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Prier

Définitions de « prier »

Trésor de la Langue Française informatisé

PRIER, verbe trans.

A. − RELIGION
1. Prier Dieu ou absol. prier. Élever son âme vers Dieu par la prière. Prier (Dieu) seul, ensemble, souvent, matin et soir; prier à l'église, dans sa chambre, sur la tombe de qqn; prier à genoux, à haute voix; prier avec ferveur, sans relâche, du bout des lèvres, du fond du coeur; s'agenouiller pour prier. Vous croyez que c'est le pain qui vous manque? Un peu. Mais le creux est plus profond. C'est Dieu qui vous manque. Priez-le avec moi (R. Bazin,Blé, 1907, p.330).V. oraison ex. 1:
1. ... [la religion musulmane] ne consistait qu'en huit ou dix points: professer l'unité de Dieu; reconnaître Mahomet pour son seul prophète; prier cinq fois par jour... Volney,Ruines, 1791, p.170.
2. S'adresser à Dieu dans une prière instante; s'adresser à un saint pour lui demander d'intercéder auprès de Dieu.
a) Prier (Dieu ou un saint) pour qqc. Prier pour une conversion, une guérison, la paix, l'unité des chrétiens. Nous demanderons à Jeanne, vierge, sainte et martyre, de prier Dieu pour la grandeur et pour la gloire de la France! (Coppée,Bonne souffr., 1898, p.151).Je prierai seule pour les péchés du monde et d'abord pour les miens (Jouve,Paulina, 1925,p.208).
Prier Dieu (pour) que + subj. Je prie Notre-Dame de Sion, protectrice éternelle des Lorrains, qu'elle accueille (...) mon hommage (Barrès,Cahiers, t.11, 1915, p.143).Nous allons prier le bon Dieu pour qu'il nous assiste tous (Martin du G.,Thib., Cah. gr., 1922, p.588).
Je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte (et digne) garde. [Formule de congé, par laquelle le roi terminait ses lettres] Henri: Allez, messieurs et milords, (...) et prions Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde (Dumas père, C. Howard, 1834, iii, 2, p.270).
Prier (Dieu) de + inf. Toute la famille pria le ciel de répandre ses bénédictions sur les deux époux (Karr,Sous tilleuls, 1832, p.204).
b) Prier (Dieu ou un saint) pour qqn. Prier pour les affligés, les âmes du purgatoire, les défunts, les malades, les pécheurs, ceux qui souffrent, les vivants et les morts. J'estimais, en ma qualité de catholique, plus profitable et plus profond de prier pour les morts dans les églises (Bloy,Journal, 1892, p.24).Faire dire des messes et prier pour lui, ça c'est correct, tu ne peux pas faire mieux (Hémon,M. Chapdelaine, 1916, p.159).
Priez pour nous. [Dans une litanie, formule par laquelle les fidèles répondent à l'invocation d'un saint] Sainte mère de Dieu, priez pour nous! Tous les saints anges et archanges, priez pour nous! (Claudel,Processionnal, 1910, p.298).
B. − Demander par grâce, avec insistance et humilité ou au moins déférence (une faveur, un service). Synon. adjurer, conjurer, implorer, requérir, solliciter, supplier.Prier qqn instamment.
1.
a) Littér. Prier qqn.Carmela seule s'y opposait [à une nouvelle danse]; mais le comte de San-Felice pria sa fille si tendrement qu'elle finit par consentir (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.451).J'eus beau la prier; elle ne voulut point me dire ce qu'elle faisait (Maupass.,Contes et nouv., t.1, J. Romain, 1886, p.1296).
Empl. abs. Le capitaine avait tant prié, l'avait implorée avec des paroles si douces; elle était persuadée qu'il l'aimait si violemment (...) qu'elle avait laissé prendre son coeur (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Mal d'André, 1883, p.382).On priait, discutait, réclamait. Finalement, les Allemands cédaient (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p.226).
b) Prier qqn de + inf.Prier qqn d'intervenir, de rendre un service. [Un émigré] n'a point prié Pitt, ni supplié Cobourg de ravager nos champs, de brûler nos villages, pour venger les châteaux (Courier,Pamphlets pol., Réponses aux anon., 1822, p.152).Je viens vous supplier de croire que je regrette profondément, cruellement, d'avoir été la cause involontaire d'une scène fâcheuse à tous égards, et vous prier de me pardonner (Bernanos,Imposture, 1927, p.428).
Vx. Prier qqn de qqc.Il descend de cheval, et la prie d'amour, et la veut emmener en France (Sainte-Beuve,Prem. lundis, t.2, 1832, p.79).
2. Loc. verb.
a) Se faire prier. Ne céder qu'après de nombreuses sollicitations, de longues hésitations aux demandes d'autrui. Synon. résister, se faire tirer l'oreille (fam.).Elle aime bien se faire prier. D'abord elle ne voulut pas; puis elle se fit prier moins fort, puis elle consentit entièrement (Janin,Âne mort, 1829, p.172):
