La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « mine »

Mine

Variantes Singulier Pluriel
Féminin mine mines

Définitions de « mine »

Trésor de la Langue Française informatisé

MINE1, subst. fém.

I. − Vieilli. Aspect physique.
A. −
1. [En parlant d'une pers.; s'emploie uniquement sous la forme de loc.] Aspect extérieur, allure générale et impression qu'elle produit sur autrui.
a) Loc. adj. De (bonne, grande) mine; de (petite, mauvaise) mine. Dont l'apparence, l'allure laissent apparaître l'appartenance à une catégorie sociale élevée ou modeste. Un homme était si pauvre et de si pauvre mine Que son porte-monnaie était couvert d'épines (Jammes,Géorgiques, chant 6, 1912, p.47):
1. ... elle vit passer quelqu'un de si grande mine qu'elle demanda son nom. − «Son Altesse Royale Monseigneur le Prince Robert de Courtenay, ayant droit au trône,» dit Gadagne. Péladan,Vice supr., 1884, p.153.
b) Loc. verb.
Avoir bonne mine. Avoir belle allure, faire bonne impression. Vous avez bonne mine à cheval, Alain. − Monsieur est trop obligeant. Mademoiselle a meilleure mine que moi (Feuillet,Rom. j. homme pauvre, 1858, p.126):
2. Un jeune homme, qu'un monsieur important et distingué aborde pour lui confier une commission délicate (...) et l'associer à sa fortune, est quelqu'un qui a bonne mine, et qui ne finira pas peintre en bâtiment. Romains,Homme bonne vol., 1932, p.257.
Par antiphrase, fam. Avoir l'air ridicule. Je devais avoir bonne mine les quatre fers en l'air dans mon voiturin (Queneau,Pierrot, 1942, p.33).
Avoir la mine de + subst. désignant une catégorie soc., un grade.Avoir l'air, l'apparence de. Deux ou trois [des soldats] cherchaient parmi les passants un citoyen qui eût la mine d'un savant (Balzac,Chouans, 1829, p.70).Il avait, ainsi armé, la mine d'un prince (Gobineau,Nouv. asiat., 1876, p.242).
Avoir la mine de + inf.Avoir l'air de. Tous ces gens-là ont la mine de se bien porter (Courier,Lettres Fr. et It., 1821, p.906).MlleBarbereu son associée et maîtresse, fille active, commune, de trente ou trente-cinq ans, qui m'avait fort la mine de faire des scènes et des cornes à son amant et de le désennuyer ferme (Stendhal,H. Brulard, t.1, 1836, p.397).
c) Arg. et pop., loc. nom. Mine-de-rien. Propre-à-rien. Hé, Min' de rien, j'te cause! (...) Tu m' rappell', sais-tu bien, Feu défunt l'as de piq', ton ancêtr', Min' de rien! (Esnault,Notes compl. Poilu, [1919] 1956).
2. Fam. [En parlant d'un inanimé] Aspect. Ne vous effrayez pas trop de la pauvre mine de ma maisonnette, dit le marquis à son hôte (Sand,Beaux MM. Bois-Doré, t.1, 1857, p.64).
a) Loc. adj. De (bonne, mauvaise) mine. Dont l'apparence, l'état laissent apparaître certaines caractéristiques. Au milieu de ces tanières s'élève un haut bâtiment de bonne mine, à larges fenêtres (Du Camp,Hollande, 1859, p.121).C'était une plante de triste mine, herbacée, à feuilles alternes (Verne,500 millions, 1879, p.139).
b) Loc. verb. Avoir bonne mine. Avoir belle apparence. Ses fruits déguisés avaient aussi bonne mine que ceux des confiseurs (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p.93).
B. − [En parlant d'une pers.] Aspect purement extérieur par opposition à sa nature profonde, à son caractère. Synon. apparence.C'est ainsi qu'elles se jettent dans les bras du premier niais venu, confiantes en sa grande mine (Zola,Contes Ninon, 1864, p.134).Eh bien! ça prouve que tu es plus fort que tu n'en as la mine (A. Daudet,Jack, t.2, 1876, p.205).
1. Loc. adv. Sur la mine. Sur l'apparence extérieure. Il paraît qu'il ne faut pas juger les gens sur la mine (Gracq,Syrtes, 1951, p.265).Je me confie à vous, sans précautions, sur votre seule mine (Camus,Chute, 1956, p.1478):
3. Ces personnages [de la Reddition de Bréda par Velasquez] n'auraient pas besoin de faire leurs preuves pour être admis dans les ordres de Santiago et de Calatrava. Ils seraient reçus sur la mine, tant ils sont naturellement hidalgos. Gautier,Guide Louvre, 1872, p.277.
2. Loc. verb.
Fam. Faire mine de rien. Ne manifester aucun sentiment, aucune réaction. Synon. faire comme si de rien* n'était:
4. Dès que j'eus atteint l'âge de cinq ans personne ne put plus douter que j'étais sa fille [du comte de Vigenève] et que ma mère femme d'une petite taille avait fauté avec notre aristocrate patron. Mon père qui n'était guère grand fit mine de rien car il craignait les baffes de son épouse... Queneau,Loin Rueil, 1944, p.213.
Loc. adv., fam. Mine de rien. Sans en voir l'air. Mine de rien, je sors, je rentre, et si j'oublie un peu ma petite famille, au nom d'un excès de travail, qu'on veuille bien m'en excuser (H.Bazin,Qui j'ose aimer, 1956, p.149).
Fam., vieilli. Payer de mine. Avoir belle apparence mais peu de qualités ou de santé. Il paie de mine, mais au fond c'est un sot. Je paye de mine, mais je ne me porte pas bien (Ac. 1835, 1878).
Rem. Cette loc. s'emploie plutôt de nos jours à la forme négative et en parlant indifféremment d'animés ou d'inanimés. Ne pas payer de mine (fam.). Ne pas avoir belle apparence, mais avoir en revanche d'excellentes qualités. L'hôtel ne paie pas de mine, mais la cuisine est à se lécher les doigts − toute au beurre (Bernanos, Mauv. rêve, 1948, p.991). J'entends bien qu'il faut se garder, surtout en politique de juger les gens sur leur figure. Truman ne payait pas de mine: il fut pourtant le moins mauvais des présidents du dernier quart de siècle (Mauriac, Nouv. Bloc-notes, 1961, p.280).
Faire mine de + inf. Faire semblant de + inf. Parfois, je faisais mine de me passionner pour une cause étrangère à ma vie la plus quotidienne. Dans le fond pourtant, je n'y participais pas (Camus,Chute, 1956, p.1499).
[Avec ell. de l'inf.] :
5. ... je te dis ce ne sera qu'illusion que leurre rien n'est possible qu'un mensonge ils feront mine écoute-moi ce ne sera qu'une apparence ils ne t'aimeront jamais ils ne t'accepteront jamais comme un des leurs... Aragon,Rom. inach., 1956, p.180.
Rare. Faire mine de + subst. désignant une pers. dans une certaine attitude. Faire semblant d'être. Hélène a dormi ou fait semblant. Je ne sais pourquoi je me crus bêtement obligé de faire mine d'adorateur pendant ce temps (Delacroix,Journal, 1824, p.81).
II. − Aspect du visage.
A. − Vieilli. Visage. Synon. fam. frimousse.Céline, avec (...) ses petits yeux gris, clairs et profonds, ses narines découpées (...) son menton fendu, sa petite mine longue (Goncourt,Soeurs Philom., 1861, p.36).J'embrasse vos deux mines, et la tienne particulièrement. Ton vieil oncle (Flaub.,Corresp., 1869, p.28).
B. − Aspect du visage reflétant un état de santé. Monsieur Pascal a une bonne santé. Ça se voit à la mine (Bosco,Mas Théot., 1945, p.41).
Loc. verb.
Avoir bonne mine; avoir une mine florissante, superbe. Avoir un visage reposé et coloré, reflétant une bonne santé. Paule ouvrit: − C'est toi! C'est bien toi! Un moment elle resta immobile dans ses bras et puis elle recula: «Tu as bonne mine; tu es bronzé!...» (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.97).
Avoir mauvaise mine; fam., avoir (une) petite mine, une sale mine, une mine de déterré, une mine à faire peur. Avoir un visage fatigué ou reflétant une mauvaise santé. Panisse: Alors, la petite est encore fatiguée? Honorine: Ah! Ne m'en parlez pas, vé! Elle a encore une mine de papier mâché (Pagnol,Fanny, 1932, i, 1ertabl., 3, p.16).Vous paraissez abattu, tout d'un coup. Vous avez les yeux fiévreux et je vous trouve mauvaise mine. Seriez-vous malade? (Aymé,Cléramb., 1950, i, 6, p.42).
