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Ferme

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin ferme fermes

Définitions de « ferme »

Trésor de la Langue Française informatisé

FERME1, adj., adv. et interj.

I.− Adjectif
A.− [En parlant d'un inanimé concr.] Qui présente une certaine résistance à la pression, qui est consistant sans être dur. (Quasi-)synon. compact, consistant; anton. flasque, mou, souple, tendre.Un vivant (...) chancelle entre le ciel et le gouffre. Le sol n'est pas ferme sous ses pas, mais ébranlé d'un tremblement qui fait choir les tours et les colonnes (Durry, Nerval,1956, p. 180):
1. Toutes les feuilles sont luisantes et fermes, analogues à celles du laurier, de l'yeuse; pas d'équivalent de celles du coudrier, par exemple, dont la consistance molle et feutrée, comme spongieuse à la lumière, donne au rayon qui les traverse une coloration verdorée, et fait aux halliers normands leur mystère. Gide, Voy. Congo,1927, p. 763.
En partic.
Terre* ferme.
[En parlant d'un fruit ou d'une partie du corps] Chair ferme. Un petit sein blanc, élastique, bien ferme (Napoléon Ier, Lettres Joséph.,1796, p. 60).Quand elle est à point, il se forme tout autour une croûte qu'on casse pour prendre juste la belle chair ferme (Guèvremont, Survenant,1945, p. 48).
B.− [En parlant d'une pers. ou d'un inanimé]
1. [En parlant d'une pers. et p. méton. d'une partie du corps humain]
a) Qui se tient sans chanceler, qui ne se laisse pas ébranler facilement. Synon. stable.L'enfant, qui resta ferme en selle (Sand, Beaux MM. Bois-Doré,t. 2, 1858, p. 71).Ce vieillard de quatre-vingts ans, la tête branlante, le pied ferme, se mit à gravir lentement l'escalier de pavés (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 366):
2. ... mais en revanche, voluptueuse est la sensation, à chaque gorgée de cette seconde tasse, de remonter, de me retrouver ferme sur mes jambes, et prêt de nouveau à faire face. Du Bos, Journal,1927, p. 196.
Loc. adv. De pied ferme. Sans bouger. J'attendis donc le choc de pied ferme (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 425).Au fig. (cf. attendre ex. 8).
Loc. verbale. Être ferme sur ses étriers*.
b) Qui traduit la force, l'assurance. Marcher d'un pas ferme; écrire, piloter d'une main ferme; poigne, voix ferme. Synon. assuré, décidé, résolu.Vampa (...) continua son chemin du même pas ferme et tranquille (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 459).Oui, dit-il d'une voix ferme... Je sais. (...) Il est maintenant indifférent et placide (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 166).Leurs ancêtres (...) dirigeaient d'une main ferme leurs affaires (Carrel, L'Homme,1935, p. 212).
Au fig. Avoir la main ferme. Un homme d'intelligence fine, ayant la vue saine des choses, la main ferme, le caractère décidé (Tharaud, Rayon vert,1941, p. 71).
En partic., domaine de la création artistique et littér.Qui témoigne de maîtrise, d'assurance. Dessin, coup de pinceau, exécution, tracé, jeu ferme; style ferme. Des idées si saines exprimées dans un style si ferme, si précis et si simple (Verlaine, Œuvres posth.,t. 2, Baudel., 1865, p. 17).Peinture ferme, où les illusions du dessin sont d'abord dominées (Alain, Beaux-arts,1920, p. 263):
3. MM Tissier et J. Guignet ont conservé leur touche et leur couleur sûres et solides. (...). M. Victor Robert, l'auteur d'une immense allégorie de l'Europe, est certainement un bon peintre doué d'une main ferme; mais l'artiste qui fait le portrait d'un homme célèbre ne doit pas se contenter d'une pâte heureuse et superficielle; car il fait aussi le portrait d'un esprit. Baudel., Salon,1846, p. 162.
2. Au fig.
a) [En parlant d'une pers.]
Littér. Que rien ne peut ébranler. Âme ferme. Synon. impassible, imperturbable, stoïque :
4. De mon côté, grâce à ces continuelles communications qui créaient entre nous d'innombrables rapports, je devenais plus libre, plus ferme, plus sûr de moi dans tous les sens, et c'était un grand progrès, car Madeleine y voyait un pas fait dans la franchise. Fromentin, Dominique,1863, p. 161.
Ferme + prép.Ferme dans l'adversité, dans ses résolutions.
Qui ne se laisse pas influencer, qui montre de l'autorité. Être doux mais ferme. Au lieu d'être faible et dur, il faudrait être ferme et doux, mais je suis un sot (Constant, Journaux,1813, p. 382).
Ferme + prép.Être ferme avec qqn. Ferme à + inf. (rare).M. de Séranville, toujours ferme à refuser, changea cinq ou six fois de système quant aux raisons de refuser (Stendhal, L. Leuwen,t. 3, 1836, p. 183).
b) P. méton. Qui dénote l'assurance, l'autorité, la résolution; qui témoigne d'une attitude sur laquelle on ne transige pas. Regard ferme; ton ferme d'une déclaration, d'une lettre; refus poli mais ferme; instructions très fermes. L'amabilité (...) vaincra toute mauvaise volonté extérieure, sauf peut-être de rares exceptions dont une attitude ferme, mais toujours digne et polie, ferait prompte justice, sois-en sûr (Verlaine, Œuvres posth.,t. 2, Voy. Fr., 1896, p. 84).Phrase décisive, habile et ferme à la fois (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 104).
[En parlant d'un inanimé abstr.]
Littér. [L'adj. est gén. antéposé] Qui est constant. Ferme propos, résolution; avoir la volonté ferme de; avoir une ferme espérance. Synon. arrêté, décidé, solide.Le menton proéminent est le signe des fermes volontés (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 70).Cette tenue, il l'avait endossée dans la ferme intention de nous en imposer la vue (Vercors, Silence mer,1942, p. 66).
Qui ne change pas, sur quoi l'on peut compter. Convention, proposition, règle ferme.
C.− Emplois spéc.
1. BOURSE et COMM. Achat, marché, vente ferme; prix fermes et définitifs. À caractère définitif. Anton. conditionnel.On appelle « marchés fermes » ceux où le vendeur et l'acheteur sont tenus d'exécuter tous leurs engagements (Boyard, Bourse et spécul.,1853, p. 170).V. achat ex. 11.
2. CH. DE FER. Prix, tarif ferme. Il est plus exact de les [les prix de transports] fixer en bloc pour chaque parcours que de les calculer d'après une formule basée sur la distance. Ce système est celui des « prix fermes » ou de « gare à gare » (Bricka, Cours ch. de fer,t. 2, 1894, p. 1007).
II.− Adverbe
A.− Avec force, intensité. Fabrice (...) prit la main du cadavre qu'il secoua ferme (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 38).Le froid pinçait ferme (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 83).
Loc. verbales
Discuter ferme. Discuter avec énergie, âpreté. Dans la salle, on bavarde ferme, et personne ne danse plus (Colette, Cl. école,1900, p. 318).Tu ne montes pas? Ça discute ferme, là-haut... C'est intéressant (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 249).
(Se) tenir ferme. (Se) tenir solidement. Elle l'attendait sur le seuil de sa chambre, en se tenant ferme aux jambages de la porte (Châteaubriant, Lourdines,1911, p. 115).Au fig. Tiens ferme ce que tu as (Gide, Retour enf. prod.,1907, p. 482).
B.− Avec abondance, beaucoup. Conan s'est donc mis à chopiner ferme (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 227).Il aurait mieux fait d'étudier sérieusement Marx. (...) il fallait qu'il s'établisse un programme et qu'il se mette à bûcher ferme (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 120).
C.− Spécialement
1. BOURSE, COMM. D'une manière nette et définitive, en s'en tenant au prix et aux conditions fixées. Anton. sous condition.Acheter, vendre ferme; réserver ferme. Il faut du nerf, alors que vous vendez ferme comme si vous saviez tout (Claudel, Échange,1reversion, 1894, I, p. 672).
2. DR. PÉNAL. Sans sursis. Un an (de prison) ferme. Si on pouvait les pincer une bonne fois, elles écoperaient ferme, c'est fort probable (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 257).Cf. Le Républicain Lorrain, 22 juin 1978, p. 16.
III.− Interj., vieilli. ,,Quand on veut inciter au courage. Allons, ferme mes amis!`` (Ac.).
Prononc. et Orth. : [fε ʀm̥]. Enq. : /feʀm/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 adj. fém. ferme « solide » (G. Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 4267); ca 1180 adv. ferm (forme de l'adj. masc.) « solidement » (Marie de France, Fables, 3, 62 ds T.-L.); 2. ca 1160 au fig. « sûr » (Eneas, 7856, ibid.); xiiies. emploi de la forme fém. ferme pour le masc. (Trad. Ovide Remèdes d'Amour, 615, ibid.). Du lat. class. firmus « solide, sûr, résistant, inébranlable » (cf. J. Fahrenschon, Firmus, Geschichte der Bedeutungen dieses Wortes und seiner Ableitungen in der rom. Sprachen, Diss., München, 1938, pp. 10-46). Fréq. abs. littér. : 3 277. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 882, b) 4 945; xxes. : a) 5 760, b) 4 509. Bbg. Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen − Oslo − Tromsø, 1972, p. 120, 180, 234, 235.

