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Appeler

Définitions de « appeler »

Trésor de la Langue Française informatisé

APPELER, verbe trans.

I.− [Le subst. corresp. est appel; le suj. et l'obj. désignent gén. des pers.] Appeler qqn.S'adresser à quelqu'un en vue d'un certain résultat.
A.− [Le résultat recherché est de l'ordre de la communication] S'adresser à quelqu'un à haute voix (ou par quelque autre moyen frappant son attention).
1. En le nommant par son nom, de manière à entrer en communication avec lui. Dieu appela Samuel pendant qu'il dormait (Ac.) Synon. interpeller :
1. J'ai passé la nuit près de lui : il a prononcé souvent votre nom; il vous appelait; il a aussi prononcé le nom de sa sœur, m'a donné un paquet pour elle, écrit avant qu'il fût si mal. Mmede Krüdener, Valérie,1803, p. 269.
2. La terre s'en ira par l'espace sublime. Oh! Combien rouleront dans le brûlant abîme! Mais l'ange par nos noms nous appellera tous, Et la face de Dieu resplendira pour nous! Leconte de Lisle, Poèmes barbares,Les Ascètes, 1878, p. 300.
2. En le nommant par son nom, de manière à obtenir de lui une information relative à sa présence (réponse à haute voix attendue : « Présent »).
P. méton. [L'obj. désigne le contenu d'une inform.] Communiquer à haute voix à un public (qu'il est inutile de nommer) une information attendue.
DR. Appeler une cause. À l'audience, prononcer à haute voix le nom des parties dont l'affaire va être plaidée :
3. Je n'avais plus de temps à perdre : la cause devait être appelée dans le cours de la semaine, et je ne voulais pas, en demandant une remise, avoir l'air de reculer devant une attaque aussi puérile qu'injuste. La défense était d'ailleurs des plus simples, et je pensais que quelques explications des deux côtés suffiraient pour mettre le tribunal en mesure d'apprécier les faits. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 215.
Usuel. Appeler les unités d'une série (personnes ou choses). Les dire à haute voix. Je ne me suis point entendu appeler quand on a lu cette liste (Ac.) :
4. ... elle reconnut le bureau des omnibus; il y avait beaucoup de monde sur le trottoir, debout, attendant, se précipitant dès qu'une voiture arrivait. Elle entendait la voix rude du contrôleur appeler les numéros, puis les tintements du compteur lui arrivaient en sonneries cristallines. Zola, La Curée,1872, p. 450.
B.− [Le résultat recherché est un mouvement vers un lieu]
1. Faire comprendre à quelqu'un à haute voix (ou par quelque autre moyen de communication immédiatement perceptible) qu'on lui demande de venir auprès de soi.
a) Usuel. Appeler les voisins (Ac.) :
5. Heureux d'avoir une raison pour remettre l'exécution, le Procureur-général appela par un geste monsieur Gault près de lui. Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 607.
Absolument :
6. Alors, ne pouvant plus résister au feu qui le dévorait, il appela. La sentinelle ouvrit la porte; c'était un nouveau visage. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 746.
P. métaph. :
7. Paris, au moyen des chemins de fer, les attire, les appelle (...) ces petites gaillardes... Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Le Fermier, 1886, p. 656.
8. Seul dans la vaste salle à manger, assis dans un fauteuil à torsades, buvant à petits coups un verre de son meilleur vin, il [le grand-père] appelait ses souvenirs un à un, en tournant les pages de ses livres de comptes... Malraux, La Voie royale,1930.
Par euphémisme, RELIG. [Expr. indiquant que la pers. désignée par le compl. d'obj. meurt ou va mourir] Dieu appelle quelqu'un à lui ou absol. Dieu appelle :
9. − Si Dieu voulait appeler à lui ce Cibot, qui est bien malade déjà, reprit Rémonencq, j'aurais une fière femme pour tenir un magasin, et je pourrais entreprendre le commerce en grand... Balzac, Le Cousin Pons,1847, p. 228.
Rem. 1. [L'obj. et/ou le suj. peuvent désigner un animal]
[L'obj. peut désigner un animal domestique] :
10. La plage, un troupeau, poussé par un bambin, regard sombre, l'épaule nue sous le haillon. Il siffle pour appeler sur ses talons deux chiens blancs. R. Martin du Gard, Les Thibault,La Sorellina, 1928, p. 1174.
Loc. [Se dit de qqn qui s'éloigne quand on veut l'attirer à soi] C'est le chien de Jean de Nivelle, il s'enfuit quand on l'appelle.
VÉN. [L'obj. peut désigner une bête de chasse] Attirer des animaux en les imitant au moyen d'un appeau ou de tout autre moyen.
Rem. 2. [Le suj. et l'obj. désignent des animaux] Pousser des cris pour attirer l'attention d'un animal de même espèce en vue d'une rencontre. La brebis appelle son agneau (Ac.) :
11. Les mâles quittent les troncs où ils nichent, gagnent les branches hautes, et, dès qu'ils savent les autres oiseaux couchés, appellent les femelles disséminées dans l'ombre. Celles-ci répondent. Les mâles volent de cime en cime vers elles, aux lueurs de l'astre ami. Pesquidoux, Chez nous,t. 2, 1923, p. 211.
b) En partic. Pour demander une aide, un secours. Appeler à l'aide, à son secours; appeler des renforts.
[L'obj. désigne une pers.] Appeler le médecin, un chirurgien en consultation; appeler la police :
12. Mes craintes, pendant la nuit, de rester malade si loin de chez moi avec mes enfants. Au matin, j'envoie demander l'adresse du médecin à M. Fléchelle, malade lui-même. Je vais moi-même appeler M. Coupé, médecin de l'hôpital : ... Michelet, Journal,1839, p. 320.
13. Nous nous précipitâmes à l'envi dans l'eau pour courir plus vite au bateau et pour porter sur le rivage la malade naufragée. Le pauvre batelier consterné nous appelait à son aide avec des gestes d'affliction et des cris de détresse. Il nous montrait de la main le fond de sa barque, que nous ne pouvions pas apercevoir encore. Lamartine, Raphaël,1849, p. 150.
Absol. Appeler au secours :
14. Il a retrouvé des témoins, non de l'enlèvement de Prince, mais du transfert du malheureux qui se débattait et appelait au secours au fond d'une auto, qu'accompagnaient deux autres voitures; ... L. Daudet, Bréviaire du journalisme,1936, p. 200.
