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Ne

Définitions de « ne »

Trésor de la Langue Française informatisé

NE, N', adv.

[Adverbe non prédicatif. Marque la négation, seul ou en liaison avec un autre mot négatif appelé ci-dessous auxil. négatif (I); peut entrer aussi en relation avec la conjonction restrictive que (II); apparaît comme explétif dans certains emplois (III)] .
Rem. 1. Ne ne peut être séparé du verbe que par un pron. non prédicatif compl. Le jeune ménage, ambitieux, travaillé d'un désir de fortune prompte, était parti pour Chartres. Mais, d'abord, rien ne leur y avait réussi (Zola, Terre, 1887, p.47). a) Si le verbe est à la forme inf., ne peut cependant être séparé du verbe par certains auxil. négatifs de nature adv. et certains adv. Ne pas même comprendre que la curiosité de l'art commence là où les sens cessent de servir! (Huysmans, Là-bas, t.1, 1891, p.6). b) Si le verbe est à la forme comp. (de type auxil. + verbe), ne se place devant l'auxil. (infra ex. 3). 2. Le e muet de ne s'élide devant une voyelle ou un h non aspiré. Un auteur est dit plantureux, qui, souvent, n'est qu'avare et ne sait, ou n'ose, rien supprimer (Gide, Journal, 1930, p.963). 3. Ne apparaît aussi en relation avec voilà. Ne voilà-t-il pas que l'écuyer qui courait en avant des chevaux s'arrêta (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p.101).
I. − [Ne marque la négation, seul ou en liaison avec un autre mot négatif]
A. − [Ne est employé seul]
1. [Dans des tournures plus ou moins figées, sans réalisation possible de l'auxil. négatif]
a) [Dans certaines constr. dont le pron. suj. peut ne pas être exprimé]
N'importe + mot interr.Ce fut là qu'elle lui fit la promesse de trouver bientôt, par n'importe quel moyen, l'occasion permanente de se voir en liberté (Flaub.,MmeBovary, t.2, 1857, p.107).
N'empêche + que + phrase.N'empêche qu'il sortait tous les matins, cachant, sous son imperméable jeté sur le bras, sa boîte de couleurs (Triolet,Prem. accroc, 1945, p.151).
b) Littér. [Dans diverses constr. idiomatiques n'avoir que faire, n'avoir de cesse, etc.] «Nous n'aurons de cesse de frapper le colonialisme français» affirme une mystérieuse Alliance révolutionnaire caraïbe (Le Monde,1erjuin 1983, p.10, col. 1-2).
En partic.
[Dans certaines constr. impers. (il) n'importe, à Dieu ne plaise, etc.] Sous le désordre de vos vêtements, je devine un homme de la première qualité; votre vin même, ne vous en déplaise, sent la bonne compagnie (Milosz,Amour. initiation, 1910, p.11).
[En relation avec certains subst. employés sans déterm. ou avec subst. + compar.] Qui ne dit mot consent; il n'est pire eau que l'eau qui dort. Fabrice revint sur la grande route, où il n'y avait toujours âme qui vive (Stendhal,Chartreuse, 1839, p.63).
En partic. [Dans certaines constr. du type avoir + subst. sans déterm., n'avoir crainte, n'avoir garde, etc.] Je m'entends en finances; je le dis parce que c'est une aptitude dont je n'ai cure. Je pense qu'en France on fera toujours banqueroute sans produire une révolution (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.236).
2. [Dans un style arch. ou littér., la réalisation d'un auxil. négatif étant possible (sans changer le sens de la phrase) dans un autre niveau de lang.] Cet objet [le cageot] (...) sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement (Ponge,Parti pris, 1942, p.15).Ils étaient des grands vivants, ne faisaient de rhétorique, mais avaient quelque chose à dire et le monde entier à raconter (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.15):
1. «Eh bien! bonjour, bonjour, père Van-Hop,» criait Benoît en tendant amicalement la main au propriétaire de cet édifice; mais celui-ci ne bougea, et se recula au contraire d'un air maussade, comme pour barrer sa porte. Sue,Atar-Gull, 1831, p.5.
En partic.
a) [Dans certaines prop. interr. ou hypothétiques]
[Dans une prop. interr. rhét. (qui n'est pas interprétée comme une vraie question)] J'ai souvent de l'humeur contre l'humanité. Qui n'en aurait, même en vivant, comme moi, assez loin d'elle? (Tocqueville,Corresp.[avec Gobineau], 1855, p.228).Qui ne connaît Ménélas et la vengeance qu'il a tirée de Priam? (Claudel,Protée, 1927, i, 3, p.359).
[Dans une prop. interr. introd. par que au sens de «pourquoi»] Si tu souffrais, que n'ouvrais-tu ton âme? Si tu aimais, que ne le disais-tu? (Musset,Confess. enf. s., 1836, p.361).Renan est passé ici. Que ne nous a-t-il laissé quelques strophes de sa méditation! (Barrès,Cahiers, t.11, 1914, p.15):
2. Que n'y a-t-il, pensais-je avec envie, une âme compatissante qui, pareillement, fasse remonter le pain de vie jusqu'au pauvre prisonnier! Toepffer,Nouv. genev., 1839, p.115.
[Dans une prop. sub. hypothétique dont le verbe est gén. à l'imp. ou au p.-q.-parf. de l'ind., introd. par si, équivalente à si toutefois] Oh! le coeur me manque, et je serais tenté de m'enfuir si elle ne m'avait aperçu déjà! (Nerval,Filles feu, Corilla, 1854, p.664).Je croirais manquer de coeur si, au seuil de la préface que voici, je ne reconnaissais tout ce que je dois à votre bienveillance et à vos conseils (Maran,Batouala, 1921, p.9):
3. ... le narrateur, qu'on connaîtra toujours à temps, n'aurait guère de titre à faire valoir dans une entreprise de ce genre si le hasard ne l'avait mis à même de recueillir un certain nombre de dépositions et si la force des choses ne l'avait mêlé à tout ce qu'il prétend relater. Camus,Peste, 1947, p.1219.
En partic. Si* ce n'est. Si* je ne me trompe. Si* je ne m'abuse.
b) [Dans certaines prop. sub. qui dépendent d'une prop. princ. dont le sens est négatif, interr. ou dubitatif]
[Dans une prop. sub. dépendant d'une princ. négative ou interr. introd. par que au sens de «avant que, sans que»] Non, je ne quitterai point vos genoux que vous ne m'ayez entendue (Cottin,Mathilde, t.2, 1805, p.291).Il ne se cueillait pas une grappe qu'on ne la lui montrât (Balzac,Lys, 1836, p.126):
4. Il s'était concilié l'amitié des artistes et des littérateurs; il ne paraissait pas un livre nouveau qu'il ne l'eût le premier pour le faire lire à Magdeleine; pas un opéra n'était représenté qu'il n'eût une loge à offrir à Edward et à sa femme. Karr,Sous tilleuls, 1832, p.267.
En partic. [Dans une prop. sub. introd. par ne (pas) faire que ou une constr. sémantiquement équivalente] Je ne peux faire qu'il ne me fatigue même lorsqu'il est le plus simple (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p.240).
[Dans une prop. sub. introd. par ce n'est pas que, non que] Ce n'était pas qu'elle ne fût contente de plaire, mais ce contentement n'était pas suffisant pour qu'elle se donnât beaucoup de peine en vue de l'obtenir (Montherl.,Pitié femmes, 1936, p.1085).Non qu'Henri Germier ne fût, lui aussi, doué d'une sensibilité vive: mais il la dominait (Daniel-Rops,Mort, 1934, p.384):
5. Ce n'est pas que Werner n'ait du talent pour le théâtre, et qu'il n'en connoisse même les effets beaucoup mieux que la plupart des écrivains allemands; mais on diroit qu'il veut propager un système mystique de religion et d'amour à l'aide de l'art dramatique... Staël,Allemagne, t.3, 1810, p.131.
[Dans une prop. sub. consécutive après si, tel, tellement figurant dans une princ. négative] Notre habitation n'est pas, à dire le vrai, si solide qu'il ne soit pernicieux de l'interroger (Claudel,Visages radieux, 1947, p.766):
6. ... la canaille a la prétention d'avoir le coeur au niveau du nôtre; il n'est pas de gens si piètres qui ne se crussent déshonorés, s'ils n'affichaient la fierté d'un Rohan ou l'orgueil d'un Montmorency. Sandeau,Mllede La Seiglière, 1848, p.201.
[Dans une prop. rel. dépendant d'un antécédent négatif ou régie par une princ. dont le sens n'est pas pleinement positif] Emportés par le rythme, les corps lentement balancés remuent d'une longue oscillation cette foule serrée, où personne ne peut faire un seul mouvement qui ne soit le mouvement de tous (Tharaud,An prochain, 1924, p.10).Il n'est pas d'acropole que le flot de barbarie ne puisse atteindre, pas d'arche qu'il ne vienne à bout d'engloutir (Gide,Journal, 1939, p.9):
7. ... en même temps qu'il n'est personne qui n'avoue une petite teinte de gourmandise et ne s'en fasse gloire, il n'est personne non plus qui ne prît à grosse injure l'accusation de gloutonnerie, de voracité ou d'intempérance. Brillat-Sav.,Physiol. goût, 1825, p.311.
En partic. [Dans une prop. rel. introd. par il n'est pas jusqu'à + subst.] Il n'est pas jusqu'à l'angoisse de la mort éprouvée dans une humiliation de tout l'être qui n'élève l'esclave au niveau de la totalité humaine (Camus,Homme rév., 1951, p.177).
P.ext. [Dans une prop. sub. introd. par que au sens de «pour que» après une princ. injonctive] Sauve-toi, sauve-toi, qu'au moins ton père ne t'ait vu ainsi attendant comme un fou! (Proust,Swann, 1913, p.35).
c) [Après cela fait, il y a, voici, voilà, etc., suivis d'un compl. de durée] Il y a vingt-quatre heures que je n'ai mangé: je vais souper (Restif de La Bret.,M. Nicolas, 1796, p.221).Il y a bien long-temps que je ne me suis agenouillé sur cette terre (Borel,Champavert, 1833, p.237).Il y a si longtemps que je n'étais sorti, que cette petite course n'a fait que me dégourdir les jambes (Erckm.-Chatr.,Ami Fritz, 1864, p.46).
d) [Dans certains tours superl. du type on ne peut mieux*, moins*, plus*, etc.] Elle me résista on ne peut mieux, et quand je voulus jouer des mains et des griffes, elle répondait des pieds et des dents (Sand,Hist. vie, t.2, 1855, p.239).
e) [Dans une série de constr. avec des semi-auxil. suivis d'inf. (infra rem.)]
Ne + cesser + inf. introd. par de.Nous ne cessâmes, durant des années entières, de rôder autour de la France (Vigny,Serv. et grand. milit., 1835, p.181).Difficultés auxquelles je ne cessais de me heurter (Joffre,Mém., t.2, 1931, p.160).
Ne + oser + inf.Déjà le valet de chambre entre, et il n'ose lui demander l'heure, car il ignore s'il a dormi (Proust,Sodome, 1922, p.982).
Ne + pouvoir + inf. (surtout à la forme puis de la 1repers. de l'ind. prés.).Si tu m'aimes, et je n'en puis douter, il faut descendre de ton rang (Gautier,Rom. momie, 1858, p.297).Un coup de téléphone (le poste de l'hôpital fonctionne encore) avertit les Ragu que MmeSparrow ne pourra venir (Gide,Journal, 1943, p.161).
Ne + savoir au cond. prés. (c'est-à-dire avec une valeur proche de ,,pouvoir``) suivi d'un inf. ou d'un mot interr.Il faut vingt-sept heures à votre courrier pour aller d'ici à Paris, et il me semble que vous ne sauriez l'expédier trop tôt, si toutefois vous voulez en expédier un, ce que je serais loin de conseiller (Stendhal,L. Leuwen, t.3, 1835, p.132).
