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Pas

Définitions de « pas »

Trésor de la Langue Française informatisé

PAS1, adv. de nég.

I. − [Marque la nég. de tout ou partie du prédicat]
A. − [En corrél. avec ne] Synon. point2(vx).
1. [Précédé de ne] Je ne sais si ce déluge d'écrits futiles, dont le public est inondé depuis quelque temps, n'a pas nui plus qu'il n'a servi à une si belle cause (Marat, Pamphlets, Suppl. Offrande à la Patrie, 1789, p.37).Je ne savais pas s'il fallait t'aller chercher chez toi où tu n'étais peut-être pas revenu (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1901, p.380).Quand il parlait avec ses enfants, ce n'était pas de la vie quotidienne, mais de ses travaux, de ses recherches (Maurois, Disraëli, 1927, p.16).
Pop. ou très fam. [Avec suppression de ne] J'étais pas encore rendu à te demander ce que tu fais à soir, reprit-il. J'étais vraiment pas si pressé que ça (Roy, Bonheur occas., 1945, p.12).C'est pas croyable. La luxure progresse à pas de géants (Aymé, Mouche, 1957, p.199).
Ce n'est pas que + subj.V. ce1.
N'est-ce pas? V. être13èmesection I A 1 d.Pop. [P. ell. du syntagme verbal et donc de ne] Pas, s'pas. Son avis est le tien, pas, chéri? C'est le seul! (Verlaine, Élégies, 1893, p.80).Il faut savoir ce qu'on veut, il faut savoir ce qu'on fait, et pourquoi on le fait... pas? (S. Guitry, Mon père avait raison, Paris, 1961 [1919], p.13).
Ne... pas du tout, ne... absolument pas. D'aucune façon. En fait, je ne crois pas du tout qu'il y ait, entre l'ouvrier et l'ingénieur, des cloisons si étanches (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p.155).On ne voit absolument pas notre lumière du dehors (Malraux, Espoir, 1937, p.701).
a) [Place de pas; pas suit directement le verbe fléchi; il est placé entre l'auxil. et le part. aux formes comp. (v. supra); pas est gén. préposé au verbe inf.] Elle se levait dès l'aube, pour ne pas manquer la messe, et travaillait jusqu'au soir sans interruption (Flaub., Coeur simple, 1877, p.5).[Cependant on trouve qqf. la constr. ne + verbe à l'inf. + pas, cour. en fr. class.] Il vaut mieux n'être pas que d'être misérable (Chénier, Élégies, 1794, p.6).Les gens de son bord lui en voulaient de n'être pas pareil à eux (Montherl., Bestiaires, 1926, p.387).[Pas peut précéder un adv. qui modifie tout ou partie du syntagme verbal (Ils n'ont pas complètement terminé).] Je n'ai pas bien distingué, il faisait nuit (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p.1587).[Mais il suit directement l'adv. de phrase (Ils n'ont probablement pas mangé). ] Elle vit sur la cheminée de longues épingles à cheveux qui ne venaient certainement pas du maigre chignon de MmeSidonie (Zola, Curée, 1872, p.504).Oh! Je ne suis pourtant pas sanguin, protesta l'abbé Chevance (Bernanos, Imposture, 1927, p.483).[Certains adv. comme même (v. même III) peuvent se placer sans différence de sens derrière ou devant pas.] Il ne répondit pas même par un murmure (Hugo, Rayons et ombres, 1840, p.1107).Sa fille n'était même pas fiancée (Bernanos, Joie, 1929, p.630).
b) [Portée de la nég.; [pas porte sur l'entier ou seulement sur une partie (un des compl.) du syntagme verbal]
Rem. 1. Il n'aime pas Marie peut nier sans plus il aime Marie ou bien suggérer que ce n'est pas Marie qu'il aime, mais qqn d'autre: dans le 1ercas, la portée de ne pas est l'entier du syntagme verbal; dans le second, elle se limite au compl. De même il ne viendra pas ce soir peut être sans plus la nég. de il viendra ce soir ou bien peut laisser entendre qu'il viendra à quelque autre moment, mais pas ce soir. 2. Dans les séquences du type prop. princ. + inf. ou sub., où le verbe de la princ. est du type croire, paraître, sembler, devoir, vouloir, falloir, la nég. porte toujours sur l'expansion de la princ. La séquence ne... pas peut donc accompagner indifféremment, sans changement notable de sens, le verbe inf. ou sub. ou celui de la princ. Il ne semble pas que ces dames se doutent que je préférerais d'être sur les bords de la mer Égée (Blanche, Modèles, 1928, p.8). M. de Clergerie semble ne les avoir pas entendus (Bernanos, Joie, 1929, p.628). On trouve aussi dans un usage fam. ou relâché des séquences du type pour ne pas + sub. (au subj.), où la nég. précède la sub. Et moi, j'ai tiré mon couteau, mon poignard de tranchée, le couteau des nettoyeurs, j'ai bondi sur le type et je l'ai tué. Je l'ai tué, Sermet, pour ne pas qu'il te tue (P. Gamarra, Le Maître d'école, 1955, p.36). En partic. [Avec ell. de ne] Je le voyais dehors pour pas qu'elle m'attrape (Sartre, Âge de raison, 1945, p.138). [Avec redoublement de pas] Faut qu'on s'apprend comment qui faut faire pour pas qu'on se casse pas la gargoulette avec (Musette, Cagayous aviat., 1909, p.8).
En partic.
α) [Modifie un adv. ou un syntagme adv. qui lui est postposé] Je ne demeurai pas longtemps sous l'empire du démon (Dupanloup, Journal, 1876, p.1):
1. Quoique le sens des périodes allemandes ne s'explique souvent qu'à la fin, la construction ne permet pas toujours de terminer une phrase par l'expression la plus piquante... Staël, Allemagne, t.1, 1810, p.186.
Pas autrement*. Pas encore*. Pas loin*.
[Modifie un syntagme prép. ayant une fonction adv.] Ce n'est pas à tort que... (Staël, Allemagne, t.3, 1810, p.213).
[Modifie un adv. de quantité] Je n'ai pas assez de rentes pour prendre une femme à moi (Flaub., Corresp., 1872, p.449).Il ne m'en faut pas tant pour savoir que cette dame Quériot est caissière dans un grand café (Colette, Sido, 1929, p.8).La société, immanente à chacun de ses membres, a des exigences qui, grandes ou petites, n'en expriment pas moins chacune le tout de sa vitalité (Bergson, Deux sources, 1932, p.3).
Pas mal, loc. adv. V. mal2II.
β) [Inverse la tournure restr. ne... que] Il ne boit pas que de l'eau. Il boit de l'eau, mais aussi autre chose. Voici l'aurore des batailles, la Liberté n'est pas qu'un nom (Privas, Chans. enf. peuple, 1905, p.143).Mais la société n'est pas faite que de personnes. Elle est aussi institution (Camus, Homme rév., 1951, p.124).
γ) [Modifie un syntagme nom. précédé du prédéterm. de pour exprimer la quantité nulle] Synon. aucun.Il n'a pas de chemise sur le corps, pas de souliers aux pieds, pas de toit sur la tête (Hugo, Misér., t.1, 1862, p.685).Je m'étais figuré un homme imposant, dit-il, ayant de la tenue et des manières. Mais ce petit curé n'a pas de dignité (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p.234).
2. Pas un
a) [Dans le groupe suj., précédant ne] Synon. aucun.Pas une grande figure de l'histoire d'Allemagne dont le profil ne se soit dessiné sur leurs vénérables pierres (Hugo, Rhin, 1842, p.280).Pas un bruit n'arrive jusqu'à moi, sinon l'appel un peu mélancolique d'une grive (Green, Journal, 1940, p.5):
2. Personne n'a paru connaître ce que je viens de rapporter et que j'avais trouvé dans Baillet, puisque pas une âme ne s'est plainte, ni ne s'est opposée au renversement de ces pierres. Valéry, Variété II, 1929, p.12.
b) Comme pas un (fam.). Autant ou plus que n'importe qui. Cette femme, je la connais! Elle est courtoise comme pas une (Fr. Billetdoux, Il faut passer par les nuagesds L'Avant-Scène, 15 avr. 1965, no332, p.19, col. 2).
B. − [Sans ne, dans des cont. ell.]
1. [En phrase dite nom.] Pas de zèle, pas d'histoires, pas un mot. Allons, papa Gobseck, se dit-il, pas de faiblesse, sois toi-même (Balzac, Gobseck, 1830, p.439).Tout l'automne à la fin n'est plus qu'une tisane froide. Les feuilles mortes de toutes essences macèrent dans la pluie. Pas de fermentation, de création d'alcool (Ponge, Parti pris, 1942, p.9).Florentine est de mauvaise humeur aujourd'hui; pas moyen de la faire sourire! (Roy, Bonheur occas., 1945, p.11).
Pas de blague. V. blague2.
[En corrél. avec un autre mot nég.] J'étais, depuis un moment sans doute, engourdi et tranquille sous l'influence de l'obscurité envahissante. Pas encore de lampe allumée nulle part (Loti, Rom. enf., 1890, p.4).
Non* pas que, pas que (rare). Théodore se prit à haïr son habit rouge. Pas qu'il eût l'envie d'approuver le général Lallemand d'avoir voulu tourner ses troupes contre le Roi. Mais fallait-il partir pour Melun? (Aragon, La Semaine Sainte, Paris, Gallimard, 1958, p.46).
Syntagme en empl. subst., fam., région. (Canada). Un pas-de-chance. Ouais, j'y vas, mais en même temps je dirai à Angélina ce qu'il est au juste, son Survenant: un ivrogne... un batailleur... un fend-le-vent... un pas-de-parole... (Guèvremont, Survenant, 1945, p.150).
2. [Dans une réponse]
a) [Accompagné d'un adv. ou syntagme adv. de renforcement] −Que vous accrochez-vous au nez? −Rien. −Ni au menton? −Pas davantage (Mussetds Le Temps, 1831, p.92).Geneviève: Vous vous fâchez? Maurice: Moi? Pas le moins du monde (A. Dumas père, Chev. Maison-Rouge, 1847, i, 5, p.16).
[Précédé d'un adv. ou d'une loc. adv.] −Qu'est-ce que c'est? −Un livre. −Pour moi? −Non. −Trop savant?... −Ennuyeux. −Pourquoi l'écrire alors? −Sinon qui l'écrirait? −Encore des confessions? −Presque pas (Gide, Paludes, 1895, p.91).Constant: Onze? Gabrielle: Même pas! (Bernstein, Secret, 1913, i, 1, p.4).
Non* pas.
[Précédé de l'adv. interr. pourquoi] Recommencerai-je un journal? −Pourquoi pas, puisque Guérin le désire? (Barb. d'Aurev., Memor. 2, 1838, p.231).
b) [Portant sur un compl.] Je voudrais cependant bien vous voir. −Pas en ce moment, mon cher, répondit-elle (Balzac, Gobseck, 1830, p.394).
c) Pas que je sache. Pas à ma connaissance. Sténographe? Agnès: Pas que je sache (Giraudoux, Apollon, 1942, 2, p.18).
3.
a) [Dans une corrél. de termes juxtaposés ou coordonnés] Hiérarchie rationnelle que Platon avait toujours eue en vue, quoique pas toujours assez nettement (Cournot, Fond. connaiss., 1851, p.566).Paul Margueritte tout ce mois Conduit un cob pas une carne Sur les trottoirs du Haut Samois Département de Seine-et-Marne (Mallarmé, Vers circonst., 1898, p.85).
b) En partic.
[Modifie un terme coordonné par et] Une guerre qui doit finir avec le monde, et pas avant (Michelet, Introd. Hist. univ., 1831, p.403).Les vers seront égaux et pas assonancés (Jammes, Géorgiques, Chant 1, 1911, p.29).
Et non* pas.
[Modifie un terme coordonné par ou] :
3. Les yeux pour qui fut fait, dans un autre univers, Ce soleil inconnu qui vient ou qui recule, Sont-ils déjà fermés ou pas encore ouverts? Hugo, Chants crépusc., 1835, p.10.
[P. ell. du second terme, identique au premier] Je veux dire, j'ignore si vous aimez l'argent ou pas, et ce n'est pas important (Fr. Sagan, Les Violons parfois, Paris, 1966 [1962], i, p.39).Difficile ou pas, il faut qu'il obéisse (M. Duras, Moderato Cantabile, Paris, 1985 [1958], p.8).
[Modifie un terme coordonné par mais] :
4. Le pied, qui touchait presque le pantalon de Tchen, tourna soudain comme une clef, revint à sa position dans la nuit tranquille. Peut-être le dormeur sentait-il une présence, mais pas assez pour s'éveiller... Malraux, Cond. hum., 1933, p.182.
[Précédé d'une pause et rectifiant une assertion précédente]
[du même locuteur] J'ai mal dormi, pas dormi pour mieux dire (Barbusse, Feu, 1916, p.13).
[de qqn d'autre] Je disais que je voulais chasser le démon de toi −pas te tuer (Chr. Rochefort, Le Repos du guerrier, Paris, Le Livre de poche, 1962 [1958], p.136).
4. [À la faveur d'un changement de suj., représente le prédicat nié] Moi, il me semble que je l'ai déjà vu ici, l'intrus! −Moi, pas... (Sue, Myst. Paris, t.8, 1843, p.286).La famille respectait sa solitude; le démon pas (Gide, Faux-monn., 1925, p.933).
[Précédant le suj., nie que celui-ci, p.oppos. à qqn. d'autre, convienne au prédicat] La Môle: Nous pourrions souper auparavant? Coconnas: Pas moi... (A. Dumas père, Reine Margot, 1847, i, 2, p.7):
5. S'il me plaît d'engager toute ma vie pour elle, trouverais-tu plus beau que je lie mon amour par des promesses? Pas moi. Des voeux me sembleraient une injure à l'amour... Gide, Porte étr., 1907, p.518.
5. [Modifie un adj., un adv., un compl. déterm. et non un syntagme verbal]
a) [Modifie un adj., un syntagme adj.] J'ai quelques sujets pas trop bêtes et j'espère en tirer bon parti (Flaub., Corresp., 1834, p.15).Lettre de Caroline avec un dessin de Maurice mort, pas ressemblant du tout (E. de Guérin, Journal, 1839, p.313).On savait le cousin Jules pas très commode, obscurément riche et d'une âpreté silencieuse (Malègue, Augustin, t.1, 1933, p.193).
Syntagme en empl. subst., fam. Un pas correct; un pas poli. Une bande de pas-drôles (Le Nouvel Observateur, 17 mai 1976, p.32, col. 1).
b) [Modifie un adv. ou un syntagme adv.] Je pensais (...) qu'elle partirait aussi la tante pour le suivre et dans pas bien longtemps (Céline, Voyage, 1932, p.430).
Pas plus que.Sur son préceptorat, d'ailleurs, pas plus que sur son prochain sganarellat [rôle de Sganarelle], Fourguisse n'avait un mot de la Morganges (Richepin, Aimé, 1893, p.113).C'est une erreur d'écrire colbasse pas plus que colback (Ch. Virmaitre, Dict. arg. fin-de-s., 1894, p.69).
c) [Modifie un compl. déterm.] Vos électeurs se trompaient-ils sur vos sentiments quand vous leur accordiez une poignée de main molle, quelques mots condescendants et, je le crains, pas du tout dans le ton «bistro»? (Blanche, Modèles, 1928, p.7).
d) [Modifie la loc. subst. grand-chose] Un, une pas grand-chose (v. grand III A 2 b). C'était une pas grand'chose que cette mère, ajouta la Thénardier (Hugo, Misér., t.1, 1862, p.489):
6. Depuis qu'il avait eu le malheur de tuer une nuit, d'un coup de poing, un pas grand'chose qui lui avait demandé l'heure avec une insistance déplacée, Boubouroche se méfiait de sa force. Courteline, Boubouroche, conte, 1893, p.28.
II. − [Avec valeur explétive ou rhét.]
A. − Vieilli, pop. ou région. (Sud de la France et fr. du Canada). [En tournure compar. d'inégalité, ne modifie pas le signe de l'énoncé] :
7. Je n'ignore pas et je reconnais que le langage d'un malfaiteur [en 1927] est composé de davantage de termes de bas langage, voire même de mots français, qu'il ne l'était pas il y a 25 ans. Dussort, Preuves exist., 1927, dép. par G. Esnault, 1938, p.33.
[P. ell. de ne] Faut entendre tous les insultes qui me dit pas (Musette, Divorce Cagayous, 1906, p.183).
[En tournure superl.] Je veux être la plus grande coquine qu'il n'y ait pas sous la calotte des cieux (Vidocq, Mém., t.3, 1828-29, p.188).
[P. ell. de ne] C'est ben ça la plus chétive nuit que j'asse pas veillée (Sand, Jeanne, Paris, Calmann-Lévy, 1892 [1844], p.16).
B. − Vieilli. [En prop. interr. rhét., orientant vers une réponse positive] Serait-ce pas ce bout d'homme à gigues torses qu'un soir nous avons applaudi de si grand coeur tous les deux, en l'une des baraques sises auprès du Château-More, sous les arbres des quinconces? (Cladel, Ompdrailles, 1879, p.313).Vieilles carnes! Dirait-on pas que j'en veux à leurs charmes? (Sartre, Mouches, 1943, i, 1, p.11).
Prononc. et Orth.: [pɑ], [pa]. Martinet-Walter 1973 [ɑ], [a] (16/7). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. Empl. avec une nég. qu'il renforce a) ca 1100 avec ne (Roland, éd. J. Bédier, 250); b) 1188 avec non, v. ce mot. B. Avec ell. de la nég. 1. dans des phrases interr. 1269-78 (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 5699 et 5768); 1779-80 pas vrai? (Mmede Genlis, Théâtre d'Éducation ds Fér., s.v. vrai); 2. dans des réponses, exclam. notamment 1478-80 pas + n. de nombre (Coquillart, Plaidoyé d'entre la simple et la rusée, éd. M. J. Freeman, 55: «Demourés, ribault, pas ung pet!»); 1559 (Amyot, Pericles, éd. L. Clément, p.11: il n'alla jamais soupper chez pas un de ses amis, si non qu'...); 1830 fam., loc. un pas grand chose (Carmouche, De Courcy, Dupeuty, N, i, ni, 13 ds Quem. DDL t.19); 1656 pas + adv. (Molière, Dépit amoureux, I, 3: Vous êtes donc facile à contenter? Pas tant. Que vous pourriez penser); pas mal, v. mal; 1770 pas + adj. (Did., à S. Volland, 28 nov., III, 239 ds Brunot t.6, p.1856, note 1: je suis là [...] écrivant, pas heureux); l'ell. de la nég. est très fréq. dans la lang. fam. Même mot que pas2*, empl. comme auxil. de nég.; d'abord empl. avec des verbes de mouvement, cf. T.-L.; a éliminé dep.le xvies. son princ. concurrent mie2*; v. aussi goutte et point. Fréq. abs. littér.: 508088. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 587862, b) 685182; xxes.: a) 765982, b) 831462. Bbg. Chigarevskaia (N. A.). Sur certains aspects de la négation en fr. contemp. Fr. mod. 1967, t.35, pp.286-297. _ Cristea (T.). La Struct. de la phrase négative en fr. contemp. Bucarest, 1971, 264 p._ Engver (K.). Place de l'adv. déterminant un inf. dans la prose du fr. contemp. Uppsala, 1972, p.18, 29, 42. _ Gaatone (D.). Ét. du syst. de la négation en fr. contemp. Genève, 1971, 238 p._ Gir. 1834, p.71. _ Greive (A.). Zur Linguistik des gesprochenen Französisch. Arch. n. Spr. 1978, t.215, no1, pp.39-41. _ Kemp (W.). Les Superlatives les plus expressives que tu peux avoir: pas explétif dans la sub. superlative. In: Lefebvre (Cl.). La Synt. comp. du fr. standard et populaire... S. l., 1982, t.2, pp.247-294. _ Martin (R.). R. Ling. rom. 1973, t.37, pp.504-508; La «Négation de virtualité» du moy. fr. Romania. 1972, t.93, pp.20-49; Le Mot rien et ses concurrents en fr. [du xives. à l'époque contemp.]. Paris, 1966, p.20, 22, 30, 143-147, 175-177, 199, 243-245. _ Nøjgaard (M.). Les Aux. négatifs... R. rom. 1980, t.15, p.295. _ Price (G.). The negative particles pas, mie and point in French. Arch. ling. 1962, t.14, pp.14-34; «Point nie bien plus fortement que pas» −Vaugelas que veut-il dire? In: [Mél. Baldinger (K.)]. Tübingen, 1979, t.1, pp.245-254. _ Roggero (J.). Le Quantificateur minimal. Sigma. 1980, no5, pp.115-137. _ Vikner (C.). Les Auxil. négatifs: fonction et position. R. rom. 1978, t.13, pp.88-109. _ Yvon (H.). Pas et point dans les prop. négatives. Fr. mod. 1948, t.16, pp.19-35.