Appeler + compl. d'obj. interne désignant les mots qui constituent l'appel :
15. ... Prince était entouré d'une sorte de chemise blanche, sans doute une camisole de force, et appelait « à moi, à moi! » L. Daudet, Bréviaire du journalisme,1936, p. 200.
P. méton. [L'obj. désigne une chose] Appeler un taxi, une ambulance. S'adresser à quelqu'un, à une entreprise, etc., en lui demandant d'envoyer un taxi, une ambulance.
P. anal., MAR. Appeler le vent. Siffler de manière à faire souffler le vent dans la direction désirée (cf. appelant III A 2) :
16. Près du beaupré, le mousse regardait dans le foc et sifflait pour appeler le vent; debout, à l'arrière, le patron faisait tourner la barre. Le vent ne venait pas. Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 246.
P. métaph. Appeler une chose à son secours. Mettre en œuvre un moyen important pour venir à bout d'une difficulté :
17. Il [le virologue] le fait enfin, en appelant à son secours les autres sciences et en cherchant à s'approprier les moyens les plus efficaces qu'elles peuvent lui offrir : ... P. Morand, Aux confins de la vie,1955, p. 12.
Au fig. [L'obj. désigne une chose abstr.] Faire venir, attirer à ou sur quelqu'un ou quelque chose.
[Une faveur] Appeler les bénédictions du ciel sur qqn :
18. Le pontife commence par invoquer l'assistance divine. Il ôte sa mitre et appelle sur l'ordinand la bénédiction du ciel : ... Billy, Introïbo,1939, p. 147.
Appeler qqc. de ses vœux :
19. − On entend des jeunes peintres enflammés par une idéologie sociale appeler de leurs vœux la fin du capitalisme, l'instauration d'un régime étatiste où ils seraient, chacun selon ses forces, chargés d'accomplir des œuvres décoratives, monumentales, ou de moindre envergure pour l'État, patron et mécène équitable, généreux, mais ménager de ses munificences. Arts et litt. dans la société contemp.,1936, p. 7208.
[Un moment d'attention] Appeler l'attention de qqn sur qqc. :
20. « Mes amis, je crois devoir appeler votre attention sur certains faits qui se sont passés dans l'île, et au sujet desquels je serais bien aise d'avoir votre avis. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 411.
[La faveur de l'attention] :
21. Son éclat [d'Hortense] tenait de celui de la nacre (...) Hortense appelait le regard. Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 27.
2. TÉLÉCOMM. Appeler qqn (au téléphone). S'adresser à quelqu'un (ou à un service) par un signal (sonnerie, avis, etc.) téléphonique pour l'inviter à entrer en communication avec vous. Appeler un abonné; appeler les « réclamations ».
3. S'adresser à quelqu'un par une invitation ou une convocation lui demandant de se rendre en un lieu déterminé.
a) DUEL. Appeler en duel, au combat. Provoquer quelqu'un en duel, lui envoyer un défi (cf. appelant III A 1); (s'emploie aussi absol.) :
22. ... personne ne l'estimait, mais on avait une si haute idée de ses facultés, que nul n'osait l'attaquer, si ce n'est ceux des aristocrates qui, ne se servant point de la parole, lui envoyaient défi sur défi pour l'appeler en duel. Mmede Staël, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr.,t. 1, 1817, p. 209.
b) DR. Faire venir quelqu'un devant le juge, citer quelqu'un en Justice. Appeler qqn en garantie, en témoignage :
23. Étant appelé à témoigner, à l'occasion d'une sorte de crime, il a gardé une certaine réserve, comme il convient à un témoin de bonne volonté. Camus, La Peste,1947, p. 1466.
c) ADMIN. MILIT. Convoquer, ordonner de se rendre sous les drapeaux. Appeler sous les drapeaux :
24. Proposée par Jourdan, la loi du 10 messidor (28 juin) réalisa, comme il disait, « la levée en masse » : les cinq classes de conscrits furent appelées intégralement et le remplacement supprimé. G. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 541.
P. anal. [Le suj. désigne un signal ou une entité morale ayant valeur de signal, de force invitante ou contraignante] :
25. Les autres jours, il récitait les heures canoniales dans sa loge, mais pas aux heures qui lui plaisaient et seulement quand la cloche appelait, pour ces services, les religieux au chœur. Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 172.
26. Ne m'avez-vous pas dit vous-même que vos devoirs vous appellent en Catalogne? Claudel, Le Soulier de satin,1929, Irepart., 1rejournée, 2, p. 947.
C.− [Le résultat recherché est une action, un état, un changement sans idée de mouvement vers un lieu]
1. [Suj. et obj. désignent des pers.] Qqn appelle qqn à (faire) qqc.
a) [Avec une idée d'invitation ou d'obligation plus ou moins contraignante] Inviter, obliger quelqu'un à faire quelque chose.
[Le compl. indir. est un inf.; appeler est fréquemment au passif] Appeler qqn (être appelé) à faire qqc. :
27. Cette vie nous plaisait et endormait en nous ces mouvements fiévreux de l'âme, qui usent inutilement l'imagination des jeunes hommes avant l'heure où leur destinée les appelle à agir ou à penser. Lamartine, Les Confidences,Graziella, 1849, p. 151.
28. Les directeurs des services agricoles seront appelés à organiser dans leur département, des essais plus simples (démonstrations) que ceux des centres nationaux ou régionaux d'expérimentation, ... Quelques aspects de l'équipement agricole en France, 2, 1951, p. 10.
P. anal. [En parlant de choses] Être appelé à. Être destiné à :
29. Le ciment joue aussi un rôle important en technique routière, les revêtements en béton de ciment étant particulièrement indiqués, concurremment avec les pavages, pour les chaussées appelées à supporter un trafic lourd et intense. J. Thomas, La Route,1951, p. 317.
[Le compl. indir. est un nom d'action] Appeler qqn à l'action, au combat, à la prière.
Appeler aux armes. Inviter à prendre les armes :