Ne + savoir suivi d'une interr. indir. ou d'un inf. introd. par un mot interr.Monsieur, reprit Périclès, je ne sais de quel droit vous me prenez une croix dont la valeur est de quinze francs, et que je serai forcé de remplacer à mes frais (About,Roi mont., 1857, p.290).
[En alliance avec si hypothétique] :
8. Les pays que tu vas parcourir sont remplis de femmes aimables et belles dont l'accueil exigera de toi, si tu ne veux passer pour rustique et grossier, un juste retour de politesse et même de sensibilité. Nodier,Fée Miettes, 1831, p.177.
Rem. L'emploi d'un auxil. négatif devient quasi-obligatoire dans le cas où le verbe à l'inf. (qui dépend du semi-auxil.) se trouve lui-même à la forme négative: On ne pouvait point ne pas envier ces belles choses, ces admirables créations auxquelles les grands artistes inconnus qui font le Paris actuel et sa production européenne avaient tous contribué (Balzac, Cous. Bette, 1846, p.341).
B. − [Ne est employé en relation avec un auxil. négatif]
Rem. Les auxil. négatifs (appelés parfois aussi «forclusifs») constituent un ensemble dont la nature catégorielle n'est pas homogène (cf. infra), mais permettent tous la suppression de ne négatif dans un niveau de lang. peu soutenu (cf. p.ex. jamais ex. 11). Ils appellent l'emploi de de au lieu de l'art. indéf. ou partitif et dans certaines conditions la coordination par ni. Je n'ai rien acheté ni rien lu (Delécluze, Journal, 1827, p.385). Si elle n'a pas de passion sensuelle ni de besoin physique, elle a, je crois, pour moi l'attrait qu'elle avait pour son père et, de plus, une certaine tendresse (Michelet, Journal, 1858, p.395). On distingue a) les auxil. négatifs «simples» (pas, point, etc., appelés parfois «auxiliaires» ou «forclusifs de négation totale») qui ne peuvent être combinés ni entre eux ni avec les auxil. négatifs dits «composites» ou de «négation partielle» (*je n'ai pas mangé guère de soupe; *je n'ai pas mangé jamais de soupe) et b) les auxil. «composites» (jamais, rien, etc., appelés parfois aussi «auxiliaires» ou «forclusifs de négation partielle») qui peuvent se combiner entre eux. Le plus jeune, Roland de Bridoie, ne paraissait montrer aucune aptitude pour rien (Maupass., Contes et nouv., t.2, En wagon, 1885, p.60). J'abuserais vraiment de mon droit, en réclamant aujourd'hui la moindre parcelle d'une existence dans laquelle je n'ai tenu jusqu'ici et ne tiendrai jamais aucune place (Martin du G., J.Barois, 1913, p.470). Ces auxil. peuvent apparaître aussi dans des cont. qui ne sont pas directement négatifs et dans lesquels ils permutent avec des indéf. ou avec des éléments à polarité négative (grand-chose, grand monde, le moindre + subst., etc., cf. p.ex. jamais I ex. 1 à 8).
1. [Ne est employé en relation avec un auxil. négatif «simple»]
a) Vieilli. [L'auxil. négatif est de nature nom. (goutte, mie) et se comporte donc comme un subst. (postposé au verbe)] Ne + verbe (simple ou composé) + auxil. négatif.Puisqu'amour n'y voit goutte, C'est l'oreille qu'il faut charmer (Florian,Fables, 1792, p.108).Tu l'embrasseras de ma part en lui disant que je continue, de plus belle, à n'y comprendre goutte (Flaub.,Corresp., 1871, p.283).
b) [L'auxil. négatif est de nature adv. (aucunement, guère, nullement) (postposé au verbe simple, mais placé entre l'auxil. et le part. aux formes composées)] Ne + verbe simple + auxil. négatif; ne + verbe à l'inf. + auxil. négatif; ne + verbe auxil. + auxil. négatif + part.Les jeunes filles de Paris n'aiment guère les gens d'un certain âge, surtout quand ils sont mis sans soin (Stendhal,Rouge et Noir, 1830, p.253).Le paysan n'a guère gagné à la révolution (Michelet,Journal, 1831, p.89).Quand le stoïcisme entreprend de scruter l'origine des choses, c'est pour n'aller guère au delà du grand fait de la nature (Renouvier,Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p.169).
c) [L'auxil. négatif (pas, point) a un statut partic. au regard de sa position dans la phrase (postposé au verbe simple, placé entre l'auxil. et le part. aux formes composées antéposé à l'inf.)]
Ne + verbe simple + auxil. négatif.Les bâtiments de la gare ne cherchaient point à paraître soignés, ni n'esquissaient d'architecture (Malègue,Augustin, t.2, 1933, p.10).
Ne + auxil. négatif + verbe à l'inf.Il aimait à se dire libéral dans ses opinions politiques et religieuses, mais tenait à ne point choquer les gens de son monde (Maurois,Ariel, 1923, p.13).
Ne + verbe auxil. + auxil. négatif + part.Je ne lui ai point caché que je n'aimais beaucoup ni ses livres ni sa personne (Gide,Faux-monn., 1925, p.1113).
Rem. On trouve qqf. la constr. ne + verbe (à l'inf.) + auxil. négatif, cour. en fr. class. Ne pouvant se consoler de n'avoir pas tout l'héritage (Zola, Terre, 1887, p.199). Vous étonnerai-je beaucoup si je vous dis que je ne suis pas le seul à ne consentir point à me reconnaître dans l'être inconséquent, vain, sans importance, que ma femme a portraicturé (Gide, Robert, 1930, p.1314).
2. [Ne est employé en relation avec un auxil. négatif «composite»]
a) [L'auxil. négatif est de nature nom. (personne) ou pronom. (aucun, pas un*, nul)]
Auxil. négatif + ne + verbe (simple ou composé).Personne n'a paru connaître ce que je viens de rapporter et que j'avais trouvé dans Baillet, puisque pas une âme ne s'est plainte, ni ne s'est opposée au renversement de ces pierres (Valéry,Variété II, 1929, p.12).
Ne + verbe (simple ou composé) + auxil. négatif.Des bruits injurieux se répandent sur ton compte; je n'en veux croire aucun (Cottin,Mathilde, t.2, 1805, p.306).
b) [L'auxil. négatif est un adv. de temps (jamais, plus)]
Ne + verbe (simple) + auxil. négatif.Il ne vient jamais.
Ne + verbe à l'inf. + auxil. négatif.Habituez-vous à garder le premier rang, et tenez-vous-y, afin de n'être jamais satisfait de vous dans la suite, s'il vous arrivait de n'occuper que le second (Fromentin,Dominique, 1863, p.103).
Ne + auxil. négatif + verbe à l'inf.J'avois fait le serment de ne jamais lier ma destinée à celle d'une autre femme (Fiévée,Dot Suzette, 1798, p.210).
Ne + auxil. verbal + auxil. négatif + part.Il est de ces femmes qui sont restées vivantes non pas dans mes yeux mais dans ma peau, et que je garde éternellement au fond de mon désir, sans doute parce que je ne les ai jamais possédées (T'Serstevens,Itinér. esp., 1933, p.180).
c) Ne + verbe (à la forme simple ou composée) + nulle part.Je n'en trouve nulle part; je n'en ai trouvé nulle part.
d) [L'auxil. négatif (rien) est de nature à la fois nom. et adv. au regard de sa position dans la phrase]
Auxil. négatif + ne + verbe simple ou composé.Rien ne ressemble à la médiocrité comme la perfection (Paulhan,Fleurs Tarbes, 1941, p.13).
Ne + verbe simple + auxil. négatif.Je mettrais Charlotte en état de faire un bon mariage; car la pauvre enfant, dans tous les cas, n'a rien à espérer, toute la fortune de son père consistait dans les bienfaits du roi (Sénac de Meilhan,Émigré, 1797, p.1724).J'avoue que pour moi l'impertinence faite à M. le duc de Raguse ne me touche en rien (Delécluze,Journal, 1827, p.405).Je ne vois −rien! −rien, quoique ce fût un rien infiniment riche (Valéry,Variété[I], 1924, p.17).
Ne + auxil. négatif + verbe à l'inf.Ne rien faire.
Ne + auxil. verbal + auxil. négatif + part.Il n'a rien fait.
Rem. On trouve aussi la constr. ne + verbe (à l'inf.) + auxil. négatif. Offrez à la reine vos services pour n'avoir rien à vous reprocher (Sénac de Meilhan, op. cit., p.1595).
3. [L'auxil. négatif est la conj. de coordination ni] Qu'as-tu fait de ton âme? On n'en a vu ni signe ni trace (Lamennais,Paroles croyant, 1834, p.264).
Rem. 1. Les séquences de type ne... + auxil. négatif rendent possible l'utilisation de de, prédéterminant (représentant une quantité nulle) devant le subst. obj. dir. Jamais je n'ai trouvé de coeur comme le tien (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p.67). La grande supériorité des petits chiens sur les petits enfants, c'est que les petits chiens ne font pas de mots d'enfants (Montherl., Exil, 1929, I, 2, p.24). Le prédéterminant se trouve parfois dans une prop. (dont le verbe est au subj.) sub. à celle où apparaît ne + auxil. négatif. Je ne pense pas qu'il existe de garçon aussi bien que Pradelle ajouta-t-elle avec élan (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p.329). 2. Certains auxil. de nature nom. ou pronom. peuvent se trouver à une certaine distance du verbe auprès duquel l'adv. ne apparaît. Le Binder n'avait pouvoir de décider de rien (Stendhal, Chartreuse, 1839, p.86). Mes volets cadenassés n'avaient pu laisser pénétrer personne (Maupass., Contes et nouv., t.2, Horla, 1886, p.1090). 3. On trouve qqf. des séquences du type ne + auxil. négatif simple + auxil. négatif simple ou composite. Ce sont de bonnes gens qui ne peuvent sortir de leur cercle d'habitudes et ne pensent ou n'imaginent guère rien au delà (Maine de Biran, Journal, 1816, p.148; cf. aussi guère rem. 1). Ces constr., qui ne sont pas grammaticales, étaient possibles en fr. classique. 4. Champ de la négation. La négation s'étend à l'ensemble de la phrase mais peut aussi se limiter à un constituant. Certaines phrases pourraient en être ambiguës, sans une ponctuation différenciée: Il ne l'aime pas, parce qu'elle est blonde («il ne l'aime pas, la cause en est qu'elle est blonde»); il ne l'aime pas parce qu'elle est blonde («il l'aime, mais ce n'est pas parce qu'elle est blonde»). Les adv. précédés de pas se comportent gén. comme des constituants niés: pas souvent*, pas toujours*, pas seulement*. Il n'en est pas ainsi lorsqu'ils précèdent pas. Ce qui s'est passé entre vous et elle, je ne le veux seulement pas croire (Musset, Confess. enf. s., 1836, p.287). Certains adv. cependant peuvent se placer sans différence de sens devant ou derrière l'auxil. négatif (d'ailleurs, donc, même, etc.). Moi enthousiaste! répéta Fabrice; étrange accusation! Je ne puis pas même être amoureux! (Stendhal, Chartreuse, 1839, p.116). Elle n'avait aucune vanité de son intelligence et ne s'en doutait même pas (Sand, Hist. vie, t.2, 1855, p.246). J'en arrive, après avoir terminé ces volumes, à ne même plus me rappeler les incontinentes descriptions, les insipides harangues qu'ils renferment (Huysmans, Là-bas, t.1, 1891, p.9). On note d'autre part que certains indéf. (du type certains, quelques, plusieurs) se trouvent toujours en dehors du champ de la négation (Je n'ai pas vu certains de mes amis), mais que le champ de la négation peut s'étendre au quantificateur tous qui précède pourtant la séquence ne + auxil. négatif dans des énoncés du type: Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Tout ne s'est pas perdu, mais tout s'est senti périr (Valéry, Variété [I], 1924, p.13). 5. Dans des séquences du type prop. princ. + expansion inf. ou sub., où le verbe de la princ. est du type croire, penser, paraître, sembler, devoir, vouloir, falloir, la négation peut se placer indifféremment et sans changement de sens sur le verbe de la princ. ou celui de l'expansion inf. ou sub. Je vis alors un jeune homme blond, grand, pâle, vêtu d'un costume de voyage qu'il semblait ne pas avoir quitté depuis quelques jours et ne s'être même pas donné la peine de brosser en arrivant à Paris, car il était couvert de poussière (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p.29). Avec les autres verbes le déplacement de la négation entraîne une modification de sens ne pas pouvoir faire qqc. («ne pas en avoir la possibilité»); pouvoir ne pas faire qqc. («avoir la possibilité de ne pas le faire»). 6. Dans certaines constr., le subst. peut jouer le rôle d'auxil. négatif. Ne pouvoir produire un seul, le moindre son. Ma voix, enchaînée comme ma langue, ne put produire un seul son (Krüdener, Valérie, 1803, p.167).