Fam. Reprendre de la mine. Retrouver un visage reposé et reflétant une bonne santé. Je trouvais Robinson beaucoup moins inquiet à présent qu'au moment de son arrivée. Il avait repris de la mine et trois kilos (Céline,Voyage, 1932, p.567).
C. − Expression du visage reflétant un état d'esprit, un sentiment. Mine avenante, joyeuse, réjouie, souriante; mine bouleversée, dépitée, sévère, tendue. Vous avez vu sans doute ces MM. Hachette. Quelle mine ont-ils fait en lisant ma lettre? (Hugo,Corresp., 1862, p.427).Au milieu des réjouissances survinrent deux cavaliers, et à leur mine on comprit tout de suite ce qui venait de se passer (Tharaud,Mille et un jours Islam, II, 1938, p.179).
1. Loc. verb.
Avoir la mine longue, allongée; faire triste mine; faire une petite mine. Avoir un visage qui exprime du dépit, du désappointement. Spears, la mine longue, m'apportait des télégrammes (...) qui donnaient comme probable que De Gaulle, désespéré, (...) allait renoncer à toute activité (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p.109):
6. Un poëte de ses amis, qui ne l'avait pas vu depuis son divorce, le rencontra un soir; Rodolphe paraissait affairé et soucieux (...). Voyant qu'il avait la mine allongée, il crut devoir prendre un ton condoléant. − Allons, du courage, mon cher... Murger,Scène vie boh., 1851, p.257.
Fam. Faire la mine; faire sa mine; faire grise mine; faire une mine de trois pieds de long. Synon. faire la tête*, faire la gueule* (pop.).Elle m'a fait une mine de trois pieds de long (Mérimée,Lettres Grasset, 1838, p.122).M. Lechevallier qui, depuis trois ans, me faisait grise mine, est devenu tout miel aux premiers compliments que je lui ai glissés (Gide,Journal, 1930, p.1003).
Faire froide mine (à qqn). Refuser de l'accueillir ou l'accueillir avec froideur. Depuis quelque temps Vauxdoré ne vient plus chez son ami Troupeau, qui ne lui proposait jamais une partie, et dont la femme lui faisait froide mine (Kock,Pucelle, 1834, p.196).
Faire bonne mine (à qqn). Lui réserver un bon accueil ou être d'un abord agréable. La plupart [des soldats] logeaient chez les bourgeois; mais, pour dire la vérité, les gens ne nous faisaient pas bonne mine (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.2, 1970, p.158):
7. Je fréquente quelquefois des gens qui m'ont volé et calomnié, et je leur fais aussi bonne mine qu'à d'autres, parce que, dans le fond, je les aime tout autant, ou tout aussi peu que d'autres. Flaub.,Corresp., 1847, p.2.
2. Expr. Faire bonne mine en/à mauvais jeu. Dissimuler sa tristesse, ses soucis en manifestant une gaieté ou un calme affectés:
8. ... j'ai un bon moyen de supporter votre absence, j'ai découvert que vous étiez présent dans votre livre. Présence réelle, celle-là. Cependant, en disant ceci, je fais bonne mine à mauvais jeu. Au fond, je suis triste. Si je vous manque un peu, vous me manquez beaucoup. Hugo,Corresp., 1873, p.341.
III. − Au plur. Jeux de physionomie; expressions du visage. J'espérais lui ouvrir le coeur avec les gestes de l'enfant, ses petites mines, ses cheveux fins qu'elle aimait tant à coiffer (A.Daudet,Évangéliste, 1883, p.284).Malgré les mines affligées de MmeLoiseau, les Slavsky passaient tout leur temps à la villa de Louise (Triolet,Prem. accroc, 1945, p.232).
Loc. verb. Faire des mines (à qqn). Faire des signes dans le but de faire comprendre des choses qui ne peuvent être dites. Pendant toute la scène, Rochester [pieds nus, la corde au cou] fait des mines à Francis qu'il a aperçu dans la tribune en entrant (Hugo,Cromwell, 1827, p.371).
[En parlant d'une femme] Attirer l'attention par des coups d'œil, des expressions du visage ou des attitudes destinées à séduire. Synon. minauder.Inès: (...) tu te frottais contre lui et tu faisais des mines pour qu'il te regarde. Estelle: Et après? (Sartre,Huis clos, 1944, 5, p.139).
Prononc. et Orth.: [min]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) xives. [ms. du xvies.] faire mines «faire des grimaces» (Combat de Saint Pol contre les Carmois, 336 ds Trouvères belges, éd. A.Scheler, t.1, p.254); 1464 faire faulce myne (La Farce de Maistre Pathelin, éd. J.-Cl. Aubailly, 1246); b) fin xves. faire bonne mine «avoir un air de gaieté et de satisfaction, quels que soient les sentiments véritables» (Repues franches II, 147 ds Renson, p.398); 1476 monstrer bonne mine (J.Molinet, Chroniques, éd. G. Doutrepont, t.1, p.162); 1573 faire la mine à qqn «manifester sa méchante humeur» (Facétieuses nuits II, 133 ds Renson, p.409); 1588 faire une maigre mine à qqn «faire mauvais accueil à» (Montaigne, Essais, II, 3, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t.1, p.358); 1639 faire bonne mine à qqn «faire bon accueil à» (Mairet, Solyman, I, 1); 1649 faire triste mine à qqn «faire mauvais accueil à» (Scarron, Virgile travesti, III, éd. 1786, t.4, p.189); c) ca 1525 faire des mines «exprimer ses sentiments par une mimique appropriée» (Mém. de Rob. de la Marck, seigneur de Fleuranges, p.234 ds La Curne); 1611 faire la mine «être de méchante humeur» (Cotgr.); d)1558 faire des mines «faire des manières» (Des Périers, Nouvelles récréations et joyeux deirs, 35, éd. K. Kasprzyk, p.159); 1673 faire des mines à qqn «chercher à plaire à quelqu'un en faisant des manières» (Mmede Sévigné, Lettre à Mmede Grignan du 21 oct. ds Lettres, éd. Ad. Régnier, t.3, p.247); 1715-1735 «avertir quelqu'un par une mimique significative» (Lesage, Gil Blas, 255 ds Renson, p.413); 1619 sans faire mie de rien ([J.Chapelain], trad.: M. Aleman, Le Gueux, I, 269 ds Quem. DDL t.19); 1774 sans faire mine de rien (Le Cri du coeur, 9, ibid.); e) 1527 faire mine de faire qqc. «faire semblant de» (Loyal Serviteur, Hist. de Bayart, 183 ds Renson, p.411); 2. a) ca 1452 myne «apparence naturelle du visage et de tout le corps qui révèle sentiments ou qualité, fortune ou rang social» (Arnoul Gréban, Passion, 22407 ds Renson, 399); 1644 avoir bonne mine «avoir l'apparence d'une bonne santé» (Guez de Balzac, Discours, 367, ibid.); b) 1538 «mimique par laquelle on exprime ses sentiments réels ou simulés» (Est.); 1542-1549 mines plur. «attitudes, manières affectées par lesquelles on capte l'attention d'autrui» (Marguerite d'Angoulême, Heptaméron LXX ds Renson, p.401); 1580 «signes qu'un muet fait pour faire comprendre ce qu'il ne peut pas dire» (Montaigne, Essais, I, 26, éd. citée, t.1, p.169); c)1616 mine «aspect que présente quelque chose» (A. d'Aubigné, Tragiques ds Œuvres, éd. E. Réaume et De Caussade, t.4, p.39); d)1640 avoir la mine (d'être + adj.) «avoir l'air, paraître (d'une personne)» (Oudin Curiositez); e)1669 payer de mine «avoir une apparence qui prévient favorablement» (Widerhold Fr.-All.); 1835 «avoir bonne apparence, mais sans grand fond ou mérite» (Ac.); 1835 ne pas payer de mine (Ac., s.v. payer); f)1954 avoir bonne mine «s'être couvert de ridicule» (M. de Saint-Pierre, Les Aristocrates, XVI ds Rob.). Peut-être empr. au bret. min «bec, museau». L'all. Miene «mine, air» est empr. au fr. FEW t.20, pp.13b-14a. Bbg. Duch. Beauté 1960, p.157. _ Quem. DDL t.19. _ Renson (J.). Les Dénominations du visage en fr. et ds les autres lang. rom. Paris, 1962, pp.398-415. _ Sain. Sources t.1 1972 [1925], p.383.