FERME2, subst. fém.

A.− Domaines jur. et fin.
1. Vieux
a) Convention par laquelle le propriétaire d'un droit en abandonne la jouissance à un tiers, pour un temps et un prix fixés. La ferme des chaises d'une église (Ac.).
Ferme des jeux (Ac.). Autorisation de tenir une maison de jeux.
b) HIST. (Ancien Régime). Délégation faite par le roi à des particuliers, de percevoir certains revenus publics. Les fermes des droits du roi, la ferme générale des gabelles, des aides (Ac.).
P. ext. Administration chargée de percevoir ces revenus. Il est certain que l'accaparement du numéraire ne peut se faire par les agents de la caisse et des fermes, sans l'appui du Ministère (Marat, Pamphlets,Nouv. dénonciation contre Necker, 1790, p. 191).Il obtint un emploi dans la ferme générale, dans les fermes; un employé des fermes (Ac.).
c) P. anal., JEUX. [Au xviiies.] Jeux de société qui se pratiquent avec des dés ou des cartes. Attesté ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr., Littré, DG, Guérin 1892, Alleau 1964, Mots rares 1965.
2. AGRIC. et usuel. Convention par laquelle le propriétaire d'un bien foncier, notamment d'une exploitation agricole, en abandonne la jouissance à un tiers pour un temps et un prix fixés.
Loc. adv. À ferme. L'avenir, ne sera-ce pas l'état absorbant tout, assurant tout, tenant à ferme la propriété de chacun? (Goncourt, Journal,1860, p. 862).Il avait envie de prendre à ferme tous les remblais de la ligne du nord pour y semer des pommes de terre (Flaub., Éduc. sent.,t. 2, 1869, p. 146):
1. Si, au contraire, le locataire ou le fermier ont été troublés dans leur jouissance par suite d'une action concernant la propriété du fonds, ils ont droit à une diminution proportionnée sur le prix du bail à loyer ou à ferme... Code civil,1804, art. 1726, p. 315.
B.− [P. méton. de A 2]
1. Exploitation agricole qui a fait l'objet d'un bail à ferme; p. ext. toute exploitation agricole. Ferme école*, modèle*, pilote*; fille, garçon, valet de ferme; exploiter, habiter, louer une ferme. L'exploitation d'une terre est ici la plus fatigante des industries. Nous avons peu de revenus en argent, nos fermes sont cultivées à moitié, système qui veut une surveillance continuelle (Balzac, Lys,1836, p. 88).Quelques jours après, mon père alla chasser sur la ferme de Serrières (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 15):
2. ... je croyais docilement que l'ouvrier dans la rue, le paysan dans sa ferme me devaient de la reconnaissance puisque je me consacrais d'une manière noble, pure et désintéressée à la spécialité du spirituel au profit de l'homme en général, qui comprend, parmi ses espèces, des ouvriers et des fermiers. Nizan, Chiens garde,1932, p. 13.
2. En partic. (L'exploitation du point de vue des) bâtiments et espaces constitués par ceux-ci. Cour de (la) ferme. Cette cour avait l'aspect d'une cour de grande ferme; elle était encombrée de charrues, de bétail, de fumiers, de volailles, de tous les instruments de la vie rustique (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 84).Nous en logions [les Cosaques] une douzaine à la ferme. Ils puisaient de l'eau, portaient du bois et gardaient les enfants (France, Pt Pierre,1918, p. 242).
Prononc. et Orth. : [fε ʀm̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1175 « convention par laquelle un propriétaire donne à bail un fonds aux fins d'exploitation, moyennant un loyer » a ferme (B. de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 40325); b) 1481 « convention d'exploitation d'un droit, administration chargée du prélèvement d'une taxe » (J. de Roye, Chronique scandaleuse, éd. B. Mondrot, II, 110); 2. 1539 « domaine rural, bâtiments d'une exploitation agricole » (Est.). Dér. de fermer* au sens fig. attesté en a. fr. de « établir d'une manière ferme, fixer » (xiies., Psautier Cambridge, CIV, 10, éd. Fr. Michel, p. 191) d'où « donner en exploitation selon une convention bien établie, donner à ferme » (Sept Sages, éd. J. Misrahi, 4546). Cf. lat. médiév. firma subst. au sens de « bail à ferme » attesté pour le domaine anglo-saxon dep. 1100 ds Nierm.; v. aussi J. Fahrenschon, Firmus, Geschichte der Bedeutungen dieses Wortes und seiner Ableitungen in den rom. Sprachen, Diss., München, 1938, pp. 103-119. Fréq. abs. littér. : 2 522. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 985, b) 3 794; xxes. : a) 4 438, b) 3 475. Bbg. Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 69. − Cobban (A.). The Vocabulary of social history. Political science quaterly. 1956, t. 71, pp. 13-14. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 13. − Gillieron (J.). Les Conséquences d'une collision lexicale... In : Cinquantenaire de l'Éc. pratique des hautes ét. Paris, 1921, p. 57. − Quem. DDL t. 5.

