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Sournois

Variantes Singulier Pluriel
Masculin sournois
Féminin sournoise sournoises

Définitions de « sournois »

Trésor de la Langue Française informatisé

SOURNOIS, -OISE, adj.

A. − [En parlant d'une pers., de son comportement, de sa manière d'être, etc.]
1. Qui dissimule ses sentiments, ses intentions véritables, le plus souvent malveillants. Synon. dissimulé, fourbe, hypocrite; anton. candide, direct, franc, innocent.Enfant sournois. Honoré avait (...) en aversion ce gamin sournois qui se cachait pour regarder uriner les gens, et qui connaissait déjà la honte avant la forme du péché (Aymé, Jument, 1933, p. 67).L'homme est partout l'ennemi de lui-même, son secret et sournois ennemi (Bernanos, Journal curé camp., 1936, p. 1110).
[Dans un cont. métaph.] Il avait eu l'affolante vision des dessous tout à coup aperçus, (...) des longs, des très longs bas noirs, qui grimpent à l'assaut des jambes fines, escaladent les genoux, se faufilent sournois par l'étranglement des tuyautés (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, p. 62).Avec cela, le plus adroit, le plus sournois des artistes [le diable]. La musique lui est d'un grand secours. Une belle voix le sert à merveille, car il arrive à en faire ni plus ni moins qu'un beau corps (Green, Journal, 1956, p. 250).
[En parlant d'un animal] Cheval sournois. Le chat d'un imbécile n'a pas le même regard que le chat d'un homme d'esprit. Un animal domestique peut devenir bon ou méchant, franc ou sournois, fin ou stupide, non seulement suivant les leçons que lui donne son maître, mais selon ce qu'est son maître (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1575).
Empl. subst. − Ah! je ne la connais pas [l'inconnue]. C'est sans doute une amie de ma femme. − Ou ta maîtresse, vieux sournois (Balzac, Paix mén., 1830, p. 317).Elle-même esquisse une mesure de valse avec une grosse sournoise qui s'est glissée ici pour copier des modèles de robes (Morand, Magie noire, 1930, p. 53).
2. Qui est porté à la dissimulation par un penchant naturel. Caractère sournois; nature sournoise. Dans son corps de poupée s'agitait un esprit agile et malin, imprévu et sournois (Maupass., Bel-Ami, 1885, p. 297).
3. Qui annonce, qui dénote un caractère hypocrite. Air, regard sournois; mine sournoise. Elle fut environnée des terreurs de l'enfer; ses yeux d'enfant aux paupières sournoises les voyaient, chaque dimanche, à la porte du vieux Münster, sous la forme des statues immodestes et contorsionnées qu'un feu brûle entre les jambes et sur qui montent, le long des cuisses, des crapauds et des serpents (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1365).L'expression un peu sournoise de son visage, son regard à la fois insolent et craintif n'attiraient guère la sympathie (Bernanos, Mouchette, 1937, p. 1341).
B. − [En parlant d'une chose]
1. Qui évoque le comportement d'une personne sournoise. Synon. déloyal, perfide, tortueux.Conduite, lutte sournoise; agissements sournois; intrigues, menées, manœuvres sournoises. De très jeunes prostituées que l'agonie du jour rendait à leur métier, circulaient parmi les passants en leur jetant des sourires peints et de sournoises invites (Carco, Homme traqué, 1922, p. 118).Il avait peur du jugement de tous et de chacun, de sa belle-sœur en particulier; ou plus exactement, il redoutait l'ombre que ces méjugements pourraient porter sur son ménage. Il préférait, lui si franc, si ouvert, les louvoiements sournois à quoi cette fausse situation l'obligeait (Gide, Si le grain, 1924, p. 511).
2. Au fig. Qui ne se manifeste pas franchement; qui agit de façon dissimulée, insidieuse. Douleur, maladie sournoise; vices sournois. Et ces rapports faussés, équivoques, que l'argent établit entre le richard et les autres! Un des plus sournois méfaits de l'argent! Je commençais déjà à me méfier de tout et de tous (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 821).J'ignorais cette peste sournoise qui nous abîme autant que l'homme abîme la terre, laborieusement. Cette grève larvée de mon usine. Ces pièces qui cassent et qu'on n'achète nulle part. J'ignorais l'âge, un point c'est tout (Cocteau, Diff. d'être, 1947, p. 242).
Prononc. et Orth.: [suʀnwa], fém. [-wa:z]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1640 (Oudin Curiositez: Un Sournois: un homme melancolique et dangereux); 2. a) 1642 « homme qui fait le niais » (Oudin Fr.-Ital.); 1668 faire la sournoise (Molière, G. Dandin, I, 6); b) 1835 chevaux sournois (Balzac, Goriot, p. 290); 3. 1735 se dit de ce qui, dans l'aspect d'une personne témoigne de son caractère air sournois (Mouhy, La Paysanne parvenue, t. 1, p. 64); 4. 1814 « qui marque la sournoiserie » vices sournois (Jouy, Hermite, t. 5, p. 144); 5. 1846 se dit d'une chose qui évoque le comportement d'une personne sournoise porte sournoise (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, p. 563). Mot prob. d'orig. prov., dér. de l'anc. prov. sorn « sombre, obscur » (ca 1280 ds Rayn.); cf. le subst. sorn « soir » (xvies. ds Gdf.). Ce groupe de mots est sans doute issu d'un croisement de sourd* avec le fr. morne*, a. prov. morn (v. FEW t. 12, p. 457). Guir. Lex. fr. Étymol. obsc. 1982 suppose une forme *sordinare, reconstruit d'apr. sordere « être sale, sans éclat » sur le modèle de sordidare « salir ». Fréq. abs. littér.: 808. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 299, b) 960; xxes.: a) 1 887, b) 1 531. Bbg. Storm (J.). Mél. étymologiques. Romania. 1876, t. 5, pp. 184-185.