30. ... nos cris de ralliement parviendront jusqu'à toi. Quand des Alpes aux Alpes des signaux de feu nous appelleront aux armes, tu entendras tomber les citadelles de la tyrannie. Mmede Staël, De l'Allemagne,t. 3, 1810, p. 9.
b) [Avec une idée de choix]
Appeler qqn à assumer une charge, à jouer un rôle (capital, essentiel). Le désigner par choix. Il fut appelé à siéger au conseil (Ac.).
RELIG. [Le suj. désigne Dieu] Inviter à une destinée particulière ou privilégiée dans l'ordre spirituel. Dieu appelle les chrétiens à la vie éternelle (Ac.) :
31. − « Vous parlez comme tous les autres; vous ne pouvez pas deviner... » (S'exaltant avec des réminiscences.) « Je suis une privilégiée : cela crée des devoirs... Toutes ne sont pas appelées; mais celles que Dieu choisit doivent se donner sans restriction. Elles sont le rachat de tous ceux qui vivent en faisant à Dieu la plus petite part possible... Et de ceux qui ne lui en font pas du tout... » R. Martin du Gard, Jean Barois,1913, p. 486.
2. [Suj. et obj. désignent des choses abstr.] Qqc. appelle qqc. Rendre obligatoire, en raison d'une contrainte inhérente à la chose désignée par le sujet.
a) [La contrainte est de l'ordre de l'action] Les circonstances appellent des mesures urgentes :
32. Cela ne signifie pas cependant qu'il s'agit là de postes sans importance et n'appelant aucune surveillance. F. Baudhuin, Crédit et banque,1945, p. 174.
b) [La contrainte est d'ordre intellectuel] Cette question appelle un commentaire, des réserves.
D.− Appeler de (qqc.) à (qqn); en appeler à (qqn).Faire entendre sa voix pour obtenir un jugement plus équitable.
1. DR. Recourir à une juridiction supérieure pour faire réformer une décision rendue en premier ressort. Appeler d'un jugement :
33. Du Croisier, stimulé par le Président du Ronceret, appela du jugement de non-lieu en Cour royale et perdit. Balzac, Le Cabinet des antiques,1839, p. 165.
DR. ANC. Appeler de faux jugement. ,,Provoquer les juges au combat judiciaire, pour les convaincre de faux jugement.`` (DG); attesté également ds Littré, Guérin 1892).
Appeler comme d'abus (cf. appel comme d'abus).
(En) appeler à (qqn). Faire appel auprès de (quelqu'un).
Loc. fig. En appeler à Philippe à jeun, ou à Philippe (ou à César) mieux informé. S'élever contre un jugement précipité.
Absol. Appeler. Interjeter appel :
34. − Je le veux bien, dit le baron (...) maintenant que le tribunal nous a mis d'accord avec la commune des Riceys en fixant mes limites à trois cents mètres à partir de la base de la Dent de Vilard (...). La commune n'a pas appelé, le jugement est définitif. Balzac, Albert Savarus,1842, p. 121.
2. P. ext.
a) Rare. Appeler de qqn. Ne pas accepter le jugement de quelqu'un :
35. Ceux qui sont satisfaits de la nature, ou qui, sans en être satisfaits, l'acceptent comme un maître, un arbitre, un juge souverain, dont il n'est pas possible d'appeler... P. Leroux, De l'Humanité,t. 1, 1840, p. 47.
b) Usuel. En appeler à (une instance morale). S'en remettre à une telle instance pour obtenir un jugement autorisé. J'en appelle à votre honneur, à votre témoignage, à la raison :
36. L'artiste méconnu de son temps en appelle à la postérité, c'est-à-dire à un public futur. Sans penser aux cénacles, académies, concours et prix, dont l'action est réelle, mais artificielle et secondaire, ... Arts et litt. dans la société contemp.,1935, p. 6412.
II.− [Le subst. corresp. est appellation] Attribuer un nom, une qualité à quelqu'un ou à quelque chose.
A.− [Le verbe est constr. avec un attribut de l'obj.] Appeler qqn ou qqc.
1. [L'attribut de l'obj. est un nom propre] :
37. Ayant oublié son véritable nom, je l'appellerai Michaël. Dusaulx, Voyage à Barège,t. 2, 1796, p. 187.
38. Le 19 au soir, nous eûmes connaissance d'un cap qui paraissait terminer la côte d'Amérique : l'horizon était très-clair, et nous n'apercevions au-delà que quatre ou cinq petits îlots auxquels je donnai le nom d'îlots Kerouart, et j'appelai la pointe cap Hector. Voyage de La Pérouse,t. 2, 1797, p. 229.
Rem. Dans cet emploi, on rencontre aussi la constr. appeler qqn ou qqc. du nom de... (Ac.).
2. [L'attribut (subst., verbe à l'inf., etc.) de l'obj. est une dénomination classificatrice] :
39. Or, sachant tout cela, si nous avions à nommer les mots qui représentent ces êtres, nous ne les appellerions pas des substantifs. Nous leur donnerions plutôt un nom tiré de leur fonction. Nous dirions que ces mots sont des noms absolus ou subjectifs, ou tout simplement des noms, puisque ce sont eux et eux seuls qui nomment les choses existantes par elles-mêmes. Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie,Gramm., 1803, p. 58.
40. ... étant incapables de créer un atôme de matière, nous n'opérons jamais que des transmutations et des transformations, et (...) ce que nous appelons produire, c'est, dans tous les cas imaginables, donner une utilité plus grande, par rapport à nous, aux éléments que nous combinons et manipulons, à l'aide des forces de la nature que nous mettons en jeu par l'emploi des nôtres; ... Destutt de Tracy, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu,1807, p. 286.
3. [L'attribut (adj., subst.) de l'obj. désigne une qualité] :
41. Je n'estimais pas beaucoup l'amour, je l'avoue, et le regardais même comme une de ces faiblesses auxquelles on a tort de céder; j'appelais lâches ceux qui le font. Peut-être n'avais-je pas tort; seulement ceux que j'appelais lâches, je les méprisais. Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 211.
42. Dans un livre sur Mallarmé, l'auteur appelle Edgar Poe « le plus difficile des poètes », mais Poe n'a rien de difficile. Green, Journal,1945, p. 189.
SYNT. Appeler une chose autrement, communément, couramment, familièrement, improprement, ordinairement, plaisamment, pompeusement, proprement, souvent, à tort, volontiers, vulgairement; − une chose en langage (administratif, animal, bancaire, courant, journalistique, technique), en langue...; ce qu'il est convenu (ce qu'on est convenu) d'appeler.