FERME3, subst. fém.

CONSTR. Assemblage de pièces de bois ou de métal destinées à porter le faîtage d'un toit. Un comble composé de fermes de tôle (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 40).
Spéc. Décor de théâtre monté sur un châssis (cf. France 1907). Bordenave s'emportait contre les machinistes, qui n'en finissaient pas d'enlever le décor (...), le prince allait recevoir quelque ferme sur la tête (Zola, Nana,1880, p. 1204).
Prononc. et Orth. : [fε ʀm̥]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1. 1344 archit. et charpent. (Texte ds Glanville, Hist. du Prieuré de Saint-Lô de Rouen, pièces justificatives, II, 400); 2. 1752 théâtre (Trév.). Déverbal de fermer* au sens de « attacher, fixer » pour le terme d'architecture.
DÉR.
Fermette, subst. fém.a) Ferme de faux comble ou de lucarne. (Attesté notamment ds Rob. et Lar. Lang. fr.). b) Barrage à fermettes. Écluse soutenue par des fermes. Le bruissement monotone des nappes glissant entre les fermettes du barrage (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 53). [fε ʀmεt]. 1reattest. 1690 archit. (ici, charpent.) (Fur.); de ferme3, suff. -ette*.
BBG. − Archit. 1972, p. 55, 115.

