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Répandre

Définitions de « répandre »

Trésor de la Langue Française informatisé

RÉPANDRE, verbe trans.

I. − Empl. trans.
A. − [Le suj. désigne l'agent]
1. [Le compl. désigne une entité concr.]
a) [Cette entité est un liquide] Faire couler hors de quelque chose, laisser s'échapper un liquide qui s'étale. Synon. épancher, renverser, verser.
α) Qqn répand qqc. sur/dans qqc.Il buvait le champagne non frappé et répandait son café dans sa soucoupe (Flaub.,1reÉduc. sent., 1845, p. 181).Un homme en tablier blanc apparut, portant les deux bocks dont il répandait, en courant, les gouttes jaunes sur le sol sablé (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Garçon, un bock! 1884, p. 896).V. bassin ex. 9.
β) Qqn répand qqc.Le sang qu'il a répandu, toute la terre ne suffirait pas à l'étancher! (Claudel,Feuilles Saints, 1925, p. 666).
b) [Cette entité est un solide (gén. de nature pulvérulente ou filamenteuse)] Jeter ou laisser tomber une matière de manière qu'elle s'étale. Synon. déverser, épandre.
α) Qqn répand qqc. sur/dans/sous qqc.Répandre une semence. Il reste les cendres qu'on répand sur les champs pour les fertiliser (Ramuz,A. Pache, 1911, p. 138):
1. Cet usage de répandre de la paille devant la porte des grands malades s'en allait avec les chevaux, et ne subsistait plus que dans quelques vieilles familles, comme un rite pré-funéraire. Druon,Gdes fam., t. 1, 1948, p. 32.
P. métaph. Il aurait répandu sur lui tous les reproches dont son âme était pleine (Châteaubriant,Lourdines, 1911, p. 108).
β) Qqn répand qqc.Il voulait plaire à la cour en répandant l'argent à pleines mains (Staël,Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 91).
γ) Au fig., empl. pronom. Se diffuser. La Critique du jugement de Kant. Si ce livre ne se répand pas, empêché par son langage même, il est inutile de le couronner (Vigny,Journal poète, 1847, p. 1251).
2. [Le compl. désigne une entité abstr.]
a) [Le compl. désigne une information] Faire connaître largement quelque chose qui était ignoré ou tenu secret. Synon. colporter, divulguer, propager.
Qqn répand qqc.Répandre de fausses nouvelles. Il n'est pas besoin d'être membre d'un club pour répandre une propagande (Nizan,Chiens garde, 1932, p. 79).J'arrive à aimer mes ennemis temporels. Mais pour ceux qui répandent ces âneries, non, non, et mille fois non! (Montherl.,Malatesta, 1946, iii, 5, p. 505).
[P. méton. du suj.] J'exposai au public ce qui s'était passé réellement à l'ANFA et qui ne ressemblait guère à ce que répandaient les sources anglo-saxonnes (De Gaulle,Mém. guerre, 1956, p. 86).
Qqn répand que + prop.[Laudon] répandait que les armées du Rhin et de Sambre-et-Meuse, ayant voulu passer le Rhin, avaient été écrasées (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1813, p. 698).Une personne qui me veut du bien répand que je suis un ivrogne (Bloy,Journal, 1903, p. 202).
b) [Le compl. désigne une action ou son résultat] Faire bénéficier largement, donner avec générosité à autrui. Synon. dispenser, distribuer.Dieu répand ses grâces comme il lui plaît. Répandre des bienfaits, des faveurs, des aumônes (Ac. 1935). Dix-sept mille Jésuites, 3 000 Français, chassés de leur pays et chargés de répandre la civilisation de leur pays à l'étranger (Barrès,Cahiers, t. 10, 1914, p. 396).
c) [Le compl. désigne un savoir, une connaissance] Faire connaître (au plus grand nombre possible) une idée afin de la faire admettre. Synon. populariser, vulgariser.Le stoïcisme retrouvait tout naturellement les thèmes dualistes, que les mystères orphiques et la philosophie platonicienne avaient répandus dans le monde antique (J. Vuillemin,Essai signif. mort, 1949, p. 242).
d) [Le compl. désigne (la manifestation d')un affect] Faire éprouver un sentiment à un grand nombre de personnes. Synon. propager.Répandre le deuil, la consternation, l'ennui, la terreur. La nouvelle de l'arrivée de Guillaume et de Montmorency a répandu la joie parmi tous les Croisés (Cottin,Mathilde, t. 1, 1805, p. 195).Il ne voulait pas répandre par le village l'aigreur et la révolte (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p. 112).
e) [Le compl. désigne un événement, un phénomène ou ce qui en résulte] Faire exister quelque chose dans un nombre d'endroits de plus en plus grand. Synon. semer.On lui doit quelques portraits remarquables qu'il a répandus par la gravure après les avoir dessinés lui-même (Sand,Hist. vie, t. 4, 1855, p. 274).Foncièrement vicieux, il répand le vice autour de lui comme d'autres rayonnent le calme ou l'énergie (Mounier,Traité caract., 1946, p. 726).
