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Frapper

Définitions de « frapper »

Trésor de la Langue Française informatisé

FRAPPER, verbe.

I.− Emploi trans.
A.− [L'agent accomplit un geste, un mouvement]
1. [Le suj. désigne un être vivant]
a) Donner un ou plusieurs coups à une personne ou à une chose. Un homme, un furieux, canne haute, tombe sur les musiciens, et les frappe et les rosse, s'acharne enfin sur l'un d'eux (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 123).Tous instruments que les nègres frappent pour transmettre des messages à longue distance (Schaeffner, Orig. instrum. mus.,1936, p. 24):
1. Il faut connaître l'agacement d'avoir deux cents gamins autour de soi! ... Parfois on se soulage sur quelques-uns, pas très méchants, de ne pouvoir taper sur d'autres plus insupportables... on se cache le mieux possible : la précaution est superflue : les misérables savent leur sort inévitable et les quelques autres qui excelleraient à se plaindre si on les frappait trouvent juste que l'on maltraite de plus malheureux qu'eux... Frapié, Maternelle,1904, p. 263.
Absolument :
2. Tous sentaient qu'il allait pleuvoir des coups, et d'aucuns, sous les bras levés, s'étaient ramassés au point d'en paraître lovés, au ras des herbes. Il n'y eut pas besoin de frapper. Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 55.
MUS. Heurter un instrument à percussion ou la touche d'un instrument à clavier. Il ouvrit le piano, frappa quelques accords (Gide, Si le grain,1924, p. 459).
[Constr. spécifiques]
α) [L'endroit où l'on frappe, la manière dont on frappe, ce avec quoi on frappe peuvent être précisés] Frapper qqn avec un objet contondant; frapper au cœur; frapper à mort (blesser mortellement); frapper comme un sourd (de toutes ses forces). De son parapluie, la vieille frappa l'échine du bidet (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 136).Antinéa tournait dans la salle comme une bête en cage. Elle alla vers mon compagnon, et, ne se connaissant plus, le frappa au visage (Benoit, Atlant.,1919, p. 261).
Rem. Dans ce sens, l'emploi pronom. est toujours possible. Se frapper. Se donner des coups à soi-même; au fig. se frapper la poitrine (cf. battre sa coulpe*). S'avouer coupable. Au lieu de se frapper la poitrine, en disant : « C'est ma faute » et d'implorer la miséricorde de Dieu (Dumas Père, C. Howard, 1834, V, 4, p. 311). Se frapper le front (pour signifier qu'on vient de trouver la solution d'un problème ou fam. pour mettre en doute la santé mentale de qqn). Tarrou se frappa le front, comme illuminé par une vérité soudaine : − Ah! C'est vrai, j'oubliais, vous seriez arrêté sans cela (Camus, Peste, 1947, p. 1345).
β) [Avec un obj. interne]
Frapper des coups. Asséner des coups.
Frapper les trois coups. Au théâtre, frapper trois coups dans les coulisses pour annoncer aux spectateurs le début de la représentation. Il était écrasé par l'attente du spectacle (...). Enfin, on frappa les trois coups (Rolland, J.-Chr.,Aube, 1904, p. 73).Au fig. Annoncer le début d'une action. Le poète nous rend la majesté de penser. Il frappe ses trois coups, qui sont bien plus de trois. Il annonce; il trace et mesure un temps qu'il nous donne, qui est à nous, et dans lesquel il fera avancer toutes sortes d'êtres (Alain, Propos,1933, p. 1184).
Au fig. Frapper un grand coup. Accomplir un exploit ou employer des moyens décisifs pour réussir. D'Argenton, voyant que bien décidément il ne pouvait plus vivre sans Lolotte, résolut de frapper un grand coup (A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 298).
b) Domaines techn.
FIN. Frapper (de la) monnaie, (des) médaille(s), Reproduire les empreintes sur les deux faces d'une pièce de monnaie ou d'une médaille (cf. battre monnaie). La Charte ne dit rien sur le droit de frapper médaille (Chateaubr., Corresp.,t. 2, 1818, p. 39).César (...) le nomma roi des Atrébates (...). Il porta la pourpre et fit frapper des monnaies où se voyait, de profil, sa tête ceinte du diadème (France, Clio,1900, p. 47).
Au fig. Être frappé au coin du (génie, bon sens, etc.). Cf. coin1B.
MAR. Frapper un cordage. Amarrer. On frappe un signal sur une drisse pour le hisser (Gruss1952).
SOMMELLERIE. Frapper une boisson, frapper de glace (vx). Refroidir un liquide en le plaçant dans de la glace pilée :
3. Aussi quand je l'invitais à dîner à Balbec, il commandait le repas avec une science raffinée, mais mangeait un peu trop, et surtout buvait, faisant chambrer les vins qui doivent l'être, frapper ceux qui exigent d'être dans de la glace. Proust, Sodome,1922, p. 1083.
2. [Le suj. désigne une chose]
a) [L'action de frapper est due à un mécanisme] Synon. sonner.Une horloge frappa une heure (Arnoux, Roi,1956, p. 89).
b) [L'action de frapper est due au mouvement d'un projectile, à la propagation d'un phénomène phys.] Percuter, heurter, toucher, atteindre. La feuillée s'inclinait sous l'eau du ciel, et chaque goutte, en frappant les feuilles, leur imprimait une petite oscillation qui recommençait sans cesse (M. de Guérin, Journal,1834, p. 203).
B.− [L'agent impose une épreuve]
1. Atteindre quelqu'un en le soumettant à l'épreuve de quelque malheur (mort, maladie, etc.) ou en lui infligeant quelque châtiment. La mort a frappé cette maison; Dieu frappe le coupable. J'apprends le malheur qui vous frappe, mon cher ami (Flaub., Corresp.,1871, p. 270):
4. Que faut-il pour cela? Rien. Supprimer les lois seulement, tuer dans les cœurs la croyance aux approximations humaines de justice, anéantir l'espoir que le droit aura son jour, frapper l'innocence et glorifier le crime. Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 75.
2. [Double constr.] Frapper qqn ou qqc. de qqc. :
