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Palais

Définitions de « palais »

Trésor de la Langue Française informatisé

PALAIS1, subst. masc.

A. − Vaste demeure luxueuse d'un personnage important (souverain, chef d'État, etc.) ou d'un riche particulier. Les cours, plaids, parlements, les tribunaux de l'officialité, se tenaient dans les palais du suzerain ou de l'évêque (Viollet1875).L'art italien commençait dès cette époque à s'extérioriser, à s'appliquer de plus en plus à la décoration des palais d'une bourgeoisie enrichie (Faure,Hist. art,1914, p.491).Pour demeure, je n'ai pas voulu du palais de l'Élysée, marquant ainsi que je ne préjuge ni des institutions de demain, ni de la place que j'y prendrai (De Gaulle,Mém. guerre,1959, p.127):
1. Il voit les fortifications qui se découpent en étoile (...), les cours des palais où le soleil tarit les fontaines et les cloîtres des monastères où l'ombre tourne autour des piliers. Bertrand,Gaspard,1841, p.73.
SYNT. Palais ducal, épiscopal, impérial; palais du gouverneur, du gouvernement, du roi; palais florentin, vénitien; palais désert, magnifique; beau, grand palais; petit, vieux palais; palais de marbre; intérieur, salle, seuil, terrasse d'un palais; façades, murs d'un palais; jardins d'un palais; bâtir, décorer un palais; au fond d'un palais; entrer, pénétrer dans un palais; le palais du Louvre, des Tuileries.
1. [Le subst. empl. absol., au sing., avec ou sans majuscule, désigne un palais bien déterminé, selon le cont.] Notre bon frère Jérôme a été convoqué au Palais afin de donner l'absolution au Prince (Salacrou,Terre ronde,1938, i, 1, p.141):
2. On sait que, après l'abdication de Louis-Philippe en faveur de son petit-fils et la fuite de la famille royale, la duchesse d'Orléans, quittant le palais envahi, se rendit, avec ses deux enfants en bas âge (...) à la Chambre des députés... A. France,Pt Pierre,1918, p.114.
SYNT. Arriver, courir, se rendre au palais; sortir du palais; aux abords, aux portes du palais.
2. P.méton. Institution correspondante; ensemble de personnes entourant ce personnage important, plus particulièrement le souverain; cour du souverain. Le monde sait le palais qui divulgua les erreurs de l'héritier noble du célèbre commodore anglais (Chateaubr.,Mém.,t.4, 1848, p.362).L'attention est maintenant fixée sur l'attitude qu'adoptera le palais beylical (Le Figaro,19-20 janv. 1952, p.7, col. 6).
Subst. + de, du palais.Relatif à la cour, au gouvernement d'un souverain. Des intrigues de palais. La noblesse française, qui a servi Bonaparte dans les emplois du palais, prétendrait-elle y avoir été contrainte? (Staël,Consid. Révol. fr.,t.2, 1817, p.87).À ces impossibilités générales se joignent pour Bonaparte des tribulations domestiques et des soucis de palais (Chateaubr.,Mém.,t.2, 1848, p.600).
Révolution de palais. Soulèvement visant ou conduisant au changement d'un souverain, de son gouvernement. Un ancien ministre se montre-t-il assidu aux Tuileries? Est-il reçu intimement à Neuilly ou à Saint-Cloud? Vite il faut se défendre contre les révolutions de palais (Reybaud,J. Paturot,1842, p.383).P.anal. [Dans un régime non monarchique] [M. Murphy] tentait aussi de susciter, à Vichy même, une révolution de palais (De Gaulle,Mém. guerre,1956, p.9).
[En parlant d'une pers.] Du palais.Qui appartient à l'entourage d'un souverain, à la cour. Intendant, préfet du palais; les dignitaires du palais. Le Roi, Sully, un officier du palais (Legouvé,Mort Henri IV,1806, i, 3, p.348).Hé bien, monsieur le chambellan, y aura-t-il des dames du palais près de la nouvelle reine? (A. Daudet,Port-Tarascon,1890, p.205).
HIST. DU MOY. ÂGE. Comte du palais (v. comte I A 2); maire* du palais.
3. [P.allus. à un récit, en partic. à un conte de fée] Palais enchanté. M. Delteil (...) entrevoyait, plus beau qu'un palais des Mille et une Nuits, son grand dictionnaire édité par les Didot (Champfl.,Souffr. profess. Delteil,1853, p.233).
[P.compar. avec le palais de la Belle au bois dormant, pour indiquer un certain engourdissement, un manque de dynamisme] Leur outillage désuet, s'il était renouvelé, rapporterait bien plus qu'il ne coûterait. Leurs oeuvres sociales sont en retard de plusieurs lustres sur celles des pays voisins. Une grande partie de notre monde économique ressemble au palais de la Belle au bois dormant (Wilbois,Comment fonct. entr.,1941, p.13).
[P.allus. au palais d'Armide*] La jeune dame se coucha, ses femmes se retirèrent, et j'en allais faire autant, lorsque je la vis, un moment après, à travers l'espèce de brouillard dont ma lunette se couvrit, se relever doucement (...); à mon grand regret, le brouillard s'épaissit, et le palais d'Armide disparut à mes yeux (Jouy,Hermite,t.5, 1814, p.49).
4. P.anal. [La pie] s'envola à grand bruit, et regagna son palais de verdure (Musset,Hist. merle bl.,1842, p.58):
3. −Le vent, le vent pendant les nuits d'hiver lucides Pâlit les cieux et les lointains comme un acide. −Voici qu'il vient du pôle où de hauts glaciers blancs Alignent leurs palais de gel et de silence... Verhaeren,Mult. splendeur,1906, p.82.
5. P.exagér. Quel palais! Tel était l'ensemble et le contour de mon nouveau palais, partagé en deux pièces (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène,t.1, 1823, p.314):
4. Voilà un gîte suffisant, dit Glenarvan, s'il n'est pas confortable (...). −Comment donc, répondit Paganel, mais c'est un palais! Il n'y manque que des factionnaires et des courtisans. Nous serons admirablement ici. Verne,Enf. cap. Grant,t.1, 1868, p.109.
