roi] tent e tire, Th. le mart. 36. Tant ont erret et lor voie tirerent, Qu'à Ribuemont à quinze jors revinrent, Raoul de C. 261.

XIIIe s. Si tost com l'achoisist, a sa resne tirée, Berte, XLVI. Après le roi mon pere si fort li cuers [cœur] me tire, ib. LXXXVIII. Mainte paume batue et mains cheveus tirés, ib. CXXXII. Lors a pris s'espée à tirer Du fuerre [fourreau], si l'en volt ferir, Ren. 4227. Et sa femme vers soi le tire, Qui bien voit qu'il est à mesaise, la Rose, 16602. Ces nefs, qui vont amont ce flun, se font tirer, pour ce que l'aigue court trop fort ; car autrement ne pourroient-elles monter, Marc Pol, p. 478. À ce tirons sor tote rien, Qu'el se marit et bel et bien, Partonop. v. 6533. Tant comme la chose est plus pesanz, tant se tire ele plus vers abisme, Latini, Trésor, p. 113. Seigneurs, ne regardez qu'à main senestre, pour ce que chascun i tire, Joinville, 224. Vous orrez tout en un tirant [vous entendrez tout de suite], Hist. des trois Maries, ms. p. 74, dans LACURNE.

XIVe s. En la ville [de la Rochelle] n'i ot si petit ne si grant, Qui à estre françois n'alast moult desirant ; à sa nature va li lieux tousjours tirant, Guesclin. 18770.

XVe s. Après ce que les barons du royaume lui eurent faict feauté et hommage, excepté le jeune roi d'Angleterre, qui encores ne s'estoit tiré avant, Froissart, I, I, 51. [Jacques d'Artevelle voulait s'échapper par derrière] mais son hostel estoit jà rompu et effondré par derriere, et y avoit plus de quatre cents personnes qui tous tiroient à l'avoir, Froissart, I, I, 248. [Je] deis la cause qui me menoit et le desir qui me tiroit de servir et plaisir faire à sa haultece, Christine de Pisan, Charles V, I, 2. Le menu peuple tire tantost la vie des souverains en exemple, Bouciq. IV, 6. Le suppliant aperçut des oultardes, esquelles il se adressa pour y tirer, Du Cange, cavalcare. Au partir de la porte, il n'avoit que six lances, mais tout le monde commencea à tirer après luy, Hist. d'Artus III, p. 766, dans LACURNE. Atant picquerent les deux chevaliers l'ung à l'encontre de l'autre tant que les deux chevaulx povoient tirer, Perceforest, t. VI, f° 63. Le cheval sur quoy Lancelot estoit monté estoit ung pou trop tirant, si le portoit oultre sa volonté mainteffois, Lancelot du lac, t. I, f° 127, dans LACURNE. Et lors madame, tout en riant et par maniere de farce, tout à part le tira, et puis coiement luy dit…, Jeh. de Saint. ch. IX. Lors tira son chemin devers Noyon, Commines, I, 2. Disant que l'on estoit en peril, et conseilloit tirer à l'aube du jour le chemin de Bourgongne, Commines, I, 4. Il [Louis XI] tyra en Normandie pour assembler ses gens, Commines, I, 5. Le cueur leur tyra plus à la paix que à la guerre, Commines, IV, 6. Et croy que il disoit vray, se les choses se fussent tirées oultre, Commines, IV, 1. Leurs conseils estoient longs ; et cependant le roy tiroit avant, Commines, VII, 15.