5. J'ai sollicité et obtenu du Garde des Sceaux un congé de deux mois pour raison de santé. Or, la loi frappe de nullité tout jugement rendu par un tribunal composé d'autres magistrats que ceux ayant siégé à la première audience. Courteline, Client sér.,1897, 3, p. 38.
Au passif. Être frappé de.Être l'objet d'(une décision administrative, juridique autoritaire). Frappé d'interdit. Tu n'avais, en effet, pas le droit de faire réparer ta maison (...) en termes techniques, elle était frappée d'alignement (Id., Client sér.,Balances, 1890, p. 134).Être frappé de Dieu (vx). ,,Recevoir un coup de la Providence`` (Littré). Éloigne-toi des femmes stériles, elles sont frappées de Dieu (Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 257).
C.− [L'agent provoque une réaction] Produire une impression vive et soudaine
1. sur certains sens d'une personne. Frapper les yeux, les oreilles, la vue, l'ouïe de qqn. Le premier objet qui frappa mon regard fut mon petit bonhomme, l'espiègle compagnon de ma vie, pendu au panneau de cette armoire (Baudel., Poèmes prose,1867, p. 148).
2. sur l'imagination de quelqu'un; retenir son attention, affecter tout son être. Ces préparatifs, tant soit peu étranges, frappaient vivement les imaginations (Thierry, Récits mérov.,t. 2, 1840, p. 258).
Absol. Quand on songe au lien qui les unissait et au malheur qu'ils partagent, il y a dans ce rapprochement quelque chose qui frappe (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 39).
Au passif. Être frappé de.Constater avec étonnement.
6. Si une considération de cette importance est au-dessus de la frivolité et de l'étroit égoïsme de la plupart des têtes françaises, au moins ne pourront-elles s'empêcher d'être frappées des changements survenus dans l'opinion publique. Sieyès, Tiers état,1789, p. 54.
3. [Double constr.] Frapper qqn de qqc.Provoquer chez quelqu'un un état émotif soudain. L'approche de la grande armée germanique frappa de terreur le monde musulman (Grousset, Croisades,1939, p. 258).Il frappait d'étonnement notre gang d'enfants prodiges parce qu'il était le meilleur sans être prodigieux (Sartre, Mots,1964, p. 189).
Rem. Dans ce dernier sens, l'emploi pronom. est toujours possible. (Ne pas) se frapper, sans se frapper. (Ne pas) s'inquiéter, (ne pas) s'émouvoir vivement. Il tâcha de calmer Martine. Voyons! voyons! il ne fallait pas se frapper ainsi (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 220).
II.− Emploi intrans.
A.− [La prép. indique la destination du coup] Frapper à, chez, contre, sur.Frapper sur la table. Il lui frappa sur l'épaule et lui conseilla moins de prières (Queffélec, Recteur,1944, p. 91).
Frapper à la porte ou absol. frapper. Demander à entrer :
7. À la nuit close, il frappe à sa propre porte, les mains vides, l'estomac creux et l'échine rompue. « Allah nous garde des djins! crie sa femme effrayée. Qui donc frappe si tard? » Et Nasreddin Hokja, penaud, de dire : « C'est moi-même... ouvre... inshallah!! » Farrère, Homme qui assass.,1907, pp. 203-204.
Au fig. Frapper à notre porte. Se manifester tout près de chez nous, dans notre pays. Frapper à la bonne, à la mauvaise porte, à toutes les portes. S'adresser à la personne, aux personnes qu'il faut ou ne faut pas solliciter.
Frapper à la tête. Réprimer, détruire en s'attaquant aux plus hauts responsables.
Spéc., VÉN. Frapper aux brisées. ,,Amener les chiens sur la brisée pour l'attaque`` (Vén. 1974).
B.− [La prép. précise par quoi est donné le coup] Frapper du poing. Il se précipita vers Julie, les deux bras levés, prêt à frapper des deux mains, et criant : « Ah misérable! tu vas tourner les sens du petit » (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, M. Parent, 1886, p. 592).
Frapper du pied. Marquer son impatience ou sa colère en tapant le sol du pied. Hélène frappa du pied avec colère (Theuriet, Mar. Gérard,1875, p. 45).
C.− Absol. Frapper − adv. ou expr. tendant à la loc. adv.Frapper au petit bonheur, à tort et à travers, à tour de bras, de plein fouet; frapper dur, juste, fort; frapper comme un sourd (de toutes ses forces). Allons, ferme, frappez à tort et à travers! Il y a encore des hommes debout, qu'on les fauche! Cependant, si j'ose vous adresser une prière, épargnez-moi encore un jour (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 35).Un martinet vient de me frapper de plein fouet, en pleine poitrine (Giraudoux, Intermezzo,1933, II, 2, p. 99).
TECHNOL. Frapper devant. Frapper devant l'enclume avec un lourd marteau à bras. Contre elle [l'enclume], il y a aussi un marteau pour « frapper devant ». Le bois du manche luit du même bon air que l'enclume (Giono, Regain,1930, p. 29).
REM.
Frappoir, subst. masc.Synon. de heurtoir.Et à peine d'ailleurs était-on installé là, en cercle, qu'on entendait « pan! pan! » à la porte de la rue : les petits Peyral, qui venaient me chercher, et qui secouaient tous trois le vieux frappoir de fer, chauffé à brûler les doigts (Loti, Rom. enf.,1890, p. 272).
Prononc. et Orth. : [fʀape], (il) frappe [fʀap]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1178 « donner des coups à quelqu'un » (Renart, éd. E. Martin, IV, 424); 2. av. 1590 frappé de peste (Tabourot des Accords, Apophth. du Sr Gaulard, 2epause ds Hug.) : 3. 1636 frapper de la monnaie (Monet); 4. 1678 mar. (Guillet); 5. 1813 tisane de champagne frappée de glace (Jouy, Hermite, t. 4, p. 100). De l'onomatopée frap- « qui marque un choc violent et rapide » (v. FEW t. 3, p. 763 b); 4 empr. à l'angl. to frap, 1548 ds NED (de même orig. que le fr.). Fréq. abs. littér. : 8 363. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 13 938 b) 12 074; xxes. : a) 11 103, b) 10 520. Bbg. Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, no16, p. 65. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 230. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 10, 225; t. 3 1972 [1930], p. 175.

