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Guerre

Variantes Singulier Pluriel
Féminin guerre guerres

Définitions de « guerre »

Trésor de la Langue Française informatisé

GUERRE, subst. fém.

Situation conflictuelle entre deux ou plusieurs pays, états, groupes sociaux, individus, avec ou sans lutte armée. Art, dieu, symbole de la guerre; guerre et paix :
1. Cette guerre à la guerre est guerre sans fin; je le comprends. Eh bien donc la paix d'abord dans mon proche gouvernement. Je signe d'abord ma paix avec les hommes; s'ils ne la signent point eux, avec moi et entre eux, qu'y puis-je? Et si je me mets en guerre contre eux, parce qu'ils ne veulent point faire la paix, voilà une guerre de plus. Alain, Propos,1923, p. 465.
2. Que craignons-nous? La guerre? La mort? Mais si nous avons Dieu, nous avons tout et ces craintes s'évanouissent. Dieu, c'est la paix à jamais, la paix avec soi-même (et la guerre avec le monde, mais dans cette guerre-là, il y a malgré tout la paix, une paix profonde que le monde ne peut nous ôter et qui est, je pense, une ombre de la béatitude sans fin). Green, Journal,1953, p. 230.
A. − Rapports conflictuels qui se règlent par une lutte armée, en vue de défendre un territoire, un droit ou de les conquérir, ou de faire triompher une idée. Guerre meurtrière, guerre à outrance; déclencher, entreprendre, faire, gagner, perdre, terminer la guerre; menacer de guerre; droit(s) de la guerre. L'Allemagne de 1914, lancée dans la Weltpolitik, n'eût jamais déclaré la guerre si elle avait posément compris son intérêt (Foch, Mém., t. 1, 1929, p. 3).Au matin on repartait, groupe de la liaison, tous les cinq pour le quartier du général Des Entrayes, pour continuer la guerre (Céline, Voyage,1932, p. 31) :
3. Un ministre (Louvois) l'engagea dans une guerre sanglante, pour avoir été tourmenté par lui sur les fenêtres d'un bâtiment; et, pendant soixante-huit années de règne, Louis XIV, bien qu'il n'eût aucun talent comme général, a pourtant fait cinquante-six ans la guerre. Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 31.
Guerre chaude (p. oppos. à guerre froide, cf. infra B) :
4. L'ennemi peut prendre le visage de l'ennemi réel et concret de la guerre, celui de l'ennemi virtuel de la diplomatie ou celui de l'ennemi absolu de l'idéologie. L'ennemi n'est pas exclusivement celui que l'on combat au cours d'une guerre chaude. J. Freund, L'Essence du politique,1965, ds Gilb. 1971.
1. [Le déterminant évoque les puissances ou les groupes d'une même puissance entre lesquels s'exercent les rapports conflictuels] Guerre étrangère, locale, planétaire, raciale. Une plaie s'ouvrait : Pékin, Port-Arthur, Moukden, Tachataldja. Guerres continentales, guerres coloniales. L'homme blanc accomplissait sa mission (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 94).
[En parlant d'un conflit particulier] Drôle de guerre; Grande Guerre; guerre médique, punique; guerre de succession. Il paraît utile de procéder à une mise au point en partant d'une période de référence, caractérisée par sa stabilité, et qui a pris fin avec la guerre de 1914 (M. Benoist, F. Pettier, Trans. mar.,1961, p. 20).Une amélioration depuis la deuxième guerre mondiale. Les prêteurs de capitaux (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 111).
En partic.
Guerre civile. Lutte armée entre citoyens d'un même pays. La famille royale, qui aurait plongé la France dans les horreurs des guerres civiles (Marat, Pamphlets, Nouv. dénonciation contre Necker, 1790, p. 113).
Guerre intestine. Mais les guerres intestines qui la déchiroient, faisoient trembler tous les Chrétiens sur le sort qui lui étoit réservé (MmeCottin, Mathilde, t. 1, 1805, p. 116).
Guerre de religion ou guerre(s) religieuse(s), guerre sainte. Lutte armée entre partisans de religions différentes. Sans parler ici des barbares sacrifices (...), ni des guerres religieuses des Anciens (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 457).
Rem. En France, guerres de religion s'applique aux guerres qui ont opposé les catholiques aux protestants durant le xvies.
2. [Le déterminant indique les formes différentes que peut prendre cette lutte armée] Guerre atomique, bactériologique, chimique, sous-marine, terrestre, totale; guerre de mouvement, de tranchées, d'usure. En cas de guerre continentale, un décret peut autoriser l'acceptation, comme engagés pour la durée de la guerre, des jeunes Français ayant dix-sept ans (J.O., Loi rel. recrut. arm., 1928, p. 3820).Dans la zone européenne, l'intérêt principal de la guerre navale se concentra surtout sur la dure bataille de l'Atlantique (Le Masson, Mar.,1951, p. 11) :
5. Et ces quelques chiffres montrent mieux que de longs discours quels progrès nous avions faits dans l'ordre matériel au cours de cette première année de guerre de position. Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 94.
6. ... ces conclusions, qui ne s'appliquent qu'aux formes de la guerre aérienne classique ou nucléaire sub-limitée, sont à réviser entièrement dans le cas de la guerre [it. ds le texte] nucléaire contrôlée... Beaufre, Dissuasion et strat.,1964, p. 135.
3. [Le déterminant indique s'il s'agit d'un conflit défensif ou offensif] Guerre d'agression, de conquête, de libération. Je ne fis jamais de guerre préventive ni d'expédition punitive (Sartre, Mots,1964, p. 93) :
7. La guerre défensive est la seule légitime; et quand on peut accepter la paix ou l'offrir, une déclaration de guerre est le plus horrible des crimes... Genlis, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 304.
4. Expressions
La guerre pour la guerre. Ces hommes alors aiment la guerre pour la guerre (Constant, Wallstein,1809, p. viii).
À la guerre comme à la guerre. Il faut s'accommoder des inconvénients liés à cette situation. Mais les formalités... − On a tout simplifié. À la guerre comme à la guerre (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 668).
Rem. Peut aussi se dire au figuré.
La guerre fraîche et joyeuse. V. frais1C 4 a.
[P. réf. au proverbe lat. si vis pacem, para bellum] Si tu veux la paix, prépare la guerre.
Loc. cour.
En guerre. Entrer, être en guerre; états, nations en guerre. Et réciproquement, ces Indiens ne pouvant être en guerre, puisqu'ils n'ont pas de voisins, n'ont pas besoin d'un chef qui ait une autorité un peu étendue (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 88).
De (la) guerre. Butin, cas, char, cheval, correspondant, cri, dommage, fait, foudre, flotte, gens, homme, indemnité, industrie, journal, machine, marine, méthode, menace, munitions, navire, note, opération, port, prise, prisonnier, risque, souvenir, stratégie, tir, trésor, vaisseau, veuve de guerre; honneur(s), morts de la guerre. Il se rappelle ce qu'une infirmière lui a raconté de ce grand blessé de guerre qui arrachait ses médailles (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1490).Raoul a descendu son deuxième Messerschmidt : croix de guerre, peut-être légion d'honneur (Abellio, Pacifiques,1946, p. 295) :
8. Tout le matériel de guerre et approvisionnements de toute nature, qui ne pourront être évacués par les troupes allemandes dans les délais fixés, devront être laissés sur place... Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 271.
9. Commission des pensions (pensions civiles et militaires et victimes de la guerre et de l'oppression). Lidderdale, Parlement fr.,1954, p. 176.
Crime de guerre. Crime contre la paix (par la préparation d'une guerre d'agression), crime contre l'humanité.
Nom de guerre. Pseudonyme utilisé en temps de guerre et, p. ext., dans d'autres circonstances. Listolier adorait Dahlia, qui avait pris pour nom de guerre un nom de fleur (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 154).
5. P. méton.
a) Période limitée dans l'espace et le temps, pendant laquelle a lieu le conflit. Après la guerre, depuis la guerre, lendemain de guerre, pendant la guerre, période de guerre, veille de guerre. [Malvyl] au début de la guerre, en compagnie de sa maîtresse Nelly Béryl, avait fait scandale (L. Daudet, Brév. journ.,1936, p. 172) :
10. Il est évident que des racines d'une valeur négative se trouvent dans les atrocités de la dernière guerre et dans les doctrines barbares des nazis et des fascistes. Déclar. univ. Dr. Homme,1949, p. 14.
11. Ils ont attendu le courrier, les permes, l'attaque allemande et c'était leur manière d'attendre la fin de la guerre. Sartre, Mort ds âme,1949, p. 213.
Avant guerre. En France il n'y avait, avant guerre, que 35 000 tracteurs environ et 46 000 en 1946 (Industr. fr. caoutch.,1965, p. 45).
b) Institutions politiques et militaires qui se rattachent au domaine de la guerre. M. le duc de Bellune venait d'être obligé de quitter le portefeuille de la guerre (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 230).L'École de guerre (Foch, Mém., t. 1, 1929, p. xvi) :
12. Environ ce temps, le ministre de la guerre, se rendant auprès de son chef d'état-major, vit... A. France, Île ping.,1908, p. 282.
13. En faisant des réserves sur la nécessité d'augmenter ces forces au-delà de l'effectif fixé par le Conseil supérieur de guerre. Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 196.
c) Au fig. Le nerf de la guerre. L'argent. Ce qui nous manque, (...) c'est le nerf de la guerre, parbleu! c'est l'argent (A. France, Bergeret,1901, p. 182).
B. − Rapports conflictuels qui ne prennent pas la forme d'une lutte armée. Faire la guerre à; guerre idéologique, larvée, ouverte, sourde; guerre des ondes. En échange de ses colonies, en échange de garanties qui lui éviteront une guerre économique après la paix, elle [l'Allemagne] peut bien consentir à prendre de son plein gré des territoires (Barrès, Cahiers, t. 11, 1917, p. 289).
Guerre froide (p. oppos. à guerre chaude, cf. supra A) :
14. L'échec de la négociation avec l'Union Soviétique sur la cessation des explosions nucléaires et la recrudescence de la guerre froide devraient, semble-t-il, amener le Congrès à revoir prochainement sa position vis-à-vis de la France et avant le prochain coup de théâtre politique mondial... Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 204.
Guerre tiède. ,,État intermédiaire entre la guerre froide et la guerre chaude`` (Gilb. 1971).
1. Lutte qui est dirigée dans des domaines variés contre une personne, un ou plusieurs groupes. Guerre poétique; guerre de plume. C'est une querelle de pure littérature que je vous fais, une guerre de mots, une chicane sur les expressions (Sand, Corresp.,1843, p. 248).Il fallait renoncer à la guerre économique ou bien forcer la Flandre à servir la politique française (Bainville, Hist. Fr.,1924, p. 78) :
15. En effet, l'industrie tout entière y gagnerait, en établissant à l'intérieur ce bon marché si nécessaire à l'extérieur pour soutenir victorieusement la guerre industrielle avec l'étranger; bataille tout aussi meurtrière que celle des armes. Balzac, Député d'Arcis,1847, p. 321.
16. La traduction de l'Iliade par madame Dacier (...) amena une des guerres littéraires les plus vives et les plus curieuses qu'on ait vues, et comme il s'en produit quelquefois en France quand les esprits sont reposés et qu'on n'a rien de mieux à faire. Sainte-Beuve, Caus. lundi,1851-62, p. 495.
Guerre des nerfs. Méthode de guerre tendant à briser la résistance nerveuse de l'adversaire. Synon. guerre psychologique.Qui sait mal attendre, sait mal agir : tout le secret de la « guerre des nerfs » est là (Mounier, Traité caract.,1946, p. 424).
P. plaisant. La guerre en dentelles. V. dentelle A 2 loc.
Expr. et proverbes
Qui terre a, guerre a. La propriété est cause d'hostilité. V. Balzac, Paysans, 1844, p. 3.
De bonne guerre. [En parlant d'un procédé adroit consistant à mettre l'adversaire en difficulté] Elle laissa deviner les calomnies dites par Hélène (...). − Ces coups de langue, dit-il, sont de bonne guerre dans le grand monde (Balzac, Modeste Mignon,1844, p. 232).
De guerre lasse. En abandonnant toute résistance. À force de m'obséder, je me rendis, de guerre lasse (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 265).
Être, se mettre sur le pied de guerre. Être toujours prêt à réagir :
18. Aussi (...) Madame Moreau se mettait-elle sur le pied de guerre et faisait-elle le pied de grue. Un artiste qui devait être son commensal (...) exigeait des frais. Balzac, Début vie,1842, p. 398.
2. P. ext. et au fig. [La guerre peut s'exercer contre quelque chose, traduisant la volonté de destruction de l'homme] Action menée contre toute chose à laquelle on attribue une valeur nocive. Faire la guerre aux abus, à la drogue, au laisser aller, au tabac. On me dira que je fais la guerre aux titres, mais je n'aime pas ce titre d'Épaves qui affiche le naufrage (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 253) :
19. ... il s'accommodait mal de l'extrême licence, souvent affectée, du milieu littéraire qu'il fréquentait. Il partait en guerre, contre les vers alexandrins, contre Mendès, contre les mœurs, contre l'époque, et terminait souvent un récit par cette phrase, qu'accompagnait un grand rire amusé (car il s'amusait de son indignation même) : − Mais enfin, Gide! Où allons-nous? Gide, Si le grain,1924, p. 537.
Rem. 1. Faire la guerre à qqn (fam.). L'attaquer, le réprimander. « Voyons, qui as-tu vu? Adèle? Alexandrine? » Je ne savais pas encore distinguer mes deux cousines par leur nom. Je répondis « la jolie » (...) on rit beaucoup; celle qui n'était pas la jolie (...) me fit « la guerre » toute la soirée (Renan, Feuilles dét., 1892, p. 84). 2. Avoir guerre. Ne pas pouvoir s'accorder avec. Lui-même [le Cid] on le voit d'abord au service de Sanche, roi de Castille, lequel avait guerre contre son frère Alphonse (Sainte-Beuve, op. cit., t. 7, 1864, p. 226).
REM.
Guéguerre, subst. fém.Petite guerre jugée sans importance par celui qui parle. On ne peut avoir tous les ans une guéguerre, la Der-des-Ders à annoncer comme vacances (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 303).
Prononc. et Orth. : [gε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 « lutte armée entre groupes humains ou entre États » (Roland, éd. J. Bédier, 235); b) ca 1100 la/une guerre [limitée dans l'espace et le temps] (ibid., 242); 2. ca 1150 « inimitié; acte d'inimitié; dissension entre particuliers » (Wace, S. Nicolas, éd. E. Ronsjö, 644); 3. 1680 « les questions militaires; l'organisation des armées » (Rich. : conseil de guerre); 4. av. 1755 de guerre lasse (Saint-Simon, Mémoires, X, 395 ds Adam, p. 72). De l'a. b. frq. *werra « troubles, désordres; querelle », cf. l'a.h. all. werra « scandale; querelle », m. néerl. werre « confusion, désordre; querelle, guerre ». Attesté en lat. médiév. au ixes. (Du Cange; Nierm.), *werra a éliminé le lat. class. bellum « guerre ». Pour l'explication de de guerre lasse, v. Goug. Syst. gramm. 1925, p. 125, note 1. Fréq. abs. littér. : 20 850. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 26 561, b) 16 877; xxes. : a) 22 151, b) 43 649. Bbg. Brüch 1913, p. 174. - Colomb. 1952/53, p. 341 - Dub. Pol. 1962, p. 314 - Fabre-Luce (A.). Les Mots qui bougent. [Paris, 1970], p. 109 - Hasselrot 20es. 1972, p. 101 (s.v. gueguerre). - Launay (M.). Le Vocab. pol. de J.-J. Rousseau Genève-Paris, 1977, p. 113. - Quem. DDL t. 15, 16, 18. - Rohlfs (G.). Die lexikalische Differenzierung der romanischen Sprachen. München, 1974, p. 60.

Wiktionnaire

Adjectif - ancien français

guerre \Prononciation ?\

  1. Variante de garre.

Nom commun - ancien français

guerre \Prononciation ?\ féminin

  1. Guerre.
    • et ainsi se menait la guerre guerroyable de toutes pars. — (Ol. de la Marche, Mémoires)

Nom commun - français

guerre \ɡɛʁ\ féminin

  1. (Politique) Conflit entre deux nations, qui se vide par la voie des armes ; action d’un peuple qui en attaque un autre, ou qui résiste à une agression, à une invasion.
    • La dernière grande guerre qu’avait soutenue l’Angleterre, la guerre contre les Boers, était oubliée, et le public avait perdu l’habitude de la critique militaire experte. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 54 de l’édition de 1921)
    • La guerre n’engendre que la plus détestable violence et la plus morne stupidité. La guerre n’est pas belle, elle est hideuse. Elle est l’excitatrice des vices sans nombre et sans frein. Elle est la mère de tous les crimes. — (Victor Margueritte; Au bord du Gouffre, 1919)
    • À vrai dire, la République romaine n’était qu’une oligarchie despotique et pillarde dont les chefs s’enrichissaient en dépouillant le monde par les guerres et les rapines. — (Alfred Naquet, Vers l’union libre, E. Juven, Paris, 1908)
    • Douce soirée où l’on pouvait encore croire — à la rigueur, le calcul des probabilités cédant à une chance inouïe — Qu’il n'y aurait pas de morts pendant la guerre. — (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)
    • Ah ! la bougresse ! Elle est maintenant entretenue par un banquier tchécoslovaque qui a réalisé une fortune colossale pendant la guerre dans les fournitures aux armées. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 180)
    • Le Général De Gaulle aimait à dire que la guerre est une chose morale. II ne voulait bien-sûr nullement « justifier » la guerre en général. — (Didier Saint-Georges, Le libéralisme est une chose morale, 2008, page 7)
    • Ce conflit dynastique dégénérerait en guerre européenne. C’est pourquoi Dubois se pose en apôtre de la paix. — (Évelyne Lever, La Diplomatie secrète du mystérieux abbé Dubois, dans Marianne (magazine) n° 765, 17 décembre 2011)
  2. (Militaire) Art militaire, stratégie, polémologie, tactique.
    • L’art de la guerre, le métier de la guerre.
    • La guerre de campagne, la guerre de siège. Guerre de mouvements, de tranchées, d’usure.
    • (Par extension) Suite d'affrontements armés.
    • J’aimais à relire la vie des flibustiers, […] maîtres de ces parages au XVIIe et au XVIIIe siècle, avant que l’entente franco-anglaise mît fin à cette guerre de pillage et de course. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
  3. (Par extension) Action de grande ampleur pour une cause ou contre un phénomène.
    • Il faut faire aux méchants guerre continuelle.
      La paix est fort bonne de soi ;
      J’en conviens : mais de quoi sert-elle
      Avec des ennemis sans foi ?
      — (Jean de la Fontaine, Fables, Les Loups et les Brebis)
    • Le véritable et profond caractère du Djehad fut, à son origine, d’être une guerre de propagande et d’envahissement. — (M. de Saint-Anthoine, Du Djehad ou de la Guerre sacrée des Musulmans, dans Journal des travaux de la Société française de statistique, vols. 16 à 19, 1846, page 363)
    • Les tripots de Nantes étaient célèbres ; la police avait beau multiplier ses enquêtes et la municipalité faire une guerre acharnée à ceux qui favorisaient le jeu, on ne pouvait empêcher ni les ruines, ni les scandales. — (Étienne Dupont, Le Vieux Saint-Malo - Les Corsaires chez eux, éd. Honoré Champion, 1925, p. 116)
  4. (Par extension) Affrontement sociopolitique, intellectuel ou professionnel dans le but d'obtenir un avantage matériel ou intangible.
    • Par exemple il soutenait, et toujours colérique­ment, que tout est guerre, que la lutte pour le salaire est guerre, que toute rivalité est guerre, et qu’ainsi la guerre sera toujours. — (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, page 215)
    • Sans l'avoir voulu, je venais de lui déclarer la guerre. La guerre était pour lui une sorte de second métier. — (Amina Danton, La tangente, Gallimard (NRF), 2009, p. 180)
  5. (Figuré) Action violente et continue, en parlant des prédateurs sur leurs proies.
    • Le loup fait la guerre aux brebis.
    • Le renard fait la guerre aux poules.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GUERRE. n. f.
Conflit entre deux nations, qui se vide par la voie des armes; action d'un peuple qui en attaque un autre, ou qui résiste à une agression, à une invasion, etc. Guerre offensive. Guerre défensive. Les guerres Médiques. La guerre de Cent Ans. Les guerres d'Italie. Les lois de la guerre. Gens de guerre. Ruse de guerre. Préparatifs de guerre. Déclaration de guerre. Vaisseau de guerre. Bâtiment armé en guerre. Les malheurs, les ravages, les horreurs de la guerre. Des aventures de guerre. En temps de guerre. Une guerre à feu et à sang. Avoir la guerre. Être en guerre. En guerre et en paix. Déclarer la guerre. État de guerre. Cette province devint le théâtre de la guerre. Conseil de guerre. Voyez CONSEIL. Il désigne aussi l'Art militaire, la connaissance des moyens que l'on doit employer pour faire la guerre avec avantage. L'art de la guerre, le métier de la guerre. La guerre de campagne, la guerre de siège. Guerre de mouvements, de tranchées, d'usure. Guerre aérienne. Guerre des gaz. Un homme de guerre. Avoir le génie de la guerre. Guerre civile, guerre intestine, Guerre entre les citoyens d'un même État. Guerre étrangère, Guerre contre les étrangers. Le double fléau de la guerre civile et de la guerre étrangère. Guerres de religion, Celles que les dissensions religieuses allument dans un pays. Guerre sainte se dit de la Guerre qui s'est faite autrefois contre les infidèles pour reconquérir la Terre sainte. Guerre sainte désigne aussi le Soulèvement religieux ordonné contre les chrétiens par les chefs de l'Islam. Proclamer la guerre sainte. Guerre à mort, Guerre dans laquelle on ne fait aucun quartier. On dit à peu près de même Guerre d'extermination, guerre à outrance. Petite guerre, Celle qui se fait par détachements ou par partis, dans le dessein d'observer les démarches de l'ennemi, de l'incommoder, de le harceler. Faire la petite guerre. Il se dit aussi d'un Simulacre de guerre, dans lequel des corps d'une même armée manœuvrent et feignent de combattre les uns contre les autres. Obtenir les honneurs de la guerre se dit d'une Garnison assiégée qui obtient, avant de quitter la place, de garder ses armes en totalité ou en partie. Fig. et fam., Sortir d'un procès, d'une querelle, d'une discussion avec les honneurs de la guerre, En sortir honorablement, à son avantage. Fig. et poétiq., Foudre de guerre. Voyez FOUDRE. Cela est de bonne guerre, Cela est conforme aux lois et aux usages de la guerre. On le dit figurément en parlant de Toutes les actions de la vie civile où l'on prend ses avantages, sans recourir à aucun moyen déloyal. Usez hardiment de ce moyen, il est de bonne guerre. Ce procédé ne me semble pas de bonne guerre. Faire la guerre avec quelqu'un, Servir avec lui en temps de guerre dans les armées de la même nation, du même parti. Il a fait avec moi la guerre de Crimée. Nous avons fait la guerre ensemble. Nom de guerre, Nom que prenait autrefois un soldat en s'enrôlant, tel que La Tulipe, Sans-Quartier, Va-de-bon-cœur, et que, dans certains cas, il prend encore aujourd'hui en s'engageant. Il se dit surtout, maintenant, d'un Nom supposé que l'on prend en littérature, au théâtre, etc. Prov. et fig., La guerre nourrit la guerre, Ce qu'on prend sur les ennemis sert à entretenir les armées. Prov. et fig., À la guerre comme à la guerre, Il faut s'accommoder au temps, aux circonstances, quelque fâcheuses qu'elles puissent être. Guerre à.... Ellipse pour Faites la guerre, faisons la guerre à... Guerre aux tyrans! Guerre à l'envahisseur! Il se dit, par extension, tant au propre qu'au figuré, de Toute espèce de débat, de démêlé, d'attaque, de lutte. Cet homme est toujours en guerre avec ses voisins. Déclarer, faire la guerre aux abus, aux préjugés, aux vices. Une guerre de plume. Guerre économique. Guerre de tarifs. Prov. et fig., Qui terre a guerre a, Qui a du bien est sujet à avoir des procès. Être en guerre ouverte avec quelqu'un, Être avec lui sur le pied d'ennemi déclaré. Fig. et fam., Faire la guerre à quelqu'un, Lui faire constamment des réprimandes, des observations sur quelque chose. Faire la guerre à quelqu'un sur son étourderie, sur son imprudence, sur le laisser aller de ses manières, sur la négligence de sa tenue. Fig. et fam., Faire la guerre aux mots, Critiquer minutieusement le style et les mots dans un écrit. Fig. et fam., Faire la guerre au couteau, Employer tous les moyens pour triompher de l'adversaire. Fig. et fam., Faire quelque chose de guerre lasse, Le faire après avoir longtemps résisté. Je lui ai cédé de guerre lasse. Il s'est longtemps refusé à cet arrangement; enfin, de guerre lasse, il y a consenti. Il se dit aussi en parlant des Bêtes qui en attaquent d'autres pour en faire leur proie. Le loup fait la guerre aux brebis. Le renard fait la guerre aux poules.