Wiktionnaire

Adjectif - français

ferme \fɛʁm\ masculin et féminin identiques

  1. Qui a de la consistance, de la dureté.
    • Un terrain ferme.
    • Un gâteau de pâte ferme.
    • Ce poisson a la chair ferme.
    • Les cœurs se font eux-mêmes des nœuds plus serrés ; et comme les os se rendent plus fermes dans les endroits des ruptures, à cause du secours extraordinaire que la nature donne aux parties blessées ; de même les amis qui se réunissent envoient pour ainsi dire tant d’affection pour renouer l’amitié rompue, qu’elle en demeure à jamais mieux consolidée. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Sermon pour le temps du jubilé sur la pénitence, 1772, I)
    • Elle l’observait en train de s’étirer ; sa belle culotte d’un rouge bordeaux profond mettait en valeur ses fesses fermes.
  2. Qui tient fixement.
    • Ce plancher est ferme.
    • Et, de la majesté des lois
      Appuyant les pouvoirs suprêmes,
      Fait demeurer les diadèmes
      Fermes sur la tête des rois.
      — (François de Malherbe, Poésies : Livre premier : Odes : VII : À la Reine [Marie de Médicis], sur les heureux succès de sa régence, 1610)
    • La mer est donc dans un état ferme d’équilibre ; et, si, comme il est difficile d’en douter, elle a recouvert autrefois des continents aujourd’hui fort élevés au-dessus de son niveau, il faut en chercher la cause ailleurs que dans le défaut de stabilité de son équilibre. — (Laplace, Exposition du système du monde, IV, 12)
  3. (Figuré) Dont les propriétés sont stables.
    • Je ne sais s’il y a moyen de donner des règles fermes pour accorder les discours à l’inconstance de nos caprices. — (Blaise Pascal, Pensées, I, 3)
    • Pour m’attacher à vous par de plus fermes nœuds. — (Thomas Corneille, Ariane, II, 4)
    • Il [Épaminondas] insista principalement sur la nécessité qu’il y avait de fonder la paix sur l’égalité et sur la justice, parce qu’il ne pouvait y avoir de paix ferme et durable que celle où toutes les parties trouvaient un avantage égal. — (Charles Rollin, Histoire ancienne, livre XII (Suite de l’histoire des Perses et des Grecs depuis la paix d’Antalcide jusqu’à la mort d’Artaxerxe-Mnémon), chapitre I, IV)
    • La justice, plus exactement rendue sous le règne d’Élisabeth que sous aucun de ses prédécesseurs, fut un des fermes appuis de son administration. — (Voltaire, Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, CLXVIII : De la reine Élisabeth)
    • Orbassan de nos lois est le plus ferme appui. — (Voltaire, Tancrède, I, 1)
  4. Qui se tient sans chanceler.
    • Être ferme sur ses pieds, à cheval.
    • Être ferme sur ses étriers : Se tenir d’aplomb à cheval.
  5. Vigoureux, fort, en bonne santé
    • Et par là il a fallu que l’artère, qui devait avoir un battement si continuel et si ferme, fût d’une consistance plus solide et plus dure que la veine. — (Jacques-Bénigne Bossuet, De la connaissance de Dieu et de soi-même, II, 8)
    • Malgré une constitution très-ferme et une vie toujours très-réglée d’un bout à l’autre, Mery se sentit presque tout-d’un-coup abandonné de ses jambes vers l’âge de soixante-quinze ans, sans avoir nulle autre incommodité. — (Bernard le Bouyer de Fontenelle, Éloge de Mery)
    • Le baron, embrassant M. de Forlis : Votre santé, monsieur ? - M. de Forlis : Assez ferme. Et la tienne, Baron ? — (Boissy, Les Dehors trompeurs, II, 10)
  6. (Art, Littérature) Qui a le caractère de la vigueur, désigne une manière d’exécuter vigoureuse et hardie.
    • Ce dessinateur a une touche très ferme.
    • Il a un coup d’archet très ferme.
  7. (Figuré) Qui a de la solidité morale, qui ne se laisse ni changer ni détourner ; constant, invariable, inébranlable.
    • Courage, Reine sans pareille :
      L’esprit sacré qui te conseille
      Est ferme en ce qu’il a promis.
      — (François de Malherbe, Poésies, LVIII)
    • Vous paraissiez plus ferme en vos intentions. — (Pierre Corneille, Cinna ou la clémence d’Auguste, III, 2)
    • Oui, je lui dois assez, seigneur, quoi qu’il en soit,
      Pour vous payer pour lui de l’amour qu’il vous doit ;
      Et je vous le promets, entier, ferme et sincère.
      — (Pierre Corneille, Héraclius empereur d’Orient, V, 3)
    • Il [Annibal] m’a surtout laissé ferme en ce point
      D’estimer beaucoup Rome et ne la craindre point.
      — (Pierre Corneille, Nicomède, II, 3)
    • Je l’ai toujours connu ferme dans son devoir. — (Pierre Corneille, Œdipe, III, 4)
    • Le plus ferme souvent manque à ce qu’il propose ;
      Et la force au besoin m’obtiendra toute chose.
      — (Jean de Rotrou, Hercule mourant, I, 6)
    • Et on l’a cru avec tant de certitude, que les philosophes en ont fait un des grands principes de leur science, et le fondement de leurs traités du vide : on le dicte tous les jours dans les classes et dans tous les lieux du monde, et depuis tous les temps dont on a des écrits, tous les hommes ensemble ont été fermes dans cette pensée, sans que jamais personne y ait contredit jusqu’à ce temps. — (Blaise Pascal, De la pesanteur de l’air, Conclusion des deux précédens traités)
    • [Un cœur…] noble pour s’élever au-dessus des passions et des intérêts, tendre pour assister les malheureux, ferme pour résister à l’iniquité. — (Esprit Fléchier, Oraison funèbre de monsieur le premier président de Lamoignon)
    • Je demeure ferme dans le dessein de quitter… — (Marquise de Maintenon, Lettre à l’abbé Gobelin, 6 août 1674)
    • Avec une âme juste et ferme, j’ai désiré que mon enfant eût un esprit droit, éclairé, étendu. — (Denis Diderot, Mélanges de littérature et de philosophie : Lettre à la comtesse de Forbach, sur l’Éducation des enfants)
    • Le ladre a été ferme à toutes les attaques. — (Molière, L’Avare, II, 6)
  8. (En particulier) Qui ne se laisse point abattre par l’adversité, intimider par le péril.
    • Une âme ferme.
    • L’ébranlement sied bien aux plus fermes courages. — (Pierre Corneille, Horace, I, 1)
    • Il [Valentinien] était chaste, libéral, humain, ferme dans la mauvaise fortune, et modéré dans la bonne. — (Esprit Fléchier, Histoire de Théodose le Grand, IV, 34)
    • Je vous crois fort au-dessus des revers que vous avez essuyés. Toutes les âmes nobles sont fermes. — (Voltaire, Lettre à M. de la Borde, banquier de la cour, À Ferney, 16 avril 1770)
  9. Se dit des choses en un sens analogue, de la volonté, l'espérance, la foi…
    • La vertu la plus ferme évite les hasards. — (Pierre Corneille, Polyeucte martyr, II, 4)
    • C’est peut-être un dessein mal ferme que le sien. — (Pierre Corneille, Sertorius, IV, 1)
    • Louis XIV, après huit ans de désastres dans la guerre de la succession d’Espagne, prit la résolution ferme d’aller combattre lui-même à la tête de ce qui lui restait de troupes, quoique à l’âge de soixante-dix années. — (Voltaire, Essai sur les mœurs et l’esprit des nations : Fragmens sur l’Histoire, article XVIII : Défense de Louis XIV)
    • Des actions fermes, et des paroles simples, voilà le vrai caractère des anciens Romains. — (Voltaire, Commentaires sur Corneille : Remarques sur Pompée, acte IV, scène III)
  10. Qui révèle de la fermeté, qui est assuré
    • Ce ton ferme et résolu déconcerta l’adversaire.
    • Voilà Ulysse lui-même ; voilà ses yeux pleins de feu et dont le regard était si ferme. — (François de Salignac de La Mothe-Fénelon, Les Aventures de Télémaque, IX, 1699)

Interjection - français

ferme \fɛʁm\ invariable

  1. (Vieilli) S’emploie pour exciter, encourager.
    • Allons, ferme ! Poussez, mes bons amis de cour. — (Molière, Le Misanthrope, II, 5)
    • Ferme ! Continuez à ne vous pas entendre. — (Lachaussée, Préjugé à la mode, I, 4)