B.− [Le verbe est constr. sans attribut de l'obj.] Nommer une personne ou une chose par le nom qui lui a été ou aurait dû lui être attribué.
1. Vx. Appeler les lettres. Les désigner par leur nom. Synon. usuel épeler.
2. Appeler une chose par son nom. Lui donner le nom qu'elle porte ou mérite.
Loc. Appeler les choses par leur nom. Ne pas se servir d'euphémismes, dire nettement la vérité :
43. Hauduin, conscient d'épauler les bonnes mœurs, dénonçait le péché avec une certaine verve, en appelant les choses par leurs noms. Aymé, La Jument verte,1933, p. 26.
III.− Emploi pronom.
A.− [Corresp. aux emplois I supra] Emploi réciproque. S'appeler l'un l'autre.
1. [Le suj. et l'obj. désignent des êtres animés] Adresser la parole l'un à l'autre :
44. Une bande de poules était accourue, gloussant, s'appelant, piquant les brins verts qui pendaient. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1457.
2. [Le suj. et l'obj. désignent des choses] Être l'un et l'autre dans un rapport d'inclusion réciproque :
45. Elles [la guerre et la paix] s'appellent l'une l'autre, se définissent réciproquement, se complètent et se soutiennent, comme les termes inverses, mais adéquats et inséparables d'une antinomie. Proudhon, La Guerre et la paix,1861, p. 63.
B.− [Corresp. aux emplois II supra, avec un mot postposé au verbe pour indiquer le nom]
1. Rare, emploi réfl. ou réciproque. Se donner pour nom ou qualificatif :
46. Elle se promettait d'être la protectrice de ses protecteurs, l'ange sauveur qui ferait vivre la famille ruinée; elle s'appelait elle-même Madame la comtesse ou Madame la maréchale! En se saluant dans la glace. Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 273.
47. ... ces hommes, ou ces femmes, qui sont derrière ces quatre murs, ils s'habillent de bure, ils sont égaux, ils s'appellent frères; ... Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 617.
2. Usuel, emploi passif. Être appelé, avoir pour nom.
a) [En parlant de pers.] :
48. − Comment s'appelle-t-il, car sans doute vous savez son nom? − Parfaitement, le comte de Monte-Cristo. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 518.
Emploi factitif. Se faire appeler :
49. Un seul des trois, qui se faisait appeler Thaunier, faisait preuve d'une certaine hardiesse, et pouvait bien avoir refusé de se rendre par patriotisme. Les autres n'étaient que des capons. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 45.
Arg. ,,Se faire appeler Jules : se faire traiter de tous les noms.`` (Éd. 1967).
b) [En parlant de choses] Cette fleur s'appelle anémone (Ac.).
P. ext. [En parlant de choses abstr.] Avoir pour nom véritable :
50. ... juger et combattre s'appellent servir. Bonald, Législ. primitive,t. 1, 1802, p. 80.
Loc. [Dans un débat longtemps confus, pour qualifier les énoncés clairs et décisifs ou les propositions plus avantageuses que prévues que qqn vient de formuler] Cela s'appelle parler; c'est ce qui (ou voilà qui) s'appelle parler. Voilà des paroles bonnes à entendre.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aple], j'appelle [ʒapεl]. Enq. : /apel/ (il) appelle. 2. Forme graph. − Doublement régulier du l devant une syllabe contenant un e muet. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit appeler ou apeler (cf. également Clédat 1930, p. 74) et j'apelle ou j'apèle.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) xes. trans. « s'adresser (à) » (Passion du Christ, 178 ds Bartsch, Chrestomathie, 9eéd., 1908, p. 8 : Envers Jhesum sos olz torned, si pïament lui appelled), seulement en a.fr.; b) ca 1040 id. « (d'un inanimé) l'inviter à venir en se servant de la voix ou d'un signe » (Alexis, éd. G. Paris, XIII, 61 : Quant en la chambre furent tuit soul remes, Damz Alexis la prist ad apeler : La mortel vide li prist molt a blasmer); c) ca 1152 « invoquer » (Dialogue Grégoire, p. 9 ds Gdf. Compl. : Apelanz lo nom de Crist); 1539 appeler à son secours (Est.); 2. a) ca 1100 « (d'un inanimé) faire venir, mander » (Roland, éd. Bédier, 506 : Dist Blancandrins : Apelez le Franceis : De nostre prod m'ad plevie da feid); id. spéc. « (en parlant de Dieu) reprendre (qqn) à soi par la mort » (Ibid., 2261); b) 1160-70 dr. appeler de « citer qqn en l'accusant devant un tribunal » (Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 4194 ds T.-L. : Oiez de qoi on vos apele Que Tristan n'ot vers vos amor De putée ne de folor); 1174 « recourir à un tribunal supérieur » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, Ms. Wolfenbüttler, éd. I. Bekker, 10 a 7, ibid.); id. « défier (en provoquant éventuellement le duel) » (Id., Ibid., 10 b 14, ibid.); c) av. 1585 « (d'un inanimé) réclamer, entraîner » (Ronsard, 607 ds Littré : La vieille injure appelle la nouvelle); 3. ca 1175 « désigner qqn (ou qqc.) par son nom ou par un nom donné » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 586 : Se je vos ai fol apelé, je vos pri qu'il ne vos an poist). Empr. au lat. appellare « adresser la parole à » dep. Plaute, 184 ds TLL s.v., 273, 11 (cf. sens 1 et 2), attesté notamment au sens 1 c (Pacuvius, Trag., 197, ibid., 47); au sens 2 b « accuser » (Cicéron, Deiot., 3, ibid., 274, 38) et « faire appel à » (Id., Quinct., 29, ibid., 273, 62); au sens 3 (Plaute, Amph., 813, ibid., 274, 51).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 27 070. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 38 127, b) 39 644; xxes. : a) 34 711, b) 40 399.
BBG. − Allmen 1956. − Barber. 1969. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Dul. 1968. − Éd. 1967. − France 1907. − Goug. Lang. pop. 1929, p. IV, 195. − Gottsch. Redens. 1930, passim. − Gramm. t. 1 1789. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Lal. 1968. − Larch. 1880. − Le Clère 1960. − Le Roux 1752. − Pierreh. Suppl. 1926. − Remig. 1963. − Sardou 1877. − Soé-Dup. 1906. − Vermeulen (A.). À propos des guillemets et de leurs équivalents. Vie Lang. 1971, no229, pp. 191-192. − Will. 1831.