Littré (1872-1877)

GUERRE (ghê-r') s. f.
  • 1La voie des armes employée de peuple à peuple, de prince à prince, pour vider un différend. Avoir guerre. Avoir la guerre. La guerre, la peste et la famine sont les trois fléaux de Dieu. Vous portâtes soudain la guerre dans la Perse, Corneille, Héracl. IV, 4. Petits princes, videz vos débats entre vous : De recourir aux rois vous seriez de grands fous ; Il ne les faut jamais engager dans vos guerres, Ni les faire entrer sur vos terres, La Fontaine, Fabl. IV, 4. La guerre est une chose si horrible que je m'étonne comment le seul nom n'en donne pas de l'horreur, Bossuet, Pensées chrét. 36. La guerre a ses faveurs ainsi que ses disgrâces, Racine, Mithr. III, 1. Marchons, et dans son sein [de Rome] rejetons cette guerre Que sa fureur envoie aux deux bouts de la terre, Racine, ib. Dans la guerre la distinction entre le héros et le grand homme est délicate, La Bruyère, II. La guerre est un mal qui déshonore le genre humain, Fénelon, Dial. des morts anc. dial. 16. Il n'est permis de faire la guerre que malgré soi, à la dernière extrémité, pour repousser la violence de l'ennemi, Fénelon, ib. Le nombre infini de maladies qui nous tuent est assez grand, et notre vie est assez courte pour qu'on puisse se passer du fléau de la guerre, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 27 fév. 1775. Vous alliez faire la guerre aux jésuites, allons la faire pour eux, Voltaire, Candide, 14. Le plus déterminé des flatteurs conviendra sans peine que la guerre traîne toujours à sa suite la peste et la famine, pour peu qu'il ait vu les hôpitaux des armées d'Allemagne, et qu'il ait passé dans quelques villages où il se sera fait quelque grand exploit de guerre, Voltaire, Dict. phil. Guerre. La guerre est une loi de sang et de rigueur, Saurin, Spart. I, 2. Obéir, à la guerre, est le premier devoir, Saurin, ib. III, 1. Toutefois, dans ces moyens irréguliers, il y en avait que l'importance du but pouvait excuser ; il s'agissait de surprendre l'armée russe, ensemble ou dispersée, de faire un coup de main avec quatre cent mille hommes ; la guerre, le pire des fléaux, en eût été plus courte, Ségur, Hist. de Nap. III, 2. On regardait le duc de Trévise [laissé à Moscou] comme un homme sacrifié ; les autres chefs, ses vieux compagnons de gloire, l'avaient quitté les larmes aux yeux, et l'empereur en lui disant qu'il comptait sur sa fortune, mais qu'au reste, à la guerre, il fallait bien faire une part au feu, Ségur, ib. IX, 6.

    Guerre de mer, guerre maritime, guerre qui se fait sur mer. Que deviendrait-elle si à la guerre de mer où elle est engagée, une guerre de terre se joignait encore ? D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 15 déc. 1780.

    Guerre civile, guerre intestine, guerre entre les citoyens d'un même État. La guerre civile est le règne du crime, Corneille, Sertor. I, 1. Quelle guerre intestine avons-nous allumée ? Racine, Esth. III, 4. La guerre civile qui désolait alors l'Angleterre et qui fit tomber sous la hache d'un bourreau la tête de Charles 1er, avait commencé par un impôt de deux shellings par tonneau de marchandise, Voltaire, Hist. parlem. ch. 55. Les guerres civiles prennent leur esprit des causes qui les ont fait naître, Raynal, Hist. phil. VII, 7.

    Guerre étrangère, guerre contre une nation étrangère.

    Guerre de religion, guerre qui se fait à cause de la religion. Les guerres de religion désolèrent la France sous François II, Charles IX et Henri III.

    Fig. Guerres de religion, querelles religieuses sur des points de doctrine. Plût à Dieu que ces guerres de religion fussent aussi près de leur fin que celle qui divise les princes de l'Europe ! Maintenon, Lett. à Mme de St-Géran, 24 août 1696.

    Guerre sainte, guerre qui se faisait autrefois contre les infidèles pour conquérir la terre sainte.

    Guerre sacrée, guerre que les Thébains et leurs alliés firent aux Phocéens qui s'étaient emparés d'une terre appartenant au temple de Delphes.

    Fig. et par plaisanterie. Guerre sacrée, querelle entre gens d'Église. Pendant que tout conspire à la guerre sacrée, Boileau, Lutr. VI.

    Guerre à mort, guerre dans laquelle on ne fait aucun quartier.

    On dit dans le même sens : guerre d'extermination, guerre à outrance.

    Terme de féodalité. Guerre du roi, guerre déclarée par le roi à un prince étranger ; elle suspendait toutes les guerres particulières.

    Obtenir les honneurs de la guerre, voy. HONNEUR.

    Conseil de guerre, assemblée d'officiers généraux d'une armée. Le lion dans sa tête avait une entreprise : Il tint conseil de guerre, envoya ses prévôts…, La Fontaine, Fabl. V, 19.

    Conseil de guerre, tribunal qui exerce la justice militaire.

    Fruit ou fruits de la guerre, les pays désolés, les gens estropiés et tout ce qui est l'effet des désastres de la guerre ; particulièrement les blessures et les maladies que fait contracter l'état militaire, et, par extension plaisante, les maux qui sont la suite d'excès en tout genre, de l'ivrognerie, de la débauche, du jeu, etc.

    Poétiquement, un foudre de guerre, grand homme de guerre qui a remporté de grandes victoires et qui est terrible par sa valeur. Comment ! des animaux qui tremblent devant moi ! Je suis donc un foudre de guerre ! La Fontaine, Fabl. II, 14.

    Faire la guerre à l'œil, observer attentivement les démarches de l'ennemi. M. de Turenne, très habile et qui savait faire la guerre à l'œil, n'avait pas manqué d'y jeter un corps, Mém. pour servir à l'hist. univ. de l'Europe, t. I. p. 389.

    Fig. Faire la guerre à l'œil, observer avec soin ce qui se fait afin de profiter des conjonctures. Dieu sait comme ils firent la guerre, J'entends à l'œil ; car autrement Je parlerais peu nettement, Scarron, Virg. VI. Nous ferons guerre à l'œil, Th. Corneille, Geôl. de soi-même, IV, 4. Il n'importe, elle est amoureuse, je te réponds de tout ; tu n'as qu'à faire la guerre à l'œil et à nous seconder, Champagne et moi, Dancourt, la Folle enchère, sc. 4.

    De guerre lasse, quand on est las de la guerre. Quand toutes les intrigues, les finesses italiennes sont épuisées et déconcertées, les partis, assez forts pour combattre et trop faibles pour vaincre, font la paix de guerre lasse, Duclos, Voy. Ital. Œuv. t. VII, p. 56, dans POUGENS.

    Fig. Faire quelque chose de guerre lasse, le faire après avoir longtemps résisté. Je lui ai cédé de guerre lasse.

    Faire la guerre à ses dépens, voy. DÉPENS.

  • 2De bonne guerre, se dit de ce qui se fait selon les lois et usages de la guerre. Le comte de Pas m'avait obligé en me renvoyant pour rien tout le bétail de Commercy qui était à lui de bonne guerre, Retz, IV, 19.

    Fig. De bonne guerre, de bonne prise, légitimement. Persuadé qu'en amour on gagne toujours de bonne guerre ce qu'on peut obtenir par adresse, on ne voit pas qu'il ait jamais témoigné le moindre repentir de cette supercherie, Hamilton, Gramm. 4.

    Faire bonne guerre, user de toute l'humanité, de tous les ménagements que les lois de la guerre permettent. Je n'ai pour ennemis que ceux du bien commun, Je leur fais bonne guerre et n'en proscris pas un, Corneille, Sertor. III, 2.

    Fig. Faire bonne guerre, en user honnêtement dans une discussion d'intérêts ; prendre ses avantages sans blesser aucune des bienséances et des règles de l'honnêteté. Ils [Luther et Carlostad] touchèrent en la main l'un de l'autre, en se promettant de se faire bonne guerre, Bossuet, Var. 2.

  • 3On personnifie quelquefois la guerre dans le langage mythologique et poétique. Bientôt ils défendront… De figurer aux yeux la Guerre au front d'airain, Boileau, Art poét. III.
  • 4Expédition, campagne. Dans les premières guerres, il n'avait qu'une seule vie à offrir ; maintenant il en a une autre [son fils] qui lui est plus chère que la sienne, Bossuet, Louis de Bourbon. Suivant son usage, il se promène devant les rangs ; il sait quelles sont les guerres que chaque régiment a faites avec lui, Ségur, Hist. de Nap. III, 3.

    Faire la guerre avec quelqu'un, servir avec lui dans le même corps.

    En guerre, durant le temps de guerre. Vous devez en guerre être habillés de fer, La Bruyère, XII.

    S'en aller en guerre, partir pour une expédition. Le lion s'en allant en guerre, La Fontaine, Fabl. V, 19. Ces temps où la France s'en allait en guerre contre les mécréants et les infidèles, Chateaubriand, Génie, II, I, 5.

    Ruse de guerre, stratagème employé dans la guerre.

    Fig. Tour de vieille guerre, ruses, adresses qui sont à la disposition d'un vieux chasseur, d'un homme expérimenté. Nous en savons plus d'un, dit-il, en les gobant ; C'est tour de vieille guerre…, La Fontaine, Fabl. III, 18.

  • 5L'art militaire. la connaissance des moyens employés pour faire la guerre. Non content de lui enseigner la guerre [à son fils], comme il a fait jusqu'à la fin par ses discours, le prince le mène aux leçons vivantes et à la pratique, Bossuet, Louis de Bourbon. Il savait faire la guerre, Bossuet, Hist. II, 2. Quant à lui [Napoléon], sa tête est son conseil, tout part de là ; mais Alexandre, qui le conseillera ? qui opposera-t-il ? il n'a que trois généraux, Kutusof, qu'il n'aime pas parce qu'il est Russe ; Beningsen, trop vieux il y a six ans, aujourd'hui en enfance ; et Barclay ; celui-ci manœuvrera, il est brave, il sait la guerre ; mais c'est un général de retraite, Ségur, Hist. de Nap. IV, 5.

    Homme de guerre, homme qui sait la guerre. Je dois craindre Licine, il est homme de guerre, Tristan, M. de Chrispe, II, 7.

    Gens de guerre, militaires, soldats. J'ai vu des gens de guerre épandus par la ville, Corneille, Rodog. III, 2.

  • 6Ensemble d'attaques, de défenses, d'opérations. Ainsi la guerre était partout, devant, sur nos flancs, derrière nous ; l'armée s'affaiblissait ; l'ennemi devenait chaque jour plus entreprenant, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 10.

    Petite guerre, celle qui se fait par détachements ou par partis, dans le dessein d'incommoder, de harceler l'ennemi dans sa marche.

    Petite guerre, simulacre de combat pour faire manœuvrer et exercer les troupes.

    Anciennement. La petite guerre, la maraude, la picorée. Une poule et un oison, qui avaient bien la mine d'avoir été pris à la petite guerre, Scarron, Rom. com. I, 1.

  • 7 Absolument. Le département de la guerre, le ministère, les bureaux de ce département. Ministre de la guerre. Il travaille à la guerre. Chef de bureau à la guerre.
  • 8Guerre ouverte, hostilité déclarée. Le mauvais vouloir de cette puissance finit par se changer en guerre ouverte.

    Fig. Inimitié, agression, qui ne se cache pas. Mais sans discrétion tu vas à guerre ouverte, Régnier, Élég. II. Quoi qu'il en soit enfin, je ne t'abuse pas ; Je fais la guerre ouverte…, Regnard, le Joueur, I, 2.

  • 9Nom de guerre, nom que chaque soldat prenait autrefois en s'enrôlant ; par exemple : la Tulipe, Sans-Quartier. Louis [le dauphin fils de Louis XIV] le bien nommé, c'est Louis le Hardi ; D'un pareil nom de guerre on traitait les neuf preux, La Fontaine, Poésies mêlées, LXIV (ballade sur le nom de Louis le Hardi)

    Fig. Sobriquet donné par plaisanterie. Le Magnifique était un nom de guerre, La Fontaine, Magn.

    Prendre un nom de guerre, changer son nom véritable, prendre un nom de fantaisie.

  • 10Il se dit en parlant des animaux qui en attaquent d'autres pour en faire leur proie. Le loup fait la guerre aux brebis. Les lions ne font point la guerre aux lions, Fénelon, Tél. XVII. Tous les animaux sont perpétuellement en guerre ; chaque espèce est née pour en dévorer une autre, Voltaire, Dict. phil. Guerre.

    État de guerre, état d'hostilité de tous contre tous. Hobbes… voulant prouver que les hommes naissent tous en état de guerre, et que la première loi naturelle est la guerre de tous contre tous, Montesquieu, Défense de l'Esprit des lois, I, 1.

    Poétiquement. Faire la guerre aux habitants de l'air, aux habitants des forêts, chasser. Je vais faire la guerre aux habitants de l'air, Boileau, Ép. VI.

  • 11 Fig. Toute espèce de débat, de démêlé, de lutte. Cet homme est toujours en guerre avec ses voisins. Cela [saisir l'occasion] s'entend principalement à la guerre et des actions militaires ; mais il y a de la guerre, qui le croira ? même dans les actions paisibles et désarmées ; il faut combattre partout de façon ou d'autre, Guez de Balzac, De la cour, 4e disc. Deux coqs vivaient en paix : une poule survint, Et voilà la guerre allumée, La Fontaine, Fabl. VII, 13. Il faut faire aux méchants guerre continuelle ; La paix est fort bonne de soi ; J'en conviens, mais de quoi sert-elle Avec des ennemis sans foi ? La Fontaine, ib. III, 13. Tenez entre eux divisés les méchants ; La sûreté du reste de la terre Dépend de là : semez entre eux la guerre, Ou vous n'aurez avec eux nulle paix, La Fontaine, ib. VII, 8. Hircan et Aristobule eurent guerre pour le sacerdoce, Bossuet, Hist. II, 5. Cette Eglise à laquelle il avait fait une si longue guerre, Bossuet, ib. III, 10.

    Familièrement. Faire la guerre à quelqu'un, lui faire souvent des réprimandes, lui chercher querelle. Ne lui faites point la guerre sur tout ceci, Sévigné, 453. Mme de Pontchartrain, à qui je fais la guerre sur le jansénisme, dit qu'on verrait comme vous en useriez avec son confesseur, Maintenon, Lett. au cardin. de Noailles, 12 oct. 1695. Elle ne cessait de lui faire la guerre sur sa méchante humeur, Hamilton, Gramm. 4. Je lui fis la guerre de ce caprice, Rousseau, Ém. v. Un manque de civilité dont mon oncle ne cesse de me faire la guerre depuis ce matin, Picard, Petite ville, III, 13.

    Faire la guerre à quelque chose, s'en prendre à cette chose, l'attaquer, la détruire. Elle fait la guerre à ses beaux cheveux, Sévigné, 55.

    Faire la guerre au pain, en manger beaucoup.

    Faire la guerre à, combattre, lutter contre. Notre société [les jésuites] a pour but de travailler à établir les vertus, de faire la guerre aux vices, et de servir un grand nombre d'âmes, Pascal, Prov. x. Le vice audacieux, des hommes avoué, à la triste innocence en tous lieux fit la guerre, Boileau, Sat. X.

    Faire la guerre à ses passions, combattre, réprimer ses passions.

    Faire la guerre aux mots, critiquer minutieusement le style.

  • 12Guerre de plume, discussion, dispute par des écrits entre des hommes de différents partis. Je m'intéresse plus à la guerre des Russes contre les Ottomans qu'à la guerre de plume du parlement, Voltaire, Lett. à la marquise du Deffant, 6 janv. 1771. À quoi bon rendre guerre pour guerre ? Bonnet, Lett. div. Œuv. t. XII, p. 185, dans POUGENS.
  • 13 Fig. Guerre se dit des choses qui combattent, qui attaquent, qui sont en lutte. Les éléments en guerre. Dont l'air intempéré fait guerre aux animaux, Régnier, Sat. XI. Mon esprit agité fait guerre à mes pensées, Régnier, Élég. II. Allez, honneurs, plaisirs, qui me livrez la guerre, Corneille, Poly. IV, 2. Si de tels souvenirs ne me faisaient la guerre, Corneille, Tite et Bér. II, 1. Un mal qui répand la terreur,… La peste, puisqu'il faut l'appeler par son nom, Faisait aux animaux la guerre, La Fontaine, Fabl. VII, 1. Elle a dans la tête une philosophie Qui déclare la guerre au conjugal lien, Et vous traite l'Amour de déité de rien, Molière, Princ. d'Él. I, 2. Où l'honneur a toujours guerre avec la fortune, Boileau, Sat. I.
  • 14Nom d'un jeu qui se joue sur un billard.

PROVERBES

À la guerre comme à la guerre, c'est-à-dire il faut souffrir la fatigue ou prendre du bon temps selon les occasions.

La guerre nourrit la guerre, une armée subsiste aux dépens du pays où elle se trouve.

Guerre et pitié ne s'accordent pas ensemble, à la guerre on a peu de pitié et il serait dangereux d'en avoir.

Qui terre a guerre a, celui qui possède de la terre est sujet à avoir des procès. Par allusion à ce proverbe Voltaire a dit (Lett. d'Argental, 4 oct. 1748) : « Je ne m'attendais pas à ce nouveau trait de calomnie ; mais qui plume a guerre a », c'est-à-dire les gens de lettres sont exposés à être attaqués.

La guerre est bien forte quand les loups se mangent l'un l'autre, se dit quand on voit deux personnes de même profession avoir querelle.

On ne fait la guerre que pour faire enfin la paix, c'est-à-dire il faut toujours finir par s'accorder.

REMARQUE

La locution de guerre lasse a été trouvée par plusieurs grammaticalement inexplicable ; faire quelque chose de guerre lasse, étant faire une chose las de la guerre ; aussi des grammairiens ont-ils voulu la corriger et dire : de guerre las. D'autres ont dit qu'il fallait écrire de guerre las quand il s'agissait d'un homme, et de guerre lasse quand il s'agissait d'une femme ; et que l'erreur était née de la prononciation de l's dans las, comme plusieurs la font sentir dans hélas (hé-las'). Il nous semble qu'il n'y a rien à changer, que lasse se rapporte bien à guerre, et que la locution représente une figure hardie où la lassitude est transportée de la personne à la guerre : de guerre lasse, la guerre étant lasse, c'est-à-dire les gens qui font la guerre étant las de la faire.

HISTORIQUE

XIe s. Faites la guerre com vous l'avez emprise, Ch. de Rol. XI. N'aurez mais guerre en tute vostre vie, ib. XLIII.

XIIe s. À la mort [je] sui, se la guerre m'i [en cet amour] dure, Couci, p. 126. Nus [nul] ne nous faisoit guerre ne ne menoit dangier, Sax. XVI. As parenz saint Thomas [le roi] ad prise si grant guerre, Que tuz les fist chacier hors de tute sa terre, Th. le mart. 63.

XIIIe s. À Pepin [ils] orent guerre qu'avez oui conter, Berte, III. Nus marcheant ne vit aese : Car son cuer a mis en tel guerre, Qu'il art [brûle] tous jors de plus acquerre, la Rose, 5090. S'il prent à tout le monde guerre, Il n'a pooir de vivre en terre, ib. 8643.

XIVe s. Moult gens crient maintes fois guerre, guerre, qui ne sçaivent que guerre monte ; en son commencement est large et a si grant entrée que chascun puet entrer, et l'a puet l'en trouver legierement ; mais à grant peine puet l'en sçavoir à quel fin l'on en puet venir, Le Chev. de la Tour, Instruct. à ses filles, f° 13, dans LACURNE.

XVe s. Et on dit, et voir est, qu'il n'e t si felle [cruelle] guerre que de voisins et d'amis, Froissart, I, I, 118. Il avoit dès sa jeunesse forfait le royaume [était banni du royaume] pour guerre d'amis et d'un homicide qu'il avoit fait à St-Omer, Froissart, liv. I, p. 195, dans LACURNE. Or faut pour la guerre civile Advocat clerc qui soit habile Pour le droit des gens demonstrer Aux juges en chascune ville, Deschamps, Poés. mss. f° 79. Regret m'assault, et pitié me fait guerre, Pleure, gemis, et n'est homme qui l'oye, Chartier, Ball. sur la mort de sa dame. Messeigneurs, y [il] fault adviser, Que guerre n'est pas peu de chose, Myst. du siége d'Orléans, p. 734. Item mon corps j'ordonne et laisse à nostre grandmere la terre, Les vers n'y trouveront grand graisse ; Trop luy a faict faim dure guerre, Villehardouin, Double ball. Testam.

XVIe s. Avoir guerre contre les Escossois, Montaigne, I, 15. Le mareschal [prisonnier] le pria de luy faire bonne guerre, et qu'il ne se souvint du passé, Carloix, VIII, 38. Les Suisses, irritez de cest outrage, demanderent à monsieur l'admiral qu'il leur permist de faire la mauvaise guerre [guerre à mort] ; mais les Espagnols ne cesserent de pratiquer jusques à ce que la bonne guerre [à merci] fut accordée, Du Bellay, M. 100. Je veux seulement parler des fortunes qui advinrent au bon chevalier durant la guerre guerroyable qu'eurent ensemble François et Espaignols, Vie du chev. Bayard par le loyal serviteur, chap. XVIII. Aussi dict-on qu'il fault faire la guerre à l'œil ; et qui la faict bien les yeux fermés, ou en absence et bien loing, est fort à louer, Brantôme, Philippe II. La guerre engendre pauvreté, Pauvreté humilité, D'humilité revient la paix, Ainsi retournent les humains, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 366. Homme mort ne fait guerre, Cotgrave Mieux vaut en paix un œuf qu'en guerre un bœuf, Cotgrave

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

GUERRE, sub. f. (Art milit. & Hist.) différend entre des princes ou des états, qui se décide par la force ou par la voie des armes. C’est-là à-peu-près la définition de Grotius, qui dit que la guerre est l’état de ceux qui tachent de vuider leurs différends par la voie de la force.