Nom commun 1 - français

ferme \fɛʁm\ féminin

  1. (Droit) Convention par laquelle un propriétaire abandonne à quelqu’un, pour un temps déterminé, la jouissance d’un domaine agricole ou d’un droit, moyennant une redevance.
    • Un rapport et avis d'experts porte qu'il sera planté des bornes, pour limiter les fonds de Catherine Lambert et ceux des pères Jésuites. Il existe en date du 8 octobre de la même année, une quittance de 18 livres de la susdite aux RR.PP. pour payement de la ferme du broteau des balmes. — (Paul Saint-Olive, Notice sur le territoire de la Tête-d’Or, Aimé Vingtrinier, Lyon, 1860, page 17)
    • Un de leurs successeurs, le sieur d’Ourches, l’obtint [ce droit] en ferme de Charles III, en 1565, avec diverses autres redevances […]. — (Pierre Boyé, Les Hautes-Chaumes des Vosges, Rencontres transvosgiennes, 2019, ISBN 978-2-9568226-0-8)
  2. (Par extension) Exploitation agricole donnée à ferme.
  3. (Par extension) Exploitation agricole, de tout mode de faire-valoir.
    • Dans les états agricoles du Middle-West, les fermiers, voyant les prix des terres monter sans arrêt, empruntaient à 8 à 10 % pour agrandir leurs fermes. — (André Maurois, Chantiers américains, 1933)
    • Mais cela peut même aller jusqu’à la désertification lorsque les familles ont pu à leur tour migrer : la montagne kabyle ou libanaise est ainsi constellée de fermes abandonnées. — (Christian Pradeau & Jean-François Malterre, Migrations et territoires, dans Les cahiers d'Outre-Mer n° 234/volume 59, Presses Universitaires de Bordeaux, 2006)
  4. (Par extension) Exploitation destinée à l’élevage d’animaux.
    • Il existe là-bas une ferme d’éléphants, dirigée par un Anglais original… — (Georges Simenon, Le Blanc à lunettes, ch. I, Gallimard, 1937)
    • Pour autant, poissons et crustacés pêchés ou engraissés dans des fermes constituent un secteur économique considérable, qui s’élève à environ 179 millions de tonnes et dont les ventes sont estimées à 401 milliards de dollars (356 milliards d’euros). — (Martine Valo, Les exportations de poissons pèsent plus que la viande, le tabac, le riz et le sucre réunis, Le Monde. Mis en ligne le 10 juin 2020)
  5. (Par extension) Exploitation d’énergie, éolienne, hydrolienne, solaire, etc.
    • Quatre fermes pilotes d’éoliennes flottantes doivent cependant voir le jour d’ici à 2020, en Méditerranée et au large de la Bretagne, et des études de sites doivent être lancées, pour des hydroliennes, dans le passage du Fromveur (Finistère) et le raz Blanchard (Manche). — (Pierre Le Hir, La France peut-elle rattraper son retard dans les énergies renouvelables ?, Le Monde. Mis en ligne le 8 février 2018)
  6. (Histoire) Système de perception des impôts dans lequel le fonctionnaire (fermier) payait d’avance une somme forfaitaire au roi, pour ensuite se payer en percevant les sommes dues, la différence formant son salaire.
    • La ferme des gabelles, la ferme générale.
  7. (Zoologie) Type particulier de parc animalier, ouvert à la visite du public, spécialement dans un zoo.
    • La ferme du zoo présente toutefois une alternative intéressante avec la présentation des animaux domestiques en liberté. — (Dominique Desforges, Guide des parcs de loisirs français et étrangers 1990, Hatier - Rageot, Paris, 1990, page 229)
    • Le type de dispositif qu’on retrouve systématiquement est fondé sur un regard, clairement orienté depuis un centre qui s’affiche peu en représentation (Europe puis Amérique du Nord), parce qu’il est essentiellement le même et le quotidien pour les spectateurs : ainsi pas de chats ou d’animaux familiers, et présentation des vaches ou des moutons dans la ferme du zoo (c’est-à-dire hors des collections normales). — (Jean Estebanez, « Le zoo comme dispositif spatial : mise en scène du monde et de la juste distance entre l’humain et l’animal », L’Espace géographique, volume 39, n° 2, Belin, Paris, 2010, page 175)

Adverbe - français

ferme \fɛʁm\ invariable

  1. D’une manière ferme, fermement, fortement.
    • Et les lascars mal tenus se mirent à dézébrer ferme. — (Alphone Allais, À se tordre, 1891)
    • Y a repos l’après-midi, alors on chauffera ferme, et si le doublard de semaine ferme les yeux, on laissera ta porte ouverte, tu pourras toujours jaspiner, et puis tu auras chaud. — (Arnold Zweig, Le Cas du sergent Grischa, 1927, traduit de l’allemand par Maurice Rémon, 1930, page 252)
    • Les rouges étaient aux cent coups. Ils s'étaient réunis en comité restreint dans la cuisine du cafetier. Autour de la toile cirée, le bureau de la Libre-Pensée cogitait ferme. — (Arlette Aguillon, Le puits aux frelons, Éditions de l'Archipel, 2009, chap. 20)
    • Tenir quelque chose bien ferme. Frapper ferme.
  2. Faire ferme : S’arrêter dans une retraite, et tenir tête à l’ennemi.
    • Le général Stenau fit ferme avec deux régiments. — (Voltaire, Charles XII, 2)
    • [Il] Fit ferme quelque temps et puis se démentit. — (Tristan, M. de Chrispe, I, 3)
    • Il faut faire ici ferme et montrer du courage. — (Pierre Corneille, Œdipe, V, 4)
  3. Parler ferme à quelqu’un : Lui parler avec force, et de manière à lui en imposer.
    • Vous me parlez bien ferme, et cette suffisance… — (Molière, Le Misanthrope, I, 2)
  4. Se dit aussi de la solidité d’un terrain.
    • … vous trouverez de la consistance au milieu de l’inconstance des choses humaines […] Vous demeurerez immuables, comme si tout faisait ferme sous vos pieds, et vous sortirez victorieux. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Panégyrique de Saint Benoît, 2)
  5. (Justice) Sans sursis, à propos d'une condamnation.
    • La justice me condamnera à dix-huit mois, dont six mois ferme. J'irai en prison, purger ma peine de six mois ferme. — (Franz Bartelt, Le Jardin du bossu, Gallimard, 2004)
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Littré (1872-1877)

FERME (fèr-m') adj.
  • 1Qui a de la consistance, de la dureté, par opposition à mou. Un terrain ferme. Un gâteau de pâte ferme. Ce poisson a la chair ferme. Comme les os se rendent plus fermes dans les endroits des ruptures, Bossuet, Sermons, jubilé, Pénitence, I.