6. P.métaph. Le palais de la pensée. Dans le palais secret de son âme (Barrès,Voy. Sparte,1906, p.120).La connaissance n'est ni une mosaïque de résultats empiriques ni un palais de pures idées (Lacroix,Marxisme, existent., personn.,1949, p.54).
B. − Vaste bâtiment public abritant une assemblée, des services, un musée, construit spécialement dans ce but ou résultant de l'aménagement d'un palais (sens A) historique. Palais communal, municipal; palais des congrès, des sports; palais de la Découverte. Imprimerie d'art gigantesque, installée dans un palais construit spécialement et selon les méthodes les plus modernes (Arts et litt.,1936, p.76-4).Les palais espagnols des banques et des compagnies d'assurances, là-haut, dans l'ombre (Malraux,Espoir,1937, p.471).
Palais nationaux. ,,Bâtiments de caractère monumental, appartenant au domaine de l'État, affectés à un service public ou d'intérêt général (...) et dont l'administration est rattachée au département des Beaux-Arts`` (Cap. 1936). C'est le cas des collections de certains de nos palais nationaux (Arts et litt.,1935, p.84-12).
POLITIQUE
Palais (du Luxembourg, du Sénat). Édifice où siège le Sénat (autrefois le Sénat Conservateur, la Chambre des Pairs); institution correspondante. Le métier de secrétaire de rédaction est un des plus épineux qui soient (...). Il faut (...) l'esprit de curiosité: «Que se passe-t-il à la Chambre?... Au Palais?... au conseil des ministres? (...)» (L. Daudet,Brév. journ.,1936, p.217).Laurent (...) but un verre de bière et, par la rue de Médicis, gagna le palais du Sénat (Duhamel,Combat ombres,1939, p.253).
Palais(-Bourbon). Édifice abritant la Chambre des Députés ou l'Assemblée Nationale; institution correspondante. L'ovation du Palais-Bourbon à Barthou (Aragon,Beaux quart.,1936, p.403):
5. En achevant son inspection du terrain de combat [la Chambre des Députés], il aperçut dans la tribune militaire, debout, au premier rang, l'officier de service qui venait d'y entrer. Il reconnut sous l'uniforme le capitaine Andarran. Le poste du Palais était fourni ce jour-là par l'infanterie de marine... Vogüé,Morts,1899, p.367.
C. − Palais (de justice)
1. Palais de justice. Édifice où s'exerce la justice. Il sera chroniqueur judiciaire, et suivra, de palais de justice en palais de justice, les procès à sensation (Civilis. écr.,1939, p.42-5).
2. P. ell. de justice. [Avec ou sans majuscule] Au jour fixé, nous étions tous au Palais et dans la salle du tribunal (Reybaud,J. Paturot,1842, p.215).Quand il pleut, il va au théâtre applaudir les acteurs, au palais écouter les avocats (Encyclop. éduc.,1960, p.13).
P. méton. Institution correspondante; ensemble des personnes siégeant au palais de justice; profession d'avocat. C'était (...) ce qu'on appelait une bonne famille que celle des Arnauld (...) poussée de toutes parts dans la guerre, dans les finances et au Palais (Sainte-Beuve,Port-Royal,t.1, 1840, p.63):
6. Oui, c'est un fier coquin, des écus amoureux, Qui trente ans monnaya le coeur des malheureux, Et qui, fourré souvent dans mainte sale affaire, Au dire du Palais empoisonna son frère... Barbier,Satires,1865, p.18.
Subst. + de, du palais, Palais.Relatif à cette institution, à l'exercice de la justice. Gazette du Palais. Les vacances du Palais coïncidant avec celles du collège, août et septembre nous réunissaient ici (Mauriac,Noeud vip.,1932, p.103).
Gens de palais. Personnes siégeant au palais de justice. Contradictions exploitées fort habilement par les gens de palais, de finance et de commerce (Proudhon,Propriété,1840, p.329).
Jours de palais. Jours où siègent les tribunaux. C'est vous qui mènerez promener Cosette mes jours de palais (Hugo,Misér.,t.2, 1862, p.659).
[En parlant d'un mode d'expression] Qui est utilisé dans les actes judiciaires, les plaidoiries. Style de palais. Tiens, il faut prévenir les locataires quand il y a dans les maisons des cas redhibitoires... Ah! c'est un terme de palais, vous ne connaissez pas cela, vous (Dumas père, Chev. d'Harmental,1849, i, 1, p.217).Le journaliste qui se spécialise dans la chronique judiciaire (...) doit connaître parfaitement le jargon du Palais (Coston,A.B.C. journ.,1952, p.115).
Rem. Palais se rencontre parfois comme 1erélém. d'un mot comp., le second élém., également subst., indiquant l'aspect, la fonction de ce palais. Le redoutable palais-forteresse d'Avignon (Hugo, Rhin, 1842, p.434). Au-dessus des uniformes terrasses du palais-musée (Renan, Avenir sc., 1890, p.460).
REM.
Palazzo, subst. masc.,[mot ital.] Palais. Cette construction massive et sans originalité n'est qu'une médiocre contrefaçon de palazzo florentin (Réau,Archives, bibl., musées,1909, p.10).
Prononc. et Orth.: [palε]. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1050 paleis «demeure vaste et luxueuse appartenant ou ayant appartenu à un personnage important» (St Alexis, éd. Chr. Storey, 403); 2. ca 1140 «résidence d'un roi» (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 330); p.ext. 1674 «ensemble des personnes qui y vivent» (Mmede Sévigné, Lettre du 5 janv. ds Corresp., éd. R. Duchêne, t.1, p.656: dames du palais); 3. 1461 «édifice où siègent les différents tribunaux d'une ville» (Fr. Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1770); 4. 1759 «vaste bâtiment officiel consacré à un usage d'intérêt général» (Voltaire, Candide, p.121: palais des sciences). Du lat. palatium, qui désignait proprement le mont Palatin et qui prit à l'époque d'Auguste le sens de «palais impérial» parce qu'Auguste fit construire sa demeure sur cette colline de Rome; le mot désigna par la suite tous les palais impériaux, y compris hors de Rome, puis les palais des gouverneurs. Voir FEW t.7, pp.489-490a.