En partic. [Le compl. désigne une cause de maladie] Synon. de propager.Les exhalaisons des marais, l'infection des cadavres répandaient partout la contagion (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24, p. 280).
3. [Le compl. est coréférent au suj.] Extérioriser abondamment, laisser s'échapper un affect, une émotion, etc. Synon. déverser.
a) Qqn répand qqc.Les oiseaux répandaient leurs cantiques en gazouillements (Lautréam.,Chants Maldoror, 1869, p. 235).Et, comme il éprouvait le besoin de répandre son trouble, il s'affligeait à haute voix qu'un naufragé si beau fût privé de la sépulture (Maurras,Chemin Paradis, 1894, p. 132).
b) Qqn répand qqc. en/dans qqc.Alors Augustin se lève (...) il va répandre son âme dans un torrent de larmes solitaires (Lacord.,Conf. N.-D., 1848, p. 126).
B. − [Le suj. désigne la source, l'orig.]
1. [Le compl. désigne une entité concr. ou sensible] Laisser s'échapper une substance qui en vient à occuper un espace de plus en plus vaste.
a) [Le compl. désigne un liquide] Laisser s'échapper un liquide qui s'étale. Synon. épancher, verser.Répandre des larmes, des pleurs. L'instrument du culte tombe à terre, en répandant son huile sur les dalles (Lautréam.,Chants Maldoror, 1869, p. 196).
Loc. Répandre son sang. Être blessé ou mourant pour une cause honorable. Il a répandu son sang pour la patrie dans vingt combats (Ac.1935).De quel droit irez-vous contredire ces hommes généreux qui ont répandu leur sang par toute l'Europe? (Adam,Enf. Aust., 1902, p. 512).
b) [Le compl. désigne la lumière, une couleur] Synon. de diffuser, émettre.Répandre une clarté. Jésus mort répandait un rayonnement blême (Hugo,Fin Satan, 1885, p. 877).La lumière du jour, tamisée par le feuillage et les vitres verdies, répand une clarté d'aquarium (Martin du G.,Vieille Fr., 1933, p. 1087).
c) [Le compl. est d'ordre olfactif] Synon. de émettre, exhaler.La seule vue des manchettes, l'odeur d'encre que répandaient ces feuilles encore humides, réveilla en lui le militant (Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 327).Il y avait du feu dans la cuisinière sur laquelle cuisait de la soupe qui répandait une odeur de poireau (Simenon,Vac. Maigret, 1948, p. 128).
d) [Le compl. est d'ordre auditif] Ceci fut dit un soir d'été par un vieillard, À l'heure où, répandant le silence autour d'elle, La nuit qui s'obscurcit de moments en moments (Ch. Guérin, Cœur solit., 1904, p. 181).
e) [Le compl. est d'ordre tactile] En même temps, un feu ardent (nous étions à l'hiver) y répandait une chaleur étouffante (Musset,Confess. enf. s., 1836, p. 276).La lune répand l'hiver. Tout le froid nous tombe de cette lune qui luit dans le ciel comme un morceau de glace (Renard,Journal, 1898, p. 513).
f) [Le compl. désigne une substance gazeuse] Le soleil, déjà haut, répandait ses nappes dorées sur un paysage agreste et accidenté (Theuriet,Mariage Gérard, 1875, p. 27).Ils se consument en répandant une grande abondance de fumée narcotique (Gide,Caves, 1914, p. 779).
2. [Le compl. désigne une entité abstr.] Offrir à autrui la possibilité de bénéficier de quelque chose. Synon. distribuer.Est-ce possible? Pas de montre! Si ça ne fend pas le cœur, à une époque où notre civilisation devrait répandre ses bienfaits sur tous! (Vogüé,Morts, 1899, p. 99).
II. − Empl. pronom.
A. − [Avec une idée de déplacement]
1. [Le suj. désigne un animé] Se disperser de manière à occuper une surface, un espace de plus en plus grand. Synon. se propager.
a) [Avec un compl. exprimant l'espace]
α) Se répandre dans/en/à/sous qqc.Nous sommes aussi des gouttes d'huile qui, emportées par le courant, se répandent à la surface de l'eau avec leur mouvement propre (Carrel,L'homme, 1935, p. 201):
2. D'Orléans et de Blois, qui leur servaient de refuge et d'appui, les compagnies dauphinoises se répandaient dans la Beauce et venaient parfois jusqu'auprès de Paris. Barante,Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 384.
β) Se répandre sur/sous qqc.De là, les Cimbres se répandirent sur toute l'Espagne, tandis que le reste des Barbares les attendaient dans la Gaule (Michelet,Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 156).Ces oliviers sous lesquels nous avons vu, par une calme soirée, se répandre les troupeaux de l'idylle (Mauriac,Journal 2, 1937, p. 194).
b) [Avec un compl. exprimant la disposition] Les Versaillais sortent de la rue Drouot, se répandent en ligne et ouvrent un feu terrible dans la direction de la porte Saint-Denis (Goncourt,Journal, 1871, p. 808).
