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Barbarie

Variantes Singulier Pluriel
Féminin barbarie barbaries

Définitions de « barbarie »

Trésor de la Langue Française informatisé

BARBARIE, subst. fém.

I.− État de ce qui est barbare, de ce qui n'est pas civilisé.
II.− Emplois fig. et affectifs
A.− Péjoratif
1. Qui va à l'encontre des valeurs morales.
a) Inhumanité, cruauté, férocité. Synon. atrocité, brutalité; anton. délicatesse, douceur :
1. Trois cents de ses amis furent assommés à coups de bâtons et de pierres, leurs corps refusés à leurs familles et précipités dans le Tibre. Le romancier Plutarque prétend que les vainqueurs poussèrent la barbarie jusqu'à enfermer un des partisans de Tibérius dans un tonneau avec des serpens et des vipères. Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 14.
SYNT. Abominable, horrible, révoltante barbarie; raffinement de barbarie; actes, scènes de barbarie; pour comble de barbarie; une barbarie sans nom; traiter qqn avec barbarie.
b) État de violence, d'oppression, de tyrannie. Synon. décadence, désordre, despotisme :
2. Telle est la véritable question. Dans la nuit de la barbarie et de la féodalité, les vrais rapports des hommes ont pu être détruits, toutes les nations bouleversées, toute justice corrompue; mais, au lever de la lumière, il faut que les absurdités gothiques s'enfuient, que les restes de l'antique férocité tombent et s'anéantissent. Sieyès, Qu'est-ce que le Tiers-état?1789, p. 54.
3. ... le treizième siècle est une époque crépusculaire; il y a là d'épaisses ténèbres, peu de lumière, des violences, des crimes, des superstitions sans nombre, beaucoup de barbarie partout. Les juifs étaient barbares, les chrétiens l'étaient aussi; les chrétiens étaient les oppresseurs, les juifs étaient les opprimés; ... Hugo, Correspondance,1843, p. 599.
SYNT. Barbarie militaire, nazie; le flot montant, la nuit, les ténèbres, le triomphe de la barbarie; dénoncer, exercer, fuir la barbarie; croupir, tomber, vivre dans la barbarie; maintenir un pays dans la barbarie; lutter, se révolter contre la barbarie; tenir la barbarie en échec; être plongé dans la plus affreuse barbarie.
Au plur. :
4. Par-dessus tout, je suis convaincu qu'Anthony Eden éprouvait, à l'égard de la France, une particulière dilection. C'est d'elle qu'il avait tiré une large part de sa culture. A sa raison politique elle apparaissait comme indispensable à l'équilibre d'un monde assailli par toutes les barbaries. De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 199.
2. Ce qui contrevient aux formes intellectuelles, esthétiques, morales d'un certain humanisme, ou civilisation :
5. Tout était prévu, même la manière d'éternuer, dans ce code de la politesse française. Nous pouffions de rire, et nous faisions exprès mille balourdises pour le désespérer. Puis, vers la fin de la leçon, pour le renvoyer content, le brave homme (car il y avait barbarie à contrarier tant de douceur et de patience), nous affections toutes les grâces et toutes les mines qu'il nous demandait. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 171.
6. Le monde inorganique peut subsister, mais la vie animée du souffle divin n'est possible que s'il y a du côté de la créature un effort de choix moral, une résistance au mal, une victoire sur l'iniquité, la barbarie, la violence, la haine, la sensualité aveugle. Weill, Le Judaïsme,1931, p. 117.
B.− Laud., rare. [En parlant de ce qui est resté à l'état de nature] Force primitive, instinctive, sauvage. Barbarie admirable, grandiose, merveilleuse :
7. Au cinéma, Trader horn. Belles vues d'Afrique. Avec le progrès tel que nous l'entendons, que restera-t-il, dans cent ans, de cette barbarie merveilleuse, de ces forêts vierges, de ces déserts, de ces villages de huttes? Étrange de penser qu'en 1931 la préhistoire, le moyen âge et les temps modernes se touchent et se mêlent sur notre terre. Green, Journal,1931, p. 54.
8. Alors que la société est si bruyante et si forte, rien ne peut être plus précieux que le conseil d'un homme qui vous aide à retrouver votre barbarie et à écouter au fond de vous le chant profond de la certitude et de l'espérance. Guéhenno, Jean-Jacques,Grandeur et misère d'un esprit, 1952, p. 338.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [baʀbaʀi]. 2. Homon. et homogr. : Barbarie (un canard de − : nom de pays; orgue de − : corruption de Barberi, nom du premier fabricant) (cf. Ortho-vert 1966, p. 105). La 3esyll. du mot est notée longue dans Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834 et Gattel 1841.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1495 « cruauté de barbare » (J. de Vignay, Mir. hist., XXVI, 23, éd. 1531 d'apr. Delboulle dans R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 135 : Combien grant barbarie esse doncque que cela exclude l'homme de la maison de Dieu, qui n'a voulenté ne puissance de pecher); 1580-92 « infériorité de civilisation » (Montaigne, liv. I, ch. XXXI dans Gdf. Compl. : Il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage); 1690 p. ext. (Fur. : Barbarie, signifie aussi, Ignorance, grossiereté). Empr. au lat. barbaria ou barbaries, désignant l'Italie, selon l'usage des Grecs (Plaute, Poen., 598 dans TLL s.v., 1729, 25) puis tous les pays autres que la Grèce et l'Italie (Cicéron, Pis., 17, ibid., 1729, 32); p. ext. « rudesse de mœurs, grossièreté, cruauté » (Cicéron, Phil., 11, 16, ibid., 1730, 50).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 846. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 352, b) 944; xxes. : a) 996, b) 484.
BBG. − Dub. Pol. 1962, p. 71. − Lew. 1960, p. 167, 362.