2. −Tu restes dîner avec nous? J'étais venu pour ça. Je présentai pourtant des objections. Je me fis prier (...). Mais Lanoue se reprit à insister et j'acceptai tout de suite... Duhamel,Confess. min., 1920, p.66.
b) [Souvent à la forme négative]
Ne pas se faire prier. Accepter avec empressement. Il ne se fit pas trop prier pour accepter un bock (Billy,Introïbo, 1939, p.177).Déjeuner au lit! Je ne croyais pas que ce privilège pût appartenir à toute autre personne que Folcoche. Je ne me fis cependant pas prier et j'attaquai les brioches (H. Bazin,Vipère, 1948, p.151).
Sans se faire prier. De son plein gré, volontiers. Elle chante sans se faire prier. Tu goûtes pas? Vairon, sans se faire prier, puise dans le chaudron avec son quart (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p.73).Heureux de produire son effet, Beau-Blanc répéta la nouvelle sans se faire prier (Guèvremont,Survenant, 1945, p.188).
C. − [Pour présenter une demande en termes atténués ou dans des formules de politesse]
1. Prier qqn de + inf.Demander. Prier qqn d'accepter qqc., d'attendre, de chanter, de s'asseoir; prier qqn d'excuser une absence. Monsieur, je suis charmé du hasard qui me procure votre connaissance, et je vous prie seulement de m'accorder quelques jours (Nerval,Filles feu, Angélique, 1854, p.509).Le mouvement (...) répond à un service, à une politesse, «on vient vous prier de donner un coup de main» (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p.226).
Littér. Prier que + subj.Julien ignorait ce détail, il avait prié qu'on ne lui parlât jamais de ces sortes de choses (Stendhal,Rouge et Noir, 1830, p.475).
En partic. [Avec une nuance impérative] Prier qqn de se dépêcher, de se taire. Ce ton n'était ni dans son tempérament ni dans ses habitudes (...). Comme elle le priait sèchement d'être poli, il s'excusa (Zola,Nana, 1880, p.1392).
2. En partic. [À la 1repers.]
[En s'adressant à qqn] Je vous prie de me faire l'honneur, le plaisir de. C'est un présent que je vous prie de bien vouloir accepter de ma main (Farrère,Homme qui assass., 1907, p.104).
[Avec une nuance impérative] Synon. veuille(z).Je vous prie de me laisser tranquille, de ne plus m'importuner. À l'avenir, je vous prie de ne pas rester si longtemps dehors (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p.71).Je te prie d'éteindre ce cigare (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p.156).
[Dans une formule terminant une lettre] Vous, Monsieur, je vous prie de croire à mon dévouement et à mon attachement très sincère (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.257).En attendant ce plaisir-là, je vous prie d'agréer l'assurance de mes meilleurs sentiments (Flaub.,Corresp., 1872, p.32).
[Souvent avant ou après un impér., un ordre pour renforcer la demande] Laissez-moi, je vous prie; je t'en prie, écris-moi le plus tôt possible. Ne pleure pas, je t'en prie. Je n'ai déjà pas trop de courage!... (Courteline,Boubouroche, 1893, ii, 4, p.80).Stanie, taisez-vous, je vous prie. Il est correct que vous vous taisiez (Farrère,Homme qui assass., 1907, p.306).
[Pour exprimer l'ordre] Que ceci ne se reproduise pas je vous prie! Du calme, je vous prie! Vous avez tort, répondit-elle; je vous en prie, pas un mot de plus (Musset,Confess. enf. s., 1836, p.335).
[Après une interr., une demande pour demander une réponse] Orphée: (...) Ah! Je vous y prends, Madame. Eurydice: À quoi, je vous prie? (Crémieux,Orphée, 1858, i, 2, p.7).
[Pour contredire son interlocuteur, exprimer sa réprobation] La simulation... −Je vous en prie! dit MlleChantal. J'ai agi spontanément, sottement, au petit bonheur (Bernanos,Joie, 1929, p.664).
[Pour inviter son interlocuteur à poursuivre] J'ai même, à ce propos, une petite requête à vous adresser. −Je vous en prie. −Ce serait, mon compagnon Targui ayant perdu le sien, de me laisser un des deux chameaux de charge (Benoit,Atlant., 1919, p.94).
[Pour répondre à une formule de politesse, éluder des remerciements] Merci. −Je vous en prie. Petypon: Après vous, je vous prie! Varlin: Pardon! (Feydeau,Dame Maxim's, 1914, i, 23, p.26).
3. [Au passif ou à la forme impers., pour exprimer l'invitation, l'ordre] Tu es prié de ne pas t'inquiéter de moi (Valéry,Corresp.[avec Gide], 1895, p.239).Dépêche (...) ainsi conçue: «Êtes prié venir en consultation auprès du Saint-Père qui réclame vos lumières...» (Feydeau,Dame Maxim's, 1914, iii, 6, p.60).V. bâtarde ex. 10.
[Dans le style des annonces, des écriteaux] Synon. prière de + inf.On est prié de s'adresser au concierge; vous êtes priés d'assister aux obsèques qui se dérouleront le...; on est prié d'adresser toute correspondance à... «Les dames non accompagnées ne sont pas admises et sont priées d'attendre dehors,» dit un écriteau (Morand,Londres, 1933, p.134):