2. [Le suj. désigne une réalité sensible] Se propager dans l'espace de plus en plus largement.
a) [Le suj. désigne un liquide ou qqc. de nature pulvérulente] Se répandre en.La fraîcheur de la terre couverte d'arbres, peut seule arrêter, condenser les nuages, et entretenir ainsi sur les montagnes une pluie presque continuelle, qui se répand en sources ou en ruisseaux dans les différens quartiers (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 81).Là, au contact de la température humaine, ils [des blocs de poux] se dissolvent (...) et se répandent en ruisseaux dans les habitations, comme des esprits nuisibles (Lautréam.,Chants Maldoror, 1869, p. 189).
b) [Le suj. désigne la lumière]
α) Se répandre dans/sur qqc.Une vive rougeur se répand sur le front de la vierge, elle est oppressée (Cottin,Mathilde, t. 1, 1805, p. 238).
β) Empl. abs. Synon. de gagner.L'ombre meurt. Le matin étonné se répand (Montherl.,Encore inst. bonh., 1934, p. 681).
c) [Le suj. désigne une odeur] Synon. de s'exhaler.L'odeur insidieuse du poireau se répandait, soudain plus hardie, dans les chambres et l'escalier (Duhamel,Terre promise, 1934, p. 9).Un relent d'éther se répandait dans la véranda comme le parfum aigrelet d'un régime de bananes sures (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 355).
d) [Le suj. désigne un son] On croyait habiter une ville près de la mer, où la rumeur d'une plage ensoleillée vient se répandre, et circule jusque dans les ruelles les plus étroites (Romains,Hommes bonne vol., 1932, p. 26).Les battements des marteaux, le grincement des treuils, mille bruits entrechoqués, stridents et mats se répandaient sur le quartier endormi (Roy,Bonheur occas., 1945, p. 219).
3. [Le suj. désigne une information] Gagner de proche en proche, devenir de plus en plus connu. Synon. circuler, se propager.Quelques heures plus tard, la nouvelle de l'exil de la marquise Raversi se répandait dans la ville et dans les cafés (Stendhal,Chartreuse, 1839, p. 243).Le bruit commença de se répandre que nous allions être encerclés (Ambrière,Gdes vac., 1946, p. 365).
B. − [Sans idée de déplacement] Se répandre en
1. [Le suj. désigne une entité concr.] Occuper un espace en apparaissant sous telle ou telle forme. Synon. s'étaler.Elle se continue par une aponévrose qui se répand en éventail sur la face inférieure du bras et même de l'avant-bras (Cuvier,Anat. comp., t. 1, 1805, p. 280).Sur ses poignets se répandait en bouillons argentés une mousseline d'Orient, dont tout son corps de poitrinaire est enveloppé (Goncourt,Journal, 1875, p. 1080).
2. [Le suj. désigne une pers.] Extérioriser sous forme d'une abondance de paroles, de gestes, etc. un état émotionnel.
a) Se répandre en qqc.Se répandre en éloges, en compliments, en propos amers, en invectives, en injures, en longs discours, en paroles. Les conseillers du prince se répandent en fanfaronnades (Faral,Vie temps st Louis, 1942, p. 216).Les personnages principaux se répandent en gestes démonstratifs à mon égard (De Gaulle,Mém. guerre, 1959, p. 242).
[P. méton.] Presque tous étaient ivres, d'une ivresse violente et hurlante, qui se répandait en chansons obscènes (Zola,Débâcle, 1892, p. 44).
b) Empl. abs. Il se retenait pour ne pas chanter, il avait besoin de se répandre, de faire des générosités et des aumônes (Flaub.,Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 173).
REM.
Répandage, subst. masc.,trav. publ. a) Action de répandre une substance sur le sol. Synon. épandage.Des dosages bien étudiés, de bonnes méthodes de gâchage avec des proportions d'eau bien déterminées, un répandage et un drainage méthodique (...) sont des précautions indispensables à l'exécution d'un bon revêtement bétonné (Bourde,Trav. publ., 1929, p. 99).Pendant les nuits d'hiver, les camions munis des appareils de salage et chargés sont constamment prêts à partir (...). Dès l'alerte donnée, l'équipe de répandage se met immédiatement au travail (Le Monde, 1erjanv. 1971, p. 22, col. 3).b) Substance une fois répandue sur le sol. Synon. revêtement.Si des flaches se produisent, soit par le tassement du fond de l'encaissement, soit par suite d'inégalités dans le répandage, on les comble immédiatement avec des matériaux de moyenne grosseur (Bourde,Trav. publ., 1929, p. 56).
