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Désirer

Définitions de « désirer »

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DÉSIRER, verbe trans.

I.− Emploi abs. Aspirer instinctivement à quelque chose de non défini dont le manque est senti comme une imperfection de l'être.
[Le suj. est exprimé] Ce divorce entre l'esprit qui désire et le monde qui déçoit (Camus, Sisyphe,1942, p. 71).Je désirais, je m'enflais de désir au lieu de rassasier ma faim (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1552).
[Le suj. n'est pas exprimé] :
1. Je puis dire que mon existence ne fut qu'un long désir. J'aime désirer; du désir j'aime les joies et les souffrances. Désirer avec force, c'est presque posséder. Que dis-je? C'est posséder sans dégoût et sans satiété. A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 273.
Emploi subst. L'agir porte le désirer. Je crois que nous ne savons pas bien désirer ce que nous ne pouvons faire (Alain, Propos,1923, p. 479).
Rem. V. aussi infra II A 2 c pour le sens érotique.
II.− Emploi trans.
A.− [La pers. qui désire est exprimée]
1. [Le compl. désigne une chose] Aspirer consciemment à quelque chose dont la possession ou la réalisation comble un besoin de l'âme, de l'esprit ou du corps.
SYNT. Désirer qqc. ardemment, longuement, passionnément, sincèrement, vivement; désirer qqc. avec ardeur, avec passion.
a) [Le compl. désigne une chose matérielle qui est l'obj. d'une (vive) convoitise] Il ne désirait plus d'écrevisses (Cocteau, Enf. terr.,1929, p. 88):
2. ... s'il ne lui [à Odette] offrait pas une rivière de diamants qu'elle désirait, il ne renouvellerait pas en elle cette admiration qu'elle avait pour sa générosité... Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 268.
Dans la langue du comm., de l'hôtellerie. Que désire Monsieur (Madame)? (Fam.) Monsieur (Madame) désire? Vous désirez, Monsieur (Madame)? Que désire Madame? Elle voulait une robe pas chère, solide pourtant (Zola, Bonh. dames,1883, p. 485).M'sieur désire? Poires de curé? Figues d'Arabie? Raisin muscat? (Benjamin, Gaspard,1915, p. 83).
b) [Le compl. désigne une chose abstr. qui est l'obj. d'une aspiration (bonne ou mauvaise) profonde de l'être] Désirer le bien, le mal; désirer la gloire, le succès. Qu'étaient-ce que ces enfants? Des désirs. Ardemment ils désiraient le bruit, la gloire, les victoires (Barrès, Cahiers,t. 9, 1911-12, p. 414).
Désirer qqc. à/pour qqn.Je vous désire tout ce que vous voulez, je demande pour vous toute la lumière qui peut tenir sur une tête et dans un cœur (Hugo, Corresp.,1868, p. 124):
3. ... ne regardez pas mes péchés, mais seulement la foi de votre église et donnez-lui la paix et l'union que vous désirez pour elle... Billy, Introïbo,1939, p. 153.
[Avec un attribut de l'obj.] Je pense tous les jours à vous. Je vous désire heureuse (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 132).
Désirer qqc. de qqn :
4. Il savait que si MlleDe Préfailles lui avait fait l'honneur de désirer de lui quoi que ce fût, à peu près rien n'eût compté au monde, et que c'était ainsi. Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 133.
Ne plus rien avoir à désirer, ne plus savoir que désirer. Sur ce point, je n'ai plus rien à désirer (Mauriac, Mal Aimés,1945, II, 6, p. 205).
C'est tout ce que je désire. Me renvoyer chez ma mère! Mais c'est tout ce que je désire, tout ce que je demande! (Sand, Hist. vie,t. 3, 1855, p. 60).
c) [Le compl. désigne un procès]
[Le compl. est un subst.] Désirer le mariage, la mort de qqn; désirer le retour de qqn. « J'appréhende autant que je désire (...) la nouvelle rencontre qui m'est promise (Reider, MlleVallantin,1862, p. 155).
[Le compl. est un verbe à l'inf. ou une prop. complétive] Il désirait de m'épouser (Staël, Corinne,t. 2, 1807, p. 385).C'est une dame qui désire vous avoir à souper (Zola, Nana,1880, p. 1160).