3. Dans votre prochain roman, vous devriez glisser un appel voilé dont le sens serait, si on le rédigeait en style d'annonce: «Mères désirant témoigner admiration M. Pierre Costals par preuves solides en le mettant en relations avec leurs filles sont priées se faire connaître...» Montherl.,Démon bien, 1937, p.1334.
D. − Vieilli. Prier qqn à.Inviter dans les termes requis par la politesse.
1. Prier qqn à + subst.Je fus prié à un banquet musical (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.63).Comme je ne pouvais sortir, notre amie pria «G. M.» au thé (Blanche,Modèles, 1928, p.242).
2. Prier qqn à + inf.Et l'après-midi, au bureau de l'hôtel, il trouva la carte du Duc, qui était venu en personne pour le féliciter et le priait à déjeuner le lendemain (Montherl.,Bestiaires, 1926, p.442).On nous pria respectueusement à boire (Vercel,Cap. Conan, 1934, p.229).V. machine II B 1 b ex. de Radiguet.
Absol. Au jour fixé, vers six heures, madame de Noirville avait préparé un dîner somptueux et prié les personnes les plus honorables de sa société pour bien accueillir sa petite voisine (Balzac,OEuvres div., t.2, 1830, p.190).
Prononc. et Orth.: [pʀije], (il) prie [pʀi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 881 «invoquer Dieu» (Eulalie, 26 ds Henry Chrestomathie, p.3: preier); 1472 part. prés. subst. priant «représentation d'une personne qui prie» (Doc. ds Mém. Sté de l'Hist. de Paris, t.2, p.364 n2: auquel corset sont devant et derrière l'ymaige de Dieu et de mons. S. Jaques avec deux prians); 1551 «statue funéraire qui représente une personne en prière» (Doc. ds Artistes et monuments de la Renaissance, éd. M. Roy, t.1, p.174); 2. ca 980 «demander» (Jonas, éd. G. de Poerck, vo31: acheder co que li preirets); 1176-81 je vos an pri formule pour demander de façon plus ou moins pressante à une personne de faire quelque chose (Chrétien de Troyes, Chevalier charrete, éd. M. Roques, 141); ca 1170 se faire prier (Id., Erec, éd. M Roques, 1232: cil gaires preier ne s'an fist); 1671 sans se faire prier (Pomey); 3. 1400-05 prier de «inviter à» (Froissart, Chron., éd. G. T. Diller, p.895, 29-30); 1671 prier à + inf. (Pomey). Du b. lat. precare (vies. ds Blaise Lat. chrét.), du class. precari «prier, supplier», dér. de prex, precis «demande; prière(s)» att. seulement à l'acc. et au datif dans la lang. préclass. L'inf. prier et les autres formes accentuées sur la terminaison ont été refaites d'après les formes accentuées sur le rad. Prier en empl. intrans. a supplanté orer* au xves. Fréq. abs. littér.: 11313. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 19973, b) 18806; xxes.: a) 16228, b) 11231.
DÉR.
Prieuse, subst. fém.,rare. a) Femme qui a pour fonction de prier. α) [Relig. non chrét.] [Deux amants] se rendaient (...) au temple somptueux de Vénus Physizoé. Là, des prêtresses, dirigées par une prieuse mitrée, adressaient d'abord pour eux des oraisons aux dieux (Nerval,Voy. Orient, t.1, 1851, pp.87-88). β) [Dans certaines communautés relig. chrét.] Synon. de béguine.Ces béguines ou prieuses, au bout de dix ans d'une vie commune, obtiennent ce qui est l'objet de leurs voeux (...), l'aparté dans l'habitation (Michelet,Chemins Europe, 1874, p.266).b) Vx et région. (Ouest). Femme qui assure une permanence de prière auprès d'un défunt entre le décès et la sépulture. Ce fut un peu avant Pâques que le père Corbier mourut (...). Les prieuses arrivèrent dès huit heures (...). Arrivées à la maison elles se jetaient à genoux, sans une parole, autour de celle qui dirigeait la prière (E. Pérochon,Nêne, [1920], pp.120-121 ds R. Ling. rom. t.42 1978, p.116). [pʀijø:z]. 1reattest. 1851 (Nerval, loc. cit.); de prier, suff. -euse, v. -eur2*; cf. le m. fr. prieur «celui qui invite aux funérailles» 1426 (27 août, Tutelle de Annette, Miquelot et Loyset le Cat, Arch. Tournai ds Gdf.) [déjà en a. fr. prieur «celui qui prie» mil. xiiies.-xves., ibid.], et prieresse «celle qui vient prier, qui invite aux funérailles» 1390 (10 déc., Tut des enfants Garin Loterielle, Arch. Tournai ds Gdf. −1412, ibid.: priresse) [déjà en a. fr. 1ertiers xiiies. preieresse «celle qui prie» (Joies Nostre Dame, Richel 19525, fo94cds Gdf.)].
BBG.Jessen (H.). Pragmatische Aspekte lexikalischer Semantik. Tübingen, 1979, p.54; pp.142-145. _Landin (E.). Ét. sur les constr. de certains verbes exprimant la prière, la hâte et la nécessité en fr. Thèse, Uppsala, 1938, pp.2-59. _Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.107-108. _Rickard (P.). Prier and its constructions from Old to early Modern French. Vox rom. 1982, no41, pp.133-157.