II. − [Ne est en relation avec la conj. restrictive que]
A. − [Ne ... que exprime une restriction par rapport à un ensemble dont les éléments ne sont pas perçus comme appartenant à une échelle de valeurs. Que peut être remplacé par ne + auxil. négatif (personne, rien, etc.) + que]. L'agent 64 jura de dire la vérité et de ne rien dire que la vérité (A. France,Crainquebille, 1904, p.26).Visiter le château de la Quartfourche dont il ne restera bientôt plus que des ruines, et son grand parc délaissé où l'été fastueux s'éployait à l'aventure (Gide,Isabelle, 1911, p.601):
9. Ne serait-il pas vrai de dire que le temps n'est qu'en acte et l'espace seulement en puissance? Le temps n'est en rien assimilable à un milieu dans lequel des consciences s'inséraient et par rapport auquel ces «insertions» seraient contingentes; il est la négation même de cela. G. Marcel,Journal, 1915, p.129.
B. − [Ne ... que exprime une restriction par rapport à un ensemble dont les éléments sont perçus comme appartenant à une échelle de valeurs] Ne me faites point de mal! Je ne suis qu'une simple jeune fille, sans force, sans intelligence (Claudel,Violaine, 1901, i, p.572).La dévotion (...) où nous invite Bérulle n'a rien qui flatte le sens ou qui attendrisse le coeur. Nue, austère, impitoyable, elle ne nous parle que d'humiliation et de mort (Bremond,Hist. sent. relig., t.3, 1921, p.516).La vieille demoiselle ne lui avait tout d'abord prêté qu'une attention distraite (Martin du G.,Thib., Mort père, 1929, p.1251).
Rem. Ne ... que appelle l'utilisation du prédéterminant de, qui apparaît obligatoirement avant la conj. que. Elle n'aurait de bonheur qu'auprès de moi (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.410). On n'a de chance qu'en suivant son tempérament et en l'exagérant (Flaub., Corresp., 1861, p.453). Sous la négation avec pas (il ne boit pas que de l'eau), contrairement à l'usage du fr. class., la tournure restrictive est inversée («il boit autre chose que de l'eau»). Si la favorite, attachée et complice, n'attire pas que des sympathies, qui ne serait de coeur avec la femme adultère (le Monde, 11 févr. 1963, p.1, col. 6 ds Gaatone, v. infra. bbg. p.210).
III. − [Ne ne semble pas marquer la négation et est considéré comme explétif]
Rem. Le ne explétif est appelé aussi ne «abusif» (Vendryes), «redondant» ou «pléonastique». Ne, dont la présence est gén. facultative, ne permet pas ici l'emploi du prédéterminant de. L'utilisation d'un auxil. négatif du type pas rétablit la négation.
A. − [Ne apparaît dans des prop. complétives (dont le verbe est au subj.) dépendant de cont. comportant une double négation]:
10. Il n'y avait dans Saumur personne qui ne fût persuadé que Monsieur Grandet n'eût un trésor particulier, une cachette pleine de louis, et ne se donnât nuitamment les ineffables jouissances que procure la vue d'une grande masse d'or. Balzac,E. Grandet, 1834, p.14.
En partic. [Ne apparaît dans une prop. complétive dépendant d'un verbe, d'un subst. ou d'un adj. du type nier, douter, doute, douteux, etc. dont le sens est proche de celui d'une négation, le verbe de la princ. étant à la forme négative ou interr.] Si d'habiles artistes avaient représenté le soleil tel qu'on le voit dans le télescope, il n'y a pas de doute qu'ils ne nous eussent manifesté une multitude d'effets qui eussent contribué à faire connaître sa nature (Bern. de St-P.,Harm. nat., 1814, p.344).La nuit approchait, il n'était pas douteux qu'elle ne dût être favorable aux sectionnaires (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.340).Et Narcisse, qui ne doute pas que sa forme ne soit quelque part, se lève et part à la recherche des contours souhaités pour envelopper enfin sa grande âme (Gide,Traité Narcisse, 1891, p.3):
11. Dans la dictée, et alors même que je dicte lentement ou que je marque des temps d'arrêt, j'ai l'impression dont je ne nie pas qu'elle ne comporte une part d'illusion, mais souverainement bienfaisante, que l'élément polyphonique s'inscrit avec aisance, avec luxe, que tout moi-même dans la dictée passe et s'exprime. Du Bos,Journal, 1928, p.9.
Rem. La classe sém. dont il est question ici comprend p.ex. les verbes cacher, contester, contredire, démentir, dénier, disconvenir, dissimuler, douter, ignorer, informer, méconnaître, nier.
B. − [Ne apparaît dans une prop. complétive (au subj.) dépendant d'un verbe, d'un subst. ou d'un adj. du type craindre, crainte, anxieux, etc. dont le sens est proche de celui d'une négation («souhaiter que ne pas» + prop.). Le verbe de la princ. est gén. à la forme affirmative ou interro-négative] Ses visites devinrent plus rares, et ma sévérité plus grande; le chagrin que me donnoient ses absences, ajoutoit à mon amour et à la crainte qu'il ne le devinât (Fiévée,Dot Suzette, 1798, p.28).Je portai moi-même au roi l'autographe de la bonne dame. Il le prit avec défiance et l'examina d'un oeil si perçant que je tremblais qu'il n'en pénétrât le sens (About,Roi mont., 1857, p.186).Elle se sauvait, entraînant l'enfant, avec la peur qu'il ne se cognât aux coffres (Pourrat,Gaspard, 1931, p.5).Je crains, désormais, que ma peine ne dure autant que moi (J. Bousquet,Trad. du silence, 1935, p.8):
12. ... aux premiers commencements de l'insurrection américaine, tous ces états, villes, bourgades étaient partagés de sentiments, les uns tenant pour l'Angleterre, fidèles, non sans cause, au pouvoir légitime; d'autres appréhendaient qu'on ne s'y pût soustraire, et craignaient de tout perdre en tentant l'impossible... Courier,Pamphlets pol., Pamphlets des Pamphlets, 1824, p.216.
13. −Quel est donc ce sens? −Je laisse au lecteur le soin de le découvrir. Mais il ne pourra le faire que dans quelques années. −Ne craignez-vous pas que, dans ces conditions, des malentendus ne se forment entre le public et vous? Montherl.,Démon bien, 1937, p.1229.
Rem. Entrent dans cette classe sém. les verbes appréhender, brûler (que), craindre, ne pas désespérer (que), s'inquiéter (que), mourir (que), redouter (que), respecter (que), risquer (que), trembler (que), les subst. anxiété, crainte, danger, effroi, frayeur, peur, risque, soupçon, et les adj. anxieux, impatient, inquiet.
C. − [Ne apparaît dans une prop. complétive (au subj.) dépendant d'un verbe, d'une loc. verb. ou d'un subst. signifiant empêchement ou interdiction (le verbe de la princ. est indifféremment employé à la forme affirmative, interr. ou négative)] Ce n'est pas assez de nous être affranchis des parasites et des tyrans; il faut empêcher qu'il n'en renaisse (Volney,Ruines, 1791, p.126).Sors et prends garde qu'on ne te voie ici (La Martelière,Robert, 1793, i, 5, p.8).Je veux éviter que ma réponse ne soit transmise par voie de notaire (Martin du G.,J.Barois, 1913, p.470):
14. ... deux guides nous sont donnés pour nous conduire vers Dieu, c'est-à-dire vers le bonheur: la raison et l'amour. La raison enseigne le bon chemin, et empêche qu'on ne s'égare. L'amour nous incite à marcher... P.Leroux,Humanité, 1840, p.59.
Rem. La classe sém. dont il est question ici comprend p.ex. les verbes empêcher, éviter, interdire, refuser, etc., les loc. verb. faire obstacle à ce que + prop., prendre garde que + prop.
[Ne peut apparaître aussi dans une prop. complétive (au subj.) dépendant d'un verbe signifiant que quelque chose a failli être]:
15. ... Robert était infiniment plus coupable que lui. Robert n'avait-il pas failli, au moment où son oncle avait été chargé de lui faire entendre raison, se faire mettre au ban de son monde? ne s'en était-il pas fallu de peu qu'il ne fût blackboulé au Jockey? Proust,Sodome, 1922, p.693.
D. − [Ne apparaît dans des prop. sub. affirmatives qui décrivent un fait possible et qui ne peuvent être vraies en même temps que la prop. princ.]
1. [La prop. sub. est introd. par avant que] Tout cela est en lui d'avance comme le monde avant qu'il ne fût fait (Claudel,Père humil., 1920, i, 1, p.485):
16. ... j'aimerais te revoir un peu seul, avant que les Marcel Drouin n'arrivent (vacances de Pâques) et que nous ne vous réunissions avec eux comme ils y comptent. Gide,Corresp.[avec Valéry], 1901, p.380.
2. [La prop. sub. est introd. par à moins que] Les biens du débiteur sont le gage commun de ses créanciers; et le prix s'en distribue entre eux par contribution, à moins qu'il n'y ait entre les créanciers des causes légitimes de préférence (Code civil, 1804, art. 2093, p.376):
17. ... je doute que, revenant, elle me reconnaisse pour sa fille, malgré la ressemblance de nos traits... à moins qu'elle ne revienne quand le jour point à peine, et qu'elle ne me surprenne debout, aux aguets sur un monde endormi... Colette,Naiss. jour, 1928, p.6.
En partic., rare. [Ne explétif apparaît devant un inf.] À moins de n'entendre par définition une proposition tellement générale qu'elle resterait formelle (J.-T. Desanti, Introd. à l'hist. de la philos., Paris, 1956, p.44).
3. [La prop. sub. est introd. par sans que] Un homme puissant ne peut être inculpé sans que cette opinion ne s'éveille, et sans que la curiosité ne s'agite (Constant,Princ. pol., 1815, p.77):
18. L'ouvrage d'Éberlé fut connu, fut cité pendant dix-huit ans sans que personne n'y vît la découverte des usages du suc pancréatique et sans que personne songeât à s'appuyer sur son observation pour aller plus loin. Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p.257.
Rem. L'emploi du ne explétif dans une prop. sub. introd. par sans que, fréq. att. dans notre corpus, est considéré comme incorrect par un certain nombre de gramm. et de dict. (v. Besch. 1845, Lav. Diffic. 1846, Colin 1971 et Dupré 1972).
