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Vilain

Variantes Singulier Pluriel
Masculin vilain vilains
Féminin vilaine vilaines

Définitions de « vilain »

Trésor de la Langue Française informatisé

VILAIN, -AINE, subst. et adj.

I. − HIST. FÉOD., subst.
A. − [P. oppos. à serf] Paysan libre. On voit aussi, dans un autre fabliau, un autre vilain admis au paradis, bien que le soc de sa charrue ait quelquefois mordu de quelques sillons sur le champ de son voisin (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 124).
B. − [P. oppos. à bourgeois] Habitant de la campagne. Bourgeois et bourgeoises, vilains et vilaines se flairent, se choisissent à loisir. Il en va tout autrement pour les têtes couronnées (Audiberti, Mal court, 1947, II, p. 161).
C. − [P. oppos. à noble] Roturier. Il n'est, ne fut, ni ne sera jamais, pour nous autres vilains, qu'un moyen de fortune, c'est le travail; pour la noblesse non plus il n'y en a qu'un et c'est... la prostitution (Courier, Pamphlets pol., Procès, 1821, p. 102).
Savonnette à vilain. V. savonnette A 2.
D. − Loc., avec valeur péj. Jeux de mains, jeux de vilain. V. jeu I A 1.Oignez vilain, il vous poindra; poignez vilain, il vous oindra. V. oindre A.
II. − Adj. et subst.
A. − (Celui, celle) qui est méprisable; qui manifeste de la bassesse, de la malhonnêteté.
1. [En parlant d'une pers.] Vilain bougre. Ajoutez à ça qu'il y a des vilaines gens partout, qu'il faut savoir garder les distances (Colette, Music-hall, 1913, p. 36).
En partic.
(Personne) peu recommandable pour ses mœurs, sa conduite. C'est que, comme ça, dit-elle, je ne verrai plus ce vilain monsieur.Quel monsieur?Celui de l'autre jour. Baccarat tressaillit et se souvint du regard que sir Williams avait jeté à la petite juive (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 454).Vous voyez il ne s'est rien passé d'extraordinaire. − Quel vieux vilain, dit Pierrette. − Il a été très correct en fin de compte, dit Ginette (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 127).
Vilain oiseau. V. oiseau I B 1.Vilain moineau. V. moineau A 3.
Vilaine (femme). Femme de mœurs légères; prostituée. Mais il y a dans ta vie une femme qui te tient d'une façon ou d'une autre (...), c'est quelque vilaine femme des vieux quartiers et tu as peur d'elle? (Pagnol, Marius, 1931, II, 6, p. 139).
2. [En parlant d'un inanimé] Vilain défaut; vilaine action, besogne. Voulez-vous que je vous dise, mon ami? Vous avez obéi à un fort vilain calcul (Becque, Parisienne, 1885, I, 3, p. 279).Raconter par exagération qu'on a eu très peur d'un chien « gros comme une vache » est un vilain mensonge puisqu'on n'a jamais vu de chiens de cette taille et que personne n'y croit (Traité sociol., 1968, p. 243).
En partic. Que la morale réprouve, qui blesse la pudeur. Vilaines pensées; vilaines choses. [Le peintre] avait eu autrefois, disait-on, une vilaine affaire de mœurs (Maupass., Une Vie, 1883, p. 93).V. mot ex. 7.
Vilaines maladies (vieilli). Maladies vénériennes. (Dict. xxes.).
B. − [Dans un discours enfantin ou adressé aux enfants, avec valeur affective, p. oppos. à gentil] (Celui, celle) qui se conduit mal, qui est turbulent, impoli. En partic. [En parlant d'un enfant] Désobéissant. Être vilain; faire le vilain. Synon. méchant.Ce barbu de Kervazec me fit un cours mondain sur le péché de gourmandise. Un cours à l'usage d'enfants gâtés, où revenait sans cesse le mot « vilain » (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 91).