Wiktionnaire

Nom commun - français

barbarie \baʁ.ba.ʁi\ féminin

  1. Manque de civilisation, ignorance des arts, des lettres et des sciences chez un peuple.
    • La prévention du pays, jointe à l'orgueil de la nation, nous fait oublier que la raison est de tous les climats, et que l'on pense juste partout où il y a des hommes. Nous n'aimerions pas à être traités ainsi de ceux que nous appelons barbares ; et s'il y a en nous quelque barbarie, elle consiste à être épouvantés de voir d'autres peuples raisonner comme nous. — (La Bruyère, Les Caractères, 1688)
    • Mais il était poète aussi, et la poésie, à cette époque d'absolutisme et de barbarie, était chose dangereuse lorsqu'on avait l'esprit aussi caustique que Thierrat. — (Gustave Fraipont, Les Vosges, 1923)
    • À la différence de la bête, l'homme est capable de se dénaturer, de renverser le cours naturel des choses, pour le meilleur – la culture – ou pour le pire – la barbarie. — (Olivia Gazalé, Je t'aime à la philo, Robert Laffont, Paris, 2012, p. 63)
    • L’état de barbarie.
    • Les siècles de barbarie.
    • La barbarie était grande en ce temps-là.
    • Les ténèbres de la barbarie.
    • Un peuple qui sort à peine de la barbarie.
    • Vivre dans un temps de barbarie.
    • Être plongé dans la barbarie.
    • Barbarie de langage, de style, se dit des façons de parler grossières et impropres.
  2. Cruauté, inhumanité.
    • Les ennemis acharnés qui combattent les uns contre les autres avec tous les raffinements de la barbarie ne demandent et n’accordent pas de quartier. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858)
    • Ils n'ignorent rien de tout cela et savent notamment fort bien que c'est en l’affirmant qu'ils créeront cette éternité de barbarie nécessaire au maintien des institutions qui leur sont chères. — (Julien Benda, La trahison des clercs, 1927, édition revue & augmentée, Grasset, 1946, p.194)
    • Les barbares ne sont pas nécessairement des gens courageux : ce qui leur donne de l’audace est la passivité tremblante et soumise de ceux qui sont en face d’eux.
      Je dirais même que la passivité tremblante et soumise crée des vocations de barbares et constitue une incitation à la barbarie.
      — (Guy Millière, La passivité est une incitation à la barbarie, 21 avril 2009)
  3. Acte barbare.
    • Vous avez vu parmi ces barbaries ridicules les barbaries sanglantes des guerres de religion. — (Voltaire, Essai sur les mœurs, 1756)
    • Commettre une barbarie, un acte inhumain.
    • Tant de barbaries l’avaient rendu odieux à ses sujets.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BARBARIE. n. f.
Cruauté, inhumanité. Il voulut adoucir, dompter la barbarie de ces peuples. Ils exercèrent leur barbarie sur les vaincus. Il se dit également d'un Acte barbare. Commettre une barbarie. Tant de barbaries l'avaient rendu la terreur de ses sujets. Il signifie aussi Manque de civilisation, ignorance des arts, des lettres et des sciences chez un peuple. L'état de barbarie. Les siècles de barbarie. La barbarie était grande en ce temps-là. Les ténèbres de la barbarie. Un peuple qui sort à peine de la barbarie. Vivre dans un temps de barbarie. Être plongé dans la barbarie. Barbarie de langage, de style, se dit des Façons de parler grossières et impropres.

