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Vouloir

Variantes Singulier Pluriel
Masculin vouloir vouloirs

Définitions de « vouloir »

Trésor de la Langue Française informatisé

VOULOIR1, verbe trans.

I. − Empl. trans. dir.
A. − [Le suj. désigne une pers.]
1. Avoir la ferme intention, le souhait, le désir de.
a) Empl. abs. Avoir de la volonté, faire preuve de volonté. Art, faculté de vouloir; savoir et vouloir; il faut vouloir pour agir. Il ne suffit pas toujours de vouloir pour être heureux (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 210).On pourrait se demander si la volonté, même lorsqu'elle veut pour vouloir, n'obéit pas à quelque raison décisive, et si vouloir serait vouloir librement (Bergson, Essai donn. imm., 1889, p. 126).V. acte1ex. 1, agir ex. 2, fonction I B 1 b ex. de Valéry, oser ex. de Hugo.
Loc. proverbiale. Vouloir c'est pouvoir. La détermination mène à la réussite (d'apr. Rey-Chantr. Expr. 1979). Pour réussir dans le monde, seigneur étudiant, retenez bien ces trois maximes: voir, c'est savoir; vouloir c'est pouvoir; oser, c'est avoir (Musset, Quenouille Barb., 1840, i, 2, p. 285).
Vouloir vouloir. « Il suffit de vouloir ». Mais on dit cela sans bien réfléchir, car à partir du moment où l'on se met à vouloir, le problème est résolu, quel qu'il soit. Aussi la vraie difficulté n'est-elle pas de vouloir, mais de vouloir vouloir (Green, Journal, 1945, p. 247).
b) [Le compl. d'obj. dir. est un inf., une complét. ou un pron. neutre]
α) [Le compl. est un verbe à l'inf.] Synon. entendre (v. ce mot II B, C).Vouloir comprendre; vouloir épouser qqn; vouloir parler d'autre chose; vouloir partir; vouloir absolument s'amuser; vouloir à tout prix rester. Camus veut nous faire apparaître le néant intérieur de son héros, et, à travers lui, notre propre néant (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 16).Gillou qui a dix-sept ans veut à toute force entrer dans la résistance (G. Marcel, Heure théâtr., 1959, p. 51).V. savoir1I A 2 ex. de Genevoix.
Expr. Si tu veux le savoir! V. savoir1I A 2.
Souvent à la forme nég. Je ne veux pas ennuyer plus longtemps mes lectrices (Léoty, Corset, 1893, p. 102).Elle me disait pour me consoler qu'elle n'aurait voulu pour rien au monde me rendre malheureux (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p. 156).
Locutions Ne pas vouloir abuser. Ne pas vouloir abuser du temps, de la patience de qqn. Demain, je passerai brièvement sur ces différents types de fédéralisme qui ne seraient pas très longs à expliquer, mais je ne veux pas abuser (Scelle, Fédéralisme eur., 1952, p. 22).
Ne vouloir rien avoir à faire avec. Mais Malraux scandalise. Nos critiques sont des Cathares: ils ne veulent rien avoir à faire avec le monde réel (Sartre, Litt., 1948, p. 38).
Ne vouloir rien entendre. V. entendre I B 2 a β.Ne pas vouloir en entendre parler. V. entendre I A 2 a.
Ne/n'en rien vouloir savoir; ne pas vouloir savoir qqc. Décider d'ignorer quelque chose, refuser d'écouter les objections de quelqu'un. (Je ne) veux pas le savoir (fam.). V. savoir1I C 3 a.
[Suivi d'une tournure verbale en en]
Vouloir en avoir le cœur net. V. en2II B 1 b ex. de Camus.
Vouloir en finir. La France veut en finir avec la guerre civile (Thiers,1871ds Rec. textes hist., p. 65).
Expr. Si vous voulez m'en croire. V. en2II B 2 b ex. de Bernanos.
[Dans une interr. dirr. ou indir.] Où veux-tu en venir? Voilà où je voulais en venir; voilà quel rêve remplissait mes jours et troublait mes nuits (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 175).V. III A 1 b ex. de Dumas père.
[Au cond.]
[Sert à exprimer un souhait de manière discrète, à exprimer un désir plutôt qu'une volonté] Il la regardait dormir, il aurait voulu la boire (L. Ménard, Rêv. païen, 1876, p. 98).V. que I C 2 a ex. de Gide.[Atténuation polie de je veux] Je voudrais dire un mot; je voudrais attirer votre attention sur; je voudrais vous parler en particulier. Je voudrais bien savoir, pensai-je en me rongeant les doigts, depuis quand et à quel propos on rend la justice à Greenock au nom de la reine de Saba (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 134).Littér. [Dans un discours, un raisonnement] Je voudrais commencer cette conférence en rappelant quelques-uns des traits les plus originaux du monde moderne (Berger, Homme mod. et éduc., 1962, p. 115).
Je voudrais (bien) vous y voir. V. voir 1reSection I B 1.
Locutions
Vouloir dire. Chercher à exprimer, à énoncer quelque chose (d'une certaine manière). Que veut dire cet homme? (Ac.).D'un tel processus, l'expérience quotidienne nous donne mille exemples dans la vie courante: que de fois nous arrive-t-il d'interrompre notre interlocuteur pour lui dire: « Je ne vous suis plus: que voulez-vous dire au juste... » (Marrou, Connaiss. hist., 1954, p. 91).V. comment ex. 13, dire1ex. 14, hasard I A 1 ex. de Lachelier.
En incise. Voilà donc masqué ce grand fait d'histoire de l'alimentation, je veux dire, la diminution constante du nombre des plantes alimentaires récoltées sur place (L. Febvre, Entre Benda et Seignobos, [1933] ds Combats, 1953, p. 95).
Vouloir rire. V. rire1I A 2 c.Vous voulez rire. V. rire1I A 2 c ex. de Courteline.
Vx. Être d'un caractère à demander ou à exiger (telle ou telle chose). Il y a des enfants qui veulent être menés par la crainte (Ac.1798-1878).
β) [Le compl. est une complét. en que, le suj. de la complét. étant différent de celui de vouloir] Souhaiter, avoir l'intention déterminée de faire faire quelque chose. Synon. entendre (v. ce mot III B, C).Vouloir que qqn obéisse, que qqn s'amuse. Je veux que tu me racontes ton roman (Salacrou, Terre ronde, 1938, i, 4, p. 166).V. quand I A 1 rem. 2 ex. de Peyré.
[Au cond.] Je voudrais tant que mon ménage ressemblât au vôtre... Je suis très ambitieux! (Bernstein, Secret, 1913, i, 6, p. 10).
[Dans une formule de politesse servant à engager une action, faire une proposition] Voulez-vous que nous discutions ensemble de ce problème? Voulez-vous que je vous offre quelque chose? (Van der Meerschds Lar. Lang. fr.).
γ) [Le compl. est un pron.]
[Le compl. est le pron. neutre le]
[Pour signifier à qqn qu'il a bien mérité ce qui lui arrive, qu'il doit accepter les conséquences de ses actes] Tu l'auras voulu; vous l'avez voulu, vous l'aurez voulu. Ne m'échauffe plus les oreilles, fillette. Tu l'as voulu; je te garde ici jusqu'à demain (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 90).
[Le suj. désigne une autorité, une pers. qui donne des ordres] Avec des ministres qui changent tous les dix-huit mois, rien n'est commode comme de répondre aux reproches les plus fondés: Le ministre l'a voulu (Stendhal, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 156).
Expr. [Le suj. désigne Dieu] Si Dieu le veut. Enfin, il a vu l'impression de deux œuvres en prose, les Commentaires de Socrate, (...) et Claire Lobscure, titre principal de plusieurs nouvelles pour être l'une et l'autre continuées si le veut Dieu (Verlaine, Œuvres en prose compl., Paris, Gallimard, 1972 [1884], p. 691).Dieu l'a voulu. Dieu l'a voulu. Et pour ce motif-là, j'accepterais aussi bien un monde qui ne serait que mal qu'une larme d'enfant (S. Weil, Pesanteur, 1943, p. 81).
Loc. Sans le vouloir. Sans en avoir l'intention. Synon. par inadvertance, involontairement.[Arnauld] a fait une chose humainement grande: il a créé la secte janséniste, mais sans le vouloir, sans même y songer (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 286).Il faut le vouloir. Il faut en avoir la volonté. L'amour est une fièvre, une maladie, et je suis guérie. Vous guérirez aussi, mais il faut le vouloir (Karr, Sous tilleuls, 1832, p. 142).
[Avec (tout) ce que] On trouve là tout ce qu'on veut. V. désirer II A 1 b ex. de Hugo.P. ext. Tout ce que tu voudras. Tout, tout ce qu'on peut imaginer. Tu connais ma tante Zulma?... Eh bien, étant enceinte, elle eut une envie de morue. C'était idiot, c'était grotesque, c'était tout ce que tu voudras, mais enfin elle eut cette envie (Courteline, Vie mén., Envie, 1890, i, p. 107).
Faire ce qu'on veut; fais ce que tu veux, ce que tu voudras; faites ce que vous voulez, ce que vous voudrez. Les clients, une fois sortis, font ce qu'ils veulent (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 235).Faire de qqn (tout) ce qu'on veut. Avoir une grande emprise sur cette personne, sur sa volonté, ses actes (d'apr. Ac.).
Savoir ce qu'on veut; ne pas savoir ce qu'on veut; ne savoir ce qu'on veut. V. savoir1I C 1.V. contradictoire ex. 6.
Ce que femme veut. V. femme I B 2 l ex. de Goncourt.Expr. proverbiale, p. plaisant. Ce que femme veut, Dieu le veut. V. dieu 2eSection II B 1.
[Le compl. est un pron. interr. ou une loc. interr.] Qu'est-ce que vous voulez? Le tour est joué. L'histoire est faite. Que voulez-vous de plus? Rien. Sinon: savoir pourquoi (L. Febvre, L'Hist. historisante, [1947] ds Combats, 1953, p. 118).Que veux-tu? V. que II A 1 a ex. de Giraudoux.
δ) [P. ell. de l'inf., de la complét. en que ou du pron. neutre]
[P. ell. de l'inf. ou du pron. neutre]
[Dans une tournure avec qui suj. ou compl.] Le fasse qui voudra. N'est pas journaliste qui veut. Trousser un écho, rédiger une chronique, faire un article, c'est un art (Coston, A.B.C. journ., 1952, p. 95).V. qui I B 1 c ex. de Valéry et qui I B 1 d ex. de Malraux.
Dans une loc. exclam. ou compar. Autant qu'on veut, tant qu'on veut, comme on veut, où on veut, quand on veut. Autant qu'on peut le souhaiter, à sa guise, à son gré. Comme tu voudras! Le gros des forces n'est pas libre d'agir où l'on veut et comme on veut (Foch, Princ. guerre, 1911, p. 165).Je descendrai jusqu'aux plaines, et je prendrai le courrier de Banon. Qu'est-ce que tu en dis, Ulalie? (...)Fais comme tu veux (Giono, Colline, 1929, p. 190).
Loc. Quand tu voudras, quand vous voudrez. Quand tu seras prêt, quand vous serez prêt. V. quand II ex. de Staël.
[P. ell. du pron. neutre le ou de la complét. en que] Expr. pop. Ça va(-t-il) comme tu veux/vous voulez? Et ça va toujours comme vous voulez, madame Laure? (A. France, Crainquebille, 1905, 3etabl., 1).
[P. ell. de l'inf.] C'est comme ça! On ne fait pas ce qu'on veut! (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 254).Ce que nous avons voulu dans ces pages, c'est présenter moins une défense qu'une illustration des jeunes paysans, faire saisir leurs difficultés (Debatisse, Révol. silenc., 1963, p. 263).
(N')en vouloir pour exemple, pour preuve, pour témoin que... (Ne) vouloir citer, donner pour exemple, pour preuve, pour témoin de quelque chose, que... La guerre (...) reçoit sa forme (...) des rapports qui existent au moment où elle éclate. Je n'en veux pour exemple que les transformations originelles qu'eurent à subir les armées de l'Europe se battant avec Napoléon pour arriver à la victoire (Foch, Princ. guerre, 1911, p. 38).J'en veux pour preuve qu'on peut remplacer l'objet par une photographie (Warcollier, Télépathie, 1921, p. 340).
c) [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose; c'est un subst. ou un pron. neutre]
α) Qqn veut qqc.Avoir l'intention déterminée d'obtenir quelque chose, souhaiter vivement quelque chose. Vouloir l'impossible; vouloir la paix; vouloir le bonheur de qqn. Une bourgeoisie basse et jalouse, qui nous hait et veut notre ruine (Sandeau, Mllede la Seiglière, 1848, p. 117).Maxence veut avant tout la vérité (Psichari, Voy. centur., 1914, p. 93).
Proverbes
Qui veut la fin veut les moyens. V. fin1B 1 ex. de Dumas père.[P. réf. au proverbe] L'essentiel est de vouloir la fin pour trouver les moyens (Capelle, Éc. demain, 1966, p. 71).
Si tu veux la paix, prépare la guerre. V. paix I A.
Loc. Vouloir le mal pour le mal. V. mal3III A 1.
[Le compl. d'obj. dir. désigne un objet concr.] On veut des romans d'amour, de chevalerie et les policiers de l'époque où il y a des revenants et des voleurs (Civilis. écr., 1939, p. 18-5).
[Le compl. d'obj. dir. désigne des avantages pécuniaires, soc.] Vouloir une augmentation, une promotion. V. ex. 7.
[Le compl. d'obj. dir. désigne une denrée comestible] Voulez-vous un apéritif? « Je veux des asparges », dit Anthime; la mère rectifia: « asperges », dis: « des asperges, ou tu n'en auras pas! » « Je veux des asparges! » (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 36).[Au cond.] Je voudrais un autre demi; pas vous?Non, j'ai trop chaud, dit Anne (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 225).
[Avec un attribut du compl. d'obj. dir.] Souhaiter avoir, proposer une chose qui présente certaines qualités. Vouloir un steack saignant. La merluche se réduit en une espèce de crème. Si vous la voulez verte, vous pilez des épinards dont vous joignez le suc (Gdes heures cuis. fr.,Grimod de la Reynière,1838, p. 159):
Cet art, il le veut conforme à ce qu'il appelle la réalité: c'est pourquoi il garde la nostalgie de certains aspects du réalisme. Il le veut agréable à sa sensibilité, brillant, luisant et quelque peu voluptueux... Cassou, Arts plast. contemp., 1960, p. 16.
β) [Avec compl. prép. à/pour] Souhaiter que quelque chose arrive à quelqu'un. Vouloir un avenir brillant pour qqn.
Vouloir du bien, du mal à quelqu'un. Souhaiter qu'une personne soit heureuse ou malheureuse; avoir de bonnes ou de mauvaises intentions à l'égard de quelqu'un. Je ne te veux absolument aucun mal (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 108).Ne jamais vouloir de mal à quelqu'un, ne vouloir de mal à personne. V. mal3II A 2 a ex. de Barante.
Un ami qui vous/te veut du bien. V. bien3I B 2 a.
[Dans une interr. dir. ou indir. à valeur exclam.; sert à exprimer le fait qu'une pers. craint qu'une autre pers. cherche à l'importuner] Qu'est-ce qu'il nous veut, ce gendarme, de nous examiner comme ça? (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p. 199).V. que ex. 11.
γ) Qqn veut qqc. de qqn.Attendre ou accepter quelque chose de la part de quelqu'un. Vous n'avez rien voulu de moi, dit Calyste, je rendrais votre fortune à vos héritiers (Balzac, Béatrix, 1839, p. 94).V. que II B 1 c ex. de Mauriac.
δ) [En parlant du prix d'une chose à vendre] Qqn veut qqc. de qqc.Demander tel prix pour tel objet. Vouloir tel prix de qqc. Que voulez-vous de ce cheval? (Ac.1835-1935).Je te l'achète cinq cents écus [ton bétail] ! et l'on tend la main pour « taper l'accord ».Non, j'en veux six cents! (Menon, Lecotté, Vill. Fr., 2, 1954, p. 67).
[P. ell. du compl. prép.] Combien veux-tu? V. combien I A 1 b rem.
d) [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.]
α) Qqn veut qqn.Rome veut un maître.
Désirer, posséder charnellement. Synon. désirer (v. ce mot II A 2 c).Vouloir une femme. Tu sais aussi que je te veux plus encore que tu ne peux me vouloir. Tout moi te veut. Je t'appartiens. Tu m'as demandée; je suis venue (Maran, Batouala, 1921, p. 122).
P. anal. [Le suj. désigne une jument] Vouloir l'étalon. Être en chaleur. (Ds Lar. Lang. fr.).
[Le compl. d'obj. dir. désigne un enfant auquel on donne naissance] Vouloir, ne pas vouloir d'enfant. Elle aurait voulu un garçon, parce que les garçons se débrouillent toujours (Zola, Assommoir, 1877, p. 468).
[Avec un compl. circ.] Je te veux avec nous, Raboliot (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 238).
Loc., vx. Se faire bien vouloir, mal vouloir de qqn. ,,Gagner son affection, s'attirer son inimitié`` (Ac. 1835, 1878).