[En empl. appellatif] Ah! le vilain! Ma mère me dit seulement: « Comme tu m'as fait peur, vilain garçon, j'ai passé la nuit sans dormir » (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Garçon, un bock! 1884, p. 900).La petite Suzanne apparut en chemise, mal éveillée, les yeux éblouis, pour embrasser son frère. « Veux-tu bien vite te recoucher, vilaine fille! » On rit beaucoup (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 297).
Loc. C'est vilain (de + inf.).Il est inconvenant, répréhensible (de). Ah! que c'est vilain de s'échauffer pour la politique! Un jeune homme, fi donc! Occupez-vous plutôt de votre voisine! (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 180).Ce serait pourtant vilain de quitter mon mari au moment où tout le monde s'écarte de lui (Curel, Nouv. idole, 1899, II, 3, p. 196).
C. −
1. Qui est déplaisant à la vue, laid, voire répugnant. Vilaine bête; vilaines dents; vilaine couleur. Je comprends bien la répulsion que Louise manifeste pour ce vilain visage (...), cet homme a quelque chose (...) de repoussant (Dumas père, Intrigue et amour, 1847, I, 1ertabl., 4, p. 197).Il alla loger à l'hôtel Saint-Quentin, rue des Cordiers, près de la Sorbonne. Vilaine rue, dit-il, vilain hôtel, vilaine chambre (Guéhenno, Jean-Jacques, 1948, p. 157).
2. Qui est désagréable, fâcheux. Synon. mauvais, sale.Vilaine affaire; vilain temps; vilains jours d'hiver. Nous traversions une bien vilaine année; je me souviens que jamais on ne vit de plus grande confusion dans le pays, de plus grande inquiétude et de plus profonde misère qu'après la mort de Robespierre (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 349).Voyons! J'ai tout dit maintenant! Jure-moi que j'ai tout dit?Tu as fait un vilain rêve, Mouchette (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 113).
Rare, empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le vilain, c'est qu'ils [les insurgés] mutilaient horriblement les mobiles qu'ils prenaient, qu'ils assassinaient les parlementaires (Mérimée, Lettres ctessede Boigne, 1848, p. 27).
Expr. et loc., en emploi adj. ou adj. subst. ou adv.
Jouer un vilain tour. V. jouer G 2 c β.Être dans de vilains draps. V. drap B 1 b α.
Il va y avoir du vilain. Les choses vont mal tourner, il va y avoir une dispute. Les gens d'Argos virent leurs visages rougis par le soleil couchant (...) et ils pensèrent: « Il va y avoir du vilain » (Sartre, Mouches, 1943, I, 1, p. 15).
Il fait vilain. Le temps est désagréable, mauvais. Vous deviez sortir, ça vous aurait fait du bien.Non, il fait vilain.Mais non, il fait beau (Goncourt, Journal, 1858, p. 565).
Faire (du) vilain. Faire toute une histoire, faire (du) scandale, Synon. fam. rouspéter.La cahute était vide. Tant mieux. J'étais en rogne. J'aurais fait du vilain (Cendrars, Main coupée, 1946, p. 146).Empl. impers. Ça a fait vilain, au Bois-Sabot! Quand le comte a su la nouvelle, il en a raconté long! (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 151).
Tourner au vilain. Tourner mal. Buteau et Lise se retrouvèrent pour la première fois en face de Françoise et de Jean, que la Grande avait accompagnés par plaisir, sous le prétexte d'empêcher les choses de tourner au vilain (Zola, Terre, 1887, p. 387).
3. Qui peut présager quelque chose de grave, de dangereux. Synon. fam. sale.Vilain rhume; vilaine fièvre, grippe, plaie, toux. J'ai la figure toute rose, mais d'un vilain rose, ayant été brûlé par le soleil sur le bateau (Mallarmé, Corresp., 1866, p. 229).Je vois mon pauvre de Nittis avec la figure d'un vilain jaune et une inquiétude hagarde des yeux (Goncourt, Journal, 1884, p. 366).