PALAIS2, subst. masc.

A. − Partie supérieure interne de la bouche en forme de voûte osseuse à l'avant terminée par une partie molle à l'arrière et séparant la bouche des fosses nasales. La langue colle au palais. Il cherche des yeux la carafe de cristal afin d'humecter son palais desséché (Lautréam.,Chants Maldoror, 1869, p.320).M. Urbain Levêque fit claquer sa langue contre son palais avec un bruit gourmand et appliqué (Duhamel,Nuit St-Jean, 1935, p.23).[Des troubles mineurs de la parole] sont causés par un placement défectueux de la langue par rapport au palais ou aux dents (Encyclop. éduc., 1960, p.204).
[Chez de nombreux animaux] Je n'ai encore reconnu la succession [de dents] par-devant, que dans un palais d'un poisson (Cuvier,Anat. comp., t.3, 1805, p.128).Kiki-La-Doucette, bâillant montre ses dents en aiguilles, le velours rose et sec de son palais (Colette,Dialog. bêtes, 1905, p.61).
ART CULIN. Un ragoût de palais de mouton (Ac. 1835, 1878). Palais de boeuf en allumettes. Vous commencez par couper vos palais en petits filets de la grosseur des allumettes (Gdes heures cuis. fr.,Grimod de La Reynière, 1838, p.160).
ANATOMIE
Palais mou ou voile du palais. Partie arrière molle, musculo-membraneuse du palais. Synon. voile palatin (v. palatin2).Était-ce donc une angine couenneuse? Pourtant, il n'avait pas remarqué de fausses membranes sur les piliers du voile du palais (Zola,Joie vivre, 1884, p.914).Le palais mou provoque l'ouverture ou la fermeture des fosses nasales (Ling.1972).
Palais dur, osseux ou voûte du palais. Partie antérieure osseuse du palais. Synon. voûte palatine (v. palatin2).Il se forme (...) une voûte complète, un palais osseux, qui sépare les fosses nasales de la région buccale antérieure (E. Perrier,Zool., t.4, 1928, p.2987).Sur les parois latérales du pharynx, un peu au-dessus de la voûte du palais, se trouve l'orifice de la trompe d'Eustache (Quillet Méd.1965, p.126).Pour la production des voyelles palatales (...) le dos de la langue se porte vers la partie antérieure de la cavité buccale, vis-à-vis du palais dur (Mounin1974, s.v. palatale).
Os du palais. Chacun des deux os qui terminent la voûte du palais. Synon. os palatin (v. palatin2).On voit des gens dont les os du palais ont été cariés et détruits par le virus vérolique (Geoffroy,Méd. pratique, 1800, p.536).
PHONÉT. Palais artificiel. Plaque épousant la forme du palais, recouverte de poudre blanche, permettant l'étude du contact de la langue lors d'une articulation. La palatographie consiste à fixer la trace des contacts linguaux sur des palais artificiels placés dans la bouche des sujets (Perrot,Ling., 1953, p.34).
[P.allus. à la Bible Ps. 136 (137), 6] Les portes de Jérusalem à jamais elles seront déverrouillées! Ah, que ma main se dessèche, et que ma langue s'attache à mon palais (...) Si jamais je m'oublie de toi, Jérusalem! (Claudel,Poés. div., 1952, p.846).
B. − P.méton. [Gén. accompagné d'un adj.]
1. Sens du goût (dont le siège principal est le palais). Avoir le palais fin; flatter le palais. L'odorat et le palais sont bien moins exercés que notre regard (Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p.52).
2. Personne possédant ce sens. Les palais les plus délicats s'arrangent très-bien des saucissons d'Arles, des mortadelles (Brillat-Sav.,Physiol. goût, 1825, p.258):
. Vous étiez, Josille, un fin palais. On m'a conté que vous reconnaissiez l'année d'un vin rien qu'à en rouler quelques gouttes sur votre langue. Pesquidoux,Livre raison, 1932, p.14.
C. − BOT. ,,Partie renflée au-dessus de la gorge, dans les fleurs en forme de mufle ou de masque`` (Fournier 1961).
Prononc. et Orth.: [palε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié du xiies. anat. (Psautier de Cambridge, 21, 16 ds T.-L.); 2. p.méton. ca 1220 (trad. de Martin de Braga, 509, ibid.: Fains escommueve ton palais Et non pas savors de palais). Du lat. vulg. du domaine gallo-roman *palatium, altération du lat. palatum «palais (de la bouche)» sous l'infl. de palatium (palais1*).
STAT.Palais1 et 2. Fréq. abs. littér.: 7079. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 16455, b) 10605; xxes.: a) 7640, b) 5785.