[Avec un attribut du compl. d'obj. dir.] Et si tu consentais à n'être qu'à moi, oh! Je te voudrais la plus belle, la plus riche, voitures, diamants, toilettes (Zola, Nana, 1880, p. 1335).
Empl. pronom. réfl. Se proposer d'avoir telle ou telle attitude, tel ou tel caractère, et faire effort en ce sens. Se vouloir aimable, équitable; se vouloir témoin de son époque. Baudelaire, « l'homme qui s'est voulu grand poète sans être ni Hugo, ni Lamartine, ni Musset » (Guiraudds Langage, 1968, p. 442).
[Introd. par pour] Je le veux pour époux. Voici des travailleurs non capitalistes: (...) Est-ce que vous les voulez pour ennemis? (L. Blanc, Organ. trav., 1845, p. 64).
β) Loc. pop. Vouloir la peau de qqn. V. peau B 2 p. méton.
2. Affirmer, prétendre, soutenir péremptoirement (quelque chose). Il veut absolument avoir déjà rencontré cet homme quelque part. Il y a eu, il y a encore des sociétés sans état, même s'il est vrai, comme voulait Hegel, que l'histoire ne commence qu'avec l'avènement de l'État (Traité sociol., 1968, p. 390).
Absol., loc. pop. [Pour renforcer une réponse, pour marquer une assertion, une approbation] Je veux! je veux mon neveu ! Je prétends absolument, cela ne fait aucun doute, c'est sûr et certain. Synon. et comment! plutôt! je te crois.Alors comme ça vous l'avez connu?Je veux, dit Léonie. Ç'a été mon premier béguin (Queneau, Pierrot, 1942, p. 34).Bon, ça va être la fête au 8 de la rue que je te parle. Je veux, mon neveu (Sapho, Ils préféraient la lune, 1986, p. 85 ds Bernet-Rézeau 1989).
3. [À la 2epers., dans une phrase interr. ou exclam.; le compl. d'obj. dir. est une complét. Indique que le locuteur, résigné ou devant une situation insoluble, s'en remet à son interlocuteur ou le prend à témoin] Que voulez-vous que je vous dise? Comment veux-tu que je m'en sorte? Qu'est-ce que vous voulez que j'en sache? Mais qu'est-ce que tu veux que ça lui fasse, à bonne maman, de recevoir ou non une lettre de moi? (Gide, Si le grain, 1924, p. 376).V. comment I B 1 c ex. de Zola, qui I D 2 ex. de Claudel.
P. ell., parfois en incise. [Marque l'embarras ou la résignation] Que veux-tu, que voulez-vous. Qu'est-ce que vous voulez, mon garçon!... On m'a commandé de vous mettre dans le cachot de Bonnivard (...) Je vous mets dans le cachot de Bonnivard (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p. 209).
4. [Le compl. est un inf., une complét. en que ou un pron. neutre; souvent avec l'adv. postposé bien]
a) Accepter quelque chose, concéder quelque chose à quelqu'un, consentir à quelque chose. Voulez-vous danser avec moi? Vous voulez bien que je vous embrasse? Dorothy oh! mais avec plaisir! (Bourdet, Sexe faible, 1931, ii, p. 402).
[Dans une réponse ell.; formule de politesse par laquelle on donne son accord] « Encore un morceau?Je veux bien (...) » (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 77).
Loc. Que tu le veuilles ou non/Que vous le vouliez ou non. Avec ou sans ton/votre consentement. Car tu trembles! car j'ai senti, que tu le veuilles Ou non, le tremblement adoré de ta main (Rostand, Cyrano, 1898, iii, 6, p. 132).V. non I A 4 ex. de Mauriac.
[Formules servant à introduire un souhait dont on n'ose croire que le ciel accepte de le réaliser] Dieu veuille... Veuille le juste Ciel... Veuille le ciel n'avoir permis qu'à moi de le surprendre (Gide, Caves, 1914, p. 789).Dieu veuille vous garder à vous, ma Mère! (Bernanos, Dialog. Carm., 1948, ii, 4, p. 1590).
b) Loc. ell., gén. en incise
α) Si tu veux, si vous voulez, si l'on veut
Si cela te/vous fait plaisir. Si vous voulez, madame, Cette bourse est à vous, cette autre, et celle-ci (Musset, Coupe, 1832, iv, 1, p. 313).
[Précédé de ou ou de et; formule empl. pour marquer une précision ou pour introduire une approximation par rapport à ce qui a été exprimé] Elle est, depuis 1875, ou, si vous voulez, depuis 1878, aux mains des Républicains déclarés (Challemel-Lacour,1888ds Fondateurs 3eRépubl., p. 154).Réserves de méthode et, si l'on veut, de principe (L. Febvre, Entre Benda et Seignobos, [1933] ds Combats, 1953, p. 78).
[Fréq. dans la conversation; formule par laquelle on cherche à associer l'interlocuteur au déroulement du raisonnement, du propos, à lui signifier qu'on tient compte de sa présence] Cherchons ensemble, si vous voulez, les lois de la société, le mode dont ces lois se réalisent, le progrès suivant lequel nous parvenons à les découvrir (Proudhon, Lettre à Marx, 1846ds Doc. hist. contemp., p. 235).
Si vous le voulez. Un développement d'orchestre peignant, si vous le voulez, le passage tumultueux de la caravane, mais qui pourrait aussi bien peindre autre chose, ou ne rien peindre du tout (P. Lalo, Mus., 1899, p. 339).Il y a beaucoup à dire sur la Grande Bretagne et sur les Anglais, ce sera, si tu le veux bien, pour la revue (Nizan, Conspir., 1938, p. 157).
β) Si Dieu veut. Avec le consentement de Dieu. Et il faudra que je jette au monde beaucoup de petits tueurs, si Dieu veut, et avec l'aide des astres (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 573).
c) [Avec une valeur impér.; dans une phrase interr. à valeur exclam., ou dans une phrase exclam.] Voulez-vous me suivre? Voulez-vous fermer la porte! Voulez-vous vous taire, voulez-vous bien en finir! (Ac.1835-1935).Qui va faire l'article?... Daudet, voulez-vous vous en charger? (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 22).
[Au fut., exprime un ordre] Mademoiselle, vous voudrez bien aider un peu Alphonsine dans ses travaux de lingerie (Bazin, Vipère, 1948, p. 49).
[En fin de phrase] Veux-tu? voulez-vous? Hugo verse-moi à boire, veux-tu? (Sartre, Mains sales, 1948, 5etabl., 1, p. 180).
[Pour s'assurer de l'accord de son interlocuteur] Je viendrai dîner chez vous demain, voulez-vous? (L. Febvre, G. Espinas, [1950] ds Combats, 1953, p. 405).
Loc. exclam., p. ell. Veux-tu! [Tournure par laquelle le locuteur exprime son opposition à ce que fait son interlocuteur; souvent en empl. hypocor.] Yvonne! Yvonne! (Yvonne la frappe presque). Veux-tu! (Cocteau, Parents, 1938, i, 5, p. 211).
[Dans une formule de politesse, gén. avec bien; sert à tempérer l'ordre contenu dans l'inf. qui suit] Si Monsieur veut bien me suivre! Si sa Majesté voulait avoir la bonté d'agréer sa demande instante d'ordonner l'adoption de cette dernière solution (Affaire Dreyfus, 1900, p. 256).
[Précédé de prier de]
Bien vouloir. [Formule gén. considérée comme plus courtoise que vouloir bien] Je prie donc le lecteur de bien vouloir interdire que l'inconsistance de ce conte de fées nuise à ce qui précède (David, Cybern., 1965, p. 172).V. prier C 2 ex. de Farrère.Loc. Je vous prie de bien vouloir agréer. [Dans des formules épistolaires; exprime un « appel courtois au bon vouloir »; utilisé notamment lorsqu'on s'adresse à un supérieur hiérarchique (d'apr. Admin. 1972)] Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Ministre, les assurances de ma haute considération (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 334).
Vouloir bien. [Notamment dans des formules admin. et lorsqu'on s'adresse à une pers. d'un rang hiérarchiquement inférieur; tournure polie mais impér.] On le pria de vouloir bien en informer l'évêque (Billy, Introïbo, 1939, p. 113).
[À l'impér. de politesse] Veuillez continuer, poursuivre votre déposition; veuillez préciser votre question; veuillez entrer, vous donner la peine d'entrer. Veuillez n'en rien dire à personne (Ac.1835-1935).
[Dans des tournures épistolaires] Veuillez agréer, veuillez croire, chère Madame, à mes sentiments les meilleurs. V. agréer1ex. 16.
[Au cond. de politesse] Merci mon ami. Voudriez-vous nous laisser seuls (Camus, Possédés, 1959, 3epart., 15etabl., p. 1079).
d) [Avec une nuance concessive; le compl. est un inf., une complét. ou un pron. neutre] Admettre quelque chose, consentir à quelque chose. J'accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d'avoir été l'ouvrier diabolique de l'erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire (Zola, « J'accuse »,1898ds Doc. hist. contemp., p. 60).
[Souvent renforcé par bien] Ce n'est pas aussi important que l'on veut bien le croire; je veux bien croire que vous avez dit la vérité. Dans les arts, dans les lettres, et même dans ce qu'on veut bien appeler la politique (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 397).Les procédés photographiques de reproduction polychrome ne sont pas toujours aussi « mécaniques » qu'on veut bien le dire (Prinet, Phot., 1945, p. 72).
[Avec une complét. en que + subj.] Je veux bien que vous ayez oublié cela. Fam. Je veux bien que cela soit. Je suppose que cela est ainsi, quoique je n'en convienne pas. (Ds Ac.). Pop. [Avec l'indic.] Et la nièce, donc, l'héritière! on ne l'a jamais vue ici, sa nièce. Je veux bien qu'il y a eu des brouilles. Alors pourquoi qu'elle hérite? (Bernanos, Crime, 1935, p. 818).
Expr. Je veux être pendu si..., je veux qu'on me pende si... . V. pendre I A 2.
B. − P. anal. [Le suj. désigne une chose]
1. Loc. Vouloir dire
a) [Le suj. désigne un mot, une expr., un texte] Signifier, avoir telle signification. Que veut dire cette clause? (Ac.). Expliquer veut dire: ramener à des termes connus, et en linguistique expliquer un mot, c'est le ramener à d'autres mots (Sauss.1916, p. 259).
b) [Le suj. désigne une chose, un fait] Être le signe de quelque chose. Vouloir dire qqc. (v. dire1III A 3). J'apprends qu'ordre a été donné de traiter moins durement Dreyfus. Cela ne veut pas dire grand-chose... car les dernières nouvelles représentent le prisonnier comme mourant de fièvre et de dysenterie dans une cabane qui ressemble à la cage d'un fauve dans les jardins zoologiques (Affaire Dreyfus, 1900, p. 131).[À la forme interr., dans une formule par laquelle on exprime son étonnement ou sa réprobation] Mais que veut dire cela? Qu'est-ce que cela veut dire? (Ac.).
Loc. fam. Entendre ce que parler veut dire. V. entendre II A 1 b.
2.
a) Vieilli ou littér. Exiger telle ou telle condition pour se développer ou être réalisé de façon satisfaisante. Synon. nécessiter.L'honnêteté, la politesse ne voudrait-elle pas que... Cette affaire veut être conduite avec ménagement (Ac.).
[Le compl. d'obj. dir. est un subst.] Les papiers [d'état civil] veulent beaucoup de temps, et je ne sais pas si, avec l'activité que tu sais, j'aurai les miens le 15 août à cause des légalisations (Balzac, Lettres Étr., t. 3, 1846, p. 354).Toute analyse veut d'abord, comme outil, un langage approprié (M. Bloch, Apol. pour hist., 1944, p. 79).
[Le suj. désigne un végét.] Cette plante veut un terrain humide (Ac. 1878, 1935). Plante exigeante, le houblon veut des terres profondes, fertiles et fraîches (Industr. fr. brass., 1955, p. 4).
b) Exiger de par sa nature, tendre à. Un pantalon à sous-pieds, mais flétri, dont la façon voulait des bottes vernies (Balzac, Début vie, 1842, p. 479).Quelques récitatifs qui veulent être « dits » sans emphase et non « posés » (Berlioz, À travers chants, 1862, p. 216).
c) [Dans une phrase nég.; sert à renforcer la négation] Être capable de, ou être dans l'impossibilité de. La voiture ne veut pas démarrer. Ce bois ne veut pas brûler (Ac.). Cette machine ne veut pas marcher (Ac. 1935).
d) Empl. pronom. réfl. Se vouloir + attribut.Se donner pour, prétendre être, avoir tel ou tel caractère. Ce journal se veut objectif; peintures qui se veulent décoratives. Le répertoire du TNP se veut donc un répertoire de haute culture (Serrière, T.N.P., 1959, p. 164).Faut-il tenter de rassembler tous ces traits dans une définition qui se voudrait parfaite? (Salleron, Comment informer, 1965, p. 11).
3. [Le suj. désigne une réalité qui s'impose ou que l'on prend pour réf.]
a) [Le suj. désigne une puissance, une entité qui s'impose] Entraîner quelque chose, être responsable de quelque chose. C'est le siècle, c'est l'époque qui le veut. Si le malheur voulait que nous dussions subir une guerre (...) ce n'est pas pour une province que nous lutterions mais bien pour l'existence même de la patrie! (Clemenceau,1885ds Fondateurs 3eRépubl., p. 225).Antigone: Vous êtes odieux! Créon: Oui, mon petit. C'est le métier qui le veut (Anouilh, Antigone, 1946, p. 181).V. hasard I A ex. de Rolland.
b) [Le suj. désigne une réalité que l'on prend pour réf.; le verbe de la complét. est au subj.] La coutume, la loi, la règle, la théorie, la tradition, l'usage veut que... Nos habitudes veulent que nous entassions dans nos salons plus de monde qu'ils n'en peuvent contenir (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 296).Une légende orientale veut que de beaux yeux « pareils aux pétales de lotus épanouis » soient tombés dans une rivière où ils se sont miraculeusement multipliés (Metta, Pierres préc., 1960, p. 74).
4. [En fonction d'auxil. d'aspect; marque le fut. proche] Vieilli ou région. Rhumatismes ou fraîcheurs dont quelques-uns se ressentent encore quand le temps veut changer ([L'Héritier], Suppl. Mém. Vidocq, t. 1, 1830, p. xxxvj). Nous mettons il veut devant un infinitif, pour marquer le futur. Il veut pleuvoir, il veut faire beau (J. Humbert, Nouv. gloss. genev., 1852, p. 2).
5. Loc. À bouche(-)que(-)veux-tu
Vieilli. V. bouche II B 2 c.Au fig. V. bouche II A 3 d.
À pleine bouche, longuement. S'embrasser à bouche que veux-tu. V. bouche I B loc.
P. anal. et p. plaisant. Je me battais à poing que veux-tu (Zola, Contes Ninon, 1864, p. 264).
II. − Empl. trans. indir.
A. − [Le plus souvent à la forme nég.] Vouloir de
1. Vouloir de qqn.Être disposé à recevoir, à accepter quelqu'un. Ne plus vouloir de qqn. Ils savent que, pour jouer de façon à enchanter leur public, ils ont à peine besoin d'être dirigés; ils ne veulent pas d'un chef impérieux qui les contraindrait d'obéir et changerait leurs habitudes (P. Lalo, Mus., 1899, p. 347).
[Avec un compl. circ.] Le parti ne veut pas de Poincaré à l'Élysée (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 203).
[Avec un attribut de l'obj.] Ne pas vouloir de qqn pour esclave. Quant aux rédacteurs, c'est de singuliers pistolets, de petits jeunes gens dont je n'aurais pas voulu pour des soldats du train (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 259).Vouloir de qqn comme collaborateur, vouloir de MlleX pour épouse (Caput 1969).
2. Vouloir de qqc.[Souvent dans une phrase nég.] Être disposé à prendre, à accepter, à recevoir, à garder quelque chose. Ne vouloir de qqc. pour rien au monde. L'avenir m'effraye tant, que je ne veux pas de l'avenir, et le présent m'est insupportable (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 698).Vous avez tant de mérites réels, que vous devez être le premier à ne pas vouloir d'un mérite factice (Hugo, Corresp., 1862, p. 376).
[Avec un attribut de l'obj.] Je ne veux pas de cet argent comme aumône (Lar. Lang. fr.).
Loc. En vouloir pour son argent. V. argent II B loc. fig.Loc. adv. En veux-tu en voilà. V. voilà I A 1.
B. − En vouloir à qqn, à qqc.
1. S'en prendre à quelqu'un, s'attaquer à quelqu'un. En vouloir à la vie de qqn (Ac. 1835-1935). Il en voulait au genre humain tout entier (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 458).
Vieilli, fam. Avoir des prétentions, des vues sur quelqu'un, désirer rencontrer quelqu'un. Il en veut à cette fille (Ac.).