4. Qui est mauvais, de qualité médiocre. Je suppose qu'il voulut ainsi conseiller à ses fils de faire comme son héros, de briser une vilaine petite carrière de bourgeoisie et d'égoïsme pour se donner tout entier à une femme? (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 281).
REM.
Vilené, adj.,hérald. Animal vilené. Animal mâle, dont le sexe est d'un émail particulier. (Dict. xixeet xxes.).
Prononc. et Orth.: [vilε ̃], fém. [-εn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1119 subst. « paysan libre » (Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 132) − xives., repris par les historiens du dr. au xviies., v. K. Baldinger ds R. Ling. rom. t. 26, p. 313; 1169-78 « roturier » (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 18587); ca 1135 adj. « qui a les caractères du paysan » (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, 5), pour l'évol. sém., v. aussi Hollyman, pp. 162-164; d'où 2. a) 1135 « bas » (ibid., 1886); ca 1155 « laid (moralement) » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 1478); b) ca 1200 « laid (physiquement), qui déplaît à la vue » (Roman de Guillaume de Dole, éd. G. Servois, 268); c) mil. xiies. n'estre pas vilain de « se faire prier pour (servir Dieu) » (Jeu Adam, éd. W. Noomen, 594). Du lat. tardif villanus « habitant d'un village astreint à certains services » 779 ds Nierm., également att. comme adj. « du village, de la campagne » 864, ibid., « muni d'une tenure » ca 1050, ibid., dér. de villa, -ae, v. ville. Fréq. abs. littér.: 1 782. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 724, b) 3 183; xxes.: a) 3 781, b) 2 127.
DÉR. 1.
Vilainage, vilenage, villenage, subst. masc.,hist. (féod.). a) Condition, état du vilain. (Dict. xixeet xxes.). b) P. méton. Habitation, exploitation agricole du vilain; rentes que le roturier doit payer au seigneur. Les droits (...) de péage, de vilainage, de chevage (...) s'étoient venus joindre aux droits de justice (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist., t. 3, 1831, p. 384). [vilεna:ʒ]. Formes vilenage, villenage [vil(ə)na:ʒ]. 1resattest. a) ca 1283 féod. vilenage « tenure de vilain tenue à cens » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon,461), répertorié comme terme hist., b) 1842 (Ac. Compl.: Villenage. Condition des vilains, privés de l'exercice des droits civils), c) 1872 (Littré: vilainage. Habitation des serfs ou vilains); de vilain, suff. -age*. Cf. le lat. médiév. villenagium « tenure de vilain » ca 1185 ds Latham, villanagium 1198, ibid.
2.
Vilainement, adv.a) [Corresp. à supra II A] D'une manière méprisable, basse. Trahir vilainement. Son prince enlève vilainement une femme (Giraudoux, Guerre Troie, 1935, II, 13, p. 188).b) [Corresp. à supra II C 1] D'une manière laide, déplaisante à la vue. Le papier vilainement damassé en grimaçante mosaïque blanchâtre marque peu de goût véritable (Amiel, Journal, 1866, p. 142).c) [Corresp. à supra II C 3] D'une manière dangereuse, inquiétante. Synon. pop. salement.Son cou, à deux endroits, était assez vilainement balafré (Gide, Caves, 1914, p. 831). [vilεnmɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1reattest. ca 1180 vileinement (Thomas, Tristan, éd. J. Bédier, 1765); de vilain, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 26.
BBG.Baldinger (K.). L'Importance de la lang. des doc. pour l'hist. du vocab. gallo-rom. Les Anc. textes rom. non littér. Paris, 1963, pp. 44-45. − Burgess (G. S.). Contribution à l'ét. du vocab. pré-courtois. Genève, 1970, pp. 35-43. − Hollyman 1957, p. 89, 145, 151, 155, 162-164. − Littré (É.). Pathol. verbale... [Paris], 1986, p. 93-94. − Quem. DDL t. 32. − Robreau (Y.). L'Honneur et la honte. Genève, 1981, pp. 181-188.