Wiktionnaire

Verbe - français

frapper \fʁa.pe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se frapper)

  1. Donner un ou plusieurs coups à quelqu’un, à quelque chose.
    • Le visage de Félicité s’empourpra d’une joie chaude. Elle se mit sur son séant, frappant comme une enfant dans ses mains sèches de petite vieille. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, ch. III ; réédition 1879, page 102)
    • Dans les premiers âges historiques, on ne voit pas seulement les maîtres frapper et fouetter leurs esclaves ; les rois eux-mêmes administrent le supplice de la bastonnade. — (La bastonnade et la flagellation légales, dans le Le Magasin pittoresque, 1854, vol.8, page 54)
    • Surprenant un homme qui volait la ration d’un camarade, il l’invectiva et le frappa à la face. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 272 de l’édition de 1921)
    • Les deux danseurs à tour de rôle s’agitaient en frappant sur un tambourin de peaux de phoque. Ce n’était pas beaucoup plus étrange que le charleston ou le black-bottom. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • L’infortuné n’avait pas eu le temps de presser ce bouton. Déjà ses assaillants le frappaient, sauvagement, par derrière. — (Francis Carco, Les Hommes en cage, Éditions Albin Michel, Paris, 1936, p. 120)
    • Il reste à trouver celui qui t’a frappé avec une barre de fer. Celui qui ordonna à quelqu’un d’ordonner à quelqu’un qui ordonna à quelqu’un d’autre de te tuer. — (Vassilis Vassilikos, Z, 1966, traduit du grec par Pierre Comberousse, NRF Gallimard, 1967, page 342)
  2. (Spécialement) Donner des coups à une porte pour signaler sa présence et se faire ouvrir.
    • Ne m’avez-vous pas dit qu’un instant avant que nous arrivassions, un homme sans chapeau, […], était venu frapper à la porte, et qu’on lui avait ouvert ? — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre VIII)
    • Toute la nuit, nous entendons marcher, devant les chambres, des gens chaussés de souliers. De temps en temps, les pas s’arrêtent : on frappe à quelque porte, d’un doigt seulement, et il est amusant de se dire que malgré cela, la dame qui habite cette chambre a bien reconnu tout de suite, à sa manière de frapper, celui qui est là. — (Sei Shonagon, Notes de chevet (c. 1001-1010), traduit par André Beaujard, Gallimard, Collection Connaissance de l'Orient, format poche (no 5), 1985, pages 97-98)
  3. (En particulier) Donner une empreinte à quelque chose, au moyen d’une matrice ou autrement.
    • Frapper de la monnaie. Frapper des médailles.
    • (Figuré) Retenant et prodiguant les phrases toutes faites qui se frappent régulièrement à Paris pour donner en petite monnaie aux sots le sens des grandes idées ou des faits, les gens du monde le réputèrent homme de goût et de savoir. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
  4. (Par extension) Battre de la monnaie physique, des espèces.
    • Banassac, qui avait fabriqué des poteries sous les Romains, frappa alors des monnaies et ce village peut « revendiquer la dixième partie des monnaies mérovingiennes éparses dans tous les cabinets du monde ». — (J.-B. Delon, Histoire de Gévaudan-Lozère, Mende : Imprimerie Saint-Privat, 1941, page 37)
  5. (Par extension) Se diriger vers, tomber sur, en parlant de la lumière
    • Les parties d’un objet que la lumière frappe, où la lumière frappe.
  6. (Figuré) Faire de l’impression sur les sens, sur l’esprit, sur l’âme.
    • Le bruit sourd de la chute, les flots de sang qui jaillirent du corps et diaprèrent au loin le pavé, frappèrent d’épouvante jusqu’au duc lui-même. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre VIII)
    • Ce qui me frappait le plus en lui, c’était le sourire le plus franc, le plus engageant que j’aie jamais vu sur aucune face humaine. — (Henry Miller, L’ancien combattant alcoolique au crâne en planche à lessive, dans Max et les Phagocytes, traduction par Jean-Claude Lefaure, éditions du Chêne, 1947)
    • Si l’on met à part les simples témoignages d’argotiers proprement dits ou de personnes les fréquentant professionnellement (policiers, magistrats), ce qui frappe c’est le caractère relativement tardif des études consacrées aux argots. — (Jacques Dargaud, Les argots, réunion du 22 janvier 2011, La Lettre de la DLF Champagne-Ardenne, Reims, lettre no 84 de février 2011)
    • Ce qui m’a frappé est la capacité des États à suspendre les libertés en invoquant un principe supérieur qui est « la santé », qui pourrait être très bien un jour la sécurité, qui pourrait être d’autres maladies. Et ce qui m’a frappé aussi est qu’un conseil de défense, occulte et opaque, puisse décider, sans qu’on sache sur quelles bases, qu’on ne peut pas sortir de chez soi sans que la police mette une amende sauf si l’on va travailler et faire des courses. — (Geoffroy de Lagasnerie in Hervé Kempf, Geoffroy de Lagasnerie : « Guérilla juridique, infiltration, action directe… Il faut déployer un autre imaginaire de l’action », Reporterre, 28 novembre 2020 → lire en ligne)
  7. Faire périr, exterminer, ou affliger par quelque grand malheur, par une calamité.
    • C'était un de ces copains-là, un de ceux dont les parents travaillaient depuis toujours dans les usines de « Sainté », et dont les familles étaient frappées de plein fouet par la brutalité des licenciements, qui était venu me parler le lendemain, quand j'étais rentrée de l'enterrement. — (Anne Bennet, Revoir Benny, Éditions du Cerf, 2019)
    • Le précédent record de 1,85 million de kilos de denrées avait été établi en janvier. À titre de comparaison, un peu plus de 1,2 million de kilos avaient été distribués en février 2020, avant que l'épidémie ne frappe le Québec. — (François Messier, Moisson Montréal confrontée à une demande sans précédent, site radio-canada.ca, 3 mars 2021)
    • (Absolument) La mort frappe sans pitié.
  8. (Droit) Être établi, assigné sur.
    • Je le répète, il n’entre pas dans ma pensée, ni dans mon sujet, d’insister particulièrement sur ce personnage […] qui, d’ailleurs, vient d’être frappé durement par un rigoureux arrêt de cour d’assises. — (Léon Bloy, Le Salut par les Juifs, Joseph Victorion et Cie, 1906)
    • Une hypothèque qui frappe tous les biens du débiteur. Un immeuble frappé d’hypothèques.
  9. Rafraîchir ; rendre extrêmement frais par le moyen de la glace.
    • Frapper le champagne.
  10. (Pronominal) Se donner des coups à soi-même.
    • Se frapper la poitrine, montrer qu’on se sent coupable, qu’on s’en veut d’avoir mal agi. → voir battre sa coulpe.
    • Se frapper le front, montrer qu’on vient de trouver la solution d’un problème ou qu’on met en doute la santé mentale de quelqu’un.
  11. (Pronominal) (Absolument) (Familier) Avoir des pensées négatives, se faire du souci.
    • Ne vous frappez pas pour ces balivernes.
  12. (Marine) Fixer, attacher avec un nœud. Note : Ne pas confondre avec l’expression québécoise frapper un nœud.
  13. (Cameroun) Escroquer.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