SYNT. Désirer (d')acheter, acquérir, avoir, garder, obtenir, posséder qqc.; désirer faire qqc.; désirer (de) connaître, savoir qqc.; désirer (de) connaître, voir qqn; désirer (de) parler à qqn; désirer en finir avec qqn; désirer (de) mourir.
En partic.
[Le compl. est un vœu à caractère solennel, par exemple dans des dispositions testamentaires] Je désirerais être enterré religieusement (Barrès, Cahiers,t. 7, 1909, p. 274):
5. « Je désire que, après une messe basse à Saint-Thomas d'Aquin, ma paroisse, mon corps soit porté à Crouy. Je désire que mes obsèques y soient célébrées dans la chapelle de la fondation... » Martin du Gard, Les Thibault,La Mort du père, 1929, p. 1326.
Rem. ,,La langue courante d'aujourd'hui ne connaît que désirer suivi directement d'un infinitif. Les emplois relevés avec de sont uniquement littéraires et quelque peu archaïsants. L'alternance désirer + infinitif ou désirer que + subjonctif est commandée par la communauté du sujet pour le verbe désirer et l'infinitif complément ou la différence de sujet pour le verbe désirer et le verbe de la subordonnée introduite par que`` (Dupré 1972).
d) P. anal. [Le suj. est une chose ou un animal plus ou moins personnifié] Toute chose désire son complément (Renan, Avenir sc.,1890, p. 524).L'oiseau désire d'avoir un plumage brillant (Barrès, Cahiers,t. 10, 1913-14, p. 343).Une théorie désire d'être exprimée entièrement (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 563).
2. [Le compl. désigne une pers.]
a) [Avec précision fréq. de la destination du désir] Attendre, espérer consciemment avec plus ou moins de ferveur l'avènement, la présence de quelqu'un. Désirer qqn comme adjoint. Monsieur, dit Valentine, mon grand-père désire un notaire (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 10).Un ménage pauvre où l'on désire une fille qui servira de bonne (Renard, Journal,1896, p. 339):
6. Je ne doute pas que M. Venizelos ne soit un homme d'état plein de capacité, mais qui nous dit que les Grecs désirent tant que cela Venizelos? Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 786.
b) [Sans précision de cette finalité] Désirer un enfant. C'est vrai que je désirais passionnément un fils (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1150).Toute la famille désirait un garçon (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 44).
c) Convoiter charnellement la possession d'un homme, d'une femme :
7. Mon amour est une camaraderie amoureuse. Je ne vous désire pas, mais vous êtes le seul homme dont je puisse accueillir le désir sans révolte. (...) Je préfère être torturée par mes renoncements à me donner au-dessous de moi. Montherlant, Les Jeunes filles,1936, p. 1017.
8. ... cela n'empêchait pas mon père de désirer Elsa. De la désirer peu à peu plus que n'importe quoi, de la désirer du double désir que l'on porte à la chose interdite. Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 165.
Emploi pronom. réciproque. Deux jeunes êtres qui se désirent, et que séparent l'univers et la fatalité (Brasillach, Corneille,1938, p. 74):
9. Souvent, quand, dans la salle du casino, deux jeunes filles se désiraient, il se produisait comme un phénomène lumineux, une sorte de traînée phosphorescente allant de l'une à l'autre. Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 852.
Emploi abs. :
10. Je savais aussi que je ne t'aimais pas et je t'ai prise. Je n'ai jamais éprouvé de l'amour pour personne. Je désire voilà tout. Et j'ai profité de toi. Camus, Les Possédés,1959, 3epart., 16etabl., p. 1087.
B.− Tournures à sens passif. [La pers. qui désire n'est pas exprimée; avec une nuance de blâme ou de regret, en raison d'une attente déçue]