E. − [Ne apparaît dans des comparatives d'inégalité dépendant d'un terme de compar. affirmatif ou négatif] Je ne m'arrêtais pas à moi-même, et tout contact avec un monde extérieur ne m'enseignait point tant mes limites qu'il n'éveillait en moi de volupté (Gide,Thésée, 1946, p.1415).S'il l'aime moins qu'elle ne le souhaite, si elle échoue à l'absorber, à le rendre heureux, à lui suffire, tout son narcissisme se convertit en dégoût, en humiliation, en haine de soi qui l'incite à des auto-punitions (Beauvoir,Deux. sexe, t.2, 1949, p.488):
19. Ce sont des mains d'intellectuel, des mains qui manifestent les pensées plus promptement qu'on ne le fait avec les muscles du visage, des mains à la peau blanche et vulnérable. Duhamel,Combat ombres, 1939, p.8.
20. Mais aujourd'hui il n'y a pas moyen d'être plus serré à vous que je ne le suis et j'ai beau vérifier chacun de mes membres, il n'y en a plus un seul qui de vous soit capable de s'écarter si peu. Claudel,Soulier, 1944, 1repart., 1rejournée, 1, p.943.
P.ext., rare. [Dans des comparatives d'égalité] Il m'apprenait par la même occasion qu'un ouvrier est tout aussi bien un monsieur que ne l'est un homme du monde (Proust,Sodome, 1922, p.1026).
Rem. 1. On trouve dans ces constr. et les constr. apparentées des séquences du type ne (explétif) + pas comme cela était possible en fr. class. et est encore cour. en fr. du Canada: C'est bien un beau gars; mais, tout de même, il a une drôle d'idée de se coiffer de la plus vilaine [fille] qu'il n'y ait pas dans toute l'assemblée (Sand, Pte Fad., Paris, Garnier, 1958 [1849], p.128). On trouve aussi des séquences du type ne (explétif) + auxil. négatif composite: Il devait beaucoup plus qu'il n'eût jamais possédé (Nodier, Fée Miettes, 1831, p.159). Ajoutez que Marguerite était revenue de ce voyage plus belle qu'elle n'avait jamais été (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p.16). 2. Dans l'usage littér., ne explétif n'est gén. que facultatif. Sa vitalité baisse dans la lang. parlée.
Prononc. et Orth.: [nə]. Prononc. ou omission de [ə] dans les conditions ordinaires: il ne veut rien [ilnəvø-], mais tu ne veux rien [tynvø-] et, bien entendu tu n'as rien, il n'a rien [-na-]. Devant h aspiré, non-élision: tu ne hantes pas [-nə ɑ ̃t-] (mais tu n'habites pas [-na-]). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Négation portant sur le verbe A. Négation simple 1. 842 non devant consonne (Serments de Strasbourg, 20 ds Henry Chrestomathie, p.2: Si Lodhuuigs sagrament que son fradre Karlo jurat conservat, et Karlus ... de suo part non loˑs tanit, si jo returnar non l'int pois ...); 881 non devant consonne, non devant voyelle (Ste Eulalie, 9-10, ibid., p.3: Niule cose non la pouret omque pleier La polle sempre non amast lo Deo menestier); id. noˑs [non suivi du pron. enclitique se] (ibid., 20: Elle colpes non auret, por o noˑs coist); 1remoitié xes. ne devant consonne (Jonas, éd. G. de Poerck, 126: e ne doleiet tant [Jonas] de lur salut [Judeorum]); id. devant voyelle (ibid., 203: ne aiet niuls male voluntatem contra sem peer); ca 1050 n' élidé devant voyelle (St Alexis, éd. Chr. Storey, 22: N'ourent amfant, peiset lur en forment); id. nen devant voyelle (ibid., 68: An ices[t] secle nen at parfit'amor); 2. employé dans des phrases où un indéf. négatif (pron. ou adj.) remplit la fonction de suj. ou de compl. 881 (Ste Eulalie, 9, supra); 1remoitié xes. (Jonas, 203, supra); 2emoitié xes. (St Léger, éd. J. Linskill, 156: Ne soth nuls om qu'es devenguz); fin xes. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 290: El [Jesus] mor a tort, ren non forsfist); ca 1050 (St Alexis, 614: Ço ad ques volt [Alexis], nïent n'en est a dire); 3. employé dans des phrases où se trouvent des termes coordonnés par ne 881 (Ste Eulalie, v. ni I A 1); 4. employé avec que adv. interr. exclam. pour constituer une phrase négative exprimant le regret ca 1050 (St Alexis, 419: E d'icel[s] bien[s] ki toen doüs[sen]t estra, Que n'am perneies en ta povre herberge? 438: E de ta medra que n'aveies mercit?); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 2723: E! lasse, que nen ai un hume ki m'ociet!); 5. expression de la défense a) précède l'impér. ca 1100 (ibid., 1106: Respunt Rollant: Ne dites tel ultrage!); b) précède l'inf. prohibitif pour traduire une défense empreinte de vivacité ca 1100 (ibid., 1113: «Sire cumpainz, amis, nel dire ja!...»); ca 1135 ce tour prohibitif mis en subordonnée (Couronnement de Louis, éd. Y. A. Lepage, rédaction AB, 86: Ceste corone de Jhesu la te vié, Filz Looys, que tu ne la baillier); cf. ca 1150 (Charroi de Nîmes, éd. D. McMillan, 1302: Qui a ce fet? Garde ne me celer); 6. expression de l'exception, de l'exclusion a) dans une prop. consécutive négative, après une régissante négative, exprime une exclusion «sans que, mis à part que» ca 1100 (Roland, 102: En la citet nen ad remés paien Ne seit ocis u devient chrestien; 2865: Ja ne murreit en estrange regnet Ne trespassast ses humes e ses pers); b) dans une prop. exclusive ou exceptive ca 1130 introduite par mais que (Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 575: De ceo fist pechié et mal Que sun pere deschevacha, Mais qu'il nel reconoist pas); ca 1150 introduite par senz ceo que (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 261: Seint Nicholas iloc coneurent, Senz ceo que mustré ne lur fu); ca 1165 introduite par sauf çou que (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1508: Et neporquant de tant bien fist Sauf çou que garde ne s'en prist); 7. dans une prop. hypothétique négative a) l'hyp. est exprimée par l'emploi du subj. en parataxe ca 1165 (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 621; ... chascuns s'en fust partiz, Ne fust Calcas; 1925: Ne fust Jason si bien guarniz, En petit d'ore fust feniz); b) après une principale négative, l'hyp. introduite par se ... ne, entraîne une notion de restriction 1160-74 (Wace, Rou, éd. A.J. Holden, II, 2996: Ja n'istreit de prison se par lui nen issoit). B. Négation ne renforcée par des subst.: ne ... gout(t)e*, ne ... mie*, ne ... mot*, ne ... nient (néant*), ne ... pas*, ne ... point*, ne ... rien*; ces groupes destinés à renforcer la négation totale par besoin d'expressivité, deviennent des négations composées où le subst. a perdu son sens étymol. pour servir d'appui à la négation. C. Négation ne renforcée par des adv. gaires ... ne, ne ... gaires, v. guère; ja* ...ne, ne ... ja; mais* ... ne, ne ... mais; onques* ... ne, ne ... onques; plus* ... ne, ne ... plus; ces groupes expriment, d'une manière générale, une négation partielle. D. La négation explétive 1. dans les complétives [ne affectif et non logique, s'expliquant par l'écart entre un énoncé affirmatif et la crainte ou le désir d'une réalisation contraire, Ménard, Synt. de l'a. fr., § 290] a) ca 1050 apr. un verbe de crainte (St Alexis, 60: «S'or ne m'en fui, mult criem que ne t'em perde»; 199: ... durement s'en redutet [Alexis] De ses parenz, qued il nel recunuissent E de l'honur del secle ne l'encumbrent [cf. ca 1140, Pèlerinage de Charlemagne, éd. P.Aebischer, 322: Si senz garde remaint, io criem que ele soit perdue]); b) ca 1050 apr. un verbe marquant un effort continu et préventif (St Alexis, 209: Or ne lairai nem mete an lur bailie); c) id. après un verbe exprimant l'imminence (avec crainte qu'une chose ne se produise) (ibid., 305: Ne guardent l'ure que terre nes enclodet); d) id. une prière (ibid., 298: Si [li] depreient que la citét ne fundet); e) ca 1100 une interdiction (Roland, 2438: Jo vus defend que n'i adeist nuls hom); 2. dans les sub. circ. la négation s'explique par une idée négative implicite a) ca 1100 temporelle d'antériorité introduite par einz que (Roland, 301: Einz i frai un poi de legerie Que jo n'esclair ceste meie grant ire); ca 1135 (Couronnement de Louis, réd. AB, 2229); b) ca 1100 apr. une loc. marquant l'imminence (crainte qu'une chose ne se produise) (Roland, 305: A ben petit que il ne pert le sens; 2789: Si grant doel ad por poi qu'il n'est desvet); c) id. dans une comparative de disparité (ibid., 1616: Plus est isnels [Marmoire, le cheval] que n'est oisel ki volet; 1725: Mielz valt mesure que ne fait estultie). II. Négation ne portant pas sur le verbe 1. Négation de la phrase sans verbe a) ca 1100 la phrase est constituée par ne et un pron. suj. −négation totale (Roland, 567: «Puis m'en cumbatre a Carle e a Franceis?» [dist Marsilies] Guesnes respunt: «Ne vus a ceste feiz!»); 1176 (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 4631: Qui le conuist −Ne gié −Ne gié); b) ca 1135 la phrase est constituée par ne et un adv. de quantité −négation partielle (Couronnement de Louis, réd. AB, 163: . V . anz vesqui puis Challes et ne mes). III. Ne ... que; ne ... ne que 1. ne ... que. Porte sur un syntagme nom. a) ca 1100 restriction quantitative (Roland, 1352: Sa hanste est fraite, n'en ad que un trunçun); 1119 restriction numérique (Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 2073: Duze demies hures Ço ne sunt que sis hures); b) ca 1150 introduit un inf.: n'i a que + inf. (Charroi de Nîmes, 699: Molt fu dolant, n'i ot que correcier); 2. ne ... que marque une anal. négative a) ca 1135 «pas plus que» apr. une phrase négative (Couronnement de Louis, réd. AB, 844: Totes voz messes et vostre sacrement, Vos marïages ne voz esposement Ne pris je mie ne c'un trespas de vent); b) 1176 «aussi peu que» apr. une phrase affirmative (Chrétien de Troyes, Cligès, 916: Et sui je donc por ce s'amie? Nenil ne qu'a un autre sui). Du lat. non, adv. de négation (v. non), qui, en position proclitique, s'est affaibli en nen (v. nenni), qui s'est lui-même réduit à ne devant initiale consonantique. Par besoin d'expressivité, la négation ne a été tôt renforcée par des subst. positifs signifiant une quantité minime, devenus peu à peu des mots gramm. teintés de négativité −ou par des adv. de temps et de quantité, v. G. Moignet, Gramm. de l'a. fr., p.278. Fréq. abs. littér.: 1033896. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1425307, b) 1373841; xxes.: a) 1482227, b) 1553316. Bbg. Ashby (W. J.). The loss of the negative morpheme ne in Parisian Fr. Lingua. 1976, t.39, p.119-137. _ Bidwell (J. L.). A new use for ne. Fr. R. 1964-65, t.38, pp.399-400; Observations on the occurrence of the pleonastic ne. Fr. R. 1968, t.42, pp.283-285. _ Chigarevskaia (N. A.). Sur certains aspects de la négation en fr. contemp. Fr. mod. 1967, t.35, pp.286-297. _ Cristea (T.). La Struct. de la phrase négative en fr. contemp. Bucarest, 1971, 264 p._ Daoust-Blais (D.). Ét. de qq. constr. syntaxiques du parler fr. de Montréal: quantificateurs et négation. In: Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 13. 1971. 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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