Article lié : « Appeler » ou « appeller » ?

Wiktionnaire

Verbe - français

appeler \a.pə.le\ ou \a.ple\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’appeler)

  1. Désigner quelqu’un par son nom ; pourvoir quelqu’un d’un nom.
    • […]; trois mois auparavant, c’est-à-dire à l’époque où sa mère vivait encore, on l’avait appelé le prince de Béarn ; on l’appelait maintenant le roi de Navarre, en attendant qu’on l’appelât Henri IV. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre I)
    • Le sucre de raisin que l'on appelle aussi glucose, se rencontre dans les fruits sucrés qui présentent en même temps une saveur acide, comme les raisins, les groseilles, etc. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 120)
    • Le thé le plus exquis est un thé dont les feuilles sont dorées comme celles du tabac turc ; les Chinois l’appellent le thé rouge. Ne s'en procure pas qui veut. — (Léon Caubert, Souvenirs chinois, Paris : Librairie des bibliophiles, 1891, note n° 1 p. 130)
    • Roland avait, depuis le berceau, ce que nos grands-mères appelaient le diable au corps, ce que nous appellerions nous la bougeotte névrotique, un besoin viscéral de se frotter à tous les interdits, […]. — ('Francis Renaud, Justice pour le juge Renaud : Victime du gang des lyonnais ?, Éditions du Rocher, 2011, chap. 8)
    • (Pronominal) Il s’appelle Charles. — C’est ainsi qu’on l’appelle. — Cette fleur s’appelle anémone.
    • Quel est votre nom? — Je m’appelle Marie. — Un joli nom. — C’est le nom de ma mère. — En vérité! — (1854, Gustave Chouquet, Easy Conversations in French‎, page 9)
  2. Désigner une personne ou une chose par une qualité bonne ou mauvaise.
    • Quand il suivit un peu plus tard comme externe les classes du collège d'Arbois, il appartint tout d'abord à la catégorie des élèves que l'on pourrait appeler bons-ordinaires. — (René Vallery-Radot, La vie de Pasteur, Hachette, 1900, Flammarion, 1941, p. 12)
    • Le mouvement pacifiste, au XXe siècle, a été très largement porté par les femmes, plus sensibles que les hommes à l'absurdité d'une puissance qui s'édifie en semant la mort, et qui appelle « champs d'honneur » les lieux des pires massacres. — (Marie Gratton, Côté cour, côté jardin : Voyage intérieur en 365 jours, Montréal (Canada) : éd. Médiaspaul, 2001, page 492)
    • (Pronominal)Ceux qui s’appellent les gens comme il faut, les sages par excellence. Cela s’appelle un véritable ami. Cela s’appelle folie en bon français.
  3. Désigner par leur nom ceux qui doivent se trouver présents en quelque endroit.
    • On va appeler tous les soldats l’un après l’autre. Ce soldat n’était pas à la caserne quand on l’a appelé.
    • Je ne me suis point entendu appeler quand on a lu cette liste. Beaucoup d’appelés et peu d’élus.
  4. (Justice) Lire tout haut le nom des parties, afin que leurs avocats viennent plaider pour elles.
    • Appeler une cause. On vient d’appeler votre cause. La cause sera appelée à son tour de rôle.
  5. Faire venir en se servant de la voix ; héler.
    • Il appela un de ses copains, un jeunot coiffé d'une gapette américaine à viscope pointée vers le ciel. — (Léo Mallet, Les rats de Montsouris, Éditions Robert Laffont, 1955)
    • Je l’appelle et il ne vient point. — Il appelait inutilement, pas un domestique n’était à la maison.
    • (Par extension) Ne pouvant plus l’appeler de la voix, il l’appelait encore de la main. Appeler des yeux, du geste.
  6. (Transitif) ou (Pronominal) (réciproque) Contacter quelqu'un par téléphone.
    • Les toxicos t’attirent que des emmerdes. Surtout les PD. Ces chbebs qui t’appellent trois fois par jour, ils s’injectent la coke avec des seringues. — (Alexandre Kauffmann, Surdose, Paris : Éditions Goutte d'or, 2018, chap. 8)
    • T’as perdu la boule ou quoi ? Tu me l’as refilé hier en me demandant de t’appeler ce soir. La picole te réussit pas, p’tit gars. — (Greg Waden, La disparue du 5701 : Coup de cœur virtuel à Lille, Villeneuve-d'Ascq : Éditions Ravet-Anceau, 2018, chap. 5)
  7. Pousser son cri pour faire venir à eux ceux de leur espèce, pour les animaux.
    • Le mâle appelle sa femelle. La brebis appelle son agneau.
    • (Par analogie) Appeler des oiseaux en imitant leur cri.
  8. Inviter à venir.
    • Appeler le médecin, le chirurgien. Cet artiste fut appelé en France, à la cour, par tel prince.
    • Appeler un général à l’armée. Tous les chefs furent appelés à ce Conseil.
    • Les Maures furent appelés en Espagne par le comte Julien.
  9. (En particulier) (Droit, Justice) Citer devant le juge.
    • Appeler en justice. On l’a fait appeler pour se voir condamner à payer une somme.
    • Appeler quelqu’un en témoignage. Être appelé comme témoin.
    • Appeler en garantie. Le juge ordonna que les parties seraient appelées.
  10. Envoyer, défier.
    • Appeler au combat, appeler en duel ou simplement Appeler :
  11. Avertir de se trouver en quelque lieu par un signal.
    • Mais avant que Kurt eût pu fournir une explication, les sonneries aiguës du branle-bas appelèrent chacun à son poste, et l’officier s’éloigna. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 240 de l’édition de 1921)
  12. (Figuré) avertir, exciter, obliger à se trouver en quelque endroit, pour quelque chose que ce puisse être.
    • J’irai où l’honneur, où le devoir m’appelle. Mes affaires m’appellent ailleurs.
    • La vengeance l’appelle. Ce beau temps nous appelle à la chasse.
  13. (Quelquefois) Rendre nécessaire.
    • Les hormones, une des plus anciennes familles d’herbicides, vont continuer à nous rendre service et elles sont un bon exemple d'un certain type de sélectivité et de systémie ; cette dernière notion appelait le glyphosate. — (Christian Gauvrit, Efficacité et sélectivité des herbicides, INRA, 1996, p. 111)
    • Ce crime appelle la vengeance des lois. Ces abus appellent une réforme.
    • Ce mot ne peut être employé seul, il appelle un complément. Ce grave sujet appelle toute votre attention.
  14. (Religion) Faire ressentir sa volonté aux hommes, en parlant de Dieu.
    • Il ne faut pas résister quand Dieu nous appelle. Dieu appela saint Paul à l’apostolat. Il fut appelé de Dieu à cette mission.
  15. Désigner une personne, pour une fonction ou une action importante.
    • Appeler quelqu’un à un poste. Il fut appelé à siéger dans le Conseil.
    • L’important devoir que nous sommes appelés à remplir. Il fut appelé à lui succéder.
  16. (Par extension) Désigner pour prendre une décision.
    • Par dérogation au premier alinéa de l’article 42 de la Constitution, la discussion d’un projet de loi devant l’Assemblée nationale appelée à statuer définitivement porte sur le texte dont cette assemblée a été saisie et non sur le texte de la commission, qui n’en adopte pas […]. — (Secrétariat général du gouvernement et Conseil d’État, Guide de légistique, 3e version, La Documentation française, 2017, ISBN 978-2-11-145578-8 → lire en ligne)
  17. Être conduit par ses qualités, ses talents et les circonstances qui déterminent la vocation, le sort, la condition.
    • Le génie de Turenne l’appelait au commandement des armées. Il a su jouer le rôle auquel il a été appelé par les événements.
  18. (Absolument) (Droit, Justice) Recourir à un tribunal supérieur pour faire réformer le jugement, la sentence d’un tribunal inférieur.
    • Il appellera de ce jugement. Il a appelé du tribunal de première instance à la Cour d’appel.
    • Appeler comme de juge incompétent. Appeler a minima.
  19. (Figuré) (Familier) Ne pas se soumettre à une décision, ne pas l’adopter.
    • J’appelle de votre décision, ou J’en appelle.
  20. (Figuré) Invoquer ; se référer.
    • J’en appelle à votre témoignage : J’invoque votre témoignage.
    • J’en appelle à votre probité, à votre honneur, à votre sagesse, etc. : Je m’en réfère à votre probité, à votre sagesse, etc.
    • Jeunes filles, mes sœurs, et jeunes femmes, j’en appelle à vos souvenirs. Ne sont-ils pas délicieux, les moments de rêve et d’angoisse que l’on vit dans sa chambre pendant qu’au salon, une mère dit à la vôtre :
      — Madame, j’ai l’honneur de vous demander pour mon fils la main de Mademoiselle votre fille…
      — (Germaine Acremant, Ces dames aux chapeaux verts, Plon, 1922, collection Le Livre de Poche, page 99.)
  21. (Figuré) (Familier) Revenir d’une grande maladie.
    • Il en a appelé.
  22. (Pronominal) Porter le nom de.
    • Le grand jeune homme dégingandé, qui s’appelait Laurier, s’était apparemment institué chef en raison de sa position sociale et de ses aptitudes naturelles. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 390 de l’édition de 1921)
  23. (Foresterie) Annoncer à voix haute les caractéristiques de l’arbre marqué ; faire un appel.
    • Les coupes d'éclaircie et de jardinage sont marquées en délivrance: seuls les arbres à abattre portent les empreintes du marteau (blanchis et empreinte au pied, blanchis et empreinte au corps). Ils sont appelés par essence, circonférence (ou diamètre) et hauteur, pour que l'estimation en soit possible. — (Jean-Paul Debleau, Peintres, peintures marques peintes sur les arbres en forêt de Fontainebleau., février 2016 → lire en ligne)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