1. [Le suj. désigne une chose]
Laisser (un peu, beaucoup) à désirer. Être l'objet d'un désir non satisfait; être défectueux, imparfait ou médiocre. Diverses répartitions de charbon ou de matières premières ont laissé à désirer (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 452).Ne rien laisser à désirer. Être parfait, irréprochable. Il me semblait qu'au contraire votre santé ne laissait rien à désirer (A. France, Lys rouge,1894, p. 158).La coopération des diverses grandes unités, la liaison entre les armes, n'ont rien laissé à désirer (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 268).
P. méton ou p. brachylogie [Le suj. désigne une pers.] :
11. Je n'étais pas suffisamment secondé quoique à la salle à manger j'avais une bonne équipe (...); mais les chasseurs laissaient un peu à désirer... Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 951.
Être (encore) à désirer. Ne pas être accompli, réalisé. L'histoire critique du jansénisme est encore à désirer (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 4, 1920, p. 106).
2. [Le suj. désigne une pers.] Fam. Se faire désirer. ,,Montrer peu d'empressement à satisfaire le désir que les autres ont de nous voir, de se lier avec nous, etc. afin de rendre ce désir plus vif`` (Ac.). L'art des flatteurs est de se faire désirer, à la manière des coquettes (Alain, Propos,1932, p. 1086):
12. Elle se doute bien que je dois l'attendre (...) et marche doucement, comme une qui n'est pas pressée et qui cherche à se faire désirer un peu, point trop, car (...) les messieurs aiment bien qu'on les aguiche, mais pas qu'on les agace. H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 251.
P. anal. [Le suj. désigne une chose] L'explication (...) de ces textes qui se sont tant fait désirer n'a lieu que dans le troisième tome (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 4, 1859, p. 346).
3. Emploi impers. Il serait à désirer que. Il serait opportun, souhaitable que. Elle pense comme moi, qu'il serait à désirer que le marquis s'éloignât pour quelque temps (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1799):
13. ... il serait grandement à désirer que l'art contemporain pût se renouveler par un contact plus intime avec les artisans... Sorel, Réflexions sur la violence,1908, p. 54.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Désireur, euse, adj., rare. Qui désire ou manifeste le désir, de quelque chose. Un regard désireur qui disait : « Voulez-vous? » (Péladan, Vice supr., 1884, p. 161). Emploi subst. Ces grands chercheurs de trésors, ces désireurs de l'impossible (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 160). b) Désirant, ante, part. prés. adj., littér. Qui manifeste ou implique un désir. Synon. désireux. [Employé absolument]. Ses joies désirantes de vierge (Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 185). Il allait, l'âme vague, (...), désolée et désirante, douce, innocente (A. France, Mannequin osier, 1897, p. 221). [Suivi de la prép. de + compl.] Quoiqu'elle ne se sentit ni malheureuse ni désirante d'autre chose, sa vie monotone et mince lui apparaissait seulement comme un moment lucide du sommeil (Noailles, Nouv. espér., 1903, p. 4).
Prononc. et Orth. : [deziʀe], (je) désire [dezi:ʀ]. Ds Ac. dep. 1694. Forme desirer, avec [ə], en dernier lieu ds DG. Étymol. et Hist. Ca 1050 « aspirer à, souhaiter quelque chose » (Alexis, éd. Ch. Storey, 524). Du lat. class. desiderare « regretter l'absence de, souhaiter ». Fréq. abs. littér. : 8 071. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 14 461, b) 10 009; xxes. : a) 10 149, b) 10 515. Bbg. Mihailescu-Urechia (V.), Urechia (A.). Phénomènes inconnus de la lang. Orbis. 1971, t. 20, no1, p. 11, 14, 15. − Thomas (A.). Nouv. Essais 1904, p. 226.