PAS2, subst. masc.

I. − Action de faire passer l'appui de son corps d'une jambe à l'autre en marchant.
A. − Un, des pas
1. Au sing.
a) Avancer d'un pas; faire un pas en arrière. Enfin le forçat leva les yeux au ciel, et fit un pas en avant (Hugo, Misér.,t.1, 1862, p.450).Ils n'attendirent pas pour s'embrasser de faire un pas de côté (Triolet, Prem. accroc,1945, p.185):
1. Alors la vieille se redressa, fit un soupir, prit un pas de recul, regarda son oeuvre, dans la pénombre, en plissant ses paupières flétries et disparut soudain vers un angle de ténèbres. Duhamel, Suzanne,1941, p.7.
(Aller, avancer) pas à pas. (Aller, avancer) en décomposant chaque pas; lentement. Pas à pas, et les mains jointes, elles allaient vers l'autel (Flaub., Coeur simple,1877, p.28).Le juge s'avance pas à pas: −Êtes-vous sûr qu'Arton n'ait pas employé ce million à subventionner des hommes politiques? (Barrès, Leurs fig.,1901, p.60).Au fig. Il exécuta pas à pas, avec une patience tenace, un plan dont il avait longtemps mûri chaque détail (Zola, Fortune Rougon,1871, p.49).Il serait curieux de montrer pas à pas combien les idées nettes se font rares, combien peu on raisonne les choses les plus simples (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1897, p.288).
(Y aller) de ce pas. Sans plus attendre, immédiatement. Si je n'y suis plus, on ne vous fera rien. Je m'en vais de ce pas à Venise (Musset, Lorenzaccio,1834, iii, 7, p.211).Je parie que vous allez, de ce pas, voir des filles (Farrère, Homme qui assass.,1907, p.221).
Tout de ce pas, tout d'un pas. Sans M. de Géry il serait allé tout d'un pas casser la tête au Moëssard (Daudet, Nabab,1877, p.28).Au fig. Je m'invite, n'en doutez pas. Et j'en veux manger, de ce pas, À pleine louche, à pleine écuelle... (Ponchon, Muse cabaret,1920, p.156).
(Arriver) du même pas que qqn. (vieilli). Au même moment que quelqu'un. Si les choses doivent s'arranger, il sied que le médecin ne les trouble point, et qu'il arrive un très petit moment avant la guérison, du même pas que les dieux (Valéry, Eupalinos,1923, p.45).
Ne pas pouvoir faire un pas sans... À Nauplie nous ne pouvions faire un pas sans l'avoir dans nos jambes, et, à présent, le voilà ici (Sartre, Mouches,1943, i, 1, p.13).Au fig. Oh! le pouvoir, le pouvoir, Paturot, c'est la servitude! (...) On a les mains liées sur tout: on ne peut faire un pas sans rencontrer une embûche (Reybaud, J. Paturot,1842, p.381).
De pas en pas (rare). À chaque pas. [Le vagabond] se retournait de pas en pas pour envoyer ainsi quelque suprême recommandation (Richepin, Cadet,1890, p.318).
Faux pas. Pas qui entraîne un déséquilibre, qui fait trébucher. Nous n'avons assez de lumière que pour distinguer à nos pieds les précipices sans fond où le moindre faux pas de nos chevaux nous ferait rouler (Lamart., Voy. Orient,t.2, 1835, p.6).On pose les pieds au petit bonheur: on fait des faux pas, on se retient aux parois, et on a les mains enduites de boue (Barbusse, Feu,1916, p.182).
Y aller de ce pas, tout de ce pas, arriver du même pas. Sans s'arrêter à autre chose; sans délai ni retard.
b) Spécialement
CHORÉGRAPHIE
α) Chacun des mouvements des pieds que l'on accomplit dans une danse. Pas balancé*, battu*, chassé*, coupé*, glissé*, tombé*. Sautillement latéral effectué sur un seul pied après un grand pas fléchi et une vigoureuse tension de la même jambe (Bourgat, Techn. danse,1959, p.115):
2. Le pas initial peut s'effectuer en tournant à droite ou à gauche; on tourne d'un quart de tour par pas au maximum sur la deuxième partie du pas, soit: sur les deux pas lents en reculant. J. Bense, Les Danses en vogue,Paris, éd. Bornemann, t.2, 1967, p.27.
β) Mouvements propres à une partie ou à l'ensemble d'une danse. Pas de bourrée, de samba, de tango, de valse. Le comique Lapalme mimait un pas extravagant autour de la caissière (Maupass., Mt-Oriol,1887, p.85).Il est mignon [le petit garçon], il regarde travailler toutes ces dames [les danseuses], il sait déjà des pas... (Colette, Music-hall,1913, p.14).
Pas de deux, de trois, etc. Danse exécutée par deux, trois (etc.) danseurs. Plondi, Laval et la Camargo dansent un Pas de trois «extrêmement applaudi...» (La Laurencie, Éc. fr. violon,1922, p.186).L'intermède des Mains du destin, [est] un pas de deux dansé sur un thème noble et désolé (Levinson, Visages danse,1933, p.76).
Pas(-)seul. Danse exécutée par une seule personne. Le Comte dansa un pas-seul, jeta une fleur aux pieds de son Maître, puis tomba tout de son long sur le sol. Il était mort (Maurois, Édouard VII,1933, p.337).
CIRQUE. Pas de deux. Ensemble de figures acrobatiques exécutées par deux écuyers sur deux chevaux tournant côte à côte. Écuyères (...) exécutant «le pas de deux» ou faisant danser à leur cheval la capriole (Vialar, Zingari,1959, p.126).
SKI. Ensemble de mouvements particuliers que l'on accomplit pour se déplacer ou changer de direction dans la pratique du ski de fond. La joie simple d'une marche à pas glissés sur une piste tracée, les dangers classiques du ski écartés (M. Ismaël, Le Ski de fond,Paris, P.U.F., 1978, p.5).
Pas alternatif. Ensemble des mouvements des jambes et des bras que le skieur accomplit pour se déplacer en terrain plat. Le pas alternatif est le mode de déplacement le plus utilisé. Il est ainsi nommé parce que le bras et la jambe opposés travaillent ensemble (M. Ismaël, Le Ski de fond,Paris, P.U.F., 1978p.35).
Pas tournant. Changement de direction qu'effectue un skieur par déplacements angulaires partiels et successifs. La réussite d'un pas tournant dépend: de la bonne détente de la jambe d'impulsion et du bon équilibre du transfert du poids du corps (M. Ismaël, Le Ski de fond,Paris, P.U.F., 1978p.48).
Pas des patineurs. Succession de déplacements angulaires qui permettent au skieur d'augmenter sa vitesse dans une descente. La nouvelle technique (demi-pas ou pas des patineurs) est en passe de révolutionner à la fois le ski et sa technique (J. Belin, Le Ski,Paris, éd. l'instant, 1986, p.87).
c) Au fig.
α) Locutions
Faire un pas en avant, en arrière. S'engager, se dérober. Il ne balançait pas à reculer dès que, pour obtenir la victoire, il eût fallu faire un pas en avant (Chateaubr., Mém.,t.3, 1848, p.18).La France, prise pour médiatrice avec la Russie, put intervenir utilement dans la paix dite de Teschen, et couvrir le plus honorablement possible le pas en arrière de l'Autriche (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t.9, 1865, p.381).
Faux pas. Faute, écart de conduite, erreur parfois involontaire. Elle parla de sa solitude, de la nécessité d'être conseillée, dirigée, sur cet effrayant terrain de la Bourse, où chaque faux pas coûte si cher (Zola, Argent,1891, p.288):
3. Pas d'excuses, jamais pour personne, voilà mon principe, au départ. Je nie la bonne intention, l'erreur estimable, le faux pas, la circonstance atténuante. Camus, Chute,1956, p.1541.
Pas de clerc. Démarche, initiative maladroite et déplacée. Moncrif comprit que son maître allait se fourvoyer (...). Il recourut à la mère du prince, Madame la Duchesse, pour l'empêcher de faire ce pas de clerc [demander le commandement de l'armée d'Allemagne] (Sainte-Beuve, op.cit.,t.11, 1867, p.122).Persuadé que les Verdurin allaient faire un pas de clerc en laissant s'introduire dans leur salon si «select» un individu taré, le sculpteur crut devoir prendre à part la patronne (Proust, Sodome,1922, p.904).
β) Démarche, mesure destinée à mettre fin à une brouille, un désaccord ou une situation irrégulière. On laisse entendre clairement dans les milieux financiers que cette mesure constitue un premier pas vers la dévaluation du franc (L'Humanité,19 janv. 1952, p.1, col. 5).Cette concession, ce premier pas me contentent, en attendant mieux (Arnoux, Seigneur,1955, p.106):
4. Hélas! Pour espérer si peu que ce fût, il faudrait admettre que la droite française, cette mule butée, pût accepter tout à coup de faire un pas, et puis un autre, elle qui n'a jamais au fond envisagé d'autre issue que le F.L.N. contraint par la force à demander l'aman... Mauriac, Nouv. Bloc-Notes,1961, p.35.
Faire le premier pas. Il a toujours été trop cochon avec moi. Jamais je ne ferai le premier pas (Zola, op.cit.,p.104).
Il n'y a que le premier pas qui coûte. Dans la voie du «péché», il n'y a que le premier pas qui coûte (Gide,Journal, 1909, p.277).
γ) Évolution vers une nouvelle formule, un certain résultat; progrès. En monarchie, l'insurrection est un pas en avant, en république, c'est un pas en arrière (Hugo, Actes et par., 3, 1876, p.10).Les sonnets du doute marquent un pas de plus vers la poésie philosophique (Lemaitre, Contemp.,1885, p.46):
5. [Le problème de la quatrième dimension] a remplacé le problème (...) du mouvement perpétuel qui semble un peu délaissé. Depuis quelques années, il a fait un grand pas, mais se trouve encore loin du but. Maeterl., Vie espace,1928, p.11.
Faire un pas de géant. On veut faire de moi un aide de camp au capitaine général de la flotte. Service réglementaire à tous les bals, et préposé à la réputation galante des forces armées. Que dirais-tu de cela, Fabrizio? Un pas de géant dans la carrière (Gracq, Syrtes,1951, p.41).
Ne pas être avancé d'un pas. Leuwen, au bout de ces deux mois, n'était pas plus avancé d'un pas que le premier jour (Stendhal,L. Leuwen,t.2, 1836, p.93).
Ne pas faire un pas. Un mois se passa ainsi sans que la négociation fît un pas (Stendhal,, Rouge et Noir,1830, p.439).Il est vrai que, depuis le premier jour, je n'avais pas fait un pas de plus dans son intimité (Sand, Mauprat,1837, p.188).
Ne pas reculer d'un pas. Ils se font tuer par vingtaines de mille, et meurent en tas, sous les lances, sans reculer d'un pas (Taine,Philos. art,t.2, 1865, p.3).
Ne pas quitter qqn d'un pas. J'ai, écrivait-il, des preuves de jour en jour plus certaines que l'oeil vigilant de la malveillance ne me quitte pas d'un pas, et m'attend principalement sur la frontière (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p.252).
2. Au plur.
a) Faire des pas. De nouveau, après le petit déjeuner, en faisant des pas dans la bande d'ombre, au Pianello (Larbaud, Barnabooth,1913, p.242).
Dès les premiers pas. Et les arrivants pénétrèrent dans une seconde pièce, où une surprise les arrêta dès les premiers pas (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p.11).
Entendre des pas. La conversation était fort animée et fort gaie, on parlait de tout et très-bien, vous auriez dit une partie de plaisir; quand soudain, dans l'escalier, nous entendîmes des pas sourds. Un grand bruit à la porte, et les deux battants du salon qui s'ouvrirent (Janin, Âne mort,1829, p.56).
Compter ses pas. Marcher en décomposant chaque pas. Il s'était arrêté de compter ses pas dans l'herbe (Duhamel, Suzanne,1941, p.240).En partic. (Marcher) à pas comptés. À neuf heures précises, le grand maître du palais et la grande maîtresse, les aides de camp, les officiers d'ordonnance et les dames d'honneur entrent à pas comptés (About, Grèce,1854, p.371).Elle parcourt à pas comptés tout le salon comme pour le mesurer (Claudel, Jet de pierre,1949, p.1296).
Compter* tous les pas de qqn.
Faire les cent pas. Marcher de long en large, attendre. Le jour même, ce midi-là, pendant qu'on bouffait, il faisait les cent pas devant notre grille. On voulait pas le laisser rentrer (Céline, Mort à crédit,1936, p.558).Je ferai juste les cent pas devant ta brasserie, dit Zazie conciliante (Queneau, Zazie,1959, p.162).
Salle des pas(-)perdus
Hall où les voyageurs attendent le départ des trains. La plupart [des baigneurs] s'enferment dans le grand hall du casino, qui ressemble à la salle des pas-perdus de quelque gare modern-style (Colette, Cl. s'en va,1903, p.123).
Vieilli. Antichambre d'un local administratif, d'un tribunal. Ainsi parla M. Jean Lermite, en parcourant (...) la salle des Pas-Perdus. Maître Joseph Aubarrée, qui connaissait le Palais, lui répondit en se grattant le bout du nez:... (A. France, Crainquebille,1904, p.36).
b) Au fig.
Faire des pas de géants, marcher à pas de géants; à grand pas. Se développer rapidement. Quand je quittai la France, au commencement de 1791, la révolution marchoit à grands pas (Chateaubr., Voy. Amér. et Ital.,t.1, 1827, p.6).«Je suis folle», se dit-elle. À cet instant commença son malheur: il fit des pas de géant; en peu d'instants elle en fut à avoir des remords (Stendhal, Nouv. inéd.,1842, p.146).Le banquier répétait: «C'est un miracle, un vrai miracle! Sa guérison marche à pas de géant» (Maupass., Mt-Oriol,1887, p.126).
(Aller, avancer) à pas de tortue. (Aller, avancer) avec une lenteur et une difficulté extrême. Si Port-Royal était fini, je me considérerais, après tout, comme dans une demi-liberté; mais la disposition où je suis est peu propre à me le faire hâter. Je vais à pas de tortue (Sainte-Beuve, Corresp.,t.4, 1841, p.100).
Politique des petits pas. Politique qui procède par étapes intermédiaires, peu spectaculaires mais efficaces. Les violentes critiques qu'il [Jimmy Carter] a adressées à la politique des «petits pas» de Kissinger (Le Point,7 mai 1976, p.33, col. 2).Il demeure vrai que la politique des petits pas est l'une des constantes de la stratégie du PC. Fort d'une masse considérable et très stable d'électeurs, il veut conquérir maintenant des voix, dans toute l'Italie, auprès de chacune des catégories qui ne lui sont pas d'emblée acquises (Le Point,14 juin 1976, p.70, col. 3).
B. − P. méton.
1. Manière de marcher, de se déplacer.
a) Au sing.
Le pas. Démarche, allure reconnaissable par le bruit, les traces. Je devine les yeux fermés: «C'est le gros pas de Morin qui revient d'arroser les tomates...» (Colette, Mais. Cl.,1922, p.73).
[En parlant d'un cheval] Le pas d'un cheval se fit entendre, et Rocambole, levant la tête, aperçut un cavalier qui suivait à l'amble tranquille de sa monture le petit chemin qui longeait le parc (Ponson du Terr., Rocambole, t.3, 1859, p.495).
D'un pas + adj.D'un pas léger, pesant, régulier, rapide. Ils se mirent en marche d'un pas lourd de fatigue (Zola, Germinal,1885, p.1179).Antoine, exaspéré, s'apprêtait à pénétrer plus avant dans la maison, lorsqu'un pas léger glissa dans le couloir (Martin du G., Thib.,Pénitenc., 1922, p.682).Elle gagna la porte, d'un pas discret, presque humble (Bernanos, Soleil Satan,1926, p.103).Enfin son pas de feutre et les graillonnements de sa gorge annoncèrent le retour de l'Auvergnate (Arnoux, Roi,1956, p.221).
Marcher d'un bon pas. Je marche encore d'un bon pas, mais me fatigue vite (Gide, Journal,1944, p.259).
D'un pas de..., d'un, de son pas + adj.D'un pas de cérémonie; d'un pas nonchalant. Et Pierre s'en retourna, de son pas lent, la canne sous le bras (Maupass., Pierre et Jean,1888, p.314).Delescluze avait pris sa canne, et il était venu, d'un pas de promenade, tranquillement, jusqu'à la barricade qui fermait le boulevard Voltaire, pour y tomber foudroyé, en héros (Zola, Débâcle,1892, p.626):
6. Luigi détacha son manteau et le déposa à terre, jeta sur son épaule sa carabine, et, dégagé ainsi du lourd vêtement, marcha devant le voyageur de ce pas rapide du montagnard, que le pas d'un cheval a peine à suivre. Dumas père, Monte-Cristo,t.1, 1846, p.454.
Pas d'ambassadeur*.
b) Au plur.
À pas + adj.À pas étouffés, silencieux; à grands pas; à pas légers, lents, mesurés, rapides. Il marchait à pas courts et précipités, remuant fréquemment la tête (Lacretelle, Silbermann,1922, p.33).M. Feuillet s'amène à pas feutrés (Gyp, Souv. pte fille,1928, p.227).Viens, nous allons partir et nous marcherons à pas lourds, courbés sous notre précieux fardeau (Sartre, Mouches,1943, iii, 3, p.104).
À pas de. Elle ne répondit que par un signe au bonjour de son mari, lequel, à pas de velours, alla s'asseoir contre la croisée (Châteaubriant, Lourdines,1911, p.56).
À pas de loup. Sans faire le moindre bruit. [Mes parents] étaient tous deux derrière la porte, venus à pas de loup pour épier ma joie (Loti, Prime jeun.,1919, p.8).Var. À pas de renard, de chat, etc. Elle s'habilla tôt et sortit dans le couloir. Elle y avançait à pas de chat, sans faire le moindre bruit (Duhamel, Suzanne,1941, p.211).
2. Vitesse de déplacement dans la marche. Je le reconnus [un homme] au pas qu'il prit: ce pas de promenade qui, partant du hêtre, m'avait tiré à travers le Jocond et l'Archat (Giono, Roi sans divertiss.,1947, p.79):
7. La tristesse, l'inquiétude, l'anxiété, l'accablement, ce nouveau malheur d'être obligé de s'enfuir la nuit et de chercher un asile au hasard dans Paris pour Cosette et pour lui, la nécessité de régler son pas sur le pas d'un enfant, tout cela, à son insu même, avait changé la démarche de Jean Valjean et imprimé à son habitude de corps une telle sénilité que la police elle-même, incarnée dans Javert, pouvait s'y tromper, et s'y trompa. Hugo, Misér.,t.1, 1862, p.567.
Pas montagnard. Manière de marcher de l'alpiniste. L'ascension de l'Eggerhorn se fait sans fatigue (...) grâce au pas montagnard de Guillaume Schmid. (Annuaire du club alpin fr. Année 1894, 1895, p.137 ds Quem. DDL t.27).
Au fig.
Emboîter* le pas.
Marcher du même pas. Chaque élève est obligé de marcher du même pas que ses contemporains dans chacune des disciplines enseignées (Hist. instit. et doctr. pédag., 1949, p.267).
a) [Dans div. loc.]
α) Au pas + adj.Il s'agit d'aller au pas accéléré si nous voulons être à table en même temps que les autres (Balzac, Adieu,1830, p.3).Au petit pas. Lentement. Le maréchal et l'escorte s'étaient mis à suivre [le chemin] au petit pas, pataugeant dans la boue (Stendhal, Chartreuse,1839, p.44)
Au pas de + subst.Au pas de course, de gymnastique. Ils étaient escortés d'une quarantaine d'enfants qui les suivaient au pas de marche, en criant et en battant des mains (Sand, Consuelo,t.3, 1842-43, p.21).
β) Verbe + pas
Allonger le pas. Presser, accélérer la marche. Et Peter Van der Keer d'allonger le pas tellement il était pressé d'aller vider son sac à surprises (Cendrars, Bourlinguer,1948, p.250).
Doubler* le pas.
Emboîter* le pas (au sens propre).
Hâter, précipiter, ralentir le pas. M. Venot, ralentissant ou pressant le pas, allait d'un groupe à un autre, avec un sourire, comme pour tout entendre (Zola, Nana,1880, p.1250).
Marquer* le pas.
Aller au pas de course, prendre le pas de course. Courir. Et tous les trois prirent le pas de course, la tête perdue (Zola, Débâcle,1892, p.583).
(Marcher) au pas (de) gymnastique*.
γ) En partic., dans l'armée.Allure particulière à laquelle s'effectue une marche. On voit dans Végèce (I, 9), qu'on apprenait aux soldats romains à faire 20 milles en cinq heures, au pas militaire, et 24 au pas accéléré (Mérimée, Essai guerre soc.,1841, p.187).De temps immémorial [sous le Second Empire], on distinguait dans la marche du soldat, le pas ordinaire, le pas oblique et le pas accéléré (Titeux, St-Cyr,1898, p.402).
Pas de/du chasseur. Comme la consigne était que nous ne devions circuler qu'au pas, Benoit eut l'idée de nous faire marcher au «pas du chasseur» (Ambrière, Gdes vac.,1946, p.111).
Pas de charge. Mode d'attaque particulier consistant à se jeter rapidement sur l'ennemi pour le combattre à l'arme blanche; allure particulière à laquelle s'effectue cette attaque. Surtout, employons les baïonnettes républicaines, le pas de charge (Carnot, Corresp.,29 nov. 1793, iv, p.213 ds Quem. DDL t.11).
P. anal. (Arriver, partir) au pas de charge. (Arriver, partir) de façon rapide et déterminée. Et, partant au pas de charge (...) il marcha droit vers le digne et lent capitaine dont on amenait à ce moment le cheval (Proust, Guermantes 1,1920, p.74).
P. ext. Au pas de charge. Très rapidement. On servit le dîner au pas de charge (Giono, Bonheur fou,1957, p.452).
Pas de l'oie. Façon de marcher particulière adoptée par l'armée allemande et dans laquelle on projette la jambe tendue vers l'avant. Vous ne savez pas quel soldat est le soldat allemand, vous qui ne l'avez pas vu comme moi défiler au pas de parade, au pas de l'oie (Proust, Temps retr.,1922, p.808).
Pas de parade. Allure adoptée lors d'une parade. Au lieu de pratiquer le pas de parade dans un régiment du Kaiser, Hanz Becker avait préféré se priver de cette distraction en venant gagner sa vie à Londres (Hamp, Champagne,1909, p.233).
Pas de route. Allure adoptée sur la route. Il remonta le sac, mit l'arme à la bretelle, assura ses cartouchières et, au pas de route (...), marcha vers l'Est en grognant (Arnoux, Paris,1939, p.154).
b) Rythme de la marche:
8. Le vendredi, en caravane, chargés de leurs outres [de vin], ils partaient pour la montagne, précédés d'un sonneur de galoubet qui les accompagnait quelques lieues pour leur donner le pas. Giono, Eau vive,1943, p.49.
Pas cadencé. V. cadencé B.