2. En vouloir à qqn.Éprouver de l'hostilité, du ressentiment, de la rancune à l'égard de quelqu'un. Je lui en veux à mort (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 257).
[Avec un compl. prép. de cause] En vouloir à qqn de, pour, à cause de qqc.Éprouver du ressentiment contre quelqu'un à cause de quelque chose. En vouloir à qqn d'être méchant. Je ne sais si l'on ne nous en veut pas plus d'un espoir déçu qu'on ne nous sait gré d'une faveur (Balzac, Lys, 1836, p. 160).
3. Empl. pronom. réfl.
a) S'en vouloir (de qqc.).Se reprocher quelque chose. Je m'en veux beaucoup, reprit-il en poussant le bateau à la mer (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 37).
[Avec un compl. prép. de] Il s'en veut de cet échec. Il s'en voulait d'avoir parlé trop vite (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1144).
[Au cond.] Cette réforme s'impose tellement que je m'en voudrais de vous faire perdre votre temps et de perdre le mien à vous en entretenir davantage (Gambetta,1876ds Fondateurs 3eRépubl., p. 318).
Expr. fam. [Exprime qu'à aucun prix on ne ferait ou n'accepterait telle chose] Je m'en voudrais! V. cucuterie ex. de Montherlant.
b) Loc., vx. Se vouloir mal de qqc. Regretter quelque chose, s'en vouloir. Je me veux mal de ma faiblesse (Ac. 1878, 1935).
4. En vouloir à qqc.Vouloir profiter de quelque chose. En vouloir à l'argent, au porte-monnaie de qqn. Il en veut à cette charge (Ac.).
C. − En vouloir.Loc. fam. Faire preuve d'une grande volonté, d'ambition. SPORTS. ,,Défendre sa chance avec acharnement`` (Petiot 1982). Le Racing qui en veut terriblement fait des efforts pour marquer (L'Auto-Vélo,23 déc. 1901,ds Petiot 1982).
Rem. 1. Au subj. prés. les formes veuillions et veuilliez sont maintenant considérées comme arch. et sont remplacées par voulions et vouliez (d'apr. Hanse Nouv. 1983). 2. L'impér. s'exprime au moyen des formes veuille, veuillez + inf., qui, dans les tournures nég., peuvent faire place aux formes veux, voulez: on a ainsi ne lui en veux pas trop, ne m'en voulez pas, à côté des formes plus élégantes ne m'en veuille pas, ne m'en veuillez pas. Les formules de politesse telles Veuillez agréer, cher Monsieur, veuillez croire, ont contribué à affaiblir la valeur des impér. veuille, veuillez.
REM. 1.
Vouleur, subst. masc.,hapax. Ce vouleur terrible, ce travailleur à outrance, se bat nuit et jour avec une créature qui est sa compagne de foyer et de lit! (Vallès, J. Vingtras, Insurgé, 1885, p. 300).
2.
Vouloir-, élém. de compos.entrant dans la constr. de subst. masc. formés sur le modèle de vouloir-vivre et exprimant la volonté de réaliser une action ou d'atteindre un état désigné par le 2eélém.a) Philos. [Chez Schopenhauer]
Vouloir-vivre. -Ensemble des désirs subconscients qui constituent le fond de l'individualité et qui est à l'origine de la reproduction des individus et de la continuité de l'espèce (d'apr. Julia 1984). Antoine (...) expliquait (...) la difficulté d'extraire le projectile (...): « Oubliez ce pistolet!... Laissez, laissez la balle!... C'est le vouloir-vivre... qu'il faut... resurexciter! » (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 196).
b) P. anal. α)
Vouloir-écrire. -On s'est moqué de son « vouloir- écrire » [de R. Barthes], de cette hésitation transie à l'orée d'une littérature dont les monstrespar lui adorésappartiennent à une race évanouie (Le Nouvel Observateur, 4 sept. 1982, p. 71, col. 3).
β)
Vouloir-être. -Une volonté opposée au vouloir-être (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1278).
γ)
Vouloir-faire. -L'acquisition laborieuse d'un pouvoir par habitude, étude, gymnastique ou exercice, conditionne le passage du vouloir-faire au faire (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 229).
δ)
Vouloir-paraître, -ling. ,,Motivation psychologique de l'acte verbal par lequel un sujet déterminé se sert d'un niveau de langue autre que celui qu'il utilise habituellement, afin de se prévaloir du prestige qui lui est attaché`` (Lar. Lang. fr.).
ε)
Vouloir-penser. -Je ne forme point de pensée sinon par ce pouvoir de penserpar ce vouloir-penserqui est le cogito lui-même (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 412).
Prononc. et Orth.: [vulwa:ʀ], (il) veut [vø]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. Ind. prés.: je veux, tu veux, il veut, nous voulons, vous voulez, ils veulent ; imp.: je voulais... ; fut.: je voudrai...; passé-comp.: j'ai voulu...; p.-q.-parf.: j'avais voulu...; passé ant.: j'eus voulu...; fut. ant.: j'aurai voulu...; cond.: je voudrais...; cond. passé: j'aurais voulu.... Subj. prés. que je veuille, que tu veuilles, qu'il veuille, que nous voulions, que vous vouliez, qu'ils veuillent, rem. jusqu'au xviies., uniquement: que nous veuill(i)ons, que vous veuill(i)ez d'après les formes fortes veuille(s), veuillent; au xviies. les deux séries se concurrencent; auj. que nous voulions, que vous vouliez l'emportent mais au xixes. les aut. emploient encore volon-tiers les anc. formes que Littré jugeaient meilleures: ,,C'est un barbarisme assez récent et désormais autorisé par l'usage que de dire voulions, vouliez; mais c'est un meilleur usage de dire veuillions, veuilliez``; subj. imp.: que je voulusse, que tu voulusses, qu'il voulût...; subj. passé: que j'aie voulu...; subj. p.-q.-parf.: que j'eusse voulu...; impér.: veuille, veuillons (inus.), veuillez formés sur le subj., empl. dans les formules de politesse et veux, voulons, voulez, formés sur l'ind. pour exprimer la détermination. Littré n'admet que la 1resérie: ,,Les autres formes sont récentes et à peine intelligibles``. Mais selon Grev. 1964674: ,,Elles sont utiles, indispensables même pour exprimer à l'impératif l'idée de « faire acte de volonté » (veuille, veuillez, réduits au rôle d'auxiliaires, sont devenus impuissants à le faire)``. Rem. L'expr. en vouloir (à qqn ou qqc.) sous sa forme nég. se modèle sur le subj. dans la lang. soignée: ne m'en veuillez pas et sur l'ind. dans la lang. cour.: ne m'en voulez pas (cette forme est aussi att. dans la lang. littér.). Voir Grev., ibid. Part. prés.: voulant; passé: voulu, -ue. Étymol. et Hist. I. « Avoir la volonté, l'intention, le désir » A. 1. suivi d'un inf. a) 881 parfait 3epers. plur. (Ste Eulalie, 3-4 ds Henry Chrestomathie, p. 3: Voldrent la veintre li Deo inimi, Voldrent la faire diaule servir); 881 p.-q.-parf. 3epers. sing. [marque l'antériorité] (ibid., 21, ibid.: A czo noˑs voldrent concreidre li rex pagiens); 881 parfait 3epers. sing. (ibid., 24, ibid.: Volt lo seule lazsier); 2emoit. xes. ind. prés. 1re, 2e, 3epers. sing., 3epers. plur. vol, vols, volt, volunt (St Léger, éd. J. Linskill, 96, 94, 136, 60); ca 1050 imp. subj. 1repers. sing. volisse (St Alexis, éd. Chr. Storey, 202); ca 1100 vuleir meilz « préférer » (Roland, éd. J. Bédier, 536; 2738); 1370-72 part. prés. adj. (Nicole Oresme, Ethiques, V, 16, éd. A. D. Menut, p. 306: quant il fait telle chose non voulant); b) 1176-81 empl. pronom. réfl. (Chrétien de Troyes, Chevalier de la charrette, éd. M. Roques, 2101: Car qui se vialt antrer i puet); id. (Id., Chevalier au lion, éd. M. Roques, 1451: qui se vialt, si l'oie), v. éd. W. Foerster, 1447, p. 294, note; cf. lat. sibi velle « se proposer, avoir dessein de »; c) ca 1180 subj. prés. 2epers. sing., visée jussive (Marie de France, Fables, éd. K. Warnke, LIII, 44, De Eremita: Ne vueilles mes Adam blasmer Se le fruit de l'arbre manja), v. Moignet, p. 210; d) 1690 le suj. désigne une chose [à laquelle on prête une volonté] (Fur.: ce bois ne veut pas brûler); 2. suivi d'une complét. introd. par que suivi du subj. ca 1050 (St Alexis, 39: Or volt que prenget moyler; 249); ca 1200 subj. prés. 3epers. sing., visée optative (Guiot de Provins, Armeüre du chevalier, 434 ds Œuvres, éd. J. Orr, p. 107: Li sire veuelle que...). B. Avec un nom, un pronom compl. 1. voleir aucune rien à aucun 2emoit. xes. voleir mal a « avoir de la haine pour » (St Léger, 101); 1174-87 voleir bien a (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 8514); av. 1630 pronom. réfl. se vouloir mal « se reprocher » (D'Aubigné, Sonnets, XII ds Œuvres, éd. E. Réaume et Fr. de Caussade, t. 3, p. 252: Je me veus mal à moy qui te suis trop fidelle); 1713 empl. pronom. réciproque (Hamilton, Gram., 8 ds Littré: Deux personnes qui se voulaient tant de bien); 2. avec compl. indir. voleir d'aucune rien « accepter, s'intéresser à, se satisfaire de » ca 1050 (St Alexis, 49: Mais ç'ost tel plait dunt ne volsist nïent); ca 1200 (Guiot de Provins, Bible, 535, p. 26: Lou chateil lait et prent la monte Li sires, s'en vuet); 3. voleir aucune rien ca 1100 (Roland, 2523: Ki herbe voelt, il la prent en gisant); 1835 spéc. part. passé adj. « conforme à une volonté, requis » formalités voulues (Ac.); 4. le compl. désigne un animé, une pers. a) ca 1100 (Roland, 40; 87: S'il voelt ostages); b) α) 1remoit. xiies. « aimer quelqu'un, l'avoir en faveur » (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, XXI, 8: Il fuit al Seignur, salvet lui, delivret lui, kar il vuelt lui); β) 1549 « désirer (une femme) » (Est.); 1920 en vouloir « vouloir de l'amour, aimer le plaisir ou l'amour » (Bauche, p. 230b); c) 1377 vouloir un oiseau « (en parlant d'un faucon) avoir envie de le poursuivre » (Gace de La Buigne, Deduis, éd. A. Blomqvist, 9684); 1845 vouloir [l'étalon] (en parlant d'une jument) (Besch.); 5. en vouloir à qqn a) 1549 « chercher à l'atteindre, le viser, le menacer » (Est.); 1646 en vouloir aux jours de qqn (Corneille, Héraclius, I, 4); b) ca 1590 en vouloir à qqn « éprouver de l'hostilité envers lui » (Montaigne, Essais, III, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 1044); c) 1799 pronom. réfl. s'en vouloir de + inf. « se reprocher de » (L. B. Picard, Collatéral, V, 2 ds Littré); 6. 1643 vouloir qqc. à qqn « en attendre quelque chose » (Corneille, Polyeucte, IV, 1: Gardes, que me veut-on?). C. Avec un pron. neutre compl. (représentant un inf. ou une complét.) a) ca 1050 empl. pronom. réfl. (St Alexis, 614: Ço ad ques volt); ca 1100 (Roland, 3674: Ço voelt li reis par amur cunvertisset); id. (ibid., 3625: Paien s'en fuient, cum Damnesdeus le volt); b) ca 1050 avec ell. du compl. (St Alexis, 597: Voilent o non, sil laissent enfodir); ca 1100 (Roland, 258: Se li reis voelt; 2801: Se vos volez). D. 1553 empl. abs. « avoir une volonté agissante » (Bible, Sap., 2, 18, impr. J. Gerard d'apr. FEW t. 14, p. 216b). II. « Consentir, acquiescer » 1. a) 1remoit.xiies. avec un subst. compl. « approuver, acquiescer à » (Psautier de Cambridge, XXXVI, 23: Del Seignur li alemant de hume serunt confermet, e la veie de lui voldrat); b) ca 1208 un inf. compl. (Geoffroi de Villehardouin, Conquête de Constantinople, éd. E. Faral,182: Alexis [...] prist de son tresor ce qu'il en pot porter, et mena de ses genz avec lui qui aler s'en voldrent; si s'enfui); c) ca 1274 avec une complét. (Adenet le Roi, Berte, éd. A. Henry, 827: Vueilliez que cors et ame et quanque j'ai soit vo); d) 1579 spéc. exprime une concession de l'esprit je veux que + subj. « j'admets, je concède que » (Fauchet, Antiq., II, 10 ds Hug.); 2. voloir bien a) 1174-87 pron. neutre compl. (Chrétien de Troyes, Perceval, 3613: Mes se vos voleiez venir Avoec moi jel voldroie bien); b) 1635 inf. compl. (Corneille, Médée, III, 2: Veut-elle bien céder à la nécessité?). III. Le suj. désigne une chose (à laquelle on attribue une volonté) 1. suivi d'une complét. introd. par que + subj. « avoir pour conséquence, pour effet, entraîner que » ca 1200 (Guiot de Provins, Chans., IV, 5, p. 7: Et mainte fois veult amors ke je soie Mes et pensis, dolens et corresus); 1573 id. + ind. le malheur veut que... (Baïf, Poèmes, l. V [II, 252] ds Hug.); 2. suivi d'un inf. 1534 (Rabelais, Gargantua, XXIV, éd. R. Calder et M. A. Screech, p. 186, 57: Sont ce [...] influences des astres qui voulent mettre fin à tes ayzes et repous?); 3. avec un pron. neutre compl. id. (Id., ibid., XXVI, p. 178, 66: La raison le veult ainsi); 4. avec compl. désignant une chose « exiger, réclamer » 1640 (Corneille, Horace, V, 2: Un si rare service [...] Veut l'honneur le plus rare et le plus éclatant). IV. Auxil. d'aspect; exprime le fut. proche, probable ca 1100 (Roland, 3404: Bataille veit cil ki entr'els volt estre); fin xiies. (Raoul de Cambrai, éd. P. Meyer et A. Longnon, 3527: Chaoir voloit del destrier arabi Quant .i. borgois en ses bras le saisi); ca 1433 impers. il veult pleuvoir (Passion de Semur, 1014 ds E. Roy, Mystère de la Passion en France, 1905, p. 21a). V. « Affirmer » 1616-20 vouloir que + ind. « affirmer que » (Aubigné, Hist. universelle, VIII, 21 ds Hug.: Quelques-uns veulent que ces paroles intimidèrent les chefs chrestiens). Du lat. vulg. *volēre (relevé sous la forme du gérondif volendi: fin ive-déb. ves., Aug., Serm., 186, 1 ds Blaise Lat. chrét.; de l'ind. prés. 2epers.: si vis, si voles viiies., Gloss. Reich., 551 d'apr. Vään., § 315), réfection du class. vĕlle d'apr. les formes à rad. vol- (volo, volui) sur le modèle de habui-habēre, potui-*potere. Vĕlle exprime le désir, la volonté (velis, nolis « bon gré, mal gré »); constr. avec un subst. à l'acc. (aquam velim, Plaute; pacem volo, Cicéron; spéc. bene velle aliquem « diligere », Catulle, v. FEW t. 14, p. 219a, note 4, ainsi que Ps. XXI, 9: salvum faciat eum, quoniam vult eum); avec un inf., une prop. inf. (spéc. avec un attribut et ell. de esse: te salvum volunt, Cicéron), avec un subj. précédé ou non de ut ou de ne; vĕlle exprime aussi l'affirmation, l'opinion (cf. Cicéron, De Or., I, 235); avec pour suj. un nom de chose, il signifie « exiger, demander » (si volet usus, Horace); à basse époque, il forme une sorte de fut. périphrastique « aller, être sur le point »: ives., Actes, XX, 13 [codex e]: volentes suscipere; vies., Corripus: jam properare volent ds Blaise Lat. chrét. Fréq. abs. littér.: 116 875 (vouloir-vivre : 28). Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 160 169, b) 166 510; xxes.: a) 174 742, b) 166 072. Bbg. Anscombre (J.-Cl.). Voulez-vous dériver avec moi? Communications. 1980, no32, pp. 100-102. − Blumenthal (P.). Imperfekt und Perfekt der frz. Modalverben. Z. fr. Spr. Lit. 1976, t. 86, pp. 26-39. − Olsson (K.). La Constr.: verbe + obj. dir. Thèse, Stockholm, 1976, pp. 150-174. − Hanse (J.). Déplacements réels ou prétendus de la nég. en fr. Mél. Bal. (W.). Cah. Inst. Ling. Louvain. 1984, t. 10, pp. 77-85. − Perret (D.). Le Rôle du sujet de l'énoncé ds certaines assertions. Fr. mod. 1974, t. 42, pp. 108-120; Les Verbes pouvoir et vouloir ds les énoncés de prop. Lang. fr. 1974, no21, pp. 106-121. − Quem. DDL t. 19, 29; 1 (s.v. vouleur). − Rapin (R.), Pohl (J.). À propos de vouloir, auxil. du futur. Fr. mod. 1961, t. 29, pp. 62-64. − Roques (G.). La Conjug. du verbe vouloir en a. fr. Colloque Internat. sur le M. Fr. 4. 1982. Amsterdam, 1985, pp. 227-268. − Schnur (M.). Das d. und das frz. System der modalen Hilfsverben. Z. rom. Philol. 1977, t. 93, pp. 276-293. − Streri (A.). Énonciation et référenciation: [...] vouloir et dire. Paris, 1979, 129 p. − Valognes (J.). Les Verbes du désir en fr. Thèse, Strasbourg, 1977, pp. 24-41. − Wunderli (P.). L'Impér. de vouloir. Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 12.1968. Bucarest, 1970, t. 1, pp. 557-567