Wiktionnaire

Adjectif 1 - français

vilain \vi.lɛ̃\

  1. Qui déplaît à la vue.
    • […] : la coulisse que l'on pratiquait, et que l'on pratique encore quelquefois au derrière des serre-têtes, a l'inconvénient de produire, quand les cordons sont serrés, un bourrelet gênant et vilain. — (Élisabeth Celnart, Manuel des dames, ou, L'Art de l'élégance, Paris : Librairie encyclopédique Roret, 2e édition, 1833, page 181)
    • Venez que je vous, comment dit-on ?… que je vous pansemente ce vilain pied. — (Dashiell Hedayat, Selva Oscura, 1974, page 234)
    • Quelle honte j’ai ressentie ! Je portais un vilain petit imperméable en popeline bleu ciel et d’affreuses chaussures à talons jaunes. D’un parfait mauvais goût. — (Françoise Hardy (propos recueillis par Annick Cojean), « Le sentiment de honte m’a toujours accompagnée », série « Je ne serais pas arrivée là si... », Le Monde n° 22815-22816, 20 mai 2018, page 21)
  2. Qui est incommode ou désagréable.
    • Tu n’as pas une vilaine voix et la mienne est très bien. De tous les chanteurs de plages que j’ai entendus, il n’y en a pas un seul que je n’aurais dégoté facilement. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 69 de l’édition de 1921)
    • Vilain temps.
    • Il fait vilain, le temps est désagréable.
  3. (en parlant de personnes, de paroles ou d’actions) Qui est laid moralement.
    • C’est un vilain monsieur.
    • C’est un vilain merle.
    • C’est un vilain amant que celui qui vous désire plus qu’il ne vous aime. — (Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux)
    • Un vilain caractère.
    • Vilaine action.
    • Vilain discours.
    • Vilain métier.
    • Il est bien vilain à vous d’en user de la sorte avec votre ami, avec votre bienfaiteur.
    • Il m’a joué un vilain tour.
    • Il est dans un vilain cas, dans une vilaine posture, dans une vilaine position.
    • « Ça, c’est pour nous avoir volé. Personne ne peut nous voler !
      Oh… Je suis désolée. J’ai été un vilain chaton. Libère-moi —et je te revaudrai ça. »
      — (Batman: Arkham City, 2011)
  4. Qui est dangereux.
    • Voilà un vilain rhume, une vilaine fièvre.
  5. Qui est avare, qui vit mesquinement.
  6. (Histoire) Juridiquement libre.
    • Cette province était juridiquement libre, « vilaine » comme on disait. — (Romain Sardou, Pardonnez nos offenses, Pocket, page 39)

Nom commun 1 - français

vilain \vi.lɛ̃\ masculin (pour une femme, on dit : vilaine)

  1. (Vieilli) (Familier) Personne dont le caractère est méprisable.
    • Ah ! Le vilain !
  2. (Familier) Terme de reproche qu’on adresse aux enfants.
    • Fi ! La vilaine !
  3. (Vieilli) Paysan ; roturier.
    • Des impôts considérables accablaient les vilains, écrasait les pauvres gens, épargnant les princes et les ducs, les comtes et les marquis. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
    • Les vilains vivaient dans les environs lépreux de la Cité, derrière les murs, sur des sols arrachés à la friche, recouverts de champs de gerzeau et d’escourgeon. — (Inès Nollier, Abélard: le philosophe du Christ, Pygmalion/G. Watelet, 1984, page 57)
  4. Paysan libre, n’étant pas la propriété du seigneur.
    • […] il était venu donner bonne aide au roi Philippe de Valois, qui avait entrepris de rétablir le comte Louis de Crécy dans ses États, dont il avait été chassé par les bonnes gens de Flandre. Il s’était donc trouvé à la bataille où ceux-ci furent taillés en pièces sous les murs de Cassel, et, pour son coup d’essai, il avait fait une telle déconfiture de vilains, que Jean de Luxembourg l’avait nommé chevalier sur le champ de bataille. — (Alexandre Dumas, Othon l’archer, 1839)
  5. (Anglicisme) Méchant.
    • Un acteur, qui n’était pas libre de choisir ses rôles et qui était obligé de jouer le vilain, risquait sérieusement sa peau (...) — (Moustapha Safouan, Le transfert et le désir de l’analyste. Éd. du seuil, 1988, p. 12)
    • Il se retrouve acculé dans le rôle du vilain, qu’il accepte d’autant moins qu’il pense n’avoir jamais démérité. — (Hervé Kempf, La Guerre secrète des OGM. Éd. du Seuil, 2003.)
    • Ben Mendelsohn pourrait incarner le vilain dans «Captain Marvel» — (20minutes.fr, « Ben Mendelsohn pourrait incarner le vilain dans «Captain Marvel» », 25 octobre 2017.)

Adjectif 2 - français

vilain \vi.lɛ̃\

  1. Relatif à Ville-sur-Illon, commune française située dans le département des Vosges.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

VILAIN. n. m.
Il signifiait autrefois Paysan, roturier. Les nobles et les vilains. Prov. et fig., Oignez vilain, il vous poindra; poignez vilain, il vous oindra. Voyez OINDRE. Prov., Jeux de main, jeux de vilain ou, au singulier, Jeu de main, jeu de vilain, Les jeux où l'on échange des coups sont grossiers.

VILAIN se dit aujourd'hui des Personnes dont le caractère est méprisable. Fam., Ah! le vilain! fi! la vilaine! Terme de reproche qu'on adresse aux enfants.