FRAPPER. v. tr.
Donner un ou plusieurs coups à quelqu'un, à quelque chose. Frapper quelqu'un avec la main, avec un bâton. Frapper la terre du pied. Il le frappa au visage. Cette pièce de bois, en tombant, l'a frappé à la tête. Être frappé du tonnerre. Elle se frappait la poitrine. Se frapper contre quelque chose. Se frapper à la tête. On dit aussi absolument ou intransitivement, Frapper des mains. Frapper comme un sourd. Frapper à tort et à travers. Frapper à bras raccourcis. Frapper fort. Frapper à la porte avec le marteau. Entrer sans frapper. Frapper sur l'enclume. L'endroit où la balle est venue frapper. Le marteau a frappé sur le timbre. Fig. et fam., Frapper à toutes les portes, S'adresser à toutes sortes de personnes pour en obtenir du secours, de l'assistance. Dans sa détresse il frappait à toutes les portes. Frapper quelqu'un d'un poignard, d'un couteau, etc., ou, simplement, Frapper quelqu'un, Le percer d'un ou de plusieurs coups. Frapper à mort, Frapper de façon à causer la mort. Une balle le frappa à mort. Fig., Être frappé à mort, Être malade à n'en pouvoir réchapper. Frapper les trois coups signifie, en termes de Théâtre, Donner l'avertissement aux spectateurs que le rideau va être levé. Fig., Frapper l'air de cris, de clameurs, etc., Pousser des cris, des clameurs qui retentissent au loin. Fig., Frapper un coup, Faire quelque tentative grave, périlleuse, décisive. Il résolut de frapper un grand coup. Employé transitivement, il signifie particulièrement Donner une empreinte à quelque chose, au moyen d'une matrice ou autrement. Frapper de la monnaie. Frapper des médailles. Fig., Un ouvrage frappé au bon coin, Un bon ouvrage. On dit dans un sens analogue Cet ouvrage est frappé au coin du génie. Fig., Vers bien frappé, Vers dont le sens est plein et la forme parfaite. Il se dit, par extension, en parlant de la Lumière, et signifie Se diriger vers, tomber sur. Les parties d'un objet que la lumière frappe, où la lumière frappe. Il se dit aussi, figurément, de l'Impression qui se fait sur les sens, sur l'esprit, sur l'âme. Tout ce qui frappe nos sens. Le son frappe l'oreille. Une grande lumière frappe la vue. Cet objet m'a frappé l'imagination. Cet endroit de son discours m'a frappé. N'êtes-vous pas frappé de cette coïncidence? Une beauté qui frappe. Fig., Être frappé de quelque chose, En être atteint, saisi. Être frappé d'une maladie, de la peste. Être frappé d'apoplexie. Être frappé d'épouvante, de stupeur, d'étonnement. Fig., Avoir l'imagination frappée de quelque chose, ou, simplement, Avoir l'imagination frappée, et même, familièrement, Être frappé, Avoir l'imagination remplie de quelque appréhension, de quelque idée sinistre. Ce malade a l'imagination frappée, est frappé. Avoir l'esprit frappé d'une idée, être frappé d'une idée, Être obsédé, préoccupé de cette idée, ne pouvoir l'écarter. Frapper d'étonnement, d'admiration, etc. Causer tout à coup un grand étonnement, etc. On dit en des sens analogues Frapper d'aveuglement, de stupeur, de crainte.

