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Grossier

Variantes Singulier Pluriel
Masculin grossier grossiers
Féminin grossière grossières

Définitions de « grossier »

Trésor de la Langue Française informatisé

GROSSIER, -IÈRE, adj.

A. − Qui est constitué d'une matière médiocre ou dont la fabrication est rudimentaire. Métal, pain, tissu, vêtement grossier; laine, nourriture, pierre grossière. Là, rien n'attestait les choses de la vie, il ne s'y trouvait même pas le moindre ustensile nécessaire à la préparation des aliments les plus grossiers (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 19).Ses moustaches, poissées d'un cosmétique grossier, ressemblaient à une brochette dont on lui eût traversé la lèvre supérieure (Gautier, Fracasse,1863, p. 348).Alors elle se décida, et, relevant sa robe, montra une forte jambe de vachère, mal serrée en un bas grossier (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1187) :
1. On s'est massacré dans la chapelle. Le dedans, redevenu calme, est étrange. On n'y a plus dit la messe depuis le carnage. Pourtant l'autel y est resté, un autel de bois grossier adossé à un fond de pierre brute. Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 370.
Dont la façon, l'exécution manquent de soin, de fini. Bijou grossier; meuble d'un travail grossier; architecture, sculpture grossière; ébauche, imitation grossière. Autour de nous, rien que des choses d'autrefois, pauvres et primitives. Des chapelets très grossiers sont suspendus aux pierres brutes, au granit des murs (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 416).L'abside de l'église de Combray, peut-on vraiment en parler? Elle était si grossière, si dénuée de beauté artistique et même d'élan religieux (Proust, Swann,1913, p. 62) :
2. Le domaine propre du dessin, au contraire, c'est l'instantané, c'est-à-dire le mouvement et l'action. Et un enfant, par un dessin grossier, peut bien faire comprendre qu'un cheval galope, ou qu'un homme court... Alain, Beaux-arts,1920, p. 279.
En partic. Dont l'exécution ne réclame aucune finesse. Ce qui l'attendait si elle épousait un garçon comme Eutrope Gagnon, une vie de labeur grossier dans un pays triste et sauvage (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 193) :
3. ... il eût été difficile de dire le rang que Caroline occupait dans la maison. Elle ne se livrait point à de grossiers travaux domestiques; ses mains blanches le disaient assez : pourtant Caroline était habituellement éveillée, comme la bonne, à cinq heures l'été, à six heures l'hiver. Gozlan, Notaire,1836, p. 5.
P. ext.
1. [En parlant d'une chose abstr.] Dont l'élaboration est imparfaite, approximative. Analyse, notion, solution grossière; n'avoir, ne donner qu'une idée grossière de qqc. Comme il avait surpris (...) un désir d'être différent et indépendant, il me proposa la domination. Grossière psychologie (Barrès, Barbares,1888, p. 210).La perception sensible la plus grossière, (...) celle qui est dévolue à l'enfant ou à l'idiot (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 526).L'imagination grossière du Moyen Âge a placé Satan dans un royaume de flammes et de cris (Romains, Copains,1913, p. 200) :
4. Le mécanisme de l'imagination que nous proposons est certainement très grossier, très imparfait, mais il est grossier uniquement parce qu'il est schématique, non parce qu'il est faux. Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 180.