Marcher au pas. Ils se mirent en route d'un rythme égal, puis la chose les amusant ils marchèrent au pas (Queneau,Loin Rueil,1944, p.37).
MUS. Air destiné à régler le rythme d'une marche, d'une danse. Chacun se levait. Dans les couloirs s'organisaient des rondes et des farandoles. Une musique, quelque part jouait un pas de menuet (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p.93).Une basse-danse se présente généralement accompagnée du pas de Brabant, danse vive et sautillée (Gastoué,Primit. mus. fr.,1922, p.71).
Pas(-)redoublé. Air dont le rythme est très rapide. Écoutez ces rythmes de pas redoublé par lesquels Donizetti se plaît à exprimer les sentiments les plus tragiques (P. Lalo, Mus.,1899, p.212).
c) Vitesse de déplacement réglée dans la marche.
α) [En parlant d'un véhicule] (Rouler) au pas. Avancer très lentement. Puis la fraîcheur du Bois enveloppa la calèche ralentie. Les voitures (...) allaient à la file, au pas (A. France, Jocaste,1879, p.80).
β) ÉQUIT. Allure la plus lente des allures naturelles du cheval dans la marche. La voiture ne manquait jamais de l'endormir, et son cheval, devinant l'assoupissement habituel du maître, ralentit et finit par prendre le pas (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p.21):
9. Le pas complet se décompose en quatre temps, les membres se posant successivement au rythme d'un bipède diagonal à l'appui, l'autre étant au soutien. Il est à noter qu'à l'allure marchée qu'est le pas, le cheval ne quitte jamais complètement le sol... R. Maire, J. Ribon, Initiation à l'équit.,Paris, 1972, p.81.
Pas espagnol. Allure lente dans laquelle le cheval étend ses membres antérieurs jusqu'à l'horizontale. [Un cheval] suivait ses amis (...). Quelquefois, de ce temps, il les amusait d'un petit roucoulis de colombe, d'un petit pas espagnol, d'un mouvement de tête calculé pour faire mousser cette crinière soyeuse qu'il avait toujours peignée recta et propre comme un sou (Giono, Roi sans divertiss.,1947, p.88).
Pas de côté. Nous appellerons pas de côté tous les modes de déplacement latéral: l'épaule en dedans, l'appuyer, la hanche en dedans (Decarpentry, Équitation Académique,1949ds Petiot 1982).
Mettre, remettre au pas. Faire (re)prendre l'allure de la marche. Il fallait une main d'homme désormais pour conduire ce cheval rétif. Qu'on le lui confiât seulement, il se chargeait bien de le mettre au pas (A. Daudet, Jack,t.2, 1876, p.86).
γ) Au fig.
Mettre, remettre au pas. Obliger à obéir, à suivre l'ordre donné. Se mettre au pas. Se soumettre à une discipline, à un ordre. Il n'a plus son air qu'il avait, ton apprenti (...). Il commence à se mettre au pas, tonnerre de Dieu! (A. Daudet, Jack,t.1, 1876, p.362).Nos concitoyens s'étaient mis au pas, ils s'étaient adaptés, comme on dit, parce qu'il n'y avait pas moyen de faire autrement (Camus, Peste,1947, p.1364).
Prendre, reprendre le pas. Se soumettre. S'ils débarquent à pied de Charleville (car le rimbaldisme les travaille encore) ils ont vite fait de prendre le pas (Cocteau, Diff. d'être,1947, p.188).
Vx. Marcher le pas. Obéir. Mais la Sévère (...) se mit à faire la dame et à dire qu'elle avait peur, qu'il fallait marcher le pas (Sand, Fr. le Champi,1848, p.69).
Au pas! Sans histoires, sans protester! Tout le monde en uniforme, et au pas! (Green, Journal,1940, p.32).
3. Vx, littér., au plur. Les pas de qqn. Accompagner, conduire les pas de qqn. Ils ne s'expliquaient pas l'attention extrême que je prenais pour guider ses pas (Gide, Symph. pastor.,1919, p.881).Sous les pas du Seigneur les benoîtes étendent Au pavé de l'église une pièce de lin (Jammes, Prem. livre quatrains,1923, p.45):
10. ... l'obstacle sur son chemin prenait à ses yeux, à ce moment, la forme d'une jeune fille du peuple, accourue non pour lui barrer la route, mais pour s'attacher à ses pas, timidement, tenace et sans fierté. Roy, Bonheur occas.,1945, p.258.
En partic. [Joue une fonction proche de celle d'un pron. réfl.] Le coeur ému par ces conversations pieuses, je portois souvent mes pas vers un monastère voisin de mon nouveau séjour (Chateaubr., René,Genève, Droz, 1970 [1805], p.35).C'est dans cet espoir qu'il dirigeait ses pas vers Dijon (Jouy, Hermite,t.4, 1813, p.61).
4. P. méton. Empreinte, trace laissée par un pied. Dans le monde hors de la maison, la neige efface les pas, brouille les chemins, étouffe les bruits, masque les couleurs (Bachelard, Poét. espace,1957, p.53).
Cela ne se trouve pas dans le pas d'un cheval (proverbe). Cela est difficile à obtenir. Giboyer: (...) et cela ne se trouve pas (...) dans le pas d'un cheval. Maréchal: À qui le dites-vous! (Augier, Fils Giboyer,1862, p.161).
Arriver, être, marcher, se précipiter sur les pas de qqn. Suivre quelqu'un de près. Je n'en descendis pas moins les escaliers sur les pas de cet homme (Gobineau, Pléiades,1874, p.72).Il se précipita sur les pas de son frère (Vogüé, Morts,1899, p.397).
Marcher dans les pas de qqn. Suivre le même chemin que quelqu'un. Barois s'apprête à les suivre; mais la femme de chambre marche résolument dans les pas de sa maîtresse et frôle Barois, sans s'effacer (Martin du G., J. Barois,1913, p.474).
Avoir qqn sur ses pas. Être suivi par quelqu'un. Je vous dis que je suis las de vous avoir toujours sur mes pas, comme mon ombre (Dumas père, Darlington,1832, iii, 9, p.118).
Mettre ses pas dans les pas de qqn. Suivre le même chemin que quelqu'un. Ainsi parle Jeanne, et nous cependant nous mettons nos pas dans ses pas et nous refaisons ses promenades (Barrès, Mystère,1923, p.189).
Au fig. Nous ne suivons pas cet homme [De Gaulle] parce qu'il est un grand homme, mais parce qu'entre deux périls mortels pour la liberté, il avance sur une étroite crête. Nous mettons nos pas dans ses pas (Mauriac, Nouv. Bloc-Notes,1961, p.352).
Retourner, revenir sur ses pas. Diriger sa marche dans un sens opposé au sens précédent, en utilisant le même trajet qu'à l'aller; rebrousser chemin. S'il ne me voit pas devant sa voiture, il reviendra sur ses pas (Dumas père, Halifax,1842, ii, 11, p.70).Retournant sur ses pas, il revint prendre la rue principale qui le conduisait vers le port (Maupass., Pierre et Jean,1888, p.310).
5. Vieilli. Unité de mesure correspondant à l'espace qui définit approximativement une enjambée. La salle de la piscine a cent vingt pas de long; celle où l'on se déshabillait a quatre-vingts pieds de haut (Taine, Voy. Ital.,t.1, 1866, p.165):
11. ... un vaste bâtiment dont la façade s'étendait sur une longueur de dix toises de France, ou deux cent cinquante pas environ. A. France, Vie littér.,1892, p.334.
À x pas. Cet étrange alpiniste, la carabine au poing, proposant au vieux garde royal de lui casser sa pipe entre les dents, à cinquante pas (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p.123).
En partic., fam. et mod. À deux pas, à qq. pas. Très proche, tout près. «... C'est rue Rancienne!... C'est à deux pas!...» Je ne suis pas forcé d'y aller (Céline, Mort à crédit,1936, p.14).À qq. pas de... Tout près de. De tous les côtés on voit des ébauches de constructions abandonnées par pur caprice, et recommencées à quelques pas de là (Gautier, Tra los montes,1843, p.6).
Au fig. Il n'y a qu'un pas. C'est tout près, c'est très proche. Or, vous savez, madame, que, de la haine à l'amour, il n'y a qu'un pas (Dumas père, Cachemire vert,1850, 7, p.284).
II. − Passage.
A. −
1. Lieu par lequel on peut passer pour aller d'un endroit à un autre:
12. Un brick de guerre anglais qui était appareillé ce matin, après avoir couru longtemps d'inutiles bordées, prit enfin le parti de se faire remorquer par le bâtiment à vapeur de Cadix, et par ce moyen il franchit assez promptement le pas difficile [le détroit de Gibraltar] qui nous séparait de l'Océan. Dumont d'Urville, Voy. autour du monde,t.1, 1832-34, p.19.
Pas de + nom propre(pour désigner un passage déterminé). Le cheval marchait gaiement. Angélo arriva au pas de Redortiers vers les neuf heures (Giono, Hussard,1951, p.39).
Pas d'armes. Jeu guerrier du Moyen Âge qui consistait à défendre un lieu de passage ou une surface de terrain. Il faut ranger dans cette espèce les jeux gymnastiques, les courses de char, la naumachie chez les anciens, les joûtes, les castilles, les pas d'armes, les tournois dans le moyen âge, la paume, l'escrime, les courses de chevaux, et les jeux d'adresse chez les modernes (Chateaubr., Voy. Amér. et Ital.,t.1, 1827, p.182).
Pas de tir. Lieu à partir duquel on procède à des tirs et plus particulièrement au lancement de missiles ou de vaisseaux spatiaux. L'armée américaine a déjà annoncé la construction, qui doit être achevée vers 1985, d'un pas de tir pour ses propres navettes sur sa base de Vandenberg qui permet les lancements sur orbite polaire (Le Point,18 avr. 1981, p.95, col. 2).
[Dans un métier à tisser] Passage par lequel passent les fils. Au métier mécanique [le tissu lisse] peut être produit avec deux lames; mais à cause du grand nombre de fils supportés par chaque lame, on le monte toujours sur quatre lames ou quatre pas (Araud, Ch. Thomas, Fabric. drap,1921, p.76).
2. En partic. Pas de la porte. Partie du sol, souvent recouverte d'une dalle, qui entoure ou marque l'entrée d'une maison. Il vit la baronne monter les degrés du perron et franchir le pas de sa porte (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p.50).On prend le frais sur le pas des portes (Laforgue, Poés.,1887, p.100).
P. anal. Moment qui précède immédiatement un événement donné.
Sur le pas de + subst. Juste avant. Ils arrivèrent à Montjay sur le pas de la nuit. Quelques grosses gouttes de pluie commençaient à claquer (Giono, Hussard,1951, p.265).
Au pas de + subst. César n'avait nulle envie d'en venir ce jour-là au grand pas de l'enlèvement (Stendhal, Lamiel,1842, p.152).Je vous supplie humblement que vous alliez en l'église prochaine et que vous m'apportiez la croix, pour la tenir élevée tout droit devant mes yeux jusques au pas de la mort (Brasillach, Corneille,1938, p.276).
B. −
1. Droit de précéder quelqu'un, droit d'agir le premier (en vertu d'une hiérarchie protocolaire). Morbleu! criait d'une voix de tonnerre le général de Rouvray (...). Que nous font ces deux assemblées, qui se disputent le pas (Hugo, Bug-Jargal,1826, p.74).
Avoir le pas sur. Pour les pairs de France, avoir le pas sur les princes étrangers, précéder les grands d'Espagne, primer les patrices de Venise (...) c'était la grosse affaire (Hugo, Homme qui rit,t.3, 1869, p.126).Nous avions le pas sur tous les princes étrangers; je pourrais vous en donner cent exemples (Proust, Sodome,1922, p.951):
13. Quand je m'abandonnerai, comme on dit, à la grâce de Dieu, je commencerai par m'abandonner à la grâce de votre Hautesse, en bon mougik. Vous avez le pas sur Dieu, car je vous confesse, à mon grand détriment, que je vous aime beaucoup plus que lui. Balzac, Lettres Étr.,t.1, 1840, p.545.
Céder le pas à qqn. Laisser quelqu'un passer devant soi. J'y vais. À quelques pas, pourtant, je m'arrête, −je m'efface pour céder le pas à des vieilles gens (Farrère, Homme qui assass.,1907, p.338).Au fig. [En parlant d'une pers.] Céder le pas à qqn. Passer au second plan, se reconnaître ou être inférieur. Il serait tout de même singulier que dans un domaine plus près de la vie que l'autre, celui qui est maître dans ce domaine, c'est-à-dire le metteur en scène, doive en toute occasion céder le pas à l'auteur qui par essence travaille dans l'abstrait, c'est-à-dire sur le papier (Artaud, Théâtre et son double,1938, p.144).Au fig. [En parlant de choses] Céder le pas à qqn. Diminuer d'importance. Entre États qui cessent d'être véritablement étrangers, l'action politique cède le pas à l'administration (Chazelle, Diplom.,1962, p.93).
Donner à qqn le pas sur. Donner à quelqu'un la préséance sur; au fig., accorder à quelqu'un ou à quelque chose plus d'importance qu'à. As-tu songé (...) que le titre de pair qu'on y joindrait te donnerait le pas sur tous les pairs de France excepté les primes du sang royal (Dumas père, Henri III,1829, i, 3, p.128).Une fois de plus il donnait le pas à l'ami sur la soeur, et à quelle occasion! (Bourget, Cosmopolis,1893, p.286).Donner au sentiment le pas sur la raison (Mauriac, Trois gds hommes dev. Dieu,1947, p.79).
Laisser le pas (à qqn). Céder, concéder le passage à quelqu'un; laisser passer quelqu'un devant soi. Haris avait ralenti son cheval pour laisser le pas au voyageur, plus âgé que lui (Sand, Beaux MM. Bois-Doré,t.2, 1857, p.261).
Prendre le pas sur. S'arroger le droit de précéder quelqu'un; au fig., dominer, avoir plus d'importance que... Vous ne connaissez pas les livres, et le moindre petit avocat peut prendre le pas sur vous (Stendhal, Nouv. inéd.,1842, p.351).Dans ce préambule l'orgue prend le pas sur le reste de l'orchestre (Pirro, J.-S. Bach,1919, p.142).
2. Situation difficile qui risque d'empêcher la réalisation de quelque chose. Pas difficile. J'ai déjà eu l'occasion de remarquer que j'ai un peu plus de ressort aux mauvais pas qu'aux bons (Renard, Corresp.,1886, p.65).Une société résolue (...) à se moquer de lui [Napoléon] s'il manque le pas (Arnoux, Roi,1956, p.169):
14. L'idée de s'abaisser lâchement (...) lui était insupportable. Il lui semblait que, dans ce pas glissant où il était engagé malgré lui, tout le monde le poussait au précipice, et qu'on ne voulait que sa chute. Il se roidissait. Sainte-Beuve, Port-Royal,t.4, 1859, p.63.
Franchir* le pas.
Sauter le pas. Surmonter une situation délicate; prendre une décision difficile. Synon. faire le saut*, aller jusqu'au bout*.Je crois que je vais sauter le pas et accepter une place de bibliothécaire qui probablement va être vacante (Sainte-Beuve, Corresp.,t.3, 1840, p.321).Ce n'est pas tout (...) Blas hésita, puis sauta le pas: Nous avons besoin de quelqu'un auprès des Français; il faudrait que tu rejoignes Luis (Morand, Flagell. Séville,1951, p.250).
Mourir. Savez-vous, fis-je, que Sanchez le pilote a sauté le pas. Ma science n'a pu le sauver (Arnoux, Juif Errant,1931, p.198).
Sauver, sortir, tirer qqn d'un mauvais pas, d'un pas difficile. Aider quelqu'un à surmonter une situation fâcheuse. Irons-nous à l'extrême du péril? Qui nous tirera de ce pas? Qui nous va ranimer ces régiments qu'on voit comme empoisonnés d'une brusque décomposition de leur volonté de combattre et de vaincre? (Valéry, Variété IV,1938, p.82):
15. ... le chevalier [dans Dalila d'Octave Feuillet] fait tout au monde pour sauver le cher innocent de ce pas dangereux du mariage, de ce marais dormant où sa nef va s'embourber et s'envaser à sa première sortie. Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t.5, 1863, p.22.
Sortir, se tirer d'un mauvais pas, d'un pas dangereux. Surmonter une situation fâcheuse. Voilà une belle occasion pour l'Angleterre de se tirer du mauvais pas où elle s'est mise (Chateaubr., Congrès Vérone,t.2, 1838, p.83).Ayez à votre service ou dans votre famille une jolie femme complaisante, vous sortirez des plus mauvais pas blanc comme neige (Taine, Voy. Ital.,t.1, 1866, p.320).En somme, il se tira fort adroitement des pas les plus difficiles et sut rester étranger à la querelle des deux rois qui prétendaient l'un et l'autre l'y engager (A. France, J. d'Arc,t.1, 1908, p.443).
C. − Spécialement
1. TECHNOL. Distance entre deux éléments.
Pas de rivets. ,,Dans les ouvrages assemblés par rivetage, le pas est l'intervalle entre deux rivets consécutifs dans une même file`` (Forest. Métall. 1977).
Pas d'engrenage:
16. Si l'on coupe un engrenage par un cylindre concentrique au rayon primitif, ce cylindre rencontre les profils analogues de deux dents consécutives en deux points (...): on appelle pas la longueur de l'arc (...) qui comprend les épaisseurs d'une dent et d'un creux, mesurées sur la circonférence primitive. Gorgeu, Machines-outils,1928, p.24.
Pas (de vis). Distance qui sépare deux filets consécutifs d'une vis. Les filetages aux pas anglais et américains sont taxés sur le nombre de filets contenus dans la longueur d'un pouce anglais (Champly, Nouv. encyclop. prat.,t.12, 1927, p.29).Seringue du Dr Mahu, pour cérumen, 120 c.c., avec deux embouts à pas de vis (Catal. instrum. chir. (Collin), 1935, p.139).
Pas (d'une hélice). La quantité dont [la génératrice de l'hélice] se déplace sur l'axe dans un tour se nomme le pas (Marchis, Nav. aér.,1904, p.609).
2. ARTILL. Distance entre deux rainures consécutives creusées à l'intérieur de l'âme d'un canon ou d'une bouche à feu. [On] a (...) employé, dans le canon de 75, la rayure à pas constant qui, au point de vue de la fabrication, est d'une exécution plus facile (Alvin, Artill.,Matér., 1908, p.42).
3. HORLOG. Pas de fusée. ,,Chacun des tours de la rainure en spirale de la fusée d'une montre`` (Lar. encyclop.).
Rem. V. aussi les articles pas-d'âne, pas-de-géant, et pas-de-porte.
Prononc. et Orth: [pɑ], [pa]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. 1. «Mouvement que fait un être pour avancer» a) en fonction de la vitesse fin xes. loc. conj. en pas que «aussitôt que» (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 397), attest. en a. fr., cf. T.-L.; ca 1100 empl. adv. sun petit pas «lentement» littér. «[par] son petit pas» (Roland, éd. J. Bédier, 2227); fin xiies. del pas «aussitôt, sans tarder» (Raoul de Cambrai, éd. P. Meyer et A. Longnon, 1367); 1548 de ce pas (Du Fail, Baliverneries, éd. J. Assézat, t.1, p.196); b) en gén. ca 1180 pas pur pas «un pas après l'autre» (Marie de France, Fables, éd. K. Warnke, 68, 27); mil. xves. pas à pas (Charles d'Orléans, Rondeaux, éd. P. Champion, CXX, 9, 359); ca 1200 conter ses pas «avancer d'une manière hésitante» (Escoufle, 3367 ds T.-L.); 1507-08 (Eloy D'Amerval, Livre de la Deablerie, éd. Ch.-Fr. Ward, 214b: Je suis trop clerc en ce pas-la); 1585 pas de clerc «fausse démarche» (Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, t.2, p.173); 1530 faulx pas «pas dans lequel on glisse» (Jean de L'Espine, Prénostication de Maistre Albert de Songecreux, éd. P. Lacroix, 53, V); 1606 fig. (Nicot: On dit aussi par metaphore faire un faulx pas, pour faire une faute); 1540 marcher le premier pas «avancer d'un pas» (Nicolas Herberay des Essars, Amadis de Gaule, éd. H. Vaganay, 1erlivre, 5); 1630 faire le pas devant «précéder» (Malherbe, Trad. du Traité des bienfaits de Sénèque ds OEuvres, éd. L. Lalanne, t.2, p.91); 1651 céder le pas «donner la préséance» (Th. Corn., Amour à la mode, IV, 5 ds Livet Molière); 2. 1160-74 «trace, empreinte» (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 10539); 3. 1380 «longueur approximative d'un pas» (20 juin, Escript Fastret de Tiels, chir., St-Brice, A. Tournai ds Gdf. Compl.). B. Ca 1100 «façon de se déplacer» (Roland, 2857); 1. ca 1196 «allure du cheval la plus lente» (Jean Bodel, Saxons, éd. F. Menzel et E. Stengel, XVII, 388, p.44); 2. 1480 danse (Coquillart, Droits nouveaux, éd. M. J. Freeman, 1498); 3. 1755 milit. (Ordonnance du 6 mai d'apr. Encyclop. t.12). C. 1. a) 1160-74 «sentier, passage difficile» (Wace, op. cit., 2718); 1176-81 mal pas «id.» (Chrétien de Troyes, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 4116); xiiies. [date ms.] fig. maveis pas (Renart, éd. E. Martin, VI, 1436); fin xiiies. passer el pas de la mort «trépasser» (Hist. anc., éd. P. Meyer ds Romania t.14, p.54, 64); mil. xves. passer le pas «id.» (Jean Régnier, Fortunes et adversitez, éd. E. Droz, p.217, 90); b) ca 1250 «passage qu'un chevalier s'engage à défendre» (Melion, éd. P. M. O'Hara Tobin, vers 129); ca 1330 pas d'armes (Girart de Roussillon, 4 ds T.-L.); c) ca 1330 «passage, entrée» (Guillaume de Digulleville, éd. J. J. Sturzinger, 760: au roy l'entree et le pas de sa maison deffendi fort); 1579 (Larivey, Les Esprits, IV, 3 ds Anc. Théâtre fr., t.5, p.269: sur le pas de l'huys de sa maison); d) fin xives. (Froissart, Chron., éd. S. Luce, I, § 52: leur estoient clos li pas de terre et de mer); 1530 «détroit» (Palsgr., p.653b); 1559 «défilé» (Amyot, Thém., 16 ds Littré: Le pas des Thermopyles); 2. [ca 1180 «marche de départ d'un escalier?» (Proverbe au vilain, éd. A. Tobler, 224c)]; 1340 «marche d'escalier» (Actes normands de la chambre des comptes, éd. L. Delisle, p.255). 3. technol. 1369 «ouverture de la chaîne dans un métier à tisser, pour donner passage au fil» (ds Ordonnances des rois de France, t.5, p.193); 1676 pas de vis (Félibien). Du lat. passus «pas», «empreinte» et «mesure de longueur», propr. «écartement des jambes», subst. de passus part. passé de pandere «étendre, déployer» d'où «ouvrir en écartant». Fréq. abs. littér.: 37071. Fréq. rel. littér.: xixes.) 42891, b) 49988; xxes.: a) 55886, b) 60666. Bbg. Bassegoda (M.). Ét. du vocab. du patinage. Thèse, Nancy, 1980, pp.164-165.