MINE2, subst. fém.

I.
A. −
1. Vieilli. Substance minérale ou fossile existant à l'état naturel sous terre ou en surface. Synon. mod. minerai.J'ai pourtant jeté en passant un coup-d'œil sur M. Demidow, examinant un échantillon de mine de fer [nom d'un tableau dans une exposition] au milieu des montagnes couvertes de neige où il se promène (Jouy,Hermite,t.3, 1813, p.320).Monceaux de roches de couleur grise, avec des veines noires qui reluisent comme de la mine d'argent (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p.210).
2. Mine de/du platine. ,,Minerai de platine où l'on trouve aussi l'osmium, l'iridium, etc.`` (Sc. 1962). Le platine est le principal constituant du minerai appelé mine du platine (Encyclop. Sc. Techn.t.81972, p.964).
B. −
1. En partic., vieilli. Mine de plomb.
a) Graphite, plombagine utilisés dans la fabrication des mines de crayon ou pour l'entretien des fourneaux. Mes soldats me paraissaient assez bien faits. Je les traçais à la mine de plomb, en mouillant excessivement mon crayon pour le faire marquer (A. France,Pt Pierre,1918, p.36).Entretien des poêles et tuyaux. − (...) Employez la plombagine ou mine de plomb qui noircit, donne du brillant et empêche la rouille (Lar. mén.1926, p.315).
Emploi adj. Ciel mine de plomb, comme étamé, d'un violet gris perle, avec une mer plombée et de la cendre verte dessus (Goncourt,Journal,1865, p.178).
b) P. méton. Dessin exécuté avec cette substance. Parmi les dessins, un Lion d'Oudry exposé, à la pierre d'Italie, avec un peu de sanguine dans la gueule et les yeux, un dessin croquant, qui ressemble aux mines de plomb de Fragonard (Goncourt,Journal,1860, p.805).
2. Mine de crayon ou, absol., mine. Bâtonnet composé d'un mélange de graphite (ou plombagine) et d'argile, de couleur grise ou colorée, enrobé de bois ou placé à l'intérieur d'un porte-mine, et laissant sur un support une trace que l'on peut effacer à la gomme. Crayon à mine dure, grasse, tendre; tailler la mine de son crayon. − (...) La mine de crayons, de quoi est-elle faite? − Avec de la plombagine, une pierre tendre qu'on scie en baguettes et qu'on enferme dans deux moitiés de cylindre de bois (Colette,Cl. école,1900, 233).Je taillais un crayon. Inutile de vous dire que je cassais la mine de seconde en seconde (Duhamel,Confess. min.,1920, p.9).
II.
A. − Masse de substances minérales ou fossiles, existant sous terre ou en surface sous la forme de filons, couches ou amas, et contenant des matières métalliques, charbon, bitumes, sels gemmes et autres matières énumérées par le code minier. Mine d'argent, de charbon, de cuivre, de houille, d'or, de plomb, de sel, de soufre, etc.; concessionnaire de mine; exploiter, ouvrir une mine; extraire le minerai de la mine. Le diamant natif, tel qu'il sort des mines, ressemble assez exactement à un morceau terni de gomme arabique (Du Camp,Hollande,1859, p.122).Ce procédé (...) entraînait des éboulements et des feux. C'est cependant une des méthodes utilisées dans l'exploitation des mines de fer (E. Schneider,Charbon,1945, p.234).L'épuisement quasi total de la mine principale [d'uranium] lors de l'arrêt de son exploitation en 1960 (Goldschmidt,Avent. atom.,1962, p.167).
P. métaph. La vie est la mine d'où j'extrais la littérature qui me reste pour compte (Renard,Journal,1905, p.1011).
P. anal. Ensemble d'oeuvres constituant un fonds littéraire ou artistique important. Ce petit musée de La Haye (...) est une inépuisable mine de richesses (Du Camp,Hollande,1859p.34).Ah, cher, la fable grecque est une mine sans fond, un trésor de vérités éternelles... comme les évangiles (Martin du G.,Notes Gide,1951, p.1416).
Personne dont la culture ou les connaissances dans certains domaines sont très vastes:
1. C'était une femme très bonne (...) qui avait acquis (...) une connaissance un peu confuse, mais réelle, des rouages d'une société. Pour moi, jeune provincial curieux, elle était une mine de renseignements. Maurois,Climats,1928, p.27.
Mine d'or. Affaire, ressource susceptible de fournir des bénéfices importants et continus. M. Mercier se leva et lui tapa sur l'épaule: − Vous voilà propriétaire... Une mine d'or, cette maison... − Vous croyez? fit Lecouvreur. Je ne voudrais pas manger l'argent de mon beau-frère (Dabit,Hôtel Nord,1929, p.23):
2. Nous apprîmes (...) qu'il y avait à l'Institut catholique même, des catholiques totalitaires. − Voilà une mine d'or, dit Ricarda. Dans cinq ans, elle sera rentable. Abellio,Pacifiques,1946, p.272.
Arg. et pop. Mine à poivre. Cabaret où l'on boit de l'alcool très fort. Les stations dans les assommoirs, les consolations, les mines à poivre, Jack ne se mêlait à rien (A. Daudet,Jack,t.2, 1876, p.220).V. aussi cheulard, ex. de Zola, Assommoir, 1877, p.410.
B. −
1. Cavité pratiquée dans le sous-sol et, p. méton., ensemble des travaux et installations (souterrains et de surface) nécessaires à l'extraction et à l'utilisation du minerai. Mine à ciel ouvert; bois, galerie, poteau, puits de mine; éboulement dans une mine; travailler à la mine. La physionomie d'un site que l'on aime est altérée par la moindre mine qui s'y fait (M. de Guérin,Corresp.,1837, p.319).Le sous-sol renferme parfois de vastes dépôts de sel. Ces gisements sont exploités comme les autres substances minérales dans des mines (Stocker,Sel,1949, p.40):
3. D'autres précautions doivent être prises pour la protection de la mine elle-même, c'est-à-dire pour son assainissement: c'est d'abord l'assèchement de la mine, puis sa ventilation pour diminuer l'élévation de température. Macaigne,Précis hyg.,1911, p.324.
Carreau* de la mine.
(Prisonnier) condamné aux mines. (Prisonnier) condamné au travail dans les mines. Ils avaient vu, durant la folie de Caïus, les meilleurs citoyens (...) condamnés aux mines (A. France,Pierre bl.,1905, p.58).
2. P. méton., domaine admin., soc. et comm.
a) L'exploitation minière considérée dans son ensemble Directeur de la mine. Il expliquait que la mine ne pouvait être la propriété du mineur, comme le métier est celle du tisserand (Zola,Germinal,1885, p.1381).
b) Au plur. Ensemble des exploitations minières d'un pays. Ils demandent non pas la nationalisation des mines et des chemins de fer, mais leur socialisation (Barrès,Cahiers,t.12, 1919, p.54).
C. − Au plur. [Souvent avec une majuscule] Les Mines, Service des Mines. Section du ministère de l'industrie ayant surtout pour mission de résoudre les problèmes liés à l'étude géologique des sols, à l'exploitation du sous-sol et aux travaux souterrains qui en découlent. Après de brillantes études, il était sorti le premier de l'École polytechnique et avait choisi le service des mines (Lemaitre,Contemp.,1885, p.350).Il [le réservoir d'un compresseur d'air] doit être timbré par le service des mines (J. Cahen, Bruet,Carrières,1926, p.69):
4. L'avantage du foudroyage est son faible prix de revient. Ses inconvénients (...) ont paru assez graves pour que l'administration des Mines l'ait prohibé par son règlement du 13 août 1911. E. Schneider,Charbon,1945, p.236.