Prononc. et Orth.: [ʀepɑ ̃:dʀ ̥], (il) répand [-pɑ ̃]. Ac. 1694, 1718: res-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. A. L'obj. est concr. 1. « verser, laisser échapper des éléments hors de leur contenant » a) ca 1165 trans. respandre [des] flors (Benoît de Ste-Maure, Troie, 14851 ds T.-L.); fin xiies. id. respandre les deniers des chaingëors (Homélies de St Grégoire sur Ezéchiel, 19, 14, ibid.); déb. xives. [ms.] réfl. (Bataille de Caresme et de Charnage, éd. G. Lozinski, 454, var. E: Et la farse s'en est volee Et respandue ens fossez); b) fin xiies. une matière pulvérulente, p. ex. la farine respandre la flor (Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 703); c) un liquide α) fin xiies. part. passé adj. li vins respandus (Floire et Blancheflor, éd. J. L. Leclainche, 1337); fin xiies. intrans. (Raoul de Cambrai, 2246 ds T.-L.: Et moi mëisme feri il autresi, Si qe li sans vermaus en respandi); xiiies. trans. (Gautier de Coinci, Miracles, éd. V. Fr. Koenig, 1 Mir 10, 775, leçon, mss BCD: le sanc Que je por t'amor respandi [le Christ, parlant au pécheur]); 1640 répandre le sang « tuer » (Ablancourt, Ann., liv. 11 ds Rich. 1680); β) 1395 réfl. (Voyage à Jérusalem du seigneur d'Anglure, 231 ds T.-L.; [l']eau se respent); 2. p. ext. 1559 réfl. « (en parlant de personnes) envahir, en se dispersant, un espace de plus en plus grand » se répandre çà et là cont. milit. (Amyot, trad. de Plutarque, Hommes illustres, Aristide, XXXIX, éd. G. Walter, t. 1, p. 733); 3. « émettre autour de soi » 1691 part. passé adj. [ici, empl. par image] (Racine, Athalie, III, 8: Je vois de toutes parts sa clarté répandue [de Sion]); av. 1742 trans. (Massillon, Paraphr. du psaume 18 ds DG: Le soleil [...] répand [...] sa chaleur et sa lumière); 1753, 25 août réfl. fig. (Buffon, Discours de réception à l'Ac. fr. ds Œuvres, éd. A. Richard, Paris, 1833, t. 1, p. 2b: la chaleur naîtra de ce plaisir [d'écrire], se répandra partout et donnera la vie à chaque expression); 4. 1699 réfl. « (de marques physiques visibles) prendre de l'extension » (Fénelon, Télémaque, VI, éd. A. Cahen, Paris, 1927, t. 1, p. 264: une pâleur mortelle se répandoit sur tout son visage). B. L'obj. est abstr. − ou le verbe est empl. p. métaph. 1. a) 1654 « faire connaître, publier, divulguer » trans. (Loret, Muze hist., 12 déc. ds Livet Molière: Un bruit est répandu); 1680, 6 nov. part. passé adj. (Sévigné, Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t. 2, p. 888: quand les choses les plus répandues se tournent en mystères); 1681 réfl. (Bossuet, Hist., II, 10 ds Littré); b) 1671 « diffuser, faire pénétrer, propager [une idée, une doctrine] » réfl. (Pomey); 1681 trans. répandre l'Évangile (Bossuet, Disc. sur l'hist. universelle ds Œuvres, éd. Velat et Y. Champailler, Paris, 1961, p. 754); c) 1678 trans. « communiquer, faire régner (un sentiment) dans un groupe de personnes » (La Fontaine, Fables, VII, 1: un mal qui répand la terreur); 2. 1664 trans. « accorder, distribuer [des libéralités] à profusion » (Molière, Tartuffe, I, 6); 1670 réfl. (Racine, Bérénice, II, 2: On vit de toutes parts mes bontés se répandre); 3. a) 1672 se répandre en « extérioriser ses sentiments [de telle manière] » se répandre en paroles (Sacy, Bible, Job, XI, éd. Paris, G. Desprez, 1717, t. 2, p. 10a); 1677 se répandre en injures (Racine, Phèdre, IV, 4); b) 1690 réfl. « chercher à paraître, à se montrer » se répandre partout au dehors (Fléchier, Oraisons funèbres, Paris, 1808, p. 110, duc de Montausier); av. 1704 empl. abs. (Bossuet, Réfl. sur l'état des pécheurs ds Littré); id. part. passé adj. répandu dans le monde (Bourdaloue, Exhort. sur la Flagellat. de J.-C., t. II, p. 101, ibid.). Dér. de épandre*; préf. re-*. A supplanté le simple épandre*, limité, dans la lang. commune, à des empl. techniques. Fréq. abs. littér.: 4 122. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9 144, b) 5 651; xxes.: a) 4 890, b)3 755.
DÉR.
Répandeur, -euse, adj. et subst.a) Adj. Qui répand (quelque chose). Ce fort secours, c'est vous (...) ô Vierge immaculée, Qui (...) tendez vers nos pas (...) Et vers nos vanités douloureuses les paumes Lumineuses, les mains répandeuses de baumes (Verlaine, Œuvres compl., t. 2, Amour, 1888, p. 53).b) Subst. α) masc. Ouvrier qui répand des matériaux divers sur un chantier de construction (d'apr. Mét. 1955). β) fém. ,,Camion citerne muni d'une pompe alimentant une rampe destinée à répartir (...) un liant hydrocarburé sur une couche de chaussée`` (Choppy 1975). [ʀepɑ ̃dœ:ʀ], fém. [-ø:z]. 1resattest. a) 1493 respandeur de sang (Kalend. des bergers, p. 137 ds Gdf.) − 1611, Cotgr., b) 1964 masc. et fém. technol. (Lar. encyclop.); de répandre, suff. -eur2*.