Wiktionnaire

Nom commun 2 - ancien français

pas \Prononciation ?\ masculin

  1. Variante de past.

Adverbe - ancien français

pas \Prononciation ?\

  1. (Avec « ne ») Pas.
    • Ypomedon pas ne sojorne — (Le Roman de Thèbes, édition de Constans, tome I, page 373)
    • Ceste vie ne refus pas — (Vie de sainte Marie l’Égyptienne, ms. 23112 de la BnF, f. 342r. b.)
      [Je] ne refuse pas cette vie

Adverbe - français

pas \pa\, \pɑ\

  1. Négation d’un verbe. — Note d’usage : Utilisée avec la particule ne dans le langage littéraire, mais souvent sans celle-ci dans le langage courant.
    • T’as perdu la boule ou quoi ? Tu me l’as refilé hier en me demandant de t’appeler ce soir. La picole te réussit pas, p’tit gars. — (Greg Waden, La disparue du 5701 : Coup de cœur virtuel à Lille, Villeneuve-d'Ascq : Éditions Ravet-Anceau, 2018, chapitre 5)
    • Pourquoi tu ne manges pas ?
    • Tu as si souffert que ça de ton harcèlement ? T’as pas idée.
  2. Négation rhétorique pour demander humblement un accord. — Note : La réponse affirmative est oui, non pas si.
    • N’est-elle pas jolie ?
    • N’est-ce pas qu’elle est jolie ?
  3. Négation rhétorique pour une invitation polie. — Note : La réponse affirmative est oui ou ouais, non pas si.
    • — Vous ne voulez pas déjeuner avec moi ?
      — Oui, avec plaisir.
  4. Négation d’un adjectif épithète. Non.
    • Je cherche un logement pas cher.

Nom commun - français

pas \pa\, \pɑ\ masculin

  1. Mouvement que fait une personne ou un animal en mettant un pied devant l’autre pour marcher.
    • Il contemplait […] les scarabées qui couraient sur le sable chaud et s’arrêtaient tout net à l’approche de son pas. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans Trois contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
    • Le seul recours contre le temps est de le mesurer à ce double pas, comme ceux qui ont affaire personnellement à lui, les sentinelles, les officiers de quart. — (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)
    • Peu à peu, des claquements de sabots s’entendirent, puis des pas étouffés de religieuses ; […]. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Soutenu de chaque côté, je sentais la plante de mes pieds enflée au point de me donner l’impression que chacun de mes pas s’enfonçait dans un nuage. — (Henri Alleg, La Question, 1957)
    • À cet instant, dans le passage, d’autres voix s’élevèrent, accompagnées d’un martèlement de pas précipités. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • On ne peut le décider à faire un pas hors de chez lui.
    • Permettez-moi de faire quelques pas avec vous.
    • Marcher d’un pas léger, d’un pas rapide, d’un pas chancelant.
  2. (Métrologie) Distance entre deux pas ; enjambée.
    • Le garde champêtre, armé d’un fusil que lui avait confié le maire, et suivi d’un cortège nombreux, s’avança jusqu’à dix pas du chien. — (Octave Mirbeau, « La Mort du chien » dans Lettres de ma chaumière, 1886)
    • Alors, je regardai dans la nuit grisâtre, et je vis, à cinquante pas devant moi, le colporteur Pinacle, avec sa grande hotte, […]. — (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
    • J’ai dix arquebuses dans cette chambre, reprit Charles IX, avec lesquelles je touche un écu d’or à cent cinquante pas. Voulez-vous en essayer une ? — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre III)
    • Il ne veut pas s’éloigner, reculer, avancer d’un pas, il ne veut pas s’éloigner, reculer, avancer du tout, il veut rester où il est.
  3. (Par extension) Faible distance.
    • Or, un matin, à quelques pas de ma demeure, une famille de ces ouvriers de la scie et de la hache s’empressait autour d’un amas considérable de bûches que le livreur juré venait d’aligner. — (Études morales, dans Annales de la Société d'émulation du département des Vosges, volume 13, 1868, page 156)
  4. (Militaire) Différentes manières de marcher réglées pour les troupes.
    • Pas ordinaire.
    • Pas accéléré.
    • Pas redoublé.
    • Pas de route.
    • Pas gymnastique.
    • Pas de charge.
    • Il a mis, il a remis sa troupe au pas.
    • Marcher au pas, prendre le pas.
    • Perdre le pas, n’être plus au pas.
  5. (Danse) Différentes manières d’exécuter le mouvement de la danse.
    • Ensuite quatre girls anglaises, des sisters quelconques, vinrent danser un pas de gigue, compliqué de cake-walk et de matchiche. — (Guillaume Apollinaire, Les Onze Mille Verges ou les Amours d’un Hospodar, 1907)
  6. (Équitation) Allure la moins rapide du cheval.
    • Pour arrêter le cheval étant au pas, au trot ou au galop, passer du galop au trot ou au pas, du trot au pas, et même pour reculer, la tension des rênes, la pression des jambes, la position des mains et des jambes sont les mêmes, c est-à-dire que les mains doivent être à la même hauteur et les jambes également en arrière. — (Félix van der Meer, Connaissances complètes du cavalier, de l'écuyer et de l'homme de cheval, Lebègue & Cie à Bruxelles & Dumaine à Paris, 1865, page 242)
    • Au Maroc, le cheval sert surtout de monture, quelquefois de bête de somme. Ses allures sont le pas et le galop; mais on arrive assez facilement à lui enseigner le trot. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 231)
    • Vers les neuf heures du matin, Capestang se remit en route et, au pas de Fend-l'Air, se dirigea vers Paris, à travers les beaux bois pleins d'ombrages et de senteurs enivrantes. — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
  7. Empreinte, marque que laisse le pied d’une personne ou d’un animal.
    • Il vit des pas d’homme sur le rivage.
    • Il distingue fort bien le pas d’un cheval de celui d’un mulet.
  8. Préséance, droit de marcher le premier.
    • Le parlement avait le pas sur les autres compagnies.
    • Il lui a cédé le pas.
    • Il a pris le pas sur lui.
    • Disputer le pas à quelqu’un.
    • Le Cardinal, dès longtemps prévenu contre Urbain, n’a voulu voir que lui de coupable : on lui a rappelé que lorsqu’il n’était encore que prieur de Coussay, Grandier lui disputa le pas, le prit même avant lui : je suis bien trompé si ce pas ne met son pied dans la tombe… — (Alfred de Vigny, Cinq-Mars, Michel Lévy frères, 1863)
  9. Passage étroit ou passe difficile dans une vallée, dans une montagne, etc.
    • Les ingénieurs qui ont critiqué le projet de M. Abeille ont cité trois endroits qu'ils regardent comme très difficiles.
      Le premier est le pas de Crugey sur la rivière d'Ouche, où la vallée se rétrécit et est bordée de rochers durs et en partie escarpés.
      — (Jean Rodolphe Perronet, « Canal de Bourgogne », dans Description des projets et de la construction des ponts de Neuilly, de Mantes, d'Orléans, du projet du canal de Bourgogne et de celui de la conduite des eaux de l'Yvette et de Bièvre Paris : dédié au roi Louis XVI, Paris : Imprimerie royale, 1782, page 347)
    • Le pas de Calais, le détroit entre Calais et Douvres.
  10. Seuil, marches qui sont au-devant d’une entrée.
    • Il est sur le pas de la porte.
    • Prenez garde, il y a ici un pas.
    • Il y a quatre pas à monter à ce perron.
  11. (Vieilli) Allées et venues, démarches que l’on fait, peines qu’on prend pour réussir.
    • Il fait bien des pas pour obtenir cette place.
    • Cela lui a coûté bien des pas et démarches.
    • Il n’a pas ménagé, épargné ses pas dans cette circonstance.
    • Je ne ferai pas un pas de plus, je ne ferai aucune démarche de plus pour cette affaire, pas une concession de plus.
  12. (Mécanique) Distance séparant deux filets d’un filetage.
    • Tableau des filetages métriques au pas régulier et au pas fin — (ABMS Consultants inc, Consultant en ingénierie mécanique, http://www.abms.ca/Technique/Filetages_des_boulons.pdf).
    • Plus généralement : distance entre 2 tours d’un mouvement hélicoïdal : voir hélice (mathématique) et hélice à pas variable.
  13. (Cartographie) Écart entre les axes d’éléments graphiques homologues d’un ensemble graphique de structure régulière ; il est souvent exprimé numériquement par l’inverse de son rapport à l’unité de longueur[1].
  14. (Électronique) Distance séparant deux lignes d’interconnexion voisines dans un circuit intégré ou sur un circuit imprimé nu.
  15. (Électronique) Distance entre deux broches de raccordement contiguës sur un boîtier.
  16. (Charpenterie) Entaille faite dans une sablière pour y encastrer partiellement un chevron.

