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Mourir

Définitions de « mourir »

Trésor de la Langue Française informatisé

MOURIR, verbe

I.− Emploi intrans.
A.− [Le suj. désigne un être vivant]
1. [Exprimant l'accompli] Cesser d'exister, perdre la vie.
a) [Le suj. désigne une pers.]
[Employé seul] Je ne veux emporter en mourant que l'espoir d'être regretté par toi (La Martelière, Robert,1793, v, 3, p. 60).Il faut que l'herbe pousse et que les enfants meurent; Je le sais, ô mon Dieu! (Hugo, Contempl.,t. 2, 1856, p. 404):
1. Fut-ce à ce moment que Mouchette subit le deuxième assaut de la force obscure qui venait de s'éveiller au plus profond, au plus secret de sa chair? (...) La pensée de la mort n'achevait pourtant pas de se former, le regard qu'elle fixait malgré elle sur la mare qui miroitait sous ses pieds restait vague. Elle ne voulait pas mourir. Bernanos, Mouchette,1937, p. 1342.
Emploi subst. masc., littér. Fait de mourir. Ô soldats que j'ai vus rire, souffrir, vous taire Dans la blancheur de chaux d'un ancien monastère, Où, comme un haut jet d'eau, s'élevait dans la cour Un arbre purpurin tout saturé d'amour, J'ai près de vous appris le mourir et le vivre (Noailles, Forces étern.,1920, p. 51).
Faire mourir qqn. Moïse a fait mourir les Égyptiens, Samuël a fait mourir Agag; Élie, les prophetes de Baal et les capitaines d'Okofias (Saint-Martin, Homme désir,1790, p. 182).
À se faire mourir. Il est gourmand, mon cher, à se faire mourir à tous les repas. Tu ne te figures point ce qu'il mangerait si on le laissait libre (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Fam., 1886, p. 562).
Se laisser mourir. Cette excellente femme (...) se laissa mourir, sans doute par dévouement, en donnant le jour à Georges (Gobineau, Pléiades,1874, p. 39).
[Avec un compl.]
[de lieu] Mourir au bagne, dans la rue, dans son lit, dans les bras de qqn. Le roi! Le roi! Mon père est mort sur l'échafaud, condamné par le sien (Hugo, Hernani,1830, i, 2, p. 10).Jésus qui êtes mort sur la croix pour le salut de tous les hommes (Claudel, Messe là-bas,1919, p. 488):
2. Nous autres pauvres gens, nous appelons être riche quand nous ne mourons pas à l'hôpital; et mon père est mort chez lui, tout le quartier peut vous le dire. Leclercq, Prov. dram.,Savet. et financ., 1835, 7, p. 226.
[de temps] Il en est mort dans l'année (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 126).Mort à l'âge de 87 ans, le 1erfévrier 1709, il ne vit pas l'accomplissement des derniers excès qui se préparaient contre Port-Royal (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 501).Marie était morte à seize ans (Montherl., Célibataires,1934, p. 754).
[de circonstances] Sa femme mourut en couches, lui laissant un regret éternel de cette séparation si prompte (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 294).Mourir sous des balles alliées quelques mois avant la victoire! (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 343).
SYNT. Mourir abandonné, damné, libre, pauvre, seul; mourir à la guerre, au service de qqn, au champ d'honneur; mourir avec courage, avec terreur; mourir dans la misère, dans l'oubli, dans le péché; mourir en bon chrétien, en paix; mourir sur le coup; mourir saintement, subitement; mourir comme un brave, comme un chien.
Mourir à la peine, à la tâche. Périr sous le poids de tâches accablantes; mourir en laissant une œuvre inachevée. Je veux t'éviter les gênes, les misères de l'existence. C'est assez que ta pauvre mère les ait éprouvées et soit morte à la tâche (A. France, Jocaste,1879, p. 23):
3. Les trois hommes de lettres les plus distingués de la fin du xviiiesiècle, sont Beaumarchais, Mirabeau et Rivarol. Beaumarchais, par son Figaro, donna le manifeste de la Révolution; Mirabeau la fit; Rivarol la combattit et fit tout pour l'enrayer : il mourut à la peine. Chênedollé, Journal,1822, p. 118.
Mourir tout entier. Mourir sans laisser aucun souvenir durable à la postérité :
4. ... Daudet se met à parler de gens de valeur que les circonstances, la paresse, n'ont jamais laissés se produire et qui meurent tout entiers faute d'un Eckermann, et le nom de son ami Pillaut, le musicien, lui vient à la bouche, comme celui d'un de ces hommes, tout, tout plein de choses fines, délicates, et qui aura passé dans la vie sans laisser une trace... Goncourt, Journal,1888, p. 858.