2. [En parlant d'une pers. sous son aspect physique] Qui manque de finesse, de grâce. Visage aux traits grossiers; attaches, mains grossières. Un gros homme, demi-paysan, demi-bourgeois, à figure grossière, bourgeonnée, mais pleine de bonhomie (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 142) :
5. C'est un jeune homme vulgaire, presque grossier. Ses cheveux bruns et mal peignés entourent confusément son front étroit; son œil noir s'enfonce sous des sourcils épais; son nez, gros et charnu, s'avance au-dessus d'une large bouche qui surmonte un menton osseux... Du Camp, Hollande,1859, p. 23.
B. − Qui n'a pas été affiné par la civilisation, l'éducation, la culture. Public grossier; dehors, gens grossiers; manières, mœurs grossières. Peuples grossiers (Chénier, Poèmes, Amérique, 1794, p. 112).Siècle grossier (Genlis, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 23).Le père de l'ouvrier lettré, plus grossier et plus lourd, inférieur de tant de manières, avait néanmoins plus d'un avantage sur son fils (Michelet, Peuple,1846, p. 105).Au monastère d'Assise, un moine avait un accent grossier, qui puait sa Calabre. Ses compagnons se moquaient de lui (Paulhan, Fleurs Tarbes,1941, p. 55) :
6. On a vu des criminels qui tout dégouttans encore de meurtre, se faisaient scrupule de manger de la viande le vendredi; et les esprits grossiers, à qui l'on a persuadé que le plus grand des crimes consiste à désobéir aux pratiques ordonnées par l'Église, épuisent leur conscience sur ce sujet... Staël, Corinne, t. 2, 1807, p. 154.
P. ext. Qui est le fait d'une personne sotte, naïve ou peu subtile. Mensonge, piège, stratagème grossier; manœuvre, ruse grossière. Les Barricini (...) étaient les ennemis de sa famille, mais il fallait les préjugés grossiers de ses compatriotes pour leur attribuer un assassinat (Mérimée, Colomba,1840, p. 73).
Qui dénote beaucoup d'ignorance. Faute, illusion grossière. Tous les traducteurs d'Homère qui ont introduit le mot vous dans le dialogue ont fait un grossier contre-sens. Les Grecs se sont toujours tutoyés et ils se tutoieront toujours (About, Grèce,1854, p. 58).Croyez-vous donc encore que la science et la philosophie nient le surnaturel? Erreur, mon jeune ami : erreur grossière (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1380).Ignorance grossière. Profonde ignorance. J'interrogeai les prêtres si renommés dans la science des choses du ciel et des traditions de la terre (...). Retombés dans une grossière ignorance, ils n'entendent plus la langue hiéroglyphique (Chateaubr., Martyrs, t. 2, 1810, p. 119).
En partic. Relatif aux réalités matérielles, charnelles, par opposition aux réalités spirituelles. Matérialisme grossier, appétits, désirs grossiers; préoccupations grossières. Un jouisseur grossier (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 238).Un plaisir à la fois grossier parce qu'il reposait sur un bien-être matériel et délicat parce que derrière lui s'estompait une pure vision (Proust, Guermantes 1,1920, p. 89) :
7. ... une âme prosaïque, c'est-à-dire lente et timide pour tout ce qui est délicat, et ne sentant avec passion que les intérêts grossiers de la vie : l'amour des écus, l'orgueil d'avoir de beaux chevaux, les désirs physiques, etc. Stendhal, Amour,1822, p. 301.