Nom commun 1 - ancien français

pas \Prononciation ?\ masculin

  1. Pas.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PAS. n. m.
Le mouvement que fait une personne ou un animal en mettant un pied devant l'autre pour marcher. Le pas d'un homme. Le pas d'un enfant. Le pas d'un cheval. Il s'arrêtait à chaque pas. Il marchait à petits pas, à grands pas, à pas lents. Faire un pas. On ne peut le décider à faire un pas hors de chez lui. Permettez-moi de faire quelques pas avec vous. Hâter, presser, précipiter, ralentir, allonger le pas, son pas, ses pas. Doubler, forcer le pas. Régler son pas sur celui d'un autre. Aller à petits pas. Nous irons bon pas, un bon pas. Marcher d'un pas léger, d'un pas rapide, d'un pas chancelant. Assurer ses pas. Guider, diriger, suivre les pas de quelqu'un. Marcher sur les pas de quelqu'un. Emboîter le pas. Voyez EMBOÎTER. Retourner, revenir sur ses pas, Retourner au lieu d'où l'on vient. Fig., Suivre les pas de quelqu'un, marcher sur les pas, dans les pas de quelqu'un, L'imiter, le prendre pour modèle. Fig., S'attacher, être attaché aux pas de quelqu'un, Le suivre partout. Fig. et fam., Vous devriez baiser la trace de ses pas, Il vous a rendu de très grands services, vous lui devez beaucoup de reconnaissance. Prov. et fig., Il n'y a que le premier pas qui coûte, En toute affaire, ce qu'il y a de plus difficile est de commencer, ou bien Quand on a commis une première faute, la voie est ouverte à en commettre d'autres. Fig., Tout dépend du premier pas, Le succès d'une affaire dépend ordinairement de la manière dont elle a été commencée, entamée. Fig., En être aux premiers pas, N'être pas plus avancé dans une affaire que si on venait de la commencer. Fig., Faire les premiers pas, Faire les avances, les premières démarches, les premières propositions pour une affaire, pour une réconciliation. Fig., Faire un pas en avant, Progresser légèrement. Il signifie encore Faire une légère concession. On dit inversement Faire un pas en arrière. Fig., Faire des pas, de grands pas, Faire des progrès. Faire de grands pas dans la carrière des sciences. Il a fait faire de grands pas à la science. Voilà déjà un pas de fait, un grand pas de fait. L'affaire a fait un grand pas depuis votre départ. Faire un faux pas, Glisser ou chanceler en marchant, faute d'avoir bien assuré son pied. Il signifie figurément Faire quelque faute dans sa conduite, dans une affaire. Je ne lui ai jamais vu faire un faux pas. Il a fait beaucoup de faux pas, bien des faux pas dans sa vie. Fig. et fam., Pas de clerc, Faute commise par imprudence ou par ignorance dans une affaire. Il a fait un pas de clerc. Fig., Compter ses pas, Marcher lentement. Marcher à pas comptés, Marcher avec une extrême lenteur, avec une certaine solennité. Fig., Aller à pas mesurés, Procéder dans une affaire avec beaucoup de circonspection. Fig. et fam., Aller à pas de tortue, Avancer très lentement. Fig., Aller à pas de loup, Marcher si doucement qu'on ne soit point entendu, dans le dessein de surprendre ou de tromper quelqu'un. Fig., Aller à grands pas aux dignités, aux honneurs, Franchir avec rapidité les degrés qui conduisent aux dignités, aux honneurs, être sur le point d'y parvenir. Fig., Aller à pas de géant dans une entreprise, dans le chemin de la fortune, Aller très vite, faire de grands progrès en peu de temps.

PAS, en termes d'Art militaire, se dit des Différentes manières de marcher qui ont été réglées pour les troupes. Pas ordinaire. Pas accéléré. Pas redoublé. Pas de route. Pas gymnastique. Pas de charge. Il a mis, il a remis sa troupe au pas. Marcher au pas. Prendre le pas. Perdre le pas. N'être plus au pas. Pas de parade. Voyez PARADE. Pas de l'oie, Pas de parade de l'armée allemande. Changer de pas, Quitter un pas pour en prendre un autre; ramener le pied qui est derrière à côté de celui qui est devant, pour repartir de ce dernier pied. Marquer le pas, Simuler le pas, en ramenant les talons à côté l'un de l'autre, sans avancer et en observant la cadence du pas. Figurément, il signifie être obligé de ralentir sa marche, son action, de piétiner. Fig. et fam., Mettre quelqu'un au pas, Le mettre à la raison, l'obliger à faire son devoir.

PAS, en termes de Musique, désigne un Air dont la mesure est appropriée au pas des troupes. Un pas redoublé.

PAS, en termes de Danse, se dit des Différentes manières d'exécuter le mouvement de la danse. Pas glissé. Pas chassé. Pas marché. Pas de menuet, de gavotte, de valse, etc. Un pas de deux, un pas de trois, Une entrée de ballet dansée par deux ou par trois personnes. Pas de quatre, Danse de caractère dont chaque reprise comprend quatre mesures.

PAS, en termes de Manège, désigne l'Allure la moins rapide du cheval. Ce cheval va bien le pas. Il a bon pas, un grand pas. Il a le pas rude, le pas fort doux. Mettre, remettre un cheval au pas. Mener un cheval au pas, au grand pas, au petit pas. Le pas espagnol. Ce cheval a le pas relevé, Quand il marche, il relève bien les jambes de devant.

PAS se dit aussi des Allées et venues, des démarches que l'on fait pour quelque affaire, et des peines qu'on prend pour y réussir. Il fait bien des pas pour obtenir cette place. Cela lui a coûté bien des pas et démarches. Il n'a pas ménagé, épargné ses pas dans cette circonstance. Je ne ferai pas un pas, un pas de plus, Je ne ferai aucune démarche, je ne ferai pas une démarche de plus pour cette affaire. Il signifie aussi, dans une discussion : Je ne ferai pas une concession de plus. Regretter ses pas, Regretter la peine que l'on s'est donnée. Plaindre ses pas, Ne pas aimer à prendre de la peine pour autrui. C'est un homme qui plaint ses pas, on n'en peut rien tirer. On dit maintenant plus ordinairement Plaindre sa peine.

PAS désigne aussi l'Empreinte, la marque que laisse le pied d'une personne ou d'un animal, en marchant. Il vit des pas d'homme sur le rivage. Le pas d'une femme, d'un enfant. Il distingue fort bien le pas d'un cheval de celui d'un mulet. Fig. et fam., Cela ne se trouve pas dans le pas d'un cheval, dans le pas d'une mule, se dit d'une Chose difficile à trouver, et principalement d'une Somme considérable.

PAS se dit aussi de l'Espace qui se trouve d'un pied à l'autre, quand on marche. La longueur, la distance de cent pas. Ce fusil porte à tant de pas. Avancer, reculer, s'éloigner d'un pas. Mesurer au pas. Il ne veut pas s'éloigner, reculer, avancer d'un pas, Il ne veut pas s'éloigner, reculer, avancer du tout, il veut rester où il est. Il ne faut pas le quitter d'un pas, d'un seul pas, Il ne faut pas le quitter du tout, il faut toujours être avec lui. Par exagération, Il n'y a qu'un pas, Il n'y a que très peu de chemin à faire, qu'une très courte distance à parcourir. Il n'y a qu'un pas d'ici chez moi. On dit dans le même sens Il demeure à deux pas, à trois, à quatre pas d'ici. Fig., Il n'y a qu'un pas de la vie à la mort, du plaisir à la douleur.

PAS signifie encore, figurément, Préséance, droit de marcher le premier. Le parlement avait le pas sur les autres compagnies. Il lui a cédé le pas. Il a pris le pas devant lui, sur lui. Disputer le pas à quelqu'un. Il désigne en outre un Passage étroit et difficile dans une vallée, dans une montagne, etc. Le pas de Suse. Le Pas de Calais, Le détroit entre Calais et Douvres. Un mauvais pas, Un endroit par où il est difficile ou dangereux de passer, comme un bourbier, un précipice. Fig., Se tirer d'un mauvais pas, d'un pas difficile, Se tirer d'une affaire difficile, embarrassante. Fig., C'est un pas glissant, C'est une occasion où il est difficile de se bien conduire. Fig. et pop., Il a passé le pas, Il est mort. Fig. et fam., Il lui a fallu passer le pas, se dit d'une Personne qu'on a forcée à faire quelque chose. Fig. et fam., Franchir le pas, Se décider à faire une chose, après avoir longtemps hésité. On dit plus ordinairement aujourd'hui Sauter le pas. Pas d'armes, Sorte de tournoi qui consistait dans la défense simulée d'un passage contre un ennemi.

PAS signifie aussi Seuil. Il est sur le pas de la porte. Il se dit aussi des Marches qui sont au-devant d'une entrée. Prenez garde, il y a ici un pas. Il y a quatre pas à monter à ce perron. Un pas de porte, L'avantage qui résulte pour les commerçants d'avoir un magasin ou une boutique dont la porte ouvre directement sur la voie publique, et qui ajoute à la valeur d'un fonds de commerce. Il désigne aussi la Redevance supplémentaire exigée par le bailleur et représentant le droit de prendre possession d'un logement à usage commercial. Il a reçu cinquante mille francs de pas de porte. Pas d'une vis, pas de vis, La distance entre deux filets d'une vis. Plus le pas de la vis est petit, plus la pression de la vis augmente. En termes d'Horlogerie, Pas de fusée, Chacun des tours de l'espèce de rainure en spirale qui est taillée autour de la fusée.

PAS À PAS, loc. adv. Un pas après l'autre, et doucement. Aller pas à pas. Prov. et fam., Pas à pas on va bien loin, Quand on va toujours, on ne laisse pas d'avancer beaucoup, quoiqu'on aille lentement.

DE CE PAS, loc. adv. À l'heure même, à l'instant même où je vous parle. J'y vais de ce pas.

Littré (1872-1877)

PAS (pâ ; l's se lie : un pâ-z allongé) s. m.

Résumé

  • 1° Action de mettre un pied devant l'autre pour marcher.
  • 2° Pas, en termes d'escrime.
  • 3° Les premiers pas.
  • 4° Faux pas.
  • 5° Pas, en termes de danse.
  • 6° Pas, en termes militaires.
  • 7° Pas, en termes de musique.
  • 8° Pas, en termes de manége.
  • 9° Vestige, marque du pied sur le sol.
  • 10° L'espace qui se trouve d'un pied à l'autre quand on marche.
  • 11° Passage.
  • 12° Pertuis.
  • 13° Passage étroit et difficile dans une vallée, dans une montagne.
  • 14° Détroit, passage de mer.
  • 15° Seuil.
  • 16° Marche au-devant d'une entrée.
  • 17° Fig. Préséance.
  • 18° Au moyen âge, pas d'armes.
  • 19° Fig. Acte comparé à un pas qui se fait.
  • 20° Allées et venues, peines qu'on prend pour quelque affaire.
  • 21° Chez les tisserands, passage du fil dans la lame.
  • 22° Entailles.
  • 23° Pas de vis, pas d'écrou.
  • 24° Outils de toutes sortes de pas.
  • 25° Pas d'âne.
  • 26° Pas de souris.
  • 27° Pas à pas.
  • 28° De ce pas, tout de ce pas, tout d'un pas.
  • 1Action de mettre un pied devant l'autre pour marcher. De quel côté tournez-vous vos pas ? Le pas est produit par l'écartement des deux membres inférieurs, auquel on ajoute la longueur du pied. La longueur ordinaire du pas, chez une personne de taille moyenne, est de 0 m, 86. La durée d'un pas est de 0 s, 33, dans la marche la plus rapide ; cette durée dans la marche habituelle peut varier, suivant les personnes entre 0 s, 33 et 0 s, 38. Cours, Narsès, courez tous du pas le plus pressé, Rotrou, Bélis. V, 7. J'avais doublé le pas sans vous apercevoir, Corneille, Galerie, IV, 2. Vous marchez d'un tel pas qu'on a peine à vous suivre, Molière, Tart. I, 1. On ne voit point mes pas sous l'âge chanceler, Boileau, Sat. I. Va ; mais nous-même allons, précipitons nos pas, Racine, Bajaz. IV, 5. Il faisait dix pas pour aller de son lit dans la garde-robe, il n'en fait plus que neuf par la manière dont il a su tourner sa chambre, La Bruyère, XIV. Il m'attendait tranquillement sans faire un pas vers moi, Fénelon, Tél. IV. Cruel auteur des troubles de mon âme, Que la pitié retarde un peu tes pas, Rousseau J.-B. Cantate, Circé. Ensuite il eut le courage de ramener ces deux régiments à petits pas, et de les sauver du péril où leur valeur les jetait, Voltaire, Lett. Tovazzi, 24 janv. 1761. Dans toute l'étendue du terrain, depuis la rive du Lot, qui est en face de Levignac jusqu'à Firmi, on ne peut pas faire un pas qu'on ne trouve du charbon, Buffon, Min. t. II, p. 318. Un jeune soldat disait à sa mère, en lui montrant son épée : elle est bien courte ! - Eh bien, répondit-elle, vous ferez un pas de plus, Barthélemy, Anach. ch. 10. Traînant lentement ses pas sur les larges pierres du pavé de Florence, elle perdait l'idée d'arriver, Staël, Cor. XVIII, 3.

    Aller un bon pas, marcher assez bien.

    À pas lents, en marchant lentement.

    Fig. Anne, avertie de loin par un mal aussi cruel qu'irremédiable, vit avancer la mort à pas lents, Bossuet, Mar.-Thér. La vengeance est boiteuse, elle vient à pas lents, Mais elle vient, Hugo, Hernani, II, 8.

    Aller plus vite que le pas, courir précipitamment. L'Olive dit que le poëte était sorti de la chambre, et qu'il l'avait vu revenir plus vite que le pas, Scarron, Rom. com. I, 12. Je crains bien d'en sortir plus vite que le pas, Th. Corneille, Engag. du hasard, IV, 3.

    Fig. et populairement. Faire aller quelqu'un plus vite que le pas, lui susciter des embarras, et aussi le remettre dans son devoir.

    Faire un pas, faire des pas en arrière, reculer d'un pas, de plusieurs pas. Illustre porte-croix, par qui notre bannière N'a jamais, en marchant, fait un pas en arrière, Boileau, Lutr. V.

    Porter ses pas vers un lieu, s'y rendre. Titus porte vers nous ses pas, Racine, Bérén. V, 2. Sans mon ordre on porte ici ses pas ! Racine, Esth. II, 7.

    Conduire les pas de quelqu'un, le diriger. Pylade va bientôt conduire ici ses pas [d'Oreste], Racine, Andr. II, 1.

    S'attacher, être attaché aux pas de quelqu'un, le suivre partout. Son époux à ses pas la verra s'attacher, Delavigne, Paria, III, 6.

    Aller à pas de loup, marcher si doucement qu'on ne soit pas entendu, dans le dessein de surprendre et de tromper. À ces mots, il s'avance vers la lumière qui n'était pas fort éloignée ; il s'en approche à pas de loup, Lesage, Gil Bl. V, 2.

    Au petit pas, lentement, sans hâter le pas. Il conserva toujours la dignité de la magistrature et dans ses paroles et dans ses démarches, et il revint au Palais royal au petit pas, dans le feu des injures, des menaces, des exécrations et des blasphèmes, Retz, Mém. t. I, liv. II, p. 196, dans POUGENS. L'armée ennemie s'avançait au petit pas et en bon ordre, Rollin, Hist. anc. t. IV, p. 154, dans POUGENS.

    Marcher à pas comptés, marcher gravement et lentement. Un valet le portait, marchant à pas comptés, Comme un recteur suivi des quatre facultés, Boileau, Sat. III. Mais qu'il avance donc ; il marche à pas comptés, Dufrény, Mar. fait et rompu, I, 8.

    On dit dans le même sens : marcher à pas d'ambassadeur, et, par plaisanterie, à pas d'oie. Les nobles fondateurs de Troie Marchant gravement à pas d'oie, Scarron, Virg. VI. Ceux-ci, loin de faire la diligence qu'on leur a commandée, marchent à pas d'ambassadeur, vont par terre en Macédoine, s'y arrêtent trois mois entiers, et donnent encore le temps à Philippe de prendre plusieurs places sur les Athéniens dans la Thrace, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VI, p. 63, dans POUGENS.

    Fig. Aller à pas mesurés, agir avec circonspection. Qu'est-ce que la sagesse ? une égalité d'âme… Qui marche en ses conseils à pas plus mesurés Qu'un doyen au palais ne monte les degrés, Boileau, Sat. VIII.

    Marcher de même pas que quelqu'un, aller aussi vite que lui.

    Du même pas, aussi vite l'un que l'autre. Pieds nus, sans pain, sourds aux lâches alarmes, Tous à la gloire allaient du même pas, Béranger, le Vieux sergent.

    Fig. La gravité, l'orgueil et la paresse marchent du même pas, Montesquieu, Esp. XIX, 9.

    Suivre les pas de quelqu'un, l'accompagner. Tout est prêt ; on m'attend ; ne suivez point mes pas, Racine, Béren. V. 7. Allons, je suis tes pas, Delavigne, Paria, III, 6.

    Fig. Suivre les pas de quelqu'un, suivre ses traces, son exemple. Les Merciens furent convertis par le roi de Northumberland Osuin ; leurs voisins suivirent leurs pas, Bossuet, Hist. I, 11.

    Aller, marcher sur les pas de quelqu'un, le suivre. Mais allons sur ses pas, malgré sa résistance, Molière, Fâch. II, 6. Et tandis… Qu'à marcher sur mes pas Bajazet se dispose, Racine, Baj. III, 2.

    Fig. Imiter l'exemple. Va marcher sur leurs pas où l'honneur te convie, Corneille, Cinna, I, 3. Votre enfant marchera sur les pas de son oncle, Sévigné, 540. Marchez donc sur ses pas [de Malherbe], aimez sa pureté, Et de son tour heureux imitez la clarté, Boileau, Art p. I. Je ne veux point marcher sur les pas des tyrans, Voltaire, Adél. du Guesclin. V, 1.

    Sur les pas, à la suite de. Bientôt l'ambition… L'envoie en furieux… Se faire estropier sur les pas des Césars, Boileau, Sat. VIII. En robe sur mes pas [à ma suite] il ne faut que venir, Racine, Plaid. II, 1. Apprenez que la vieille… elle vient sur vos pas, Legrand, Famille extravag. SC. 13.

    Fig. Sur les pas, à l'imitation de. Ô le plaisant docteur, qui, sur les pas d'Horace, Vient prêcher, diront-ils, la réforme au Parnasse ! Boileau, Ép. II. Mais n'allez pas aussi sur les pas de Brébeuf, Même en une Pharsale, entasser sur les rives De morts et de mourants cent montagnes plaintives, Boileau, Art p. I. Sur les pas des tyrans veux-tu que je m'engage ? Racine, Brit. IV, 4.

    Aller à pas de tortue, avancer lentement.

    À grands pas, en faisant de grands pas, en marchant vite. Légère et court vêtue, elle allait à grands pas, La Fontaine, Fabl. VII, 10. Télémaque s'avance à grands pas, Fénelon, Tél. XVIII.

    Fig. À grands pas, avec beaucoup de rapidité. Je sais par quels moyens sa sagesse profonde [de Rome] S'achemine à grands pas à l'empire du monde, Corneille, Nicom. V, 1. Il marche à grands pas vers la mort, et il tourne encore les yeux avec regret du côté de la vie, Massillon, Avent, Mort du péch.

    Fig. Aller à grands pas aux dignités, aux honneurs, s'avancer rapidement dans la carrière des dignités, des honneurs.

    Fig. Faire des pas, de grands pas, faire des progrès, de grands progrès. Faire de grands pas dans l'étude.

    Fig. Aller à pas de géant dans quelque chose, y faire de très grands progrès en peu de temps.

    Fig. À chaque pas, à chaque moment. Votre douleur redouble et croît à chaque pas, Racine, Iphig. II, 1.

    Dans le langage relevé ou poétique, sous les pas, à mesure que l'on marche. Les jeux, les ris naissent sous mes pas, Fénelon, Tél. IV.

    Retourner sur ses pas, retourner au lieu d'où l'on vient.

    Revenir sur ses pas, parcourir en arrière le chemin qu'on avait parcouru en avant. Taisez-vous, il revient sur ses pas, Corneille, le Ment. IV, 4. Vous êtes revenue sur vos pas à Aix, Sévigné, 415.

    Par extension. D'autres [canaux] par de longs détours revenaient sur leurs pas, Fénelon, Tél. I.

    Fig. Après avoir mal fourni sa carrière, on ne revient plus sur ses pas pour reprendre d'autres routes, Massillon, Avent, Mort du péch.

    Fig. Revenir sur ses pas, reprendre un sujet au point où on l'avait laissé. Voilà du latin que j'emprunte de lui, et qui sera cause que je reviendrai sur mes pas, D'Olivet, Préf.