École des Mines. Établissement d'enseignement supérieur technique ayant pour but de former des ingénieurs aptes à diriger les travaux ou recherches dans les exploitations minières. École nationale supérieure des Mines de Paris. Le mariage n'aura pas lieu avant que Bichat soit sorti de l'École des Mines, dans trois ans (Abellio,Pacifiques,1946, p.69):
5. Le préfet doit, avant la délibération de la commission, faire procéder à l'analyse des eaux et faire vérifier par l'ingénieur des Mines le débit journalier de la source. Baradat,Organ. préfect.,1907, p.304.
III.
A. − Vx, ART MILIT. Galerie creusée sous un ouvrage défensif afin d'en saper les fondations et d'en provoquer l'effondrement. Les mines avaient cet avantage sur la sape, que l'assiégeant n'étant pas en vue, pouvait surprendre son ennemi (Mérimée,Ét. arts Moy. Âge,1870, p.290).
Au fig. Machination, complot tramés contre une personne, une institution, un acte gouvernemental dans le but d'en provoquer la destruction, l'effondrement. Je sais que les ennemis qui conduisent l'attaque [pour me faire perdre ma place] connaissent toutes les lois de la sape et de la mine (...). Il s'agit bien entendu de guerre au figuré, mais de perfidie au propre (Amiel,Journal,1866, p.495).On a travaillé systématiquement, par toutes les mines et par toutes les sapes, à renier l'acte d'Algésiras (Jaurès,Eur. incert.,1914, p.413).
Éventer* la mine.
ENTOMOL. ,,Galerie creusée par un insecte dans le sol, dans les tissus animaux ou végétaux`` (Séguy 1967). Sur les végétaux les mines sont linéaires, serpentines (...), tentiformes (mines en pustules qui peuvent servir d'abri au mineur) (Séguy1967).
B. − GÉNIE CIVIL et MILIT. Excavation pratiquée dans la roche ou sous un ouvrage afin de le faire sauter au moyen d'une charge d'explosif; p. méton., cette charge d'explosif. Faire exploser une mine; la mèche de la mine; dispositif de mines. Nous regardâmes passer les hommes, d'un régiment inconnu (...). Le dernier s'arrêta, nous ayant devinés dans l'ombre de la galerie. − Alors, ils [les Allemands] creusent une mine en-dessous?... On est sûrs de sauter (Dorgelès,Croix bois,1919, p.166):
6. C'est vrai qu'il y a aussi un plateau: mais on y gèle, et il est couvert d'un million de petites aiguilles de pierres, si solides que, lorsqu'on a tracé une route au travers, il a fallu faire sauter à la mine, une à une, celles qui se trouvaient sur le passage. Mille,Barnavaux,1908, p.177.
P. métaph. L'orpheline (...) sentit toute son irritation tomber devant l'air calme, presque souriant de sa tante. Elle avait redouté une explosion, et elle trouvait la mèche de la mine éteinte (Fabre,Courbezon,1862, p.306):
7. La vie est indulgente, elle arrange tout, il suffit de se servir d'elle avec ménagement, ainsi qu'on utilise un explosif dangereux, non pour creuser d'un coup la mine, mais pour détruire un par un les obstacles qu'on ne peut réduire par le pic ou la pioche... Bernanos,Imposture,1927, p.392.
Expressions
Trou de mine. Trou creusé pour recueillir une charge d'explosif. Vers le début d'octobre, (...) les Allemands commencèrent à déménager. Ils entaillaient dans les piles des ponts des trous de mine (Van der Meersch,Invas. 14,1935, p.408).
Barre* à mine:
8. Il nous fallut longtemps pour nous habituer au bruit de la barre à mine vibrant sourdement dans les fissures; il nous semblait que ce bruit secouait et réveillait la montagne... Abellio,Pacifiques,1946, p.334.
Coup de mine. Explosion de la poudre. On obtient aussi des coupes franches au moyen de coups de mine dont l'effet est dirigé suivant les directions déterminées (Arts et litt.,1935, p.20-3).
Explosif, poudre de mine. Explosif utilisé dans les travaux de minage. On classe les explosifs en propulsifs (poudre de mine) et en brisants (nitroglycérine) (Bourde,Trav. publ.,1928, p.103).
C. − ART MILIT.
1. ARM. DE TERRE. Engin explosif le plus souvent caché sous terre dont le dispositif de mise à feu se déclenche soit à distance, soit lors d'un passage d'hommes ou de véhicule. Mine antipersonnel; mine antichar; détecteur de mines; désamorcer, neutraliser, poser une mine; sauter sur une mine:
9. ... le caporal B..., petit prêtre angevin à lunettes, complètement éventré par une mine. Il était parti en avant comme volontaire pour récupérer au moins un de ces engins, dont on ne sait pas encore comment ils sont faits. Abellio,Pacifiques,1946p.284.
Champ* de mines.
2. MAR. Engin explosif immergé, fixé au fond par un câble ou flottant entre deux eaux, dont le système de mise à feu se déclenche par contact avec la coque d'un navire, par influence magnétique ou par phénomène acoustique. Mine à orin; mine acoustique, dérivante; draguer, mouiller des mines. Bien qu'il soit improbable que l'ennemi nous attaque, le risque de heurter une mine flottante demeure considérable (Green,Journal,1945, p.221).Il se construit actuellement un certain nombre de dragueurs de mines antimagnétiques, à carcasse d'aluminium, et bordés en acajou (Industr. fr. bois,1955, p.11).
REM.
Mine(-)orange,(Mine orange, Mine-orange) subst. fém.Couleur orange obtenue par calcination de la céruse. Les couleurs les plus en usages sont: (...) Rouge mat. − Vermillon, minium, mine orange, (...) laque commune, carmin ordinaire (P. Rousset,Trav. pts matér.,1928, p.77).
Prononc. et Orth.: [min]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1220 «lieu souterrain où gisent des métaux, des minéraux; cavité creusée dans le sol pour extraire les métaux, les minéraux» (Anseïs de Carthage, 3383 ds T.-L.); b) 1300 «minerai renfermant quelque substance métallique» (Recueil de lettres anglo-françaises, éd. F. J. Tanquerey, p.73); c) 1636 mine de plomb «minerai de plomb» (Monet); 1690 «graphite plombagine, dont on fait les mines de crayon» (Fur.); 1680 mine (Rich.); d) 1694 mine d'or «affaire qui fournit des profits continus et abondants» (La Bruyère, Caractères ds Œuvres, éd. G. Servois, t.2, p.293); av. 1778 mine (d'idées) «source inépuisable» (Voltaire ds Lar. 19e); 1835 mine de savoir, d'érudition (Ac.); 2. a) fin xives. mine «cavité pratiquée dans les sièges sous des murailles pour les faire tomber» (Froissart, Chroniques, éd. G. Raynaud, t.9, p.33); b) 1578 «cavité souterraine pratiquée sous un rempart, un roc pour les faire sauter au moyen d'explosifs» (Belleau, Œuvres poétiques ds FEW t.6, 1, p.642a); c)1559 esventer une, la mine «pénétrer un dessein secret et empêcher qu'il ne réussisse» (Amyot, Vie des hommes illustres, Préf. foa V ro),1666 «pratique secrète, machination» (Furetière, Roman bourgeois, I, 41 ds Rob.); d)1618 faire jouer la mine «mettre le feu à» (A.d'Aubigné, Histoire universelle, t.2, p.360); 1697 «exécuter un complot» (Regnard, Le Distrait, V, 8 ds Littré); e) 1915 mar. drague-mines (Lar. mensuel, juill., III, 487a ds Quem DDL t.16); 1918 mine flottante (Maurois, Silences Bramble, p.105); 1943 «engin explosif enterré et camouflé» (Gide, Journal, 29 mai ds Rob.). Du gaul. *meina «métal brut» (FEW t.6, 1, p.645a). Bbg. Quem. DDL t.16.