VOULOIR2, subst. masc.

A. − Littéraire
1. Faculté de vouloir. Synon. volonté.L'ambition du vouloir humain; vouloir divin. Le manque de vouloir dans Louis (Chateaubr., Litt. angl., t. 1, 1836, p. 206).L'important déjà, c'est de comprendre comment les résistances et les souffrances, même contraires à nos plus vives aspirations, peuvent servir d'enseignement et de route à notre vouloir profond (Blondel, Action, 1893, p. 162).V. agir ex. 2.
2. Acte de volonté. Un vouloir de créer; mon vouloir; tel est mon vouloir. Jusqu'alors sa vie avait été composée d'actes sans volonté, de vouloirs impuissants (Balzac, Mmede La Chanterie, 1844, p. 219).[Pétrarque] l'avait trouvé faible [son cousin] mais inébranlable en ses vouloirs (Toulet, J. fille verte, 1918, p. 268).
Se rendre au vouloir de qqn. Se plier au désir, à la volonté de quelqu'un. J'observai que la fille m'étant confiée, je ne devais point l'exposer à attraper du mal, et Huriel se rendit cette fois à mon vouloir (Sand, Maîtres sonneurs, 1853, p. 120).
B. − Bon vouloir; mauvais vouloir
1. Vieilli. Bienveillance, malveillance; bonnes, mauvaises intentions. Les antipathies et les mauvais vouloirs des gens de ce salon, et les amabilités qui ressemblent à un instrument qui joue faux (Goncourt, Journal, 1888, p. 751).Il sut à quelles portes il fallait frapper; quelles paperasses il y avait à remplir, quels bons vouloirs à gagner aux divers échelons de la hiérarchie, quelles influences extérieures à mettre en jeu (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 165).
[Avec un compl.] Bon vouloir à l'égard de qqn. Bonne disposition à l'égard de quelqu'un. Ce que vous avez dit, mon général, prouve votre bonté et votre bon vouloir à mon égard, et je vous en suis bien sincèrement reconnaissant (Ségur, Auberge ange gard., 1863, p. 189).
Vx. Malin vouloir. Mauvais vouloir, intention de nuire. Il a témoigné son malin vouloir; il a un malin vouloir contre moi (Ac.1798-1878).
2. ,,Volonté considérée dans ses déterminations particulières`` (Foulq. 1971).
Bon vouloir, mauvais vouloir. Bonne volonté, mauvaise volonté. Il dit que, grâce au mauvais vouloir des petits propriétaires de son village, les haies des chemins sont « en anarchie » (Renard, Journal, 1901, p. 669).
Le bon vouloir de qqn. La libre décision, le bon plaisir de quelqu'un. Cela dépend de son bon vouloir. L'emploi de chacun a longtemps dépendu du bon vouloir patronal, tel que le concrétisait la toute-puissance du contremaître dans l'atelier (Traité sociol., 1967, p. 499).
REM.
Non(-)vouloir,(Non vouloir, Non-vouloir) subst. masc.,psychol. Suspension de la volonté, refus de vouloir. Je traverse une crise de non vouloir que rien ne fait espérer qui passera (Toulet, Corresp. avec un ami, 1920, p. 216).La tendance qui trouble un projet consiste toujours dans une intention contraire, dans un non-vouloir dont il nous reste seulement à savoir pourquoi il ne s'exprime pas autrement et d'une manière moins dissimulée (Freud, Introd. psychanal., trad. par S. Jankélévitch, 1959 [1922], p. 84).
Prononc. et Orth.: [vulwa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1130-40 « ce que l'on veut, volonté » (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis [ms. A], 420: Or voi bien que Dex maint en toi, Ton voloir puet faire de moi); ca 1160 faire toz ses voleirs; a son voleir (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 12610; 17502); 2. ca 1200 « action de désirer, de vouloir » (Chastelain de Couci, Chans., éd. A. Lerond, IV, 5: Adonc flourist mes cuers en un voloir de fine amour); id. (Guiot de Provins, Armeüre de chevalier, 593 ds Œuvres, éd. J. Orr, p. 112); 3. 1432 spéc. bon vouloir « disposition favorable à quelqu'un » (Charles d'Orléans, Ballades, 42, 27 ds Œuvres, éd. P. Champion, t. 1, p. 63: J'ay bon vouloir envers vous). Subst. de vouloir1*. Cf. l'a. fr. vueil « volonté » (842 meon vol cas oblique abs. « à ma volonté » Serments de Strasbourg ds Henry Chrestomathie, p. 2, 7), déverbal de voleir, vouloir1*. Bbg. Quem. DDL t. 37, 39.