VILAIN est aussi adjectif et signifie Qui déplaît à la vue. Vilaine maison. Vilain pays. Vilaine étoffe. Une vilaine bouche. Il signifie encore Qui est incommode, désagréable. Vilain temps. Il fait vilain, Le temps est désagréable.

VILAIN se dit aussi des Personnes, des paroles et des actions et signifie Qui est laid moralement. C'est un vilain monsieur. Un vilain caractère. Vilaine action. Vilain discours. Vilain métier. Il est bien vilain à vous d'en user de la sorte avec votre ami, avec votre bienfaiteur. Il m'a joué un vilain tour. Il est dans un vilain cas, dans une vilaine posture, dans une vilaine position. Il signifie encore Qui est dangereux. Voilà un vilain rhume, une vilaine fièvre. Il signifie aussi Qui est avare, qui vit mesquinement.

Littré (1872-1877)

VILAIN (vi-lin, lè-n') s. m.
  • 1Dans le langage féodal, personne qui appartient aux gens de campagne, aux gens de roture. Riche vilain vaut mieux que pauvre gentilhomme, Régnier, Sat. XII. Ils affectaient de paraître toujours bottés, pour qu'on ne les prît pas pour des vilains, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. III, p. 14, dans POUGENS. Un seigneur allemand ordonna qu'après sa mort on le mît debout dans une colonne qu'il avait fait creuser et attacher contre un des piliers de sa paroisse, afin, disait-il, qu'il ne puisse arriver que quelque bourgeois ou vilain me marche sur le corps, Saint-Foix, ib. t. IV, p. 331. Les gentilshommes se battaient entre eux à cheval et avec leurs armes ; et les vilains se battaient à pied et avec le bâton, Montesquieu, Esp. XXVIII, 20. Le vilain, qui n'a point d'honneur, est puni en son corps, Montesquieu, ib. VI, 10. Il n'est vilain qui, pour se faire un peu décrasser, n'aille du roi à l'usurpateur et de l'usurpateur au roi, ou qui, faute de mieux, ne mette du moins un de à son nom, Courier, Lett. à l'Acad. des inscr. Hé quoi ! j'apprends que l'on critique Le de qui précède mon nom ; êtes-vous de noblesse antique ? Moi, noble ? oh ! vraiment, messieurs, non… Je suis vilain et très vilain, Béranger, le Vilain.

    Savonnette à vilain, se disait d'une charge qui anoblissait.

  • 2Ancien terme de monnayage. Vilains, nom donné à un certain nombre d'espèces qu'il était permis de faire plus ou moins pesantes que le poids de l'ordonnance.
  • 3 Adj. Terme d'ancienne coutume. Rente vilaine, terre vilaine, celle qui n'est pas tenue par un noble.

    Vilain lieu, celui qui ne possède aucune franchise.

  • 4En parlant des personnes, des paroles et des actions, sale, déshonnête, fâcheux, méchant, par extension du sens de non noble qui est le sens propre de vilain. Il est encore plus vilain de faire le fin avec ses amis, Guez de Balzac, liv. v, lett. 7. Ces vilains hommes firent marcher le brancard plus vite que les méchants chevaux qui le portaient n'en avaient envie, Scarron, Rom. com. I, 14. Gardez-vous d'imiter ces coquettes vilaines, Dont par toute la ville on chante les fredaines, Molière, Éc. des f. III, 2. Cela est fort vilain à vous, pour un grand seigneur, de prêter la main, comme vous faites, aux sottises de mon mari, Molière, Bourg. gent. IV, 2. Aimer à lire… la jolie, l'heureuse disposition ! on est au-dessus de l'ennui et de l'oisiveté, deux vilaines bêtes, Sévigné, 14 déc. 1689. Il était condamné à dix sous d'amende s'il était gentilhomme, et à cinq sous s'il était serf, pour les vilaines paroles qu'il avait dites, Montesquieu, Esp. XXVIII, 27. Elle [Ninive] ne sera point détruite, comme le voulaient ces vilains génies, Voltaire, Babouc. Déclarer des dettes qu'il n'avait pas, et pour avoir de l'argent, cela est vilain, Genlis, Veillées du château t. II, p. 366.

    Terme de fauconnerie. Se dit d'un oiseau qui ne suit le gibier que pour le dévorer et qu'on ne peut affaiter ; tels sont les milans, les corbeaux, qui ne combattent que des poulets.