    La terre ferme, le continent, ce qui n'est pas entouré d'eau, par opposition aux îles. Les vaisseaux s'abordaient par la proue ; on abaissait de part et d'autre des ponts-levis, et on se battait comme en terre ferme, Voltaire, Mœurs, 75.

    Particulièrement. Terre ferme, la partie des États de Venise qui était située sur le continent, par opposition à Venise et aux îles. Les nobles de terre ferme.

  • 2Qui tient fixement. Ce plancher est ferme. [La paix]… Et de la majesté des lois Appuyant les pouvoirs suprêmes, Fait demeurer les diadèmes Fermes sur la tête des rois, Malherbe, III, 2. La mer est dans un état ferme d'équilibre ; et, si, comme il est difficile d'en douter, elle a recouvert autrefois des continents aujourd'hui fort élevés au-dessus de son niveau, il faut en chercher la cause ailleurs que dans le défaut de stabilité de son équilibre, Laplace, Exp. IV, 12.

    Fig. Je ne sais s'il y a moyen de donner des règles fermes pour accorder les discours à l'inconstance de nos caprices, Pascal, Pensées, I, 3. Pour m'attacher à vous par de plus fermes nœuds, Th. Corneille, Ariane, II, 4. Il ne pouvait y avoir de paix ferme et durable que celle où toutes les parties trouvaient un avantage égal, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. v, p. 381, dans POUGENS. La justice, plus exactement rendue sous le règne d'Élisabeth que sous aucun de ses prédécesseurs, fut un des fermes appuis de son administration, Voltaire, Mœurs, 168. Orbassan de nos lois est le plus ferme appui, Voltaire, Tancr. I, 1.

  • 3Qui se tient sans chanceler. Être ferme sur ses pieds, à cheval.

    Être ferme sur ses étriers, se tenir d'aplomb à cheval.

    Fig. Défendre son sentiment, être immuable dans sa résolution.

    De pied ferme, loc. adv. Sans reculer. Attendre de pied ferme l'ennemi. Combattre de pied ferme. Contre nous de pied ferme ils tirent leurs alfanges, Corneille, Cid, IV, 3.

    En un sens particulier. Sans bouger d'un lieu. Il y a deux heures que je vous attends ici de pied ferme.

    Dans les manœuvres militaires, conversion de pied ferme, conversion dont le pivot est fixe.

    Fig. et familièrement. Attendre quelqu'un de pied ferme, l'attendre avec la résolution de lui résister, témoigner qu'on ne le craint pas.

    Terme de droit coutumier. Pied ferme. héritage affermé à longues années.

    Un pas ferme, un pas dans lequel le pied se pose avec solidité sur le sol.

    Fig. Avide de travaux, insensible aux délices, Il marchait d'un pas ferme au bord des précipices, Voltaire, Henr. IX.

    Terme de manége. Un cheval saute de ferme à ferme, il saute dans la même place.

  • 4Vigoureux, fort. Avoir la main ferme, les reins fermes. L'artère, qui devait avoir un battement si continuel et si ferme, Bossuet, Connaiss. II, 8.

    À la paume, avoir le coup ferme, pousser vigoureusement la balle.

    Avoir la main ferme, signifie aussi avoir une main qui ne tremble pas. Cet enfant, lorsqu'il écrit, n'a pas la main ferme.

    Fig. Tracer d'une main ferme le tableau d'une époque, le portrait d'un personnage, etc. raconter ces événements, faire ce portrait, etc. dans un style ferme.

    Il se dit dans un sens analogue de la santé. Malgré une constitution très ferme et une vie toujours très réglée, M. Méry se sentit tout d'un coup abandonné de ses jambes vers l'âge de soixante-quinze ans, Fontenelle, Méry. Le baron : Votre santé, monsieur ? - Forlis : Assez ferme ; et la tienne ? Boissy, Dehors tromp. II, 10.

  • 5Termes d'arts et de littérature. Qui a le caractère de la vigueur. Un burin ferme. Manière, exécution ferme. Le jeu de ce musicien est ferme.

    Style ferme, style qui a de la concision et de la force.

  • 6 Fig. Qui a de la solidité morale, qui ne se laisse ni changer ni détourner. L'esprit sacré qui te conseille Est ferme en ce qu'il a promis, Malherbe, VI, 2. Vous paraissiez plus ferme en vos intentions, Corneille, Cinna, III, 2. Oui, je lui dois assez, seigneur, quoi qu'il en soit, Pour vous payer pour lui de l'amour qu'il vous doit ; Et je vous le promets, entier, ferme et sincère, Corneille, Héracl. v, 3. Il [Annibal] m'a surtout laissé ferme en ce point D'estimer beaucoup Rome et ne la craindre point, Corneille, Nicom. II, 3. Je l'ai toujours connu ferme dans son devoir, Corneille, Œdipe, III, 4. Le plus ferme souvent manque à ce qu'il propose, Rotrou, Herc. mour. I, 6. Sitôt qu'il crut son fils ferme dans son devoir, La Fontaine, Oies. Tous les hommes ensemble ont été fermes dans cette pensée, sans que jamais personne y ait contredit jusqu'à ce temps, Pascal, Pesant. de l'air, Conclusion. Un cœur…noble pour s'élever au-dessus des passions et des intérêts, tendre pour assister les malheureux, ferme pour résister à l'iniquité, Fléchier, Lamoignon. Crois-tu que, toujours ferme au bord du précipice, Elle [la femme] marche toujours sans que le pied lui glisse ? Boileau, Sat. X. Je demeure ferme dans le dessein de quitter…, Maintenon, Lett. à l'abbé Gobelin, 6 août 1674. Louis avait le cœur ferme et l'esprit timide, Duclos, Hist. Louis XI, Œuv. t. III, p. 358, dans POUGENS. Avec une âme juste et ferme, j'ai désiré que mon enfant eût un esprit droit, éclairé, étendu, Diderot, Lett. à la comtesse de Coerbach, Œuv. t. III, p. 446, dans POUGENS. Deux cents de nos guerriers, amis fermes et sûrs, Delavigne, Vêpr. sicil. III, 6.

    Rester ferme, ne pas changer d'opinion. Mon bon homme, qui avait tant d'envie de voir le roi, resta ferme : je crains les monopoleurs, dit-il, Voltaire, Polit. et législation, Diatribe à l'auteur des éphém.