Wiktionnaire

Nom commun - français

vouloir \vu.lwaʁ\ masculin

  1. Volonté, faculté de vouloir.
    • …, elle se sentit heureuse, comme on est heureux à vingt ans du premier exercice de son vouloir. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • Il pensa aussi qu'il était devenu meilleur, car, dans la force trop brutalement saine de son corps brisé, et la trop orgueilleuse énergie de son vouloir alangui, il était plus doux. — (Isabelle Eberhardt, La Rivale, 1904)
    • Et je me plongeais alors dans la plus absurde débauche, m’abandonnais jusqu’à l’illusion de supprimer en moi tout vouloir. — (André Gide, La porte étroite, 1909, réédition Le Livre de Poche, page 181)
  2. (Avec les adjectifs bon ou mauvais) Bienveillance, malveillance.
    • Le roi, par suite du mauvais vouloir des nobles et des privilégiés, allait avoir à traiter avec la nation qu'il redoutait. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
    • Des directeurs de conscience trop zélés ont obtenu de pénitentes trop dociles qu’elles rebutassent leurs époux par un mauvais vouloir quotidien ; et ces malheureuses ont cru sanctifier leur couche, en en bannissant le rite même auquel l’a destinée le Créateur. — (Jules Romains, Les Copains, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 153)

Verbe - français

vouloir \vu.lwaʁ\ transitif direct 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. Avoir l’intention, la volonté de faire quelque chose, s’y déterminer.
    • C'est là aussi que végètent misérablement les bédouines qui ont voulu suivre leurs maris prisonniers. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 94)
    • Il veut partir demain. Il veut faire ce voyage. Il n’en veut rien faire.
  2. (En particulier) Avoir une volonté agissante, efficace.
    • Cet homme veut ce qu’il veut. (Absolument) Il ne sait pas vouloir.
  3. Commander, exiger avec autorité.
    • La mode aurait voulu que lui et ses fils revêtissent des costumes flamboyants pour exécuter leurs concerts, […]. — (André Dhôtel, Le Pays où l’on n’arrive jamais, 1955)
    • Dieu le veut. Le roi veut que vous obéissiez. Votre père veut que vous alliez là.
  4. Avoir autorité sur l’homme, en parlant des choses.
    • La loi veut qu’on s’abstienne de telle chose. La raison veut qu’on prenne ce parti.
  5. Désirer ; souhaiter.
    • Il était difficile aux juifs d'échapper à leur sort, car, étant serfs de leurs seigneurs, ils n'avaient pas le droit de se déplacer comme ils l'auraient voulu. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • Le roi et les privilégiés auraient voulu que les états délibérassent comme en 1614, c'est-à-dire « par ordre ». Les privilégiés auraient eu immanquablement la majorité et les états auraient été incapables d'opérer aucune réforme sérieuse. — (Jacques Godechot, Les constitutions de la France depuis 1789, Garnier-Flammarion, 1970, page 22)
    • Ses économies sombraient, son ventre poussait, mais il ne s'en préoccupait guère; il buvait à longueur de temps avec ceux qui voulaient bien le suivre. — (Michaël Perruchoud, Poil au temps, Éditions L'Âge d’Homme, 2002, page 99)
  6. Permettre ; consentir.
    • Fallait que je me les caille assez pour que Mathis veuille bien me réchauffer à l'horizontale, mais pas trop ! Ça faisait une bonne heure que je poireautais et j'avais pas de réseau sur mon portable... — (J. Arden, Les chaînes du passé, volume 3 : Les sentinelles de l'ombre, Rebelle Éditions, 2014, chapitre 41)
    • Oui, je le veux bien. Si vous le voulez, il le voudra aussi.
  7. Prétendre ; affirmer avec une grande insistance.
    • Et enfin, vous voudriez que Dieu fît courir le soleil, qui est quatre cent et trente-quatre fois plus grand que la terre, rien que pour pommer nos choux ? — (Umberto Eco, L’île du jour d'avant, Grasset & Fasquelle, 1996)
  8. Demander un prix d’une chose qu’on veut vendre.
    • Il veut cent mille francs de sa terre. Combien voulez-vous, que voulez-vous de ce cheval ?
  9. Entraîner la nécessité de, par son caractère.
    • Cette affaire veut être conduite avec ménagement.
    • Cette plante veut un terrain humide.
    • Dans ce cas-ci se pose le problème de la sous-représentation des femmes dans un domaine qui voudrait qu'elles soient bien davantage concernées. — (Nuit blanche, n° 159, été 2020, page 32)
  10. Pouvoir, en parlant des choses inanimées.
    • Cette machine ne veut pas marcher. Ce bois ne veut pas brûler.
  11. (vouloir de, généralement sous forme négative) Accepter, malgré des conditions ou des conséquences défavorables.
    • Je n’en ai pas voulu parce qu’outre qu’il louchait abominablement ; il aurait fallu me séparer de ma fille, et, de fait, je ne m’en souciais pas. — (Henry Monnier, Les bourgeois de Paris, 1854)
    • Il n’eût pas voulu d’un trône à ce prix.
    • Je n’en veux à aucun prix.
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Littré (1872-1877)