APPELER. (J'appelle; nous appelons.) v. tr.
Désigner quelqu'un par son nom ou Pourvoir quelqu'un d'un nom. Comment appelez-vous cet homme? On l'appelle Pierre, Jean. Comment appellerez-vous votre premier enfant? Comment vous appelez-vous? Je m'appelle Louis. Il s'appelle Charles. C'est ainsi qu'on l'appelle. Cette fleur s'appelle anémone. Cette montagne fut appelée de ce nom à cause de... Cette ville fut ainsi appelée du nom de son fondateur. Je ne sais comment on appelle cette plante, cet animal. Appelez-les comme il vous plaira. Ceux qu'on appelle philosophes. Les magistrats qu'on appelait à Rome tribuns du peuple. Prov., Appeler les choses par leur nom, Ne pas affaiblir par ses expressions des vérités dures. Il signifie pareillement Désigner une personne ou une chose par quelque qualité bonne ou mauvaise. J'appelle un ami celui qui se montre tel dans les circonstances difficiles. Il l'appela voleur, fripon. Peut-on appeler courageuse une action si téméraire et si folle? On appellera toujours folie une conduite pareille à celle-là. Ceux qui s'appellent les gens comme il faut, les sages par excellence. Cela s'appelle un véritable ami. Cela s'appelle folie en bon français. Fam., Cela s'appelle parler, voilà ce qui s'appelle parler, se dit lorsque quelqu'un fait des propositions plus avantageuses qu'on ne s'y attendait ou lorsqu'on loue quelqu'un d'avoir dit, sur une question longtemps agitée, des choses claires, lumineuses, péremptoires. Il signifie en outre Désigner par leur nom ceux qui doivent se trouver présents en quelque endroit. On va appeler tous les soldats l'un après l'autre. Ce soldat n'était pas à la caserne quand on l'a appelé. Je ne me suis point entendu appeler quand on a lu cette liste. Beaucoup d'appelés et peu d'élus. En termes de Palais, Appeler une cause, Lire tout haut le nom des parties, afin que leurs avocats viennent plaider pour elles. On vient d'appeler votre cause. La cause sera appelée à son tour de rôle. Il signifie également Faire venir en se servant de la voix. Je l'appelle et il ne vient point. Il appelait inutilement, pas un domestique n'était à la maison. Appelez un tel. Appeler les voisins. Appeler à haute voix. Dieu appela Samuel pendant qu'il dormait. Appelez mes gens. Appeler de toute sa force. Appeler son chien. On dit aussi, par extension, Ne pouvant plus l'appeler de la voix, il l'appelait encore de la main. Appeler des yeux, du geste. Il se dit également en parlant du Cri dont les animaux se servent pour faire venir à eux ceux de leur espèce. Le mâle appelle sa femelle. La brebis appelle son agneau. La vache appelle le taureau. La poule appelle ses poussins. On dit, dans un sens analogue, Appeler des oiseaux en imitant leur cri. Appeler au secours, appeler à l'aide, Crier au secours, crier à l'aide, invoquer le secours, l'aide de quelqu'un. On dit de même Appeler quelqu'un à son secours, appeler du secours, etc. Fig., Appeler à son secours, se dit en parlant des Moyens extraordinaires que l'on emploie pour venir à bout de quelque chose. Il appelle à son secours le manège et l'intrigue pour mieux réussir dans son entreprise. Il signifie encore Inviter à venir. Appeler le médecin, le chirurgien. Appeler le confesseur. Cet artiste fut appelé en France, à la cour, par tel prince. Appeler un général à l'armée. Tous les chefs furent appelés à ce Conseil. Les Maures furent appelés en Espagne par le comte Julien. Il signifie particulièrement, en termes de Procédure, Citer devant le juge. Appeler en justice. On l'a fait appeler pour se voir condamner à payer une somme. Appeler quelqu'un en témoignage. Être appelé comme témoin. Appeler en garantie. Le juge ordonna que les parties seraient appelées. Appeler au combat, appeler en duel, ou simplement Appeler, Envoyer, défier. Appeler sous les drapeaux, ou simplement Appeler, Convoquer les soldats d'une classe à se rendre sous les drapeaux. La réserve fut appelée sous les drapeaux. On va bientôt appeler la classe de telle année. Dieu vient de l'appeler à lui, se dit en parlant d'une Personne qui vient de mourir. Appeler sur quelqu'un le mépris public, la haine de tous, etc., S'efforcer de le rendre l'objet du mépris public, de la haine générale, etc. Appeler sur quelqu'un, sur une famille, sur un pays les bénédictions du Ciel, Les leur souhaiter ou les leur attirer.

APPELER se dit aussi en parlant de Tout ce qui sert de signal pour avertir de se trouver en quelque lieu. Les cloches appellent à l'église. Une cloche appelle à la prière, au travail, au déjeuner. La sonnerie qui appelle à l'exercice, à la soupe, etc. Il se dit figurément en parlant de Tout ce qui avertit, qui excite, qui oblige à se trouver en quelque endroit, pour quelque chose que ce puisse être. J'irai où l'honneur, où le devoir m'appelle. La charité vous y appelle. Mes affaires m'appellent ailleurs. La vengeance l'appelle. Ce beau temps nous appelle à la chasse. Il signifie quelquefois Rendre nécessaire. Ce crime appelle la vengeance des lois. Ces abus appellent une réforme. Ce mot ne peut être employé seul, il appelle un complément. Ce grave sujet appelle toute votre attention. Appeler l'attention de quelqu'un sur quelque chose, L'inviter, l'engager à y faire attention, à y donner son attention. J'appelle à cet égard toute votre attention. Appeler l'attention se dit aussi de Quelque chose qui attire l'attention. Un bruit extraordinaire appela, vint appeler notre attention.

APPELER se dit aussi à propos des Inspirations que Dieu nous envoie et par lesquelles il nous fait connaître sa volonté. Il ne faut pas résister quand Dieu nous appelle. Dieu appela saint Paul à l'apostolat. Dieu appelle les chrétiens à la vie éternelle, Il leur donne tous les moyens de la mériter. Il fut appelé de Dieu à cette mission. Il se dit également en parlant des Personnes dont on fait choix, que l'on désigne pour quelque fonction ou quelque action importante. Appeler quelqu'un à un poste. Il fut appelé à siéger dans le Conseil. L'important devoir que nous sommes appelés à remplir. Il fut appelé à lui succéder. Il se dit pareillement des Qualités, des talents et des circonstances qui déterminent la vocation, le sort, la condition de quelqu'un. Le génie de Turenne l'appelait au commandement des armées. Il a su jouer le rôle auquel il a été appelé par les événements. Il s'emploie aussi absolument en termes de Procédure et signifie Recourir à un tribunal supérieur pour faire réformer le jugement, la sentence d'un tribunal inférieur. Il appellera de ce jugement. Il a appelé du tribunal de première instance à la Cour d'appel. Appeler comme de juge incompétent. Appeler à minimâ. Appeler comme d'abus signifiait Appeler à une autorité laïque d'un jugement, d'un acte du pouvoir ecclésiastique qu'on prétend entaché d'abus. Fig. et fam., J'appelle de votre décision, ou J'en appelle, Je ne me soumets pas à votre décision, je ne l'adopte pas. Fig., J'en appelle à votre témoignage, J'invoque votre témoignage. J'en appelle à votre probité, à votre honneur, à votre sagesse, etc., Je m'en réfère à votre probité, à votre sagesse, etc. Fig., En appeler à la postérité, S'en référer au jugement de la postérité. Fig. et fam., Il en a appelé, se dit de Quelqu'un qui est revenu d'une grande maladie.

Littré (1872-1877)

APPELER (a-pe-lé) v. a.

j'appelle, tu appelles, il appelle, nous appelons, vous appelez, ils appellent ; j'appelais, nous appelions ; j'appelai, nous appelâmes ; j'appellerai, nous appellerons ; j'appellerais, nous appellerions ; appelle, appelons, appelez ; que j'appelle, que tu appelles, qu'il appelle, que nous appelions, que vous appeliez, qu'ils appellent ; que j'appelasse ; appelant, (l'Académie exprime ici par ell le passage de l'e muet à l'e ouvert ; ailleurs elle rend ce passage par èle, comme dans je gèle ; il serait bien utile d'adopter pour tous les cas une orthographe uniforme).

Résumé

  • 1° Crier pour faire venir quelqu'un ; prononcer à haute voix une suite de noms ; faire signe de venir.
  • 2° Mander, inviter, au propre et au figuré ; admettre, attirer.
  • 3° Provoquer, défier.
  • 4° Citer quelqu'un en justice ; procéder au jugement d'une cause.
  • 5° Convoquer sous les drapeaux.
  • 6° Invoquer.
  • 7° Choisir pour une fonction, désigner.
  • 8° Réclamer, exiger, nécessiter.
  • 9° Donner un nom, désigner par un nom, nommer.
  • 10° V. n. Recourir à un tribunal supérieur.
  • 11° En appeler, ne pas se soumettre ; en appeler à, avoir recours à.
  • 12° En termes de marine, une manœuvre appelle.
  • 13° V. réfl. s'appeler, avoir pour nom.
  • 1Appeler quelqu'un à haute voix. Appeler chacun par son nom. Qui m'appelle ?