Wiktionnaire

Verbe - français

répandre \ʁe.pɑ̃dʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se répandre)

  1. Épancher ; verser ; laisser tomber un liquide.
    • On ne doit employer le crud-ammoniac qu'après l’avoir abandonné à l’air pendant un certain temps, ou l’avoir répandu dans le sol plusieurs mois avant les semailles ou plantations. — (Louis Grandeau, Rapports du Jury International, 5e partie: Agriculture, Horticulture, Aliments, vol.2, p.320, 1906)
    • Répandre de l’eau par terre. — Répandre de la sauce sur la nappe.
    • Ce fleuve a répandu ses eaux dans la campagne. — Les eaux se répandirent dans la campagne.
  2. Répartir ; distribuer.
    • Dieu répand ses grâces comme il lui plaît.
    • Répandre des bienfaits, des faveurs, des aumônes.
  3. Étendre au loin ; disperser ; propager.
    • Il faudrait, en premier lieu, répandre parmi nous, par le perfectionnement des institutions de crédit, l'usage des billets, des promesses, des reconnaissances. — (Michel Gustave Partounau du Puynode, De la monnaie, du crédit et de l'impôt, page V, 1853)
    • Très curieux de son naturel, il était toujours informé avant quiconque des menus potins du pays et n'avait pas son pareil pour les répandre et les amplifier. — (Louis Pergaud, Un petit logement, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Au fond d'un bar fallacieusement intitulé La Jeunesse, un phonographe tournait et répandait des gargouillements sonores d'accordéon. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 41)
    • (Pronominal)Une étrange terreur pèse sur Paris. Des bruits sinistres se répandent. Parfois, des bandes hurlantes passent, avec des physionomies d'émeute. — (Michel Zévaco, Le Capitan, chapitre I, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
    • (Pronominal)S'ils se sont répandus, nombreux, à travers d'autres pays, c'est soit pour fuir des catastrophes (guerres, révolutions, massacres,) soit pour échapper aux inconvénients de la surpopulation. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • Les atlantiques se sont répandues dans les plaines, mais restent arrêtées par la rigueur des hivers. — (Henri Gaussen, Géographie des Plantes, Armand Colin, 1933, p.60)
    • Les Magyars ne surent même pas défendre les Slovaques contre l’invasion étrangère. En 1244, ils furent écrasés par mes Mongols qui se répandirent sur le pays. — (Ernest Denis, La Question d'Autriche ; Les Slovaques, Paris, Delagrave, 1917, in-6, p.106)
    • Lorsqu'une bande de baleines est signalée, la nouvelle se répand aussitôt dans tout l'archipel au moyen de feux allumés sur les montagnes ; […]. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 37)
    • Elles firent la gloire de leur région en répandant à travers la planète le goût musqué et puissant des calendos, mais les réduire à ce seul fromage eût été une erreur... — (Jean-Jacques Michelet, Chapeaux ronds et idées courtes: roman, Éditions L'Harmattan, 2013)
  4. Aller vociférant ; discourir à la cantonade.
    • Une presse complaisante jusqu’à la servilité répandait dans le public, depuis les salons jusqu'aux mansardes, les idées les plus fausses et les plus dangereuses. — (Général Ambert, Récits militaires : L'invasion (1870), page 240, Bloud & Barral, 1883)
    • La Moussotte ne se connaissait plus; elle en oublia de se peigner, cassa de la vaisselle et se répandit par tout le village en imprécations dont l'énergie ne cédait en rien à celle des prophètes de la Bible. — (Louis Pergaud, Le retour, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • […] mais lorsque la petite pièce décoincée avait échappé à sa main tremblotante, en manque d'alcool, il s'était répandu dans un flot d’insultes schleues que seul Jean-Marie, l’ouvrier alsacien, avait compris. — (Julie Cuvillier-Courtot, « Portraits de famille », dans La femme cardinale, Ciboure : Éditions La Cheminante, 2015)
  5. (Pronominal) Fréquenter le monde, la société.
    • Cet homme cherche à se répandre, craint de se répandre dans le monde.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

RÉPANDRE. v. tr.
Épancher, verser, laisser tomber un liquide. Répandre de l'eau par terre. Répandre de la sauce sur la nappe. Les eaux se répandirent dans la campagne. Par extension, Répandre du sel, du poivre. Répandre du sable sur le sol. Répandre des fleurs sur une tombe. Fig., Les barbares se répandirent dans toute la Gaule. Le mal s'est répandu dans tout le pays. Répandre des larmes, Pleurer. La mort de son père lui fit répandre bien des larmes. Répandre le sang, Blesser ou tuer. Dieu défend de répandre le sang humain ou, simplement, de répandre le sang. Répandre son sang, Être blessé ou Mourir pour une cause honorable, sacrée, ou qu'on regarde comme telle, Il a répandu son sang pour la patrie dans vingt combats. Les martyrs ont répandu leur sang pour la foi. Dans le style religieux, Répandre son âme devant Dieu, Le prier avec effusion.

RÉPANDRE signifie aussi Départir, distribuer. Dieu répand ses grâces comme il lui plaît. Répandre des bienfaits, des faveurs, des aumônes. Il signifie encore Étendre au loin, disperser. Le soleil répand la lumière. Ces fleurs répandaient une odeur agréable. Ce fleuve a répandu ses eaux dans la campagne. Il avait répandu ses troupes dans tous les villages des environs. Il avait eu soin de répandre ses émissaires de tous côtés. Il s'emploie figurément dans cette acception. Les apôtres répandirent l'Évangile dans le monde. Il a répandu cette nouvelle dans toute la ville. Il a répandu l'alarme dans le quartier. Cette doctrine s'est fort répandue en peu de temps. Il s'est répandu un bruit dans la ville, par la ville. La nouvelle de cette victoire se répandit en un instant. Se répandre en longs discours, en compliments, se répandre en louanges, en invectives, en propos désobligeants, etc., Tenir de longs discours, faire de longs compliments, donner beaucoup de louanges, dire beaucoup d'injures, etc. Cet homme cherche à se répandre, craint de se répandre dans le monde, Il fréquente la société, il l'évite avec beaucoup de soin. Le participe passé

RÉPANDU s'emploie adjectivement. C'est une opinion très répandue. Être fort répandu dans le monde, Voir beaucoup de monde, être recherché dans beaucoup de maisons, aller souvent dans les réunions mondaines. C'est un homme fort répandu.

Littré (1872-1877)

RÉPANDRE (ré-pan-dr'), je répands, tu répands, il répand, nous répandons ; je répandais ; je répandis ; je répandrai ; je répandrais ; répands, répandons ; que je répande, que nous répandions ; que je répandisse ; répandant ; répandu v. a.

Résumé

  • 1° Épancher, laisser tomber un liquide.
  • 2° Répandre se dit aussi de choses solides.
  • 3° Répandre des soupirs.
  • 4° Il se dit des effusions morales.
  • 5° Disperser, étendre au loin.
  • Fig. Donner de la dissipation, rendre dissipé.
  • 7° Départir, distribuer à plusieurs personnes.
  • 8° Faire paraître.
  • 9° Proférer.
  • 10° Faire entrer dans l'esprit, dans l'âme.
  • 11° Propager.
  • 12° Faire connaître, en parlant de bruits, de nouvelles.
  • 13° V. réfl. Se répandre, être répandu, être versé.
  • 14° Être départi, distribué.
  • 15° Fig être épanché, par assimilation à quelque chose de liquide.
  • 16° Passer dans l'esprit, dans le cœur.
  • 17° Être propagé.
  • 18° Être communiqué.
  • 19° Être ébruité.
  • 20° Se disperser sur la surface d'un pays.
  • 21° Se répandre au dehors, chercher à paraître, à se montrer. Se répandre dans le monde, voir la société.
  • 22° Se répandre en, donner cours à ce qui s'exprime par le langage.
  • 23° Se répandre à, se laisser aller à.
  • 24° Se livrer à une effusion de cœur.
  • 25° Paraître, se manifester au dehors.
  • 1Épancher, laisser tomber un liquide. Répandre de l'eau sur la table. La grandeur… n'est faite que pour l'aider [la bonté] à se communiquer davantage, comme une fontaine publique qu'on élève pour la répandre, Bossuet, L. de Bourbon. Joas vient d'être couronné ; Le grand prêtre a sur lui répandu l'huile sainte, Racine, Ath. V, 1.