Suivant Montecuculli, la guerre est une action d’armées qui se choquent en toute sorte de maniere, & dont la fin est la victoire. Cette définition n’est pas absolument exacte, parce que lorsqu’un état puissant en attaque un plus foible, le but de la guerre dans le dernier n’est pas tant de remporter la victoire sur l’aggresseur, que de s’opposer à ses desseins.

Quoi qu’il en soit, l’idée de la guerre est trop commune & ses effets trop connus, pour s’arrêter à l’expliquer plus particulierement. Comme les princes n’ont point de tribunal sur terre qui puisse juger de leurs différends & de leurs prétentions, c’est la guerre ou la force qui peut seule en décider, & qui en décide ordinairement.

Nous n’entrerons dans aucun détail sur les différentes circonstances qui rendent les guerres justes ou injustes. Nous renvoyons pour ce sujet au savant traité de Grotius, de jure belli ac pacis ; nous donnerons seulement une legere idée de la guerre offensive & de la guerre défensive. Elles peuvent se diviser chacune en guerre de campagne, & en guerre des siéges.

La guerre offensive est celle dans laquelle on se propose d’attaquer l’ennemi. Dans la défensive, on a pour principal objet de résister aux efforts de l’ennemi, & de l’empêcher de faire des conquêtes.

La guerre de campagne est celle qui se fait entre deux armées opposées. A l’égard de celle des siéges, elle consiste dans l’attaque & dans la défense des places.

Avant que d’entrer dans quelque détail sur ce sujet, observons d’abord que la guerre est un art qui a ses regles & ses principes, & par conséquent sa théorie & sa pratique. « Tous les Arts & tous les Métiers se perfectionnent par l’exercice. Si cette maxime a lieu dans les plus petites choses, à plus forte raison dans les plus importantes. Or qui doute que l’art de la guerre ne soit le plus grand de tous ? C’est par lui que la liberté se conserve, que les dignités se perpétuent, que les provinces & l’empire se maintiennent : c’est cet art auquel les Lacédémoniens autrefois, & ensuite les Romains, sacrifierent toutes les autres sciences. C’est l’art de ménager la vie des combattans & de remporter l’avantage » Vegece, traduction de M. de Sigrais.

L’étude d’un art si important doit, selon M. de Folard, faire la principale occupation des princes & des grands. Rien de plus brillant que la carriere d’un général qui fait servir sa science, son zele, & son courage au service du prince & de la patrie : « quel est l’art, dit cet auteur, qui égale un particulier à son souverain, qui le rend dépositaire de toute sa puissance, de toute la gloire, & de toute la fortune des états » ? La guerre seule a cet avantage : peut-il être un motif plus noble & plus intéressant pour chercher à s’y distinguer !

Les regles ou les principes de la guerre qui en forment la théorie, ne sont autre chose que le fruit des observations faites en differens tems pour faire combattre les hommes le plus avantageusement qu’il est possible. Thucidide remarque que la fameuse guerre du Peloponnese servit à augmenter l’expérience des Grecs dans l’art militaire ; parce que comme cette guerre fut souvent interrompue & recommencée, chacun s’appliquoit à rectifier les fautes qui avoient été remarquées dans les campagnes précédentes.

La premiere idée qu’on a dû avoir lorsqu’on a formé des hommes pour combattre, a sans doute été de les armer pour agir offensivement contre l’ennemi.

Les premieres armes furent d’abord sort simples ; c’étoit de gros bâtons, ou des especes de massues ou casse-têtes, ainsi qu’en ont encore aujourd’hui les Sauvages. On dut aussi se servir de pierres, qu’on jettoit de loin avec la main : mais on trouva bientôt l’invention de la fronde, pour les jetter de plus loin & avec plus de force. Il y a apparence qu’on songea ensuite à armer les bâtons d’un fer pointu ; qu’on trouva, bientôt après l’invention des épées ou des sabres ; & qu’à l’imitation des pierres qu’on lançoit avec la fronde, on imagina l’arc pour lancer également les fleches : car toutes ces armes sont de la plus haute antiquité.

Après avoir armé les combattans, il fut aisé de s’appercevoir qu’en les faisant agir en foule & sans ordre, ils ne pouvoient se servir de leurs armes, & qu’ils s’embarrasseroient réciproquement.

Pour remédier à cet inconvénient, on les forma sur des lignes droites, & l’on mit plusieurs de ces lignes les unes derriere les autres, pour en augmenter la force. Voyez Rangs & Files.

Après avoir armé les troupes & leur avoir donné l’arrangement précédent, il fallut leur apprendre à se servir de leurs armes, & à se mouvoir en ordre de tous les sens ; c’est-à-dire qu’il fallut leur apprendre l’exercice ou le maniement des armes, & les évolutions. Voyez Exercice & Evolution.

Les hommes en faisant usage de leurs armes contre l’ennemi, chercherent à se couvrir ou à se garentir de l’effet des siennes. Pour cet effet on imagina les armes défensives, telles que les casques, cuirasses, bouchers, &c. Voyez Armes défensives.

Les troupes étant armées ou exercées, il fallut les diviser en plusieurs corps, propres à agir & à se mouvoir facilement : de-là l’origine des compagnies, des cohortes, des régimens, des bataillons, &c.

On songea aussi à arranger ces différens corps entr’eux, comme les troupes le sont dans leurs corps particuliers, & l’on forma les ordres de bataille sur deux ou trois lignes de troupes. Voyez Ligne de Troupes & Ordre de Bataille.

On ne s’avisa vraissemblablement pas dans les premiers tems de faire combattre les hommes à cheval ; mais il fut aisé de s’appercevoir bien tôt du besoin de la cavalerie pour poursuivre l’ennemi, le disperser après sa défaite, & l’empêcher de se rallier.

Il y a apparence que la cavalerie fut d’abord destinée à cet effet, & qu’elle ne consistoit guere qu’en troupes legeres : mais on vit ensuite que cette cavalerie pourroit encore rendre d’autres services ; qu’elle étoit propre en plaine à combattre l’ennemi, & que d’ailleurs par la rapidité de ses mouvemens, elle pouvoit se transporter bien-tôt d’un lieu en un autre & se tirer du danger bien plus promptement que l’infanterie : on forma donc des corps de cavalerie plus ou moins nombreux, suivant la nature des peuples & des pays où l’on faisoit la guerre [1].

La cavalerie pouvant harceler l’infanterie en campagne, & essayer de la défaire sans craindre de se commettre par la facilité qu’elle a de se retirer, on imagina des armes de longueur pour la tenir en respect ; c’est-à-dire qu’on inventa les sarisses ou les piques, dont la longueur empêchoit le cheval du cavalier de tomber sur le fantassin : par-là l’infanterie put paroître en plaine devant la cavalerie, & la combattre même avec avantage ; mais la cavalerie fut toûjours jugée nécessaire dans les armées pour soûtenir & fortifier l’infanterie dans les lieux ouverts, donner des nouvelles de l’ennemi, le poursuivre après la défaite, &c.

Il est vraissemblable que les différentes choses dont on vient de parler, occuperent d’abord les nations guerrieres, & que la fortification doit aussi son origine aux premieres entreprises des puissances qui vouloient s’assujettir les autres. « D’abord, dit le comte de Pagan dans son traité de fortification, les campagnes étoient les plus agréables demeures ; l’assûrance des particuliers consistoit en l’innocence de tous, & les vertus & les vices n’admettoient point encore de différence parmi les hommes ; mais lorsque l’avarice & l’ambition donnerent lieu aux commandemens & aux conquêtes, la foiblesse cédant à la force, l’oppression suivit les vaincus ». Les moins puissans se réunirent ensemble dans le même lieu, pour être plus en état de se défendre : de-là l’origine des villes. On s’appliqua à les entourer d’une enceinte, capable d’en fermer l’entrée à l’ennemi. Cette enceinte fut d’abord de simples palissades, puis de murs entourés de fossés ; on y ajoûta ensuite des tours. Voyez Fortification.

A mesure que la fortification se perfectionnoit, l’ennemi inventoit différentes machines propres à en détruire les ouvrages : telles furent le bélier & les autres machines de guerre des anciens. Voy. Bélier, Baliste, Catapulte , &c.

Ces machines ont été en usage jusqu’à l’invention de la poudre, qui donna lieu d’imaginer le canon, le mortier, les arquebuses, les mousquets, les fusils, & nos autres armes à feu.

L’invention ou la découverte de la poudre à canon, qui a donné lieu de changer l’ancienne fortification, n’a pas introduit beaucoup de nouveautés dans les armes offensives du soldat. Le fusil répond assez exactement aux armes de jet des anciens ; mais les armes défensives ont été abandonnées insensiblement dans l’infanterie, à cause de la difficulté d’en avoir d’assez fortes pour résister à la violence du fusil. La cavalerie a seulement des plastrons ou des devants de cuirasse, & les officiers des cuirasses entieres, que les réglemens les obligent de porter. Voyez Armes défensives.

Dans les commencemens, où les armées s’éloignoient peu de leur demeure ordinaire, & où elles étoient peu de jours en campagne, les troupes pouvoient rester sans inconvéniens exposées aux injures de l’air. Mais lorsqu’on voulut leur faire tenir la campagne plus long-tems, on imagina de leur donner des tentes ou des especes de maisons de toile, que les soldats pouvoient porter avec eux. On forma alors des camps, & l’on fit camper les armées. Voyez Castramétation.

On pensa aussi alors à fortifier ces camps, pour les mettre à l’abri des surprises de l’ennemi, faire reposer les troupes plus tranquillement, & diminuer le grand nombre de gardes qu’il auroit fallu pour la sûreté du camp.

Toutes les différentes choses dont nous venons de parler, se sont insensiblement établies par l’usage parmi toutes nations policées. Celles qui y ont donné le plus d’attention & qui les ont portées au plus grand point de perfection, ont toûjours eu un avantage considérable sur celles qui les avoient plus négligées. Ce n’est pas le grand nombre qui décide des succès à la guerre, mais l’habileté des chefs, & la bonté des troupes disciplinées avec soin, & formées dans tous les exercices & les manœuvres militaires. De-là vient que les Grecs, auxquels on est particulierement redevable des progrès de l’art militaire, avoient trouvé le moyen avec de petites armées de vaincre les nombreuses armées des Perses. Rien de plus admirable que la fameuse retraite des dix mille de Xenophon. Ces grecs, quoiqu’en petit nombre au milieu de l’empire des Perses, ayant près de huit cents lieues à faire pour se retirer, ne pûrent être entamés par les forces d’Artaxerxès. Ils surmonterent par leur courage & par l’habileté de leurs chefs tous les obstacles qui s’opposoient à leur retour.

Quelqu’utiles que soient l’exercice & la discipline pour former de bonnes troupes, l’art de la guerre ne consiste pas uniquement dans cet objet. Ce n’est qu’un moyen de parvenir plus sûrement à réussir dans ses entreprises : ce qui appartient essentiellement à l’art de la guerre, & qui le caractérise, c’est l’art de savoir employer les troupes pour leur faire exécuter tout ce qui peut réduire l’ennemi plus promptement, & le forcer à faire la paix ; car la guerre est un état violent qui ne peut durer, & l’on ne doit la faire que pour se procurer la joüissance des douceurs & des avantages de la paix.

Il est facile avec de la bonne volonté, de l’application, & un peu de discernement, de se mettre au fait de toutes les regles ordinaires de la guerre, & de savoir les différentes manœuvres des troupes ; mais le génie de la guerre ne peut se donner ni s’acquérir par l’étude. Elle peut seulement le perfectionner. On peut appliquer à l’art de la guerre ce que l’Horace françois dit du jeu d’échets comparé à l’art de faire des vers.

Savoir la marche est chose très-unie,
Joüer le jeu, c’est le fruit du génie ;
Je dis le fruit du génie achevé,
Par longue étude & travail cultivé.

Savoir toutes les manœuvres de la guerre, tout ce qui concerne l’ordre, la disposition & l’arrangement des troupes, tout cela quoique très-utile en soi & absolument nécessaire au général, est chose très-unie. Mais faire la guerre avec succès, rompre les desseins de l’ennemi, trouver le moyen d’éluder sa supériorité, faire des entreprises continuellement sur lui sans qu’il puisse s’y opposer, c’est-là le véritable fruit du génie, & du génie achevé par longue étude & travail cultivé.

« Si un nomme, dit M. le maréchal de Saxe, n’est pas né avec les talens de la guerre, & que ces talens ne soient perfectionnés, il ne sera jamais qu’un général médiocre : l’application rectifie les idées, mais elle ne donne jamais l’ame ; c’est l’ouvrage de la nature ».

Mais quelqu’avantage qu’on en ait reçû, si on ne cultive pas ses talens par l’étude & la méditation, il ne faut pas espérer, dit M. de Folard, que Dieu nous accorde la science de la guerre par infusion. « Cependant à voir, dit-il, le peu d’application que chacun apporte à s’y rendre capable, on croiroit assez qu’elle s’apprend en un jour, & que cette lumiere d’ordre, de ruse, d’artifice pour s’en bien démêler, de profondeur dans la conduite des guerres les plus difficiles, de prévoyance & de précaution qui nous éclaire, qui ne se perd ni ne s’éteint point dans les dangers les plus éminens, naît avec nous, & que nous sommes de ces génies extraordinaires que la providence se plait quelquefois à faire paroître dans le monde & de loin, pour sauver ou renverser les monarchies ».

On ne peut acquérir la science de la guerre que par l’étude & par la pratique. La pratique seule sans la théorie ne peut jamais donner que des connoissances fort bornées. Il faut qu’elle soit aidée & soûtenue par les lumieres de la théorie.

On a vû dans l’article Etude militaire, quelles sont les différentes connoissances qui servent de base au grand art de la guerre. Lorsqu’on est parvenu à se les rendre propres, il faut chercher dans les livres les regles & les principes de cet art important. « Ce n’est pas, dit M. de Folard sur ce sujet, dans la moyenne antiquité qu’il faut aller chercher nos maîtres ; c’est chez les Grecs & les Romains, lorsque ces peuples étoient dans leur force, & que leur discipline militaire, ou pour mieux dire, la science de la guerre qui renferme tout, avoit été portée au plus haut point de perfection où ces grands hommes avoient pû la porter. C’est sur-tout chez les Grecs qu’il faut les chercher. Ce sont eux qui d’une routine (car la guerre n’étoit autre chose d’abord) poserent des principes certains & assûrés. Il y eut alors des maitres & des professeurs pour l’enseigner, & l’expérience ne fut plus nécessaire pour former d’excellens officiers & des généraux d’armées ; elle ne servoit que pour les perfectionner, comme Thucydide, Xenophon, & Plutarque nous l’assûrent ». Préface du V. vol. du comment, sur Polybe.

Comme l’étude de la guerre demande du tems, du travail, & de l’application, il se trouve bien des gens, qui, pour en éluder les difficultés, prétendent que cette étude n’est point nécessaire, & que la pratique peut seule apprendre l’art de la guerre. « Mais s’il étoit vrai, dit le savant auteur que nous venons de citer, que la guerre ne roulât que sur l’expérience, un royaume, par exemple, comme la France, approcheroit de sa décadence selon le plus ou moins de tems qu’il se maintiendroit en paix, & dix ou douze années de repos ou d’inaction nous seroient plus ruineuses que quinze ou vingt années d’une guerre continuelle. Que l’on considere, dit toûjours cet auteur, quinze ou vingt ans de service sur la tête d’un vieux officier qui ne connoît que son expérience & sa routine, & qui se reposant vingt autres dans la paix, oublie ce qu’il a appris dans la guerre. Car qui peut disconvenir que l’expérience ne se perde & ne s’oublie par le défaut d’exercice ? Les officiers-généraux affoiblis par leur âge, ou abatardis par une longue paix, la noblesse amollie & devenue paresseuse sans aucun soin des armes, se livre à toutes sortes de débauches ; & les soldats à leur imitation, n’observent pas certaine discipline qui peut suppléer au défaut de la science de la guerre. Tous ceux qui tiennent pour l’expérience conviennent qu’il n’y a rien à faire, si elle n’est entée sur la prudence militaire : & cette prudence est-elle autre chose que la science qui nous fait voir les toutes qui sont capables de nous conduire où nous tendons ? Tel qui a donné bataille dans un pays de plaine, se trouve embarrassé dans un terrein inégal. Il l’est encore plus dans un pays fourré. Il en donnera cinquante toutes différentes les unes des autres, par les différentes situations des lieux qui ne se ressemblent jamais. Souvent les deux champs de bataille different l’un de l’autre : ce qui n’est pas un petit embarras entre deux généraux ; & soit qu’on attaque ou qu’on soit attaqué, il y a mille changemens, mille mouvemens à faire très-dangereux & très-délicats, soit dans le commencement ou dans les suites d’un combat, sans compter le fort ou le foible d’une armée sur l’autre, qui peut être mis en considération, c’est-à-dire le plus ou le moins de cavalerie ou d’infanterie, le bon ou le mauvais de l’une & de l’autre. Comment tirer de l’expérience ce que l’on n’a jamais vû ni pratiqué, & les autres choses qui n’en dépendent pas, &c. ». Nouv. découvert. sur la Guerre.

A toutes ces réflexions de M. de Folard, & à beaucoup d’autres sur la nécessité de la science militaire qu’on trouve en différens endroits de son commentaire sur Polybe, on peut ajoûter que s’il faut qu’un officier voye exécuter tout ce qu’il a besoin d’apprendre, il lui sera presqu’impossible de se rendre habile dans les différens mouvemens des armées. Car lorsqu’il est employé à la guerre, il ne voit que la manœuvre particuliere de la troupe à laquelle il est attaché, & non pas les mouvemens des autres troupes qui sont quelquefois tous différens. Mais supposant qu’il puisse observer quelque disposition particuliere dans les autres troupes, comment pourra-t-il en deviner la cause s’il ignore les principes qui peuvent servir à la dévoiler ? Il arrive de-là, comme l’expérience le démontre, que bien des officiers qui ont servi long-tems, & qui même se sont trouvés à de grands mouvemens de troupes, ignorent la science de ces mouvemens, & qu’ils ne pourroient ni les commander, ni les faire exécuter. L’expérience leur apprend seulement les petits détails de l’exercice & du service particulier, qu’on trouve partout, & qu’il est impossible d’ignorer, parce qu’on est chargé de le faire exécuter journellement ; mais cette partie de la police militaire, quoiqu’elle soit utile en elle-même & qu’elle fasse honneur à l’officier qui la fait observer avec le plus de soin, ne forme pas la science militaire ; elle n’en renferme tout-au-plus que les premiers rudimens.

L’étude de l’art de la guerre peut tenir lieu d’expérience, mais d’une expérience de tous les siecles. On peut appliquer à cette étude ce que Diodore de Sicile dit de l’histoire si utile à tous les hommes, & principalement à ceux qui veulent posséder la science de la guerre. « C’est un bonheur, dit cet auteur, de pouvoir se conduire & se redresser par les erreurs & par les chûtes des autres, & d’avoir pour guide dans les hasards de la vie & dans l’incertitude des succès, non une recherche tremblante de l’avenir, mais une connoissance certaine du passé. Si quelques années de plus font préférer dans les conseils les vieillards aux jeunes gens, quelle estime devons-nous faire de l’histoire qui nous apporte l’expérience de tant de siecles ? En effet elle supplée à l’âge qui manque aux jeunes gens, & elle étend de beaucoup l’âge même des vieillards ».

C’est ainsi que ceux qui ont étudié avec soin l’histoire des différentes guerres des nations, qui ont examiné, discuté tout ce qui s’y est observé dans la conduite des armées & des différentes entreprises militaires, peuvent acquérir par-là une expérience qui ne peut être comparée avec la pratique de quelques campagnes.

Comme peu de personnes sont en état de faire une étude aussi étendue de l’art de la guerre, il est à-propos d’indiquer les principaux ouvrages qui peuvent servir à donner les connoissances les plus nécessaires sur la théorie de cet art. Nous avons déjà vû que M. Folard veut qu’on consulte les Grecs & les Romains. C’est chez eux qu’il faut chercher les vrais principes de l’art militaire ; mais le nombre de leurs auteurs sur ce sujet n’est pas considérable.

« Il y en avoit autrefois une infinité, dit M. de Folard dans la préface que nous avons déjà citée, mais tout cela s’est perdu par les malheurs & la barbarie des tems. L’histoire nous a conservé les titres de quelques-uns de ces livres, & les noms de quelques auteurs qui avoient écrit de la guerre, entr’autres de Pyrrhus, roi des Epirotes ; car pour ce qui est des auteurs de la moyenne antiquité, c’est fort peu de chose. A peine ont-ils donné une idée de la guerre, tant ils sont abregés. Il ne nous en reste qu’un au-dessus des autres, qui est Vegece. Onosander & l’empereur Léon, tous deux Grecs, n’en approchent pas ; & tous les trois ne sont guere plus étendus que nos modernes, mais ils sont plus savans, bien que la science des armées fût presque tombée & même oubliée de leur tems ».

Les anciens ouvrages qu’on peut consulter le plus utilement sur l’art de la guerre, outre celui de Vegece, sont la Cyropédie, ou l’histoire de Cyrus par Xénophon : la retraite des dix mille, & l’histoire de Polybe, les commentaires de César, la tactique d’Elien, &c.

Parmi les modernes, on peut lire le parfait capitaine du duc de Rohan ; les mémoires de M. de Turenne, insérés à la suite de la vie de ce grand capitaine, par M. de Ramsai ; ceux de Montecuculli, de M. le marquis de Feuquieres ; les réflexions militaires de M. le marquis de Santa-Crux ; le commentaire sur Polybe par M. le chevalier Folard ; l’art de la guerre par M. le maréchal de Puysegur ; les rêveries ou mémoires sur la guerre par M. le maréchal de Saxe, &c.

La science de la guerre est si étendue qu’on ne doit pas être surpris du petit nombre de ceux qui y excellent. Ce n’est pas assez que les généraux sachent ranger les armées en bataille, les faire marcher, camper, & combattre ; il faut qu’ils sachent encore préserver leurs armées des maladies qui pourroient les ruiner ou les affoiblir. Il faut aussi savoir encourager le soldat pour le faire obéir volontairement, & supporter patiemment les fatigues extraordinaires auxquelles il peut être exposé. Il faut avoir soin que les vivres ne lui manquent point, & que la cavalerie n’éprouve aucune disette de fourrage. C’est à quoi l’on doit toûjours penser de bonne heure. C’est une épargne à contre-tems, dit Vegece, que de commencer à ménager les vivres lorsqu’ils manquent. Cet auteur observe que dans les expéditions difficiles, les anciens distribuoient les vivres par tête, sans avoir égard au grade ; mais on en tenoit compte ensuite à ceux à qui on les avoit ainsi diminués.