Wiktionnaire

Verbe - français

désirer \de.zi.ʁe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Vouloir posséder un bien ou un avantage qu’on n’a pas.
    • Il y a de certains biens que l’on désire avec emportement et dont l’idée seule nous enlève et nous transporte. — (La Bruyère)
    • Il désirait cette promotion plus que tout au monde.
  2. Souhaiter.
    • Ma femme aurait désiré être riche, et voilà que j’étais pauvre, avec mes petits appointements de deux mille francs. — (Octave Mirbeau, Lettres de ma chaumière : La Tête coupée, A. Laurent, 1886)
    • Je désire ta présence à cet événement.
    • En effet, Dieu ne dit pas « je veux », j'exige, qui est le langage des puissants de la terre, mais « je voudrais », je désire, qui est le langage de l'amour. — (Michel Quoist, Construire l'homme, Éditions de l'atelier, Paris, 1997, p. 90)
    • (Commerce, hôtellerie) Que désire Madame ? Monsieur désire ? Vous désirez ?
  3. Éprouver un désir charnel pour un homme ou une femme, avoir envie de faire l’amour avec cette personne.
    • Je ne sais pas si Jean-Louis Darc séduisit ma mère ou si ce fut elle qui s’en éprit la première, mais je crois que Céline Thiébault désira ce grand gaillard, cette vigueur animale. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 21)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DÉSIRER. v. tr.
Aspirer plus ou moins vivement, tendre, avec plus ou moins d'ardeur, à posséder un bien, un avantage qu'on n'a pas. Désirer les richesses. Désirer la santé. Qu'il soit fait comme vous le désirez. Il désire réussir. Il désire partir plus tôt. Absolument, Toute la vie se passe à désirer. Fam., Se faire désirer, Montrer peu d'empressement à satisfaire le désir que les autres ont de nous voir, de se lier avec nous, etc., afin de rendre ce désir plus vif. Il a l'art de se faire désirer. Il y a quelque chose à désirer, cela laisse à désirer, Il y a quelque chose qui manque, qui est défectueux. Il y a beaucoup à désirer dans cet ouvrage. L'éducation de cet homme, ses manières laissent fort à désirer. On dit dans le sens contraire Ne rien laisser à désirer, Être parfait dans son genre. Cet ouvrage ne laisse rien à désirer. Il se dit, par extension, en parlant du Bien qu'on souhaite à quelqu'un. Je vous désire toutes sortes de prospérités. Il est à désirer qu'il réussisse.

Littré (1872-1877)

DÉSIRER (dé-zi-ré ; plusieurs, dit l'Académie, écrivent desirer et prononcent de-zi-ré) v. a.
  • 1Avoir désir de quelque chose. Il désirait de combattre avec sa cavalerie, Vaugelas, Q. C. III, 21. Pour ce qui est de moi, je désire seulement d'avoir bientôt l'honneur de vous voir, Voiture, Lett. 35. Quatre Mathusalem bout à bout ne pourraient Mettre à fin ce qu'un seul désire, La Fontaine, Fabl. VIII, 25. Ô femme, votre foi est grande ; qu'il vous soit fait comme vous le désirez, Sacy, Bible, Év. St Math. XV, 28. Et les choses que nous désirons, désirons-les peu, nonseulement parce qu'elles ne méritent pas d'être autrement désirées, mais parce que, les désirant beaucoup, elles deviennent le sujet de mille peines, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 379. Nous ne demandons que faiblement le royaume de Dieu que nous ne désirons pas avec affection, Fléchier, Serm. II, 147. Phédime, au nom des dieux, fais ce que je désire, Racine, Mithr. IV, 1. Voilà ce que vous désirez de savoir, Fénelon, Tél. X. Il y a de certains biens que l'on désire avec emportement et dont l'idée seule nous enlève et nous transporte, La Bruyère, XI. On ne peut désirer ce qu'on ne connaît pas, Voltaire, Zaïre, I, 1.

    Familièrement. Se faire désirer, ne pas se rendre à l'empressement que les autres ont de nous voir.

    Ne laisser rien à désirer, être achevé, parfait en son genre. Voyant ma Caliste si belle Que l'on n'y peut rien désirer, Malherbe, IV, 10. La débauche la plus immodérée laisse quelque chose à désirer au déréglement des sens, Massillon, Carême, Prod.

    Dans le sens contraire. Il y a quelque chose, beaucoup de choses à désirer ; c'est-à-dire il y a quelque défaut, beaucoup de défauts.

  • 2 Absolument. L'homme désire sans cesse. Lorsqu'on désire, on se rend à discrétion à celui de qui on espère, La Bruyère, XI. La vie est courte et ennuyeuse, elle se passe toute à désirer, La Bruyère, ib. L'âme se lassera enfin de désirer, et elle tombera dans une sorte d'inaction, Bonnet, Ess. analyt. âme, ch. 17.
  • 3Souhaiter. Je vous désire toutes sortes de prospérités. Il est à désirer qu'il réussisse. Je vous désire tout ce que je vois de beau, Voiture, Lett. 128. C'est le bien qu'à tous deux Polyeucte désire, Corneille, Polyeucte, IV, 4.
  • 4Convoiter. Vous ne désirerez point la femme de votre prochain, ni sa maison, ni son champ, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui lui appartienne, Sacy, Bible, Deutéron. V, 21. C'est un vilain amant qu'un homme qui vous désire plus qu'il ne vous aime, Marivaux, Marianne, 1re part.
  • 5Se désirer, v. réfl. Avoir du désir l'un pour l'autre. Ces deux personnes se désirent sans cesse.