    Absolument. Prenez garde de répandre.

    Répandre des larmes, pleurer. Baucis en répandit en secret quelques larmes, La Fontaine, Phil et Bauc. L'illusion, cette reine des cœurs, Marche à ta suite, inspire les alarmes, Le sentiment, les regrets, les douleurs, Et le plaisir de répandre des larmes, Voltaire, Épître à Mlle Gaussin.

    Répandre du sang, blesser ou tuer. On sait… que Constance répandit beaucoup de sang, et que ceux qui résistaient à ses volontés sur le sujet de l'arianisme avaient tout à craindre de sa colère, Bossuet, 2e instr. past. 105. Respectez votre sang …Ne me préparez pas la douleur éternelle De l'avoir fait répandre à la main paternelle, Racine, Phèd. IV, 4. Je ne veux point ici vous rappeler ces temps Où l'État répandait le sang de ses enfants, Voltaire, Tancr. I, 1.

    Répandre son sang, être blessé ou mourir pour une cause qu'on regarde comme honorable et sacrée.

  • 2 Par extension, répandre se dit de choses solides. Répandre du sel, du poivre. Sur l'urne qui contient ta cendre Et que je viens baigner de pleurs, Chaque printemps je veux répandre Le tribut des premières fleurs, Gresset, Épit. P. Bougeant.
  • 3On l'a dit aussi des soupirs. Vous vous souvenez, Dieu de nos pères, de tous les soupirs que j'ai répandus à vos pieds pour détourner votre colère, Massillon, Carême, Injust.
  • 4Il se dit des effusions morales. Mon Dieu, si j'ose répandre mon âme en votre présence, et parler à vous, moi qui ne suis que poussière et que cendre, pourquoi le perdons-nous [Turenne] ? Fléchier, Tur. J'irai répandre à ses pieds toute l'amertume de mon âme, Massillon, Carême. Enf. prod. Je répan drai mon âme au seuil du sanctuaire, Seigneur… dans ton nom seul je mettrai mon espoir, Lamartine, Méd. I, 23.
  • 5Disperser, étendre au loin. Le soleil répand la lumière. Ce fleuve a répandu ses eaux dans la campagne. Ce général répandit ses troupes dans les villages environnants. Hannon, par ordre du sénat de Carthage, répandit trente mille Carthaginois depuis les Colonnes d'Hercule jusqu'à Cerné, Montesquieu, Esp. XXI, 11. Pavées d'une espèce de pierreries qui répandaient une odeur semblable à celle du girofle et de la cannelle, Voltaire, Candide, 18.
  • 6Fig Donner de la dissipation, rendre dissipé. Les commerces nous répandent trop au dehors, Massillon, Carême, Prière 1.
  • 7Départir, distribuer à plusieurs personnes. Dieu répand ses grâces comme il lui plaît. Répandre des bienfaits. Le roi a fait en Lorraine comme les années passées en Flandre, c'est-à-dire a répandu beaucoup d'argent sur son passage en aumônes et en libéralités, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 20. Je lui faisais des dons ; mais, avec modestie, Il me voulait toujours en rendre une partie… Et, quand je refusais de le vouloir reprendre, Aux pauvres, à mes yeux, il allait le répandre, Molière, Tart. I, 6. Ami, cache ta vie et répands ton esprit, Hugo, Rayons et ombres, à un poëte.

    Absolument. La libéralité [du roi] est excessive, et on [Mlle de Fontanges] répand comme on reçoit, Sévigné, 1er mars 1680. [Un roi qui] N'ouvre les mains que pour répandre, Et ne reçoit que pour donner, Rousseau J.-B. Odes, IV, 4.

  • 8Faire paraître. La douleur répandant de nouvelles grâces sur son visage, elle lui parla ainsi, Fénelon, Tél. VII.

    On dit dans un sens analogue : Cet auteur a répandu beaucoup d'agrément, beaucoup de jour sur cette matière. Notre curé de Meudon, dans son extravagant et inintelligible livre, a répandu une extrême gaieté et une plus grande impertinence, Voltaire, Dict. phil. Prior.