Outre ces différentes attentions, il y en a encore beaucoup d’autres, qu’on peut voir dans l’entretien de Cyrus & de Cambyse, rapporté dans le premier livre de la Cyropédie ; tout cela doit faire sentir combien la science de la guerre demande de travail & d’application. Cependant Polybe conseille encore à ceux qui aspirent au commandement des armées, d’étudier les Arts & les Sciences qui ont quelque rapport à l’art militaire. « Ajoûter, dit cet auteur, des connoissances inutiles au genre de vie que nous professons, uniquement pour faire montre & pour parler, c’est une curiosité que je ne saurois approuver ; mais je ne puis non plus goûter que dans les choses nécessaires on s’en tienne à l’usage & à la pratique, & je conseille fort de remonter plus haut. Il est absurde que ceux qui s’appliquent à la danse & aux instrumens souffrent qu’on les instruise de la cadence & de la Musique ; qu’ils s’exercent même à la lutte, parce que cet exercice passe pour contribuer à la perfection des deux autres ; & que des gens qui aspirent au commandement des armées, trouvent mauvais qu’on leur inspire quelque teinture des autres Arts & des autres Sciences. De simples artisans seront-ils donc plus appliqués & plus vifs à se surpasser les uns & les autres, que ceux qui se proposent de briller & de se signaler dans la plus belle & la plus haute des dignités ? Il n’y a personne de bon sens qui ne reconnoisse combien cela est peu raisonnable ». Hist. de Polybe, trad. de dom Vincent Thuillier, liv. IX. ch. jv.

Après avoir fait sentir la nécessité de l’étude de la guerre, entrons dans quelques détails sur ce qui en regarde l’exécution, ou les principales opérations.

La guerre ne doit s’entreprendre qu’après beaucoup de réflexions ; il faut avoir tout prévû & tout combiné, pour n’être pas surpris par les évenemens.

« Il y a deux sortes d’actions militaires, dit Polybe : les unes se font à découvert & par force, les autres par finesse & par occasion. Celles-ci sont en beaucoup plus grand nombre que les autres ; il ne faut que lire l’Histoire pour s’en convaincre. De celles qui se sont faites par occasion, on en trouve beaucoup plus qui ont été manquées que de celles qui ont eu un heureux succès. Il est aisé d’en juger par les évenemens : on conviendra encore que la plûpart des fautes arrivent par l’ignorance ou la négligence des chefs. Ce qui se fait à la guerre sans but & sans dessein, continue le même auteur, ne mérite pas le nom d’actions. Ce sont plûtôt des accidens & des hasards dont on ne peut tirer aucune conséquence, parce qu’elles ne sont fondées sur aucune raison solide ».

Avant de commencer la guerre, il est donc important d’avoir des vûes & des desseins, qu’on se propose de suivre autant que les circonstances pourront le permettre. C’est ce qu’on appelle, suivant M. de Folard, regler l’état de la guerre. Voyez Etat de la Guerre.

Lorsqu’on veut entreprendre une guerre, il faut commencer par des préparatifs de longue main, non-seulement pour avoir le nombre des troupes nécessaires, mais encore de l’argent pour fournir à sa dépense. Henri IV. ayant formé le dessein de porter la guerre en Allemagne, M. de Sully sut rallentir son ardeur jusqu’à ce que ce prince eût dans ses coffres de quoi la faire pendant plusieurs années. Il faut des magasins considérables de munitions de guerre & de bouche dans les lieux à portée de ceux que les armées doivent occuper. Dans toute expédition, dit Vegece, le point capital est d’avoir toûjours des vivres, & de ruiner l’ennemi en les lui coupant. Outre cette attention indispensable, il est important de prendre de bonne heure des arrangemens avec les puissances auxquelles on pourroit causer de la jalousie, pour n’en être point traversé dans ses opérations : c’est ce que fit Louis XIV. dans la guerre de 1672.

Ce prince avoit pris toutes les précautions que la prudence peut suggérer, pour n’être point distrait de la poursuite de son objet ; & si les évenemens heureux de cette guerre ne l’avoient pas excité à la continuer au-delà des bornes nécessaires pour humilier cette république, dont il avoit lieu de se plaindre, il seroit parvenu à son but sans obstacles de la part des puissances voisines.

Quelque nécessaires que soient les préparatifs dont on vient de parler, ils ne doivent pas faire toute l’application de celui qui veut commencer la guerre. « Il doit encore s’appliquer à connoître le génie de son ennemi & le caractere de ses généraux ; s’ils sont sages ou téméraires, hardis ou timides, s’ils combattent par principes ou au hasard ; avec quelles nations braves ou lâches ils ont eu affaire ; . . . . comment sont affectées ses troupes ; ce que pensent celles de l’ennemi ; lequel des deux partis a le plus de confiance, pressentiment qui éleve ou abaisse le cœur. . . . . Un général vigilant & sage doit peser dans son conseil ses forces & celles des ennemis, comme s’il avoit à juger civilement entre deux parties. S’il se trouve supérieur en plusieurs endroits, il en doit pas différer de profiter de son avantage ; mais s’il sent que l’ennemi soit plus fort que lui, il doit éviter une affaire générale, & s’en tenir aux ruses, aux surprises, & aux embuscades qui ont souvent fait triompher des troupes inférieures en force & en nombre sous de bons généraux ». Vegece, même traduction que ci-dessus.

Il faut connoître aussi les plus exactement qu’il est possible, le pays qui doit être le théatre de la guerre savoir les secours qu’on en pourra tirer pour la subsistance des troupes & pour les fourrages & les incommodités qui pourront en résulter pour l’ennemi. Enfin ce n’est pas assez d’assembler une armée, il faut savoir auparavant où elle agira, & comment elle le fera. Lorsqu’on est une fois entré en campagne, il ne doit plus être question de délibérer, mais d’entamer avec vivacité les opérations qu’on s’est proposé d’exécuter. M. de Folard dit quelque part sur ce sujet, « que les lents & les engourdis à la guerre auront aussi peu de part à la gloire de ce monde, que les tiedes à celle du ciel.

Il ne faut pas toûjours regler l’état de la guerre sur le nombre & la qualité des forces que l’on veut opposer à l’ennemi, qui sera peut-être plus fort. Il y a certains pays où le plus foible peut paroître & agir contre le plus fort, où la cavalerie est de moindre service que l’infanterie, qui souvent supplée à l’autre par sa valeur. L’habileté d’un général est toûjours plus avantageuse que la supériorité du nombre, & les avantages d’un pays. Un Turenne regle l’état de la guerre sur la grandeur de ses connoissances, de son courage, & de sa hardiesse. Un général qui ne lui ressemble en rien, malhabile, peu entreprenant, quelque supérieur qu’il soit, craint toûjours, & n’est jamais assez fort ». Comment. sur Polybe, par M. le chevalier Folard, tome V. page 347.

On doit toûjours commencer la guerre par quelque action d’éclat, & ne point se laisser prévenir par l’ennemi. « S’il incline à combattre, dit l’auteur que nous venons de citer, il faut aller au-devant plûtôt que de l’attendre : que s’il évite un engagement, il faut le pousser à quelque prix que ce soit ; car un siége est très-difficile lorsqu’on ne le fait pas ensuite d’une grande victoire ou d’un avantage considérable. Il faut observer toutes ces choses, lorsqu’on regle l’état de la guerre, & que l’on établit son plan avant de la commencer ; car lorsqu’on a médité à loisir sur ce qu’on est résolu de faire, & sur ce que l’ennemi peut raisonnablement opposer, on vient à bout de ses desseins ». Même ouvrage que ci-dessus, tome V. page 350.

Il seroit aisé d’ajoûter beaucoup d’autres réflexions sur cette matiere ; mais comme il ne s’agit point ici d’un traité sur la guerre, mais d’expliquer ce qu’elle a de plus général, nous donnerons seulement un précis de la guerre offensive & de la guerre défensive ; l’on dira aussi un mot de la guerre de secours.

De la guerre offensive. Dans la guerre offensive, comme on se propose d’attaquer l’ennemi, il faut être assez exactement informé de ses forces pour être assûré qu’on en aura de plus grandes, ou que l’on sera en état de faire des conquêtes avant qu’il ait le tems de rassembler son armée pour s’y opposer.

« Si le pays que l’on veut attaquer, dit M. de Feuquieres, est bordé de places fortes, il faut attaquer le quartier qui y donne une entrée libre, & qui porte avec plus de facilité vers la capitale, à qui il faut, autant qu’il est possible, au commencement de la guerre, faire voir l’armée, afin d’y jetter la terreur, & tâcher par-là d’obliger l’ennemi de dégarnir quelques-unes des places de la frontiere pour rassûrer le cœur du pays.

Il faut ensuite tomber sur les places dégarnies pour ouvrir davantage le pays attaqué, faire apporter dans ces places après leur prise, tous les dépôts qui étoient dans les vôtres, & faire ainsi la guerre avec plus de commodité.

Lorsqu’on aura pénétré le plus avant qu’on l’aura pû faire, il faut faire camper l’armée en lieu sain & commode pour les fourrages, & même en lieu avantageux par son assiette, afin de pouvoir de-là faire des détachemens considérables, pour réduire par la terreur des armes les extrémités du pays où l’on ne pourroit pas avec sûreté & commodité pour les vivres, se porter avec l’armée entiere ». Mém. de M. le marquis de Feuquieres, tome II. page 15 & suivantes.

C’est particulierement dans ces commencemens qu’il faut user de diligence pour l’exécution des différens projets qu’on a formés. On vit d’abord aux dépens de l’ennemi, on ruine le pays par où il peut s’assembler, & l’on jette la terreur parmi les troupes & les peuples. « Une bataille, dit l’auteur que nous venons de citer, donnée à-propos dans un commencement de guerre, en décide presque toûjours le succès : ainsi il ne faut point hésiter à la donner, si l’ennemi par quelque mouvement pour mettre ses troupes ensemble, se met à-portée de risquer un évenement ».

Quelque incertain que soit le succès des batailles, il paroît en effet que loin de les éviter au commencement d’une guerre, il faut chercher l’occasion d’en donner. « C’est un paradoxe, dit Montecuculli, que d’espérer de vaincre sans combattre. Le but de celui qui fait la guerre est de pouvoir combattre en campagne pour gagner une victoire ; & quiconque n’a pas dessein d’en venir là, est éloigné de la fin naturelle de la guerre. On a bien vû, continue ce grand capitaine, des armées foibles en défaire de fortes en campagne ; mais on n’a jamais vû une armée qui se renferme dans un camp fortifié pour éviter le combat, défaire celle qui l’attaque : c’est assez à l’aggresseur que de plusieurs attaques une seule lui réussisse pour le rendre victorieux ». Mém. de Montecuculli, liv. II chap. vj.

Le gain d’une bataille peut avoir les suites les plus heureuses, lorsque le général a toute la capacité nécessaire pour en profiter ; mais sa perte en a ordinairement de si fâcheuses, qu’on ne doit la risquer qu’avec beaucoup de circonspection. Montecuculli qui conseille d’en chercher l’occasion au commencement de la guerre, observe néanmoins « que dans une matiere si importante on ne peche pas deux fois ; & que quand le mal est arrivé, il ne sert de rien de se repentir & de rejetter sa faute sur celui-ci ou sur celui-là ; qu’il faut beaucoup de fermeté & de présence d’esprit pour pourvoir à tout, & ne pas préférer les murmures de la populace au salut public ; qu’il faut chercher à faire quelque coup d’importance sans tout risquer, parce qu’il n’y eut jamais de prudence à risquer beaucoup » pour gagner peu. Mém. de Montecuculli, liv. III. chap. jv.

M. le maréchal de Saxe n’étoit point pour les batailles, sur-tout, dit-il, au commencement d’une guerre. Il prétend, dans ses mémoires, qu’un habile général peut la faire toute sa vie sans s’y voir obligé : « Rien, dit cet illustre général, ne réduit tant l’ennemi que cette méthode (d’éviter les batailles), & n’avance plus les affaires. Il faut, ajoûte-t-il, donner de fréquens combats & fondre, pour ainsi dire, l’ennemi petit-à-petit ; aprés quoi il est obligé de se cacher ».

Cette méthode est sans doute plus sûre & plus prudente que la précédente ; mais outre qu’elle demande beaucoup de science & de génie dans le général, il faut observer que si en agissant de cette maniere on se commet moins, on réduit aussi l’ennemi moins promptement : la guerre est alors plus longue & moins décisive. On se ruine en détail sans rien faire de grand : c’est pourquoi cette conduite excellente dans la guerre défensive, ne l’est peut-être pas autant dans l’offensive. « S’imaginer faire des conquêtes sans combattre, c’est, dit Montecuculli, un projet chimérique. Les guerres des Romains qui étoient courtes & grosses, sont, dit-il, bonnes à imiter ; mais on ne les peut faire sans batailles ».

M. de Puysegur pensoit sur les batailles à-peu-près comme M. le maréchal de Saxe. Selon cet auteur, elles sont la ressource des généraux médiocres qui donnent tout au hasard ; au lieu que ceux qui sont savans dans la guerre, cherchent par préférence les actions où ils peuvent soûtenir les troupes par leur savoir & leur habileté. Voyez Bataille.

Il est certain que si l’on peut sans donner de batailles exécuter les différentes choses que l’on s’est proposé, il y auroit une imprudence inexcusable à vouloir en risquer l’évenement : mais il y a plusieurs circonstances où elles sont inévitables. Si par exemple l’ennemi que vous avez en tête attend des secours considérables qui lui donnent la supériorité sur vous ; si les affaires du prince exigent qu’il tire de forts détachemens de votre armée pour aller au secours d’un corps d’armée dans une province éloignée ; si les subsistances manquent & qu’il ne soit pas possible de s’en procurer sans chasser l’ennemi des lieux qu’il occupe : dans ces circonstances & dans beaucoup d’autres qui arrivent à la guerre, les batailles sont absolument nécessaires. M. de Turenne, qui savoit les éviter quand il le falloit, en a donné plusieurs dans des cas de cette espece ; & c’est par cette conduite qu’avec des armées inférieures, il a toûjours sû se conserver la supériorité sur l’ennemi.

Ce qu’il y a d’essentiel à observer dans les batailles, c’est de savoir se soûtenir & ne point se décourager pour avoir été poussé & même battu dans quelques endroits de sa ligne. « C’est être habile, je le veux, dit Polybe, que de faire ensorte après avoir bien commencé une action, que la fin ne démente pas le commencement : mais la gloire est bien plus grande lorsqu’après avoir eu du pire au premier choc, loin d’en être ébranlé & de perdre la tête, on refléchit sur les fautes que les bons succès font commettre à son ennemi, & qu’on les tourne à son avantage. Il est assez ordinaire de voir des gens à qui tout semble prospérer au commencement d’un combat, tourner le dos peu de tems après, & être vaincus ; & d’autres au contraire qui après des commencemens très-desavantageux, savent par leur bonne conduite changer la face des choses, & remporter la victoire lorsqu’on s’y attendoit le moins ». Hist. de Polybe, liv. XI. ch. iij.

Polybe en donne pour exemple la bataille de Mantinée, gagnée par Philopemen sur Machanidas, tyran de Sparte.

Au commencement de cette bataille l’armée de Philopemen fut poussée, & même mise en partie en déroute : mais ce grand capitaine ne s’épouvanta pas, & ne perdit pas l’espérance de faire changer la fortune ; il sut remédier au desordre de son armée, & trouver ensuite le moyen de remporter une victoire complete, dans laquelle il tua lui-même Machanidas.

Nous avons un exemple à-peu-près de même espece, rapporté dans les mémoires de M. de Turenne, à la bataille de Nordlingue.

Dans cette bataille, l’aîle droite de l’armée de France fut entierement mise en déroute, le centre battu, & l’aîle gauche un peu poussée. Malgré cela M. le Prince soûtint le combat ; M. de Turenne battit l’aîle droite des ennemis ; & la nuit venant incontinent, les deux aîles qui avoient battu ce qui étoit devant elles, demeurerent en bataille l’une devant l’autre. A une heure après minuit, l’armée ennemie commença à se retirer, &c.

Un des principaux avantages de la guerre offensive, c’est de faire subsister l’armée aux dépens de l’ennemi. Par cette raison, cette guerre peut être moins dispendieuse que la guerre défensive, où l’on est obligé de vivre sur son propre terrein.

« L’empereur Léopold Ignace se plaignant, dit M. de Santa-Crux, de ce qu’il ne savoit où prendre des fonds pour payer ses armées, Walstein son général lui répondit, que le remede qu’il y trouvoit étoit de lever une fois plus de troupes. L’empereur lui ayant repliqué comment il pourroit entretenir cent mille hommes, puisqu’il n’avoit pas le moyen d’en faire subsister cinquante mille ; Walstein le satisfit, en lui représentant que cinquante mille hommes tiroient leur subsistance du pays ami, & que cent mille le tiroient du pays ennemi ».

Le prince d’Orange, suivant ce proverbe allemand, il est toûjours bon d’attacher les chevaux aux arbres des ennemis, dit « que celui qui fait une guerre offensive peut, dans un malheur, avoir recours à son propre pays ; parce que n’ayant point souffert de la guerre, on y trouvera abondamment tout ce qui est nécessaire : au lieu que celui qui la soûtient sur ses états, ne sauroit en plusieurs jours faire les préparatifs convenables pour entrer dans le pays ennemi. Enfin en se tenant sur la défensive on ne peut que perdre, ou tout-au-plus conserver ce que l’on a, & en attaquant on peut gagner. » Réfl. mil. par M. le marquis de Santa-Crux, tome IV. ch. ij.

De la guerre défensive. La guerre défensive est beaucoup plus difficile & plus savante que la précédente. Elle demande plus d’adresse, plus de ressource dans l’esprit, & beaucoup plus d’attention dans la conduite.

« Dans la guerre offensive on compte pour rien ce qu’on manque de faire ; parce que les yeux attentifs à ce qui se fait, & remplis d’une action éclatante, ne se tournent point ailleurs, & n’envisagent point ce qu’on pouvoit faire. Dans la guerre défensive, la moindre faute est mortelle, & les disgraces sont encore exagérées par la crainte, qui est le vrai microscope des maux, & on les attribue toutes à un seul homme. On ne regarde que le mal qui arrive, & non ce qui pouvoit arriver de pis, si on ne l’avoit empêché ; ce qui en bonne partie devroit être compté pour un bien ». Mém. de Montecuculli, liv. III. ch. iij.

M. de Feuquieres observe qu’il est bien difficile de prescrire des maximes générales dans cette espece de guerre, parce qu’elle est toute, dit-il, dans la prudence & l’esprit de prévoyance de celui qui la conduit.

« On peut dire seulement qu’elle a été tout-à-fait imprévûe, ou qu’elle n’a pas été prévûe assez tôt, ou que la perte d’une bataille, ou de quelque place considérable, l’a rendue telle, quoiqu’elle eût eu un autre commencement.

Au premier cas, le peu de troupes qu’on a sur pié doit être ménagé ; l’infanterie jettée, selon la quantité des places qu’on a à garder, dans celle que l’on peut croire le plus indispensablement attaquée, abandonnant ainsi à l’ennemi celles qui dans la suite de la guerre pourroient être plus facilement conquises, ou qu’il pourra le plus difficilement conserver. La cavalerie doit être mise en campagne, mais en état d’avoir une retraite sûre ; elle doit incommoder les fourrages & les convois de l’ennemi, empêcher que ses partis ne s’écartent trop de son armée, & ne jettent trop facilement la terreur dans le dedans du pays.

Le plat pays ne doit point être ménagé. Il faut en retirer dans les meilleures places tout ce que l’on peut en ôter, & consumer même par le feu tous les grains & fourrages qu’on ne peut mettre en lieu sûr, afin de diminuer par-là la subsistance aisée de l’armée ennemie. Les bestiaux doivent être aussi renvoyés dans les lieux les plus éloignés de l’ennemi ; & autant qu’il se peut, couverts de grandes rivieres, où ils trouveront plus de sûreté & une subsistance plus aisée ». Mém. de M. le marquis de Feuquieres, tome II. pag. 2.

Quelque inconvénient qu’il paroisse y avoir à ruiner son pays, c’est pourtant dans des cas pressans une opération indispensable ; « car il vaut mieux, dit un grand capitaine, se conserver un pays ruiné, que de le conserver pour son ennemi… C’est une maxime, que nul bien public ne peut être sans quelque préjudice aux particuliers… aussi un prince ne se peut démêler d’une périlleuse entreprise, s’il veut complaire à tout… & les plus grandes & ordinaires fautes que nous faisons en matiere d’état & de guerre, proviennent de se laisser emporter à cette complaisance, dont le repentir nous vient quand on n’y peut plus remédier ». Parfait capitaine, par M. le duc de Rohan.

Lorsque la guerre n’a pas été absolument imprévûe, qu’on a dû s’y attendre par les dispositions de l’ennemi, par l’augmentation de ses troupes, les amas de vivres & de fourrages dans ses places frontieres ; alors on peut prendre des précautions pour lui résister. Pour cet effet on fait promptement de nouvelles levées de troupes ; on réunit ensemble dans les lieux les plus propres à fermer l’entrée du pays, celles qu’on a déjà sur pié ; & l’on forme des magasins de munitions de toute espece dans les lieux les moins exposés.

On cherche aussi à tirer du secours de ses alliés, soit par des diversions, ou par des corps de troupes. Enfin l’on doit s’appliquer à faire ensorte de n’être point surpris, à bien démêler les desseins de l’ennemi, & à employer tous les expédiens que la connoissance de la guerre & du pays peuvent suggérer pour lui résister.

Il arrive souvent qu’un prince qui fait la guerre à-la-fois de plusieurs côtés, n’est pas en état de la faire offensivement par-tout ; alors il prend le parti de la défensive du côté où il se croit le plus en sûreté ; mais cette défensive doit être conduite avec tant d’art & de prudence, que l’ennemi ne puisse s’en douter. « Le projet de cette espece de guerre, dit M. de Feuquieres, mérite autant de réflexions & de capacité, qu’aucune autre ; elle ne doit jamais se faire que du côté où l’on est sûr de réduire l’ennemi à passer une riviere difficile, ou un pays serré, coupé de défilés, & lorsqu’on a sur cette riviere une place forte bien munie, que l’on saura être un objet indispensable, par l’attaque de laquelle on pourra présumer qu’il perdra un tems assez considérable pour avoir celui de la secourir ou de le combattre ».

Quoique la guerre défensive soit plus difficile à soûtenir que l’offensive, M. le chevalier Folard prétend que les généraux les plus mal-habiles sont ceux qui la proposent ; au lieu que les plus consommés dans la science des armes cherchent à l’éviter : la raison en est sans doute, qu’il paroît plus aisé de s’opposer aux desseins de l’ennemi, que d’en former soi-même ; mais avec un peu d’attention on s’apperçoit bien-tôt que l’art de réduire un ennemi à l’absurde, & de deviner tous ses projets, demande plus de capacité & d’intelligence que pour l’attaquer à force ouverte, & le faire craindre pour son pays. Si l’ennemi peut pénétrer qu’on a dessein de se tenir sur la défensive à son égard, il doit devenir plus entreprenant. « Ajoûtez à cela, dit le savant commentateur de Polybe, qu’une défensive ruine l’état, si elle dure long-tems ; car outre qu’elle n’est jamais sans quelque perte, ou sans la ruine de notre frontiere que nos armées mangent, c’est que comme on craint également que l’ennemi coule sur toute sa ligne de communication, pour couper ou pénétrer la nôtre pour faire quelques conquêtes, on se voit obligé de munir extraordinairement toutes les places de cette frontiere, parce qu’elles se trouvent également menacées : & quel est le prince assez puissant, continue ce même auteur, pour fournir toutes ses forteresses de vivres & de munitions de guerre pour soûtenir un long siége » ?