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

palais \pa.lɛ\ masculin singulier et pluriel identiques

  1. Vaste demeure urbaine d’un souverain, d’un prince, d'un chef d'État, d'un évêque, d’un haut dignitaire de l'Église (Par opposition au château, demeure située à la campagne).
    • C’est à La Marsa qu’habite Ali-Pacha-Bey : le prince régnant de Tunisie. La coutume oblige le souverain à demeurer ailleurs que dans un palais où est mort l'un de ses prédécesseurs. — (Eugène Blairat, Tunis : Impressions de voyages, Paris : Librairie Ch. Delagrave, 1891)
    • La rue de la République, à Nouméa, partait d'une jetée de bois sur la mer et gagnait, après le palais blanc du gouverneur, une autre rue, que des maisons, […], flanquaient à droite. — (Francis Carco, Maman Petitdoigt, La Revue de Paris, 1920)
    1. (Par extension) Résidence urbaine d'une grande famille.
      • Le palais Pitti.
      • Le palais Farnèse.
  2. Ancienne résidence royale ou seigneuriale transformée en musée ou abritant divers services et dont le nom s'est conservé.
    • Le palais de Westminster abrite le parlement britannique.
  3. (Par hyperbole) Maison magnifique.
    • Sa maison est un véritable palais.
  4. Ellipse de palais de justice, lieu où siègent les tribunaux.
    • C'est lui qui, au Palais, dans la salle des témoins, durant les Assises, a eu cette phrase pour faire avouer à un gros type qu'il était bien lui, le gros, l'auteur du crime qu'on imputait à l'autre, entre les deux cipaux. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • Gens de palais, les juges, avocats, avoués, huissiers, etc.
  5. (Par extension) (Droit) Ensemble des magistrats et officiers ministériels de toutes les chambres qui le composent.
    • Le palais s’accorde à penser que…
    • L’opinion du palais.
    • L’usage constant du palais.
  6. (Figuré) (Droit) Profession d’avocat.
    • Se destiner au palais.
  7. (Régionalisme) (Occitanisme) (Italianisme) Désigne de nombreux immeubles d'habitation, souvent de standing.
    • Les palais de Nice, le palais Lascaris

Nom commun 1 - français

palais \pa.lɛ\ masculin singulier et pluriel identiques

  1. (Anatomie) Paroi supérieure qui sépare la fosse nasale de la bouche, chez les êtres humains.
    • Marcoul ne peut s'abstenir de trinquer avec son sauveur. Il n'aime pourtant guère cet alcool lourd et râpeux, si dur au palais. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  2. (18e et 19e siècles) Cette même paroi, chez les animaux dont l'homme se nourrit.
    • Un palais de bœuf, un palais de mouton, un ragout de palais de bœuf, etc. — (Dictionnaire de l’Académie (de 1718 à 1878))
  3. Goût ; sens du goût.
    • Les arômes contribuent à rendre le produit agréable au palais, ce qui dépend essentiellement de la présence de produits laitiers ou de la matière édulcorante dans la formule. — (Germain Ménard et al., « La Biscuiterie industrielle », dans Armand Boudreau et Germain Ménard (coordonnateurs), Le Blé: éléments fondamentaux et transformation, Presses de l’Université Laval, Québec (QC), 1992, page 305)
    • Je me demande même si le contrôle de la fermentation malolactique, en atténuant l’acerbité habituelle, n'a pas aidé nos vins à conquérir le palais de nos compagnes. — (Émile Peynaud, Le vin et les jours, Bordas, 1988, Dunod, 2012)
    • Le condiment (littéraire) n'a que peu ou point d'action sur le palais de la foule. — (Baudelaire, l'Art romantique, XX, i.)
    • Grâce à cette méthode, les cuisiniers peuvent donc créer des recettes surprenantes mais qui ne décevront pas votre palais.— (Jacques Pezet, Le secret de la cuisine indienne percé par un algorithme, L’Obs, 4 juin 2015)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PALAIS. n. m.
Demeure vaste et somptueuse d'un souverain, d'un prince, d'un grand personnage. Les palais de nos rois. Louis XIV s'est fait construire le plus beau des palais. Le palais ducal de Nancy, de Nevers. La mort frappe du même pied le palais du riche et la chaumière du pauvre. Révolution de palais, Révolte qui a lieu dans l'intérieur du palais d'un souverain et qui a pour but de lui ôter la vie ou de le détrôner. Il se dit, par analogie, d'un Changement de direction dans une administration, dans le gouvernement intérieur d'une entreprise, d'une maison, etc.

PALAIS se dit également des Maisons considérables des grandes familles de la plupart des villes d'Italie. Le palais Pitti. Le palais Farnèse. Il se dit aujourd'hui d'Anciennes résidences royales ou seigneuriales qui ont été converties en musées ou utilisées pour des services publics. Le Palais de Versailles. Le Palais de Fontainebleau. Le Palais du Louvre. Le Palais du Luxembourg. Le Palais-Royal. Le Palais des Tuileries a été brûlé pendant la Commune.

PALAIS se dit, par exagération, d'une Maison magnifique. Sa maison est un véritable palais. Le palais de justice ou, absolument, Le palais, Le lieu où siègent les tribunaux. Le palais de justice de Rouen est un de nos plus beaux monuments, L'escalier du Palais de Justice. Jour de palais, Les jours où l'on plaide au palais. C'est aujourd'hui jour de palais. Gens de palais, Les juges, avocats, avoués, huissiers, etc. Style du palais, style de palais, termes de palais, Les formules, les termes de Procédure dont on se sert dans les actes judiciaires, dans les plaidoiries.