SE FRAPPER signifie quelquefois, absolument et familièrement, Se remplir l'imagination de quelque pensée sinistre. Ne vous frappez pas.

FRAPPER signifie encore Faire périr, exterminer, ou Affliger par quelque grand malheur, par une calamité. Dieu l'a frappé dans ce qu'il avait de plus cher. Absolument, La mort frappe sans pitié. En termes de Jurisprudence, il signifie Être établi, assigné sur. Une hypothèque qui frappe tous les biens du débiteur. Un immeuble frappé d'hypothèques. Spécialement, Frapper de glace, ou, par abréviation, Frapper, Rafraîchir, rendre extrêmement frais par le moyen de la glace. Frapper le champagne. Frapper le melon. Du vin frappé. Par extension, Une carafe frappée. Frapper le drap, Le bien fouler pour qu'il soit serré. Velours frappé, Velours dont on a écrasé le poil pour y imprimer des dessins. En termes de Musique, le participe passé

FRAPPÉ s'emploie comme nom masculin et désigne le Temps de la mesure où l'on baisse le pied ou la main, pour la marquer. Le levé et le frappé. On dit aussi, adjectivement, Temps frappé.

Littré (1872-1877)

FRAPPER (fra-pé) v. a.
  • 1Donner un ou plusieurs coups. Il [le cheval] frappe du pied la terre, il s'élance avec audace, il court au-devant des hommes armés, Sacy, Bible, Job, XXXIX, 21. Voyez comme elle frappe cette poitrine innocente, comme elle se reproche les moindres péchés, Bossuet, Mar.-Thér. Et, droit entre les yeux, [il] Frappe du noble écrit l'athlète audacieux, Boileau, Lutr. V. [Il] Lui jette pour défi son assiette au visage ; L'autre esquive le coup ; et l'assiette volant S'en va frapper le mur et revient en roulant, Boileau, Sat. III. Ceux qui gémirent sur l'aventure des diables de Loudun, ceux qui trouvèrent mauvais qu'un récollet, en conduisant Urbain Grandier au supplice, le frappât au visage avec un crucifix de fer…, Voltaire, Désastre de Lisbonne, préf. Tout est perdu, au contraire, quand on le traite [le peuple] comme une troupe de taureaux ; car tôt ou tard ils vous frappent de leurs cornes, Voltaire, Lett. Linguet, 15 mars 1767. Il [le pape Boniface VIII] se présenta avec majesté devant Colonna et Nogaret ; il est fort douteux que Colonna ait eu la brutalité de le frapper, Voltaire, Mœurs, 65.

    Se frapper, frapper à soi. Et se frappant le sein de ses pleurs inondé, Voltaire, Sémir. I, 1.

    Frapper un coup, donner un coup sur quelque chose. Le régisseur va frapper les trois coups (c'est au théâtre le signal pour lever le rideau).

    Fig. Frapper un coup, faire quelque tentative violente, périlleuse. Il veut frapper le coup sans notre ministère, Corneille, Héracl. III, 3. Tandis que Louis… Au Nil épouvanté ne va porter la guerre, Que pour venir bientôt, frappant des coups plus sûrs, Délivrer ton Dieu même et lui rendre ces murs [de Jérusalem], Voltaire, Zaïrs, III, 4. Du coup qu'on va frapper au milieu de la nuit, Vos regards dès demain recueilleront le fruit, Chénier M. J. Charles IX, II, 4.

    Fig. et familièrement. Frapper son coup, produire l'effet qu'on se propose.

    Frapper les grands coups, employer les grands moyens, faire quelque chose d'extraordinaire.

    Frapper l'air, ébranler l'air par la commotion d'un bruit. Qui frappe l'air, bon Dieu ! de ces lugubres cris ? Est-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris ? Boileau, Sat. VI.

  • 2Battre et serrer sur le métier la trame d'une toile, etc.

    Former la tête des épingles.

    Terme de marine. Attacher fortement et à demeure. Frapper une poulie.

  • 3 Terme de monnayage. Donner l'empreinte. Frapper de la monnaie. On a frappé en Angleterre une médaille de l'amiral Anson ; c'est un chef-d'œuvre digne du temps d'Auguste ; le revers est une victoire posée sur un cheval marin, tenant une couronne de laurier, Voltaire, Lett. Thiriot, 14 juin 1769. La ligue règne sous le nom de ce cardinal de Vendôme, qu'elle appelait Charles X, au nom duquel on frappait la monnaie, tandis que le roi le retenait prisonnier à Tours, Voltaire, Mœurs, 174.