C. − Qui est contraire à la bienséance, ou à la décence. Geste, langage, rire grossier; mots, propos grossiers; conversation, histoire, plaisanterie grossière; injures, manières grossières. Bosch redit sans cesse l'obsession des instincts qui sollicitent l'homme et compromettent son salut (...). Le détail grossier, voire scatologique, abonde (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 323).
[En parlant d'une pers.] Qui agit d'une manière contraire à la bienséance. Muche, à sept ans, était un petit bonhomme joli comme un ange et grossier comme un roulier. Il avait (...) une bouche pure qui sacrait, qui disait des mots gros à écorcher un gosier de gendarme (Zola, Ventre Paris,1873, p. 724).Tu crois qu'en refusant d'aller dans le monde et en étant grossière avec les gens tu échappes à ta classe : tu es une bourgeoise mal léchée, c'est tout (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 180) :
8. On ne dérange pas un homme qui dort, pour rien du tout, surtout que c'est la dixième fois. Cet enfant est fort comme un Turc et il est toujours sur le point de mourir à trois heures du matin! (...) Alors, quoique je ne sois pas grossier, puisque je suis docteur et membre de l'Académie de Marseille, je dis merde! et je n'ajoute pas un mot de plus. Pagnol, Fanny,1932, III, 14, p. 211.
Grossier personnage. Individu mal élevé, indélicat :
9. ... Fontan avait mis à la porte Madame Lerat, en disant qu'il ne voulait plus la rencontrer chez lui (...). Aussi ne tarissait-elle pas contre ce grossier personnage. Elle lui reprochait surtout d'être mal élevé, avec des mines de femme comme il faut, à qui personne ne pouvait en remontrer sur la bonne éducation. Zola, Nana,1880, p. 1308.
C. −(vx)Marchand grossier,,Cette locution vieillit : on dit marchand en gros`` (Littré).Cf. également grossiste.
REM.
Grossiérisé, -ée, adj.Rendu grossier, cf. supra B. Ils interprètent à contre sens la classification de Comte (...). Non pas seulement à contre sens. Mais à sens diminué. À sens grossier, grossiérisé (Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 816).
Prononc. et Orth. : [gʀosje], fém. [-jε:ʀ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. 1260 « ouvrier en fer travaillant de grosses pièces » (E. Boileau, Métiers, 44 ds T.-L.) cf. aussi charpentier grossier « ouvrier charpentier travaillant le gros œuvre » (Id., ibid., 106, ibid.); 2. 1305 « commerçant en gros » (Lett. pat. de Phil. le Bel, Annuaire de la boulangerie des arrond. de St Denis et de Sceaux, p. 207, Paris 1856 ds Gdf.). B. Adj. 1. 1550 « rustre, inculte, primitif » grossiere multitude (Ronsard, Bocage, II, 104, éd. P. Laumonier, Œuvres, t. 2, p. 161); 2. 1555 « façonné sans finesse, rustique » grossiere laine (Id., Hymne des astres, 146, ibid., t. 8, p. 156); 3. 1604 « qui est l'effet d'un manque d'habileté, de finesse ou d'intelligence » grossière erreur (Montchrestien, Hector, éd. Petit de Julleville, Tragédies, p. 6 ds IGLF); 4. fin xviies. « choquant, qui tourne à l'obscénité » (St Evremont, Œuvres mêlées, t. 3 ds Rich. 1710). Dér. de gros1* adj.; suff. -ier*. B, attesté indirectement par grossièrement* au xives., l'est en a. prov. dès le début xiies. (jogarun joc grosser « jouer gros jeu » ds Guillaume de Poitiers, éd. Pasero, VI, 45) mais il est difficile d'établir le cheminement d'un empr. du fr. à l'a. prov. (cf. FEW t. 4, p. 280a, note 52). Fréq. abs. littér. : 2 821. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 863, b) 3 754; xxes. : a) 4 558, b) 3 092. Bbg. Delb. Matér. 1880, p. 159.