PALAIS se dit, par extension, de l'Ensemble des magistrats et officiers ministériels de toutes les Chambres qui le composent. Le palais s'accorde à penser que... L'opinion du palais. L'usage constant du palais. Il signifie quelquefois, figurément, la Profession d'avocat. Se destiner au palais.

Littré (1872-1877)

PALAIS (pa-lê ; l's se lie : un palê-z immense) s. m.
  • 1Maison vaste et somptueuse qui sert de logement à un grand personnage. Le nom du mont Palatin était Palatium, comme Capitolium celui du mont Capitolin ; ce mot palatium devint le nom de la maison d'Auguste, plus tard de l'ensemble d'édifices qui composaient le palais et finirent par couvrir la colline tout entière ; ce nom, qui fut d'abord celui d'un lieu où quelques pâtres campèrent, est resté dans presque toutes les langues modernes pour désigner la demeure des rois et des princes : singulière fortune d'un mot ! Ampère, l'Hist. rom. à Rome, t. I, p. 30. Et puis qu'est un palais qu'une maison pompeuse… ? Rotrou, Vencesl. II, 1. Que le chemin est court d'un palais au tombeau ! Rotrou, Bélis. V, 4. Dans ces superbes palais à qui Madame donnait un éclat que vos yeux recherchent encore, Bossuet, Duch. d'Orl. Des portes du palais elle sort éperdue, Racine, Brit. V, 8. Venez dans mon palais, vous y verrez ma gloire, Racine, Ath. II, 7. Le vieux palais des rois de Babylone, situé au côté oriental du fleuve, avait trente stades de circuit, c'est-à-dire une lieue et demie, Rollin, Hist. anc Œuv. t. II, p. 31, dans POUGENS. C'est ici le palais qu'ont bâti vos aïeux, Voltaire, Zaïre, II, 3. Huniaïou, fils de Babar, régna dans l'Inde avec des fortunes diverses ; c'était, dit-on, un bon astronome et plus grand astrologue ; il avait sept palais dédiés chacun à une planète, Voltaire, Polit. et législ. Fragm. hist. sur l'Inde, XXXIII. Dans nos palais, où près de la victoire Brillaient les arts, enfants des beaux climats, J'ai vu du nord les peuplades sans gloire De leurs manteaux secouer les frimas, Béranger, Dieu des bonnes gens.

    Poétiquement. Ces faux dieux qui n'ont jamais foulé De ce palais roulant le lambris étoilé, Rotrou, St Gen. III, 5.

    Les coutumes du palais, l'étiquette qu'on y observe. Les coutumes et les bienséances du palais [en Espagne], Bossuet, Mar.-Thér.

    Révolution de palais, révolte qui a lieu dans l'intérieur du palais d'un souverain.

    Maire du palais, voy. MAIRE.

    Palais national, nom donné aux Tuileries pendant la Révolution.

    Palais cardinal, le Palais-Royal, qui fut aussi appelé Palais Égalité et Palais du tribunat.

    Le palais du Luxembourg, celui où siége le sénat, ou siégeait la chambre des pairs.

    Palais du Corps législatif, celui où siége le corps législatif.

    Palais apostolique, la demeure du pape à Rome.

  • 2On a donné à plusieurs livres le titre de Palais : le Palais de l'Honneur, le Palais de la Gloire.
  • 3 Par exagération, maison magnifique. C'est un palais.

    Il se dit également des maisons considérables de la plupart des villes d'Italie. Le palais Farnèse.

  • 4Le Palais, ancienne résidence des rois de France, située là où est présentement à Paris le palais de justice.
  • 5Le palais de justice, ou, absolument, le palais, lieu où l'on rend la justice. Des sottises d'autrui nous vivons au palais : Messieurs, l'huître était bonne ; adieu, vivez en paix, Boileau, Sat. II. Pour augmenter l'effroi la Discorde infernale Monte dans le palais, entre dans la grand'salle, Boileau, Lutrin, IV.

    Les gens de palais, les juges, les avocats, etc. Tous les magistrats, tous les gens du palais, Pascal, Prov. II. Il se met en noir pour avoir l'air d'un homme de palais, Rousseau, Hél. II, 14.

    Jours de palais, jours où l'on plaide au palais.

    Style du palais, style de palais, termes de palais, formules, termes de pratique.

    Collectivement, le palais, tous les gens du palais. C'est l'opinion du palais.

    Fig. La profession d'avocat. Le palais ne l'a pas enrichi.

    Palais marchand, nom qu'on donnait quelquefois au palais de justice de Paris, à cause des boutiques qui s'y trouvaient.

  • 6Palais d'Éole, nom qu'on donne, en Italie, à des lieux souterrains, d'où l'on fait passer, par des canaux, une agréable fraîcheur dans les appartements d'été.

HISTORIQUE

XIe s. Mes larges terres dont jo aveie assez, Mes granz paleis de Rome la citet, St Alexis, LXXX. Quant vous serez au palais signoril, Ch. de Rol. X.

XIIe s. L'apostole de Rome fu en mi le palais, Sax. X.

XIIIe s. Einsi s'en entra li empereres en Constantinoble, et ala el palès de Blaquerne, Villehardouin, XCII.

XVIe s. Appelle à disner les plus apparens du palais du Mans, qui ne s'appeloit pour lors que la Salle, Despériers, Contes, t. I, p. 104, dans LACURNE.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

PALAIS, s. m. en Anatomie, est la chair qui compose le dedans, c’est-à-dire la partie supérieure & intérieure de la bouche. Voyez Bouche.