    Être désiré. De tels biens se désirent justement.

REMARQUE

1. Désirer avec que gouverne le subjonctif : je désire que vous partiez.

2. L'Académie essaye d'établir une distinction entre désirer suivi d'un infinitif avec ou sans de, disant qu'avec de cela exprime un désir dont l'accomplissement est incertain, éloigné, difficile : il désire de réussir ; et sans de un désir dont l'accomplissement est prochain, facile, dépendant de la volonté : il désire vous parler. Mais l'usage réel ne fait aucune différence. Autrefois on disait aussi désirer à ; voy. l'historique.

HISTORIQUE

XIe s. Sire Alexis, tans jurs t'ai desirret, St Alexis, XCV. Ententivement se purpensent cil qui les jugemens ont à faire, que si jugent com si desirent quant il dient : dimitte nobis debita nostra, Lois de Guill. 41. Comme il le vit, à ferir le [il] desire, Ch. de Rol. CXII.

XIIe s. D'aler en l'aive [eau] estoit mout desirant, Ronc. p. 100. La mort me vient, que tant ai desirée, ib. p. 175. J'aim et desir ce qui de moi n'a cure ; Las ! que en puis-je ? Amor le me fait faire, Couci, p. 125. Et la chair vaincre et plagier Qui tousjours est de peché desirans, Quesnes, Romancero, p. 96. Deus ne li volt [voulut] encore duner le fruit desired de sun ventre, Rois, 2. Kar les tuens comandemenz je desirowe [désirais], Liber psalm. p. 194.

XIIIe s. Et arbrissel desirent qu'il fussent parfleuri, Berte, I. Pour sa fille Bertain qu'el [elle] desire veoir, ib. LXV. Pour ce que longuement [elle] vous avoit desirée, ib. LXXXII. Requis avons ma dame de cuer très desirant, ib. CVII. [Qui les vît] Bien deïst que ce fust joie de desirier, ib. CXXIX. Ce n'estoit pas merveille se on la [Berte] desiroit, ib. CXXXV. Et li rois Ferrans li remanda qu'il l'auroit volentiers, et moult en estoit desirans, Chron. de Rains, p. 76. Et s'il vient que li cas desire qu'elles soient mises en prison, Beaumanoir, 41. En tele maniere qu'il soit seürs de le [la] partie d'avoir son salaire, selonc ce que le [la] jornée desire, Beaumanoir, V, 19.

XVe s. Si venoient souvent les compagnons qui desiroient les armes et leurs corps à avancer, escarmoucher aux barrieres, Froissart, II, II, 3. Pour combattre aux Escots qu'ils desiroient moult à trouver, Froissart, I, 1, 38. La connoissance en vint au gentil comte Guy de Blois, comment Bretons, Bourguignons et autres gens qui ne desiroient que pillage, menaçoient le bon pays de Hainaut, Froissart, II, II, 101. [Le roi d'Angleterre en débarquant en Normandie tombe ; ses chevaliers l'engagent à différer son débarquement] Pourquoi [répond le roi] ? mais est un très bon signe pour moi, car la terre me desire, Froissart, I, I, 266. Nul ne desiroit plus de combattre, Commines, I, 4. Il desiroit à la prendre d'assault, Commines, III, 10.