NE. Particule négative
. Il s'emploie le plus souvent avec les mots Pas ou Point. Si le verbe est à un mode personnel, ce verbe s'intercale entre Ne et Pas ou Point. Je ne sais pas l'anglais. Je n'ai point compris ce que vous disiez. Je crains qu'il ne puisse pas réussir. Il ne dit pas un mot. Je n'ai point dormi de toute la nuit. Si le verbe est à l'infinitif, Pas ou Point suivent immédiatement Ne. Il croit ne pas pouvoir venir. Je dis cela pour ne point vous inquiéter. Je crains de ne pas avoir compris.

NE suffit seul à marquer la négation, à la façon de la langue ancienne, dans les vieux tours, comme : Il ne dit mot. N'en pouvoir mais. N'importe! N'en avoir cure. À Dieu ne plaise! Qu'à cela ne tienne! Il peut aussi s'employer seul avec certains verbes comme Cesser, oser, pouvoir, savoir. Il ne cesse de parler. Je n'ose vous promettre. Je ne pourrai achever mon travail avant ce soir. Il ne sait que faire. Il s'emploie encore seul quand la proposition renferme un pronom, un adjectif ou un adverbe négatifs. Il ne sait rien. Personne n'est venu. Aucun de nous n'y a pensé. Il ne dit jamais la vérité. Cette mère ne s'occupe guère de ses enfants. Bien que Nul et Ni soient négatifs par eux-mêmes, ils sont toujours construits avec Ne. Nul ne s'en doute. Il n'a nul souci. Ni l'or ni les grandeurs ne nous rendent heureux.