Du Laurens dit que ce mot vient du latin pali, parce que le palais est enfermé par deux rangs de dents, semblables à de petits pieux, que les Latins nommoient pali.

Le palais est une espece de petite voûte ou ceintre ; il est tapissé d’une tunique glanduleuse, sous laquelle sont un grand nombre de petites glandes visibles, conglomérées, de la grosseur d’un grain de millet à la partie antérieure, avec quantité de petits interstices, dont les conduits excrétoires perçant la membrane, s’ouvrent dans la bouche, mais sont beaucoup plus drues vers le fond, & forment un amas si considérable vers la racine de la luette, que toutes ensemble elles paroissent former une grosse glande conglomérée, que Verhey en appelle en effet glandula conglomerata palatina.

Vers le fond du palais derriere la luette, il y a un grand trou qui tout près de son origine se partage en deux, dont chacun des deux va aboutir à l’une des deux narines. Plusieurs prétendent que le palais est l’organe du goût. Voyez Goût.

L’os du palais est un petit os quarré, qui forme la partie enfoncée du palais, & se joint à la partie de l’os maxillaire, qui forme le devant du palais. Voyez Machoire supérieure.

Les os du palais sont au nombre de deux, situés aux parties latérales & postérieures des narines.

On distingue dans ces os deux plans, un petit horisontal, qui fait portion de la voûte du palais des fosses nasales, & est appellée portion palatine ; l’autre grand vertical, qui fait partie des fosses nasales : dans le plan horisontal deux faces ; une supérieure légerement concave dans sa longueur ; une inférieure plate & raboteuse : quatre bords, un latéral interne épais & un peu élevé en-dedans des fosses nasales ; un latéral externe rencontré à angle droit par le plan vertical ; un antérieur déchiré ; un postérieur tranchant légerement échancré, & se terminant à sa partie latérale interne en une pointe.

On remarque dans le plan vertical deux faces ; une latérale interne unie & divisée vers sa partie inférieure par une petite ligne saillante transversale, sur laquelle s’appuie l’extrémité postérieure des cornets intérieurs du nez ; une latérale interne raboteuse & creusée dans sa longueur en forme de gouttiere, qui se termine quelque fois au milieu du bord de rencontre des deux plans par un creux ; d’autres fois ce trou est formé en partie par l’os maxillaire avec lequel il est joint, on l’appelle trou palatin postérieur : quatre bords, un bord inférieur qui rencontre le bord latéral externe du plan horisontal ; à l’angle postérieur de rencontre une grosse éminence, appellée portion ptérigoïdienne, dans la partie postérieure de cette éminence deux fossettes pour recevoir l’extrémité inférieure antérieure des aîles de l’apophyse-ptérigoïde ; dans sa partie antérieure une petite apophyse qui s’engrene dans l’os maxillaire ; au bord supérieur sur la partie antérieure duquel on remarque une apophyse, nommée portion orbitaire, qui est unie à sa face supérieure & postérieur cellulaire, à sa face latérale interne, à la partie postérieure de cette apophyse ; une échancrure qui, avec l’os sphénoïde, forme le trou sphéno-palatin ou ptérigo-palatin ; un bord postérieur terminé par la portion ptérigoïdienne ; un bord antérieur mince, en forme d’angle, & quelquefois replié en dehors, & qui forme la partie postérieure de l’ouverture du sinus maxillaire.

Cet os est articulé avec son pareil, avec l’os sphénoïde, l’os éthmoïde, l’os maxillaire, le vomer & le cornet inférieur du nez. Voyez Sphenoïde, Éthmoïde, &c.

Palais, s. m. (Botan.) dans les fleurs, le palais est cette partie qui se trouve entre deux autres, semblables aux mâchoires ; ainsi l’espace qui est compris entre les deux mâchoires de la fleur du mélampyrum, s’appelle son palais.

Palais, (Géograph. mod.) petite place forte de France en Bretagne, capitale de l’île de Belle-Isle. Long. 14. 20. lat. 47. 20.

Il ne faut pas confondre ce Palais, capitale de Belle-Isle, avec Palais, village à 4 lieues de Nantes en Bretagne. Ce village, quoique pauvre village, est bien célebre dans l’histoire, pour avoir donné le jour à Pierre Abélard, que sur de fausses apparences d’infidélité les parens d’Héloïse firent cruellement mutiler ; lui qui n’aimoit au monde que cette savante fille, & qui l’aima jusqu’au tombeau ; lui qui étoit un des plus fameux & des plus habiles docteurs du xij. siecle, le plus grand dialecticien, & le plus subtil esprit de son tems.

Ce n’est pas tout, il eut encore à essuyer coup sur coup malheurs sur malheurs, par la jalousie de ses rivaux, & quelquefois par son imprudence. C’est ainsi qu’il lui échappa de dire étant au couvent de S. Denis, qu’il ne pensoit pas que leur S. Denis fût Denis l’Aréopagite, dont il est parlé dans l’Ecriture. L’abbé étant instruit de ces discours hors de saison, déclara qu’il livreroit à la justice du roi celui qui avoit l’audace de renverser la gloire & la couronne du royaume. Abélard se sauva de nuit en Champagne, & se crut trop heureux d’obtenir après la mort de l’abbé de S. Denis la permission de vivre monastiquement loin de Paris.

Il vint au Paraclet, des écoliers l’y suivirent en foule ; & ses ennemis en plus grand nombre lui rendirent dans cet hermitage même la vie tellement amere, qu’il fut sur le point de se retirer hors de la chrétienté ; mais son étoile ne lui permit pas de se procurer ce repos.