VOULOIR (vou-loir), je veux, tu veux, il veut, nous voulons, vous voulez, ils veulent ; je voulais ; je voulus ; je voudrais ; veuille, qu'il veuille, veuillons, veuillez, qu'ils veuillent ; que je veuille, que tu veuilles, qu'il veuille, que nous voulions, que vous vouliez (voy. sur ces deux dernières formes la remarque 2), qu'ils veuillent ; que je voulusse ; voulant ; voulu v. a.
  • 1Être en volonté de. Vouloir ce que Dieu veut est la seule science Qui nous met en repos, Malherbe, VI, 18. Qui veut également tout ce qu'on lui propose, Dans le secret du cœur souvent veut autre chose, Corneille, Othon, v, 1. Ne veuillez pas vous perdre, et vous êtes sauvé, Corneille, Poly. IV, 3. M. de Beaufort et Mme de Montbazon ne voulaient proprement rien à force de tout vouloir ; et ces sortes d'esprit assemblent toujours dans leurs imaginations des choses contradictoires, Retz, Mém. t. II, liv. III, p. 221, dans POUGENS. [Louis XIV] Voulant la paix, quoiqu'il fasse la guerre Avec succès, depuis plus de trente ans, La Fontaine, Poés. mêlées, LXXII. Célimène : Voulons-nous nous asseoir ? - Arsinoé : Il n'est pas nécessaire, Molière, Mis. III, 5. Elle [une religieuse] sort quand elle veut ; mais elle ne le veut guère, parce qu'elle a principalement dans la tête de vouloir aller en paradis, Sévigné, 322. La profonde obscurité du cœur de l'homme, qui ne sait jamais ce qu'il voudra, qui souvent ne sait pas bien ce qu'il veut, Bossuet, Anne de Gonz. Ô mon Dieu, dit-il, vous le voulez ; que votre volonté soit faite ; je me jette entre vos bras, Bossuet, Louis de Bourbon. Saint Thomas a dit que la volonté était naturellement réfléchissante sur elle-même, qu'on aimait à aimer, qu'on voulait vouloir, Bossuet, États d'orais. v, 5. Dès que l'âme veut que le bras soit mû, le bras est mû, quoiqu'elle ne sache pas seulement ce qu'il faut faire pour le remuer, Malebranche, Rech. vér. II, I, 5. Laissez faire, ils ne sont pas au bout ; J'y vendrai ma chemise, et je veux rien ou tout, Racine, Plaid. I, 7. Moi, je ne veux rien ; c'est ma femme qui veut, Destouches, Fausse Agnès, I, 1. Puisque madame le veut, que Suzanne le veut, que vous le voulez vous-même, il faut bien que je veuille aussi, Beaumarchais, Mar. de Figaro, II, 20. Vous me donnez l'espérance d'un temps plus heureux ; je veux espérer, Letourneur, Trad. de Cl. Harl. Lett. LXXXII.

    Absolument. Si tout est fait pour nous, s'il ne faut que vouloir, Que n'employons-nous mieux ce souverain pouvoir ? Que ne régnons-nous sur nous-mêmes ? Deshoulières, t. I, p. 132. Et vous reconnaîtrez mes soins, si vous voulez, Racine, Andr. IV, 3. Encore une fois, il faut vouloir ; le célèbre curé de Saint-Sulpice voulut, et il bâtit sans aucun fonds un vaste édifice [Saint-Sulpice], Voltaire, Pol. et lég. Embell. de Paris. On ne peut vouloir qu'en conséquence de ce qu'on sent ou de ce que l'on a senti, Bonnet, Ess. anal. âme. XI. J'ai toujours la puissance de vouloir, non la force d'exécuter, Rousseau, Ém. IV. Dès lors elle [l'âme] ne se borne plus à désirer ; elle veut ; car on entend par volonté, un désir absolu, et tel, que nous pensons qu'une chose désirée est en notre pouvoir, Condillac, Traité sens. I, II, 9.

    Terme de turf. Comme il veut, exclamation que pousse souvent la foule au moment où le cheval gagnant va atteindre le poteau, et signifiant qu'il lui est facile de gagner sans effort.

    Vouloir ou en vouloir, se dit, en termes de haras, d'une jument qui paraît disposée à souffrir l'étalon.

    Tu l'as voulu, vous l'avez voulu, se dit par forme de reproche à quelqu'un qui a fait quelque faute contre laquelle il avait été prémuni. Vous l'avez voulu ; vous l'avez voulu, Georges Dandin, vous l'avez voulu ; cela vous sied fort bien, et vous voilà ajusté comme il faut, Molière, G. Dand. I, 9.

    On dit : Je voudrais au lieu de : je veux, pour exprimer modestement son désir. Je voudrais vous entretenir en particulier.

    Par une sorte de défi. Je voudrais bien voir qu'il osât l'entreprendre. Je voudrais bien voir cela.

    Il ne sait ce qu'il veut, se dit d'un homme irrésolu, qui ne sait pas se décider.

    Faire de quelqu'un ce qu'on veut, tout ce qu'on veut, avoir un grand empire sur ses sentiments, sur ses actions. Un roi n'a qu'à vouloir ; on fait de cette nation-ci [la française] tout ce qu'on veut, Voltaire, Dict. phil. Courtisan lettré.

    Cet homme veut ce qu'il veut, il l'exige, il le veut fortement.

    Familièrement. Que veux-tu, que voulez-vous (sous-entendu, qu'on dise, qu'on fasse) ? et signifiant il en est ainsi. Que veux-tu, mon pauvre nourricier ? il faut bien obéir à notre maître, Molière, Méd. malgré lui, I, 5. Que veux-tu ? mais, s'il faut ne te rien déguiser, Mon innocence enfin commence à me peser, Racine, Andr. III, 1. Que voulez-vous ? il a les préjugés de son pays, ceux de son parti et les siens propres, Voltaire, Dial. XVI. Le comte : Je ne te reconnaissais pas, moi ; te voilà si gros et si gras… - Figaro : Que voulez-vous, monseigneur ! c'est la misère, Beaumarchais, Barb. de Sév. I, 2.

    Dieu le veuille ! se dit pour marquer qu'on souhaite qu'une chose arrive ou qu'on en doute.

    Il veut que cela soit, veuille Dieu, veuille diable, se dit d'un homme qui veut venir à bout de quelque chose à quelque prix que ce soit et par toutes sortes de moyens, justes ou injustes.

    On dit dans le même sens : Veuille Dieu, veuille sa mère.

  • 2Vouloir, avec un nom de personne pour complément, avoir la volonté que la personne soit telle ou telle, ou qu'elle se présente. Je vous veux raisonnable. Mascarille : Voulez-vous deux témoins qui me justifieront ? - Albert : Veux-tu deux de mes gens qui te bâtonneront ? Molière, Dép. amour. III, 10. Dieu vous voulait où vous êtes, Maintenon, Lettre à Mme de Bouju, t. v, p. 267, dans POUGENS.

    Vouloir une femme, en désirer la possession. Je sais que les ans lui mettront Comme à toi les rides au front, Et feront à sa tresse blonde Même outrage qu'à tes cheveux : Mais voilà comme va le monde, Je t'ai voulue, et je la veux, Malherbe, IV, 16.

  • 3Commander, exiger avec autorité. Il a dit : Je le veux, désobéirez-vous ? Corneille, Cid, II, 1. Je veux moins de valeur et plus d'obéissance, Racine, Iphig. IV, 6. Sa fière autorité veut de la déférence, Voltaire, Sémiram. I, 4. Je le veux, je le veux… comme il dit çà, ce monsieur ! je le veux… ah ! le roi dit bien : nous voulons, Collé, Part. de chasse, III, 7. Obéissez, je le veux. - Ma foi, il a dit : je le veux, comme un homme qui y est habitué, Al. Duval, Menuis. de Livonie, III, 3.
  • 4Souhaiter, désirer. Qu'est-ce que vous voulez, mon papa ? ma belle maman m'a dit que vous me demandez, Molière, Mal. imag. II, 11. Je voudrais que toutes les âmes éloignées de Dieu fussent présentes à ce discours, Bossuet, Anne de Gonzague. Voulez-vous du public mériter les amours, Sans cesse en écrivant variez vos discours, Boileau, Art p. I. Cependant, quand je veux oublier cet outrage, Et cacher à mon cœur cette funeste image, Vous osez à mes yeux rappeler le passé ! Racine, Mithr. IV, 4. Je viens vous rappeler qu'on me veut pour lord-maire, Delavigne, Popularité, I, 8. Je voudrais m'emparer de toute la nature, P. Lebrun, Marie Stuart, III, 1.
  • 5Consentir à. Oui, je le veux bien. Il faut vouloir tout ce que vous voulez. Veut-elle bien céder à la nécessité ? Corneille, Médée, III, 2. Je veux bien l'avouer, ces nouvelles m'étonnent, Corneille, Hor. III, 5. Seigneur, voulez-vous bien vous en fier à moi ? Corneille, Nicom. IV, 3.

    Par civilité, veuille, veuillez, aie, ayez la bonté, la complaisance. Veuille me dire au plus tôt ce que tu penses de tout cela. Veuillez vous souvenir Que les événements régleront l'avenir, Corneille, Pomp. II, 4. Veuillez être discret, Et n'allez pas, de grâce, éventer mon secret, Molière, Éc. des femmes, I, 6.

    Voulez-vous bien ? est quelquefois une formule impérative. Voulez-vous bien vous taire ? taisez-vous. Voulez-vous bien finir ? finissez. Voulez-vous bien n'être pas joli comme ça ! Beaumarchais, Mar. de Fig. II, 6.

    Je veux bien a quelquefois une signification hautaine comme de supérieur à inférieur. Je veux bien que vous sachiez que vous n'avez rien à ordonner ici. Si vous ne le savez, je veux bien vous l'apprendre, Corneille, Nicom. II, 3.

    Anciennement, vouloir bien, ne pas craindre de. [Condé, répondant à la harangue du président de Maisons, dit] qu'ayant appris de la bouche de la reine que Sa Majesté ne leur avait permis de s'assembler que pour le tarif et les rentes, il voulait bien leur dire qu'il ne souffrirait point leur désobéissance ni leurs entreprises, Mme de Motteville, Mém. à la date de 1648. Je quittai un mari qui m'aimait, pour me jeter entre les bras d'un jeune homme qui avait bien voulu depuis peu de temps me faire savoir que je lui étais devenue odieuse, Scarron, Nouvelles, l'Adultère innocent. Cela [la perruque exprimée en vers] est dit en quatre vers que je veux bien vous écrire ici, afin que vous me mandiez si vous les approuvez, Boileau, Lett. à Maucroix, 29 avril 1695.

  • 6Il s'emploie pour marquer la concession que l'on fait, pour admettre hypothétiquement une chose. Je vous que cette offense attaque votre gloire ; Mais qui l'osa commettre a pu ne pas le croire, Rotrou, Antig. IV, 6. Ils regorgent de biens et d'honneurs, je le veux, Bourdaloue, 1er avent, sur la récompense des saints. Qu'il soit doux, complaisant, officieux, sincère ; On le veut : j'y souscris, et suis prêt à me taire, Boileau, Sat. IX. Mais je veux qu'on vous laisse une part dans la gloire : Que produit pour l'État cette noble victoire ? Delavigne, Vêpr. sicil. I, 2.

    Familièrement. Je veux bien que cela soit, je veux que cela soit, je suppose que cela soit, quoique je n'en convienne pas, ou quand cela serait vrai.

    Si vous voulez, si vous l'admettez. Quand on veut parler d'un grand conquérant, chacun pense à Alexandre ; ce sera donc, si vous voulez, ce même Alexandre qui nous fera voir la pauvreté des rois dans leurs conquêtes, Bossuet, la Vallière. Le corps qui avait concentré dans ses mains tous les pouvoirs, manqua aux engagements qu'il avait pris avec ses sujets, ou, si l'on veut, avec ses esclaves, Raynal, Hist. phil. IV, 31. Que voulez-vous qu'il ait dit… ? comment imaginez-vous qu'il ait pu dire… ? Que voulez-vous, mon père, que j'aie fait ? Molière, Fourber. II, 3.

  • 7Prétendre. Chacun veut en sagesse ériger sa folie, Boileau, Sat. IV. Cette inclination qu'on veut que vous ayez pour le jansénisme, Maintenon, Lett. au card. de Noailles, 20 nov. 1702. Je ne sais ; il veut absolument Que j'aie eu quelque part à cet enlèvement, Baron, École des pères, IV, 2. Oui, grand Dieu, c'est en vain que l'humaine faiblesse Sans toi veut se parer du nom de la sagesse, Racine L. la Grâce, I. Saviez-vous que c'est moi que ce couplet veut ridiculiser ? Genlis, Théâtr. d'éduc. le Méchant par air, IV, 6.
  • 8Vouloir de, avec un substantif pour complément, rechercher, accepter. Je ne veux point d'un trône où je sois leur captive, Corneille, Othon, III, 3. Vous avez dit qu'il était bien aisé de quitter le monde, quand le monde ne voulait plus de nous, Massillon, Avent, Afflictions. Que le public veuille ou non veuille De tous les charmes qu'il accueille…, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 14. Si Mlle Gothon veut bien de monsieur, il n'y a pas à aller par quatre chemins, Carmontelle, Prov. la Guinguette, sc. 6. Je ne veux pas d'un monde où tout change, où tout passe, Lamartine, Médit. I, 18.