NE s'emploie seul dans les propositions subordonnées quand la proposition principale est négative ou interrogative. Il n'est pas d'homme qui ne désire être heureux. Y a-t-il quelqu'un dont il ne médise?

NE s'emploie encore dans certains cas où, bien que la proposition secondaire ait la forme affirmative, la phrase entière renferme une idée négative. Il en est ainsi : Après les verbes qui expriment la crainte. Je crains qu'il ne vienne, Je désire qu'il ne vienne pas. Je redoute qu'il ne nous crée encore quelque difficulté, Je souhaite qu'il ne nous crée pas de nouvelles difficultés. Après le verbe Empêcher. Empêche qu'il ne tombe, Il ne faut pas qu'il tombe. Après les locutions conjonctives Avant que, depuis que. Finissez votre ouvrage avant que je ne revienne. Vous n'avez pas changé depuis que je ne vous ai vu. Dans certaines phrases qui expriment une comparaison, après Plus que, Moins que, Mieux que, Autre que. Il est plus riche qu'on ne croit, Il n'est pas aussi pauvre qu'on le croit. Il est moins riche qu'on ne croit, Il n'est pas aussi riche qu'on le croit. Vous écrivez mieux que vous ne parlez, Vous ne parlez pas si bien que vous écrivez. C'est autre chose que je ne croyais, Je n'aurais pas cru que ce fût ainsi.

Littré (1872-1877)

NE (ne)
  • 1Mot qui rend une proposition négative et qui précède toujours le verbe ; seul et isolé de pas ou point, il n'a plus son ancienne vertu négative que dans certains emplois déterminés. Ne s'emploie seul avec les verbes cesser, oser, savoir, avoir garde, pouvoir et importer (impersonnel). Il n'a cessé de gronder. On n'ose l'aborder. Il n'a garde d'y manquer. Je ne puis me taire. L'un dit : je n'y vais point, je ne suis pas si sot ; L'autre : je ne saurais, La Fontaine, Fabl. II, 2. Il n'importe d'avoir payé Le Vacher ou non, Sévigné, 1er août 1685.

    Toutefois, en ces cas, on peut mettre aussi pas ou point. Il ne cesse pas de gronder. Chacun demeure d'accord qu'il ne pouvait pas mieux jouer, Molière, Crit. sc. 6.

    Il se dit seul avec d'autres verbes, mais dans le style familier et un peu archaïque. L'âne appelle aussitôt le chien à son secours : Le chien ne bouge et dit…, La Fontaine, Fabl. VIII, 17. Le jeu n'est sûr avec cette ribaude, Boileau, Épigr. III.

    On le met seul aussi avec l'impératif, mais dans la conversation et dans le style familier. Ne bougez d'ici. Tiens cette bague, et ne la lâche, La Fontaine, Ann.

    Cela se fait encore quelquefois à l'impératif, dans la poésie élevée. Henri… Ne refuse à mes vœux un favorable appui, Malherbe, I, 4.

  • 2Dans des phrases négatives ou interrogatives, ne se dit seul au second membre, quand ce second membre est négatif. Y a-t-il un homme dont elle ne médise ? Avez-vous un ami qui ne soit des miens ? Je ne vois personne qui ne vous loue. Don Rodrigue, surtout, n'a trait en son visage Qui d'un homme de cœur ne soit la haute image, Corneille, Cid, I, 1.
  • 3Ne se dit seul quand l'étendue de la négation est restreinte par quelque terme. Il ne lit guère. Je ne sortirai de trois jours. Tout fut mis en morceaux ; un seul n'en échappa, La Fontaine, Fabl. III, 13. Il n'est demeure plus secrète, La Fontaine, ib. X, 4. Chose n'est ici plus commune : Le bien nous le faisons, le mal, c'est la fortune, La Fontaine, ib. VII, 14.
  • 4Ne se dit seul avec autre et que. Je n'ai d'autre désir que celui de vous être utile.

    Mais on peut dire aussi : je n'ai pas d'autre désir…

  • 5Ne se dit seul, quand le mot que signifie pourquoi, au commencement d'une phrase, ou quand il sert à exprimer un désir, à former une imprécation. Que n'êtes-vous arrivé plus tôt ! Que ne m'est-il permis… Que n'est-il encore vivant !
  • 6Après depuis que ou il y a, suivi d'un mot qui indique une certaine quantité de temps, on se sert de ne seul, quand le verbe est au parfait. Depuis que je ne l'ai vu. Il y a six mois que je ne lui ai parlé.

    Mais il faut pas ou point, si le verbe est au présent ; ce qui forme un sens tout différent. Depuis que nous ne nous voyons pas. Il y a six mois que nous ne nous voyons plus.

  • 7Ne se dit seul dans un membre de phrase gouverné par si, au sens de à moins que. Je ne sortirai point, si vous ne me venez prendre en voiture.

    Cependant on dit aussi, quoique moins bien : je ne sortirai pas si vous ne venez pas me prendre en voiture.

  • 8On se sert de ne seul, lorsque deux négations sont jointes par ni. Je ne l'estime ni ne l'aime. Heureux qui n'a ni dettes, ni procès !

    On s'en sert aussi quand ni est redoublé, soit dans le sujet : Ni les biens ni les honneurs ne valent la santé ; soit dans l'attribut : Il est avantageux de n'être ni trop pauvre ni trop riche.

  • 9C'est ne seul qu'on emploie dans la tournure n'était, n'eût été, qui se dit pour si ce n'était, si ce n'eût été. Et je suivrais encore un si noble exercice, N'était que l'autre hiver, faisant ici ma cour, Je vous vis et je fus retenu par l'amour, Corneille, le Ment. I, 3. Confessez-le, ma sœur, vous sauriez vous en taire, N'était le testament du feu roi notre père, Corneille, Pomp. I, 3. Et n'eût été Léonce, en la dernière guerre, Ce dessein avec lui serait tombé par terre, Corneille, Héracl. I, 1. Je le trouvais en vous, n'eût été la bassesse Qui pour ce cher rival contre moi s'intéresse, Corneille, Sertor. IV, 2. Je me soucierais peu de ce qu'ils peuvent dire, n'était l'artifice…, Molière, Tart. Préface.
  • 10Le plus ordinairement, ne, jugé insuffisant par l'usage, est accompagné de pas ou point, ce qui fait la négation complète ; toutefois il ne faut pas oublier que le sens négatif appartient à ne seulement, et que pas et point sont des mots essentiellement affirmatifs. Il ne veut pas. Ne viendra-t-il pas avec nous ? Ne vendez point votre maison.