  • 9Proférer. Voilà, mes Pères, la source d'où naissent tant de noires impostures ; voilà ce qui en fait répandre à votre Père Brisacier, jusqu'à s'attirer la censure de feu M. l'archevêque de Paris, Pascal, Prov. X. Plus la raison manque, plus un homme violent répand d'injures, Bossuet, 4e avert. 4.
  • 10 Fig. Faire entrer dans l'esprit, dans l'âme. Vous comprenez bien la peine et l'aigreur immortelle que cette affaire [querelle de noblesse entre les Noailles et les Bouillon] répand chrétiennement dans les cœurs, Mme de Grignan, dans SÉVIGNÉ, t. V, p. 395, édit. RÉGNIER. Daigne, daigne, mon Dieu, sur Mathan et sur elle Répandre cet esprit d'imprudence et d'erreur, De la chute des rois funeste avant-coureur, Racine, Ath. I, 2. Partout en même temps la trompette a sonné ; Et ses sons et leurs cris dans son camp étonné Ont répandu le trouble et la terreur subite Dont Gédéon frappa le fier Madianite, Racine, ib. V, 6.
  • 11Propager. Saint Swibert, saint Willebrod et d'autres hommes apostoliques répandirent l'Évangile dans les provinces voisines, Bossuet, Hist. I, 11. Il y a donc un péché qu'Adam a introduit dans le monde ; qu'est-ce que l'introduire, si ce n'est le communiquer et le répandre ? Bossuet, Déf. de la tradition, IX, 5. La loi de l'holocauste répandit un usage qui se trouvait établi en tant de lieux, Hist. des Vest. dans DESFONTAINES. De là il envoya ses disciples dans toutes les Indes, où ils répandirent sa doctrine, Diderot, Opin. des anciens phil. (asiatiques). [Ulysse] Répandit les soupçons, éveilla les alarmes, Delille, Én. II.
  • 12Faire connaître, en parlant de bruits, de nouvelles. Tous ces messieurs l'ont tellement approuvé, que la chose a été résolue et répandue avant que j'en susse rien, Sévigné, à Bussy, 28 août 1668. Nous avons un peu répandu… les méchantes plaisanteries [touchant le siége d'Orange par M. de Grignan], Sévigné, 24 nov. 1673. La prompte renommée en répand la nouvelle, Voltaire, Tancr. V, 4. Je répandrai le bruit que vous avez pris la route des Indes, Voltaire, Zadig, 8.

    Répandre que, faire courir le bruit que. Les ennemis de la princesse des Ursins répandent qu'elle est mal avec le roi, Maintenon, Lett. au duc de Noailles, 3 sept. 1706. On avait répandu en Franche-Comté que le sel de Montmorot gâtait les fromages, objet d'une grande importance pour cette province, et qu'il empoisonnait les bestiaux, Condorcet, Montigni.

  • 13Se répandre, v. réfl. Être répandu, être versé. Les eaux se répandirent dans la campagne. Le sang de ces héros dont tu me fais descendre, Sans tes profanes mains saura bien se répandre, Racine, Iphig. V, 6.

    Fig. Avec ellipse du pronom personnel, faire répandre le verre, se dit, au propre, des gouttes de liquide qu'un verre répand, et fig. de la dernière chose qui produit une explosion de chagrin, de mécontentement, etc. (synonyme de faire déborder le vase). On dit que… le courrier de Bavière…, dont il [Pompone] ne vint rendre compte que le samedi à cinq heures du soir, a été la dernière goutte qui a fait répandre le verre, Sévigné, 6 déc. 1679.

    Être étendu, dispersé. Une odeur qui se répand au loin.

  • 14Être départi, distribué. Les aumônes de Madame, toujours abondantes, se sont répandues principalement sur les catholiques d'Angleterre, Bossuet, Duch. d'Orl. Entrons dans les desseins de la Providence, et admirons les bontés de Dieu, qui se répandent sur nous et sur tous les peuples dans la prédestination de cette princesse, Bossuet, Mar.-Thér. On vit de toutes parts mes bontés se répandre, Racine, Bérén. II, 2.
  • 15 Fig. Être épanché, par assimilation à quelque chose de liquide. La justice passe du prince dans les magistrats, et du trône elle se répand sur les tribunaux, Bossuet, le Tellier. Son génie se répandit sur toutes les parties de l'empire, Montesquieu, XXXI, 18.
  • 16 Fig. Passer dans l'esprit, dans le cœur. Vos lettres sont agréables comme vous ; on les lit avec un plaisir qui se répand partout, Sévigné, à Coulanges, 26 avr. 1695. La terreur se répandit parmi les peuples, Fléchier, Hist. de Théodose, II, 13.

    Se faire sentir. Cette privation [l'absence de biens quand on se marie] se répand et s'étend sur toute la vie, Sévigné, à du Plessis, 23 sept. 1689.

  • 17Être propagé. L'idolâtrie se répandait par tout l'univers, Bossuet, Hist. II, 2. Cité sainte dont toutes les pierres sont vivantes… cité qui se répand par toute la terre, et s'élève jusqu'aux cieux, Bossuet, Mar.-Thér. Voilà, chrétienne compagnie, ce qui fait le sujet de ma douleur, quand je vois se répandre dans le monde tant de livres sans choix, Bourdaloue, 5e dim. après Pâq. dominic. t. II, p. 212.
  • 18Être communiqué. Que peut-être, approchant ces amants trop heureux, Quelqu'un de mes malheurs se répandrait sur eux, Racine, Iphig. II, 1.

    Il se dit des bruits, des nouvelles. Le bruit s'en répandit aux environs, Bossuet, Hist. II, 10. Enfin je l'étouffai entre mes bras [le lion]… le bruit de cette action et celui du beau changement de tous nos bergers se répandit dans toute l'Égypte, Fénelon, Tél. II.

    Impersonnellement. Il s'est répandu que M. de Courtenvaux avait été renversé de quelques sacs de terre que le canon avait jetés sur lui, Pellisson, Lett. hist. t. III, p. 398. Il s'est répandu depuis quelques jours qu'elle [la future Dauphine] est très laide ; voilà tout ce que j'en sais, Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, 8 déc. 1681. Il se répand un bruit tumultueux, que les Parthes renouvellent leurs entreprises, Diderot, Claude et Nér. I, 43.