Wiktionnaire

Adjectif - français

grossier \ɡʁo.sje\

  1. Qui n’est pas fin, qui n’est pas délicat.
    1. (Sens propre)
      • Les pois mûrs & secs sont un des légumes qui fournissent la purée la plus délicate, & l’aliment le moins grossier. — (Denis Diderot & Jean Le Rond d’Alembert, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, p.884)
      • Leur costume consistait en une grossière vareuse de laine noire connue dans tous les pays scandinaves sous le nom de « vadmel », un chapeau à vastes bords, un pantalon à lisère rouge et un morceau de cuir replié en manière de chaussure. — (Jules Verne, Voyage au centre de la Terre)
      • Des traits grossiers.
    2. (Figuré)
      • Les plaisirs grossiers : Les plaisirs des sens, par opposition aux plaisirs de l’esprit. On dit de même : Des désirs grossiers, des appétits grossiers, etc.
  2. Qui n’est pas fait avec délicatesse, avec soin.
    • Cet ouvrage de menuiserie est bien grossier.
    • Une sculpture, une architecture grossière.
  3. (Figuré) Qui a de la rudesse, qui manque de culture, d’éducation.
    • Mœurs grossières.
    • Langage grossier.
    • La veille du jour où il arrêta Eugène sur le cours Sauvaire, il avait publié, dans l’Indépendant, un article terrible sur les menées du clergé, en réponse à un entrefilet de Vuillet, qui accusait les républicains de vouloir démolir les églises. Vuillet était la bête noire d’Aristide. Il ne se passait pas de semaine sans que les deux journalistes échangeassent les plus grossières injures. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, ch. III ; réédition 1879, p. 99)
  4. Malhonnête, incivil.
    • Dire à quelqu’un les injures les plus grossières.
  5. (Figuré) Ce qui suppose beaucoup d’ignorance, de sottise, de déraison ou de maladresse.
    • Erreur grossière.
    • N’avoir de quelque chose qu’une idée grossière, que des notions grossières : N’en avoir qu’une idée imparfaite, que des notions vagues et confuses.
    • On dit, dans un sens analogue, Ne donner qu’une idée grossière de quelque chose.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GROSSIER, IÈRE. adj.
Qui n'est pas fin, qui n'est pas délicat. Une étoffe grossière. Des vêtements grossiers. Des traits grossiers. Aliments grossiers. Nourriture grossière. Pain grossier. Fig., Les plaisirs grossiers, Les plaisirs des sens, par opposition aux Plaisirs de l'esprit. On dit de même Des désirs grossiers, des appétits grossiers, etc. Il signifie encore Qui n'est pas fait avec délicatesse, avec soin. Cet ouvrage de menuiserie est bien grossier, le travail en est grossier. Une œuvre dont l'exécution est grossière. Des meubles grossiers. Une sculpture, une architecture grossière. On dit dans le même sens : Ébauche imparfaite et grossière. Imitation grossière. Etc. Il signifie aussi, figurément, Qui a de la rudesse, qui manque de culture, d'éducation. Peuple rude et grossier. Siècle grossier. Mœurs grossières. Esprit grossier. Langage grossier. Des dehors grossiers. Il se dit particulièrement pour Malhonnête incivil. Un grossier personnage. Vous êtes bien grossier. Voilà une réponse fort grossière. Dire à quelqu'un les injures les plus grossières. Il a les manières grossières, le ton brutal et grossier. Discours, propos, détails grossiers, Discours, propos, détails contraires à la bienséance, à la pudeur. Il se dit encore, figurément, de Ce qui suppose beaucoup d'ignorance, de sottise, de déraison ou de maladresse. Erreur grossière. Faute grossière. Contradiction grossière. Illusion grossière. Mensonge grossier. Artifice grossier. Ignorance grossière, Grande, profonde ignorance. N'avoir de quelque chose qu'une idée grossière, que des notions grossières, N'en avoir qu'une idée imparfaite, que des notions vagues et confuses. On dit, dans un sens analogue, Ne donner qu'une idée grossière de quelque chose.

Littré (1872-1877)

GROSSIER (grô-sié, siè-r') adj.
  • 1Mot formé de gros, qu'on applique presque toujours avec un sens défavorable à ce qui manque de ténuité, de finesse, de délicatesse. Un air grossier. Les parties les plus grossières d'une liqueur. L'autre déploie sur celle des deux tables qui était vacante, un linge un peu grossier, mais blanc, Marmontel, Mém. VI.

    Vêtements grossiers, ceux qui sont faits d'une étoffe grosse et de peu de valeur. Vapeurs grossières, celles qui paraissent composées de grosses parties parce qu'elles détruisent la transparence de l'air.

    Traits grossiers, ceux qui, sans être irréguliers, n'ont pas la finesse ou la grâce des jolies figures.

    Terme de minéralogie. Se dit d'un corps quand il a un air de rudesse joint à l'opacité.

    Il se dit des aliments peu recherchés, ou de mauvaise qualité. Aliments grossiers. Nourriture grossière.

  • 2Qui n'est pas délicatement fait, proprement fait. Ce bâtiment est d'une architecture grossière. Un travail grossier. Il faut convenir avec eux que ces corps plaisent plus à la vue que des figures grossières, où l'on n'aperçoit ni uniformité, ni symétrie, ni unité, Diderot, Rech. philos. sur le beau, Œuv. t. II, p. 424. dans POUGENS.

    Par extension. Un essai grossier. Imitation grossière. Grossière ébauche, Rotrou, Bélis. III, 7.