MINE3, subst. fém.

Ancienne mesure de capacité utilisée pour les grains et les matières sèches et correspondant à environ 78,73 litres, c'est-à-dire six boisseaux ou la moitié d'un setier. Faire étalonner une mine; mine de froment, de blé, de sel; ces chevaux ont mangé une mine d'avoine (Ac.1798-1878).
Prononc. et Orth.: [min]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1160-74 (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 10852). Altération de émine (hémine*); cf. le b. lat. mina, de même sens, attesté dès le xes. (G. Roth, Polyptychon des hl. Remigius, 53).

MINE4, subst. fém.

ANTIQ. GR. Poids et monnaie équivalant à 100 drachmes. Achille: Qu'est-ce que nous jouons? Ajax Premier: Dix mines. Achille: Je n'entends rien à tes monnaies de Sparte. Combien ça fait-il en argent, tes dix mines? Ajax Premier: Cinquante louis (Meilhac, Halévy,Belle Hélène,1865, II, 5, p.227).
Prononc. et Orth.: [min]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1564 (Indice et recueil universel de tous les mots principaux des livres de la Bible). Empr. au lat. mina «poids de 100 drachmes chez les Grecs, monnaie grecque valant 1/60 de talent, ou 100 drachmes», du gr. μ ν ɑ ̃.
STAT.Mine1 à 4. Fréq. abs. littér.: 3660. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3597, b) 8041; xxes.: a) 6106, b) 4513.

Wiktionnaire

Nom commun 3 - français

mine \min\ féminin

  1. (Antiquité) Masse de d'environ 500 à 700 grammes, variant selon les régions et les époques, utilisée dans la Grèce et le Moyen-Orient (Babylone, Mésopotamie, Sumer, Égypte).
  2. (Numismatique) Monnaie utilisée durant l'Antiquité dans la Grèce et le Moyen-Orient.
    • Mine d’argent, monnaie valant cent drachmes.

Nom commun 2 - français

mine \min\ féminin

  1. Apparence qui résulte de la conformation extérieure de la personne, et principalement du visage.
    • Mine fière. Mine insolente. Il fait triste mine. Il ne faut pas toujours juger des gens sur la mine.
    • Il me reconnut sur-le-champ et s'approchant, avec des mines, me confia : … — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • M. Gosselin se voit confier les dossiers de sports et de loisirs, avec lesquels ce hockeyeur et sportif sera certainement très à l’aise. Sa mine réjouie en disait long hier. — (Karine Gagnon, Opération réussie pour Marchand, Le Journal de Québec, 18 novembre 2021)
    • Faut-il tant faire de mines et de façons ?
  2. Contenance que l’on prend, l’air qu’on se donne, dans une intention quelconque.
    • […] je me représentais sa mine lorsqu’elle recevrait mon cadeau, et je me demandais : « Qu’est-ce qu’elle dira ? » — (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
    • Cela intéressait vivement notre maître d’hôtel pourtant, car le voici ceint de son blanc tablier, la mine souriante, la bouche en cœur, le visage jambonné par la chaleur des fourneaux et venant connaître notre opinion sur sa cuisine. — (Gustave Fraipont, Les Vosges, 1895)
    • On parlait bas avec des mines contristées, apitoyées, des yeux mi-clos et alanguis, mais par contre on buvait sec, car, en ces douloureuses circonstances, il convenait de se soutenir. — (Louis Pergaud, Le retour, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  3. Bonne ou mauvaise apparence de quelque chose.
    • Un mets qui a bonne mine, qui a mauvaise mine, qui n’a pas de mine.

Nom commun 1 - français

mine \min\ féminin

  1. Endroit d’où l’on extrait le minerai.
    • Si, d’aventure, il restait sur place, attendant une vacance à l’usine, il travaillait à la mine et était payé par pipe de minerai extraite. — (Maurice Lecerf, Le Fer dans le monde, Payot, 1942)
    • Lorsque la bourgeoisie embryonnaire eut à affronter le Pérou et la Bolivie, en 1879, pour décider de la propriété des mines de nitrate (monopole naturel sur l’une des plus grande richesse de l’époque), elle se heurta pourtant aux États-Unis. — (Armando Uribe, Le livre noir de l’intervention américaine au Chili, traduction de Karine Berriot et Françoise Campo, Seuil, 1974)
  2. (Plus rare) Minerai.
    • La mine brute est lavée dans des lavoirs à bras suivant les procédés que nous avons déjà décrits. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 81)
  3. (Figuré) Source d’idées.
    • De même dans la perception du temps. Sa relativité psychologique est une mine particulière de plaisanteries. — (Lucien Fabre, Le Rire et les rieurs, Gallimard, Paris, 1929, page 228)
  4. Petit bâton de graphite inséré dans un crayon et qui laisse la trace de l’écriture ou du dessin.
  5. (Militaire) Sorte de sape sous des fortifications.
    • Les mines sont étançonnées et étayées avec du bois auquel on met le feu, ce qui fait tomber une partie des défenses de la barbacane. — (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
  6. (Militaire) Charge explosive, que les militaires cachent, pour blesser ou tuer des humains, ou détruire du matériel militaire.
    • Suivant le chevalier de Ville, le plus ancien mode d’inflammation des mines en usage étaient la traînée de poudre et l’étoupille ou estoupin. — (H. Wauwermans, Applications nouvelles de la science et de l’industrie à l'art de la guerre, Bruxelles, chez E. Guyot, 1869, page 112)
    • Cet hiver là, nous vîmes et nous apprîmes beaucoup de choses : […] nous apprîmes à nous débrouiller avec les cartes, à éviter les mines. — (Alexandre Tchakovski, C’était à Léningrad , traduit du russe par Julia et Georges Soria, 1951)
  7. (Par extension) (Industrie minière) Charge explosive destinée à abattre de la roche.
  8. (La Réunion) (Cuisine) Type de pâtes fines à la cuisson rapide entrant dans la réalisation du sauté mines.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MINE. n. f.
L'air qui résulte de la conformation extérieure de la personne, et principalement du visage. Mine fière. Mine insolente. Il fait triste mine. Il ne faut pas toujours juger des gens sur la mine. Avoir une bonne mine, une mauvaise mine, avoir bonne mine, mauvaise mine, Avoir l'apparence d'une bonne, d'une mauvaise santé. On dit familièrement dans le même sens : Avoir une mine de déterré. Avoir une mine de papier mâché. Homme, femme de bonne mine, Homme, femme d'une figure agréable, d'un extérieur avantageux. Homme de mauvaise mine, Homme dont l'habillement et l'extérieur peuvent exciter des inquiétudes. Fam., Payer de mine, Avoir un bel extérieur, mais peu de mérite. Il paie de mine, mais au fond c'est un sot. Il ne s'emploie plus guère qu'avec la négation. C'est un homme qui ne paie pas de mine : il faut le connaître pour l'apprécier. Fam., Avoir la mine d'être satisfait, d'être un peu fou, etc., en avoir toute la mine, Paraître tel. Avoir la mine d'avoir fait, de vouloir faire une chose, Avoir un air, un maintien qui le fait conjecturer. On le dit surtout figurément lorsque, par la connaissance qu'on a des habitudes, du caractère, de l'esprit d'un homme, on juge qu'il a fait ou qu'il fera telle chose. Il a bien la mine d'avoir participé à cette escroquerie.