Mourir vivant. Mourir subitement, en pleine force. Il n'a pas souffert qu'on épiât son déclin. Il est mort vivant. Je ne trouve pas cela méprisable (A. France, Lys rouge,1894, p. 315).
[de cause] Et samedi, vingt-six, une heure avant dîné, Monsieur de Bergerac est mort assassiné (Rostand, Cyrano,1898, v, 6, p. 220).Leone est mort écrasé par un tramway (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 118):
5. Elle entendit le souffle court de Xavier. Son père et sa mère, songeait-elle, étaient morts d'une maladie de cœur. « Je pourrais le tuer ». Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 33.
SYNT. Mourir dans un accident, un attentat, un incendie, un naufrage; mourir d'anémie, d'apoplexie, de consomption, de faim, de froid, d'inanition, de maladie, de tuberculose, de vieillesse; mourir d'une attaque, d'un cancer, d'une chute, d'un coup (de poignard, de sang), d'une crise cardiaque, d'une méningite, d'une rupture d'anévrisme; mourir de la peste, de la rage, de la vérole; mourir par manque de soins; mourir des suites de qqc.; mourir noyé, électrocuté.
Mourir de la main de qqn. Le roi, averti par les astrologues qu'il mourrait de la main de ce fils, le fit exposer, dès sa naissance, et lui substitua un enfant trouvé (A. France, Vie fleur,1922, p. 386).
Mourir de sa belle mort. V. mort1.
P. exagér. [Pour indiquer qu'une chose n'est ni dangereuse ni trop pénible] Ne pas en mourir. Depuis un an et plus je n'ai pas vu la queue D'un journal (...) Eh bien, l'on n'en meurt pas (Verlaine, Œuvres compl.,t. 3, Invect., 1896, p. 357).C'est rien que de la conserve, j'en bouffe depuis un an moi... J'en suis pas mort! (Céline, Voyage,1932, p. 206).
[de but] Guy Mocquet, ce martyr de dix-sept ans, mort pour la France (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 372).
SYNT. Mourir pour des idées, pour la liberté, pour la patrie, pour son pays, pour l'humanité, pour le péché des hommes, pour le salut du monde.
[Employé dans des expr.]
[Dans des formules exprimant avec force un serment ou une affirmation et indiquant que la volonté de mourir est dans une alternative, la seule option à une autre action que l'on repousse]
Plutôt mourir (que + verbe à l'inf.). Connaissez-vous toutes vos consignes et spécialement la principale, celle qui est commune à tous les forts : plutôt mourir que se rendre? (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 16).Pas de lâche compromission! Tenir tête à l'orage! Plutôt mourir! (Martin du G., Thib.,Cah. gr., 1922, p. 627).
Que je meure si... Que je meure Si je comprends ce cri jaloux! (Verlaine, Œuvres compl.,t. 1, Jadis, 1884, p. 329).
Loc. proverbiales
P. plaisant. [Pour encourager à ne pas craindre la mort] On ne meurt qu'une fois. Allons! Le moment est venu. On ne meurt qu'une fois! (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 249).
Ceux qui vont mourir te saluent. [P. allus. à la phrase que prononçaient les gladiateurs avant de combattre devant la loge impériale : Ave, Caesar, morituri te salutant] Le peuple est le César indifférent, le Claude ricaneur auquel les soldats disent sans cesse en défilant : Ceux qui vont mourir te saluent (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 20).
Partir, c'est mourir un peu :
6. Partir, c'est mourir un peu C'est mourir à ce qu'on aime On laisse un peu de soi-même En toute heure et dans tout lieu. E. Haraucourt, Rondel de l'Adieu,Paris, Charpentier, 1891, p. 12.
b) [Le suj. désigne un animal ou un végétal] Elle avait la voix et l'accent que prennent les ingénues pour dire que le petit chat est mort (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 227).Nous remontons l'allée des platanes, (...) au pied desquels meurent les dernières jonquilles (H. Bazin, Vipère,1948, p. 163).
2. [Exprimant le non-accompli] Subir des altérations physiques ou morales donnant le sentiment qu'on est conduit progressivement à la mort. Synon. s'étioler, se consumer, languir.Mourir doucement, lentement. Rodolfo : Ô Catarina! être séparé de toi, (...) c'est sentir qu'on meurt un peu chaque jour! (Hugo, Angelo,1835, p. 50).Alors, c'est cela, je me laisserai mourir à petit feu, élégamment, au milieu de mes amis pâles d'émoi (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 88):
7. Depuis près de vingt ans que nous avons commencé de mourir, que de fois nous avons cru toucher au terme de notre métamorphose! Proudhon, Confess. révol.,1849, p. 180.