Littré (1872-1877)

BARBARIE (bar-ba-rie) s. f.
  • 1Manque de civilisation, grossièreté. Les siècles de barbarie. Charlemagne lutta contre la barbarie. Le théâtre était dans la barbarie. Barbarie de langage. Cette critique nous ferait retomber dans la barbarie, Bossuet, Disc. acad. Il reste à examiner ce qu'on appelle la barbarie des cantiques saints, Chateaubriand, Génie, IV, I, 3. Le czar Pierre né dans une barbarie si épaisse, et, avec tant de génie, créateur d'un peuple nouveau, Fontenelle, Sébastien. Que diraient les Despréaux, les Racine, s'ils voyaient les barbaries de nos jours ? Voltaire, Lettr. Damilaville, 4 sept. 1767.
  • 2Inhumanité. Faire un acte de barbarie. Tour à tour la victoire auprès d'eux en furie A poussé le courroux jusqu'à la barbarie, Corneille, Sertor. I, 1.
  • 3Action barbare, cruelle. Les barbaries commises par les Espagnols dans le nouveau monde. Tes remords te suivront comme autant de furies, Tu croiras les calmer par d'autres barbaries, Racine, Brit. V, 6. Ne m'imputez point la barbarie que nous allons faire, Sévigné, 347. Qui ne pensait que les furies Viendraient des abîmes d'enfer En de nouvelles barbaries Employer la flamme et le fer, Malherbe, III, 2.
  • 4Le pays des barbares.

SYNONYME

BARBARIE, CRUAUTÉ, FÉROCITÉ. La locution bêtes féroces indique une des principales nuances entre ces trois mots. En effet, la férocité ajoute à l'idée de cruauté, celle de quelque chose de sauvage ; et l'on ne pourrait se servir que de férocité dans une phrase comme celle-ci : la férocité qui faisait contempler aux Romains les combats des gladiateurs. La barbarie tient à l'état des mœurs et implique la grossièreté et l'ignorance qui rendent les esprits sourds et immiséricordieux. Cruauté ne renferme aucune de ces idées accessoires ; c'est là ce qui le distingue des deux autres.

HISTORIQUE

XVIe s. Chascun appelle barbarie ce qui n'est de son goust ni usage, Charron, Sagesse, II, 2.

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Étymologie de « barbarie »

(1495) Du latin barbaria → voir Barbarie (« pays des barbares »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Le latin barbaries, de barbarus, barbare.

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Phonétique du mot « barbarie »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
barbarie barbari

Fréquence d'apparition du mot « barbarie » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « barbarie »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « barbarie »

  • Les peuples les plus civilisés sont aussi voisins de la barbarie que le fer le plus poli l'est de la rouille.
    Antoine Rivaroli, dit le Comte de Rivarol — Fragments et pensées politiques
  • La civilisation est-elle distincte de la barbarie ou bien en est-elle à un stade avancé ?
    Herman Melville — Israël Potter
  • L'existence du Soldat est (après la peine de mort) la trace la plus douloureuse de barbarie qui subsiste parmi les hommes.
    Alfred, comte de Vigny — Servitude et grandeur militaires
  • La cruauté est un geste de servitude : car elle atteste que la barbarie du régime oppresseur est encore présente en nous.
    Jean Jaurès
  • La barbarie ne pourra jamais être comprise. Elle vient de l’emprise du diable sur les hommes.
    Will Self — Télérama, 4 février 2015
  • L'extrême civilisation engendre l'extrême barbarie.
    Pierre Drieu La Rochelle — Les chiens de paille
  • La barbarie plutôt que l'ennui.
    Théophile Gautier
  • L'humour est un phénomène produit par une précipitation soudaine de la culture dans la barbarie.
    Wyndham Lewis — Blasting and bombardiering
  • Ce que les hommes appellent civilisation, c'est l'état actuel des mœurs et ce qu'ils appellent barbarie, ce sont les états antérieurs.
    Anatole François Thibault, dit Anatole France — Sur la pierre blanche, Calmann-Lévy
  • La vraie barbarie, c'est Dachau ; la vraie civilisation, c'est d'abord la part de l'homme que les camps ont voulu détruire.
    André Malraux — Antimémoires, Gallimard
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Traductions du mot « barbarie »

Langue Traduction
Anglais barbarism
Espagnol barbarie
Italien barbarie
Allemand barbarei
Portugais barbárie
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Synonymes de « barbarie »

Source : synonymes de barbarie sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « barbarie »

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Barbarie

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