    En un sens péjoratif. Le ladre a été ferme à toutes les attaques, Molière, l'Av. II, 6.

  • 7 Particulièrement. Qui ne se laisse point abattre par l'adversité, intimider par le péril. Une âme ferme. L'ébranlement sied bien aux plus fermes courages, Corneille, Hor. I, 1. Il [Valentinien] était chaste, libéral, humain, ferme dans la mauvaise fortune, et modéré dans la bonne, Fléchier, Hist. de Théod. IV, 34. Je vous crois fort au-dessus des revers que vous avez essuyés ; toutes les âmes nobles sont fermes, Voltaire, Lett. de la Borde, 16 avr. 1770.
  • 8Il se dit des choses en un sens analogue. Une volonté ferme. Une ferme espérance. Une foi ferme. La vertu la plus ferme évite les hasards, Corneille, Poly. II, 4. C'est peut-être un dessein mal ferme que le sien, Corneille, Sertor. IV, 1. Louis XIV, après huit ans de désastres dans la guerre de la succession d'Espagne, prit la résolution ferme d'aller combattre lui-même à la tête de ce qui lui restait de troupes, quoique à l'âge de soixante-dix années, Voltaire, Mœurs, Fragm. sur l'hist. art. XVIII. Des actions fermes et des paroles simples, voilà le vrai caractère des anciens Romains, Voltaire, Comm. sur Corn. Rem. Pompée.

    Avoir le jugement ferme, l'esprit ferme, la tête ferme, avoir l'esprit solide et droit.

    Qui révèle de la fermeté. Regard, contenance, voix ferme. Voilà Ulysse lui-même ; voilà ses yeux pleins de feu et dont le regard était si ferme, Fénelon, Tél. IX.

  • 9 Terme de commerce et de bourse. Marché, achat, vente ferme, marché, achat, vente qui emporte obligation de faire ou de prendre livraison.

    Ferme contre prime, ou opération ferme contre prime, vente ferme et achat à prime.

    Terme d'administration. Marché à prix ferme, marché passé par les ministres avec les fournisseurs pour les approvisionnements de l'armée, etc.

  • 10Ferme, adv. D'une manière ferme, fortement. Tenir quelque chose bien ferme. Frapper ferme.

    Se tenir ferme, se tenir solidement. Polyclète, se penchant trop sur ses chevaux, ne put se tenir ferme dans une secousse, il tomba, Fénelon, Tél. v. Nous nous tenions ferme, de peur que, dans cette violente secousse [des vagues], le mât qui était notre unique espérance ne nous échappât, Fénelon, ib. VI.

    Faire ferme, s'arrêter dans une retraite, et tenir tête à l'ennemi. Le général Stenau fit ferme avec deux régiments, Voltaire, Charles XII, 2.

    Fig. [Il] Fit ferme quelque temps et puis se démentit, Tristan, M. de Chrispe, I, 3. Il faut faire ici ferme et montrer du courage, Corneille, Œdipe, v, 4.

    Il se dit aussi de la solidité d'un terrain. Vous trouverez de la consistance au milieu de l'inconstance des choses humaines… vous demeurerez immuables comme si tout faisait ferme sous vos pieds, Bossuet, Panég. St Benoît, 2.

    Tenir ferme, opposer une résistance vigoureuse. Toutefois il tient ferme et nous montre visage, Du Ryer, Scévole, I, 3. Tantôt, sur les rives de la Loire, suivi d'un petit nombre d'officiers et de domestiques, il court à la défense d'un pont, et tient ferme contre une armée, Fléchier, Turenne. Il tient ferme pourtant et ne perd point courage, Racine, Théb. v, 3.

    Fig. Il tint ferme contre la critique. En tout cas, je suis très assuré que vous tiendrez ferme au milieu des ruines publiques, Guez de Balzac, liv. I, lett. 3. Qu'il tienne ferme pour faire observer les lois, Fénelon, Tél. XI.

    Tenir ferme, ne pas renoncer à, ne pas abandonner. Tenons ferme dans l'espérance, Bossuet, Sermons, Ascension. 1.

    Parler ferme à quelqu'un, lui parler avec force, et de manière à lui en imposer. Vous me parlez bien ferme, et cette suffisance…, Molière, Mis. I, 2.

    Fort et ferme, avec force, avec ardeur, avec appétit, etc. On disputera fort et ferme de part et d'autre, Molière, Critique, 8. Comme il sentait une grande faim à son réveil, il mangea fort et ferme, Hamilton, Gramm. 9.

    Ferme, loc. interj. qui s'emploie pour exciter, encourager. Allons, ferme ! poussez, mes bons amis de cour, Molière, Mis. II, 5. Ferme ! continuez à ne vous pas entendre, Lachaussée, Préjugé à la mode, I, 4.

HISTORIQUE

XIIe s. Tant ai en li [elle] ferm assis mon corage, Qu'aillors [je] ne pense…, Couci, XI.

XIIIe s. Il lit le bref, car il rest [est] clers [clerc], Et de bien lire et haus et fers, Partonop. v. 2741. L'on li amaine un bon ceval… Bien afernés [garni de frein] et aaisiés, Et fers et en dos et en piés, ib. v. 9634. Quant ferme fut la pais et la guerre fenie, Audefroi le Bastard, Romancero, p. 12. La covenance [la promesse] est moult grans, ne je ne puis maintenant veoir ne penser comment elle puisse estre ferme, Villehardouin, LXXXVI. De peine et de travail [elle] dort si ferm et si dur, Berte, XLI. À Socrates seras semblables, Qui tant fu fers et tant estables, Qu'il n'ert liés [gai] en prosperités, Ne tristes en aversités, la Rose, 5872.

XIVe s. Dieu doint à nostre duc faire tele aiance De gens fermes, entiers, et de si grant puissance, Que des anemis puissent prendre entiere vengeance, Complainte sur la bat. de Poitiers, Bibl. des chartes, 3e série, t. II, p. 263. Vertu est une ferme qualité de l'ame, par laquelle qualité nous sommes enclins à eslire le moyen entre excès et deffaute, Oresme, Eth. 46.