Wiktionnaire

Verbe - français

prier \pʁi.je\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Adorer la divinité en lui demandant une grâce, en la remerciant d’une grâce.
    • La caravane ne s’ébranla qu’après d’interminables adieux: ceux qui restaient priaient Allah d’accorder sa bénédiction aux voyageurs […] — (Out-el-Kouloub, « Zariffa », dans Trois Contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
    • Les personnes vraiment pieuses doivent se faire un devoir de prier pour l’Église et d’honorer leur évêque; elles doivent aussi prier pour l’avantage spirituel et temporel de l’État, et honorer leur Souverain. — (Vies des saints pour tous les jours de l’année, 1846, note de bas de page 526)
    • Ah ! les gens qui ne pratiquent pas s’imaginent que rien n’est plus facile que de prier. Je voudrais bien les y voir ! — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Prier la Vierge, prier les saints, s’adresser à la Vierge, aux saints, afin qu’ils interviennent pour nous auprès de Dieu.
    • Je prie Dieu que…. se dit en forme de souhait.
    • Je prie Dieu qu’il vous rende la santé.
    • Je prie Dieu qu’il vous ait en sa sainte garde, Formule par laquelle le roi terminait ses lettres.
  2. Demander par grâce, avec une sorte d’humilité ou au moins de déférence.
    • Aujourd’hui tout est devenu si confus que les curés prétendent être les meilleurs de tous les démocrates ; ils ont adopté la Marseillaise pour leur hymne de parti ; et si on les en priait un peu fort, ils illumineraient pour l'anniversaire du 10 août 1792. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.VI, La moralité de la violence, 1908, page 303)
    • Prier quelqu’un de quelque chose, de faire quelque chose.
    • C’est un homme que je vous prie de protéger.
    • Priez-le de ma part de venir me parler.
    • Il veut être prié, il aime à se faire prier, se dit d’un homme qui diffère de faire quelque chose de facile qu’on lui demande.
    • Elle s’est fait prier pour chanter, et elle en mourait d’envie.
  3. S’emploie souvent par simple formule de civilité, de façon phatique.
    • Dites-moi, je vous prie, ce que vous entendez par là.
    • Excusez-moi, je vous prie, si je ne me rends pas à votre invitation.
    • Faites porter cela chez moi, je vous prie.
    • Remarquez, je vous prie, que….
    • Quelle sera, je vous prie, votre situation ?
    • Ah ! Je t’en prie, je ne veux plus entendre parler de cela.
    • Je vous prie, que cela n’arrive plus.
    • Ne recommencez pas, je vous en prie.
  4. Inviter, convier.
    • On l’a prié d’assister à la cérémonie.
    • Il est de ceux qu’on a priés.
    • Un jour, causant avec lui dans le palais, ils abordèrent un ministre qui pria Zadig à souper, et ne pria point Arimaze. — (Voltaire, Zadig ou la Destinée, IV. L’envieux, 1748)
    • – Devez-vous le revoir ?
      – Il m'a prié en qualité de secrétaire.
      — (André Gide, Les Caves du Vatican, 1914)
    • — La princesse Aldobrandi te prie à une soirée qu’elle donne chez elle demain. — (Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes, José Corti, 1951)
    • Repas, dîner prié, Repas, dîner auquel on est invité avec quelque cérémonie.
    • Les jours de dîners priés, Monsieur de C., se substituant à elle, se plongeait dans de longs conciliabules avec Aldegonde, soucieux d’éviter que parussent sur la table certaines combinaisons chères aux cuisinières belges, telles que la poule au riz flanquée de pommes de terre, ou que l’entremets consistât en tarte aux pruneaux. — (Marguerite Yourcenar, Souvenirs pieux, Gallimard, 1974 ; collection Folio, page 20)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