    On peut mettre indifféremment pas et point devant ou après le verbe, s'il est à l'infinitif : pour ne pas souffrir, pour ne souffrir pas. Toutefois la première façon de parler est la plus usitée.

    Dans les temps simples du verbe, pas et point doivent toujours suivre le verbe. Il ne souffre point. Il ne souffrit pas.

    Au contraire, dans les temps composés, ils se mettent entre l'auxiliaire et le participe. Il n'a point souffert. Il n'a pas chanté.

    Pour la distinction entre pas et point, voy. PAS.

    Lorsque ne n'est suivi ni de pas ni de point ni d'aucun autre mot équivalent, le sens de la proposition est moins négatif. Je ne sais marque une ignorance moins absolue que je ne sais pas.

    Quant aux différents emplois de savoir avec ne, voy. SAVOIR.

  • 11Les mots personne, rien, goutte, jamais, mot, jouent avec ne le même rôle que pas ou point. Je n'y connais personne. Je ne le verrai jamais. Je n'y vois goutte. Je ne demande rien. Je ne dis mot.
  • 12Nul, qui est essentiellement négatif, est toujours accompagné de ne, quand il n'est pas attribut (autrement on ne met pas ne : ses moyens sont nuls). Je n'ai nul souci. Je vous porterai tous, L'un après l'autre, en ma retraite ; Nul que Dieu seul et moi n'en connaît les chemins, La Fontaine, Fabl. X, 4.
  • 13Ne… pas… ne… pas, double négation qui affirme. Je ne puis pas ne pas croire qu'il en est ainsi, c'est-à-dire je suis forcé de croire qu'il en est ainsi. Ces archers aux casaques peintes Ne peuvent pas n'être surpris, Ayant à combattre les feintes De tant d'infidèles esprits, Malherbe, II, 4.
  • 14Ne est dubitatif après les verbes craindre, trembler, appréhender, avoir peur et expressions analogues. Je crains qu'il ne pleuve. Je tremble qu'il ne s'aperçoive de ma faute, etc. Dans ces phrases, il n'y a aucune négation, et ne n'exprime que le caractère dubitatif.

    Quand le verbe douter est négatif ou simplement interrogatif, on emploie le ne dubitatif dans la seconde proposition, à moins qu'on ne veuille exprimer une chose positive et en quelque sorte incontestable, comme ; Je ne doute pas que César ait été assassiné dans le sénat. Doutez-vous que je sois votre ami ?

    De même, lorsque le verbe de la proposition primordiale est nier ou l'un de ses équivalents disconvenir, désespérer, employés négativement, on se sert de la dubitative ne dans la proposition complétive, à moins que cette proposition ne renferme aucune idée de doute, n'exprime un fait incontestable comme : Je ne nie pas qu'il y ait un Dieu. Je ne nie pas que vous soyez heureux, Legoarant

  • 15Ne explétif après un comparatif d'inégalité suivi de que et d'une proposition complétive. Vous écrivez mieux que vous ne parlez. Il est plus riche qu'il ne l'était. Elle est plus belle que vous ne croyez. Je pars plus amoureux que je ne fus jamais, Racine, Bérén. I, 4. Je vous entends ici mieux que vous ne pensez, Racine, Mithr. II, 4. Depuis l'invention de la poudre, les batailles sont beaucoup moins sanglantes qu'elles n'étaient, parce qu'il n'y a presque plus de mêlée, Montesquieu, Lett. pers. 106.

    Le caractère explétif de ce ne est prouvé par le latin qui ne met point de négation : ditior est quam erat, il est plus riche qu'il n'était.

    Après les mêmes comparatifs d'inégalité, si le premier membre est négatif, le second d'ordinaire ne prend point le ne explétif. Il n'est pas plus riche qu'il était. Vous n'écrivez pas mieux que vous parlez. Ils n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont, Descartes, Méth. I, 1. Je ne crois pas qu'on puisse mieux danser qu'ils dansent, Molière, Am. magn. II, 1. On n'en peut pas user mieux que je fais, je pense, Molière, Tart. V, 4. On n'est pas plus maître de toujours aimer qu'on l'a été de ne pas aimer, La Bruyère, IV. Les rochers de Thessalie ne sont pas plus sourds ni plus insensibles aux plaintes des amants désespérés que Télémaque l'était à toutes ces offres, Fénelon, dans GIRAULT-DUVIVIER.

    Cependant des écrivains ont mis ce ne, et, quoique des grammairiens aient noté cela comme une faute, le caractère explétif de ce ne ne permet pas, grammaticalement, de souscrire à leur décision. Cependant vous m'aviez fait une réponse, et on ne peut avoir été mieux perdue qu'elle ne l'a été, Sévigné, dans GIRAULT-DUVIVIER. L'animal que l'on appelle cujuacu-apara ne diffère pas plus de notre chevreuil que le cerf du Canada ne diffère de notre cerf, Buffon, dans GIRAULT-DUVIVIER.

    Quand, avec des comparatifs d'inégalité, la phrase exprime une vraie égalité, il faut mettre le ne explétif. Vous n'écrivez pas mieux que vous ne parlez, c'est-à-dire vous écrivez aussi mal que vous parlez. L'existence de Scipion ne sera pas plus douteuse dans dix siècles qu'elle ne l'est aujourd'hui, D'Alembert, dans GIRAULT-DUVIVIER.

    Avec une phrase interrogative, sans négation, on supprime le ne explétif, parce que c'est une vraie inégalité qu'on veut exprimer. Puis-je mieux servir un maître que j'ai servi don Garcie ? Le Roman de Zaïde, dans GIRAULT-DUVIVIER. Croyez-vous qu'un homme puisse être plus heureux que vous l'êtes depuis trois mois ? Rousseau, dans GIRAULT-DUVIVIER. Quel mortel fut jamais plus heureux que vous l'êtes ! Voltaire, Zaïre, I, 2.

    Si la phrase exprime sous forme interrogative ce qui aurait été exprimé sous forme négative, on met ne. L'existence de Scipion sera-t-elle plus douteuse dans dix siècles, qu'elle ne l'est aujourd'hui ?

    Si la phrase est négative et interrogative, on met ne. Ne peut-on pas mieux servir un maître que vous n'avez servi don Garcie ?

    Avec autre, autrement, on met le ne explétif. On se voit d'un autre œil qu'on ne voit son prochain, La Fontaine, Fabl. I, 7.

    Le ne se supprime quand la phrase est négative, comme avec les comparatifs d'inégalité. Vous ne pensez pas autrement que vous dites. Un glorieux est incapable de s'imaginer que les grands dont il est vu pensent autrement de sa personne qu'il fait lui-même, La Bruyère, II.

    Avec avant que on met, si l'on veut, un ne, qui est toujours explétif. Sortez avant qu'il ne pleuve.

  • 16Ne… que, ne… pas… que, voy. QUE.
  • 17N'avoir pour un seul, ou n'avoir pas pour un seul…, n'avoir pas uniquement un seul… Les autres n'ont pour un seul adversaire, La Fontaine, Mazet.

    Cette tournure est l'équivalent correct du barbarisme vulgaire d'aujourd'hui, ne… pas que, qui dirait : Les autres n'ont pas qu'un seul adversaire (voy. QUE).

  • 18Ne est quelquefois supprimé dans une formule interrogative. Le ciel permet-il pas d'aimer ou de haïr ? La Fontaine, Daphné, II, 5. De quoi te peux-tu plaindre ? ai-je pas réussi ? Molière, l'Ét. IV, 5. Les querelles, procès, faim, soif et maladie, Troublent-ils pas assez le repos de la vie ? Molière, Sgan. 17. T'ai-je pas là-dessus ouvert cent fois mon cœur ? Et sais-tu pas pour lui jusqu'où va mon ardeur ? Molière, Tart. II, 3. Mais quels chants ! loin de moi, fuis, pensée odieuse ; Sur de plus beaux objets promenons mes regards ; Vois-je pas de buveurs une troupe joyeuse ? Gilbert, le Printemps.

    Cela ne se fait guère qu'en poésie ; cependant en voici des exemples en prose. Y a-t-il pas plus de distance de l'infidélité à la vertu ? Pascal, Pens. XXV, 55, dans HAVET.

  • 19Ne a été employé pour ni ; c'est un archaïsme. Il ne saura qui, quoi, n'en quelle part, N'en quel logis…, La Fontaine, Mandr. On n'avait vu, ne lu, n'ouï conter…, La Fontaine, le Diable de Papefig. Et je veux, si jamais on engage ma foi, Un mari qui n'ait pas d'autre livre que moi, Qui ne sache A ne B, n'en déplaise à madame, Molière, F. sav. V, 3. Mademoiselle, ne plus ne moins que la statue de Memnon rendait un son harmonieux lorsqu'elle venait à être éclairée des rayons du soleil, tout de même me sens-je animé d'un doux transport à l'apparition du soleil de vos beautés, Molière, Mal. imag. II, 6.