  • 3 Fig. Il se dit de ce qui n'a rien de délicat, au moral. Mais au lieu de goûter ces grossières amorces…, Corneille, Cinna, V, 3. Que ce discours grossier terriblement assomme ! Molière, Femm. sav. II, 7. Cette privation de toutes pensées raisonnables et cette application totale de l'âme à un objet grossier, vain et inutile, est ce qui fait le plaisir de tous les jeux, Nicole, Ess. mor. 1er traité, chap. 14. Ils [les prodiges] sont l'appât grossier des peuples ignorants, Voltaire, Sémiram. II, 7.

    Les plaisirs grossiers, les plaisirs que peuvent goûter les hommes les plus bornés, même les animaux, par opposition aux plaisirs délicats qui demandent une certaine élévation ou culture d'esprit.

    On dit dans le même sens : des désirs grossiers, des appétits grossiers.

  • 4 Fig. Mal poli, inculte de mœurs et d'esprit. N'apprendras-tu jamais, âme basse et grossière…, Corneille, Rodog. II, 2. Villon fut le premier dans ces siècles grossiers…, Boileau, Art p. I. Nous regardons l'idolâtrie comme la religion des peuples grossiers, et la religion qui a pour objet un être spirituel, comme celle des peuples éclairés, Montesquieu, Esp. XV, 2. Je fus instruite en ce grossier climat à suivre la vertu sans en chercher l'éclat, Voltaire, Alz. IV, 3. Tu verras de chameaux un grossier conducteur, Voltaire, Fanat. I, 4. Je viens après mille ans changer ces lois grossières, Voltaire, ib. II, 5. De nos travaux grossiers les compagnes sauvages Partageaient l'âpreté de nos mâles courages, Voltaire, Orphel. II, 6.

    Substantivement. Dans les promesses de l'Évangile, il ne se parle plus des biens temporels par lesquels l'on attirait ces grossiers [les Juifs], ou l'on amusait ces enfants, Bossuet, Sermons, Septuag. 1.

  • 5Qui suppose ignorance, sottise, maladresse. Flatteuse illusion, erreur douce et grossière, Corneille, Hor. III, 1. Abus grossier, Rotrou, St Gen. V, 2. Osez-vous recourir à ces ruses grossières ? Molière, Mis. IV, 3. Je veux bien en finissant cet avertissement, parmi les absurdités infinies de ses vains discours, en relever quatre ou cinq des plus grossières, Bossuet, 5e avert. § 49. …L'artifice est grossier, Tu te feins criminel pour te justifier, Racine, Phèd. IV, 2. Ses contemporains, qui adoptaient les fables les plus grossières, ne crurent point les vérités que Marc Paul annonçait, Voltaire, Mœurs, 142.

    Ignorance grossière, grande, profonde ignorance.

    N'avoir de quelque chose qu'une idée grossière, que des notions grossières, n'avoir de cette chose qu'une connaissance sommaire et imparfaite.

    Dans un sens analogue : Ne donner qu'une idée grossière de quelque chose.

  • 6Incivil, malhonnête. Un grossier personnage. Je vous pardonne d'être un ignorant, mais je ne vous pardonne pas d'être un homme très grossier, qui a l'insolence de mêler dans cette querelle et de nommer des gens qui ne devaient pas s'y attendre, Voltaire, Quest. miracl. Lett. 4.

    Il est grossier comme du pain d'orge, il est très grossier ; expression familière fondée sur le double sens du mot grossier, qui se prend au moral pour la personne, et au physique pour le pain.

    Substantivement. C'est un grossier. Quel langage tient cette grossière !

    Injures grossières, injures qui consistent en termes insultants et bas. Un défaut considérable qui en peut ternir beaucoup l'éclat [des harangues de Démosthène et d'Eschine], et qui me paraît contraire aux règles de la saine et bonne éloquence, ce sont les injures grossières que ces orateurs se disent de part et d'autre, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VI, p. 130, dans POUGENS.

    On dit dans un sens analogue : langage grossier, propos grossiers.