    Substantivement. Vilain, vilaine, celui, celle qui agit mal. Allez vous cacher, vilaines, allez vous cacher pour jamais, Molière, Préc. 19. Voyez comme raisonne et répond la vilaine ! Molière, Éc. des mar. v, 4. Il est bien vrai que son mari est un vilain qui pardonne fort peu de chose, Dancourt, Bourg. à la mode, III, 9. J'en demande pardon aux successeurs des Desfontaines, aux petits beaux esprits, aux cuistres… ils ne savent pas, les vilains, que ni ma croix, ni ma clé, ni ma pension ne me touchent, Voltaire, Lett. d'Argental, 15 mars 1751.

    Mon vilain, se dit d'une personne de qui on parle et dont on se plaint comme faisant une vilenie. Qui est étonné à présent et confondu ? c'est mon vilain [un libraire qui retenait un manuscrit du roi de Prusse, et auquel Voltaire rendit inutile ce manuscrit], Voltaire, Lett. au roi de Pr. 20 juill. 1740. Là-dessus je tourne le dos à mon vilain, Diderot, Lett. à Mlle Voland, 19 sept. 1762.

    C'est un vilain ; fi le vilain ! se disent d'un homme sale et déshonnête en paroles, en actions.

    Populairement. C'est une vilaine, c'est une prostituée (acception qui a vieilli).

    Petit vilain, se dit moitié colère, moitié plaisanterie, d'un homme pour qui on n'a aucun mauvais vouloir. C'est le plus orgueilleux petit vilain que vous ayez jamais vu ; il lui semble qu'il n'y a personne au monde qui le mérite, et que la terre n'est pas digne de le porter, Molière, Princ. d'Él. III, 3. Aimera-t-on toujours ces petits vilains-là ? Regnard, le Distr. I, 8.

  • 5Avare, qui vit mesquinement (extension plus particulière du sens de vilain, non noble). Il a un père qui, quoique riche, est un avaricieux fieffé, le plus vilain homme du monde, Molière, Scapin, III, 3. Je devenais vilain par un motif très noble ; car, en vérité, je ne songeais qu'à ménager à maman quelque ressource dans la catastrophe que je prévoyais, Rousseau, Confess. v.

    Populairement. Il est vilain comme lard jaune.

    Substantivement. Jamais on ne parle de vous que sous les noms d'avare, de ladre, de vilain, et de fesse-mathieu, Molière, l'Av. III, 5. Oui, Géronte, justement ; voilà mon vilain ; je l'ai trouvé : c'est ce ladre-là que je dis, Molière, Scapin, III, 3.

  • 6Incommode, désagréable (ce qui est une suite du sens défavorable donné à vilain non noble). Vilain gîte. Vilain jeu. Vilaine voiture. Vilain temps. Que mon maître couvert de gloire Me joue ici d'un vilain tour ! Molière, Amph. I, 1. Je veux leur ôter la peine de venir à Livry, dont les chemins sont déjà vilains, Sévigné, 380. Je n'ai que de vilaines terres qui deviennent des pierres au lieu d'être du pain, Sévigné, 603.

    Il fait vilain, le temps est désagréable.

  • 7Qui déplaît à la vue (par un passage rare du sens moral au sens physique). Vilaine maison. Vilaine jambe. Vilain pays. Nous avons trouvé… deux grands vilains pendus à des arbres sur le grand chemin, Sévigné, 11 sept. 1675. Belle princesse, venez voir votre beau mari, qui a tué son vilain rival, Voltaire, le Blanc et le noir. J'allai loger à l'hôtel Saint-Quentin rue des Cordiers, proche la Sorbonne, vilaine rue, vilain hôtel, vilaine chambre, mais où cependant avaient logé des hommes de mérite, Rousseau, Confess. VII.
  • 8Dangereux. Voilà un vilain rhume. Un vilain verglas. Je me souviens qu'il y a un grand vilain précipice que l'on côtoie fort longtemps, et qui me faisait mal à l'imagination, Sévigné, 523.
  • 9 S. m. Vilain, vautour de Malte ou vautour fauve.

    Vilain, synonyme de rougeole du porc.

  • 10 S. f. Vilaine d'Anjou, espèce de poire.

    Vilaine de la réale, poire qui vient dans les premiers jours du mois d'août.

PROVERBES

Oignez vilain, voy. OINDRE.

Peine de vilain n'est à rien comptée.

Jeux de main, jeux de vilain, ou, au singulier, jeu de main, jeu de vilain, il n'y a que les gens mal élevés qui se divertissent à s'entre-frapper.