PRIER (pri-é), je priais, nous priions, vous priiez ; que je prie, que nous priions, que vous priiez v. a.
  • 1 Terme de religion. Adresser des demandes aux puissances célestes. Et je prierai les dieux que dans cet entretien Vous ayez assez d'heur pour n'en obtenir rien, Corneille, Sertor. I, 1. …si le ciel encore est touché de mes pleurs, Je le prie, en mourant, d'oublier mes douleurs, Racine, Bérén. IV, 5.
  • 2En particulier, s'adresser à Dieu. Lorsque vous priiez Dieu avec larmes et que vous ensevelissiez les morts, Sacy, Bible, Tobie, XII, 12. Qui pourra croire que les épicuriens, qui niaient la providence divine, eussent des mouvements de prier Dieu, eux qui disaient que c'était lui faire injure de l'implorer dans nos besoins…, Pascal, Prov. IV. Je souhaite d'apprendre, ma fille, si vos douleurs vous ont quittée ; j'en prie Dieu, et qu'enfin il commence à vous soulager après vous avoir poussée si loin, Bossuet, Lett. abb. 57. Le roi Édouard fit prier Dieu dans toutes les églises d'Angleterre pour le repos de l'âme du roi Jean, qui était mort à Londres, Choisi, Hist. du roi Jean, dans RICHELET.

    Prier la Vierge, prier les saints, s'adresser à la Vierge, aux saints, afin qu'ils intercèdent pour nous auprès de Dieu.

    Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde, ou, simplement, pour les personnes d'un rang moins élevé, en sa sainte garde, formule par laquelle le souverain de France termine ses lettres.

    Je prie Dieu que… se dit par forme de souhait. Je prie Dieu qu'il vous ramène en bonne santé.

    Absolument. Elle est à bien prier exacte au dernier point, Mais elle bat ses gens et ne les paye point, Molière, Mis. III, 5. En priant pour son âme, chrétiens, songeons à nous-mêmes ; qu'attendons-nous pour nous convertir ? Bossuet, Duch. d'Orl. Engager les uns à prier, et empêcher les autres de mal prier, Bourdaloue, 5e dim. après Pâq. Dominic. t. II, p. 179. Pour moi, je n'ai qu'à prier et à mourir ; et je n'en suis pas fâchée, Maintenon, Lett. à Mme de Caylus, 31 déc. 1716. Prier ensemble dans quelque langue, dans quelque rite que ce soit, c'est la plus touchante fraternité d'espérance et de sympathie que les hommes puissent contracter sur cette terre, Staël, Corinne, x, 5. [Le peuple] prie les gouvernements de l'épargner un peu, et il croit qu'on l'écoute ; en un mot le peuple est toujours priant et croyant ; croire et prier, c'est son état, sa façon d'être de tout temps, Courier, Lett. au réd. du Censeur, 6. Enfants, quand vous prierez, prierez-vous pas pour moi ? Hugo, F. d'aut. XXXVII.