  • 7Obscène. Il était grossier dans ses propos. Lucien, tout ingénieux qu'il est, devient grossier sitôt qu'il parle d'amour, Saint-Évremond, dans RICHELET.

    Discours, propos grossiers, discours, propos contraires à la bienséance, à la pudeur.

  • 8Marchand grossier. Cette locution vieillit ; on dit marchand en gros.
  • 9 S. m. Ce qui est grossier. Le grossier et le bas, Bossuet, 6e avert. 44.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ne peut estre grossiers [taillandier], que il n'achate le mestier du roy, Liv. des mét. 44.

XVIe s. Les rencontres et brocards d'Antonius estoient fort grossiers, Amyot, Anton. 32. Il estoit grossier et peu subtil de nature, Amyot, ib. 29. Un marchand grossier [en gros], demeurant rue Sainct Denys, à l'enseigne du gros Tournois…, Paré, t. III, p. 683.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

GROSSIER, adj. (Marchand) négociant qui vend ou qui achete des marchand ses pour les revendre en gros. On dit en ce sens, un marchand grossier d’épiceries, de draperies, &c.

A Amsterdam, il n’y a point de différence entre grossier & détailleur, étant permis à chacun de faire tout ensemble le commerce en gros & en détail, à l’exception néanmoins de celui des vins & des eaux-de-vie étrangeres. Dictionnaire de Commerce & de Trévoux. (G)

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Étymologie de « grossier »

(XIIe siècle) Dérivé de gros avec le suffixe -ier.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Gros ; Berry, groussier, qui a de l'embonpoint : une jolie fille bien groussiere et bien fraîche ; provenç. grossier ; catal. grosser ; espagn. grosero ; portug. grosseiro ; ital. grossiere, grossiero.

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Phonétique du mot « grossier »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
grossier grosje

Fréquence d'apparition du mot « grossier » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « grossier »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « grossier »

  • La Poésie n’était au premier âge qu’une Théologie allégorique, pour faire entrer au cerveau des hommes grossiers par fables plaisantes et colorées les secrets qu’ils ne pouvaient comprendre.
    Pierre de Ronsard — Abrégé de l'art poétique français
  • Le coeur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune.
    François René de Chateaubriand — Essais sur les Révolutions
  • Quand les gens te sourient, ce n'est pas inclination naturelle, ce n'est que l'épanchement irrésistible du plaisir grossier qu'ils éprouvent à se sentir écoutés, sollicités.
    Réjean Ducharme — L'océantume
  • Les peuples primitifs peuvent être frustres et rudes, ils ne sont jamais grossiers ; la grossièreté n'est qu'une plaie coûteuse de la civilisation.
    Claude Mac Kay — Banjo
  • L’oubli est un instrument grossier, un instrument pour détruire en gros, mais complètement inefficace pour achever le travail dans le détail.
    Vincent Delcroix — Ce qui est perdu
  • Il suffit quelquefois d'être grossier pour n'être pas trompé par un habile homme.
    François de La Rochefoucauld — Maximes
  • La télévision est un média finalement assez grossier, qui a toujours privilégié l'émotion.
    Christine Ockrent — Les Dossiers de l’Audiovisuel
  • Il n'y a d'universel que ce qui est suffisamment grossier pour l'être.
    Paul Valéry — Mauvaises Pensées et autres, Gallimard
  • C'est grossier comme si souvent la vie dans son goût inné pour le tréteau […].
    Victor Segalen — Peintures, Plon
  • Sache que le corps grossier est pour toi ce que la maison est pour le locataire.
    Sankara
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Images d'illustration du mot « grossier »

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Traductions du mot « grossier »

Langue Traduction
Anglais coarse
Espagnol grueso
Italien grossolano
Allemand grob
Chinois
Arabe خشن
Portugais grosseiro
Russe грубый
Japonais 粗い
Basque larriko
Corse grossu
Source : Google Translate API

Synonymes de « grossier »

Source : synonymes de grossier sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « grossier »

Combien de points fait le mot grossier au Scrabble ?

Nombre de points du mot grossier au scrabble : 9 points

Grossier

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