    Populairement. En veux-tu ? en voilà, abondamment, en grande quantité. C'était un bal magnifique : il y avait des glaces en veux-tu ? en voilà.

  • 9Demander un prix d'une chose qu'on veut vendre. Il veut cent mille francs de sa terre. Combien voulez-vous, que voulez-vous de votre voiture ?
  • 10 Fig. Se dit des choses qui ont de l'autorité. La loi veut que… La raison voulait qu'on prît ce parti. Ce qu'il [Calvin] pouvait [dans la conjuration d'Amboise] ? rompre absolument l'entreprise, en la faisant déclarer au roi ou à la justice ; l'ordre des empires le veut ; la loi éternelle l'ordonne, Bossuet, Déf. Var. 1er disc. 19.

    Le malheur, le bonheur a voulu que…, il est arrivé par malheur, par bonheur que… Puisque mon malheur veut que je sois cette victime publique, Guez de Balzac, liv. I, lett. 5. Son bonheur voulut que les Turcs ne l'attaquassent pas dans ces funestes conjonctures, Voltaire, Ann. Emp. Ferdinand II, 1634.

  • 11 Fig. Être d'un caractère à exiger l'emploi de (avec un nom de personne pour sujet). Il y a des enfants qui veulent être menés par la crainte. Ils vous diront… Qu'aux larmes, au travail le peuple est condamné, Et d'un sceptre de fer veut être gouverné, Racine, Athal. IV, 3.
  • 12 Fig. Demander, réclamer, avec un nom de chose pour sujet. Un si rare service… Veut l'honneur le plus rare et le plus éclatant, Corneille, Hor. v, 2. Comme en un grand dessein et qui veut promptitude…, Corneille, Sert. v, 6. Un intérêt pressant veut que je vous implore, Racine, Esth. II, 7. Et pour être approuvés De semblables projets veulent être achevés, Racine, Mithr. III, 1. Les ouvrages qui veulent être faits avec une certaine légèreté, Rousseau, Conf. III. L'histoire de ses maux voudrait un long discours, Delille, Én. I. L'amitié ne veut pas qu'on tente l'impossible, Arnault, Oscar, I, 3.

    Il se dit, dans un sens analogue, des cas régis par une préposition, par un verbe, des modes exigés par une conjonction. Quoique veut le subjonctif. Ce verbe veut l'accusatif. Cette préposition veut l'ablatif.

  • 13 Fig. Se prêter à, avec un nom de chose pour sujet. Cette machine ne veut pas marcher. Ce n'est pas seulement la propriété d'avoir qu'on a attribuée à des êtres inanimés et à des idées abstraites, on leur a aussi attribué celle de vouloir ; on dit : Ce bois ne veut pas brûler ; cette clé ne veut pas tourner, etc. Dumarsais, Trop. II, 1.
  • 14Être disposé de manière à. La disposition et la décoration de ces jardins [de Colbert à Sceaux] voulaient rappeler en petit ceux de Versailles, J. Dumesnil, Histoire des amat. franç. t. II, p. 329.
  • 15Vouloir du bien, vouloir du mal à quelqu'un, avoir de l'affection ou de la haine pour lui. Peuple, qui me veux mal, et m'imputes à vice D'avoir…, Malherbe, v, 4. C'est me vouloir du bien d'une étrange manière ! Molière, Mis. IV, 3. L'amour par lequel on se veut du bien et on désire en général sa béatitude, Bossuet, Préf. sur l'instr. past. de M. de Cambrai, VI, 71. Mlle d'Hamilton ne lui voulut aucun mal de la promptitude dont il obéissait au roi son maître, Hamilton, Gram. 11. Le pauvre garçon est sensible, et on lui en veut du mal, Marivaux, Pays. parv. 6e part. Je me trouve bien confuse de voir que vous m'ayez tant aimée, vous qui devez me vouloir tant de mal, Marivaux, Marianne, 4e part. J'ai l'âme aimante, et je me suis toujours attaché aux gens, moins à proportion du bien qu'ils m'ont fait que de celui qu'ils m'ont voulu, Rousseau, Conf. III.

    Particulièrement. Vouloir du bien à quelqu'un, être disposé à le protéger, à l'avancer. J'honore sa valeur, j'estime sa personne, Et penche d'autant plus à lui vouloir du bien, Que, s'en voyant indigne, il ne demande rien, Corneille, Héracl. I, 2. Je le gronde quelquefois ; mais je lui veux du bien, Goldoni, Bourru bienfais. II, 2.

    Que le mal que je lui veux m'arrive, me puisse arriver, se dit pour exprimer qu'on est bien éloigné de souhaiter du mal à quelqu'un. Je ne l'aime guère ; que le mal que je lui veux m'arrive ! Genlis, Théâtre d'éduc. la Lingère, I, 2.

    Fig. Vouloir du mal, vouloir mal à une chose, la condamner, en être irrité. Je suis sotte, et veux mal à ma simplicité De conserver encor pour vous quelque bonté, Molière, Mis. IV, 3. Que l'éclat de la plus belle victoire paraît sombre [à côté d'une mort chrétienne] ! qu'on en méprise la gloire et qu'on veut de mal à ces faibles yeux qui s'y sont laissé éblouir ! Bossuet, Louis de Bourbon.

    Se vouloir du bien, du mal, avoir de l'affection, de l'inimitié l'un pour l'autre. Deux personnes qui se voulaient tant de bien, Hamilton, Gram. 8. Je n'ai vu jamais aucun de ceux qui l'entouraient se vouloir du mal l'un à l'autre, Rousseau, Confess. v.

    Fig. Se vouloir mal de quelque chose, s'en faire des reproches. Je l'aime et le dédaigne, et, n'osant m'attendrir, Je me veux mal des maux que je lui fais souffrir, Corneille, Tite et Berén. I, 1. Laissez ; je me veux mal d'une telle faiblesse, Molière, D. Garc. II, 6. Je me veux mal de mort d'être de votre race, Molière, Fem. sav. II, 7.

    Se faire bien vouloir, mal vouloir de quelqu'un, gagner son affection, s'attirer son inimitié.

  • 16Vouloir le bien de quelqu'un, vouloir lui être utile. Le prétexte ordinaire de ceux qui font le malheur des autres, est qu'ils veulent leur bien, Vauvenargues, Réfl. 160.
  • 17En vouloir à quelqu'un, avoir contre lui un sentiment de rancune. Ne m'en veuille pas trop d'avoir agi sans te consulter. Leur secte [des chrétiens] est insensée, impie et sacrilége… Mais sa fureur ne va qu'à briser nos autels, Elle n'en veut qu'aux dieux, et non pas aux mortels, Corneille, Poly. I, 3. Il faut que l'on en veuille à Mlle de Murçai à la poste, ou que son écriture indéchiffrable en veuille aux yeux des commis, Maintenon, Lett. à Mme de Villette, 3 fév. 1682. Comme il [Hartsoeker] était accusé d'en vouloir toujours aux plus grands hommes, tels que MM. Huyghens, Leibnitz, Newton, il se justifie par en parler plus librement que jamais, Fontenelle, Hartsoeker. Aristophane en voulait à Euripide ; il va dans cette pièce jusqu'à lui reprocher qu'il était fils d'une vendeuse d'herbes, Fontenelle, Rem. sur Aristoph. Les anciens peignaient Jupiter prenant le tonnerre composé de trois flèches brûlantes dans la patte de son aigle, et le lançant sur ceux à qui il en voulait, Voltaire, Dict. phil. Tonnerre.

    En vouloir à la vie de quelqu'un, avoir formé le projet de le tuer. Je ne suis plus son fils, s'il en veut à vos jours, Corneille, Héracl. I, 4. Va, César est bien loin d'en vouloir à ta vie, Voltaire, M. de Cés. I, 3.

    En vouloir à, avec un nom de chose comme complément, être irrité contre cette chose, la condamner. Voilà, mon père, comme agissent ceux qui n'en veulent qu'aux erreurs, et non pas aux personnes ; au lieu que vous, qui en voulez aux personnes plus qu'aux erreurs, vous trouvez que ce n'est rien de condamner les erreurs, si on ne condamne les personnes à qui vous les voulez imputer, Pascal, Prov. XVIII. Elle [l'hérésie] n'en voulait d'abord parmi nous qu'aux abus prétendus du culte ; elle a depuis attaqué le culte lui-même, Massillon, Petit carême, Obstacles.

    S'en vouloir, se reprocher un tort. Non, laissez-moi, je m'en veux de vous avoir écouté si longtemps, Picard, Collatéral, v, 2.

    En vouloir à, avoir des prétentions sur. Cousine, il te connaît, et t'en veut tout de bon, Corneille, le Ment. III, 5. Puisque Jason en veut à la toison dorée, Corneille, Tois. d'or, IV, 1. Quand l'ennemi se présentant, Comme il en voulait à l'argent, Sur le mulet du fisc une troupe se jette, La Fontaine, Fabl. I, 4. Un certain drôle qui, dit-on, en veut à ma nièce, Hauteroche, Cocher supposé, sc. 20. J'en veux à votre cœur, non pas à votre bourse, Montfleury, Femme juge et partie, II, 2. Marton, quel est donc cet homme qui vient de me saluer si gracieusement, et qui passe sur la terrasse ? est-ce à vous à qui il en veut ? Marivaux, Fauss. confid. I, 6. Je sais bien qu'en amour il n'est pas mal d'avoir le consentement de la personne à qui on en veut, Voltaire, l'Ingénu, 5.

    En vouloir à, diriger une attaque sur. D'autres disaient qu'on en voulait à quelque petite ville du pays de Trèves, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 402. Ouais ! il me semble que j'entends un chien qui aboie ; n'est-ce point qu'on en voudrait à mon argent ? Molière, l'Av. I, 7. M. de Louvois est parti pour voir ce que les ennemis veulent faire : on dit qu'ils en veulent à Maestricht, Sévigné, 293. Toujours la calomnie en veut aux gens d'esprit, Gresset, le Méch. I, 2.

    En vouloir signifie aussi quelquefois chercher, désirer de rencontrer. Je ne te cherchais pas, j'en voulais à ton maître, Hauteroche, Esp. foll. v, 13.

    À qui en voulez-vous ? qui prétendez-vous attaquer ? et aussi, qui demandez-vous ? qui cherchez-vous ? Êtes-vous de cette maison, ma bonne dame ? - Oui, monsieur ; à qui en voulez-vous, vous dis-je ? Lamotte, Magnifique, II, 4.

    À qui en veut-il ? de qui se plaint-il ?

    Fig. Le bonheur en veut à…, la chance est pour… Le bonheur en voulut à mon père ; Vardes tomba et fut désarmé, Saint-Simon, 10, 120.

    Le malheur lui en veut, la chance est contre lui. Hélas ! la pauvre fille, le malheur lui en voulait, ce jour là, Marivaux, Pays. parv. 1re part.

  • 18Vouloir dire, signifier. Que veut dire ce mot, ce procédé ? Equus veut dire en français cheval.

    Entendre ce que parler veut dire, comprendre à demi-mot.

    Que veut dire cet homme ? que prétend cet homme ? que demande-t-il ?

    Que veut dire cela ? Que veut dire ceci ? s'emploie quelquefois pour marquer un simple étonnement.

    Qu'est-ce que cela veut dire ? affirme un sentiment mêlé d'improbation.

    Que veut dire cette clause ? elle ne signifie rien.

    Que veulent dire ces vers ? on n'en comprend pas le sens.