    Fig. Revenir sur ses pas, renoncer à ce qu'on avait voulu d'abord. La cour revint sur ses pas peu de temps après pour des raisons qui ne nous sont pas connues, Raynal, Hist. phil. IX, 17.

  • 2 Terme d'escrime. Marcher à grands pas, laisser un espace de dix-huit pouces environ entre les pieds qui avancent sur la ligne droite ou qui reculent en arrière. Marcher à petits pas, se dit lorsque l'espace laissé n'est que d'environ neuf pouces.
  • 3Les premiers pas, les pas que fait un enfant quand il commence à marcher. Fig. Le premier pas que nous devons faire pour nous renouveler en Notre-Seigneur, c'est de détruire en nous le péché, cette rouille invétérée de notre nature, Bossuet, 2e sermon, Pâques, 1. Le premier pas, mon fils, que l'on fait dans le monde, Est celui dont dépend le reste de nos jours, Voltaire, Indiscr. I, 1.

    Fig. Faire les premiers pas, commencer à marcher vers quelque chose. Vers l'immortalité je fais les premiers pas, Piron, Métr. I, 8.

    Fig. Faire les premiers pas, faire les avances, les premières démarches. Encore qu'il ne soit pas suffisant, c'est quelque chose de fort utile que de faire les premiers pas de la réunion, Bossuet, Proj. de réunion, Lettre II.

    Fig. Le premier pas, le commencement de quelque affaire, de quelque entreprise. On est assez embarrassé dès le premier pas de cette campagne, Sévigné, 137. Et dès le premier pas se laissant effrayer, Racine, Iph. I, 3. Le premier pas de la faculté de penser, c'est d'examiner ses perceptions, Diderot, Rech. philos. sur le beau, Œuv. t. II, p. 442, dans POUGENS.

    Fig. Tout dépend du premier pas, le succès dépend de la manière dont on commence.

    Fig. En être au premier pas, n'être pas plus avancé dans une affaire qu'au début. Voilà tantôt six ans écoulés, et nous ne sommes qu'au premier pas, Patru, Plaidoyer, dans LE ROUX, Dict. comique.

  • 4Faux pas, pas dans lequel on glisse ou chancelle. Faire un faux pas. Nous n'allons jamais si vite qu'après un faux pas, La Mothe le Vayer, la Promenade, dial. 2. Mme de Guise a fait un faux pas à Versailles, elle n'en a rien dit : elle est accouchée à quatre mois d'un pauvre petit garçon qui n'a pas été baptisé, Sévigné, 31.

    Chez le cheval, faux pas, pas mal assuré, irrégularité dans l'allure du pas, qui consiste en une flexion subite et prononcée sur l'une des extrémités ; c'est ordinairement signe de faiblesse. Le cheval est sujet à faire un faux pas, Buffon, Cheval.

    Fig. Une faute. Si la présence de son amant lui fait faire quelque faux pas, c'est une glissade dont elle se relève à l'instant même, Corneille, Cid, Examen. La plus haute vertu peut faire de faux pas, Corneille, Sur. III, 2. Monsieur… était celui de tous ceux que j'aie jamais vus, le plus capable de donner dans tous les faux pas, à force de les craindre tous ; il était en cela semblable aux lièvres, Retz, Mém. t. III, liv. IV, p. 228, dans POUGENS. Nous repassons avec amertume sur tous nos faux pas, Bossuet, Reine d'Anglet.

    On dit, au pluriel, de faux pas, ou, si l'on considère faux pas comme un substantif composé, des faux pas.

  • 5 Terme de danse. Les différentes manières de conduire ses pas. Ils y font des pas de bohémiens et de Bas-Bretons avec une délicatesse et une justesse qui charment, Sévigné, 73. C'est quelque chose d'extraordinaire que cette quantité de pas différents, et cette cadence courte et juste, Sévigné, 73. Ce n'est pas là un ballet, comme celui où dansait ma fille ; il y avait telle et telle, elle y faisait un petit pas admirable sur le bord du théâtre, Sévigné, 459. Un petit pas tricoté maladroitement sur le cou-de-pied sert d'exposition, de nœud et de dénoûment à ces chefs-d'œuvre, Noverre, Lett. sur la danse, p. 111, dans POUGENS.

    Fig. Le maître à danser : Lorsqu'un homme a commis un manquement dans sa conduite, soit aux affaires de sa famille, ou au gouvernement d'un État, ou au commandement d'une armée, ne dit-on pas toujours : un tel a fait un mauvais pas dans une telle affaire ? - M. Jourdain : Oui, on dit cela. - Le maître à danser : Et faire un mauvais pas, peut-il procéder d'autre chose que de ne savoir pas danser ? Molière, Bourg. gent. I, 2. Un maître à danser qui s'habille comme un petit-maître, et qui a fait faire un mauvais pas à une de ses écolières, Lesage, Diable boit. ch. 7, dans POUGENS.

    Les pas sont simples ou composés. Le pas simple est tout mouvement par lequel on va d'un lieu à un autre (FEUILLET). Les pas simples ne prennent qu'un temps de la mesure ou consistent dans un seul mouvement. Il y en a cinq : a) le pas droit quand le pied marche en ligne droite, soit en avant soit en arrière ; b) le pas ouvert, lorsque la jambe s'ouvre en arc de cercle ; c) le pas rond, quand le pied fait un nœud ou rond en avançant, ou reculant, ou allant de côté ; d) le pas tortillé, quand le pied se tourne suivant une ligne sinueuse ; e) le pas battu, quand le pied vient battre contre l'autre (FEUILLET). Le premier et le second pas sont seuls usités dans les salons. Le pas droit peut être marché, glissé, sauté, plié, élevé, tombé. Le pas composé ou figuré est composé de plusieurs pas simples ; tels sont le balancé, le traversé, le tour de main, le moulinet, le pas de menuet, le pas de valse, etc.

    Pas de ballet, pas figuré qu'on fait dans les ballets.

    Pas de deux, pas de trois, entrée de ballet dansée par deux ou trois personnes. Il [Dumoulin] dansait les pas de deux avec une supériorité qu'on aurait de la peine à atteindre, Noverre, Lett. sur la danse, p. 165, dans POUGENS.

    Pas seul, danse exécutée par un seul danseur.

    Pas de hache, voy. HACHE, n° 6.

  • 6 Terme militaire. Les différentes manières de marcher des troupes. Le pas de charge. Marcher au pas redoublé, au pas accéléré. On les accoutumait [les soldats romains] à aller le pas militaire, c'est-à-dire à faire en cinq heures vingt milles, Montesquieu, Rom. 2.

    Fig. Vous avez sans doute promptement reçu les résolutions de Poinsinet [Pichegru], et elles seront probablement suivies au pas de charge, tout en dépend, Correspondance du général Klinglin, I, 504.

    Absolument, le pas, manière de marcher qui est la plus voisine de la marche naturelle. Conscrits, au pas ; Ne pleurez pas, Marchez au pas, Béranger, Vieux cap.

    Ouvrir le pas, commencer à marcher.

    Changer de pas, quitter un pas pour en prendre un autre.

    Changer le pas, rapporter le pied qui est derrière à côté de celui qui est devant pour repartir de ce dernier pied.

    Pas gymnastique, pas qui s'exécute en levant la jambe et la cuisse de manière que la cuisse soit tout à fait horizontale et la jambe verticale, la pointe du pied tenue très basse.

    Marquer le pas, simuler le pas sans avancer.

    Fig. et familièrement. Mettre quelqu'un au pas, le forcer à faire son devoir.

    Pas de camp, mesure qui sert à fixer les espaces nécessaires à un campement.

  • 7 Terme de musique. Morceau dont la mesure est appropriée au pas des troupes. On a fait un pas redoublé du motif de cet air.

    Se dit aussi d'un morceau arrangé pour la danse. On a fait un joli pas de cette cavatine.

  • 8 Terme de manége. L'une des allures naturelles du cheval, la plus lente et, en apparence, la moins compliquée, quoiqu'elle le soit plus que le trot et l'amble, Dict. de vétérinaire. L'étendue de terrain embrassée par un pas complet, c'est-à-dire par la succession des quatre membres, est mesurée par la distance de la piste quittée par un pied quelconque, au point où il se pose de nouveau. Remettre un cheval au pas. Que vos chevaux par vous au petit pas réduits…, Molière, Amph. Prologue. Le pas, pour être bon, doit être prompt, léger, doux et sûr, Buffon, Quadrup. t. I, p. 36. Dans le pas, les jambes du cheval ne se lèvent qu'à une petite hauteur, et les pieds rasent la terre d'assez près, Buffon, ib. t. I, p. 36.

    Pas de côté, sorte de travail de manége.

    Pas relevé, allure particulière a certains chevaux, dans laquelle les quatre battues sont plus précipitées que dans le pas ordinaire, et séparées par des intervalles tels que les deux battues d'un bipède diagonal sont plus rapprochées l'une de l'autre que des deux battues du bipède diagonal opposé, Dict. de méd. vétér. La rapidité du pas relevé ne laisse pas à l'animal le temps de relever fortement ses membres, et l'oblige à raser le tapis.

    Cheval de pas, cheval qui va au grand pas, et fort à l'aise.

    Pas averti, pas réglé dans lequel le cheval semble compter lui-même le posé de chaque jambe.

    Pas écouté, pas raccourci d'un cheval qui se balance entre les talons.

    Pas de coq, sorte de flexion convulsive du jarret du cheval.

  • 9Vestige, marque du pied sur le sol. On voyait des pas d'homme sur le sable du rivage. Des pas de cheval, de mulet marqués sur la poussière de la route. Les pas empreints sur la poussière Par ceux qui s'en vont faire au malade leur cour, Tous, sans exception, regardent sa tanière, Pas un ne marque de retour, La Fontaine, Fabl. VI, 14.

    Fig. Vous devriez baiser chacun de ses pas, la trace de ses pas, c'est-à-dire vous lui devez beaucoup de reconnaissance pour tout ce qu'il a fait pour vous. Il n'y a qu'à baiser les pas par où il passe, Sévigné, 215. Vous êtes trop heureux de voir et d'entendre tous les jours M. de Turenne, vous n'avez que lui de parent et de père : baisez les pas par où il passe, Sévigné, 204.

    Fig. Cela ne se trouve pas dans le pas d'un cheval, cela est difficile à trouver. Croit-il, le traître, que mille cinq cents livres se trouvent dans le pas d'un cheval ? Molière, Scapin, II, 11.

  • 10L'espace qui se trouve d'un pied à l'autre quand on marche. Il y a des bornes de mille en mille pas. J'ai fait dresser une allée aussi longue que la grande, qui s'appelle la solitaire : elle est si belle, si bien plantée, que mon fils devrait baiser les pas que j'y fais tous les jours ; mais comme elle contient douze cents pas et que ce serait un exercice un peu violent avec un sang aussi échauffé que le sien, je lui fais crédit de cette reconnaissance, Sévigné, 8 sept. 1680. On sait que le roi François Ier dormit sur l'affût d'un canon, à cinquante pas d'un bataillon suisse [à la bataille de Marignan], Voltaire, Mœurs, 122.

    Pas géométrique, mesure de cinq pieds ou d'un mètre soixante-deux centimètres.

    Par exagération. Il n'y a qu'un pas, c'est-à-dire il n'y a que très peu de chemin à faire. Il n'y a qu'un pas d'ici chez moi.

    Fig. Il n'y a qu'un pas, il y a bien peu de différence. Il n'y a qu'un pas à faire entre le relâchement et le crime, Massillon, Carême, Tiéd. II. On dit, dans le même sens : à deux pas, à quatre pas. À quatre pas d'ici je te le fais savoir, Corneille, Cid, II, 2. Où est le temps que nous étions dans ce petit cabinet à Paris, à deux pas l'une de l'autre ? Sévigné, 569. Une petite maison à deux pas de la ville, Hamilton, Gramm. 4.

    Fig. Voyant à deux pas de vous la prison et la mort et tant d'autres accidents qui vous menaçaient, Voiture, Lett. XXXIV.

    Ne pas quitter d'un pas, rester tout auprès. Je ne quitte pas d'un pas M. Trouvé ; il n'a qu'à monter en chaire pour me voir tout à l'heure au premier rang de ses dévotes, Sévigné, 3 mai 1683.

    Il ne faut pas le quitter d'un pas, d'un seul pas, il ne faut pas le quitter du tout, il faut être toujours auprès de lui.

    Fig. Nous avons changé de méthode, Jodelet n'est plus à la mode, Et maintenant il ne faut pas Quitter la nature d'un pas, La Fontaine, Œuv. div. Lettre à Maucroix, relat. d'une fête à Vaux.

    Il ne veut pas s'éloigner, reculer, avancer d'un pas, il ne veut pas s'éloigner ; reculer du tout, il veut rester où il est.

    Fig. À cent pas, à une grande distance morale ou intellectuelle. Il y a ici une petite fille qui se veut mêler d'aimer sa maman, mais elle est cent pas derrière vous, Sévigné, 27, sept. 1687.

  • 11Passage. Elle a couru partout où le danger était, Et forcé tous les pas que l'on nous disputait, Tristan, Panthée, I, 1. Le duc… L'attendait à main forte, et, lui fermant le pas : à lui seul, nous dit-il, mais ne le blessons pas, Corneille, Perthar. v, 4. Le plus sûr en hiver, c'est une litière ; il y a des pas où il faut descendre de carrosse, ou s'exposer à périr, Sévigné, 6 oct. 1673.

    Un mauvais pas, endroit où il est difficile ou dangereux de passer. Elle évita heureusement tous les mauvais pas, Hamilton, Gramm. 9. On sait que les mauvais pas sont plus difficiles et plus dangereux à descendre qu'à monter, et nous en avions franchi de bien mauvais en montant, Saussure, Voy. Alpes, t. IV, p. 405, dans POUGENS.

    Fig. Il faut avec honneur franchir ce mauvais pas, Corneille, Pulch. IV, 1.

    Fig. Tirer d'un mauvais pas, faire sortir heureusement d'une affaire difficile, embarrassante ; se tirer d'un mauvais pas, en sortir heureusement. Il se faut, comme on peut, tirer d'un mauvais pas, Th. Corneille, Comtesse d'Orgueil, V, 5. Dieu veuille nous tirer d'un aussi mauvais pas ! Regnard, le Légat. v, 1. Outre que ses ducats Nous ont plus d'une fois tiré de mauvais pas, Regnard, Menechm. I, 2. Voilà un mauvais pas dont vous ne vous tirerez pas aisément, Fontenelle, Jugem. de Pluton.

    On dit de même : un pas glissant, une occasion où il est difficile de se bien conduire. Si le roi avait été jeune et animé de ce feu qui donne de l'audace et qui la fait pardonner, je n'aurais pas juré que la jeune et sage comtesse eût toujours passé sans péril le pas glissant du tête-à-tête, Marmontel, Mém. VIII.

    Pas dangereux, pas hasardeux, pas délicat, même sens. Quoi ! les abandonner en ce pas dangereux ? Corneille, Tois. d'or, II, 2. Il sait bien se tirer d'un pas si hasardeux, Corneille, Hor. IV, 2. Pour aider ta constance en ce pas périlleux, Rotrou, St Gen. III, 6. Le pas était dangereux, c'était trahir la cause des alliés, Voltaire, Louis XIV, 22. Je devins pressant, le pas était délicat, Rousseau, Confessions, IX.

    Fig. Passer le pas, subir quelque chose de forcé. Et dès que son caprice a prononcé tout bas L'arrêt de notre honneur, il faut passer le pas, Molière, Éc. des femmes, III, 3.

    Passer le pas, se dit aussi pour mourir. Les deux massacreurs et voleurs ont tout avoué, et auraient déjà passé le pas, n'était que…, Patin, Nouv. lett. t. I, p. 119, dans POUGENS. Tenez-la prête pour l'impression, dès que quelqu'un des quarante passera le pas, et vous serez mon confrère ou mon successeur, Voltaire, Lett. Chabanon, 5 mai 1768.

    Faire passer le pas à quelqu'un, le faire mourir, le tuer.

    Populairement. Sauter le pas, mourir.

    Le dernier pas, la mort. J'en ai vu [des martyrs], que le temps prescrit par la nature Était près de pousser dedans la sépulture, Dessus les échafauds presser ce dernier pas, Et d'un jeune courage affronter le trépas, Rotrou, Saint Genest, II, 7.

    Fig. Franchir le pas, sauter le pas, faire une chose qu'on ne pouvait se résoudre à faire. Elle franchit ce dernier pas sans presque s'en apercevoir, Massillon, Carême, Fautes lég. Ces âmes qui doutent de tout et qui n'osent franchir le pas sur rien, Massillon, Profess. rel. serm. 1.

    Franchir le pas, se dit aussi d'un manquement au devoir. J'ai sur les bras une dame jolie à qui je dois faire franchir le pas, La Fontaine, Papefig.

  • 12Pertuis. La canalisation de l'Isle, entre Périgueux et la Dronne, avait été entreprise en 1696 ; il s'agissait alors d'ouvrir quarante et un pas ou pertuis vis-à-vis autant de moulins, E. Grangez, Voies navigables de France, p. 284.
  • 13Passage étroit et difficile dans une vallée, dans une montagne. Il n'est permis de dire pas pour passage, que pour exprimer quelque détroit de montagne, ou quelque passage difficile, comme le pas de Suse, tant de l'ancienne Suse que de celle des Alpes, et d'une infinité d'autres détroits que l'on appelle pas : gagner le pas de la montagne, Vaugelas, Rem. t. II, p. 976, dans POUGENS. Conduisant tout, et n'ayant point là de roi qui eût part à cette action comme vous à la Rochelle et au pas de Suse, Fénelon, Dial. des morts mod. Dial. 17. Notre unique ressource est de voler au secours des Phocéens, et de nous emparer du pas des Thermopyles, Barthélemy, Anach. ch. 61. Alexandre avait envoyé Parménion avec une partie de l'armée se saisir du pas de Syrie, afin d'avoir un débouché sûr pour les troupes, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VI, p. 232, dans POUGENS.
  • 14Détroit, passage de mer. Nous étions enfin hors de tous les pas périlleux qui font redouter la navigation des Moluques à Batavia, Bougainville, Voy. t. II, p. 322, dans POUGENS.

    Le pas de Calais, le détroit entre Calais et Douvres.

  • 15Seuil. Douglas recommande bien à son valet de ne pas désemparer le pas de la porte, Saint-Simon, 431, 237. J'ai rencontré près de l'hôtellerie une fille qui ne m'a pas aperçu, je pense, qui causait sur le pas d'une porte, Marivaux, l'Épreuve, 1.
  • 16Marche au devant d'une entrée. Prenez garde, il y a ici un pas.
  • 17 Fig. Préséance, droit de marcher le premier. Il ne me siérait pas D'insulter mon aînée à qui je dois le pas, Hauteroche, Bourg. de qualité, IV, 2. …Autrefois entre elles [deux chèvres] Il survint de grands débats Pour le pas, La Fontaine, Fabl. VII, 17. Autrefois l'éléphant et le rhinocéros, En dispute du pas et des droits de l'empire, La Fontaine, ib. XII, 21. Vous êtes d'une difficulté pour le pas, qui nous jettera dans un furieux embarras, Sévigné, 15 mai 1691. Le mortier et la pairie se disputent le pas, La Bruyère, XIV. Ils auraient le pas devant les Césars de Vendôme, Hamilton, Gramm. 3. L'indiscrétion d'un prêtre portugais, qui ne voulut pas céder le pas à un des premiers officiers du roi, fut la première cause de cette révolution [l'expulsion du christianisme hors du Japon], Voltaire, Mœurs, 142.