3. P. hyperb. Éprouver intensément (une sensation, un sentiment). Vrai! J'ai pensé mourir deux cent cinquante fois depuis hier. J'en pleurais des ruisseaux de larmes. Toi ici! Dieu! Si ce pauvre oncle vivait! (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 434).
Mourir de + subst. (compl. de cause) :
8. Les journées s'écoulaient cependant, avec une effroyable vitesse, et le duc qui mourait d'impatience, semblait encore pousser les heures de ses mains, à force de courir et de trépigner dans les derniers préparatifs. Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 141.
SYNT. Mourir de chagrin, de chaleur, de dégoût, de désespoir, de douleur, d'ennui, de faim, de fatigue, de froid, de honte, de joie, de misère, de peur, de plaisir, de rage, de tristesse, de sommeil.
Mourir d'amour. Je suis ivre, je crie de désir, je meurs d'amour, je meurs d'amour éternellement! (Milosz, Amour, initiation,1910, p. 149).
Mourir d'envie de (+ verbe à l'inf.). Il mourait d'envie de se jeter dans les bras de son ami (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 236).
Mourir de rire. Je vous conterai son histoire, c'est à mourir de rire (Fiévée, Dot Suzette,1798, p. 140).
Faire mourir qqn (de qqc.). Causer à quelqu'un de vifs désagréments. Valérie, me suis-je écrié, vous me ferez mourir; vous nous ferez tous mourir, ai-je ajouté, avec votre légèreté (Krüdener, Valérie,1803, p. 45).
À (en) mourir. Cela n'empêche pas, maman, que je m'embête à mourir (Ponson du Terr., Rocambole,t. 3, 1859, p. 305):
9. La pensée de l'autre vie a changé l'aspect de celle-ci, provoqué des sacrifices furieux et des résignations d'une tendresse infinie, des songes et des espérances à soulever l'âme, et des désespoirs à en mourir. Lemaitre, Contemp.,1885, p. 159.
Mourir de + verbe à l'inf. (littér.).Avoir très envie de faire quelque chose. Dans l'ardent prosélytisme d'une âme qui meurt d'illuminer les âmes (Blondel, Action,1893, p. 243).
Mourir à qqn/qqc.Renoncer à quelqu'un ou à quelque chose.
THÉOL. Mourir au monde, au péché, à Satan. Le monde était la proie du mal; un seul salut : mourir à soi-même, à la terre, contempler du fond d'un naufrage les impossibles idées (Sartre, Mots,1964, p. 148).
[En dehors de la lang. relig.] Il écoute pieusement les heures tomber dans l'éternité qui les encadre, il meurt au monde qui l'a déçu (Psichari, Voy. centur.,1914, p. 25).
B.− [Le suj. désigne une chose]
1. [Le suj. désigne une communauté humaine (pays, ville, commerce, etc.) ou ses manifestations] Perdre peu à peu son existence, son rayonnement. Les institutions de la vieille patrie mouroient donc avec le vieux culte (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist.,t. 2, 1831, p. 7):
10. Et déjà, l'on ne sait trop pourquoi, Montmartre mourait. Il y a plus de vingt-cinq ans, un de nos confrères l'enterrait gentiment, ce doux quartier. Il dénonçait le crime des pierres qui nous enlevaient jour par jour un peu plus d'air, un peu plus du vieux Paris et un peu plus du vieux Montmartre. Fargue, Piéton Paris,1939, p. 167.
2. S'arrêter, disparaître en perdant peu à peu sa force, son intensité.
a) [Le suj. désigne un objet en mouvement] Finir son parcours, sa trajectoire; s'arrêter. Le petit plomb avait été mourir (...) dans les bas chinés du vieillard, il fut effrayé de le voir tombant les quatre membres en l'air, et criant : « À l'assassin! » (Balzac, Œuvres div.,t. 2, 1830, p. 237).La mer avait fini de monter. De larges ondes tremblaient sur elle, et s'en allaient mourir là-bas, au fond du port (Renard, Écorn.,1892, p. 80).
11. Aurai-je assez de matériau pour bloquer cette autre voie d'invasion?... Le matelas suffira... et la seconde vague d'assaut vient mourir contre ce nouveau retranchement. H. Bazin, Vipère,1948, p. 197.