On lui fit un procès d’hérésie devant l’archevêque de Sens, & l’on convoqua sur cette affaire l’an 1140 un concile provincial, auquel le roi Louis VIII. voulut assister en personne. S. Bernard étoit l’accusateur, Abélard fut bientôt condamné. Le pape Innocent II. confirma la condamnation, en ordonnant que les livres de l’hérétique seroient brûlés, qu’il ne pourroit plus enseigner, & qu’on l’emprisonnât.

Il étoit perdu sans Pierre le Vénérable, qui, touché de son triste sort & de la beauté de son génie, le reçut favorablement dans son abbaye de Clugny, & lui réconcilia S. Bernard, le promoteur de l’oppression que l’innocence avoit soufferte dans le concile de Sens & à Rome. Mais de si longs malheurs consécutifs avoient tellement délabré la santé d’Abélard, qu’il n’étoit plus tems d’y porter remede. Envain l’abbé de Clugny l’envoya pour le rétablir dans le prieuré de S. Marcel, lieu pur & agréable, situé sur la Saône auprès de Châlons ; il y mourut bientôt après le 21 Avril 1142, à l’âge de 63 ans. Voyez dans Bayle son article, joignez-y les articles Héloïse, Berenger de Poitiers, Ambroise (François) Froulques, & vous aurez dans le même dictionnaire l’histoire complette d’Abélard. (D. J.)

Palais, s. m. (Architect.) bâtiment magnifique, propre à loger un roi ou un prince. On distingue les palais en palais impérial, royal, pontifical, épiscopal, cardinal, ducal, &c. selon la dignité des personnes qui l’occupent.

On appelle aussi palais le lieu où une cour souveraine rend la justice au nom du roi, parce qu’anciennement on la rendoit dans les palais des rois.

Selon Procope, le mot palais vient d’un certain grec, nommé Pallas, lequel donna son nom à une maison magnifique qu’il avoit fait bâtir. Auguste fut le premier qui nomma palais la demeure des empereurs à Rome sur le mont qu’on nomme à cause de cela le mont palatin. (D. J.)

Palais, (Antiq. rom.) le nom de palais vient du mont palatin à Rome, sur lequel étoit assise la maison des empereurs. De-là les hôtels ou maisons des rois, princes & grands seigneurs, prirent le nom de palais : Nam quia imperii sedes in eo constituta fuit, cujusvis principis aulam, aut splendidi hominis domum, palatium dicimus. Auguste fut le premier qui se logea au mont palatin, faisant son palais de la maison de l’orateur Hortensius, qui n’étoit ni des plus grandes, ni des mieux ornées de Rome. Suétone nous la dépeint, quand il dit : Habitavit posteà in palatio, sed ædibus modicis Hortensianis, neque cultis, neque conspicuis.

Ce palais fut ensuite augmenté par Tibere, Caligula, Alexandre fils de Mammée, & autres. Il subsista jusqu’au regne de Valentinian III. sous lequel n’étant ni habité, ni entretenu, il vint à tomber en ruine. Les seigneurs romains avoient leurs palais, ou plutôt leurs hôtels sous le nom de domus, qui ressembloient par leur grandeur à de petites villes, domos cognoveris, dit Saluste, in urbium modum ædificatas. Ces sont ces maisons que Séneque appelle, ædificia privata, laxitatem urbium magnarum vincentia. Le grand-seigneur de Rome s’estimoit être logé à l’étroit, si sa maison n’occupoit autant de place que les terres labourables de Cincinnatus. Pline dit plus, lorsqu’il assûre que quelques-uns y avoient des vergers, des étangs, des viviers & des caves si vastes, qu’elles passoient en étendue les terres de ces premiers citoyens de Rome que l’on tiroit de la charrue à la dictature. Ces palais contenoient divers édifices, qui formoient autant d’appartemens d’été & d’hiver, ornés chacun de galeries, salles, chambres, cabinets, bains, tous enrichis de peintures, dorures, statues, bronzes, marbres, & de pavés superbes de marqueterie & de mosaïque. (D. J.)

Palais galienne, (Antiq.) nom d’un reste d’amphithéâtre que l’on voit près de Bordeaux à la distance d’environ quatre cens pas. Il est le moins bien conservé de tous ceux qui sont en France, si l’on en excepte celui de Lyon, & ce qui a été détruit, faisoit près de trois quarts de l’édifice : ce qui reste, peut cependant faire juger de son ancienne beauté. Il étoit bâti de petites pierres fort dures toutes taillées, de trois pouces de haut & autant de large sur le parement de la muraille, & rentrant en-dedans d’environ cinq à six pouces. Ce parement étoit entrecoupé d’un rang de trois grosses briques qui regnoit tout à l’entour de chaque côté. Les arceaux des portes étoient aussi entrecoupés de brique, ce qui, pour la couleur, contrastoit agréablement avec la pierre ordinaire, & présentoit un coup-d’œil symmétrique & varié. Ces matériaux étoient si fortement unis ensemble par leur assemblage & par une certaine espece de ciment, que depuis près de douze siecles il ne s’est détaché aucune pierre de tout ce qui reste d’entier. La solidité, dont on juge que cet édifice devoit être, fait croire que nous l’aurions encore dans son premier état, si l’on n’eût travaillé tout exprès à le détruire. Sa forme étoit elliptique ou ovale. Il y avoit six enceintes, en y comprenant l’arene, c’est-à-dire le lieu où se faisoient les combats d’hommes ou d’animaux. On a trouvé que sa longueur devoit être de 226 piés, & sa largeur de 166.