    Fig. Avoir le pas, l'emporter. Le saint respect des morts doit avoir le pas devant tout, Beaumarchais, Mère coupable, III, 8.

    Prendre le pas, entrer, passer le premier. Du pas devant sur moi tu prendras l'avantage ; Je serai le cadet et tu seras l'aîné, Molière, Amphitr. III, 7.

    Fig. L'esprit doit sur le corps prendre le pas devant, Molière, Femm. sav. II, 7. Lui-même il s'applaudit, et d'un esprit tranquille Prend le pas au Parnasse au-dessus de Virgile, Boileau, Sat. IV.

    Donner le pas à quelqu'un, le laisser par civilité passer le premier.

  • 18Au moyen âge, pas d'armes, sorte de tournois qui avaient pour objet de défendre un poste quelconque, soit un chemin ou un sentier de forêt, soit enfin un passage en rase campagne, mais fermé par des barricades. Outre les tournois, on institua les pas d'armes, et ce même roi René fut encore législateur de ces amusements, Voltaire, Mœurs, 99. Que d'alarmes ! Que de larmes ! Un pas d'armes, C'est très beau ! Hugo, Ball. 12.

    Ouvrir le pas, commencer un tournoi.

    Fig. Commencer une discussion.

  • 19 Fig. Acte comparé à un pas qui se fait. Un pas hors du devoir nous peut mener bien loin, Corneille, Suréna, IV, 3. Je suis un peu triste de ne plus savoir ce qui se passe en Hollande ; quand je suis partie, on était entre la paix et la guerre ; c'était le pas le plus important où la France se soit trouvée depuis très longtemps, Sévigné, 16 juill. 1672. Donnez-moi encore un moment pour vous raconter la suite de leurs erreurs et tous les pas qu'ils ont faits pour s'enfoncer dans l'abîme, Bossuet, Hist. II, 10. J'allai d'un pas hardi… Assez près de Régnier m'asseoir sur le Parnasse, Boileau, Ép. X. Par des faits glorieux tu te vas signaler ; Poursuis, tu n'a pas fait ce pas pour reculer, Racine, Brit. v, 6. Sur des pas différents vous marchez l'un et l'autre, Racine, ib. V, 1. Bajazet touche presque au trône des sultans ; Il ne faut plus qu'un pas ; mais c'est où je l'attends, Racine, Bajaz. I, 3. Si mes accusateurs observent tous mes pas, Racine, Brit. IV, 2. Ne peut-il faire un pas qu'il ne vous soit suspect ? Racine, ib. I, 2. Le succès que les Romains eurent contre Philippe fut le plus grand de tous les pas qu'ils firent pour la conquête générale, Montesquieu, Rom. 5. Je touche au dernier pas de ma longue carrière, Voltaire, Alz. I, 1. Les pas que l'on fait dans le Milanais, à Venise et à Naples sont des pas de tortue, Voltaire, Lett. Levenhaupt, 13 fév. 1768. Cela fait voir combien, en philosophie, le plus petit pas est difficile à faire, Condillac, Art de penser, part. I, 13. Ciel ! j'adore en mourant ta sagesse profonde, Si j'avance d'un pas la liberté du monde, Chénier M. J. Gracques, III, 10. Les derniers pas de la vie sont toujours lents et difficiles, Staël, Corinne, XX, 5.

    Pas de clerc, voy. CLERC, n° 3.

  • 20Allées et venues, peines qu'on prend pour quelque affaire. Je ne songe qu'à vous ; les pas que je fais pour vous sont les premiers ; les autres viennent après comme ils peuvent, Sévigné, 123. Il faut qu'elle fasse des pas pour une intendance qui est vacante, Sévigné, 311. Comme si vous aviez oublié le commerce de l'amitié, et que vous ignorassiez le plaisir de faire des pas pour ceux qu'on aime, Sévigné, 536. Résolvez avec lui les pas qu'il faudra faire du côté du cardinal, Bossuet, Lett. quiét. 99. J'ai encore fait un pas pour M. Brillon, qui sera, je crois, aussi inutile que les autres, Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, 30 juin 1680. Je vous promets du moins Que je n'épargnerai ni mes pas, ni mes soins, Lachaussée, Mélanide, II, 3.

    On dit aussi : pas et démarches.

    Salle des pas perdus, grande salle servant d'antichambre à toutes les chambres des tribunaux, ainsi nommée parce que les plaideurs y perdent souvent leurs pas et leur temps.

    Mettre une chose au rang des pas perdus, n'en tenir aucun compte. Mais ceux [les services] qu'il m'a rendus, Il ne les faut pas mettre au rang des pas perdus, Corneille, Mél. V, 6.

    Regretter ses pas, regretter les peines qu'on s'est données.

    Plaindre ses pas, ne pas aimer à prendre de la peine pour autrui.

  • 21Chez les tisserands, passage du fil dans la lame.

    Être hors du pas, prendre un fil pour un autre.

    Pas dur, partie du métier des fabricants de gaze où répond une des trois marches.

  • 22 Terme de construction. Se dit des entailles faites sur la plate-forme d'un comble pour recevoir le pied des chevrons.

    Terme de marine. Entailles où se logent les épontilles sur la carlingue.

  • 23Pas de vis, l'espace compris entre deux filets d'une vis.

    Pas carré ou à l'anglaise, se dit d'une vis lorsque le fond entre chaque filet est aussi évasé que le devant.

    Pas d'écrou, les filets intérieurs d'un écrou.

    Chaque tour que le gros câble fait sur l'arbre de la roue d'une carrière.

    En horlogerie, pas, nom qu'on donne à chaque tour que fait la fusée ou à chaque tour que fait la chaîne ou la corde autour de la fusée. Les fusées ont ordinairement sept pas ou sept pas et demi.

  • 24Les artisans disent qu'ils ont des outils de toutes sortes de pas, c'est-à-dire de toutes sortes le grandeurs.
  • 25Pas d'âne, instrument avec lequel on maintient ouverte la bouche du cheval pour 'examiner.

    Pas d'âne, nom donné, dans les épées du XVIe siècle, à des pièces de la garde qui sont en forme d'anneau et qui vont des quillons à la lame. Le seigneur le prit et mit un pied sur la lame… alors Collinet s'écria : venez voir, messieurs, le grand miracle que l'on fait à mon épée : je l'ai apportée ici avec une simple poignée et sans garde défensive, et voilà maintenant que l'on y met le plus beau pas d'âne du monde, Francion, VI, p. 237.

    Pas d'âne, nom vulgaire du tussilage, à cause de la forme de la feuille.

  • 26Ancien terme de fortification. Pas de souris, chemin de trois pieds de largeur entre le rempart et le fossé, qui s'appelle lisière et berne.

    À pas de souris, à la queue l'un de l'autre. Paix ! marchons à pas de souris, Le P. Brumoy, la Boîte de Pand. I, 2.

  • 27Pas à pas, loc. adv. Un pas après l'autre, doucement. Ainsi s'avançaient pas à pas, Nez à nez nos aventurières, La Fontaine, Fabl. XII, 4. Je vous vois, ma fille, et je vous suis pas à pas : je vois entrer, je vois sortir, je vois quelques-unes de vos pensées, Sévigné, 161. La longue habitude qu'elle [la mule] avait de marcher pas à pas sous mon oncle, lui avait fait perdre l'usage du galop, Lesage, Gil Blas, I, 2.

    Fig. Vous achèverez seule ; et, pas à pas, tantôt Je vous expliquerai ces choses comme il faut, Molière, Éc. des femm. III, 2. Il faut marcher pas à pas dans cette voie, Bossuet, Lett. Corn. 61. Conduit pas à pas de malheurs en malheurs, Genlis, Vœux téméraires, t. III, p. 230, dans POUGENS.

  • 28De ce pas, tout de ce pas, tout d'un pas, loc. adv. À l'heure même. Allons-y de ce pas, Corneille, Médée, IV, 4. J'y vais tout de ce pas, Corneille, Œdipe, III, 4. Enseigne-moi, de grâce, De mon voleur, lui dit-il, la maison ; Que de ce pas je me fasse raison, La Fontaine, Fabl. VI, 2. Et tout d'un pas s'en va trouver Janot, La Fontaine, Rich. Je m'en vais réparer l'erreur que j'ai commise, Et, dès ce même pas, rompre mon entreprise, Molière, l'Ét. I, 10. Adieu, je vais trouver Roxane de ce pas, Racine, Bajaz. II, 5. Et de ce même pas je vais parler au roi, Voltaire, Vanité.

PROVERBES

Pas à pas, on va bien loin, c'est-à-dire quelque lentement qu'on procède, on ne laisse d'avancer beaucoup dans un ouvrage, quand on y travaille sans discontinuité.

La peur a bon pas, c'est-à-dire elle oblige à marcher vite.

Il n'y a que le premier pas qui coûte, c'est-à-dire le plus difficile en toutes choses est de commencer. Le cardinal de Polignac, parlant du miracle de saint Denis, appuyait beaucoup sur ce qu'il y a deux lieues de Paris à Saint-Denis : Monseigneur, dit une femme d'esprit, il n'y a que le premier pas qui coûte, Condillac, Art d'écr. II, 10.

HISTORIQUE

XIe s. Segnur barun, suef pas alez tenant, Ch. de Rol. LXXXIX. Son petit pas [il] s'en turne chancelant, ib. CLXIII.

XIIe s. Ne jamais en s'aië [à son aide] n'irons ne pas ne trot, Sax. XVII. Je passerai le pas ù tuit passent ; mais or te haite [présentement sois allègre], Rois, p. 227. Li roiz li vout [voulut] doner du regne la moitié ; Rou nel vout mie prendre, ainz li a tout laissié : Jà n'en ara, dit il, ne plain pas ne plain pié, Rou, V. 1406. Tres-tout le pas [dans toute la marche] n'i ot noise ne cris, Garin, t. I, p. 218. Alez le pas, n'aiez soing de fuir, ib. p. 175.

XIIIe s. Il venoient le petit pas tuit ordené, Villehardouin, LXXXI. À grant richoise [richesse] l'espousa, Et molt grant joie en demena ; Quinze jors a li pas [d'armes] duré, Lai de Melion. Et venoient plus que le pas, Lai du trot. [Elle] Ist [sort] de la sale descendant Pas por pas aval le degré, Lai de l'ombre. Quant le roy oy dire que l'enseigne Saint Denis estoit à terre, il en alla grant pas parmi son vessel, Joinville, 215.

XIVe s. Et entre nous irons, mais que chacun l'ottrie, Droit au pont de Lussac, qui loin de nous n'est mie, Là garderons le pas contre adverse partie, Guesclin. 19027.

XVe s. On regarda que on bailleroit aux gens d'armes deux capitaines, lesquels ouvriroient le pas, Froissart, II, III, 53. [Jean et Nicolas, deux jouteurs] s'en vinrent pas pour pas l'un contre l'autre, Froissart, II, II, 85. Et tantost se rangerent sur le pas de la riviere, pour garder et defendre le passage, Froissart, I, I, 279. Quand ils veirent que les vivres leur amenuysoient, et leur estoient clos les pas de mer et de terre (parquoy nulles gens ne leur pouvoient venir), si commencerent à traiter…, Froissart, I, I, 58. Quand ces trois batailles furent ordonnées, le roi d'Angleterre monta sur un petit palefroy, un blanc baston en sa main, à dextre de ses mareschaux, et puis alla tout le pas de rang en rang, en amonestant et priant les comtes, les barons…, Froissart, I, I, 284. Or en sui hors ; mon cueur en est tout las ; Il ne veut plus d'amours passer le pas, Pour bien ou mal que jamais lui adviengne, Orléans, Songe en complainte. Tout beau, pas à pas, Reffrain ton courage, Qu'en si long voyage Ne deviegnes las, Orléans, Rondeau. Il fust bon que je m'en allasse, Avant qu'il eust passé le pas [qu'il fût mort], Patelin. Perrine Hulote dist sur ce pas [là-dessus] que, quant les petits enfans portent banieres et confanons en chantant par les rues, c'est tout signe de mortalité, les Évang. des quenouilles, p. 25. Item demi arpent de pré d'une part, neuf pas [sorte de mesure] de pré d'autre part, et cinq pas de pré de l'autre part, tenant ensemble, et contenant le tout trois quartiers de pré ou environ, Du Cange, passus. Entre tous ceulx que j'ay jamais cogneuz, le plus sage pour soy tirer d'ung mauvais pas et temps de adversité, c'estoit le roy Loys unziesme nostre maistre, Commines, I, 10. Encore en ce pas [à ce propos] me faut alleguer nostre maistre, Commines, III, 12.

XVIe s. Faire un pas de clerc, Montaigne, I, 28. L'armée ennemie estoit à trois pas de luy, Montaigne, I, 44. Il luy valoit mieulx passer une fois le pas que demourer tousjours en cette transe, Montaigne, I, 138. Ils se retirerent le petit pas, monstrants tousjours les dents, Montaigne, I, 343. Ils ouvrirent le pas [passage] à leurs gents de pied, Montaigne, I, 367. Le pas des Thermopyles, Amyot, Thém. 16. Comme il fut arrivé bien près de passer le pas de la mort…, Amyot, Péric. 73. Ilz se retirerent en reculant pas à pas en arriere, Amyot, Pélop. 58. Et sembloit bien à chascun que tout de ce pas il deust aller prendre la ville de Sparte, Amyot, Démétr. 46. L'armée de ce pas assiegea Bri sur Seine, D'Aubigné, Hist. I, 319. Puisque à ce jour-là vous devez ouvrir le pas du tournoy…, Carloix, VII, 24. Le jus de l'herbe nommée tussilago, ou pas d'asne, Paré, XXIV, 38. L'armée du duc de Mayenne estoit composée de nations differentes, chargée de bagage et de gens qui ne marchoient qu'au pas de la picque et à petites journées, Mém. d'Angoulesme, p. 60 dans LACURNE. Il aimoit aussi fort l'exercice des chevaux et à les picquer ; et ceux qui alloient plus haut, c'estoient ses favoris, comme j'ay veu le moreau [cheval noir] superbe qui alloit à deux pas et un saut, et d'un très haut et bel air, Brantôme, Cap. fr. t. IV, p. 26, dans LACURNE. Il les mena [certains seigneurs qui se faisoient indépendants] si bien et si beau, qu'il les reduisit au petit pas [au petit pied], Brantôme, Cap. estr. t. II, p. 218. J'auray fait en deux pas et un sault, Cotgrave Pas à pas le bœuf prend le lievre, Cotgrave Le roy n'oublia jamais quand monsieur l'admiral luy fit faire la traitte de Meaux à Paris plus viste que le pas, Montluc, VII.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. PAS.
10Ajoutez :

Un pas de conduite, action de conduire pendant un bout de chemin. Chemin faisant, il rencontra le plus jeune des fils, garçon très doux, qui lui donna un pas de conduite, Monit. univers. 11 nov. 1868, p. 1467, 2e col.

20Salle des pas perdus… Ajoutez :

Le pas perdu, se dit quelquefois d'une espèce d'antichambre. On hésite, on proteste ; mais peu à peu, tout en valsant, on s'approche de la porte du salon qu'on franchit ; on passe également le pas perdu ; et enfin, de pirouettes en pirouettes, de protestations en hésitations, on arrive à la porte de la rue, puis à celle d'un coupé…, le National de 1869, 24 janv. 1869.

26 Terme de fortification. Pas de souris, escalier étroit et raide qui descend dans le fossé du corps de place.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

PAS. POINT, (Synon.) pas énonce simplement la négation. Point appuie avec force & semble l’affirmer. Le premier souvent ne nie la chose qu’en partie ou avec modification. Le second la nie toujours absolument, totalement & sans réserve. Voilà pourquoi l’un se place très-bien devant les modificatifs, & que l’autre y auroit mauvaise grace. On diroit donc n’être pas bien riche & n’avoir pas même le nécessaire ; mais si l’on vouloit se servir de point, il faudroit ôter les modificatifs, & dire n’être point riche, n’avoir point le nécessaire.

Cette même raison fait que pas est toujours employé avec les mots qui servent à marquer le dégré de qualité ou de quantité, tels que beaucoup, fort, un, & autres semblables. Que point figure mieux à la fin de la phrase devant la particule de, & avec le mot du tout, qui au lieu de restraindre la négation, en confirme la totalité.

Ce n’est pas assez de dire que pour l’ordinaire les Philosophes ne sont pas riches ; il faut ajouter que dès qu’il s’agit d’acquérir des richesses aux dépens de la probité, ils n’en veulent point à ce prix. Regle générale, on doit employer la particule négative point, quand elle a la signification de jamais.

Toutes les fois que les particules pas ou point font des pléonasmes, il faut les retrancher. Le P. Bouhours a quelquefois fait cette faute. « Il en est, dit-il, de Tancrede dans la Jérusalem délivrée, comme de Sancerre dans la princesse de Cleves ; leur affliction est plus naturelle au commencement qu’elle ne l’est pas dans la suite. » Maniere de bien penser. Voyez les remarques de Vaugelas sur pas & point, tom. II. avec les notes de Thomas Corneille. (D. J.)

Pas d’ane, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur radiée, dont le disque est composé de plusieurs fleurons, & la couronne de demi-fleurons ; les fleurons & les demi-fleurons sont placés sur des embryons & soutenus par un calice profondément découpé. Les embryons deviennent dans la suite des semences qui sont garnies d’une aigrette, & attachées à la souche. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les fleurs naissent avant les feuilles. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Pas d’ane, (Medecine.) il est pectoral, propre pour les rhumes où les crachats sont épais, visqueux ; c’est un béchique expectorant, détersif ; il adoucit les ulceres de la poitrine ; il est bon pour purifier le sang ; on se sert de ses fleurs & de sa racine. On en fait un sirop, une conserve, dont on fait usage dans les affections de la poitrine, telles que la toux, la pleurésie, & autres.

Pas, (Géogr.) est en général une mesure déterminée par l’espace qui se trouve entre les deux piés d’une personne qui marche. Voyez Mesure.

Le pas ordinaire est de deux piés & demi ; plusieurs le font cependant de trois piés ; le pas géométrique, ou le pas allemand, appellé aussi le grand pas, est de cinq piés. Voyez Pied.

Les anciens milles romains & les milles italiens modernes sont de mille pas, mille passus. La lieue françoise est de trois mille pas ; la lieue allemande est de quatre mille pas. Voyez Mille, Lieue, &c. Chambers. (E)

Pas se dit aussi du pié d’un animal ; j’ai remarqué le pas d’un loup.

Pas, (Droit politiq) ce terme se dit des divers degrés de prééminence entre les princes ; ils sont assez connus, & ne peuvent intéresser essentiellement leurs sujets ; aussi toutes les disputes sur le pas & les préséances dans un congrès pour la paix, ne font qu’arrêter par des difficultés frivoles, la célérité de conventions très-importantes au bien public. (D. J.)

Pas d’armes, en Chevalerie ; est une place que les anciens chevaliers entreprenoient de défendre ; par exemple, un pont, un chemin, &c. par lequel on ne sauroit passer sans combattre la personne qui le garde. Voyez Chevalier, Chevalerie, & Aumônes

Les chevaliers qui défendoient le pas pendoient leurs armes à des arbres, à des poteaux, à des colonnes, &c. élevées pour cet usage ; & quiconque étoit disposé à disputer le passage, touchoit une de ces armoiries avec son épée, ce qui étoit un cartel que l’autre étoit obligé d’accepter ; le vaincu donnoit au vainqueur le prix dont ils étoient convenu avant le combat.