  • 3Demander par grâce. Je vous prie de le protéger. Une mère pour vous croit devoir me prier, Racine, Iphig. III, 6.

    Prier quelqu'un de quelque chose, le lui demander avec prière. Vois l'urne de Pompée, il y manque sa tête ; Ne me la retiens plus ; c'est l'unique faveur Dont je te puis encor prier avec honneur, Corneille, Pomp. V, 4.

    Prier un homme de son déshonneur, se dit quand on lui fait quelque demande qu'il n'est pas honorable d'accorder. Vous étant bien amusé durant la promenade à prendre du tabac sans songer à moi, vous ne vous en souvenez au retour que pour me prier de mon déshonneur en termes honnêtes, mais fort intelligibles, Hamilton, Gramm. 4.

    Prier que, avec le subjonctif. Nous lisons fort ici ; La Mousse m'a priée qu'il pût lire le Tasse avec moi, Sévigné, 21 juin 1671. Il [mon fils] me croit autant qu'il peut ; il me prie que je le redresse ; je le fais comme une amie, Sévigné, 22 avr. 1671. Quand elle [Mme de Marans] nous pria qu'elle pût venir avec nous passer le soir chez M. de la Rochefoucauld, Sévigné, 3 avr. 1671.

    Se faire prier, différer d'accorder une chose demandée et qui n'est pas difficile. Elle se fait prier, pour se donner un nouveau prix, Sévigné, 5 janv. 1680. Eh, pour se marier, Est-il fille aujourd'hui qui se fasse prier ? Th. Corneille, Comt. d'Orgueil, I, 7. On a dit de quelques-uns qu'ils se faisaient si longtemps prier, qu'ils donnaient si sèchement et chargeaient une grâce qu'on leur arrachait de conditions si désagréables…, La Bruyère, VIII.

    On dit dans le même sens : il veut être prié.

    Familièrement. Je l'en ai prié comme Dieu, comme pour Dieu, je l'en ai prié à mains jointes, je lui ai demandé la chose avec toute l'ardeur possible.

    Je vous prie, se dit absolument comme formule de politesse. Faites porter cela chez moi, je vous prie.

    On dit de même : je vous en prie. Faites cela, je vous en prie.

    Je vous prie, je vous en prie, s'emploie quelquefois par forme de menace. Ne recommencez pas, je vous prie, je vous en prie.

    Il se dit aussi par humeur. Si j'étais de mon fils, son époux, Je vous prierais bien fort de n'entrer point chez nous, Molière, Tart. I, 1. Vous ? mon Dieu ! mêlez-vous de boire, je vous prie, Boileau, Sat. III.

    Absolument. Prier pour quelqu'un, intercéder pour quelqu'un. J'ai prié pour lui, mais je n'ai rien pu obtenir.

  • 4Inviter, convier. Des parents à prier tant d'un côté que d'autre, Montfleury, Femme juge et part. I, 4. Mon maudit campagnard s'était informé des personnes que je voyais le plus fréquemment, et n'avait pas manqué de les prier, Duclos, Œuv. t. VIII, p. 172.

    Prier à, inviter avec quelque cérémonie. Le mariage se fera dans quatre jours… mandez-le un peu à son maître de musique, afin qu'il se trouve à la noce… je vous y prie aussi, Molière, Mal. imag. II, 5. Comme il a faim et que la nuit est déjà avancée, il la prie à souper, La Bruyère, XI. On m'assure qu'on a vu frère Berthier avec un autre frère, allant par la route de Genève à Soleure ; si j'en avais été informé plus tôt, je les aurais priés à dîner, Voltaire, Lett. d'Argental, 11 mars 1764. Elle est priée à tous les bals et à tous les soupers, Genlis, Ad. et Th. t. II, p. 177, dans POUGENS.

    Prier de, même sens. Si cette partie est rompue, j'irai chez Mme de Chaulnes ; j'en suis extrêmement priée par la maîtresse du logis, Sévigné, 5 févr. 1674. S'il est prié d'un repas, La Bruyère, Théophr. v. Du souper le patron l'aura prié peut-être, Baron, Éc. des pères, IV, 3. Touchez-là : c'est me prier d'une partie de plaisir, Boissy, Franç. à Londres, sc. 10.