  • 19Être ébruité. Ce secret roule sous terre depuis plus de six mois ; il se répand un peu, Sévigné, 7 août 1675. Télémaque avait souvent remarqué que les résolutions du conseil se répandaient un peu trop dans le camp, Fénelon, Tél. XVI.
  • 20Se disperser sur la surface d'un pays. Les Goths, qui conquirent l'Espagne, se répandirent dans le pays, et bientôt se trouvèrent très faibles, Montesquieu, Esp. XV, 14. Ces multitudes prodigieuses de Huns, d'Alains, d'Ostrogoths, de Visigoths, de Vandales, de Lombards qui se répandirent comme des torrents sur l'Europe, au Ve siècle, Voltaire, Dict. phil. Population. Quoique ces casse-noix ne soient point oiseaux de passage, ils quittent quelquefois leurs montagnes pour se répandre dans les plaines, Buffon, Ois. t. V, p. 171.
  • 21Se répandre au dehors, chercher à paraître, à se montrer. Ne pensez pas à cette vaine et fastueuse religion qui se répand toute au dehors, et qui n'a que le corps et la superficie des bonnes œuvres, Fléchier, duc de Mont. Nous ne cherchons qu'à nous répandre au dehors et à exister hors de nous, Buffon, De l'homme.

    Se répandre dans le monde, voir la société. Pour moi, je mène à peu près la même vie que tu m'as vu mener : je me répands dans le monde, et je cherche à le connaître, Montesquieu, Lett. pers. 63. Le premier avantage que les gens de lettres trouvent à se répandre dans le monde, c'est que leur mérite est, sinon plus connu, au moins plus célébré, D'Alembert, Œuv. t. III, p. 30.

    Absolument. Cet homme aime à se répandre, craint de se répandre. Continuellement pressé par les inquiétudes qui le dévoreront, il [le pécheur] se répandra de tous côtés pour se délivrer de ces insupportables agitations de son cœur, Bossuet, Réfl. sur l'état des pécheurs.

  • 22Se répandre en, donner cours à ce qui s'exprime par le langage. Celui qui se répand en tant de paroles, n'écoutera-t-il pas à son tour ? Sacy, Bible, Job, II, 2. Sa fureur contre vous se répand en injures, Racine, Phèd. IV, 4. En lui répondant, il ne fait que se répandre en plaintes vagues, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VIII, p. 311, dans POUGENS. Nous dînâmes ; Mme d'Alain se répandit en cajoleries pendant le repas, Marivaux, Paysan parv. 3e part. Il ne se répandra pas en longs compliments ; mais comptez sur la sincérité de ceux qu'il vous fera, Diderot, Prom. scept. Mém. t. IV, p. 245, dans POUGENS. Il se sera répandu en murmures contre une autorité partiale, injuste, oppressive, Marmontel, Mém. VI.

    On dit en un sens analogue : se répandre sur. Il me semble que vous avez peur que je ne sois ridicule, et que je ne me répande excessivement sur ce sujet [la séparation d'avec Mme de Grignan] ; non, non, ma bonne, ne craignez rien, je sais gouverner le torrent, Sévigné, à Mme de Grignan, 5 juin 1675.

  • 23Se répandre à, se laisser aller à (tournure peu usitée). C'est ainsi qu'aux flatteurs on doit partout se prendre Des vices où l'on voit les humains se répandre, Molière, Mis. II, 5.
  • 24Se livrer à une effusion de cœur. Ils [le duc et la duchesse d'Orléans] me prièrent de les attendre, afin qu'ils me pussent entretenir et se répandre avec moi, Saint-Simon, 272, 178. Si j'écris quelques lignes où mon âme se répande, c'est toi seul qui m'inspires, Staël, Corinne, XVI, 3. … Ces cœurs généreux Qui, méconnus, s'ouvrent encore Pour se répandre aux malheureux, Lamartine, Harm. II, 5.
  • 25Paraître, se manifester au dehors. Souvent une pâleur mortelle se répandait sur son visage, Fénelon, Tél. VII.
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Étymologie de « répandre »

Re…, et épandre.

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 Dérivé de épandre, avec le préfixe re-.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « répandre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
répandre repɑ̃dr

Fréquence d'apparition du mot « répandre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « répandre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « répandre »

  • C'est à force de répandre le bon grain qu'une semence finit par tomber dans un sillon fertile.
    Jules Verne — Les Naufragés du “Jonathan”
  • On peut répandre la lumière de deux façons : être la bougie, ou le miroir qui la reflète.
    Edith Wharton
  • L’argent, c’est comme de l’engrais. Il faut le répandre partout, sinon il pue.
    Jean-Paul Getty
  • En opposant la haine à la haine, on ne fait que la répandre, en surface comme en profondeur.
    Gandhi — Tous les hommes sont frères
  • Dalf a appris, avec les surréalistes, à faire usage du tract et du manifeste, à répandre rapidement et fortement idées, programmes, attaques et justifications en tous genres.
    Salvador Dalí — Lettres à Picasso
  • Dieu n'a dispersé les Israélites que pour répandre leur croyance au milieu des nations.
    Le Talmud — Pesachim
  • Certaines femmes ne demandent à une amie de tenir une confidence secrète que pour mieux répandre une nouvelle.
    André Maurois — De la conversation
  • Faut savoir s’étendre Sans se répandre.
    Serge Gainsbourg — Pauvre Lola
  • Il est indigne des grands coeurs de répandre le trouble qu'ils ressentent.
    Clotilde de Vaux — Lucie
  • Les langues ont toujours du venin à répandre.
    Molière — Tartuffe
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Traductions du mot « répandre »

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Antonymes de « répandre »

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Répandre

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