On appelloit aussi pas d’armes le combat ou défi qu’un tenant ou seul, ou accompagné de plusieurs chevaliers, offroit dans les tournois contre tous venans ; ainsi en 1514, François, duc de Valois, avec neuf chevaliers de la compagnie, entreprit un pareil combat appellé le pas de l’arc triomphal, dans la rue Saint-Antoine à Paris, pour les fêtes du mariage de Louis XII. & le tournois où Henri II. fut blessé à mort en 1559, étoit aussi un pas d’armes, puisqu’il est dit dans les lettres de cartel, que le pas est ouvert par sa majesté très-chrétienne, &c. pour être tenu contre tous venans dûement qualifiés. Le funeste accident qui mit ce prince au tombeau, a fait cesser ces dangereux divertissemens.

Pas de vis, est la distance qui se trouve entre deux cordons ou trois immédiatement consécutifs de la spirale qui forme la circonférence de la vis. Cette distance se mesure non par la perpendiculaire menée sur les deux tours ou cordons voisins, mais elle s’estime suivant la longueur de la vis. Voyez Vis. (O)

Pas de souris, dans la Fortification, sont les haliers ou degrés qu’on pratique aux angles saillans & rentrans de la contrescarpe pour monter du fossé dans le chemin couvert. (Q)

Pas de camp, (le) est celui dont on se sert ordinairement pour mesurer les différens espaces nécessaires pour camper & pour mettre les troupes en bataille. Ce pas est de trois piés de roi.

Outre le pas de camp, il y en a trois autres, que l’ordonnance du 6 Mai 1755 a établis pour les mouvemens des troupes. Ces pas sont le petit pas, qui est d’un pié mesuré d’un talon à l’autre ; le pas ordinaire, qui est de deux piés, & le pas redoublé, qui se fait une fois plus vîte que les précédens.

Le petit pas & le pas ordinaire doivent se faire chacun dans l’intervalle d’une seconde, pendant laquelle on peut prononcer distinctement un, deux. Dans ce même tems on fait deux pas redoublés.

Le petit pas, l’ordinaire & le redoublé, peuvent être directs ou obliques. Ils sont directs lorsque la troupe marche directement devant elle, & obliques lorsque les soldats s’avancent par le côté.

Le petit pas rend la marche grave & majestueuse ; l’ordinaire la rend propre à durer longtems ; à l’égard du pas redoublé, il convient lorsqu’il faut tomber avec vivacité sur l’ennemi ; comme il se fait avec une fois plus de vîtesse que les autres, on ne peut s’en servir que pour parcourir un espace trop court, pour fatiguer les troupes & les mettre hors d’haleine.

Les soldats doivent être exercés à exécuter ensemble ces différens pas, de la même maniere que si toutes les parties de la troupe ou du bataillon n’avoient qu’un seul & même mouvement. Le bruit des instrumens peut servir très-utilement à faire acquérir cette justesse & cette précision aux soldats ; mais les fréquens exercices peuvent aussi y suppléer. Thucydide dit que dans la bataille de Mantinée, gagnée par Agis sur les habitans de cette ville, les Lacédémoniens s’avancerent posément au son de la flute, dont il y avoit plusieurs entremêlées dans les bataillons, non pour chanter l’hymne du combat, mais pour marcher d’un pas égal & comme en cadence, de peur de rompre les rangs, comme il arrive d’ordinaire aux grandes armées. (q)

Pas, terme de Manege, est une certaine maniere dont un cheval peut se mouvoir & avancer. Voyez Cheval.

Il y a trois sortes de pas naturels au cheval, savoir le pas proprement dit, ou le marcher, le trot, & le galop ; quelques-uns y ajoutent l’amble, parce que ce dernier pas est naturel à quelques chevaux. Voyez Trot, Galop, Amble, &c.

A l’égard des pas artificiels. Voyez Airs.

Les chevaux qui mêlent leurs pas, c’est-à-dire par exemple le marcher & l’amble, &c. sont rarement bons ; leur défaut vient d’un tempérament bouillant & inquiet, & quelquefois aussi d’une foiblesse de reins ou de jambes.

Pas se dit plus particulierement de l’espece de marcher tranquille, où un cheval leve en même tems les jambes diamétralement opposées, une devant & l’autre derriere, ce qui est le mouvement du trot. Voyez Trot.

Pas, s. m. pl. (Architect.) petites entailles, par embrevement, faites sur les plate-formes d’un comble, pour recevoir les piés des chevrons. (D. J.)

Pas d’une porte, (Architect.) c’est précisément la pierre qu’on met au-bas d’une porte entre ses tableaux, & qui differe du seuil, en ce qu’elle avance au-delà du nud du mur en maniere de marche.

Pas, (Arpentage.) mesure dont on se sert pour arpenter les terres ; le pas d’arpentage à la Martinique est de trois piés & demi de la mesure de Paris ; à la Guadeloupe & aux autres îles Antilles françoises il n’est que de trois piés.

Pas, terme de Carrier, signifie chaque tour que le gros cable fait sur l’arbre de la roue d’une carriere ; ainsi lorsque les carriers d’en-bas crient à ceux d’en-haut de lâcher un pas pour débrider, ils veulent faire entendre qu’il faut lâcher un tour de roue pour débrider la pierre qui a été mal bridée, & la brider plus surement. (D. J.)

Pas, (Charpenterie.) est un embrevement dans les sablieres & plateformes pour recevoir le pié des chevrons.

Pas, en terme de Danse, se dit des différentes manieres d’y conduire ses pas en marchant, en sautant & en pirouettant : voici les noms des principaux pas de danse.

Le pas se prend en général pour une composition faite sur un air ; ainsi on dit il a fait un beau pas sur une telle chacone, sur une telle gigue. Au propre c’est un mouvement d’un pié d’un lieu à un autre, ce qui se fait en cinq manieres, quand on porte également les deux piés ou en-avant, ou en-arriere, ou de côté.

Le pas droit est un pas qui se fait en ligne droite.

Le pas grave ou ouvert, se dit lorsqu’on écarte en marchant un pié de l’autre en décrivant un demi-cercle.

Le pas battu, est lorsqu’on passe une des jambes par-dessus l’autre, ou par-dessous, avant que de poser le pié à terre, ou qu’on bat d’une cuisse contre l’autre.

Le pas tourné est lorsqu’on fait un tour des jambes, ou qu’on décrit un cercle entier avec le pié en-avant ou en-arriere ; il s’appelle aussi tour de jambes.

Le pas tortillé est lorsqu’on fait mouvoir un pié sur une ligne parallele à celui qui est posé à terre, & qu’en le posant à terre on le remet à angle droit ; ou autrement, c’est lorsqu’en partant on met la pointe du pié en-dedans, & en le posant on la remet en-dehors ; il se fait de la hanche.

On appelle pas avec mouvement, ceux que l’on fait avec les plis des genoux.

Le pas relevé ou neuf, se fait lorsqu’après avoir plié au milieu du pas, on se releve en le finissant.

Pas balancé, ou balancement, se fait lorsqu’on se jette à droite avec mouvement sur la pointe du pié, pour faire ensuite un coupé ; on l’appelle demi-coupé.

Pas coupé, c’est lorsqu’après avoir fait un pas avec mouvement, on en fait un autre plus lent, de quelque maniere qu’il soit.

Pas dérobé, est lorsque les deux piés se meuvent en même tems dans un sens opposé.

Pas glissé, est lorsqu’on fait un pas plus grand qu’il ne doit être naturellement ; car sa grandeur naturelle & déterminée est la largeur des épaules.

Pas chassé, ou simplement chassé, c’est lorsqu’on plie avant que de mouvoir le pié.

Pas tombé, se dit lorsqu’on ne plie qu’après avoir posé le pié qu’on a mu.

Les pas mignardés se font quand le mouvement des piés suit les dimensions qui sont sur les notes de musique, comme lorsqu’on étend les cinq minimes blanches en dix minimes noires.

Il y a aussi des pas qu’on appelle pas de courante, de bourrée, de menuet, de gavotte, de branle, de canarie, de traquenart, de bocane, de sissonne, de ballet, &c. danser les cinq pas.

Les pirouettes, les sauts, les cabrioles, les demi-cabrioles & fleurets sont mis au rang des pas, Voyez-les à leur ordre.

Pas de menuet, (Danse.) ce pas est composé de quatre autres, qui par leur liaison n’en font qu’un ; il a trois mouvemens & un pas marché sur la pointe du pié. Le premier mouvement est un demi-coupé du pié droit & un du gauche. Le second est un pas marché du pié droit sur la pointe, & les jambes étendues. Le troisieme enfin, est qu’à la fin de ce pas, on laisse poser doucement le talon droit à terre pour laisser plier le genoux, qui par ce mouvement fait lever la jambe gauche qui se passe en-avant, en faisant un demi-coupé échappé ; ce troisieme mouvement fait le quatrieme pas du menuet : mais comme ce pas demande trop de force dans le coup-de-pié, on a trouvé le moyen de l’adoucir.

Pas du menuet adouci. Il se commence par deux demi-coupés, le premier du pié droit, & le second du pié gauche ; ensuite deux pas marchés sur la pointe des piés, savoir l’un du droit & l’autre du gauche, ce qui s’exécute dans le cours de deux mesures à trois tems, dont l’une s’appelle cadence, & l’autre contre-cadence.

On peut encore le diviser en trois parties égales. La premiere est pour le demi coupé ; la seconde pour la deuxieme, & les deux autres pas marchés pour la troisieme.

Ce pas se fait de suite en plaçant le pié gauche devant. Alors on apporte le corps dessus, en approchant le pié droit auprès du gauche à la premiere position, là on plie sans poser le pié droit à terre ; on passe le même pié devant soi à la quatrieme position, & l’on s’éleve du même tems sur la pointe du pié en étendant les deux jambes l’une près de l’autre. On pose ensuite le talon droit à terre afin d’avoir plus de fermeté, & l’on plie du même tems sur le droit, sans poser le gauche que l’on passe devant jusqu’à la quatrieme position, comme on a déjà fait du pié droit. Du même tems on se leve en-dessus, & l’on marche les deux autres pas sur la pointe des piés, l’un du droit & l’autre du gauche ; mais au dernier il faut poser le talon à terre afin de prendre le pas de menuet avec plus de fermeté.

A l’égard des demi-coupés, il faut ouvrir exactement les genoux & tourner la pointe fort en-dehors, en faire plusieurs de suite en-avant pour en contracter l’habitude ; s’élever également pour faire succéder ces deux mouvemens ; après s’être élevé au second demi-coupé, ne pas laisser tomber le talon afin de faire une liaison avec les deux pas marchés ; & au dernier, qui est du pié-gauche, laisser poser le talon à terre pour reprendre un autre pas.

Le pas en-arriere se fait à-peu-près de la même maniere que le pas en-avant, excepté qu’au premier demi-coupé du pié droit, on laisse la jambe gauche étendue devant soi, & que l’on plie en même tems sur le droit. Pour le second pas, on approche le talon gauche du pié droit, ou on l’arrête en pliant jusqu’à la derniere extrémité qu’on le passe derriere soi pour se relever.

Le pas de côté. Il y en a de deux sortes, l’un qui se fait à droite & qui est nommé ouvert, & l’autre qui se fait à gauche. Dans le premier, on porte le premier pas à la seconde position ; il se fait de même que le pas en-arriere, dont il ne differe que dans le chemin ; l’arriere se fait en reculant sur une même ligne droite ; & celui de côté se fait sur une ligne horisontale en allant à droite. L’autre pas de côté se fait en revenant du côté gauche, il n’est différent du droit qu’en ce qu’il est croisé, quoiqu’il se fasse sur une même ligne, mais en revenant de droite à gauche, le corps étant sur le pié gauche, on plie dessus ; on croise ensuite le droit devant jusqu’à la cinquieme position ; alors on se leve, & la jambe suit & s’étend à côté de la droite, les deux talons l’un contre l’autre. De-là on pose le talon droit & l’on plie dessus les pointes tournées en-dehors ; on glisse ensuite le pié gauche jusqu’à la deuxieme position, où l’on se leve sur la pointe les jambes bien étendues sans poser le talon, & l’on fait après deux pas.

Pas d’ane, terme d’Eperonnier, sorte de mords qu’on donne aux chevaux qui ont la bouche forte. (D. J.)

Pas-dur, terme de Fabriquant en gase, c’est la partie du métier du gasier, où répond une des trois marches, & qui sert à foncer, c’est-à-dire à baisser la soie ; on l’appelle pas-dur, parce qu’il est le plus pesant & le plus difficile à faire mouvoir. Voyez Gase ; l’autre pas s’appelle pas-doux.

Pas, (Horloger.) c’est en Horlogerie chaque tour que fait la fusée, ou chaque tour que fait la chaîne on la corde autour de la fusée ; les fusées ont ordinairement sept pas, ou sept pas & demi. (D. J.)

Pas d’ane, terme d’Horlogerie, c’est un petit ressort oblong qui a une fente qui va depuis l’extrémité de sa longueur jusqu’au milieu. Voyez la fig.

Ce ressort est courbé, comme on peut le voir dans nos Planches d’Horlogerie : son usage est de presser deux pieces, deux roues, &c. l’une contre l’autre, de façon cependant qu’on puisse les faire tourner l’une sur l’autre d’un mouvement assez doux.

Supposant, par exemple qu’on veuille faire tenir ensemble les deux pieces A, CDER étant l’arbre de la roue CD qui passe au-travers de l’autre AB, on l’entaille de chaque côté de l’axe, de façon que l’épaisseur II ne soit pas plus grande que la fente du ressort, & que la distance IE entre le haut de l’entaille & le plan de la roue AB soit moindre que la hauteur RT de la convexité du ressort ; ensuite tournant sa concavité vers la roue AB, on le fera entrer sur l’arbre, c’est-à-dire on fera entrer cette partie II dans sa fente, & on la poussera jusqu’au milieu de sa longueur : par ce moyen ces deux roues seront pressées l’une contre l’autre par l’élasticité du ressort, de façon cependant qu’elles pourront tourner indépendamment l’une de l’autre avec assez de facilité. Voyez Réveil, &c.

Pas, (Rubanier, Passementier, Ourdisseur.) On entend par ce mot toute levée de chaîne opérée par l’enfoncement d’une marche, laquelle levée donne passage à la navette. Il faut expliquer cette opération, relative au passage du patron sur lequel roule presque toute la méchanique de ce métier. Un patron dont toute la largeur est de huit dixaines sur le papier reglé, fait en tout 80 rames, dont on verra le passage à l’article Passage des rames, où l’on expliquera seulement le passage d’une seule, ce qui suffira pour toutes : que ce patron soit de six retours ; & pour se faire une idée du mot pas la plus succinte & la plus claire qu’il est possible, il faut entendre que tous les points noirs de la largeur du patron sont autant de rames qui levent sur cette premiere marche, & qui occasionnent la levée d’autant de parties de la chaîne, qui donne par conséquent passage au premier coup de navette ; la seconde marche fera lever de même les rames de la seconde ligne du patron, & ainsi des autres. Observez sur cette seconde marche, & sur toutes les autres, que comme elles se trouvent alternativement seconde eu égard à chaque premiere, que tous les points qui sont noirs sur chaque premiere, sont blancs sur chaque seconde, ce qui fait la liaison de la trame & la formation du dessein par les croisés des parties de la chaîne, & ce qui en produit les différens contours. Cette répétition des points noirs & blancs doit faire aisément comprendre à tout homme sensé que toutes les rames qui ne levent point sur un pas sont censées & effectivement restent en repos : ce repos ne laisse pas d’opérer son effet en dessous de l’ouvrage, qui par conséquent n’a point d’envers, puisque ce qui vient d’être fait en dessus va se faire de même en-dessous. Les croisés dont on vient de parler se nomment parfil ou parfilure (Voyez Parfilure) ; il faut se souvenir que ce qui vient d’être dit des deux premieres lignes du patron, doit s’entendre de deux en deux, de même de toutes les autres qui les suivent jusqu’à la fin du patron.

Pas, terme de Tisserand ; c’est le passage du fil dans la lame. Etre hors du pas, c’est prendre un fil pour un autre, ou en échapper un sans le prendre.

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France Terme

Distance séparant deux lignes d'interconnexion voisines dans un circuit intégré ou sur un circuit imprimé nu.

Notes : Plus précisément, cette distance est celle qui sépare les axes centraux des lignes.

FranceTerme, Délégation générale à la langue française et aux langues de France

Étymologie de « pas »

Provenç. pas ; esp. paso ; ital. passo ; du lat. passus, que l'on rapproche du grec πάτος, chemin frayé ; all. Pfad ; angl. path ; sanscrit, pad, aller ; lat. petere.

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(Nom) Du latin passus (« pas, enjambée, marche » ou « trace de pas »).
(Adverbe) De l’usage en ancien français d’ajouter un substantif signifiant « le moindre » après ne :
  • Je ne bois goutte. — Je ne mange mie. — Je ne marche pas.
L’usage de pas s’est généralisé par un cycle de Jespersen et la négation ne est pour sa part devenue optionnelle dans le langage courant :
  • Je marche pas dans cette combine. — J’vois pas où tu veux en venir.
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Phonétique du mot « pas »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
pas pa

Fréquence d'apparition du mot « pas » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « pas »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « pas »

  • Rater ne compte pas.
    Proverbe guadeloupéen
  • Vivre ne suffit pas.
    Emmanuel Wathelet
  • Qui ne travaille pas, ne mangera pas.
    Capitaine John Smith — Jamestown
  • Pas de patience, pas de science.
    Jean-Pierre Jarroux
  • L'amour est rebelle. Pas de règles, pas de lois, pas de commandements, pas de frontières, pas de barrières, donc pas de limites.
    Hélène de Fougerolles — Cosmopolitan - Octobre 2007
  • Pas à pas, on va loin dans un jour.
    Proverbe français
  • C'est parce qu'on imagine simultanément tous les pas qu'on devra faire qu'on se décourage, alors qu'il s'agit de les aligner un à un.
    Marcel Jouhandeau — De la grandeur, Grasset
  • En ce mois de juillet, le soleil est de plomb mais sur le tarmac, point de vedettes du show-biz. La seule part d'évasion est offerte par un Pilatus gris métallique immatriculé au Luxembourg qui décolle pour emmener ses passagers vers Saint-Tropez.
    leparisien.fr — Crise du coronavirus : la reprise à petits pas de l’aéroport du Bourget - Le Parisien
  • Le premier pas est le dernier pas.
    Jiddu Krishnamurti — L'éveil de l'intelligence
  • « Étant donné les inquiétudes mondiales croissantes sur la propagation de la Covid-19, il n'est pas possible de rassembler, de façon sûre, des dizaines de milliers de personnes à Las Vegas début janvier 2021 pour se rencontrer et faire des affaires en personne », explique l'organisateur, la Consumer Technology Association (CTA).
    leparisien.fr — Covid-19 : le CES de Las Vegas n’ouvrira pas ses portes - Le Parisien
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Traductions du mot « pas »

Langue Traduction
Anglais not
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Basque ez
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Synonymes de « pas »

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Antonymes de « pas »

Combien de points fait le mot pas au Scrabble ?

Nombre de points du mot pas au scrabble : 5 points

Pas

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