XVIe s. S'estant fichez la vue ferme l'un contre l'aultre, Montaigne, I, 102. Il fault avoir les reins fermes pour entreprendre de…, Montaigne, I, 55. Je marche plus seur et plus ferme à mont qu'aval, Montaigne, I, 161. Une viande massive et ferme [une nourriture solide], Montaigne, I, 189. J'avois une santé ferme et entiere, Montaigne, I, 195. Il le nioit fort et ferme, Montaigne, I, 323. Les dogmatistes les plus fermes sont contraincts, en cet endroict, de…, Montaigne, II, 304. Ce n'est point une isle, ains terre ferme et continente avecques…, Montaigne, I, 232. Quand ce venoit à choquer de près à pied ferme, les ennemis avoient avantage sur eulx, Amyot, Philop. 13. Il les rendit encore plus fermes en l'alliance des Romains, Amyot, Flam. 30. Il fut contraint à faire quelque ferme, et là prit prisonniers de ceux qui le pressoient, D'Aubigné, Hist. III, 232.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. FERME.
9Ajoutez :

Vendeur ferme, celui qui vend effectivement, par opposition à celui qui vend la marchandise sans l'avoir, et qui n'est que commissionnaire.

Fig. et par application du terme de bourse à la politique. Il y en a deux [propositions] : l'une, celle de la commission, qui consent à la prorogation des pouvoirs, avec une condition suspensive ; l'autre, qui vous demande la prorogation ferme, toujours avec la perspective des lois constitutionnelles ; mais cette condition n'altérera pas le caractère définitif de la prorogation des pouvoirs, Journ. offic. 19 nov. 1873, p. 7040, 2e col. … et qu'il vous demande de le proroger dès à présent, d'une manière ferme, qu'il advienne ou qu'il n'advienne pas de constitution, J. Grévy, Journ. offic. 20 nov. 1873, p. 7082, 2e col.

Ajoutez :
11Commandement pour déterminer un mouvement dans certaines manœuvres d'artillerie qui nécessitent le concours des efforts simultanés de plusieurs hommes. Dressez la pièce : ferme !
12 S. m. Le ferme, le sol ferme, consistant. Les fouilles faites à l'extérieur de la première tour furent poussées à quatre mètres de profondeur pour atteindre le ferme, Rev. d'anthr. t. IV, p. 507.
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Étymologie de « ferme »

(Adjectif, interjection) Du latin firmus (« solide, résistant »), apparenté à forma (« forme »).
(Adverbe) Du latin firme (« solidement, fermement »).
(Nom commun 1) Déverbal sans suffixe de fermer[1] au sens ancien de « établir d'une manière ferme, fixer », de là « donner en exploitation selon une convention bien établie, donner à ferme, affermer ». Le latin médiéval a firma au sens de « bail à ferme » attesté pour le domaine anglo-saxon depuis 1100 → voir firme. L’ancien français avait, pour variante, farme, peut-être apparenté à l’allemand Farm, à l’anglais farm issus d’un étymon différent ; les étymologistes anglo-saxons[2] penchent pour une origine anglo-saxonne du latin médiéval ferma, firma.
(Nom commun 2) Déverbal sans suffixe de fermer au sens de « attacher, fixer ».
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Bourguign. farme ; provenç. ferm ; espagn. et portug. firmo ; ital. fermo ; du lat. firmus, qui est rapporté au sanscrit dhar, dhrĭ, tenir étroitement, soutenir.

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Phonétique du mot « ferme »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
ferme fɛrm

Fréquence d'apparition du mot « ferme » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « ferme »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « ferme »

  • Femme nue, femme noireVêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté !J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux.Et voilà qu’au cœur de l’Été et de Midi, je te découvre Terre promise, du haut d’un haut col calcinéEt ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigle.Femme nue, femme obscureFruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma boucheSavane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’EstTam-tam sculpté, tam-tam tendu qui grondes sous les doigts du VainqueurTa voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée.Femme nue, femme obscureHuile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du MaliGazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peauDélices des jeux de l’esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se moireA l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.Femme nue, femme noireJe chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’ÉternelAvant que le Destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.
    Léopold Sédar Senghor —  Chants d’ombre
  • Voir loin, parler franc, agir ferme.
    Pierre de Coubertin
  • Femme nue, femme noireVétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beautéJ’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeuxEt voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi,Je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calcinéEt ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigleFemme nue, femme obscureFruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma boucheSavane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’EstTamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueurTa voix grave de contralto est le chant spirituel de l’AiméeFemme noire, femme obscureHuile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du MaliGazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.Délices des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or rongent ta peau qui se moireA l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.Femme nue, femme noireJe chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’EternelAvant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.
    Léopold Sédar Senghor — « Femme noire »
  • On va d'un pas plus ferme à suivre qu'à conduire.
    Pierre Corneille — Imitation de Jésus-Christ, I, ch. IX (Traduction)
  • Pie dans la ferme, neige à court terme.
    Proverbe français
  • Une cinquantaine de militants sont réunis devant la préfecture pour dénoncer les conditions de vie d’une trentaine de vaches dans une ferme de Wambrechies, qu’ils ont rebaptisée la « Ferme de l’horreur » (1/2) pic.twitter.com/NjGebivSIv
    France Bleu — Une cinquantaine de personnes manifestent à Lille contre "la ferme de l'horreur"
  • Les premières vaches étaient arrivées sur place il y a six ans, dans des hangars géants situés entre les communes de Drucat-le-Plessiel et Buigny-Saint-Maclou, dans la Somme. Elles quittent progressivement les lieux. La ferme a définitivement cessé son activité laitière le 31 décembre 2020.
    France Culture — La ferme dite des 1 000 vaches, symbole de l'agriculture industrielle, cesse son activité laitière
  • Jeune élu de 32 ans, à Lanvallay, cet ingénieur en électronique sur Rennes se reconvertit en créant une ferme pédagogique près de chez lui.
    Près de Dinan : Mathias Morel va créer une ferme pédagogique | Le Petit Bleu
  • Quand tu traverses le pays des aveugles, ferme un oeil.
    Proverbe roumain
  • La tombe ferme un ciel pour en ouvrir un autre.
    Sully Prudhomme — Le bonheur
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Traductions du mot « ferme »

Langue Traduction
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Synonymes de « ferme »

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