Il n'est chère que de vilain, lorsqu'un avare se résout à donner un repas, il y met plus de profusion qu'un autre.

Graissez les bottes d'un vilain, voy. BOTTE 2.

C'est la fille au vilain, voy. FILLE.

À vilain, vilain et demi, quand quelqu'un nous fait une vilenie, une ladrerie, il faut lui en faire une encore plus grande.

Tous vilains cas sont reniables.

HISTORIQUE

XIe s. Li vilains avera de forfeture XL deners, Lois de Guill. 17.

XIIe s. Ainsi fierent [frappent] de haches com vilain de flael, Sax. IX. Il nous orent jugié à mort laide et vilaine, ib. XX. Li clerc qui erent [étaient] pris à si vilain mesfait, Th. le mart. 27. Mult fait l'amours que vilaine Qui comence por faillir, Couci, IV. Par le conseil de fausse gent vilaine, ib. XI.

XIIIe s. Se vous ma volonté et mon bon voulez faire, N'a [il n'y a] home en mon pooir, s'il en vouloit retraire Vilain mot, cui les ieus [je] ne lui feïsse traire [arracher les yeux], Audefroi le Bastard, Romancero, p. 22. On m'apeloit fille d'empereor ; Et or ai fait d'un vilain mon seignor [mari], ib. p. 70. Et Symons fait le feu, n'ot pas le cuer vilain, Berte, XLIX. En mi sa voie [elle] encontre un païsan vilain, ib. LXXII. Chevaliers, ne bourgeois, vilain ne païsant, ib. CVII. Sarteurs ne charbonniers ne vilains ahanant, ib. CVII. Et si i avoit vilains qui à nostre gent jettoient des pierres en grandes fondes, qui moult merveilleusement lor grevoient, H. de Valenciennes, XXXIV. De parler [il] ne fu pas vilains, Tout premerain le rei salue, Lai del desiré. Je respons que nus [nul] n'est gentis [noble], S'il n'est as vertus ententis, Ne n'est vilains fors par ses vices, la Rose, 18817. Duc est la premiere dignité, et puis contes, et puis vicontes, et puis barons, et puis chastelains, et puis vavassor, et puis citaen, et puis vilain, Liv. de jost. 67. Et sache bien, ke selon Dieu tu n'as mie pleniere poesté seur ton vilain ; dont, se tu prens du sien fors les droites redevances, tu les prens contre Dieu et seur le peril de l'ame et come robierres ; et ce k'on dit, toutes les coses ke vilains a, sont son seigneur, c'est voirs à garder, Du Cange, villani. En vilain lieu [opposé à franc lieu], Du Cange, ib.

XIVe s. Laquelle Margeron print en sa main un chandellier, appelé un villain, Du Cange, ib. Comme… aucun soy disant nobles… ayant usé de envayr bonnes gens paisibles desdites cités et conté [de Cambresis], iceulx ochir, navrer et de leurs biens persecuter et despouiller, disant qu'il leur loist [est licite] contre tels que il appellent, de leur volenté temeraire, villains…, Du Cange, ib. L'on dit communement que qui a le villain a son beuf, le Songe du vergier, I, 47. Le faucon lannier est dit villain, pour ce qu'il se paist de toutes chars, Ménagier, III, 2.

XVe s. Il fit, par les vilains du pays, acharier et apporter grand foison de busches et de velourdes, Froissart, I, I, 233. Et là fut atteint du jet d'une grosse pierre et vilaine… vilain horion, Froissart, I, I, 102. Bonnes gens, les choses ne peuvent pas bien aller en Angleterre et n'iront, jusques à temps que biens iront tout de commun, et qu'il ne sera ne villains ne gentilshommes, Froissart, liv. II, p. 133, dans LACURNE. Les laboureurs euvrent des mains Pour les roys et leurs souverains, Et leur paient leur redevance ; Tous les jours sont aux champs empains, Comme bestes, clamez villains, Et telz gens ont moult de meschance, Deschamps, Poésies mss. f° 39. Yver, vous n'estes qu'un villain ; Esté est plaisant et gentil, Orléans, Chans. 85. Il ressemble le villain, dont on ne peut avoir service s'il n'est battu, Perceforest. t. II, f° 101. On dit d'ung homme chiche qu'il est vilain et fait contre l'honneur de gentillesse, le Jouvencel, f° 10.