REMARQUE

1. L'e de ne s'élide devant une voyelle ou une h muette : Il n'a pas ; Il n'habite pas ici.

2. Avec ne… pas, un verbe et un complément, on met de sans article, que le complément soit au singulier ou au pluriel : Je n'ai pas d'argent ; Je n'ai point vu de loups.

3. Avec ne… jamais, un verbe et un complément, on met la préposition de sans article, que le complément soit au singulier ou au pluriel : Je n'ai jamais vu de loups ; Il n'y a jamais de boue en cet endroit.

4. Avec ne, un verbe et un complément, si le complément est au singulier, on met de et l'article défini : Il n'a versé de l'eau à personne ; Il n'a donné du pain à nul autre qu'à vous ; mais on dirait aussi : Il n'a répandu d'eau nulle part ; Il n'a donné de vin à personne. Si le complément est au pluriel, on met de sans article : Il n'a dit d'injures à personne ; mais on dirait aussi : Il n'a dit des injures à personne. Bref la négation ne n'empêche pas l'emploi rationnel ou le rejet de l'article.

HISTORIQUE

IXe s. Si io returnar non l'int pois [si je ne l'en puis détourner], Serment.

Xe s. E io ne dolreie [je ne serais pas chagrin]…, Fragm. de Valenc. p. 469. Ne aiet niuls male voluntatem contra sem peer, ib. Ne por or ned argent ne paramenz, Eulalie.

XIe s. Altre home qui ceste franchise nen ad…, Lois de Guill. 3. Nen ai tel gent qui la sue derompe, Ch. de Rol. II. Sa hanste est fraite, [il] n'en a que un tronçon, ib. CIV.

XIIe s. Ainz [avant] qu'il soit vespre ne le soleil couchant, Ronc. 181. Tu n'es mes homs, ib. 15. Cil court plus tost qu'arcs ne jette bouzon [flèche], ib. 74. Mieux vaut mesure [modération] que ne vaut estoutie, ib. 82. Por verdure ne por pré, Ne por feuille ne por flor, Nulle chançon ne m'agrée, Couci, 1. Ne sai qu'un mot, tant [je] le desir : Merci, ib. IV. Mais nul partir, sachez, quoi que nus [nul] die, N'est dolereus que d'ami et d'amie, ib. XXIV.

XIIIe s. Cil qui chantent de fleur ne de verdure, Ne sentent pas la doleur que je sent, Eust. le Peintre, dans Couci. Mieux [elle] ressemble [à] Bertain que ne peindroit peigniere [peintre], Berte, XI. N'i ot fors buissonciaus [il n'y eut que buissons] où du vent s'est couverte, ib. XXX. D'une part [à part] sont alé, et ne furent que troi, ib. CV. Et li nostre n'avoient mie plus de sept vint, chevaliers, Villehardouin, CXXXI. Une coustume ne quort mès [n'a plus cours], le [la] quele soloit corre el roiame de France, Beaumanoir, XXXIX, 69. Ge n'ai, fors à grant dangier, Ne que boivre, ne que mangier, Ne que chaucier, ne que vestir, la Rose, 8052. Ne nulz ne s'acorda onques puis à moy, ne mès que [si ce n'est] le sire de Chatenay, Joinville, 256. Le roy ne requist ne ne prist onques aide des siens barons, n'à ses chevaliers, n'à ses hommes, ne à ses bones villes, Joinville, 207. Les saintes escriptures nous dient que le moinne ne peut vivre hors de son cloistre sans peché mortel, ne que le poisson peut vivre sanz yaue, Joinville, 288. L'autre point si est tel, que il croient que nulz ne peut mourir que jusques au jour que il li est jugé, Joinville, 260.

XIVe s. Puis que il a jà fait les excès et se est mal gouverné, il ne est mais en sa volenté ou poesté non estre malade, Oresme, Eth. 74.

XVe s. Car vieilles n'ont ne cours ne estre, Ne que [pas plus que] monnoie qu'on descrie, Villon, Ballade de la belle Heaulmière. Dictes-moy où, n'en quel pays Est Flora, la belle romaine, Villon, Ball. des dames du temps jadis.

XVIe s. Si Pierre n'avoit pas plus de puissance sur les autres, qu'iceux avoyent sur lui, Calvin, Instit. 888. Nous ne reprouvons point le vœu de s'abstenir de mariage, que [si ce n'est] pour ces deux causes, Calvin, Inst. 1024. Nous ne mettons point aucune vertu aux creatures, Calvin, 1035. Ceulx qui n'auront leu la prodigieuse force et vaillance de ce prince, Montaigne, I, 2. Je ne l'aime ny l'estime, Montaigne, I, 6. La plus belle royne vient elle pas de mourir par main du bourreau ? Montaigne, I, 66. Ils firent deffense que nul n'eust plus à aller là, Montaigne, I, 233. Sans empeschement ne destourbier, Montaigne, II, 117. Quand nous songeons, nostre ame vit, ne plus ne moins que…, Montaigne, II, 368. Je ne veux point de trop volage amie, Ny ne la veux aussi trop endormie, Saint-Gelais, 230. Nul, s'il n'est vrayement du tout ignare, voire privé de sens commun, ne doute point que les choses n'ayent premierement esté, puis après, les mots…, Du Bellay, J. I, 28, recto. As-tu point veu une nymphe craintive…, Du Bellay, J. II, 28, recto. Et qui sait si les derniers Se feront point les premiers ? , Du Bellay, J. III, 50, recto. Les flots courroussez qui baignent Leurs rivages qui se plaignent, Ne sont plus sourds que je suis, Du Bellay, J. III, 78, recto. Quelque fois je m'esmerveille comment ne pourquoy un homme si aspre eut onques le surnom de bon, Amyot, Phoc. 15. Et l'eust toute devorée, n'eust esté que elle crioyt horriblement, Rabelais, Pant. II, 4. Il vint en Avignon, où il ne feut troys jours que il ne devint amoureux, Rabelais, ib. II, 5. Il n'est vol que de pigeon, quand il ha œufz ou petitz, Rabelais, ib. IV, 3. Combien l'erreur est grand de ne trancher pas le chemin aux confusions ! Lanoue, 38. Je ne perdoye point esperance que nous ne peussions un jour y parvenir, Lanoue, 60. Avecques deffenses de ne s'entr'offenser, Lanoue, 259. Il [l'amour] ne fait que de naistre et m'a desja perdu, Ronsard, 289. Sitost le gouvernal ne tourne la navire Errante au gré du vent, que le peuple se vire Vers les mœurs de son prince, Ronsard, 662. Les deux n'avoient qu'un cœur…, Ronsard, 191. Quand de mon chaud esté je ne sors qu'à grand peine, Je n'entre qu'en automne, et ne peux arriver De vingt ans pour le moins aux jours de mon hyver, Ronsard, 658. Je disois à par moy : Ce n'est rien que des rois [les rois ne sont rien], Ronsard, 694. Je n'avois pas quinze ans que les monts et les bois Et les eaux me plaisoient plus que la cour des rois, Ronsard, 893.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

NE. Ajoutez :
20Ne, dans une phrase subordonnée par un que, peut avoir le sens de : s'empêcher de. Je ne crois pas que je ne pleure quand je verrai ce courrier chargé de dépêches pour M. de Pompone [que je m'empêche de pleurer], Sévigné, 29 nov. 1679.

REMARQUE

Ajoutez :

5. Ne, construit déjà avec jamais ou autre mot semblable, n'empêche pas de joindre un autre mot analogue. Vous ne mettez jamais votre santé en aucune considération, Sévigné, 2 nov. 1679.

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Étymologie de « ne »

Du latin ne.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Forme affaiblie du latin non. D'anciens textes conservent le non latin, en normand nen ; mais de très bonne heure aussi, non ou nen s'atténua en ne. Ne dans les textes rapportés à l'historique a souvent le sens de ni ; en cette acception il vient du latin nec. Dans l'ancienne langue, on trouve souvent ne employé sans aucune idée de négation pour et et ou.

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Phonétique du mot « ne »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
ne

Fréquence d'apparition du mot « ne » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « ne »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « ne »

  • Qui ne pétrit, bon pain ne mange.
    Jean Antoine de Baïf — Mimes, enseignements et proverbes
  • Nos journaux et magazines
    LEFIGARO — La Lettre du «Fig Mag» du 5 mars 2022
  • Qui ne travaille pas ne devrait pas manger.
    Proverbe bulgare
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  • Rien ne tache et rien ne lave comme le sang.
    Joseph Roux
  • Qui ne mesure, guère ne dure.
    Proverbe français
  • Qui ne risque rien... ne risque rien !
    Etienne Castanié
  • Qui ne sait rien, de rien ne doute.
    Pierre Gringore
  • Urgence climatique : « Pour une conférence sur la tarification du carbone, en septembre »
    Le Monde.fr — We Are One, un festival de cinéma en ligne, faute de mieux
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Traductions du mot « ne »

Langue Traduction
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Italien nato
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Basque jaio
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Synonymes de « ne »

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Antonymes de « ne »

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Ne

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