Wiktionnaire

Nom commun - français

sournois \suʁ.nwa\ masculin (pour une femme, on dit : sournoise)

  1. Personne sournoise.
    • Le drôle voyait bien. Une femme jolie, fraîche, tendre, mécontente d’un mari volage, peu connue, et qui ne faisait point d’enfants ; Sylvina, enfin, au point où le sournois se proposait de l’amener, le friand morceau pour un saint homme ! — (André-Robert Andréa de Nerciat, Félicia ou Mes Fredaines, s:Page:Nerciat - Félicia.djvu/32-page 22, 1921)

Adjectif - français

sournois \suʁ.nwa\

  1. Qui cache ce qu’il pense dans un but malveillant.
    • Les petits voleurs restaient, les uns debout, les autres accotés contre le lit ou la huche, tous morveux et sales, bien portants d’ailleurs, grugeant leurs prunes sans rien dire, mais regardant l’étranger d’un œil sournois et narquois. — (Honoré de Balzac, Le Médecin de campagne, 1833, édition de 1845, chapitre premier)
    • Deux hommes sortirent de la cabine. Ils étaient gras et luisants, avec un air de prospérité sournoise sur toute leur personne. — (Robert Merle, Week-end à Zuydcoote, 1949, réédition Le Livre de Poche, page 189)
    • Et chacun de me plaisanter ; ma jeunesse à son lever, mon parfum de fille fraîche, ma chair toute neuve en son premier éclat éveillaient chez les hommes de sournoises concupiscences, aiguisaient leur regard. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 32)
  2. Qui ne se manifeste pas clairement.
    • Énorme oiseau de proie, mon avion, désormais hélas ! en pleine lumière, décrit lentement des orbes sournois. — (Jacques Mortane, Missions spéciales, 1933, page 120)
    • C’était un « melon » qui naturellement, subissait toutes les phases du cabossage et de l’aplatissement. Son possesseur avait beau le retaper, l’épousseter, le placer à distance, une fatalité sournoise voulait que, tout à coup, tantôt l’un, tantôt l’autre des acrobates s’élançât à pieds joints sur lui. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Le cancer est une maladie sournoise, d’où l’importance des campagnes de dépistage.
    • Surtout, 2021 nous révélera ses répercussions les plus sournoises, celles qui perdureront pendant des années. — (Emmanuelle Latraverse, 5 enjeux à surveiller en 2021, Le Journal de Québec, 3 janvier 2021)

Nom commun - français

sournoise \suʁ.nwaz\ féminin (pour un homme, on dit : sournois)

  1. Personne sournoise.
    • Penche-toi, maman, remarque l’endroit où la sournoise se cachait, son gîte. — (Jules Renard, Poil de Carotte, page 258, 1903)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SOURNOIS, OISE. adj.
Qui est dissimulé, qui a un caractère en dessous. Cet enfant est sournois. Substantivement, C'est un sournois, une sournoise. Il se dit aussi des Choses. Humeur sournoise. Air sournois. Conduite sournoise.

Littré (1872-1877)

SOURNOIS (sour-noî, noî-z') adj.
  • Qui est caché et dissimulé. On voit briller la cité génevoise, Noble cité, riche, fière et sournoise, Voltaire, Guerre Gen. I. Il avait un air sombre, une mine sournoise, La Chaussée, Retour imprévu, II, 13. Les archers sournois qui t'attendent [toi cerf] Tendent Leurs arcs dans l'épaisseur du bois, Hugo, Ball. 11.