    Fig. Bien frapper un vers, le marquer d'une vive empreinte.

  • 4Frapper avec un instrument tranchant ou avec une arme. Frappez l'arbre infructueux qui n'est plus bon que pour le feu, Bossuet, Marie-Thér. Comment frapper un roi de gardes entouré ? Voltaire, Oreste, I, 2.

    Absolument. Il frappe, et le tyran tombe aussitôt sans vie, Corneille, Héracl. v, 7. Les mains élevées à Dieu enfoncent plus de bataillons que celles qui frappent, Bossuet, Marie-Thér. L'infidèle s'est vu partout envelopper, Et je n'ai pu trouver de place pour frapper, Racine, Andr. V, 3. Je lui marque le cœur où sa main doit frapper, Racine, Mithr. IV, 1. Frappez, aucun respect ne vous doit retenir ; J'ai tout fait, et c'est moi que vous devez punir, Racine, ib. IV, 2.

  • 5Frapper de glace, ou, simplement, frapper, rafraîchir très promptement du vin, une liqueur avec de la glace (la glace frappant pour ainsi dire et saisissant le liquide). Frapper du champagne.
  • 6Se porter vers, darder sur. Les parties d'un objet que la lumière frappe. Déjà le jour plus grand nous frappe et nous éclaire, Racine, Iphig. I, 1.
  • 7Faire impression sur les organes de la vue ou de l'ouïe. Un bruit lointain frappa mon oreille. Les lueurs de l'incendie frappaient nos yeux. Tu n'as frappé mes yeux d'un moment de clarté…, Corneille, Hor. III, 1. Ils [ces noms] m'ont frappé l'oreille, ils m'ont blessé le cœur, Corneille, Héracl. III, 5. Auras-tu donc toujours des yeux pour ne point voir, Peuple ingrat ? quoi ! toujours les plus grandes merveilles, Sans ébranler ton cœur, frapperont tes oreilles ? Racine, Ath. I, 1. Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille, Racine, Iphig. I, 1. Joas laissé pour mort frappa soudain ma vue, Racine, Athal. I, 2.

    Fig. Frapper les yeux, attirer l'attention. Pour moi, je voudrais bien que, pour vous montrer mieux, Une charge à la cour vous pût frapper les yeux, Molière, Mis. III, 7.

  • 8Faire impression sur l'esprit ou le cœur. Les désastres d'Othon ainsi que moi vous frappent, Corneille, Othon, v, 5. Un tendre souvenir frappait soudain mon âme, Th. Corneille, Ariane, I, 4. Ce jour, ce triste jour frappe encor ma mémoire, Racine, Brit. I, 1. Jugez combien ce coup frappe tous les esprits, Racine, ib. V, 5. De quel étonnement, ô ciel, suis-je frappée ! Racine, Bajaz. III, 6. Quelque songe effrayant cette nuit l'a frappé, Racine, Esth. II, 1. Mais je vois que mes pleurs et que mes vains discours Pour vous persuader sont un faible secours, Votre austère vertu n'en peut être frappée, Racine, Athal. V, 2. Les faibles intérêts doivent peu nous frapper, Voltaire, Sémiram. II, 3. L'un d'eux est ce héros dont les traits m'ont frappée, Voltaire, Oreste, III, 4. Ces oiseaux de carnage frappent tous les autres oiseaux d'une frayeur si vive qu'on les voit frémir à leur aspect, Buffon, Ois. t. XI, p. 109, dans POUGENS. La douceur et la simplicité des Indiens le frappèrent [Las Casas] à tel point, qu'il se fit ecclésiastique pour travailler à leur conversion, Raynal, Hist. phil. VII, 15.

    Absolument. Voilà ce qui surprend, frappe, saisit, attache, Boileau, Art p. III.

  • 9Il se dit des coups du sort, des afflictions divines. Le Seigneur vous frappera de frénésie, d'aveuglement et de fureur, Sacy, Bible, Deutér. XXVIII, 28. Le Seigneur éloignera de vous toutes les langueurs, et il ne vous frappera point des plaies très malignes dont vous savez qu'il a frappé l'Égypte, Sacy, ib. VII, 15. Le Seigneur frappera d'indigence la maison de l'impie ; mais il bénira les maisons des justes, Sacy, ib. Prov. de Sal. III, 33. Dieu frappa d'aveuglement tout ce qui avait contribué à la rupture d'un mariage aussi solennel que celui de Catherine, Bossuet, Var. II, § 21. Pendant que nous tremblons sous leur main [des puissants de la terre], Dieu les frappe pour nous avertir, Bossuet, Duch. d'Orl. Il frappe ces nuées d'aridité et de sécheresse, Massillon, Carême, Parole. Dieu frappe autour de nous nos proches, nos amis, Massillon, Orais. fun. Dauph. Je pardonne à la main par qui Dieu m'a frappé, Voltaire, Alz. v, 7. Il se sentait frapper d'une main invisible, Voltaire, Henr. III. Le ciel en me frappant donne un exemple aux rois, Chénier M. J. Charles IX, V, 4. [Nos amis et parents morts] Ils t'ont prié [mon Dieu !] pendant leur courte vie, Ils ont souri quand tu les as frappés, Lamartine, Harm. II, 1.