  • 19Au XVIIe siècle, quand vouloir était suivi d'un verbe réfléchi, on mettait souvent le pronom personnel avant le verbe vouloir ; cela peut encore être employé. Je me suis voulu jeter dans le hasard, Corneille, Héracl. II, 2. Les examinateurs s'étant voulu écarter un peu de cette méthode, Pascal, Prov. III. Et Mignot aujourd'hui s'est voulu surpasser, Boileau, Sat. III. Comme cette affaire fit alors un fort grand bruit, et que les ennemis de Port-Royal s'en sont voulu prévaloir dans la suite contre ce monastère, Racine, Port-Royal, I. À propos de la paix de Ryswyk, ne trouvez-vous pas qu'elle est si glorieuse aux alliés et nommément au roi Guillaume, qu'on ne peut assez admirer que la France se soit voulu assujétir à une mortification si honteuse ? Bayle, Lett. à Constant, 14 nov. 1697.

    Dans ces cas, l'usage du XVIIe siècle était de ne pas faire accorder voulu, malgré la forme réfléchie.

    PROVERBE

    Ce que femme veut, Dieu le veut, les femmes veulent ardemment ce qu'elles veulent, et viennent à bout de l'obtenir.

REMARQUE

1. L'impératif est veuille, veuillons, veuillez. Cependant l'Académie dit : veux, voulons, voulez, quand on engage à avoir une volonté ferme. On en trouve en effet des exemples dans les auteurs modernes : Ne m'en veux pas (V. HUGO) ; Veux-le bien (COUSIN, Fragments, p. 211, 1833) ; Voulons le faire (BONIFACE, Gramm. n° 363) ; Voulez sortir (ID.). Ces exemples sont rapportés et condamnés par M. Jullien, Gramm. p. 117, qui recommande de dire : Ne m'en veuille pas, veuillez-le bien, veuillons le faire, veuillez sortir. C'est là, il ne peut y avoir de doute, le véritable impératif. Les autres formes sont récentes et à peine intelligibles.

2. M. Jullien dit : « Au présent du subjonctif le Dictionnaire de l'Académie donne voulions, vouliez. Je crois que c'est à tort. Fléchier, à la fin de son Traité des jeux de théâtre, écrit : Ne croyez que nous veuillions vous effrayer, Le grammairien Cl. Irson [XVIIe s.] n'admettait que ces formes. Régnier Desmarais remarquait que l'usage de voulions, vouliez, contraire à l'analogie, commençait à s'introduire, et, de fait, Mme de Sévigné emploie le plus souvent ces formes. Une épigramme de Piron (Œuvres complètes, VI, p. 505) porte : Pourvu que vous m'en veuilliez croire. » La forme dont M. Jullien prend la défense est certainement la meilleure. Vouloir est un verbe où l'i, qui appartient au subjonctif roman, a modifié l'o, l'ou du radical (comme l'a dans vaille, de valoir) ; et c'est un barbarisme assez récent et désormais autorisé par l'usage que de dire voulions, vouliez ; mais c'est un meilleur usage de dire veuillions, veuilliez.

3. Molière a fait quelquefois voudriez de deux syllabes : Mais le mal c'est… que monsieur votre père Est un autre vilain qui ne vous laisse pas, Comme vous voudriez bien, manier ses ducats, Molière, l'Ét. I, 2. C'est un archaïsme : dans l'ancienne langue ce mot et les mots analogues n'étaient que de deux syllabes. Aujourd'hui ils sont de trois.

HISTORIQUE

Xe s. Voldrent la veintre li Deo inimi [les ennemis de Dieu], Eulalie. À ezo nos voldret concreidre li rex pagiens, ib. [Elle] Volt lo seule [siècle] lazsier, si ruove krist, ib.

XIe s. Kil [Qui le bétail] voldrad clamer emblet, e il volge doner wage…, Lois de Guill. 25. [Je vous donnerai] Teres e fiez tant cum vos en vuldrez, Ch. de Rol. v. Ademplir [je] voeill vostre comandement, ib. XXII. Mais li quens Guenes illoec ne volsist estre, ib. XX. Voillet o non, tut i laisset sun tens [sa vie], ib. CIX.

XIIe s. Et Dieus pour quoi le consent [pourquoi Dieu y consent-il], Qu'il se veut [qu'on veuille] si bien mentir ? Couci, IV. Quel guerredon ele me voudra rendre, ib. v. Et s'il est riens qui m'en puisse partir, Ne quier je [je ne demande pas] ja savoir, ne Diex le vueille ! ib. VIII. Je ne doi pas [à l'] amors grant mal vouloir, ib. IX. Ou veuil ou non, servir la [la servir] me convient, ib. XX. Ne me vout [voulut] pas Diex pour neiant doner Touz les soulaz qu'ai eüs en ma vie, ib. XXII. Du tort et de la honte me vorroie vengier, Sax. XVI. Li plus hardis des trois vossist [voudrait] estre à Paris, ib. XXIV.

XIIIe s. En cele nuit li empereres Alexis prist de son tresor quanqu'il en pot porter, et enmena de gent ce qu'il en pot mener et qui aler s'en vodrent avec lui, Villehardouin, LXXXIII. Si, comme Diex vout, [ils] desconfirent les Grieus, et les commencierent à abattre et à ocirre, Villehardouin, CXXXVII. Rien que la vielle vueille, [elle] ne li veut contredire, Berte, XI. Vueillez que cors et ame et quantque j'ai soit vo [vôtre], ib. XXXII. Je veuil pour vous mon cor travailler et pener, ib. XLIII. Je veus par vostre amour ici en droit vouer…, ib. XLII. Mieus [je] voudroie estre morte, si me soit Diex sauvere [sauveur]…, ib. CXIII. Car certes el [l'Envie] ne vorroit mie, Que biens venist, neis [même] à son pere, la Rose, 258. Gars, pourquoi es-tu si hardis, Qui bien velz estre d'un garçon Dont j'ai mauvese soupeçon ? ib. 3547. L'une veut d'un, l'autre veut d'autre ; Ce que fait l'une, ne fait l'autre, Contenance des femmes.

XIVe s. Et par consequent il lui veult très grans biens come à home, Oresme, Éth. 242. Adont li bers Bertran hautement dit li a : En volez vous encores ? or ne me celez jà, Guesclin. 1808.

XVe s. Or veuille-je raconter et retourner aux messages d'Angleterre, Froissart, I, I, 65. [Son cheval] l'emporta, voulust ou non, droit en-my le logis des Anglois, Froissart, I, I, 91. Si escripsit devers messire Jean d'Armignac que à ce besoin il ne lui voulsist faillir, Froissart, II, II, 1. Là furent faits plusieurs chevaliers… qui estre le volrent, Froissart, II, II, 58. Tous ceus faisoient du roi ce qu'ils vouloient, et le menoient et le demenoient ainsi comme il leur plaisoit, Froissart, II, III, 36. Et quand il fut assailly, alors il dit : que voulez-vous que je vous die ? Jeh. de Saint. ch. 3. Puisque le cueur de moi avez, Le vostre fault que me laissiez ; Car sans cueur vivre ne pourroye ; Faictes en, comme vous vouldrez, Ma seule souveraine joye, Orléans, Bal. 2. Et le roy… faisoit ce qu'on vouloit ; aussi estoit-il aucunement empesché de maladie, Juvénal Des Ursins, Charles VI, 1407. Aucuns ont voulu dire que ledit conte du Mayne avoit intelligence avec eulx, Commines, I, 3. Le conte de Charolois vouloit dire que le roy ne les devoit rachapter [certaines villes], luy ramentevant combien il estoit tenu à sa maison durant qu'il estoit fugitif de son pere, Commines, I, 12.

XVIe s. Je ne suis point voulu passer oultre jusques à ceste heure, Marguerite de Navarre, Lett. LVIII. Où est l'ami que tant bon on reclame, Qui pour l'ami voulust bailler son ame ? Marot, I, 265. Compter vous vueil un debat qui m'esveille, Marot, I, 399. Chante qui veut, balle qui veut baller ; Ce seul plaisir seulement je vousisse…, Marot, II, 393. Balaam, vousist-il ou non, ne se peut tenir de dire que Dieu n'est pas semblable aux hommes, pour mentir, Calvin, Instit. 157. La raison le veult ainsi, Rabelais, Garg. I, 28. Si par nous eust esté pourté faveur à tes malvouluz, Rabelais, I, 31. Ce que j'en dy, ce n'est pas mal que je vous vueille…, Rabelais, Pant. III, 31. Un obstiné, qui une mesme chose Veutet deveut cent fois en un instant, Saint-Gelais, 4. Nostre langue n'est tant irreguliere, qu'on voudroit bien dire, Du Bellay, J. I, 11, verso. Que pleust aux muses, pour le bien que je veux à nostre langue, que…, Du Bellay, J. I, 35, recto. Quasi touts desestimez et mal voulus, Montaigne, IV, 24. Ceux à qui nous ne voulons point de bien, Lanoue, 74. Son auctorité le rendoit mal voulu, à cause qu'il estoit homme superbe, Amyot, Thésée, 22. Ils estoient tous deux bien voulus de leurs semblables, Amyot, Rom. 7. Ils sont plus tourmentés sans comparaison de leurs douleurs quand il veut pleuvoir, que lors qu'il fait beau temps, Paré, IX, 5. Je suis de tel advis : me blasme de ceci, M'estime qui voudra, je le conseille ainsi, Ronsard, 125.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. VOULOIR. - REM. Ajoutez :

4. Avec le prétérit indéfini de vouloir, et un que suivant, Mme de Sévigné a mis le verbe de la proposition subordonnée au prétérit indéfini du subjonctif : Elle n'a jamais voulu qu'il ait été saigné, 5 août 1671 ; Ils n'ont pas voulu que nous soyons partis plus tôt, 25 mai 1689. On dirait plutôt : qu'il fût saigné ; que nous partissions ; mais il n'y a rien à redire à ces phrases de Mme de Sévigné.

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Étymologie de « vouloir »

(Xe siècle) Du latin vulgaire *volere (relevé sous la forme du gérondif volendi ; de l’indicatif présent 2e pers. : si voles VIIIe siècle), réfection du latin classique volo d’après les formes du radical vol-.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Bourg. veloi ; wallon, voleur ; provenç. voler ; ital. volere ; du lat. fictif volere, dérivé de l'indicatif latin volo, je veux ; re ϐούλομαι, ϐόλομαι ; goth. viljan ; all. wollen ; angl. to will ; radical sanscr. var, vri, choisir.

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Phonétique du mot « vouloir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
vouloir vulwar

Fréquence d'apparition du mot « vouloir » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « vouloir »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « vouloir »

  • Les gens qui veulent fortement une chose sont presque toujours bien servis par le hasard.
    Honoré de Balzac — La Vendetta
  • Si l’assimilation n’est pas folie, c’est à coup sûr sottise, car vouloir être assimilé, c’est oublier que nul ne peut changer de faune ; c’est méconnaître « altérité » qui est loi de Nature.
    Aimé Césaire — L’Etudiant noir
  • Se souvenir ranime ; vouloir se souvenir détruit.
    Claire France — Autour de toi, Tristan
  • Qui délibère oublie de vouloir.
    Alain
  • Il ne faut pas en vouloir aux événements.
    Marc-Aurèle
  • La liberté, pour l'homme, consiste à faire ce qu'il veut dans ce qu'il peut, comme sa raison consiste à ne pas vouloir tout ce qu'il peut.
    Antoine Rivaroli, dit le Comte de Rivarol — Discours sur l'homme intellectuel et moral
  • Se vouloir libre, c'est aussi vouloir les autres libres.
    Simone de Beauvoir — Pour une morale de l'ambiguïté
  • Dans un État, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu'à pouvoir faire ce que l'on doit vouloir, et à n'être point contraint de faire ce que l'on ne doit pas vouloir.
    Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu — De l'esprit des lois
  • Alain Cocq est dijonnais. Lourdement handicapé à cause d’une maladie orpheline qui s’aggrave, il appelle Emmanuel Macron à légaliser le droit à l’aide active à mourir dans la dignité. Il lui a adressé une lettre, avant de vouloir mettre fin à ses soins le 26 août prochain. 
    France 3 Bourgogne-Franche-Comté — Alain Cocq : "J'ai décidé de mourir en arrêtant mon traitement"
  • Vouloir transformer c’est d’abord et toujours vouloir supprimer.
    Michel Polac — Hors de soi
Voir toutes les citations du mot « vouloir » →

Traductions du mot « vouloir »

Langue Traduction
Anglais want to
Espagnol querer
Italien volere
Allemand möchte
Chinois 想要
Arabe اريد ان
Portugais quer
Russe хочу
Japonais をしたい
Basque nahi
Corse voli
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Synonymes de « vouloir »

Source : synonymes de vouloir sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot vouloir au Scrabble ?

Nombre de points du mot vouloir au scrabble : 10 points

Vouloir

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