    Substantivement. Personne sournoise. La sournoise ! elle voit plus bas que son menton, Hauteroche, Bourg. de qual. II, 2. Vous faites la sournoise ; mais je vous connais il y a longtemps, et vous êtes une dessalée, Molière, G. Dandin, I, 6. Je me dis fort vite ce que la raison dit fort tard à ces sournois qui n'osent éclater, Maintenon, Lett. à Mme d'Aubigné, 30 juin 1680.

HISTORIQUE

XVIe s. Un sournois, Oudin, Dict.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « sournois »

De l’ancien occitan sorn (« sombre »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Berry, sournais, sornais ; ital. sornione, susornione. Diez émet diverses conjectures : d'abord il le rapproche de l'anc. franç. sorne, crépuscule, provenç. sorn, sombre, et demande si le kimri swrn-ach, gronder, cornique sorren, être de mauvaise humeur, n'aurait point passé de son sens abstrait à celui d'obscur ; puis, trouvant le portug. soturno, le piémontais saturno, le sarde saturnu, le génev. saturne, qui signifient sournois et dans lesquels il voit le lat. taciturnus, il pense que le sorn provençal et le sournois français pourraient avoir cette origine. Ménage, auquel Scheler se joint, songe à surdus : sourdinois, contracté en sournois, formé comme tapinois de tapin, et signifiant qui va à la sourdine. Ce qui reste, c'est que sournois tient à sorne, sorn, poitevin sorgner, se retirer dans un coin, mots d'origine inconnue.

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Phonétique du mot « sournois »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
sournois surnwa

Fréquence d'apparition du mot « sournois » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « sournois »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « sournois »

  • Une démocratie sans valeurs se transforme facilement en un totalitarisme déclaré ou sournois comme le montre l'histoire.
    Jean-Paul II — Centesimus Annus
  • Près d'elle, on sent bien qu'on tient une chatte, une chatte à griffes et à crocs, une chatte perfide, sournoise, amoureuse ennemie, qui mordra quand elle sera lasse de baisers.
    Jean-Luc Henning — Bestiaire Erotique
  • Le zapping est une incitation fébrile et sournoise à exiger davantage des autres : disponibilité immédiate, obéissance, comme à la télé, au doigt et à l'oeil.
    Bernard Pivot — Le Métier de lire
  • Un peuple est pacifique aussi longtemps qu'il se croit assez riche et redouté pour installer sournoisement sa dictature économique.
    Georges Bernanos — Courrier
  • Les libertés sont toujours grignotées sournoisement avant d'être spectaculairement détruites, et les râleurs sont souvent ceux qui sont sensibles les premiers à ce danger.
    Norbert Bensaïd — La Lumière médicale
  • Les gens rient sournoisement de l'amour, ils en rêvent, ils disent le contraire, ils en ont peur, ils rôdent autour.
    Philippe Sollers — Passion fixe
  • Il ne faut pas sournoisement respecter les morts. Il faut traiter leurs images en amies et aimer tous les souvenirs qui nous viennent d'eux. Il faut les aimer pour eux-mêmes et pour nous, dût-on déplaire aux autres.
    Jules Renard — Journal 1893 - 1898
  • Le temps n'est pas seulement le seul véritable ennemi de l'homme, c'est également et surtout son ennemi le plus sournois, le plus lâche. Et, bien sûr, le seul que l'on n'ait pas la moindre chance de vaincre.
    Jacques Sternberg — Vivre en survivant
  • Le feu : c'est sournois ; c'est comme l'amour : tout peut arriver.
    Benoît Desforêts — Un sillon dans la forêt
  • Soyez prudents, des personnes malveillantes diffusent des mails sournois en se faisant passer pour des partenaires de CD Projekt Red et en proposant de s'inscrire à une bêta inexistante. Attention à ce scam.
    Millenium — Cyberpunk 2077 : Le studio met en garde contre des mails frauduleux en rapport avec une fausse bêta - Millenium
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Traductions du mot « sournois »

Langue Traduction
Anglais sly
Espagnol astuto
Italien sornione
Allemand schlau
Chinois 狡猾
Arabe خبيث ماكر
Portugais astuto
Russe лукавый
Japonais ずるい
Basque sly
Corse simpaticu
Source : Google Translate API

Synonymes de « sournois »

Source : synonymes de sournois sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « sournois »

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Nombre de points du mot sournois au scrabble : 8 points

Sournois

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