    Absolument. Tu frappes, tu guéris, tu perds et ressuscites, Racine, Athal. III, 7. Mon cœur désespéré se soumet, s'abandonne Aux volontés d'un Dieu qui frappe et qui pardonne, Voltaire, Alz. V, 7. Frappe, mon Dieu ; car je l'ai mérité, Beaumarchais, Mère coup. IV, 13.

    Faire mourir. Dieu frappe tous les premiers-nés des Égyptiens.

  • 10Punir. Il nous reste à frapper quelques secrets complices, Voltaire, Triumv. I, 4.

    Absolument. [à Venise] La mort frappe sans bruit, le sang coule en silence, Ducis, Othello, II, 7.

    Frapper d'anathème, de réprobation, anathématiser, réprouver.

  • 11Affecter, affliger. Ne doutez point, seigneur, que ce coup ne la frappe, Racine, Brit. III, 1. Je connais votre cœur : vous devez vous attendre Que je vais le frapper par l'endroit le plus tendre, Racine, Bérén. III, 3. L'avenir l'inquiète et le présent le frappe, Racine, Esth. II, 3.

    Il se dit des maladies. Tant de victimes que la peste a frappées. Il a été frappé d'apoplexie.

  • 12 Terme de jurisprudence. Être établi, assigné sur. Cette hypothèque frappe tous les biens du débiteur.

    Absolument. Son hypothèque frappe sur tel immeuble.

    Terme d'administration. Frapper les marchandises d'un droit à l'entrée, à la sortie.

  • 13 V. n. Donner un coup. Frapper dans la main. Frapper fort. …Pâlit, frappe du pied, frémit, déteste, tonne, Rotrou, St Genest. II, 8. Tous ceux qui passaient par le chemin ont frappé des mains en vous voyant, Sacy, Bible, Jérémie, Lament. II, 15. Toutpère frappe à côté, La Fontaine, Fabl. VIII, 20. Le czar y voulut tout voir, tout examiner, et finit par le réfectoire où il demanda un coup de vin des soldats, but à leur santé, les traitant de camarades, et frappant sur l'épaule de ses voisins, Duclos, Mém. rég. Œuv. t. V, p. 297, dans POUGENS. Quand ils [les lamas] sont excédés ou qu'ils succombent sous le faix, il est inutile de les harceler ou de les frapper ; ils s'obstinent jusqu'à se tuer en frappant de la tête contre la terre, Raynal, Hist. phil. VII, 29. Surpris, quand il a frappé au cœur d'un empire, d'y trouver un autre sentiment que celui de la soumission et de la terreur, il se sent vaincu et surpassé en détermination, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 6.

    Il frappe comme un sourd, il frappe sans dire mot, se dit d'un homme qui bat avec violence.

    Fig. Porter atteinte. Les tribunaux frappent sans cesse sur la juridiction patrimoniale des seigneurs, Montesquieu, Espr. IV, 4.

  • 14Frapper à une porte, ou, simplement, frapper, c'est-à-dire frapper pour la faire ouvrir. On frappe à la porte. Mercure frappe, on ouvre ; aussitôt Philémon Vient au-devant des dieux et leur tient ce langage, La Fontaine, Phil. et Bauc. Quel bruit à descendre m'oblige, Et qui frappe en maître où je suis ? Molière, Amph. III, 5. Quelle insolente main frappe à coups redoublés ? Racine, Athal. V, 1.

    Fig. Frapper à, s'adresser à. Demandez avec instance, et, s'il [Dieu] rejette vos demandes, cherchez les moyens de l'apaiser, …frappez à la justice, et dites-lui : oh ! justice de mon Dieu, vous ne punissez pas nos fautes avec rigueur en ce monde ; frappez à la sagesse, et dites-lui : oh ! sagesse de mon Dieu, vous savez tant de moyens de vaincre mon vice, Bossuet, Abrégé d'un sermon pour le vendredi de la 1re sem. de carême. Le rouge-gorge s'adresse aux cabanes, l'hirondelle frappe aux palais, Chateaubriand, Génie, I, v, 7.

    Fig. Frapper à toutes les portes, s'adresser à toutes sortes de personnes. Le roi [de Prusse] s'échauffait et disait que, tant que notre cour [de France] frapperait à toutes les portes pour obtenir la paix, il ne s'aviserait pas de se battre pour elle, Voltaire, Mél. litt. Comment. hist. t. LXIII, p. 48.

  • 15 Fig. Frapper à, s'approcher de. Maintenant que le temps a mûri mes désirs, Que mon âge, amoureux de plus sages plaisirs, Bientôt s'en va frapper à son neuvième lustre, Boileau, Épît. V.

    Frapper à la borne, atteindre la limite. Il a frappé à la borne de son intelligence ; il faut même absolument que cela soit ainsi, sans quoi nous irions de degré en degré jusqu'à l'infini, Voltaire, Philos. ignorant, Question 9e.

  • 16L'heure a frappé, elle a sonné.

    Activement. L'horloge du palais vint à frapper onze heures, Régnier, Sat. VIII.

  • 17 Terme de chasse. Frapper à route, remettre sur la trace de la bête les chiens qui sont en défaut.

    Frapper aux brisées se dit du veneur, lorsqu'ayant fait son rapport, il va laisser courre.

  • 18Se frapper, v. réfl. Se donner un coup. Se frapper à la tête.

    Se porter un coup d'une arme. Il se tait et se frappe en achevant ces mots, Racine, Théb. III, 3.

  • 19Se frapper réciproquement. Ils se sont frappés l'un l'autre.

    Fig. Vardes a extrêmement plu à Termes, et Termes à Vardes ; leurs esprits se sont frappés d'un agrément égal ; ç'a été un coup double, Sévigné, 357.