    Appeler les lettres de l'alphabet, les nommer successivement l'une après l'autre.

    En termes de palais, appeler une cause, dire à haute voix le nom des parties.

    Appeler son chien, l'appeler de la voix ou en sifflant.

    Il se dit des animaux. La brebis appelle son agneau ; la poule appelle ses poussins.

    Absolument. Il appelle, et personne ne vient.

    Fig. Appeler à son aide sa vertu. Celui qui sent sa faiblesse, appelle à son secours le manége et l'intrigue. Il appelle les idolâtres à la connaissance de Dieu, Bossuet, Hist. II, 7. Quelquefois elle appelle Oreste à son secours, Racine, Andr. I, 1. Par les dieux qu'en pleurant tes serments appelèrent, Régnier, Élég. II. Il appelait à témoin les dieux et les hommes que la république était trahie, Vertot, Révol. rom. III, 274.

    Appeler des oiseaux, les attirer en se servant d'un appeau.

    Absolument, en termes de chasse. Quelque terrier, dit-il, a sauvé mon galant ; Mes chiens n'appellent point au delà des colonnes, La Fontaine, Fab. XII, 23.

    Ce chien appelle en faux, il aboie dans l'endroit où les perdrix ont été, ou à la rencontre du frai des perdrix.

  • 2Louis XIV appela Colbert dans ses conseils. Si tu appelles le médecin. Les destinées nous appellent. Appeler la bienveillance par ses bons offices. La corneille appelle la pluie. Le coq appelle le jour. Une fourberie en appelle une autre. N'est-ce pas vous enfin de qui la voix pressante Nous a tous appelés aux campagnes du Xanthe ? Racine, Iphig. I, 3. Les cloches dans les airs de leurs voix argentines Appelaient à grand bruit les chantres à matines, Boileau, Lutr. II. Nos vaisseaux sont tout prêts et le vent nous appelle, Racine, Andr. III, 1. Et nos champs, malheureux par leur fécondité, Appellent l'avarice et la férocité Des brigands du midi, du nord et de l'aurore, Voltaire, Tancr, I, 1. Au pied de ses remparts quel intérêt m'appelle ? Racine, Iphig. IV, 11. L'infidèle en nos murs appelle l'étranger, Voltaire, Tancr. II, 4. Enfin, las d'appeler un sommeil qui le fuit…, Racine, Esth. II, 1. Argos nous tend les bras, et Sparte nous appelle, Racine, Phèdr. V, 1.

    Par extension. Dieu vient de l'appeler à lui, il vient de mourir. Je sens que Dieu m'appelle à lui, je sens que ma fin approche.

  • 3Appeler un adversaire au combat. Appeler à une lutte de talents.

    Appeler en duel ou simplement appeler, provoquer à un combat singulier. Je l'irais appeler comme mon adversaire, Régnier, Sat. VI. Il fit appeler le duc de Buckingham, Hamilton, Gramm. 11. Je sais de bonne part qu'on t'a fait appeler, Molière, Fâch. III, 4.

  • 4Appeler quelqu'un en justice. Les uns sont condamnés, les autres ne sont pas même appelés.

    Appeler quelqu'un en témoignage ou comme témoin.

    Appeler quelqu'un en garantie.

  • 5Appeler des soldats sous les drapeaux. Appeler les vétérans. On appelle le contingent de cette année.
  • 6Tous les vœux l'appellent. Appeler le malheur, la vengeance du ciel sur quelqu'un. Armée qui appelle le combat de tous ses vœux. Appeler sur quelqu'un les bénédictions du ciel. Il appelait sur vous la haine et le mépris.
  • 7Appeler quelqu'un à une charge. Il fut appelé au trône. Être appelé au consulat. Appeler quelqu'un à siéger dans le sénat. Appeler à une chaire un professeur habile. Il ne faut pas résister quand Dieu nous appelle. Le génie de Turenne l'appelait au commandement des armées. Quoi ! vous à qui Néron doit le jour qu'il respire. Qui l'avez appelé de si loin à l'empire…, Racine, Brit. I, 1.
  • 8Cette conduite appelle votre sévérité. Les affaires intérieures appelèrent son attention. Ce crime appelle la vengeance des lois. Ton audace à la fin appelle ma vengeance, Lamartine, Médit. II, 18.
  • 9Appeler une chose de plusieurs manières. Appeler quelqu'un le sauveur de la patrie. Je n'appellerai jamais libre un homme… J'appelle un chat un chat et Rollet un fripon, Boileau, Sat. I. Il n'y a point de particulier qui ne se voie autorisé par cette doctrine à adorer ses inventions, à consacrer ses erreurs, à appeler Dieu tout ce qu'il pense, Bossuet, Reine d'Anglet.

    Familièrement. Appeler les choses par leur nom, ne pas affaiblir par des mots ce que certaines vérités peuvent avoir de dur.

  • 10 V. n. Appeler de, recourir à un tribunal supérieur. Appeler d'un jugement. Loi qui permit d'appeler au peuple des consuls, Bossuet, Hist. I, 8. Et nous faire désirer au moins que Dieu existât, à qui nous pussions appeler du jugement des hommes, La Bruyère, 16. Il lui remontra qu'encore qu'il n'y ait point de juge à qui l'on puisse appeler de lui, il faut qu'il en appelle lui-même au tribunal de sa conscience, Fléchier, Panég. II, p. 91.

    Appeler comme d'abus, appeler d'un tribunal ecclésiastique à l'autorité laïque.

    Fig. Appeler de, ne pas se soumettre. J'appelle de votre décision. Jupin, de ton arrêt j'appelle ; Ta balance et tes poids sont faux, Béranger, Bluets. Avec le sens actif, en droit féodal, appeler son seigneur de faux jugement, c'était dire que son jugement avait été faussement rendu, Montesquieu, Esp. XXVIII, 27.

  • 11En appeler. Celui qui n'a pas fait sa fortune à la cour, est censé ne l'avoir pas dû faire ; on n'en appelle pas, La Bruyère, 8. Vauban est infaillible ; on n'en appelle point, La Bruyère, 12.

    En appeler à, s'en référer à, recourir. Souffrez, mes frères, que j'en appelle à votre conscience, Massillon, Évid. Charles I était brave ; il pouvait en appeler à l'épée, Chateaubriand, Stuarts, 197.

    Familièrement. Il en a appelé, se dit d'un homme qui a échappé à une maladie dangereuse.

  • 12 En termes de marine, une manœuvre appelle droit, si elle arrive directement au point où la force est appliquée ; elle appelle de loin, quand le lieu où elle est amarrée est éloigné.
  • 13 V. réfl. Avoir pour nom. Comment t'appelles-tu ? Parce que je m'appelle lion. Cette maladie s'appelle avarice. La mort ne peut s'appeler un mal.

    Voilà qui s'appelle un témoignage de véritable amitié ; c'est là un témoignage de véritable amitié. D'après de Caillières, voilà qui s'appelle, était une locution de la cour.