MINE désigne aussi la Contenance que l'on prend, l'air qu'on se donne, dans une intention quelconque. Malgré ses pertes d'argent, il continue à faire bonne mine. Il a pris cette mine riante, cette mine sévère que vous lui connaissez. Affecter une mine grave. Faire mine de quelque chose, En faire semblant. Il fait mine d'en être content. Il a fait mine de vouloir s'en aller, de vouloir se retirer. Fig. et fam., Faire bonne mine à mauvaise fortune, Dissimuler adroitement et cacher le mécontentement qu'on a, le mauvais état où l'on est. Faire bonne mine, mauvaise mine à quelqu'un, Lui faire un bon, un mauvais accueil. Faire triste, grise mine à quelqu'un, Lui faire mauvais visage, le recevoir froidement. Fam., Faire la mine à quelqu'un, Lui témoigner qu'on est mécontent de lui. Qu'a-t-il donc à nous faire la mine? Fam., Il fait une laide mine, Il fait une vilaine grimace. Fam. et absolument, Faire la mine, Faire la grimace, témoigner du mécontentement.

MINE se dit, familièrement, de Certains mouvements du visage, de certains airs affectés, et alors on l'emploie surtout au pluriel. Faut-il tant faire de mines et de façons? Faire des mines à quelqu'un, Lui faire des signes pour lui faire entendre une chose qu'on ne peut pas ou qu'on ne veut pas lui dire autrement. Faire des mines à quelqu'un signifie aussi L'agacer par des regards affectés, par des mouvements de visage particuliers. Avez-vous vu les mines qu'elle lui a faites?

MINE se dit aussi de la Bonne ou mauvaise apparence de quelque chose. Un mets qui a bonne mine, qui a mauvaise mine, qui n'a pas de mine.

Littré (1872-1877)

MINE (mi-n') s. f.
  • 1Apparence de la personne et principalement du visage. Que sa façon est brave et sa mine assurée ! Malherbe, II, 12. Ma foi ! les beaux habits servent bien à la mine, Régnier, Sat. XII. Un homme qui fût homme et de fait et de mine, Régnier, ib. IV. Suivons donc… les coutumes du peuple et réservons-nous nos pensées, mais donnons-lui nos actions et nos mines, Guez de Balzac, liv. III, Lett. 3. Souvent une mine pour une autre change la face de l'action du monde la plus innocente, Guez de Balzac, liv. VI, Lett. 10. Il y a des hommes qui font la même mine lorsqu'ils pleurent que les autres lorsqu'ils rient, Descartes, Pass. 113. Choisissez un peu mieux vos dupes à la mine, Corneille, le Ment. V, 6. Le front cicatrisé, la mine assez farouche, Corneille, Œdipe, IV, 4. Il a une terrible mine avec sa belle taille et ce cordon bleu, Sévigné, 591. Et premièrement, chrétiens, si vous regardez son extérieur, il [saint Paul] avoue que sa mine n'est point relevée, Bossuet, Panég. saint Paul, 1. Damon, ce grand auteur… de qui le corps sec et la mine affamée…, Boileau, Sat. I. Les traits découvrent la complexion et les mœurs ; la mine désigne les biens de la fortune, La Bruyère, VI. Le roi [Charles II] ne cédait à personne ni pour la taille, ni pour la mine, Hamilton, Gramm. 6. La mine de Mentor paraît d'abord moins haute [que celle de Télémaque] ; mais, quand on le regarde de plus près, on trouve dans sa simplicité des marques de sagesse et de vertu, Fénelon, Tél. IX. Cet inconnu est d'une haute mine, tout paraît héroïque en lui, Fénelon, ib. XX. Le baron de Bressé était un homme de basse mine, modeste, réservé, dont la physionomie ne promettait rien, Saint-Simon, 1, 25. Rien n'est à mon avis si trompeur que la mine, Campistron, Jaloux désabusé, IV, 6. Ce marchand avait une mine basse, avec un habillement qui ne donnait pas une idée avantageuse de sa condition, Lesage, Guzm. d'Alf. VI, 5. À voir ces bonnes filles, vous leur trouvez un extérieur affable, et pourtant un intérieur indifférent ; ce n'est que leur mine et non pas leur âme qui s'attendrit pour vous, Marivaux, Marianne, 3e part. Quelque répugnance que j'aie à faire crayonner ma vieille mine, il faut bien s'y résoudre et être complaisant, Voltaire, Lett. Mme de Fontaine, 10 janv. 1757. Je m'accostai d'un homme à lourde mine, Qui sur sa plume a fondé sa cuisine, Voltaire, le Pauvre diable.

    Avoir de la mine, avoir une apparence qui prévient favorablement. J'ai de la mine encore assez pour plaire aux yeux, Molière, l'Ét. I, 5.

    Avoir de la mine, se dit aussi des choses qui ont bonne apparence. Cette maison a de la mine.

    Sur la mine, sur la bonne apparence. Garde-toi, tant que tu vivras, De juger des gens sur la mine, La Fontaine, Fabl. VI, 5. On l'avait fait ministre d'État sur sa mine, Hamilton, Gramm. 7. Plus d'un brun à large poitrine Avait là crédit sur sa mine, Béranger, Mme Grég.

    Bonne mine, apparence qui plaît. Le roi lui-même n'était paré ce jour-là que de sa bonne mine, qui le faisait aisément reconnaître, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 217. Ce Briole doit à sa bonne mine le plus grand parti du pays, Sévigné, 230.

    Homme, femme de bonne mine, homme, femme d'une figure agréable. Un jeune Turc de bonne mine nous a invités d'y entrer, et nous a présenté la main, Molière, Scapin, II, 11. Une très grande femme de très bonne mine, Sévigné, 70.

    Avoir bonne mine, avoir bonne apparence, en parlant des choses. Un chien vient dans une cuisine ; Il y trouve un chapon, lequel a bonne mine, Racine, Plaid. III, 3.

    Homme de mine, même sens. Ce muletier était homme de mine, La Fontaine, Mul.

    Être sur sa bonne mine, faire de la toilette, se présenter avec bonne apparence. Enfin ce cavalier que nous vîmes au bal, Vous trouvez, comme moi, qu'il ne danse pas mal. - Je ne le vis jamais mieux sur sa bonne mine, Corneille, la Suiv. II, 8. Il n'est pas jusqu'à Rocollet Qui ne fût sur sa bonne mine, La Fontaine, Lett. à M. Fouquet, 26 août 1660.

    Homme de mauvaise mine, homme mal vêtu, dont l'habillement et l'extérieur peuvent exciter des inquiétudes. C'est peut-être que je paye l'intérêt de ma mauvaise mine, Molière, Critique, 5.