XVIe s. Tant testonné, tant bien tiré, tant bien espousseté, Rabelais, Garg. I, 15. Et lors cessoit de manger quand le ventre luy tiroit, Rabelais, ib. I, 21. Tirans les langues comme levriers, Rabelais, ib. I, 33. Les coupz d'artillerye que l'on tiroyt du chasteau, Rabelais, ib. I, 34. Le froc tire à soy les opprobres, comme le vent dit cecias attire les nues, Rabelais, ib. I, 40. Je vous envoye son pourtraict tyré sur le vif, Rabelais, Ép. 9. Les plus ordinaires occasions se tirent de cette practique, Montaigne, I, 25. À quoy faire y reculez vous, si vous ne pouvez tirer arriere ? Montaigne, I, 89. J'advisay d'en tirer quelque usage, Montaigne, I, 95. Quoy qu'il en soit, nature tirera cependant son train, Montaigne, I, 99. Il tire le bonnet [il salue]…, Montaigne, I, 109. Ils tirent seurement de leurs arcs en nageant, Montaigne, I, 112. Tirer une promesse de quelqu'un, Montaigne, I, 120. Des chariotes tirées par des bœufs, Montaigne, I, 238. Tirer à quelqu'un force coups de traicts, Montaigne, I, 239. Un parler sec, qui tire un peu vers le desdaigneux, Montaigne, I, 292. Il tira le ver du nez à un certain ambassadeur que…, Montaigne, II, 13. Quand les peintres nous tirent, aprez le naturel, un subject qui nous est familier, Montaigne, II, 282. Du sang tiré soubs l'aile droite d'un pigeon, Montaigne, II, 213. Tout le plaisir qui se peult tirer de leur art, Montaigne, II, 104. Les brigands, pendant qu'il passoit par les lieux où ilz se tenoient, se cachoient de peur et se tiroient arriere, Amyot, Thés. 7. AEgeus tira au sort les autres enfans qui devoient aller quand et luy, Amyot, ib. 19. La police de Lycurgus estoit austere et plus tirant au gouvernement de la noblesse, Amyot, Lyc. et Num. comp. 4. Sans s'arrester aux larmes des passagers qui se tourmentent d'effroy et tirent du cueur…, Amyot, Péric. 63. Tirer une guerre en longueur, Amyot, Fab. 20. Il tiroit un vent impetueux et bruslant comme un estourbillon de foudre, Amyot, ib. 32. Evalcus luy tira un coup d'espée… et Pyrrhus tout aussitost luy tira un coup de javeline, dont…, Amyot, Pyrrh. 70. Le roy luy feit mener après luy quatre vingts vaches pour les tirer, et en avoir le laict frais par chacun jour, Amyot, Artax. 31. Quelques vaisseaux qui tiroient moins d'eau passent entre la terre et Barbarico, D'Aubigné, Hist. II, 80. Tu estimois la mort en liberté plus chere Que tirer en servant une haleine precaire, D'Aubigné, Tragiques, éd. LALANNE, p. 116. Et quand dans les ruisseaux jusqu'à la rive pleins Les hommes tiroient l'eau dans le creux de leurs mains, Ronsard, 935. Calvin… le laissa comme tirant à la mort et ne parlant plus, Bèze, Vie de Calvin, p. 91. Les petits enfants à la mamelle de leurs meres allangouries, tirants pour neant et ne trouvants que succer, Sat. Mén. p. 110. Il a du tout perverty et tiré au poil [tiré par les cheveux] les passages de l'Escriture, Dialogues de Tahureau, p. 129, dans LACURNE. Bref, qui veut en tableau tirer la poesie, Deesse qui du ciel tombe en la fantaisie, Qu'il tire de Ronsard seulement le portrait, Am. Jamyn, Poésies, p. 234, verso, dans LACURNE. Ce qu'assemble pille pille, desassemble tire tire, Cotgrave On touche tousjours sur le cheval qui tire, Cotgrave Il [Charles IX] prist une grande harquebuze de chasse qu'il avoit, et en tira tout plein de coups à eux [aux protestants], mais en vain, car l'harquebuze ne tiroit si loin, Brantôme, Hommes illustres, Charles IX.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « tirer »

Berry, tirer, teter ; tirer sur, se diriger vers ; provenç. espagn. et portug. tirar ; ital. tirare ; du germanique : goth. tairan ; anc. hautall. zeran ; néerland. têren ; angl. tear, déchirer, rompre ; sanscr. dar ; grec, δείρω.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(1100) Auguste Scheler le tire du gotique 𐍄𐌰𐌹𐍂𐌰𐌽, taíran dont est issu l’espagnol tirar. Il souligne la proximité sémantique entre « tirer », « tirailler » et « déchirer » que l’on retrouve dans l’allemand zehren (« détruire ») et zerren (« tirailler », « distendre »)[1].
Selon Wartburg, il serait une réduction de l’ancien français martirier (« martyriser », « torturer »), dérivé de martyre. Le participe présent de martirier, martirant, aurait été interprété comme un composé de mar (« malheureusement ») et de tiranz (« bourreau »), lui-même issu du latin tyrannus (« tyran ») ; une torture fréquente était en effet la dislocation des membres par étirement ou écartèlement[2].
Tirer s’est substitué à traire du latin trahere (« tirer », « traîner », « tracter ») dans la plupart de ses emplois en moyen français et certains étymologistes penchent vers ce verbe comme étymon de tirer → voir soustraire, soutirer, extraire et étirer, etc.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « tirer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
tirer tire

Fréquence d'apparition du mot « tirer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « tirer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « tirer »

  • Je pourrais noyer le poisson, m’en tirer par des clichés, et vous servir tout à trac l’épopée du Sauveur, des martyrs et tutti quanti.
    Yann Queffélec — Le Charme noir
  • La vie est l'art de tirer des conclusions suffisantes de prémisses insuffisantes.
    Samuel Butler — Notebooks
  • Sache te tirer d'un mauvais pas comme l'éléphant de la vase.
    Dhammapada
  • L’humour est une façon de se tirer d’embarras sans se tirer d’affaire.
    Louis Scutenaire
  • Parler sans penser, c'est tirer sans viser.
    Miguel de Cervantès
  • Ce n’était pas bien présenté. Je n’ai jamais su taper à la machine, et la secrétaire avait fini par tirer sa révérence. Mais c’était la vérité, bon sang, la vérité claire et nette.
    Camille Laurens — Index
  • On ne peut demander au pur-sang de tirer la charrue.
    Cheikh Hamidou Kane — L’Aventure ambiguë
  • C'est le fait d'un homme sage de tirer profit de ses ennemis.
    Xénophon
  • - Quand tu dois tirer, tire, cause pas !
    Sergio Leone — Le bon, la Brute et le truand
  • Il faut tirer le meilleur du pire.
    Alain Peyrefitte — Assemblée Nationale - 21 Mai 68
Voir toutes les citations du mot « tirer » →

Traductions du mot « tirer »

Langue Traduction
Anglais shoot
Espagnol disparar
Italien sparare
Allemand schießen
Chinois 射击
Arabe أطلق النار
Portugais atirar
Russe стрелять
Japonais シュート
Basque rallya
Corse sparà
Source : Google Translate API

Synonymes de « tirer »

Source : synonymes de tirer sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot tirer au Scrabble ?

Nombre de points du mot tirer au scrabble : 5 points

Tirer

Retour au sommaire ➦