Lorsque par les évenemens d’une guerre malheureuse on est dans le cas de craindre de se commettre avec l’ennemi, il faut éviter les actions générales en plaine, & chercher, comme le faisoit Fabius Maximus, à harceler l’ennemi, lui couper ses vivres & ses fourrages, s’appliquer à ruiner son armée en détail, en se tenant toûjours à-portée de profiter de ses fautes, en occupant des postes sûrs & avantageux, où sa supériorité ne soit point à craindre ; en un mot « fuir, comme le dit M. Folard, toute occasion de combattre où la supériorité du nombre peut beaucoup, & chercher celles où le pays militera pour nous : mais il n’appartient pas, dit-il, aux généraux médiocres de faire la guerre de cette sorte ; & lorsqu’un prince est assez heureux pour avoir des généraux du premier ordre à son service, il n’a garde de les brider. Contre ceux-ci, Dieu n’est pas toûjours pour les gros bataillons. M. de Turenne a fait voir mille fois que cette maxime étoit fausse, & elle l’est en effet a l’égard des grands capitaines & des officiers expérimentés. » Comm. sur Polybe, liv. V. chap. xij.

Lorsqu’on veut empêcher l’ennemi de pénétrer dans un pays fermé de montagnes & de défilés, il est bien difficile de s’assûrer de les garder tous également ; car comme l’ennemi peut donner de la jalousie de plusieurs côtés, il vous oblige par-là de partager vos forces ; ce qui fait qu’on ne se trouve pas en état de résister dans le lieu ou il fait ses plus grands efforts. Dans les cas de cette espece, & lorsqu’on est à-peu-près égal en force à l’ennemi, il faudroit s’attacher à le mettre lui-même sur la défensive ; c’est le moyen de déranger ses projets, & de l’occuper de la conservation de son pays. Si l’on peut réussir, on éloigne la guerre de ses frontieres ; mais si l’entreprise paroît trop difficile, il faut faire ensorte que l’ennemi ne trouve aucune subsistance dans les lieux ou il aura pénétré, qu’il s’y trouve gêne & à l’étroit par un bon corps d’armée qui occupe un camp sûr & avantageux, & qu’il ne lui permette pas de pouvoir aller en-avant. C’est un principe certain, que le partage des forces les diminue, & qu’en voulant se défendre de tous côtés, on se trouve trop foible partout : c’est pourquoi le parti le plus sûr dans les occasions où l’on craint pour plusieurs endroits à-la-fois, est de réunir ses forces ensemble, de maniere que s’il est nécessaire de combattre, on le fasse avec tout l’effort dont on est capable. C’est par cette raison qu’un général habile qui a des lignes d’une grande étendue à garder, trouve plus avantageux d’aller au-devant de l’ennemi, pour le combattre avec toutes ses forces, que de se voir forcé dans des retranchemens. Voyez Ligne.

De la guerre de secours. Un prince secourt ses voisins à cause des alliances ou des traités qu’il a faits avec eux ; il le fait aussi souvent pour les empêcher de succomber sous la puissance d’un prince ambitieux que la prudence demande qu’on arrête de bonne heure : car, comme le dit très-judicieusement le chevalier de Ville, on ne doit pas rester tranquille lorsque le feu est aux maisons voisines ; autrement on en sentira bien-tôt les effets.

Lorsqu’on donne du secours à un prince en vertu des traités, la justice & l’équité exigent qu’on lui tienne exactement tout ce qu’on lui a promis, soit pour lui fournir un certain nombre de troupes, soit pour attaquer soi-même l’ennemi de son allié, si l’on est à portée de le faire.

Si l’on donne des secours à un prince pour l’empêcher d’être opprimé par une puissance formidable qui veut envahir son pays, la prudence demande qu’avant de le faire, on prenne toutes les sûretés convenables pour que le prince attaqué ne fasse pas la paix à votre préjudice & sans votre participation.

Pour cet effet, on doit exiger quelques places de sûreté qui puissent garantir la fidélité du prince auquel on donne du secours.

« Que si, comme il arrive souvent, dit M. de Feuquieres, la jalousie que l’on aura sujet de prendre d’un prince inquiet & ambitieux, a formé les alliances dans lesquelles on est entré, & qu’on se trouve hors de portée de joindre ses troupes à celles de l’état attaqué, il faut en ce cas-là le secourir ou par argent qu’on lui fournira, ou par des diversions dans le pays de l’attaquant, qui le forcent à diviser ses armées, & qui l’empêchent de pousser ses conquêtes avec trop de rapidité ».

Lorsqu’un prince envoye un corps de troupes au secours d’un autre prince, « le général de ses troupes doit être sage & prévoyant, pour maintenir la discipline dans son corps, de maniere que le prince allié ne fasse point de plaintes contre lui, & prévoyant, pour que ses troupes ne tombent dans aucun besoin pour les subsistances, & qu’elles ne soient exposées au péril de la guerre qu’avec proportion de ses forces à celles du prince allié, & enfin pour qu’il ne se passe rien à son insû dans le cabinet du prince allié, qui puisse être préjudiciable à son maître ». Mémoires de M. de Feuquieres, tome II. pag. 32 & suiv.

De la guerre des siéges. Quoique nous ayons exposé fort brievement ce qui concerne les guerres précédentes, nous serons encore plus succints sur celle des siéges.

Nous observerons seulement qu’on ne doit entreprendre aucun siége que lorsqu’on a acquis quelque supériorité sur l’ennemi par le gain d’une bataille ou d’un combat, ou bien lorsqu’on est en état en se mettant de bonne heure en campagne, de finir le siége avant que l’ennemi ait eu le tems d’assembler une armée pour s’y opposer. Une armée qui fait un siége s’affoiblit toûjours beaucoup : par conséquent si elle est de pareille force que celle de l’ennemi, elle devient alors inférieure ; c’est pourquoi pour éviter tout inconvénient à cet égard, il ne faut se livrer à ces sortes d’entreprises, que lorsqu’on peut présumer que l’ennemi ne pourra empêcher de les terminer heureusement. Il y a des places dont la disposition du terrein des environs est si favorable pour une armée d’observation, qu’il est difficile à l’ennemi, lorsqu’on y est une fois établi, de vous y attaquer avec avantage. Mais comme ces situations ne sont pas ordinaires, les habiles généraux pensent qu’il faut être maitre de la campagne, pour faire un siége tranquillement.

On doit avoir pour objet principal à la guerre, celui de pousser son ennemi & de l’empêcher de paroître ; lorsqu’on y est parvenu, les siéges se font sans difficulté & sans inquiétude : à l’égard des différentes opérations du siége, voyez Attaque des Places, Investissement, Circonvallation, Défense, Siége, Tranchées, &c.

Avant de finir cet article, observons que les succès à la guerre dépendent non-seulement du général, mais encore des officiers généraux qui sont sous ses ordres, & de ceux qui sont chargés du détail des subsistances : si le général n’en est pas bien secondé, les projets les mieux pensés & les mieux entendus peuvent manquer dans l’exécution, sans qu’il y ait aucune faute de sa part : on veut cependant le rendre responsable de tout ; & ce qui est encore plus singulier, tout le monde veut s’ingérer de juger de sa conduite, & chacun s’en croit capable. Cette manie n’est pas nouvelle.

« Il y a des gens, disoit Paul-Émile, qui dans les cercles & les conversations, & même au milieu des repas, conduisent les armées, reglent les démarches du consul, & prescrivent toutes les opérations de la campagne : ils savent mieux que le général qui est sur les lieux, où il faut camper & de quel poste il faut se saisir, où il est à-propos d’établir des greniers & des magasins ; par où, soit par terre soit par mer, on peut faire venir des vivres ; quand il faut en venir aux mains avec l’ennemi, & quand il faut se tenir en repos : & non-seulement ils prescrivent ce qu’il y a de meilleur à faire ; mais pour peu qu’on s’écarte de leur plan, ils en font un crime au consul, & ils le citent à leur tribunal.

Sachez, Romains, que cette licence qu’on se donne à Rome apporte un grand obstacle au succès de vos armées & au bien public. Tous vos généraux n’ont pas la fermeté & la constance de Fabius, qui aima mieux voir son autorité insultée par la témérité d’une multitude indiscrette & imprudente, que de ruiner les affaires de la république en se piquant à contre-tems de bravoure pour faire cesser des bruits populaires.

Je suis bien éloigné de croire que les généraux n’ayent pas besoin de recevoir des avis ; je pense au contraire que quiconque veut seul tout conduire par ses seules lumieres & sans consulter, marque plus de présomption que de sagesse. Que peut-on donc exiger raisonnablement ? c’est que personne ne s’ingere de donner des avis à vos généraux, que ceux premierement qui sont habiles dans le métier de la guerre, & à qui l’expérience a appris ce que c’est que de commander ; & secondement ceux qui sont sur les lieux, qui connoissent l’ennemi, qui sont en état de juger des différentes conjonctures, & qui se trouvant embarqués comme dans un même vaisseau, partagent avec nous tous les dangers. Si donc quelqu’un se flatte de pouvoir m’aider de ses conseils dans la guerre dont vous m’avez chargé, qu’il ne refuse point de rendre ce service à la république, & qu’il vienne avec moi en Macédoine ; galere, chevaux, tentes, vivres, je le défrayerai de tout. Mais si l’on ne veut pas prendre cette peine, & qu’on préfere le doux loisir de la ville aux dangers & aux fatigues du camp, qu’on ne s’avise pas de vouloir tenir le gouvernail en demeurant tranquille dans le port : s’ils ont une si grande demangeaison de parler, la ville par elle-même leur fournit assez d’autres matieres ; celle-ci n’est point de leur compétence ».

L’abus dont se plaint Paul-Émile dans ce discours dicté par le bon sens & la raison, nous montre, dit M. Rollin, qui le rapporte dans son histoire romaine, que les hommes dans tous les tems sont toûjours les mêmes.

On se fait un plaisir secret & comme un mérite d’examiner, de critiquer, & de condamner la conduite des généraux, & l’on ne s’apperçoit pas qu’en cela on peche visiblement & contre le bon-sens & contre l’équité : contre le bon-sens ; car quoi de plus absurde & de plus ridicule que de voir des gens sans aucune connoissance de la guerre & sans aucune expérience, s’ériger en censeurs des plus habiles généraux, & prononcer d’un ton de maître sur leurs actions ? contre l’équité ; car les plus experts même n’en peuvent juger sainement s’ils ne sont sur les lieux ; la moindre circonstance du tems, du lieu, & de la disposition des troupes, des ordres même secrets qui ne sont pas connus, pouvant changer absolument les regles ordinaires. Mais il ne faut pas espérer qu’on se corrige de ce défaut, qui a sa source dans la curiosité & dans la vanité naturelle à l’homme ; & les généraux, à l’exemple de Paul-Émile, font sagement de mépriser ces bruits de ville, & ces rumeurs de gens oisifs sans occupation & souvent sans jugement. Hist. rom. tome VIII. pag. 115.

Outre les différentes guerres précédentes, il y en a une particuliere qui se fait avec peu de troupes par des détachemens ou des partis, à laquelle on donne le nom de petite guerre ; ceux qui commandent ces petits corps de troupes sont appellés partisans.

Ils servent à mettre le pays ennemi à contribution ; à épier, pour ainsi dire, toutes les démarches du général ennemi : pour cet effet, ils rodent continuellement autour de son camp, ils y font des prisonniers qui donnent souvent des lumieres sur ses desseins ; on s’instruit par ce moyen de tout ce que fait l’ennemi, des différentes troupes qu’il envoye à la guerre, & des fourrages qu’il ordonne. En un mot cette guerre est absolument nécessaire non-seulement pour incommoder & harceler l’ennemi dans toutes ses opérations, mais pour en informer le général ; ce qui le met en état de n’être point surpris. Rien ne contribue plus à la sûreté d’une armée que les partis, lorsqu’ils sont commandes par des officiers habiles & intelligens. Voyez Partis, Partisans, & l’article suivant.

Jusqu’ici nous n’avons parlé que de la guerre de terre : la guerre navale ou la guerre de mer demanderoit beaucoup plus de détails ; mais nous nous contenterons d’observer que cette guerre peut heureusement seconder celle de terre, dans les pays ou les royaumes à portée de la mer.

Les armées navales assûrent les côtes, elles peuvent dispenser d’employer un grand nombre de troupes pour les garder. « Je pense, dit M. de Santa-Crux sur ce sujet, qu’il faut que vos armées navales soient supérieures, ou n’en point avoir du-tout, à l’exception de quelques galeres qui servent toûjours soit pour garder les côtes contre les corsaires, soit pour les secours. Un prince puissant sur mer évite la dépense de beaucoup de troupes, il se rend sans opposition maître des îles des ennemis, en leur coupant par ses vaisseaux tous les secours de terre-ferme ; il ruine le commerce de ses ennemis, & rend libre celui de ses états, en faisant escorter par des vaisseaux de guerre ceux des marchands, qui payent au delà de l’escorte.

» Celui qui est supérieur sur mer fait avec les princes neutres tous les traités de Commerce aussi avantageux qu’il veut ; il tient dans le respect les pays les plus éloignés, qui pour n’avoir pas eu tous les égards convenables, ont lieu de craindre un débarquement ou un bombardement. Quand même les ennemis, pour garder leurs côtes, seroient forcés de faire la dépense d’entretenir beaucoup de troupes ; si la frontiere de mer est longue, ils ne sauroient vous empêcher de prendre terre, & de piller une partie de leur pays, ou de surprendre quelque place, parce que votre flotte qui menace un endroit, pourra au premier vent favorable, arriver infiniment plûtôt à un autre que ne sauroient faire les régimens ennemis qui avoient accouru à l’endroit où votre armée navale les appelloit d’abord ; & chacun comprend aisément qu’il est impossible que les ennemis ayent cent lieues de côtes de mer assez bien garnies & retranchées, sans qu’il soit nécessaire pour empêcher un débarquement, que les troupes d’un autre poste accourent pour soûtenir celles du poste où se fait la descente ».

Les forces navales sont en effet si importantes, qu’elles ne doivent jamais être négligées. « La mer, dit un grand ministre, est celui de tous les héritages sur lequel tous les souverains prétendent plus de part, & cependant c’est celui sur lequel les droits d’un chacun sont moins éclaircis : l’empire de cet élément ne fut jamais bien assûré à personne ; il a été sujet à divers changemens, selon l’inconstance de sa nature. Les vieux titres de cette domination sont la force & non la raison ; il faut être puissant pour prétendre à cet héritage. Jamais un grand état ne doit être dans le cas de recevoir une injure, sans pouvoir en prendre revanche » ; & l’on ne le peut à l’égard des puissances maritimes, que par les forces navales.

Dans l’établissement d’une puissance navale, il « faut éviter, dit M. le marquis de Santa-Crux, de risquer par le sort d’un combat votre marine naissante, & de tenir vos vaisseaux dans des ports où les ennemis pourroient les détruire.

» Il faut bien payer les naturels du pays qui fréquentent les côtes ennemies, & qui vous donnent des avis prompts & sûrs de l’armement & des voyages de leurs escadres ; assembler secretement vos vaisseaux pour attaquer une escadre des ennemis inférieure, & qui se seroit séparée des autres ; si les ennemis sont en mer avec une grosse armée navale, ne faire cette année dans la Marine, que la dépense absolument nécessaire pour bien entretenir dans des ports sûrs vos gros vaisseaux & quelques frégates sur mer, afin que votre nation ne cesse pas entierement de s’exercer dans la navigation, & qu’elle puisse traverser un peu le commerce des ennemis, qui est toûjours considérable à proportion de leurs armées navales ».

Cet auteur donne différens conseils qui peuvent contribuer à la sûreté des corsaires qui courent sur l’ennemi. « Il faut, dit-il, qu’ils ayent dans les ports marchands des correspondances avec divers patrons de felouques & d’autres legers bâtimens neutres, pour leur donner avis du tems que les bâtimens ennemis doivent sortir des ports sans escorte ; & si leurs navires gardes-côtes en sont sortis pour côtoyer, ou s’ils ont jetté l’ancre. Ces patrons doivent être d’une fidélité reconnue & de beaucoup de secret, pour pouvoir leur confier sur quelle côte ou sur quel cap ils rencontreront chacun de vos corsaires, depuis un tel tems jusqu’à tel autre : vos corsaires conviendront avec eux des signaux de reconnoissance, de peur qu’ils ne craignent d’en approcher ». Réflexions milit. de M. le marquis de Santa-Crux, tome IV. ch. x. (Q)

Guerre ; envoyer à la guerre, aller à la guerre, se dit d’un détachement dont le général de l’armée donne le commandement à un officier de confiance, pour investir une place, pour couvrir ou attaquer un convoi, pour reconnoître l’ennemi, entreprendre sur les quartiers, sur les gardes ou sur les postes avancés, enlever des ôtages, établir des contributions, & souvent pour marcher en-avant, reconnoître un camp & couvrir un fourrage ou quelque autre manœuvre de l’armée.

Les détachemens de guerre réguliers sont commandés à l’ordre, les officiers principaux y sont nommés ; l’état major de l’armée commande selon leur ancienneté, les brigadiers, les colonels, & les lieutenans-colonels ; les brigades qui doivent fournier les troupes sont nommées à l’ordre ; les majors de brigade commandent les capitaines à marcher, & prennent ce service par la tête, comme service d’honneur. Chaque troupe est de cinquante hommes ; quelquefois on met doubles officiers à chaque troupe ; les compagnies de grenadiers qui doivent y marcher sont nommées à l’ordre.

Ces détachemens s’assemblent à l’heure & au rendez-vous marqués sur l’ordre : le commandant après avoir reçû du général les instructions & son ordre, se met en marche pour sa destination ; il envoye des nouvelles au général à mesure qu’il découvre quelque chose d’intéressant ; il s’applique à bien exécuter la commission dont il est chargé, & avec l’intelligence & la capacité qu’on est en droit d’exiger d’un officier que le roi a déjà honoré d’un grade supérieur.

Quelquefois le général de l’armée commande des détachemens dont il veut dérober la connoissance aux transfuges & aux espions qui pourroient être dans son armée : on prend alors toutes les précautions nécessaires pour que rien ne transpire jusqu’au moment où l’on fait marcher les troupes que chaque major de brigade commande, & qu’il envoye avec un guide au rendez-vous général.

Le général n’est point assujetti à confier ces détachemens aux plus anciens officiers généraux ; il peut & doit même les donner à ceux qui méritent le plus sa confiance, & sur-tout à ceux dans lesquels il a reconnu du zele, de la prudence, & de l’activité, & qui ont prouvé leur desir de se rendre capables d’exécuter de pareilles commissions, en allant souvent en détachement même sans être commandés, pendant qu’ils ont servi dans des grades inférieurs.

On envoye souvent à la guerre de petits détachemens irréguliers depuis cinquante jusqu’à trois cents hommes ; quoique les objets qu’ils ont à remplir paroissent de moindre importance que ceux des détachemens réguliers, on verra par les détails suivans, quelle est leur utilité pour la guerre de campagne, & combien ils sont propres à développer le génie & à former des officiers utiles & distingués.

Anciennement on nommoit partis ces sortes de petits détachemens, & l’officier qui les commandoit partisan. Ces partis se donnoient alors le plus ordinairement à des officiers de fortune ; & quoiqu’il n’y ait aucune espece de service qui ne soit honorable, malheureusement il n’étoit pas d’usage pour des officiers d’un certain grade de demander à les commander. Aujourd’hui l’émulation & le véritable esprit de service ont changé ce système, qu’une vanité très-déplacée avoit seule établi. Les officiers les plus distingués d’un corps demandent ces petits détachemens avec ardeur ; & les jeunes officiers qui desirent apprendre leur métier & se former une réputation, viennent s’offrir avec empressement, & même comme simples volontaires, pour marcher sous les ordres d’un officier expérimenté.

Feu M. le maréchal de Saxe avoit souvent employé de petits détachemens de cette espece pendant sa savante campagne de Courtray ; sa position, le peu de troupes qu’il avoit, la nécessité plus pressante alors que jamais d’être bien averti, lui avoit fait choisir des officiers de réputation pour les commander. M. le comte d’Argenson saisit ce moment pour détruire à jamais un faux système, dont la nation eût pu rappeller le souvenir. Il obtint du Roi des pensions sur l’ordre de S. Louis & des grades, pour ceux qui s’étoient distingués.

Ces sortes de détachemens ne sont jamais commandés à l’ordre ; les officiers, les soldats même qui marchent, ne suivent point leur rang. Le commandant avertit en secret les officiers dont il a besoin : ce sont eux qui choisissent dans leurs régimens le nombre de soldats de confiance & de bonne volonté qu’ils sont convenus de mener avec eux : ces petites troupes se rendent séparément au rendez-vous marque ; elles ne portent avec elles que du pain, leurs munitions, & leurs armes. Pendant la derniere guerre, feu M. de Mæric & M. de Nyhel, lieutenant-colonel d’infanterie & major du régiment de Dillon, n’ont jamais souffert dans leur détachement rien qui pût en embarrasser la marche ou les exposer à être découverts. Ils marchoient à pié à la tête de leur troupe ; un seul cheval portoit les manteaux des officiers. Arrivés au rendez-vous, ils faisoient une inspection sévere, & renvoyoient au camp tous ceux qui n’étoient point en état de bien marcher & de combattre.

Rien n’est plus essentiel pour la tranquillité d’une armée, & pour avoir des nouvelles certaines de l’ennemi, que ces petits détachemens ; ne marchant presque jamais que la nuit, s’embusquant dans des postes avantageux, quelquefois ces petites troupes suffisent pour porter le desordre en des postes avancés, & faire retirer de gros détachemens qui se mettroient en marche. La méthode de M. de Mæric fut toûjours d’attaquer fort ou foible en colonne ou par pelotons, dès qu’il ne pouvoit être tourné, & que le fond & le nombre de la troupe ne pouvoit être reconnu.

Le commandant doit avoir soin d’examiner les routes par lesquelles il peut se retirer, & d’en faire prendre connoissance aux officiers qui commandent les divisions, afin que chacune puisse se retirer séparément, si la retraite en troupe est trop difficile ; il faut donc alors un rendez-vous & un mot de ralliement.

Il lui est important de savoir parler la langue du pays où il agit, & même celle de la nation contre laquelle on fait la guerre ; si cette partie lui manque, il doit choisir, en composant la troupe, des officiers propres à bien parler ces langues dans l’occasion. La connoissance du pays lui est absolument nécessaire ; il est bon même qu’il choisisse autant qu’il est possible pour son détachement quelques officiers ou soldats du pays où il agit.

Il faut sur-tout qu’il se mette en état de pouvoir rendre compte à son retour des chemins frayés, de ceux qu’on peut faire, des ruisseaux, des ravins, des marais, & en général de tout ce qui peut assûrer, faciliter, ou mettre obstacle à la marche d’une armée dans le pays qu’il aura parcouru.

Ces connoissances sont essentielles pour le général & le maréchal général des logis de l’armée ; & l’objet principal de l’officier détaché est de les mettre en état de diriger l’ordre de marche de l’armée, sur le détail qu’il leur fait de la nature du pays & des terreins.

Lorsque ses connoissances & son intelligence lui permettent même de reconnoître l’assiette d’un camp en-avant, son devoir est de l’examiner assez pour pouvoir juger ensuite si l’état présent de son terrein se rapporte exactement aux cartes du général ; s’il est en état d’en lever un plan figuré, le compte qu’il rendra sera d’autant plus utile & digne de loüange.

Il doit faire observer une sévere discipline & un grand silence ; il n’annoncera jamais ce qu’il doit faire qu’à quelque officier de confiance qui puisse le remplacer ; il doit rendre compte aux jeunes officiers des motifs qui l’ont fait agir dans tout ce qu’il a fait avec eux. Tout officier qui donne la marque d’estime à un commandant de détachement de marcher de bonne volonté sous ses ordres, mérite de lui l’instruction qu’il desire d’acquérir.