  • 20S'affecter de terreur ou de crainte. Il se frappe beaucoup de ces événements. C'est un homme qui se frappe aisément.
  • 21Être frappé en parlant du vin qu'on rafraîchit par la glace. Le champagne se frappe pour le dessert.

HISTORIQUE

XIVe s. Mais ainchois que [avant que] mais voie le solail esconser, Leur fera telle aieuwe [aide] Richiars au bien fraper…, Hugues Capet, v. 2336. Se le vin est pourri, mettre la queue [tonneau] emmi une court sur deux treteaulx, afin que la gelée y frappe, Ménagier, II, 3.

XVe s. En l'ost du roy s'estoit frappée une maladie de flux de ventre, J. Lefèvre de St-Remy, Hist. de Charles VI, p. 67, dans LACURNE. Le feu se frappa en aucun de ses navires, ID. ib. p. 82. Quant la mulle eut circuit toute la praerie, elle se frappa dans la forest, Perceforest, t. II, f° 5. Les François à cheval, qui estoient de deux à trois cent lances, frapperent vaillamment sur l'autre costé, où il y avoit bien de deux à trois mille archers et deux cent lances d'Anglois, Chronique de la Pucelle, ch. 10. De trop boire frappée, une teste en rechappe… à ces grands coups de Mars, tout remede y est vain, Basselin, XIX. Et en armes chascun se tiengne à ces frapper d'espieu et de lance, Myst. du siége d'Orléans, p. 85. Puis la terre de Beausse avons, Frappant jusque es forsbourgs d'Orleans, ib. p. 45.

XVIe s. Ce conte luy veint frap per l'imagination, Montaigne, I, 94. Et n'y eut presque rien de sauvé que les 2000 bisongnes par la sagesse de ceux qui les menoient, qui frapperent à terre [abordèrent] au-dessous de Meidelbourg, D'Aubigné, Hist. II, 72. Cela est frapper à la porte d'un trespassé, Cotgrave Je cherche et quiers, et frappe aux huys et maille, Et si ne puis croquer la seule maille, G. Cretin, Épit. au roi Louis XI. L'horloge frappe [l'horloge sonne les heures], Oudin, Curios. fr. Tel cuide frapper qui tue, Cotgrave Toujours ne frappe l'on pas ce à quoy l'on vise, Cotgrave, ib.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

FRAPPER. - HIST. Ajoutez : XIIIe s. Se Rainouars nes [ne les] vet del fust fraper, Ne mangera de pein à son disner, Aliscamps, V. 3858, éd. Guessard.

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Étymologie de « frapper »

Bourguign. fraipai ; provenç. frapar ; anc. cat. frappar ; ital. frappare ; d'après Grangagnage, du hollandais flappen, souffleter ; angl. to flab, battre de l'aile. Diez, qui donne aussi de l'attention à cette étymologie, incline pourtant vers le haut allemand hrappa, insulter, attribuant à frapper le sens primitif d'injurier, sur ce fondement que, dans les patois anglais, frape a le sens de dire des injures et que le mot n'y peut venir que du français. Malgré cette autorité, l'étymologie par flappen paraît mériter la préférence. Du reste nous n'avons, dans l'historique, d'exemples que du XIVe siècle.

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(1178)[1] Du vieux-francique *hrappan[2] « arracher, saisir », de la racine germanique *hrap- « être rapide (de saisir quelque chose) », « saisir quelque chose (rapidement, brutalement) », cf. néerlandais rap  « rapide, violent », rapen (« saisir, ramasser »), zich reppen (« se dépêcher »), allemand raffen (« saisir, s’emparer de »), norrois hreppa « saisir, atteindre »[3]. Romanisé en *frappare, cf. italien frappare « briser en petits morceaux ».
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Phonétique du mot « frapper »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
frapper frape

Fréquence d'apparition du mot « frapper » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « frapper »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « frapper »

  • Le destin, pour frapper, revêt souvent son déguisement le plus ordinaire, son costume de tous les jours.
    Jean Simard — Hôtel de la reine
  • La pitié du bourreau consiste à frapper d'un coup sûr.
    Ernst Jünger
  • Bouger comme le papillon, frapper comme la guêpe.
    Drew Bundini Brown — New York Herald Tribune - Février 1964
  • Qui ne peut frapper l’âne, frappe le bât.
    Proverbe français
  • La puissance ne consiste pas à frapper fort ou souvent, mais à frapper juste.
    Honoré de Balzac — Physiologie du mariage
  • Le voyageur doit frapper à toutes les portes avant de parvenir à la sienne.
    Rabindranàth Tagore — L'Offrande lyrique
  • Pardonner au méchant, c’est frapper l’innocent.
    Proverbe italien
  • A trop vouloir frapper ses ennemis, on finit par donner des coups à ses amis.
    Proverbe — Les proverbes du panda
  • Tel qui tue qui ne pense que frapper.
    Proverbe français
  • On m'a demandé ce qui me frappe, chez une femme !... Je ne permettrai jamais à une femme de me frapper !...
    Francis Blanche
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Traductions du mot « frapper »

Langue Traduction
Anglais hit
Espagnol golpear
Italien colpire
Allemand schlagen
Chinois 击中
Arabe نجاح
Portugais acertar
Russe ударить
Japonais ヒット
Basque hit
Corse chjappu
Source : Google Translate API

Synonymes de « frapper »

Source : synonymes de frapper sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « frapper »

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Frapper

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