    Les auteurs de synonymes ont voulu distinguer prier à de prier de, disant que prier de indiquait moins de cérémonie, et que, près de se mettre à table avec ceux qu'on a priés à dîner, une personne survenant, on la prie de dîner. Cette nuance n'est pas observée par l'usage. Cependant, en général, il vaut mieux dire, en ce sens, prier à que prier de, du moins dans tous les cas où le sens d'inviter ne serait pas clair, et où l'on craindrait qu'il ne se confondît avec celui de demander avec instance.

    La viande ne prie point les gens, se dit d'un méchant repas. La viande pourtant ne priait point les gens, Régnier, Sat. X.

  • 5Se prier, s'adresser une demande, une prière. Je me prie, en pleurant, d'oser rompre ma chaîne, Chénier, Élég. XXXVI.

    S'inviter soi-même. Pressez vite le jour de la cérémonie ; J'y prends part, et déjà moi-même je m'en prie, Molière, Éc. des f. v, 8.

    Familièrement. Se prier se dit pour tout ce qui ennuie ou déplaît. Il faut que je me prie pour aller à cette ennuyeuse soirée.

REMARQUE

1. Boileau a dit prier quelque chose à quelqu'un : Tout ce que j'ai à vous prier maintenant, c'est de me mander…, Boileau, Lett. à Racine. 4 juin 1693.

2. Dans la versification du commencement du XVIIe siècle, on écrivait je te pri' devant une consonne, ou même je te prie (d'une seule syllabe). Quitte-moi, je te pri', je ne veux plus de toi, Malherbe, I, 4. Et prie Dieu qu'il nous garde en ce bas monde ici, Régnier, Sat. VIII. Maillet, quoique fort importun, Ainsi que dit le bruit commun, N'a pas tant faim comme il crie ; Car, puisqu'il nous donne aujourd'hui Un je te pri pour je te prie, S'il ne mange, il ne tient qu'à lui, Épigrammes, dans RICHELET.

3. On a dit prier à Dieu, prenant prier comme verbe neutre. Aussi de tous étiez jà regretté, Fors de l'envie et de votre bon frère ; Lui ne voyant en vous de sainteté Priait à Dieu qu'il vous mît vite en terre, Pour accourcir d'autant l'iniquité, Vers adressés par Piron à Voltaire, le 3 déc. 1723. C'est un archaïsme.

HISTORIQUE

Xe s. Tuit oram que por nos [elle] degnet preier, Eulalie. Preiets [priez] li que de cest periculo nos liberat, Fragm. de Valenç. p. 469.

XIe s. N'i a paien [qui] nel prit [prie] e nel aort [adore], Ch. de Rol. LXVI. Clamez vos coulpes, si preiez Deu merci, ib. LXXXVII.

XIIe s. [Je] Proi vous, dame, par vo très grant valor, Que vous amez [aimiez] vostre loial ami, Couci, VII. Bele dame me prie de chanter, ib. X. As fins amans proi [je prie] qu'il dient le voir [vrai], ib. X. Qui donc veïst le duc nostre Seigneur prier Qu'il ait merci de s'ame…, Sax. X. Sire, li reis vus ad porté grant amistié ; Bien li devriez faire ço qu'il vus ad preié, Th. le mart. 25.

XIIIe s. Ne chantez mais, Quesnes, je vous en prie, Hues D'Oisi, Romancero, p. 103. Prions leur que il nous aident à conquerre la cité, Villehardouin, XXXVIII. Je vous pri sur la foi que vous m'avez jurée…, Berte XVI. Por le roi Pepin [elle] proie, nel [ne le] met pas en oubli, ib. LIX. On dit pieça qu'au desoz [au-dessous] est qui prie ; Je nel cuidai jà si bien essaier, Poésies franç. mss. avant 1300, t. IV, p. 1472, dans LACURNE.

XVe s. Or regardez du comte de Flandre ; il semble qu'il ny attouche, et il fait tout ; il veut prier l'espée en la main, Froissart, II, II, 207. Et au departir qu'ils firent, le pria et toute sa compagnie pour le lendemain disner, Jeh. de Saint. ch. 53. Belle que tant veoir vouldroye, Je prie à Dieu que brief vous voye, Orléans, Bal. XII. Par ung prier qui vault commandement, Chargé m'avez d'une balade faire, Orléans, Ball. 20. Les faulz prianz [les faux amants, ceux qui font de fausses prières], Perceforest, t. II, f° 104. Comme le rossignol prie [fait l'amour], il chante melodieusement, ib. t. III, f° 86. Si luy prierent qu'il descendist et qu'il allast manger avec elles ; car aussi bien estoient elles seules, fors que d'ung nayn qui leur servoit ; et il ne se fist point prier longuement ; car il n'avoit mangé de tout le jour, Lancelot du lac, t. III, f° 24, dans POUGENS.