XVIe s. Vous sçavez que la coustume de Haynaut est que qui tue un villain, puisque il est chevalier ou filz de chevalier dessous XXVI ans, il est quictes pour XXVII blancs, ce sont XXX tournois, Du Cange, villani. Lettres par lesquelles yl [le duc de Savoie] se conjouissoit au roy d'Angleterre de ce que leur ennemi commun [François Ier] estoit abattu et pris, et pourtant avoit esperance que le regne des villains prendroit fin, ce que chascun entendoit bien des Souysses, Bonivard, Chron. de Genève. IV, 4. D'un vilain font leur duc et gouverneur… Sur chef vilain fut mis chappeau d'honneur, Marot, J. V, 24. Et gardez bien que la vilaine tache D'ingratitude en voz cuers ne s'atache, Marot, J. V, 204. Tyranniques et vilains deportements, Montaigne, I, 3. Un paysan et un roy, un noble et un vilain, Montaigne, I, 326. Ce senat vilain, servile et corrompu, Montaigne, II, 91. Où le noble seroit convaincu d'un vilain cas, il sera puni comme vilain, Loysel, 849. La cholere, enflant et estendant le visage villainement, jette encore une plus villaine et mal plaisante voix, Amyot, Comment refrén. la colère, 12. C'est un double vilain, c'est un vilain tout outre [avare], H. Estienne, Précell. p. 78. En cestuy-ci [proverbe] pareillement, qui est aussi touchant le vilain, nous avons un bel advertissement : Il n'est danger que de vilain [il faut redouter le lâche] ; et vilain, en ces proverbes, est, qui ha le cœur vilain, veu mesmement qu'un autre proverbe dit : Nul n'est vilain, si le cueur ne luy meurt, H. Estienne, ib. p. 210. Il n'est vilain qui ne faict la villenie, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 106. Là recouvrerez argent à taz ; car le villain en ha du content : villain, disons-nous, parce que ung noble prince n'a jamais ung sou ; thesaurizer est faict de villain, Rabelais, I, 33.

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Étymologie de « vilain »

De l’ancien français vilain lui-même issu du latin tardif villanus (« habitant du domaine rural »), du latin classique villa (« ferme »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Prov. vilan, vila ; cat. vilá, villá ; esp. villano ; portug. villão ; ital. villano, du bas-lat. villanus, de villa, maison de campagne (voy. VILLE).

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Phonétique du mot « vilain »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
vilain vilɛ̃

Fréquence d'apparition du mot « vilain » dans le journal Le Monde

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Évolution historique de l’usage du mot « vilain »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « vilain »

  • Mieux vaut un vilain cochon que pas de cochon du tout.
    Proverbe américain
  • A vilain, vilain et demi.
    Tuet
  • Peine de vilain n'est comptée pour rien.
    Proverbe français
  • Jeu de main, jeu de vilain.
    Proverbe français
  • La jalousie est un vilain défaut Accroché au revers de l'amour.
    Les Négresses Vertes — Perpétuellement votre
  • Marvel doit trouver le prochain super-vilain capable d’affronter l’équipe d’Avengers. Les studios ont demandé aux fans des super-héros quelle pourrait bien être la prochaine menace pour succéder à Thanos.
    Toms Guide : actualités high-tech et logiciels — Thanos mort, Marvel vous demande de choisir le super-vilain de la Phase 4 du MCU
  • Un truc vilain, même à la mode, reste vilain.
    Michèle Bernier — Le Petit Livre de Michèle Bernier
  • Soyez vilain ou soyez beau, Pour la santé, c’est kif-kif bourricot.
    Alphonse Allais
  • Une mère ne voit jamais le vilain petit canard dans sa nichée de poussins.
    Doym
  • Graissez les bottes d’un vilain il dira qu’on les lui brûle.
    Proverbe français
Voir toutes les citations du mot « vilain » →

Traductions du mot « vilain »

Langue Traduction
Anglais naughty
Espagnol travieso
Italien cattivo
Allemand frech
Chinois 淘气
Arabe شقي
Portugais danadinho
Russe непослушный
Japonais いたずら
Basque bihurria
Corse impertinente
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Synonymes de « vilain »

Source : synonymes de vilain sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « vilain »

Combien de points fait le mot vilain au Scrabble ?

Nombre de points du mot vilain au scrabble : 9 points

Vilain

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