XVIe s. Sans point de faute un bien fort retiré Est d'un chascun beaucoup plus desiré, Saint-Gelais, 201. Je ne vous en diray plus pour ceste heure, sinon que je prie nostre seigneur vous donner l'aise que vous desire vostre etc. Marguerite de Navarre, Lett. 2. Madame m'a dict qu'elle desire merveilleusement à vous voir en ce lieu, Marguerite de Navarre, ib. 11. C'est une vertu et suffisance qui ne laisse rien à desirer de soy, Marguerite de Navarre, III, 194. Secourans l'un l'autre au besoin, de nos vies et moiens, comme l'occasion le desirera, en toutte diligence et promptitude, D'Aubigné, Hist. II, 226. Ilz crioient qu'ilz ne vouloient la guerre qu'aux Romains, et au demourant desiroient d'estre amis de tout le monde, Amyot, Cam. 30. Nous ne sommes pas tousjours incitez à desirer faire ce que nous trouvons bien fait, Amyot, Péric. 1. Ayant nouvelles que Antigonus estoit mort, de maniere que les affaires le desiroient et l'appelloient, Amyot, Agis. et Cléom. 57. Et l'homme mort est bienheureux : Heureux qui plus rien ne desire, Ronsard, 471. Mais de quoy sert le desirer, Sinon pour l'homme martirer ? Le desir n'est rien que martire, Ronsard, ib. Cœur qui soupire n'a pas ce qu'il desire, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 175. Ne prends pas tout ce que tu desires, Leroux de Lincy, ib. p. 354.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DÉSIRER. Ajoutez :
6Se désirer suivi d'un adjectif, désirer d'être dans la situation que l'adjectif indique. Je vous laisse mon corps afin de reposer mort au lieu même où je me désire vivant, pour vous servir en servant Dieu, ainsi que j'y suis obligé, Richelieu, Lettres, etc. 1619, t. VII, p. 425.
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Étymologie de « désirer »

Provenç. desirar ; catal. desitjar ; espagn. desear ; portug. desejar ; ital. desiare ; du latin desiderare.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(fin XIe siècle) Du latin desiderare (« regretter l’absence de quelqu’un ou quelque chose »), dérivé de sidus, sideris (« constellation, étoile ») : dans la langue des augures ou des marins, constater l’absence d’un astre signifiait déception, regret, au contraire de considerare, constater sa présence et par extension « considérer, examiner attentivement » → voir desiderata, sidéral et sidérer.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « désirer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
désirer desire

Fréquence d'apparition du mot « désirer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « désirer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « désirer »

  • Nous ne sommes pas heureux, et le bonheur n'existe pas ; nous ne pouvons que le désirer.
    Anton Pavlovitch Tchekhov — Les Trois Surs, III
  • Combien d'esprits pessimistes finissent par désirer ce qu'ils craignent, pour avoir raison.
    Robert Mallet — Apostilles, Gallimard
  • C'est le meilleur de ne rien désirer et ne rien refuser.
    saint François de Sales — Entretiens spirituels
  • Désirer l'immortalité, c'est désirer la perpétuation éternelle d'une grande faute.
    Arthur Schopenhauer — La mode comme volonté et comme représentation
  • On trouve innocent de désirer et atroce ce que l'autre désire.
    Marcel Proust — A la recherche du temps perdu
  • Les calendriers de Ligue 1 et Ligue 2 se font désirer. Alors que les compétitions vont reprendre le 21 et 22 août, et que les dates et lieux de quelques rencontres ont été communiqués, les calendriers complets ne sont toujours pas connus. 
    Foot National — Ligue 1-Ligue 2 : Les calendriers seront dévoilés le 9 juillet
  • Economiser, c'est se passer de ce que l'on désire pour le cas où l'on désirerait un jour quelque chose que l'on ne désirera sans doute pas.
    Anthony Hope
  • Nous passons notre vie à désirer, à désirer surtout ce qui nous fuit et qui ne nous paraît désirable que pour cette seule raison.
    Jean Simard — Félix
  • Ne désirer que ce qu'on a, c'est avoir tout ce qu'on désire.
    Jean Chardin — Voyage en Perse et aux Indes Orientales
  • Le mariage légitimerait simplement une union qu'il regardait déjà comme éternelle. L'idée qu'il pouvait avoir un fils, lui fit seulement désirer de hâter un dénoûment prévu.
    Zola —  M. Férat
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Traductions du mot « désirer »

Langue Traduction
Anglais to desire
Espagnol desear
Italien desiderare
Allemand begehren
Chinois 渴望
Arabe لرغبة
Portugais desejar
Russe желать
Japonais 欲する
Basque desira
Corse desiderà
Source : Google Translate API

Synonymes de « désirer »

Source : synonymes de désirer sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « désirer »

Combien de points fait le mot désirer au Scrabble ?

Nombre de points du mot désirer au scrabble : 7 points

Désirer

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