    Payer de mine, avoir bonne apparence, mais sans grand fond ou mérite.

    Payer de mine, se dit aussi de celui qui, tout en ayant bonne apparence, ne laisse pas d'être malade. Je paye de mine, mais je ne me porte pas bien.

    Avoir une bonne mine, une mauvaise mine, avoir l'apparence d'une bonne, d'une mauvaise santé.

    Avoir une bonne mine, une mauvaise mine, signifie quelquefois avoir l'apparence d'un bon, d'un mauvais caractère.

    Avoir la mine longue, éprouver un vif désappointement qui se manifeste sur la figure. Il aurait la mine bien longue, s'il était instruit qu'à minuit…, Beaumarchais, Mère coup. IV, 3.

    Familièrement. Avoir la mine de, paraître. Tel est cru défunt qui n'en a que la mine, Molière, l'Ét. II, 3. Monsieur a toute la mine d'être un fort bon mari, Molière, le Mar. forcé, 12. Je vois ici de yeux qui ont la mine d'être de forts mauvais garçons, Molière, Préc. 10. Vous vendez des tapisseries, monsieur Guillaume, et vous avez la mine d'avoir quelque tenture qui vous incommode, Molière, Amour méd. I, 1. Vous m'avez la mine, mon ancien ami, d'avoir bientôt vos soixante et dix ans, et j'en ai soixante et quinze, Voltaire, Thieriot, 27 janv. 1769. Mon ami, tu as bien la mine de ne pas croire à la jument Borac ou aux métamorphoses de Visnou ; je te dénoncerai, je t'empêcherai d'être bostangi, je te décrierai, je te persécuterai, Voltaire, Dict. phil. Philosophe.

    Avoir la mine d'avoir fait, de vouloir faire une chose, avoir un air, un maintien qui le fait conjecturer. Vous n'avez pas, ce lui dit-elle, La mine de vous en aller à Saint-Jacques de Compostelle, La Fontaine, Pet. chien.

    Fig. Avoir la mine, faire croire, faire supposer. J'ai la mine, après tout, d'y trouver mal mon compte, Corneille, la Gal. du Pal. II, 6. J'ai bien la mine de payer plus cher vos folies, Molière, Scap. I, 1. Vous avez bien la mine d'avoir donné un bon exemple, Sévigné, 534. M. de Vins n'a guère la mine d'être à la tête de quelque chose, Sévigné, 10 août 1680. La reine d'Angleterre a toute la mine, si Dieu le voulait, d'aimer mieux régner dans le beau royaume d'Angleterre… que d'être à Saint-Germain…, Sévigné, 2 fév. 1689. Mme de Vins m'a priée de ne m'en point retourner demain… je suis tentée de sa proposition, de sorte que j'ai la mine de ne m'en aller que dimanche à la messe à Livry, Sévigné, 21 août 1676. Nous avons bien la mine de demeurer ici longtemps, Lesage, Gil Blas, X, 3. Vous avez bien la mine D'aller un jour échauffer la cuisine De Lucifer ; et moi, prédestiné, Je rirai bien quand vous serez damné, Voltaire, Défense du Mondain.

    Avoir la mine, se dit aussi des choses dans un sens analogue. Votre ambassade m'a la mine d'être pour vous un bénéfice simple, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 8.

    Faire les mines ou faire la mine, se dit quelquefois, bien que moins souvent, pour avoir la mine de. Pour peu que d'y songer vous nous fassiez les mines, Molière, Mis. III, 7. Il me semble que vous me faites la mine de m'en accuser, Sévigné, 264.

    Porter la mine de, avoir l'air de, en mauvaise part. Il porte la mine d'un fripon.

    De mine, loc. adv. En apparence. Jeanne, rongeant son frein, de mine s'apaisa, Régnier, Sat. X.

  • 2Contenance que l'on prend, air qu'on se donne, dans une intention quelconque. S'ils en sont accusés, ils feront bonne mine, Régnier, Sat. II. Que tu discernes mal le cœur d'avec la mine ! Corneille, Poly. V, 1. L'ours bouche sa narine ; Il se fût bien passé de faire cette mine, La Fontaine, Fabl. VII, 7. Va, quelque mine que je fasse, je n'oublierai point mon ressentiment, Molière, Méd. m. lui, I, 4. Ce mari fit une mine très chagrine, Sévigné, 336. La bonne ou la mauvaise mine que fera le monde, Bossuet, Lett. abb. 38. Ma fille, qu'est-ce donc ? quelle mine vous faites ! Le Grand, Foire de St-Laurent, SC. 5. Si j'avais l'éloquence de M. Furia, j'évoquerais ici l'ombre de Longus… vous pouvez penser la mine qu'il ferait à M. Furia, qui le laissait manger aux vers dans le vénérable bouquin, Courier, Lett. à M. Renouard.

    Faire mine de quelque chose, paraître dans l'intention de la faire. Le prince fait mine d'assiéger le Quesnoy, Sévigné, 210. On assure toujours la paix et la conquête entière de la Hollande ; Nimègue fait mine de se défendre, mais on s'en moque, Sévigné, 8 juill. 1672. Quelque mine qu'on fasse de vous vouloir ménager, Bossuet, Lett. quiét. 325. …Fais mine un peu d'en être mécontent, Pour la voir aussitôt, sur ses deux pieds haussée, Déplorer sa vertu si mal récompensée, Boileau, Sat. X.

    Il se dit des choses dans le même sens. Voilà les beaux jours qui font mine de revenir, Sévigné, 1er janv. 1690. Enfin la cicatrice fait une fort bonne mine de vouloir s'avancer…, Sévigné, 4 fév. 1685.

    Faire bonne mine, mauvaise mine à quelqu'un, lui faire un bon, un mauvais accueil. Hélas ! comment veux-tu, chère et fidèle Hermine, Qu'au prince Mustapha je fasse bonne mine ? Mairet, Soliman, I, 1. Vous lui ferez une fort bonne mine, Sévigné, 322.

    On dit aussi : tenir bonne mine. La fille alors ne fut pas assez fine, Elle n'avait qu'à tenir bonne mine, La Fontaine, Remède.

    Familièrement. Faire triste mine, grise mine, froide mine à quelqu'un, lui faire mauvais visage, le recevoir froidement. Me faisant au nez grise mine, Régnier, Épît. III. Et faisant sur la mort d'Anchise, Comme on dit, une mine grise, Scarron, Virg. V. Et vous-mêmes en m'écoutant Vous faites aussi triste mine Que moi sur qui la peur domine, Scarron, ib. III. Que j'en vais voir ici qui feront grise mine ! Th. Corneille, Comtesse d'Orgueil, V, 10. Vous lui faisiez une triste mine, franchement, Dancourt, les Fonds perdus, II, 1.

    Faire la mine à quelqu'un, lui témoigner qu'on est mécontent de lui. Je ne veux mon pays trahir, Ni mon nom, ni mon origine, M'en dussiez-vous faire la mine, Scarron, Virg. III.

    Absolument. Faire la mine, faire la grimace, témoigner du mécontentent. Le roi m'en a remercié ; mais les ennemis de la philosophie et des lettres ont fait la mine : je vous laisse à penser si je m'en soucie, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 17 décemb. 1768. Je lui dis que je voulais la prendre pour moi, elle fit la mine, Rousseau, Hél. VI, 9.

    Il fait une laide mine, il fait une vilaine grimace. L'on boit [des eaux], et l'on fait une fort vilaine mine, Sévigné, 277. Nous avons trouvé ce matin deux grands vilains pendus à des arbres sur le grand chemin… ils faisaient une fort vilaine mine, Sévigné, 11 sept. 1675.

    Faire bonne mine à mauvais jeu, cacher de mauvaises affaires par une démonstration de gaieté et de repos d'esprit.