    Voilà qui s'appelle parler, voilà un langage ferme et franc. Nous disons aujourd'hui de préférence : Voilà ce qui s'appelle. Je vais, victime de mon zèle, M'envelopper dans ma vertu. - Voilà, voilà ce qui s'appelle être légèrement vêtu, Méry, Et Barthélemy, le Congrès des ministres.

    Se donner un titre. Le monarque de la Perse s'appelle dans ses inscriptions le roi des rois.

    S'appeler, s'inviter l'un l'autre a venir. Pour ne pas se séparer dans le bois, ils s'appelaient de temps en temps.

    PROVERBE

    Il est comme le chien de Jean de Nivelle, il s'enfuit quand on l'appelle, se dit en parlant d'un homme qui ne fait rien de ce que l'on souhaite.

REMARQUE

Il y a des personnes qui confondent appeler, terme de justice, et rappeler. On dit appeler et non rappeler d'un jugement.

HISTORIQUE

XIe s. Se alquens [aucun] est apeled de larecin u de roberie…, L. de Guill. 4. Que est forfeng en angleis apeled, ib. 6. Dist Blancandrins : apelez le franceis, Ch. de Rol. XXXVII. À sei [il] apele son fil et les deus reis, ib. CCXXXVIII.

XIIe s. Veez mei ici, kar tu m'apelas, Rois, p. 12. La fist Joyeuse Charles maine apeler [son épée], Ronc. p. 111. Tel chose [le comte Tibaut] a faite en sa vie Dont [il] deüst estre apelés [en champ clos], Hues de la Ferté, Romancero, p. 187. Salomons les apele devant le duc Richart, Sax. XXIX. Quant veit li arcevesques, prist sei à purpenser, La curt à l'apostolie li estut apeler, Saveir s'il se purreit par issi delivrer, Th. le mart. 41.

XIIIe s. Et après i envoia un cardonnal qui est appelés maistre Pieron de Capes, Villehardouin, I. Constance à ce conseil fu mout tost apelée, Berte, CXV. De la moie part le desfie ; Si l'apele de felonie, Ren. 18116. Pintain [il] apele, où moult se croit ; à une part l'a apelée, ib. 1422. Nus ne doit fere enqueste seus [seul], qu'il n'apiat bone gent avec li por fere l'enqueste, Beaumanoir, XL, 17. S'on apele du jugement et li jugemens est trovés malvès, Beaumanoir, XL, 29. S'il apeloit son home de murdre ou de traïson, Beaumanoir, XL, 36. Le capitre qui parole des deffenses à l'apelé, Beaumanoir, VI, 19.

XIVe s. Du dittateur ne pooit on apeler au peuple, Bercheure, f° 2, verso.

XVIe s. Ilz en appelloyent à Rome, Calvin, Inst. 900. Faisant requeste à Dieu de l'appeller à lui, Montaigne, I, 252. Il l'appella deux ou trois fois par son nom pour l'esveiller, Montaigne, I, 339. Appellant sur eulx la vengeance divine, Montaigne, II, 33. Nations moins barbares en cela que la grecque qui les en appelle, Montaigne, II, 48. Il se feit porter où le besoing l'appeloit, Montaigne, III, 94. J'ay ma chevance mieulx logée qu'en des coffres appelant sur moy la haine, Montaigne, IV, 11. Cela est ce vivre heureusement ? cela s'appelle il vivre ? La Boétie, 67. Aux provinces où il y a un satrape qu'ils appellent, celuy là a le soin et superintendance de l'un et de l'autre, La Boétie, 137. Pourtant t'appelle je mon pere, ne trouvant autre appellation plus venerable, Amyot, Fab. 28. Il s'alla camper près du bourg qui s'appelle Cannes, Amyot, ib. 31. La vieille injure appelle la nouvelle, Ronsard, 607.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

APPELER.
4Ajoutez : Il [saint Paul] montrera que, bien loin que les dignités soient capables de soustraire les hommes au jugement de Dieu, c'est cela même qui les y appelle et qui aggrave leur compte, J. Saurin, Disc. de saint Paul à Félix et à Drusille.
14S'appeler, se donner un titre à soi-même. On n'eut égard aux sollicitations que pour exclure ceux qui étaient assez téméraires pour solliciter et s'appeler eux-mêmes, Massillon, Panégyr. saint Louis.

REMARQUE

Écrivez : appelé-je, et non appellé-je, par la même raison qui fait qu'on écrit appelai et non appellai. Cette remarque s'applique à tous les verbes en eler et en eter : jeté-je et non jetté-je.

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Étymologie de « appeler »

Bourguig. aipelai ; provenç. appellar ; espagn. apelar ; ital. apellare ; du latin appellare, de ad, à (voy. À), et pellare, inusité et signifiant parler.

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Du latin appellare « adresser la parole à quelqu’un », « invoquer », « appeler (désigner quelqu’un par son nom ou par un nom) ».
Note : On remarque (à la prononciation du -el-) que le verbe français a perdu le double l. La règle est de doubler le l devant le e muet.
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Phonétique du mot « appeler »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
appeler apœle

Fréquence d'apparition du mot « appeler » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « appeler »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « appeler »

  • Je suis content de ma bagnole, peut-on appeler ça de l’auto-satisfaction ?
    Philippe Geluck — Le Chat
  • Mais n’est-ce pas déjà l’insulter injurieusement que d’appeler les échecs un jeu ?
    Stefan Zweig — Le Joueur d’échec
  • La vue d'un corps endormi peut-elle appeler autre chose que le meurtre comme suprême tendresse !
    Jean Giraudoux — Judith
  • On se goinfre de progrès. En une minute, on peut appeler Bogota. D’abord, c’est faux. Ensuite on ne sait qui appeler ni quoi dire.
    Jean-Luc Godard
  • Lorsqu’on prend un gourdin pour appeler un chien, il ne vient pas.
    Proverbe chinois
  • Nommer est toujours appeler, c'est déjà ordonner.
    Roger Caillois — L'Homme et le sacré, Gallimard
  • « L’homme, c’est quelqu’un qui crée, qui avance en permanence, qui invente des trucs pour faire mieux, avoir plus. On vit dans ce que l’on pourrait appeler “la banalité du mal”. Ce n’est pas moi qui ai inventé ce mot, c’est Hannah Arendt au moment du procès Eichmann. Au quotidien, on est contre le plastique mais on achète des choses sous plastique tout le temps parce qu’on vit dans le plastique. On est contre le changement climatique mais on a pris longtemps l’avion sans réfléchir, alors que l’avion a un impact énorme sur les gaz à effet de serre et il n’y a que 10% des gens au niveau mondial qui prennent l’avion, il faut le savoir ça aussi.
    La Semaine — Yann Arthus-Bertrand : « On vit dans ce que l’on pourrait appeler la banalité du mal »
  • A force d’appeler ça ma vie je vais finir par y croire. C’est le principe de la publicité.
    Samuel Beckett — Molloy
  • Appeler la guerre le ferment du courage et de la vertu est appeler la débauche le ferment de l’amour.
    George Santayana
  • Où est le risque d'en appeler à la postérité : on n'y est jugé que par contumace.
    Paul-Jean Toulet — Les trois impostures
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Traductions du mot « appeler »

Langue Traduction
Anglais call
Source : Google Translate API

Synonymes de « appeler »

Source : synonymes de appeler sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « appeler »

Combien de points fait le mot appeler au Scrabble ?

Nombre de points du mot appeler au scrabble : 11 points

Appeler

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