Ces petits détachemens que le soldat qui reste au camp sait être en-avant, sont aussi très-utiles pour empêcher la maraude & la desertion ; ils peuvent favoriser nos espions, intercepter ceux de l’ennemi ; en un mot cette espece de service est également utile aux opérations de la campagne, au service journalier de l’armée, à développer le génie, à faire naître les talens, & à former de bons officiers. Cet article est de M. le Comte de Tressan.

Guerre, (homme de) c’est celui qui se rend propre à exécuter avec force, adresse, exactitude & célérité, tous les actes propres à le faire combattre avec avantage.

Cette partie de l’éducation militaire fut toûjours en grand honneur chez les anciens, & le fut parmi nous jusqu’au milieu du dernier siecle. Elle a été depuis trop négligée. On commence à s’occuper plus sérieusement à la remettre en vigueur ; mais on éprouve ce qui doit arriver toûjours de la langueur où l’on a laissé tomber les arts utiles. Il faut vaincre aujourd’hui la mollesse, & détruire l’habitude & le préjugé.

Les exercices du corps si nécessaires à l’homme de guerre, étoient ordonnés chez les Grecs par des lois que les Ephores & les Archontes soûtinrent avec sévérité. Ces exercices étoient publics. Chaque ville avoit son gymnase où la jeunesse étoit obligée de se rendre aux heures prescrites. Le gymnastique chef de ces exercices étoit revêtu d’une grande autorité, & toûjours choisi par élection parmi les citoyens les plus expérimentés & les plus vertueux. Les jeux olympiques, Néméens, Isthmiens & les Pithiens, ne furent institués que pour juger des progrès que la jeunesse faisoit dans les exercices. On y décernoit des prix à ceux qui avoient remporté la victoire à la course, & dans les combats de la lutte, du ceste, & du pugilat. C’est ainsi que la Grece, trop foible contre la multitude d’ennemis qu’elle avoit souvent à combattre, multiplioit ses forces, & préparoit ses enfans à devenir également intrépides & redoutables dans les combats.

On en voit un exemple bien frappant dans l’action vraiment héroïque des trois cents Lacédémoniens qui défendirent le pas des Thermopyles ; le courage seul n’eût pu suffire à leur petit nombre pour soûtenir si long-tems les efforts redoublés d’une armée presque innombrable, s’ils n’eussent joint la plus grande force & l’adresse à leur dévouement entier à la défense de la patrie.

Le même art fut cultivé chez les Romains ; & leurs plus grands capitaines en donnerent l’exemple. Marcellus, Cesar & Antoine, traversoient couverts de leurs armes des fleuves à la nage ; ils marchoient à pié & tête nue à la tête des légions, depuis Rome jusqu’aux extrémités des Alpes, des Pyrénées, & du Caucase. Les dépouilles opimes offertes à Jupiter Ferétrien furent toûjours regardées comme l’action la plus héroïque ; mais bien-tôt le luxe & la mollesse s’introduisirent, lorsque la voix de Caton & son souvenir eurent perdu leurs droits dans la capitale du monde. Si le siecle d’Auguste vit les Arts le perfectionner, les Belles-Lettres l’éclairer, les mœurs se polir, il vit aussi dégénérer toutes les qualités qui avoient rendu les Romains les maîtres de toutes les autres nations.

Les exercices du corps se soûtinrent long-tems parmi les Scythes, les Gaulois, & les Germains ; mais il n’est point de nation où ils ayent été plus long-tems pratiqués que chez les François.

Avant l’invention des armes-à feu, la chevalerie françoise décidoit seule du gain d’une bataille ; & lorsque nous voyons dans les arsenaux les anciennes armes offensives & défensives dont elle se servoit, nous avons peine à concevoir comment il étoit possible d’en faire usage.

La nature cependant n’a point dégénéré. Les hommes sont les mêmes qu’ils étoient ; mais l’éducation est bien différente. On accoûtumoit alors les enfans à porter de certains poids qu’on augmentoit peu-à-peu ; on les exerçoit dès que leur force commençoit à se déployer ; leurs muscles s’endurcissoient en conservant la souplesse. C’est ainsi qu’on les formoit aux plus durs travaux. L’éducation & l’habitude font presque tout dans les hommes, & les enfans des plus grands seigneurs n’étoient point exempts de ces exercices violens ; souvent même un pere envoyoit son fils unique pour être élevé à l’exercice des armes & de la vertu chez un autre chevalier, de peur que son éducation ne fut pas suivie avec assez de rigidité dans la maison paternelle. On nommoit cette espece d’éducation nourriture ; & l’on disoit d’un brave chevalier, qu’il avoit reçu chez tel autre une bonne & loüable nourriture. Rien ne pouvoit dispenser de cette éducation militaire tous ceux qui prétendoient à l’honneur d’être armés chevaliers. Quelles actions héroïques de nos rois & de nos princes ne lisons-nous pas dans notre histoire !

Quoique l’usage des armes-à-feu ait changé le système de combattre dans presque toute l’Europe, les exercices propres à former l’homme de guerre se sont soûtenus jusqu’à la minorité du feu roi, mais alors les tournois & les combats de la barriere avec des armes pesantes dégénérerent en course de bague & de têtes & en carrousels. Les armes défensives furent changées en ornemens somptueux & en livrées galantes ; bien-tôt l’art de combattre de sa personne fut négligé ; la mollesse s’introduisit au point de craindre même de se servir de la seule arme défensive qui nous reste de l’ancienne chevalerie ; & la cuirasse devenant un poids trop incommode, on attacha l’idée d’une fine valeur à ne s’en plus servir.

Les ordonnances du Roi ont remédié à cet abus ; & la raison éclairée démontre à l’homme de guerre que lorsqu’il ne se tient pas en état de bien combattre de sa personne, il s’expose à devenir inutile à lui-même & à sa patrie en beaucoup d’occasions, & à donner l’exemple de la mollesse à ceux qui sont sous ses ordres.

La valeur est sans doute la vertu la plus essentielle à l’homme de guerre ; mais heureusement c’est la plus commune. Eh, que seroit-il, s’il ne la possédoit pas ?

Il n’est personne qui dans le fond de son cœur ne se rende justice à soi-même. L’homme de guerre doit se connoître, s’apprétier avec sévérité ; & lorsqu’il ne ne se sent pas les qualités qui lui sont nécessaires, il manque à la probité, il manque à sa patrie, à son roi, à lui même, s’il s’expose à donner un mauvais exemple, & s’il occupe une place qui pourroit être plus dignement remplie.

Le mérite de l’homme de guerre est presque toûjours jugé sainement par ses pareils ; il l’est encore avec plus de justice & de sévérité par le simple soldat.

On ne fait jamais plus qu’on ne doit à la guerre. C’est s’exposer à un deshonneur certain, que de négliger d’acquérir les connoissances nécessaires au nouveau grade qu’on est sur d’obtenir ; mais malheureusement rien n’est si commun.

Nous n’entrerons point ici dans les détails de la science immense de la guerre. Que pourrions-nous dire qui puisse égaler les écrits immortels des Vauban, des Feuquieres, & des Puységur ?

Au reste, on se feroit une idée très-fausse de l’homme de guerre, si l’on croyoit que tous ses véritables devoirs sont renfermés dans un art militaire qu’il ne lui est pas permis d’ignorer. Exposé sans cesse à la vûe des hommes, destiné par état à les commander, le véritable honneur doit lui faire sentir qu’une réputation intacte est la premiere de toutes les récompenses.

Nous nous renfermons ici dans les seuls devoirs respectifs des hommes. L’homme de guerre n’est dispensé d’en remplir aucun. Si par des circonstances toûjours douloureuses pour une belle ame il se trouve dans le cas de pouvoir se dire comme Abner,

Ministre rigoureux des vengeances des rois ;


qu’il reçoive, qu’il excite sans cesse dans son ame les sentimens de ce même Abner ; qu’il distingue le mal nécessaire que les circonstances l’obligent à faire, d’avec le mal inutile & les brigandages qu’il ne doit point tolérer ; qu’au milieu des spectacles cruels & des desordres qu’enfante la guerre, la pitié trouve toûjours un accès facile dans son cœur ; & que rien ne puisse jamais en bannir la justice, le desintéressement, & l’amour de l’humanité. Article de M. le Comte de Tressan.

Guerre, (Droit naturel & Politique.) c’est, comme on l’a dit plus haut, un différend entre des souverains, qu’on vuide par la voie des armes.

Nous avons hérité de nos premiers ayeux,
Dès l’enfance du monde ils se faisoient la guerre.


Elle a regné dans tous les siecles sur les plus legers fondemens ; on l’a toûjours vû desoler l’univers, épuiser les familles d’héritiers, remplir les états de veuves & d’orphelins ; malheurs déplorables, mais ordinaires ! De tout tems les hommes par ambition, par avarice, par jalousie, par méchanceté, sont venus à se dépouiller, se brûler, s’égorger les uns les autres. Pour le faire plus ingénieusement, ils ont inventé des regles & des principes qu’on appelle l’Art militaire, & ont attaché à la pratique de ces regles l’honneur, la noblesse, & la gloire.

Cependant cet honneur, cette noblesse, & cette gloire consistent seulement à la défense de sa religion, de sa patrie, de ses biens, & de sa personne, contre des tyrans & d’injustes aggresseurs. Il faut donc reconnoître que la guerre sera légitime ou illégitime, selon la cause qui la produira ; la guerre est légitime, si elle se fait pour des raisons évidemment justes ; elle est illégitime, si l’on la fait sans une raison juste & suffisante.

Les souverains sentant la force de cette vérité, ont grand soin de répandre des manifestes pour justifier la guerre qu’ils entreprennent, tandis qu’ils cachent soigneusement au public, ou qu’ils se cachent à eux-mêmes les vrais motifs qui les déterminent. Ainsi dans la guerre d’Alexandre contre Darius, les raisons justificatives qu’employoit ce conquérant, rouloient sur les injures que les Grecs avoient reçûes des Perses ; les vrais motifs de son entreprise étoient l’ambition de se signaler, soûtenue de tout l’espoir du succès. Il ne seroit que trop aisé d’apporter des exemples de guerres modernes entreprises de la même maniere, & par des vûes également odieuses ; mais nous n’approcherons point si près des tems où nos passions nous rendent moins équitables, & peut-être encore moins clairvoyans.

Dans une guerre parfaitement juste, il faut non-seulement que la raison justificative soit très-légitime, mais encore qu’elle se confonde avec le motif, c’est-à-dire que le souverain n’entreprenne la guerre que par la nécessité où il est de pourvoir à sa conservation. La vie des états est comme celle des hommes, dit très-bien l’auteur de l’esprit des lois ; ceux-ci ont droit de tuer dans le cas de la défense naturelle, ceux-là ont droit de faire la guerre pour leur propre conservation : dans le cas de la défense naturelle, j’ai droit de tuer, parce que ma vie est à moi, comme la vie de celui qui m’attaque est à lui ; de même un état fait la guerre justement, parce que sa conservation est juste, comme toute autre conservation.

Le droit de la guerre dérive donc de la nécessité & du juste rigide. Si ceux qui dirigent les consciences ou les conseils des princes ne se bornent pas là, tout est perdu ; car les principes arbitraires de gloire, de bienséance, d’aggrandissement, d’utilité, ne sont pas des droits, ce sont des horreurs ; si la réputation de la puissance d’un monarque peut augmenter les forces de son royaume, la réputation de sa justice les augmenteroit de même.

Mais toute guerre est injuste dans ses causes, 1°. lorsqu’on l’entreprend sans aucune raison justificative, ni motif d’utilité apparente, si tant est qu’il y ait des exemples de cette barbarie : 2°. lorsqu’on attaque les autres pour son propre intérêt, sans qu’ils nous ayent fait de tort réel, & ce sont-là de vrais brigandages : 3°. lorsqu’on a des motifs fondés sur des causes justificatives spécieuses, mais qui bien examinées sont réellement illégitimes : 4°. lorsqu’avec de bonnes raisons justificatives, on entreprend la guerre par des motifs qui n’ont aucun rapport avec le tort qu’on a reçu, comme pour acquérir une vaine gloire, se rendre redoutable, exercer ses troupes, étendre sa domination, &c. Ces deux dernieres sortes de guerre sont très-communes & très-iniques. Il faut dire la même chose de l’envie qu’auroit un peuple, de changer de demeure & de quitter une terre ingrate, pour s’établir à force ouverte dans un pays fertile ; il n’est pas moins injuste d’attenter par la voie des armes sur la liberté, les vies, & les domaines d’un autre peuple, par exemple des Américains, sous prétexte de leur idolatrie. Quiconque a l’usage de la raison, doit jouir de la liberté de choisir lui-même ce qu’il croit lui être le plus avantageux.

Concluons de ces principes que toute guerre juste doit se faire pour nous défendre contre les attaques de ceux qui en veulent à nos vies & à nos possessions ; ou pour contraindre les autres à nous rendre ce qu’ils nous doivent en vertu d’un droit parfait & incontestable qu’on a de l’exiger, ou pour obtenir la réparation du dommage qu’ils nous ont injustement causé : mais si la guerre est légitime pour les raisons qu’on vient d’alléguer, c’est encore à cette seule condition, que celui qui l’entreprend se propose de venir par ce moyen violent à une paix solide & durable.

Outre la distinction de la guerre, en celle qui est juste & celle qui est injuste, quelques auteurs politiques distinguent la guerre en guerre offensive & en défensive. Les guerres défensives sont celles que les souverains entreprennent pour se défendre contre d’autres souverains, qui se proposent de les conquérir ou de les détruire. Les guerres offensives sont celles que les souverains font pour forcer d’autres souverains à leur rendre ce qu’ils prétendent leur être dû, ou pour obtenir la réparation du dommage qu’ils estiment qu’on leur a causé très-injustement.

On peut admettre cette distinction, pourvû qu’on ne la confonde pas avec celle que nous avons établie, & qu’on ne pense pas que toute guerre défensive soit juste, & que toute guerre offensive soit injuste ; car il y a des guerres offensives qui sont justes, comme il y a des guerres défensives qui sont injustes. La guerre offensive est injuste, lorsqu’elle est entreprise sans une cause légitime, & alors la guerre défensive, qui dans d’autres occasions pourroit être injuste, devient très-juste. Il faut donc se contenter de dire, que le souverain qui prend le premier les armes, soit qu’il le fasse justement ou injustement, commence une guerre offensive, & que celui qui s’y oppose, soit qu’il ait ou qu’il n’ait pas tort de le faire, commence une guerre défensive. Ceux qui regardent le mot de guerre offensive comme un terme odieux, qui renferme toûjours quelque chose d’injuste, & qui considerent au-contraire la guerre défensive comme inséparable de l’équité, s’abusent sur cette matiere. Il en est des princes comme des particuliers en litige : le demandeur qui entame un procès a quelquefois tort, & quelquefois raison ; il en est de même du défendeur : on a tort de ne vouloir pas payer une somme justement dûe, comme on a raison de se défendre de payer ce qu’on ne doit pas.

Quelque juste sujet qu’on ait de faire la guerre offensive ou défensive, cependant puisqu’elle entraîne après elle inévitablement une infinité de maux, d’injustices, & de desastres, on ne doit se porter à cette extrémité terrible qu’après les plus mûres considérations. Plutarque dit là-dessus, que parmi les anciens Romains, lorsque les prêtres nommés feciaux avoient conclu que l’on pouvoit justement entreprendre la guerre, le sénat examinoit encore s’il seroit avantageux de s’y engager.

En effet, ce n’est pas assez que le sujet de la guerre soit juste en lui-même, il faut avant que d’en venir à la voie des armes, qu’il s’agisse de la chose de la plus grande importance, comme de sa propre conservation.

Il faut que l’on ait au-moins quelque apparence probable de réussir dans ses justes projets ; car ce seroit une témérité, une pure folie, que de s’exposer à une destruction totale, & se jetter dans les plus grands maux, pour ne pas en sacrifier de moindres.

Il faut enfin qu’il y ait une nécessité absolue de prendre les armes, c’est-à-dire qu’on ne puisse employer aucun autre moyen légitime pour obtenir ce qu’on a droit de demander, ou pour se mettre à couvert des maux dont on est menacé.

Je n’ai rien à ajoûter sur la justice des armes ; on la déguise avec tant d’art, que l’on a quelquefois bien de la peine à découvrir la vérité : de plus, chaque souverain porte ses prétentions si loin, que la raison parvient rarement à les modérer : mais quelles que soient leurs vûes & leurs démarches, toute guerre, dit Cicéron, qui ne se fait pas pour la défense, pour le salut de l’état, ou pour la foi donnée, n’est qu’une guerre illégitime.

Quant aux suites de la prise des armes, il est vrai qu’elles dépendent du tems, des lieux, des personnes, de mille événemens imprévûs, qui variant sans cesse, ne peuvent être déterminés. Mais il n’en est pas moins vrai, qu’aucun souverain ne devroit entreprendre de guerres, qu’après avoir reconnu dans sa conscience qu’elles sont justes, nécessaires au bien public, indispensables, & qu’en même tems il y a plus à espérer qu’a craindre dans l’événement auquel il s’expose.

Non-seulement ce sont-là des principes de prudence & de religion, mais les lois de la sociabilité & de l’amour de la paix ne permettent pas aux hommes de suivre d’autres maximes. C’est un devoir indispensable aux souverains de s’y conformer ; la justice du gouvernement les y oblige par une suite de la nature même, & du but de l’autorité qui leur est confiée ; ils sont obligés d’avoir un soin particulier des biens & de la vie de leurs sujets ; le sang du peuple ne veut être verse que pour sauver ce même peuple dans les besoins extrêmes ; malheureusement les conseils flateurs, les fausses idées de gloire, les vaines jalousies, l’avidité qui se couvre de vains prétextes, le faux honneur de prouver sa puissance, les alliances, les engagemens insensibles qu’on a contractés par les suggestions des courtisans & des ministres, entraînent presque toûjours les rois dans des guerres où ils hasardent tout sans nécessité, épuisent leurs provinces, & font autant de mal à leurs pays & à leurs sujets, qu’à leurs propres ennemis.

Suppose cependant, qu’une guerre ne soit entreprise qu’à l’extrémité pour un juste sujet, pour celui de sa conservation, il faut encore qu’en la faisant on reste dans les termes de la justice, & qu’on ne pousse pas les actes d’hostilité au delà de leurs bornes & de leurs besoins absolus. Grotius, en traitant cette matiere, établit trois regles, qui peuvent servir à faire comprendre en peu de mots quelle est l’étendue des droits de la guerre, & jusqu’où ils peuvent être portés légitimement.

La premiere regle, c’est que tout ce qui a une liaison moralement nécessaire avec le but d’une guerre juste, doit être permis, & rien davantage. En effet, il seroit inutile d’avoir droit de faire une chose, si l’on ne pouvoit se servir des moyens nécessaires pour en venir à bout ; mais il seroit fou de penser, que pour défendre ses droits on se crût tout loisible & tout légitime.

Seconde regle. Le droit qu’on a contre un ennemi, & que l’on poursuit par les armes, ne doit pas être considéré uniquement par rapport au sujet qui fait commencer la guerre, mais encore par rapport aux nouvelles choses qui surviennent durant le cours de la guerre, tout de même qu’en justice une partie acquiert souvent un nouveau droit pendant le cours du procès ; c’est-là le fondement du droit qu’on a d’agir contre ceux qui se joignent à notre ennemi, soit qu’ils dépendent de lui ou non.

Troisieme regle. Il y a bien des choses, qui, quoiqu’illicites d’ailleurs, deviennent permises & nécessaires dans la guerre, parce qu’elles en sont des suites inévitables, & qu’elles arrivent contre notre intention & sans un dessein formel ; ainsi, par exemple, pour avoir ce qui nous appartient, on a droit de prendre une chose qui vaut davantage, si l’on ne peut pas prendre précisément autant qu’il nous est dû, sous l’obligation néanmoins de rendre la valeur de l’excédent de la dette. On peut canonner un vaisseau plein de corsaires, quoique dans ce vaisseau il se trouve quelques hommes, quelques femmes, quelques enfans, ou autres personnes innocentes qui courent risque d’être enveloppés dans la ruine de ceux que l’on veut & que l’on peut faire périr avec justice.

Telle est l’étendue du droit que l’on a contre un ennemi en vertu de l’état de guerre : cet état anéantissant par lui-même l’état de société, quiconque se déclare notre ennemi les armes à la main, nous autorise à agir contre lui par des actes d’hostilité, de dégât, de destruction, & de mort.

Il est certain qu’on peut tuer innocemment un ennemi qui a ses armes à la main, je dis innocemment aux termes de la justice extérieure & qui passe pour telle chez toutes les nations, mais encore selon la justice intérieure, & les lois de la conscience. En effet, le but de la guerre demande nécessairement que l’on ait ce pouvoir ; autrement ce seroit en vain que l’on prendroit les armes pour sa conservation, & que les lois de la nature le permettroient. Par la même raison les lois de la guerre permettent d’endommager les biens de l’ennemi, & de les détruire, parce qu’il n’est point contraire à la nature de dépouiller de son bien une personne à qui l’on peut ôter la vie. Enfin, tous ces actes d’hostilité subsistent sans injustice, jusqu’à ce qu’on se soit mis à l’abri des dangers dont l’ennemi nous menaçoit, ou qu’on ait recouvré ce qu’il nous avoit injustement enlevé.

Mais quoique ces maximes soient vraies en vertu du droit rigoureux de la guerre, la loi de nature met néanmoins des bornes à ce droit ; elle veut que l’on considere, si tels ou tels actes d’hostilité contre un ennemi sont dignes de l’humanité ou même de la générosité ; ainsi tant qu’il est possible, & que notre défense & notre sureté pour l’avenir le permettent, il faut toûjours tempérer par ces sentimens si naturels & si justes les maux que l’on fait à un ennemi.

Pour ce qui est des voies mêmes que l’on emploie légitimement contre un ennemi, il est sûr que la terreur & la force ouverte dont on se sert, sont le caractere propre de la guerre : on peut encore mettre en œuvre l’adresse, la ruse, & l’artifice, pourvû qu’on le fasse sans perfidie ; mais on ne doit pas violer les engagemens qu’on a contractés, soit de bouche ou autrement.

Les lois militaires de l’Europe n’autorisent point à ôter la vie de propos délibéré aux prisonniers de guerre, ni à ceux qui demandent quartier, ni à ceux qui se rendent, moins encore aux vieillards, aux femmes, aux enfans, & en général à aucun de ceux qui ne sont ni d’un âge, ni d’une profession à porter les armes, & qui n’ont d’autre part à la guerre, que de se trouver dans le pays ou dans le parti ennemi.

A plus forte raison les droits de la guerre ne s’étendent pas jusqu’à autoriser les outrages à l’honneur des femmes ; car une telle conduite ne contribue point à notre défense, à notre sûreté, ni au maintien de nos droits ; elle ne peut servir qu’à satisfaire la brutalité du soldat effrené.