    Faire meilleure mine que bon jeu, promettre plus qu'on ne tient. Je tiens pour certain qu'il pourrait plus gagner à Paris qu'il ne fera en Italie, où il y a meilleure mine que bon jeu et même peu d'estime pour les gens de lettres, Patin, Lett. t. II, p. 333, dans POUGENS.

  • 3Certains mouvements du visage, certains gestes qui ne sont pas naturels, ou avec lesquels on masque quelque chose. Tout le monde n'est composé que de mines, et c'est inutilement que nous travaillons à y trouver rien de réel, La Rochefoucauld, Pensées, 95. Ô papelards ! qu'on se prend à vos mines ! La Fontaine, Herm. Vos mines et vos cris aux ombres d'indécence Que d'un mot ambigu peut avoir l'innocence, Molière, Mis. III, 4. Sans en être ému, sans mine, sans grimace, Sévigné, 437. Pour oser lui découvrir mes sentiments à l'usage du pays, c'est-à-dire par des mines, Lesage, Guzm. d'Alf. VI, 2. Joignez-y une marquise de Céra, figure très agréable, gâtée par des mines et des airs d'enfant qui ont pu plaire en elle à seize ans, et il y a seize ans, Courier, Corresp. Rome, 8 janv. 1799.

    Faire des mines ou de petites mines à quelqu'un, l'agacer par des regards affectés, par des mouvements de visage particuliers. On est seulement un peu fâché de lui [Mme de Monaco] voir faire quelquefois à cette Madame-ci [la seconde femme de Monsieur] les mêmes petites mines qu'elle faisait à l'autre, Sévigné, 163. Je leur fais encor [aux Grâces et aux neuf sœurs] quelques mines, Mais vous possédez leurs faveurs, Voltaire, Ép. 73. Il ne fut pas plus tôt assis qu'une petite guenon vint se poser tout auprès de lui, en lui faisant des mines et des grimaces les plus jolies du monde, Comte de Caylus, Œuvr. t. VIII, p. 228, dans POUGENS.

    Absolument. Faire des mines, prendre certaines mines affectées pour paraître agréable. Je sais à présent faire des mines ; se déhancher, secouer la tête, baiser le bout de son gant bien tendrement, cela s'appelle faire des mines, Baron, Homme à bonn. fort. IV, 6. Cette nouvelle mariée… si peu jolie et qui fait tant de mines, Genlis, Théâtre d'éduc. les Dangers du monde, II, 1.

    Mines se dit aussi des signes que l'on fait à quelqu'un pour lui faire comprendre ce qu'on ne peut pas ou ne veut pas lui exprimer autrement. Ce discours ne persuadait pas la cadette, qui n'y répondait que par des mines qui disaient toujours : je n'y vois point de mal, Marivaux, Paysan parv. 2e part. Le baron avait eu beau lui faire des mines et lui lancer les regards les plus sévères, rien n'avait pu arrêter l'impétuosité de son récit, Cenlis, Vœux témér. t. III, p. 218, dans POUGENS.

HISTORIQUE

XVe s. Aussi il fist si bonne mine, Qu'il fut esleu sans nul appeau Pour estre valet de cuysine, Villon, Repues franches.

XVIe s. Fard est perdu dessus mine de singe, Marot, J. V, 24. De bonne mine à mauvais jeu n'est alliance impertinente, Rabelais, IV, 9. Une mine triste et transie, Montaigne, I, 175. Celuy qui a dans l'esprit une imagination claire, il la produira par mines s'il est muet, Montaigne, I, 188. Ce basteleur jouoit une fiction à plusieurs mines et à plusieurs personnages, Montaigne, II, 173. Il feit mine d'avoir la goutte, Montaigne, III, 104. Les mines et appareils effroyables dont nous entourons la mort, Montaigne, I, 254. Estant jà usé de vieillesse, il se monstra bon empereur et de l'ancienne mine envers les soudards, Amyot, Galba, 34. Toutes ces mines ne feirent pas descroire à Camillus, qu'ilz n'eussent point machiné de se rebeller contre les Romains, Amyot, Cam. 65. En ma presence ils font bonne mine et mauvais jeu, et sont prests de faire ce que je leur commande, Despériers, Contes, CXVII. Le marchand, faisant bonne mine et plus mauvais jeu, lui dit qu'il lui vouloit tenir promesse ; mais que…, Despériers, ib. CXXIX. C'est une faible et dangereuse caution que la mine, Charron, Sagesse, I, 6. Et si l'on ne peust trouver des larmes et tristes mines chez soy, il en faut acheter à beaux deniers comptans chez autrui, Charron, ib. I, 32.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « mine »

Bourguig. moigne ; ital. mina ; angl. mien. Origine incertaine. On cite l'allem. Miene, danois mine, mine ; mais on n'est aucunement sûr que ce ne soit pas le mot roman qui se soit introduit dans les langues germaniques. Le mot est aussi dans le celtique : bas-breton, min et man ; kymri, mein ; mais là aussi il y a doute sur la question si dans le celtique le mot est indigène ou d'importation romane. Diez pense qu'il est au latin minare, mener, comme gestus, geste, est à gerere, porter. On remarquera que le mot n'est pas ancien dans la langue ; du moins notre historique n'en remonte qu'au XVe siècle.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Nom commun 1) Du latin tardif mina, du gaulois *meina (« minerai, métal » → voir mwyn en gallois, et → voir mían en irlandais).
(Nom commun 2) Du breton min (« muselière, bec »).
(Nom commun 3) Du latin mina (« poids grec »), du grec ancien μνᾶ, mna. Voir aussi l'hébreu ancien מָנֶה (māne).
(Nom commun 4) Abréviation du latin hemina (« hémine »), mesure de grain.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « mine »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
mine min

Fréquence d'apparition du mot « mine » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « mine »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « mine »

  • Vous avez trois âges dans la vie : la jeunesse, l'âge mûr et celui où on vous dit que vous avez bonne mine.
    Cardinal François Marty
  • La seule différence entre un ouvrier qui travaille à la mine et un musicien de jazz, c’est que le musicien n’a pas de lampe frontale.
    Daniel Humair — Evene.fr - Octobre 2006
  • Les immeubles bâtis le long des voies de chemin de fer ont mauvaise mine parce qu’ils dorment mal.
    Gilbert Cesbron
  • Le sexe, à Paris, a la mine jolie, la croupe rebondie.
    Jean-François Regnard
  • Un malade a besoin du plus grand calme, et non d’une parade incessante de faux culs venus s’extasier devant sa bonne mine !
    Woody Allen — Destins tordus
  • Les chefs-d'oeuvres sont comme les grands animaux. Ils ont la mine tranquille.
    Gustave Flaubert
  • Il n'y a rien de si trompeur que la mine des gens.
    Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux — La double inconstance
  • Il y a ceux qui commandent aux mots et ceux qui commandent aux faits : tu dois comprendre qui commande aux faits et faire mine de croire ceux qui commandent aux mots.
    Roberto Saviano — Gomorra, 2007
  • L'espérance se trouve parfois mauvaise mine quand elle se regarde dans les miroirs.
    François Bott — Le Boulevard des sentiments
  • Garde toi, tant que tu vivras, de juger les gens sur la mine.
    Jean de La Fontaine — Le cocher, le chat, le souriceau
Voir toutes les citations du mot « mine » →

Traductions du mot « mine »

Langue Traduction
Anglais mine
Espagnol mía
Italien il mio
Allemand bergwerk
Chinois
Arabe الخاص بي
Portugais meu
Russe моя
Japonais 私の
Basque nirea
Corse i mio
Source : Google Translate API

Synonymes de « mine »

Source : synonymes de mine sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « mine »

Combien de points fait le mot mine au Scrabble ?

Nombre de points du mot mine au scrabble : 6 points

Mine

Retour au sommaire ➦