Comme on n’a découvert aucune inscription qui puisse fixer l’époque de l’érection de ce monument, on ne peut assûrer rien de positif à ce sujet. Le nom de palais galienne qui lui est resté pourroit donner lieu de croire qu’il fut élevé sous le regne de cet empereur.

Une fable, conservée par Rodéric de Tolede, attribue la construction de ce prétendu palais à Charlemagne, qui le destina, dit-il, à Galienne son épouse, fille de Galastre, roi de Tolede : mais l’ignorance seule des derniers siecles a pu accréditer ce conte. La forme du monument ne laisse aucun lieu de douter que ce ne soit un amphithéâtre. Outre cela de vieux titres latins de l’église de S. Severin qui en est voisine, & qui ont plus de 500 ans d’antiquité, lui donnent le nom d’arènes, que la tradition lui avoit sans doute conservé. Voyez le recueil de littérat. tome XII. in-4°. (D. J.)

Palais, comte du, (Hist. de France.) charge éminente sous la seconde race des rois de France : sous la premiere race, le comte du Palais étoit fort inférieur au maire, quoiqu’il fût cependant le juge de tous les officiers de la maison du roi, & qu’il confondît dans sa personne tous les autres offices que l’on a vû depuis, tels que le bouteiller, le chambrier, &c. Cette charge s’éleva sous la deuxieme race, tandis que celle de maire fut anéantie ; & sous les rois de la troisieme, celle de sénéchal anéantit celle de comte du palais, dont l’idée nous est restée dans le grand-prevôt de l’hôtel. Le connétable, qui ne marchoit qu’après le comte du palais sous la deuxieme race, devint le premier homme de l’état sous la troisieme, & la charge de sénéchal finit en 1191. P. Hainault. (D. J.)

Palais, (Jurisprud.) est une maison dans laquelle un roi ou autre prince souverain fait sa demeure ordinaire.

Le palais qui est à Paris dans la cité & dans lequel le parlement & plusieurs autres cours & tribunaux tiennent leurs séances est ainsi appellé, parce que c’étoit la demeure de plusieurs de nos rois jusqu’au tems de Louis Hutin, qui l’abandonna entierement pour y faire rendre la justice.

A l’imitation de ce palais de Paris, on a aussi dans plusieurs grandes villes donné le titre de palais à l’édifice dans lequel se rend la principale justice royale, parce que ces sortes d’édifices où l’on rend la justice au nom du roi sont censés sa demeure.

Les maisons des cardinaux sont aussi qualifiées de palais, témoin le palais cardinal à Paris, appellé vulgairement le palais royal.

Les maisons des archevêques & évêques n’étoient autrefois qualifiées que d’hôtel, aussi-bien que la demeure du roi, présentement on dit palais archiépiscopal, palais épiscopal.

Du reste aucune personne quelque qualifiée qu’elle soit, ne peut faire mettre sur la porte de sa maison le titre de palais, mais seulement celui d’hôtel. (A)

Palais, terme de Pêche, usité dans le ressort de l’amirauté de Marennes. La description en est faite à l’article Salicots.

Palais, Saint, (Géog. mod.) petite ville de France dans la basse Navarre, au diocese de Bayonne, sur la Bidouse, à 5 lieues de S. Jean Pié-de-Port, à qui elle dispute l’honneur d’être la capitale de la Navarre. Long. 16. 35. latit. 43. 20.

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Étymologie de « palais »

Provenç. palai, palait ; cat. palasi ; esp. palacio ; ital. palazo ; du lat. palatium (voy. au commencement de l'article ce que dit Ampère de l'origine de ce mot).

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(Nom 1) Du latin palatum (« palais, sens du goût »).
(Nom 2) Du latin palatium (« palais des Césars sur le mont Palatin, à partir d’Auguste »).
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Phonétique du mot « palais »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
palais palɛ

Fréquence d'apparition du mot « palais » dans le journal Le Monde

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Évolution historique de l’usage du mot « palais »

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Citations contenant le mot « palais »

  • On atteint plus vite le ciel en partant d'une chaumière que d'un palais.
    Saint François d'Assise
  • Le caramel fréquente le palais et menace la couronne.
    Tristan Bernard
  • La perfection du palais buccal est l'apanage des hommes d'esprit.
    Léon Daudet — Souvenirs
  • Les Incas avaient des palais incrustés d'or et couverts de paille : emblème de bien des gouvernements.
    Voltaire — Le sottisier
  • L’égoïste démolit un palais pour prendre une tuile.
    Proverbe ladino
  • L’âme du gourmand est toute dans son palais.
    Jean-Jacques Rousseau
  • Maison de paille où l’on rit vaut mieux qu’un palais où l’on pleure.
    Proverbe chinois
  • Une petite maison en ruine vaut mieux qu'un palais en commun.
    Proverbe arabe
  • Le palais conduit à la gloire, le marché à la fortune et la solitude à la sagesse.
    Proverbe chinois
  • Destiné par ta naissance à la poussière, pourquoi ériges-tu dans ce monde ici-bas des palais élevés ?
    Farid Al-Din 'Attar
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Images d'illustration du mot « palais »

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Traductions du mot « palais »

Langue Traduction
Anglais palace
Espagnol palacio
Italien palazzo
Allemand palast
Chinois
Arabe قصر
Portugais palácio
Russe дворец
Japonais 宮殿
Basque jauregia
Corse palazzu
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Synonymes de « palais »

Source : synonymes de palais sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « palais »

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Nombre de points du mot palais au scrabble : 8 points

Palais

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