Il y a néanmoins mille autres licences infames, & mille sortes de rapines & d’horreurs qu’on souffre honteusement dans la guerre. Les lois, dit-on, doivent se taire parmi le bruit des armes ; je répons que s’il faut que les lois civiles, les lois des tribunaux particuliers de chaque état, qui n’ont lieu qu’en tems de paix, viennent à se taire, il n’en est pas de même des lois éternelles, qui sont faites pour tous les tems, pour tous les peuples, & qui sont écrites dans la nature : mais la guerre étouffe la voix de la nature, de la justice, de la religion, & de l’humanité. Elle n’enfante que des brigandages & des crimes ; avec elle marche l’effroi, la famine, & la desolation ; elle déchire l’ame des meres, des épouses, & des enfans ; elle ravage les campagnes, dépeuple les provinces, & réduit les villes en poudre. Elle épuise les états florissans au milieu des plus grands succès ; elle expose les vainqueurs aux tragiques revers de la fortune : elle déprave les mœurs de toutes les nations, & fait encore plus de misérables qu’elle n’en emporte. Voilà les fruits de la guerre. Les gazettes ne retentissent actuellement (1757), que des maux qu’elle cause sur terre & sur mer, dans l’ancien & le nouveau monde, à des peuples qui devroient resserrer les liens d’une bienveillance, qui n’est déjà que trop foible, & non pas les couper. (D. J.)

Guerre, (Jeu de la) c’est une maniere particuliere de joüer au billard plusieurs à-la-fois. Le nombre des personnes qui doivent joüer étant arrêté, chacun prend une bille marquée différemment, c’est-à-dire d’un point, de deux, & de plus, si l’on est davantage à joüer. Quand les billes sont tirées, chaque joüeur joue à son tour, & selon que le nombre des points qui sont sur la bille lui donne droit : il est défendu de se mettre devant la passe sans le consentement de tous les joüeurs. Celui qui joue une autre bille que la sienne perd la bille & le coup.

Qui touche les deux billes en joüant, perd sa bille & le coup ; il faut remettre l’autre à sa place.

Qui passe sur les billes, perd la bille & le coup ; & on doit mettre cette bille dans la belouse. Qui fait une bille & peut butter après, gagne toute la partie ; c’est pourquoi il est de l’adresse d’un joüeur de tirer à ces sortes de coups autant qu’il lui est possible. Qui butte dessous la passe, gagne tout, fût-on jusqu’à neuf joüeurs.

Les lois du jeu de la guerre veulent qu’on tire les billes à quatre doigts de la corde.

Il est défendu de sauver d’enjeu, à-moins qu’on ne se soit repassé.

Qui perd son rang à joüer, ne peut rentrer qu’à la seconde partie.

Ceux qui entrent nouvellement au jeu, ne sont point libres de tirer le premier coup sur les billes, en plaçant les leurs où bon leur semble. Il faut qu’ils tirent la passe à quatre doigts de la corde.

Il faut remarquer que lorsqu’on n’est que cinq, on doit faire une bille avant que de passer.

Si on n’est que trois ou quatre, il n’est pas permis de passer jusqu’aux deux derniers.

Si celui qui tire à quatre doigts fait passer une bille, elle est bien passée.

Qui touche une bille de la sienne & se noye, perd la partie ; il faut que la bille touchée reste alors où elle est roulée.

Si celui qui touche une bille en joüant la noye & la sienne aussi, il perd la partie, & on remet la bille touchée où elle étoit. Si du côté de la passe on fait passer une bille espérant la gagner, & qu’on ne la gagne pas, cette bille doit rester où elle est, supposé qu’il y eût encore quelqu’un à joüer ; mais s’il n’y avoit personne, on la remettroit à sa premiere place.

Quand un joüeur a une fois perdu, il ne peut rentrer au jeu que la partie ne soit entierement gagnée.

Les billes noyées appartiennent à celui qui butte, les deux derniers qui restent à joüer peuvent l’un & l’autre se sauver d’enjeu.

Si celui qui est passé ne le veut pas, il n’en sera rien. S’il y consent, il doit être préféré à celui qui n’est pas passé.

Celui qui par inadvertance joue devant son tour, ne perd que le coup & non pas la bille, c’est-à-dire qu’il y peut revenir à son rang. Qui tire à une bille la gagne ; & si en tirant le billard il touche une autre bille gagnée, elle est censée telle ; & la bille de celui qui a joüé le coup doit être mise dans la belouse.

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Étymologie de « guerre »

Bourguig. gare ; provenç. guerra, gerra ; espagn. portug. et ital. guerra ; bas-lat. werra, mot qu'on trouve dans des textes du temps de Charles le Chauve, mais qui est plus ancien ; du germanique : anc. h. allem. werra, querelle ; anc. angl. werre ; angl. mod. war, guerre.

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(1080) Du vieux-francique *werra (« querelle »), qui supplanta, en latin populaire, le latin classique bellum (« guerre »), confondu avec l’adjectif bellus (« beau »), devenu très fréquent après avoir lui-même supplanté le classique pulcher (« beau »). Le francique est apparenté à l’anglais war, l’allemand Wehr (« défense ») et dérive dernièrement de la même racine indo-européenne que le latin versus (« opposé, vers »).
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Phonétique du mot « guerre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
guerre gɛr

Citations contenant le mot « guerre »