XVIe s. Priez à Dieu qu'à elle soit propice, Rabelais, Pant. II, 3. À quoi tient-il, je vous prie, que nous sommes si froids et craintifs à entrer au combat ? Calvin, Instit. 233. Je la priay s'en reposer sur moy, Montaigne, I, 95. Isocrates estant prié en un festin de parler de son art, Montaigne, I, 182. Je te prie de croire que cela advient à chascun de nous, Montaigne, III, 106. Elle lui pria le bon repos et se retira, Yver, p. 642. Capitolinus en devint amoureux, et le pria de son deshonneur sur le poinct qu'il estoit en la fleur de son adolescence, Amyot, Marcel. 2. Bonjour, M. Philausone, je suis fort joyeux de ceste rencontre ; car j'avois delibéré de vous aller prier d'un plaisir, H. Estienne, Nouveau langage françois. Qui veut apprendre à prier, aille souvent sur la mer, Cotgrave

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PRIER. - REM. Ajoutez :

4. Mme de Sévigné, impliquant dans prier le sens de dire, a continué, après prier, sa phrase par que : Le roi le pria fort bonnement [le maréchal de Bellefont] de songer à ce qu'il lui répondait ; qu'il souhaitait cette preuve de son amitié, qu'il y allait de la disgrâce, 26 avril 1672. Cela est bref et bon.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

PRIER, v. act. (Gram.) c’est solliciter une chose qu’on regarde comme une grace, de quelqu’un qui par conséquent peut refuser sans injustice. Prier quand on a droit de demander, c’est soupçonner ou accuser celui qu’on prie d’injustice ; c’est souvent s’avilir soi-même. On prie Dieu, on prie le roi, on prie sa maîtresse, son ami. Le moment de la priere est celui de la puissance d’un côté, & de l’indigence de l’autre.

On prie un homme de se deshonorer ou à ses yeux ou aux yeux des autres, quand la chose dont on le prie est indue, injuste, illicite, deshonnête.

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Étymologie de « prier »

Du moyen français prier, de l’ancien français proier, du latin precari (881) preier.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Berry, préyer, perier, peurier ; provenç. pregar, preguar, preyar ; ital. pregare ; du lat. precari ; comparez sansc. prachh, demander ; zend fraça, demander ; all. fragen, interroger.

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Phonétique du mot « prier »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
prier prije

Fréquence d'apparition du mot « prier » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « prier »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « prier »

  • Le besoin apprend à prier.
    Proverbe allemand
  • Qui va à noce sans prier s'en revient sans dîner.
    Proverbe français
  • Prier pour soi-même est un instinct de nature ; prier pour les autres est un instinct de grâce.
    Saint Jean Chrysostome
  • Quand les combles sont en feu, il ne sert plus à rien de prier ou de récurer le plancher. Il est néanmoins plus pratique de prier.
    Karl Kraus
  • Agissons au lieu de prier.
    Jean-Marie Guyau
  • Se taire, prier, travailler, sourire.
    Josemaria Escriva de Balaguer
  • Penser est beau, prier est mieux, aimer est tout.
    Elisabeth Leseur
  • Implorer Dieu, ce n’est pas mendier, c’est prier.
    Ken Follett — Les piliers de la terre
  • Maudire, c'est prier le diable.
    Georg Christoph Lichtenberg
  • Monsieur [Tierno] Monénembo, dans sa tribune sur l’Affaire Nanfo Diaby, rapporte qu’un islamologue du nom de Monsieur Mohamed Talbi, dont l’avis serait que l’on peut prier dans la langue de son choix. Le “célèbre” savant illustre sa pensée par une bien curieuse citation.
    Mosaiqueguinee.com — Peut-on prier en islam dans sa langue maternelle? L’ex-S/G des affaires religieuses répond à Thierno Monénembo - Mosaiqueguinee.com
Voir toutes les citations du mot « prier » →

Images d'illustration du mot « prier »

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Traductions du mot « prier »

Langue Traduction
Anglais pray
Espagnol orar
Italien pregare
Allemand beten
Chinois 祈祷
Arabe صلى
Portugais orar
Russe молиться
Japonais 祈る
Basque otoitz
Corse prega
Source : Google Translate API

Synonymes de « prier »

Source : synonymes de prier sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot prier au scrabble : 7 points

Prier

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