  • La France se perdra par les gens de guerre. Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, Mes pensées
  • Qui veut la guerre est en guerre avec soi. De Alain , 
  • Une guerre entre Européens est une guerre civile. De Victor Hugo , 
  • La guerre est l'industrie nationale de la Prusse. Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau,  Mirabeau De la monarchie prussienne sous Frédéric le Grand (1788)
  • Aux [guerres] civiles, il faut être ou maître ou valet, vu qu'on demeure sous même toit. Et ainsi il faut venir à la rigueur et à la cruauté. Blaise de Lasseran de Massencome, seigneur de Monluc, Commentaires, Livre V
  • Toute guerre est un manichéisme. De Jean-Paul Sartre , 
  • La nécessité de la guerre nous force, en dépit de nous-mêmes, à faire mille maux, et faire non plus d'état de la vie des hommes que d'un poulet. Blaise de Lasseran de Massencome, seigneur de Monluc, Commentaires, VII
  • Chaque guerre appelle une nouvelle guerre. De Dominique de Villepin / Le Figaro, 20 janvier 2015 , 
  • Hélas ! Est-ce une loi sur notre pauvre terre Que toujours deux voisins auront entre eux la guerre ; Que la soif d'envahir et d'étendre ses droits Tourmentera toujours les meuniers et les rois ? François Andrieux, Le Meunier sans souci
  • Ah ! Dieu que la guerre est jolie Avec ses chants ses longs loisirs. Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire, Calligrammes, l'Adieu du cavalier , Gallimard
  • Où sont-ils ces beaux militaires Soldats passés Où sont les guerres Où sont les guerres d'autrefois. Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire, Calligrammes, C'est Lou qu'on la nommait , Gallimard
  • Faut tuer la guerre dans le ventre de tous les pays. Henri Barbusse, Le Feu, Flammarion
  • À l'issue d'une longue guerre nationale, la victoire bouleverse comme la défaite. Léon Blum, À l'échelle humaine, Gallimard
  • Pour la plupart des hommes, la guerre est la fin de la solitude. Pour moi, elle est la solitude définitive. Albert Camus, Carnets, Gallimard
  • Il est plus facile de faire la guerre que la paix. Georges Clemenceau, Discours de paix, 1919 , Plon
  • Politique intérieure : je fais la guerre ; politique étrangère : je fais la guerre. Je fais toujours la guerre ! Les Russes nous trahissent, je continue de faire la guerre. La malheureuse Roumanie est obligée de capituler : je continue de faire la guerre, et je continuerai jusqu'au dernier quart d'heure. Georges Clemenceau, Réponse à une interpellation, mars 1918
  • La guerre ! c'est une chose trop grave pour la confier à des militaires. Georges Clemenceau, Cité par Suarez dans Soixante Années d'histoire française : Clemenceau, Tallandier
  • La guerre moderne est une révolte maléfique de la matière asservie par l'homme. Pierre Drieu La Rochelle, La Comédie de Charleroi, Gallimard
  • Dans le conflit présent comme dans ceux qui l'ont précédé, être inerte, c'est être battu. Charles de Gaulle, L'Avenir des forces mécanisées, Plon
  • La France a perdu une bataille, mais la France n'a pas perdu la guerre. Charles de Gaulle, Proclamation Appel du 18 juin
  • Depuis six mille ans la guerre Plaît aux peuples querelleurs, Et Dieu perd son temps à faire Les étoiles et les fleurs. Victor Hugo, Les Chansons des rues et des bois, Liberté, Égalité, Fraternité
  • La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix c'est la guerre des idées. Victor Hugo, Fragments
  • Un roi c'est de la guerre, un dieu c'est de la nuit. Victor Hugo, La Légende des siècles, le Satyre
  • La bonté d'une guerre se juge à la quantité de mal qu'elle fait. Victor Hugo, Quatrevingt-Treize
  • La femme est une grande réalité, comme la guerre. Valery Larbaud, A. O. Barnabooth, Journal intime , Gallimard
  • Les mots ne sont pas assez nombreux pour courir aussi vite que la guerre. Jean-Marie Gustave Le Clézio, La Guerre, Gallimard
  • Il est plus difficile de bien faire l'amour que de bien faire la guerre. Anne, dite Ninon de Lenclos, Lettres
  • La guerre est […] divine en elle-même, puisque c'est une loi du monde. comte Joseph de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg
  • Jamais le christianisme, si vous y regardez de près, ne vous paraîtra plus sublime, plus digne de Dieu, et plus fait pour l'homme qu'à la guerre. comte Joseph de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg
  • Il n'y a pas cinquante manières de combattre, il n'y en a qu'une, c'est d'être vainqueur. Ni la révolution ni la guerre ne consistent à se plaire à soi-même. André Malraux, L'Espoir, Gallimard
  • Il y a des guerres justes, il n'y a pas d'armées justes. André Malraux, L'Espoir, Gallimard
  • Ah ! que la victoire demeure avec ceux qui auront fait la guerre sans l'aimer ! André Malraux, Les Noyers de l'Altenburg, Gallimard
  • Bref, nul ne peut (soit par feu, sang ou mine) Gagner profit en guerre féminine. Clément Marot, Épîtres, Pour le capitaine Raisin audit seigneur de la Rocque
  • Je deviens trop vieux pour user mon reste de forces à des guerres. Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, Lettre au major de Mauvillon
  • Pourquoi me tuez-vous ? - Et quoi, ne demeurez-vous pas de l'autre côté de l'eau ? Mon ami, si vous demeuriez de ce côté, je serais un assassin et cela serait injuste de vous tuer de la sorte ; mais puisque vous demeurez de l'autre côté, je suis un brave, et cela est juste. Blaise Pascal, Pensées, 293 Pensées
  • Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre ! Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés. Charles Péguy, Ève, Gallimard
  • Les nerfs des batailles sont les pécunes. François Rabelais, Gargantua, 46
  • Que ceux déjà qui m'en veulent se représentent ce que fut la guerre* pour tant de très jeunes garçons : quatre ans de grandes vacances. Raymond Radiguet, Le Diable au corps, Grasset
  • Je trouve la guerre haïssable mais bien plus ceux qui la chantent sans la faire. Romain Rolland, Au-dessus de la mêlée, Albin Michelle Journal de Genève
  • La victoire a beau grandir, elle ne réussit plus à rattraper les morts. Jules Romains pseudonyme littéraire devenu ensuite le nom légal de Louis Farigoule, Les Hommes de bonne volonté, Vorge contre Quinette , Flammarion
  • Nous sommes tant sur terre, tant Qui n'avons pas besoin de guerre Pour nous enivrer de vertu. Jules Romains pseudonyme littéraire devenu ensuite le nom légal de Louis Farigoule, Ode génoise, Camille Bloch
  • Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent. Jean-Paul Sartre, Le Diable et le Bon Dieu, Gallimard
  • La guerre n'est pas si onéreuse que la servitude. Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues, Réflexions et Maximes
  • Le vice fomente la guerre ; la vertu combat. Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues, Réflexions et Maximes
  • Les monuments aux morts des guerres que l'on perd sont moins laids que les monuments aux morts des guerres que l'on gagne. Nicole Vedrès, Suite parisienne, Mercure de France
  • Si tu veux la paix, prépare la guerre. Anonyme,  Végèce (Epitome rei militaris, III, Prol.)
  • et les guerres abhorrées des femmes. Horace en latin Quintus Horatius Flaccus, Odes, I, I, 24-25
  • Personne n'est assez insensé pour préférer la guerre à la paix ; en temps de paix les fils ensevelissent leurs pères ; en temps de guerre les pères ensevelissent leurs fils. Hérodote, Histoires, I, 87 (traduction Legrand)
  • À la guerre, l'occasion n'attend pas. Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, I, 142, 1 (traduction J. de Romilly)
  • La mobilisation n'est pas la guerre. Raymond Poincaré, 
  • Des millions d'hommes participent aux guerres actuelles ; bientôt l'Europe entière ne sera peuplée que d'assassins. Ivan Alekseïevitch Bounine, Un crime
  • À une juste guerre, préférons une injuste paix. Samuel Butler, Remains, Two Speeches made in the Rump Parliament
  • À la guerre […] il n'y a pas de gagnants, il n'y a que des perdants. Sir Arthur Neville Chamberlain, Speech at Kettering, 3 juillet 1938
  • Il n'y a jamais eu de bonne guerre ni de mauvaise paix. Benjamin Franklin, Letter to Quincey, 11 septembre 1783
  • Ce que je maintiens, c'est que la guerre fait joliment bien dans l'histoire, et que la paix fournit une piètre lecture. Thomas Hardy, The Dynasts, II, 5
  • Une guerre est juste quand elle est nécessaire. Machiavel en italien Niccolo Machiavelli, Pensieri, II, 9
  • On ne peut abolir la guerre que par la guerre. Pour qu'il n'y ait plus de fusils, il faut prendre le fusil. Mao ZedongMao Tsö-tongMao Tsé-toung, Citations du président Mao Tsé-Toung, V
  • La politique est une guerre sans effusion de sang, et la guerre une politique avec effusion de sang. Mao ZedongMao Tsö-tongMao Tsé-toung, Citations du président Mao Tsé-Toung, V
  • Aimez la paix comme le moyen de nouvelles guerres, et la paix brève plus que la longue. Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra Also sprach Zarathustra
  • La guerre nourrit la guerre. De Proverbe français , 
  • A la guerre comme à la guerre. De Proverbe français , 
  • Nulle terre sans guerre. De Proverbe français , 
  • Rugby + guerre + femmes = homme. De Jean-Louis Curtis / Le roseau pensant , 
  • Quand le modèle libéral et capitaliste atteint aussi les fonctions que doivent assumer les Etats, le monde de la guerre se libéralise aussi. Tim Spicer est notre second corsaire de l'été, un businessman de la guerre privée, qui a même fondé une entreprise devenue multinationale. France Culture,  Tim Spicer, le pionnier de la guerre privée
  • Le Programme national des sentinelles a repris ses activités, lundi, au Monument commémoratif de guerre du Canada à Ottawa, après avoir été retardé en raison de la pandémie de COVID-19. Radio-Canada.ca, Les sentinelles reprennent leur poste au Monument commémoratif de guerre à Ottawa | Coronavirus | Radio-Canada.ca
  • Même la guerre est quotidienne. De Marguerite Duras / Des journées dans les arbres , 
  • La guerre : providence des amants. De Antoine Audouard / Un Pont d’oiseaux , 
  • La guerre, c’est la guerre des hommes ; la paix, c’est la guerre des idées. De Victor Hugo / Fragments , 
  • Chaque guerre est la toute dernière. De Jean Giraudoux , 
  • Faites l’amour, pas la guerre ! De Anonyme / Slogan américain de 1968 , 
  • Deux Syriens, membre ou soutien présumés du Front al-Nosra, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, ont été arrêtés et placés en détention, ce lundi 13 juillet, en Allemagne, soupçonnés de crimes de guerre, a annoncé le Parquet fédéral allemand. Présentés comme Khedr A. K. et Sami A. S, les deux hommes, dont l'âge n'a pas été précisé, ont été interpellés à Naumburg, dans l'est du pays et à Essen, dans l'ancien bassin minier de la Ruhr, a indiqué le parquet de Karlsruhe dans un communiqué. Le Figaro.fr, Allemagne: arrestation de deux Syriens soupçonnés de crimes de guerre
  • Ce lieu, que nous ne nommons que par les deux villes formant le trajet sur lequel il se trouve, est l’occasion d’évoquer un livre qui faillit ne pas se faire connaître. L’un des livres les plus extraordinaires sur la Première Guerre mondiale a bien atteint la postérité cependant, tout comme son auteur Maurice Genevoix. Le jeune élève normalien se destinait à l’enseignement quand il est mobilisé le 2 août 1914 comme lieutenant de réserve à la 8ème compagnie du 106ème régiment d’infanterie. Combattant de la Marne et des Eparges, il est grièvement blessé en 1915 et forcé de quitter le champ de bataille. C’est à partir de cette expérience et de ce moment qu’il se consacre à la rédaction de son ouvrage, recueil de récits de guerre, qui paraîtra en 1949 sous le nom Ceux de 14. France Culture,  Descente estivale de la Seine : kilomètre 160, vers la guerre (route de Paris)
  • Claude Aurières est un homme de cœur qui souhaite honorer les personnes qui ont recueilli des enfants pendant la guerre. centrepresseaveyron.fr, Claude Aurières honore sa famille de guerre - centrepresseaveyron.fr
  • Commerce La Suisse a exporté pour 501 millions de francs de matériel de guerre au premier semestre de cette année. L’Europe arrive en tête des destinataires, suivie par l’Asie. Ces chiffres ont provoqué la réaction du Groupe pour une Suisse sans armée. , Matériel de guerre: les exportations ont presque doublé...
  • En fait, seuls les Européens souhaitent véritablement la stabilisation et la fin d’une guerre civile entamée en 2014. Il en va de leurs intérêts et de la protection de leur territoire. Mais en auront-ils la volonté ? La Libye est un test pour l’autonomie stratégique européenne tant annoncée. The Conversation, Guerre en Libye : qui d’autre que l’Europe pour stabiliser la région ?
  • Hashim Thaci doit répondre des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. euronews, Hashim Thaçi doit être entendu pour crimes de guerre | Euronews
  • L’ombre d’une guerre meurtrière entre deux clans nomades de Reims a plané lors d’un procès consacré à des vols en série : l’un des prévenus était également jugé pour un feu de voiture qu’il aurait allumé par vengeance. Délibéré le 23 juillet. Journal L'Union abonné, Guerre des nomades à Reims: a-t-il brûlé une voiture pour venger son chien égorgé?
  • En réaction, le secrétaire adjoint aux Affaires publiques, à la Santé et aux Services sociaux, Michael Caputo, a déclaré dimanche qu'il n'y avait pas de guerre entre la Maison Blanche et les scientifiques. "Nous avons une grande confiance dans la capacité de tous nos scientifiques et médecins du groupe de travail sur le coronavirus à communiquer les informations de santé publique nécessaires", a-t-il simplement déclaré, sans faire référence au Dr Fauci.  LExpress.fr, États-Unis : entre le Docteur Fauci et Mister Trump, la guerre est déclarée - L'Express
  • Chaque jour, Stéphane Place vous propose une pause littérature, en partenariat avec la Librairie Mollat de Bordeaux. Mardi, retour sur une période sombre qu'a traversé l'Algérie entre la fin des années 80 et le début des années 90, avec le roman de Frédéric Paulin, "La guerre est une ruse". Europe 1, "La guerre est une ruse" de Frédéric Paulin
  • 5Reste qu’on a bel et bien dans ce texte une lecture acerbe du mariage qui, finalement, fait la part belle à la femme. Le mariage y apparaît en effet sous les traits d’un combat permanent entre l’époux et l’épouse, une véritable « guerre des sexes », d’ailleurs exprimée parfois en ces termes : entre eux éclatent à l’occasion « de vraies batailles », au fil « d’une guerre qui a duré vingt ou trente ans ou plus » (9ème joie, p. 184-185). Or, de cette guerre, c’est bien la femme qui est victorieuse. L’auteur conclut d’ailleurs son texte en soulignant qu’il l’a écrit « à la gloire des femmes », qui malgré leur faiblesse naturelle et la violence des hommes parviennent toujours à triompher (conclusion, p. 292-293). Le texte esquisse dès lors une inversion des rapports de force traditionnels, d’autant plus parlante qu’en ancien français le mari est couramment désigné comme « le seigneur ». De même que les enlumineurs se plaisent alors à peupler les marges des manuscrits de figures grotesques inversant les codes — des lapins y tuent les chasseurs et des escargots triomphent des chevaliers —, de même que les cartographes peuplent les marges du monde de créatures monstrueuses, l’auteur anonyme dépeint ici un véritable monde à l’envers, dans lequel la parole du seigneur est vidée de toute son effectivité — « quand le seigneur commande n’est pas arest de parlement » (6ème joie p. 132-133) —, dans lequel le « seigneur » est littéralement dompté, « transformé en bête » (7ème joie, p. 166-167), par les talents de son épouse. Nouvelle Circé, celle-ci préside à un univers du faux-semblant d’autant plus pernicieux que l’époux est persuadé d’être heureux... , Guerre des sexes au Moyen Âge (Acta Fabula)
  • Les “guerres de l’eau” que l’on évoque souvent à propos de l’or bleu seront probablement moins des conflits armés entre Etats que des tensions très fortes à l’intérieur de ces derniers. Si les populations peuvent à la rigueur accepter de ne pas bénéficier de tous les services publics que chacun est en droit d’attendre (écoles, hôpitaux, infrastructures de transport), voire de ne pas disposer de toutes les ressources alimentaires de base en même temps, en revanche personne ne peut accepter d’être privé d’eau, surtout lorsqu’elle est de piètre qualité. Ainsi, au moment où le monde entier est, à jute titre, mobilisé contre la Covid-19, car elle touche tout le monde, riches ou pauvres, l’eau tue chaque jour près de 8000 personnes (soit pas loin de 3 millions de victimes par an, plus de la moitié ayant moins de 15 ans) et encore, il ne s’agit que de l’eau douce, car elle provoque, lorsqu’elle est insalubre, le choléra, des hépatites, sans compter les inondations (l’eau salée qui peut s’abattre sur les nations via les tsunamis n’est pas ici comptabilisée). Le HuffPost, Après le coronavirus, la prochaine crise mondiale pourrait être la guerre de l'eau | Le HuffPost
  • Il obtient son brevet de pilote en 1990. La guerre froide n’est pas encore tout à fait terminée, comme il le constatera dans les airs. Affecté à Cambrai, dans le Nord, le jeune officier Vigilant est pilote de «défense aérienne». «Je devais décoller en moins de sept minutes pour intercepter un avion au comportement suspect dans le ciel de France. C’était passionnant, avec un gros rythme de travail», se remémore-t-il. Si les pilotes jouissent d’un certain prestige au sein des armées, ceux qui se spécialisent dans le combat aérien sont réputés les meilleurs : eux ne visent pas des objectifs au sol, mais sont formés pour affronter leurs alter ego ennemis dans les airs. «Du combat avion contre avion, de la chasse pure», dit-il. Chevaleresque. En bon officier général, Jean-Marc Vigilant parle aujourd’hui d’une «saine rivalité» avec ses camarades chasseurs bombardiers. Libération.fr, Jean-Marc Vigilant, un plafond de verre en moins à l’Ecole de guerre - Libération
  • Né au Puy en 1894, Charles Massot fut un brillant sportif de l’avant-guerre. Élève au Pensionnat Notre-Dame de France, il se fait remarquer par ses qualités athlétiques dès son plus jeune âge. Émigré à Paris, il intègre les rangs du Club Athétique de la Société générale où il se lie d’amitié avec Jean Bouin (1889-1914), qui est alors la grande vedette de l’athlétisme français. www.leveil.fr, Charles Massot, un champion fauché par la guerre - Le Puy-en-Velay (43000)
  • Il y a 150 ans, la France entrait en guerre contre la Prusse. La première grande bataille s'est déroulée en Alsace du Nord, près de Woerth. Pour cause de covid19, les grandes commémorations sont reportées à 2021, mais un musée et une route mémorielle en donnent un excellent avant-goût.  France 3 Grand Est, Il y a 150 ans : la guerre franco-prussienne de 1870 - France 3 Grand Est
  • Un remarquable documentaire éclaire les clichés pris par le soldat américain pendant la seconde guerre mondiale. Le Monde.fr, « Tony Vaccaro : filmer la guerre », au plus près des horreurs de 39-45
  • L’académie de Lille propose un dossier de ressources réalisé par Thomas Deguffroy pour la mise en oeuvre de l'enseignement du thème 2 de la spécialité HGGSP de Terminale ("Faire la guerre, faire la paix: formes de conflits et modes de résolution"). « Le premier document explique la démarche générale pour penser l'enseignement du thème et construire les séquences (analyse du programme et des enjeux, structure du thème, croisement des disciplines, transposition pédagogique). Des mises au point scientifiques à destination des enseignants (apport des disciplines au traitement du thème, le modèle de Clausewitz en question, l'évolution du système international depuis les traités de Westphalie) et des exemples d'activités pour les élèves sont accessibles dans les autres documents. » ,  Histoire : HGGSP terminale : Faire la guerre
  • Le 25 juin 1950, l'attaque surprise de la Corée du Nord visant la Corée du Sud a déclenché une guerre opposant communistes (Union Soviétique) et capitalistes (Nations Unies, menées par les Etats-Unis) pour le contrôle de la péninsule coréenne. La guerre de Corée, qui a duré de 1950 à 1953, a fait des millions de morts avant que la Corée du Nord et la Corée du Sud ne soient définitivement divisées. National Geographic, La guerre de Corée n'a (techniquement) jamais pris fin | National Geographic
  • La guerre couvait depuis quelques jours entre Ennahdha et Elyes www.businessnews.com.tn, Une guerre où tous seront perdants
  • Siège de Dubrovnik, déportation des Bosniaques de la Bukovica et des réfugiés d’Herceg Novi, massacre de Štrpci... Un lourd voile d’oubli est tombé au Monténégro sur les crimes de guerre des années 1990, notamment parmi les jeunes. Mais comment mener un travail de mémoire quand les dirigeants de l’époque sont toujours au pouvoir ? Le Courrier des Balkans, Monténégro : l'oubli retombe sur les crimes de guerre des années 1990 - Le Courrier des Balkans
  • Pour défendre le rôle de Moscou, Vladimir Poutine revient sur les accords négociés avec l’Allemagne nazie avant la guerre. Il soupçonne les Européens d’avoir conclu des « protocoles secrets » avec Adolf Hitler en marge des accords de Munich, signés le 30 septembre 1938 avec l’Allemagne par la France et le Royaume-Uni, dans l’espoir d’éviter la guerre en scellant la mort de la Tchécoslovaquie indépendante. Il évoque des archives que Paris et Londres refuseraient de déclassifier pour établir la vérité. Le chef du Kremlin affirme par ailleurs que l’URSS était « pratiquement le dernier parmi les pays européens » à signer un pacte avec Hitler et assure que Moscou n’avait, initialement, pas prévu d’envahir ses voisins. Le Monde.fr, Poutine dénonce le « révisionnisme » antirusse des Occidentaux sur la deuxième guerre mondiale
  • L'Histoire ne se répète jamais totalement mais il arrive qu'elle bégaye. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, soucieux d'éviter les exportations vers l'ennemi soviétique de matériels électroniques qui auraient pu doper la puissance militaire de la Russie, le camp occidental avait mis en place le CoCom, ou Comité de coordination pour le contrôle des exportations. Franchissant un autre cran, les Etats-Unis avaient, dans les années 1970, mis en place la réglementation Itar (International Traffic in Arms Regulation) qui donne encore aujourd'hui aux Américains un droit de veto sur la vente de tout matériel militaire comportant le moindre composant made in USA. Les Echos, Guerre froide 2.0 dans les télécoms | Les Echos
  • Sa ferme et sa maison sont posées sur des terres riches en histoire, de la révolution américaine à la guerre civile (1861-1865) durant laquelle la Virginie avait fait sécession pour rejoindre les confédérés pro-esclavage du Sud. « Si on creuse un peu, on retrouve de vieilles munitions », raconte Doug. leparisien.fr, «On n’est pas loin de la guerre civile» : plongée chez les pro-Trump, tendus à l’extrême - Le Parisien
  • De nombreux crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité, ont été commis dans la province d’Idlib, dernier bastion insurgé dans le nord-ouest de la Syrie, soumis à une offensive du régime fin 2019 et début 2020, selon un rapport publié, mardi 7 juillet, par l’ONU. Le Monde.fr, Syrie : l’ONU dénonce des crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité à Idlib
  • Près de 75 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’ensemble du butin de guerre des nazis n’a pas encore été restitué. C’est ce que révèle l’incroyable histoire relatée par La Voix du Nord concernant des fonds de carte géologiques, volées par l’occupant en 1942 à Lille à plusieurs administrations. En récupérant ces cartes du Nord de la France mais aussi de pays étrangers (Belgique, Grande-Bretagne ou encore Algérie), les Allemands espéraient utiliser ces informations en vue de construire des bunkers souterrains. Capital.fr,  Lille : un improbable butin de guerre volé par les nazis bientôt restitué ? - Capital.fr
  • FIGAROVOX/TRIBUNE - L’expression «guerre froide» se rapporte à la compétition idéologique et militaire qui a opposé les États-Unis à l’URSS entre 1947 et 1991. Selon Francis Journot, le duel sino-américain, lui, ne s’organise pas autour de véritables blocs, comme autrefois le capitalisme et le communisme. Le Figaro.fr, Pourquoi la confrontation entre les États-Unis et la Chine n’est pas une «nouvelle guerre froide»
  • Le prix de vente des actions doit désormais être fixé par un expert indépendant. Un premier pas vers le divorce tant attendu par les partenaires d’hier qui pourraient cependant devoir cohabiter encore quelques mois. Jean-Claude Bourrelier a, en effet, fait appel de la décision. Un nouvel épisode de la guerre des actionnaires qui pourrait obliger les anciens partenaires à se supporter encore quelques mois : au moins jusqu’en octobre. Capital.fr,  Bricorama : la guerre entre le fondateur de l’enseigne et les actionnaires se poursuit - Capital.fr
  • Après plus de cinq années de combats, une issue à la guerre au Yémen n’est pas à l’ordre du jour. Mardi 23 juin, le porte-parole de la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite, Turki Al Maliki, a annoncé l’interception de « huit drones bourrés d’explosifs », « trois missiles balistiques », et un quatrième visant « des sites ainsi que des civils » dans la capitale saoudienne Riyad. Une « attaque de grande envergure », comme l’ont qualifiée les rebelles houthistes, à l’origine de l’offensive. La Croix, Au Yémen, la « guerre sans fin »
  • Il s’investit dans ses fonctions et entretient une profonde passion pour la politique, influencé par son père, socialiste engagé. Ainsi, chef du cabinet du ministère de l’Air du Front populaire en 1936, il n’hésite pas au cours de la guerre d’Espagne à soutenir les républicains. Ses qualités et son dévouement lui valent d’être nommé préfet d’Aveyron en 1937. Une fois de plus, il est le plus jeune français à assurer ce type de fonctions. En juillet 1939, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Jean Moulin est nommé préfet de Chartres, peu de temps avant l’invasion du pays par les Allemands.  SudOuest.fr, Seconde Guerre mondiale : le 8 juillet 1943, la mort du résistant Jean Moulin
  • Le 14 juin 1940, les Allemands sont entrés dans Paris. L’armistice signé le 22 juin 1940 a fractionné la France. Son territoire le plus peuplé et le plus productif est occupé. L’exode a mis des millions de Français sur les routes pour fuir l’invasion allemande. Le traumatisme est absolu. Le PCF, illégal depuis son interdiction le 26 septembre 1939, est profondément désorganisé. Avec la guerre, de nombreux militants ont été mobilisés. D’autres, choqués par le pacte germano-soviétique, l’ont quitté. Des centaines de militants et de dirigeants ont été emprisonnés ou internés par les gouvernements Daladier et Reynaud. La direction est atomisée : Benoît Frachon, qui l’a assurée depuis l’automne, a trouvé refuge en Haute-Vienne ; Charles Tillon est à Bordeaux ; Maurice Thorez est à Moscou depuis novembre 1939. Jacques Duclos est revenu de Bruxelles le 15 juin, avec un vieux mot d’ordre léniniste : utiliser toutes les possibilités légales. L'Humanité, Seconde guerre mondiale. « Peuple de France », l’appel du 10 juillet | L'Humanité
  • Il faut dire qu'avant la guerre, Nightingale a déjà acquis une petite expérience en la matière. Elle visite divers hôpitaux à l'étranger et en Angleterre. En Allemagne, elle suit des cours d'infirmiers dans un hôpital créé par le pasteur luthérien Theodor Fliedner. Une expérience à partir de laquelle elle écrit un ouvrage. En France, elle visite Lariboisière. Cette ancienne volontaire de l'hôpital Middlesex de Londres a aussi soigné des patient·es touché·es par l'épidémie de choléra de 1854. Sa mission: constituer une équipe de trente-huit femmes pour rejoindre la caserne Selimiye à Scutari. Cet immense bâtiment militaire de Constantinople a été transformé en hôpital pendant la guerre pour accueillir les nombreux mourants. Slate.fr, Les femmes oubliées de la guerre de Crimée ont inventé le rôle d'infirmière | Slate.fr
  • Un documentaire redonne vie aux planches dessinées par Arnaud de Roquefeuil, notamment pendant la seconde guerre mondiale. Le Monde.fr, La guerre en BD, un étonnant journal intime, sur France 5
  • Premier ministre de Guillaume 1er depuis 1862, Otto Von Bismarck rêve d’unifier, sous l’égide de la Prusse, l’Allemagne qui n’est alors qu’une mosaïque d’États. Pour cela, Bismarck a besoin d’une guerre. La France est un adversaire tout désigné. Il ne lui manque qu’un prétexte pour défier Paris et la cour impériale. Le chancelier va vite le trouver… , Magazine Tourisme et Patrimoine | 1870, cette guerre oubliée qui a métamorphosé l'Est de la France
  • Le port du bleuet est un sym­bole de soli­da­rité envers les anciens com­bat­tants et les vic­times de guerre. DR Place Gre'net, Des bleuets pour soutenir les victimes de guerre | Place Gre'net
  • S'exprimant au cours d'interviews données en Serbe, le champion, vainqueur du Grand Chelem à 17 reprises a parlé du fait que grandir dans une Yougoslavie frappée par la guerre est la raison pour laquelle il ressent le besoin d'aider les autres. Tennis World FR, Novak Djokovic :"Grandir dans une Yougoslavie frappée par la guerre..."
  • Jour de la Victoire, le 9 mai est aujourd’hui la vraie fête nationale russe, bien plus que le 12 juin, le jour de la Russie. La célébration de la victoire contre le nazisme a pris de l’importance à partir de 1965 en Union soviétique, lorsque Leonid Brejnev a décidé d’en faire le cœur du nouveau contrat social soviétique, au moment où l’idéologie communiste s’essouffle. Après la parenthèse de la perestroïka et des premières années post-soviétiques, la Grande Guerre patriotique, surnom de la guerre de 1939-1945 en Russie, est redevenue centrale dans la mémoire collective sous l’impulsion de Vladimir Poutine. La Croix, La Seconde Guerre mondiale, l’obsession de Vladimir Poutine
  • «Le Covid-19, personne ne sait combien de temps ça va durer, personne ne sait qui va en mourir... pas besoin de chercher très loin pour voir les corrélations et ressemblances avec les années de guerre», estime-t-il. Le Journal de Montréal, Pour Tom Hanks, son nouveau film de guerre peut servir de leçon face au coronavirus | JDM
  • INFOGRAPHIE - Il y a 70 ans, l'offensive nord-coréenne sur la Corée du Sud marquait le début du conflit le plus meurtrier de l'Après-guerre. Le Figaro.fr, La Guerre de Corée expliquée en 4 cartes
  • La "guerre" atteint son paroxysme quand les dates de sorties se rapprochent davantage : Langmann avance son film au 28 septembre, deux mois avant celui produit par du Pontavice. Ce dernier décale à son tour La Guerre des boutons au 14 septembre, pressant son concurrent à sortir La Nouvelle Guerre des boutons le 21 du même mois… AlloCiné, La Nouvelle guerre des boutons sur TFX : comment deux projets d’adaptation sont-ils entrés en conflit ? - Actus Ciné - AlloCiné
  • https://www.capital.fr/entreprises-marches/mcdonalds-contre-burger-king-la-guerre-du-fast-food-1374722 Capital.fr,  McDonald’s contre Burger King : la guerre du fast-food - Capital.fr
  • Cette guerre des périmètres fait quelques étincelles. « Il y a un énorme binz autour du ministère de la Mer », dévoile un membre du gouvernement. Cette création est l'une des surprises concoctées par Emmanuel Macron et Jean Castex, qui souhaitaient valoriser le deuxième domaine maritime du monde. leparisien.fr, Gouvernement Castex : la guerre des bureaux et des périmètres a commencé - Le Parisien
  • La découverte d’une bombe de la seconde guerre sur un chantier à Saint-Nazaire est plutôt monnaie courante. , Saint-Nazaire : une bombe de la seconde guerre mondiale découverte sur un chantier | L'Écho de la Presqu'île
  • Les Européens viennent d’un continent froid, pauvre, ayant connu les pires épidémies (peste), famines, colonisation (Ottomans à l’Est, Arabes en Espagne), esclavagisme (piraterie barbaresque qui a réduit 1.5 millions d’hommes en esclavage et envoyé autant de femmes dans les harems arabes) et guerres perpétuelles. Pourtant, ils se sont hissés à la tête du progrès et ont enrichi la terre entière de leurs innovations médicales et technologiques, permettant aux autres civilisations de dépasser l’âge du bronze dans lequel elles se trouvaient et de survivre. Les Asiatiques sont partis de rien, ont aussi connu guerres et colonisation, et en un siècle ont rejoint les Européens. Ils constituent des minorités en Occident ne créant aucun souci et travaillant dur. Les seuls ayant besoin de quota, se révoltant, et ne connaissant que des échecs successifs sont ceux étant nés sur le continent le plus chaud, agréable et riche en ressources. Au lieu de s’en prendre aux autres, ils feraient mieux de se pencher sur leur comportement. Le Figaro.fr, «Guerre culturelle»: la surenchère démocrate qui tombe à pic
  • Pertes & profits. Heureuse « fuite » dans la presse, en pleine guerre commerciale et technologique entre les Etats-Unis et la Chine : l’agence Reuters a révélé, mercredi 24 juin, la liste de vingt sociétés proches de l’Armée populaire de libération. Dressée par la Maison Blanche, elle a été transmise au Congrès, qui pourrait voter de nouvelles sanctions. On y trouve des opérateurs de télécommunications (China Mobile, China Telecom), les poids lourds du nucléaire (CNNC et CGN), de la conquête spatiale, du ferroviaire (CRRC et CRCC) et de la construction navale, l’avionneur AVIC ou le groupe de reconnaissance numérique Hikvision. Et, sans surprise, l’équipementier télécoms Huawei, qui s’est toujours défendu de fournir des informations aux autorités de Pékin grâce à son réseau 5G. Le Monde.fr, Guerre technologique : « Donald Trump joue sur le sentiment antichinois d’une partie de l’électorat »
  • Depuis plusieurs mois, déjà, la guerre civile couve au sud des Pyrénées. L’élection en février des socialistes, communistes et républicains de gauche du Frente popular ulcère la vieille Espagne catholique des sabres et goupillons au service des grands propriétaires féodaux. ladepeche.fr, 150 ans de La Dépêche : la Guerre d’Espagne présage la guerre mondiale en 1936 - ladepeche.fr
  • Ainsi lorsque l’Argentine de la junte militaire avait envahi les Malouines en 1982, c’est au nom de ce principe que le Royaume Uni lui a fait la guerre pour récupérer le territoire spolié. Même constat lorsque l’Irak avait occupé en 1990 Koweït. Les Nations Unies avaient autorisé une intervention miliaire internationale pour chasser l’armée irakienne hors de ce pays. Les Palestiniens se sentent d’autant plus légitimes à dénoncer le projet de Netanyahu que la résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU de 1967, avait reconnu «l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la guerre». Kapitalis, Palestine-Israël : enterrer la paix ou préparer la guerre ? - Kapitalis
  • La guerre numérisée, robotisée même, tel est l’enjeu du programme important de modernisation qui entre en vigueur dans l’armée de terre, « Scorpion ». Avec 4 000 nouveaux blindés remplaçant des matériels hors d’âge, des systèmes de communication et de préparation de mission complètement informatisés, il a été pensé en 2000 avec un investissement estimé à 5 milliards d’euros. Il devrait être réalisé d’ici à 2035. Le Monde.fr, Le programme « Scorpion » pour une guerre robotisée
  • Il faut garder en tête trois critères. Tout d’abord, les politiciens au pouvoir lors de l’indépendance appartenaient à cette élite formée dans les dernières années de l’Empire ottoman. Ils considéraient, d’un point de vue social et culturel, qu’un nomade ne pouvait être l’équivalent d’un notable de Damas. La tension s’est ressentie dès les élections présidentielles de 1947 avec, d’un côté, un président sortant, Choukri al- Kouatly (1891-1967), qui souhaitait la conservation du pouvoir, et de l’autre, l’ancien chef de la révolte des Druzes qui demandait sa décentralisation. Le premier l’a emporté et lancé une violente répression contre le second. A partir de 1949, un nouvel acteur est entré en jeu : l’armée. Elle voulait être l’arbitre des luttes politiques. Or les jeunes officiers venaient des campagnes… Cinq coups d’État ont secoué le pays entre 1949 et 1954. La Syrie a ensuite retrouvé un système parlementaire. Pour la première fois, des élections libres se sont tenues mais elles ont amené un parlement divisé en groupes, à l’instar de la IVe République en France à la même époque. Le pays est devenu ingouvernable. L’autre explication réside dans la courbe démographique. De 1946 à 1960, la population est passée de 2,5 à 3,5 millions d’habitants. La politique nataliste a rendu impossible tout projet de modernisation. Enfin, les relations chaotiques avec les pays voisins ont précipité la fin de cette République syrienne : la défaite contre Israël en 1948, les débuts de la guerre froide, la crise du canal de Suez en 1956. Et bien sûr l’union avec l’Égypte, de 1958 à 1961. Les notables syriens l’avaient réclamée : ils ont perdu le pouvoir. Pendant cette période, Le Caire instaura un appareil répressif qui sera réutilisé par le parti Baas d’Hafez al-Assad. Geo.fr,  Guerre en Syrie : « Ce conflit est aussi une fracture entre villes et campagnes » - Geo.fr
  • On l’a compris, on est loin ici des grands films de guerre du Nouvel Hollywood qui, d’ Apocalypse Now à Voyage au bout de l’enfer , proposaient une réflexion métaphysique sur la guerre et la violence. S’inscrivant plutôt dans la lignée de Démineurs de Kathryn Bigelow en 2008, The Outpost relit le patriotisme hollywoodien de façon plus distanciée, plus factuelle, tout en restant dans l’héroïsation de la figure du soldat. À ce titre, le film marque le passage de relais à une nouvelle génération de héros hollywoodiens, celle des héritiers. Le casting aligne ainsi Scott Eastwood (le fils de Clint), Milo Gibson (le fils de Mel), James Jagger (le fils de Mike) ou encore Will Attenborough (le fils de Michael et petit-fils de Richard). Une dimension filiale accentuée par la dédicace du film à Hunter Lurie, le fils du réalisateur, mort en 2018 d’une crise cardiaque. LaLibre.be, "The Outpost": un film de guerre efficace, qui retrace une bataille héroïque et absurde de la guerre en Afghanistan - La Libre
  • Pour l’instant, l’heure en est aux paroles entre Marc Blata et Lacrim. L’un comme l’autre ne veulent pas lâcher le morceau. Ce message laissé par le blogueur sur Twitter ne risque en tout cas pas de passer inaperçu aux yeux du rappeur qui doit déjà préparer sa réponse. Le clash est cette fois-ci engagé et le dénouement encore bien loin. Ils se sont livrés dans une guerre d’usure dont l’issue est inconnue mais ce qui est certain, c’est qu’il ne leur sera certainement pas bénéfique de se rencontrer dans le hall d’un aéroport. NextPLZ, Lacrim accusé d’escroquerie : La guerre du rappeur avec Marc Blata est ouverte ! - NextPLZ
  • https://www.capital.fr/entreprises-marches/la-guerre-des-prix-repart-de-plus-belle-entre-les-hypermarches-1374803 Capital.fr,  La guerre des prix repart de plus belle entre les hypermarchés - Capital.fr
  • C’est aussi le cas de Fernand (*), 59 ans, collectionneurs depuis une vingtaine d’années. Lui, son truc, ce sont les armes blanches et les « souvenirs de guerre », dont d’anciens obus qu’il a légués à l’association, mais aussi des décorations, lampes, paquets de cigarettes... Toutes sortes de petits objets liés à la vie quotidienne des soldats. Lui collectionne, « par passion » mais voit aussi cela comme « un investissement financier. Une collection peut se revendre plus cher par la suite. » Divers souvenirs sont exposés dans les vitrines. Photos : Quentin Reix. Prochainement, un déménagement, toujours sur le site du CM101, fera gagner 500 m² à l’Historial militaire. « On pourra alors dissocier la partie collection et la partie exposition », précise Yves Cuzin. De quoi axer encore davantage leur travail sur la transmission des connaissances acquises durant des années de recherches et de collectes. www.lechorepublicain.fr, A Chartres, des centaines de souvenirs de guerre conservés à l'Historial militaire - Chartres (28000)
  • La guerre de Libye semble très éloignée des Européens. Pourtant, elle met directement en jeu la volonté de l’Union d’assurer elle-même sa sécurité. En Libye, l’Europe peut et doit démontrer sa capacité à contrer la politique de puissance de la Turquie et à défendre ses intérêts directement. Elle y joue sa crédibilité déjà souvent mise en doute. Le HuffPost, La guerre en Libye, un test pour la défense européenne selon Macron | Le HuffPost
  • La France se perdra par les gens de guerre. Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, Mes pensées
  • Qui veut la guerre est en guerre avec soi. De Alain , 
  • Une guerre entre Européens est une guerre civile. De Victor Hugo , 
  • La guerre est l'industrie nationale de la Prusse. Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau,  Mirabeau De la monarchie prussienne sous Frédéric le Grand (1788)
  • Aux [guerres] civiles, il faut être ou maître ou valet, vu qu'on demeure sous même toit. Et ainsi il faut venir à la rigueur et à la cruauté. Blaise de Lasseran de Massencome, seigneur de Monluc, Commentaires, Livre V

Images d'illustration du mot « guerre »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « guerre »

Langue Traduction
Anglais war
Espagnol guerra
Italien guerra
Allemand krieg
Chinois 战争
Arabe الحرب
Portugais guerra
Russe война
Japonais 戦争
Basque gerra
Corse guerra
Source : Google Translate API

Synonymes de « guerre »

Source : synonymes de guerre sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « guerre »

Combien de points fait le mot guerre au Scrabble ?

Nombre de points du mot guerre au scrabble : 7 points

Guerre

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