P. anal. Sa traîne commençait cette robe [de la marquise] et il semblait que ses étoffes montassent du sol pour s'enrouler autour des chevilles, des cuisses, des fesses, du ventre, de la taille, et mourir au bord des seins (Cocteau, Appogiatures,1953, p. 30).
b) [Le suj. désigne un objet (un phénomène physique) développant une certaine énergie] Elle laissait mourir le feu, et, à mesure que la pièce devenait plus froide, elle traînait sa chaise vers l'âtre, ses pieds touchaient presque la cendre. Le feu mourant attirait ses mains et son front (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 296).
c) [Le suj. désigne une chose, un phénomène touchant aux sens (une couleur, un son...)] Un roulement lointain qui se rapproche, grandit, envahit l'horizon, meurt enfin sous la terre (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p. 254).Les flambeaux n'étaient pas encore allumés et le jour mourait tristement dans la chambre (Proust, Plais. et jours,1896, p. 208):
12. Et, comme elle vous trouve immensément naïf, Tout en faisant trotter ses petites bottines, Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif... − Sur vos lèvres alors meurent les cavatines... − Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août. Rimbaud, Poés.,1871, p. 72.
PEINT. C'est ainsi qu'une robe vert d'eau [des Japonaises] meurt dans du violet, qui, d'abord presque insensible, devient du violet foncé (E. de Goncourt, Mais. artiste,t. 1, 1881, p. 206).
Faire mourir les couleurs. ,,En adoucir l'éclat, la vivacité, ménager avec art le passage des clairs aux bruns`` (Jossier 1881).
d) [Le suj. désigne un sentiment ou ses manifestations] Pique du sein la gourde belle, Sur qui l'amour meurt ou sommeille (Valéry, Charmes,1922, p. 118).Sa rancune à l'égard de Dubreuilh ne mourrait pas de sitôt, mais ça n'interdisait pas un travail commun (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 255).
3. [Le suj. désigne un relief, un objet saisi dans sa masse] S'amenuiser, diminuer en pente douce. La muraille, terminée par un éboulement de roches, venait mourir en pente douce sur la lisière de la forêt. C'était comme un escalier naturel (Verne, Île myst.,1874, p. 31).La tête du lac se dessine. C'est un golfe d'eau bleue qui vient mourir à la base d'une montagne (Bourget, Ét. angl.,1888, p. 122).
MENUIS. Scier en mourant. Scier de sorte que l'épaisseur diminue insensiblement et vienne à rien. À partir des bords extérieurs du second cercle, l'épaisseur doit aller en mourant (Maugin, Maigne, Nouv. manuel luthier,1929, [1869], p. 101).
II.− Emploi pronom. [Gén. à l'inf., au prés. ou à l'imp. de l'ind.]
A.− [Le suj. désigne une pers.] Se mourir (de)
1. Être en train de mourir. Un enfant qui se mourait dans le village, que Julie avait assisté, soigné jusqu'au jour où, grièvement atteinte elle-même, elle avait dû remettre à d'autres son rôle (Fromentin, Dominique,1863, p. 258).Il se mourait d'une pleurésie, déterminée par une blessure au flanc gauche (Zola, Débâcle,1892, p. 502).
2. P. hyperb. Éprouver intensément (des sentiments ou des sensations). Se mourir d'amour, de chagrin, d'envie, d'épuisement, de honte, d'inquiétude, de peur, de rire. − Ne me caresse pas ainsi, Passereau, je me meurs, tu vas me tuer! − Te tuer, belle homicide! Ce serait grand dommage (Borel, Champavert,1833, p. 204).Le pauvre comte inoccupé, se mourait de chaleur et d'ennui (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 182).
B.− [Le suj. désigne une chose] S'affaiblir, s'acheminer vers son extinction, sa disparition. Les institutions se meurent. Un jour rose se mourait au plafond de la pièce (Zola, Nana,1880, p. 1431).Le chœur des étudiants (...) se fait (...) entendre; puis dans un murmure des timbales, le bruit se meurt, lointain (Prod'homme, Cycle Berlioz,t. 1, 1896, p. 140).
Prononc. et Orth. : [muʀi:ʀ], (il) meurt [mœ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. Ind. prés. : je meurs, tu meurs, il meurt, nous mourons, vous mourez, ils meurent; imp. : je mourais; passé simple : je mourus; fut., cond. prés. : je mourrai(s) [muʀ(ʀ)ε]; impér. : meurs, mourons, mourez; subj. prés. : que je meure, que tu meures, qu'il meure, que nous mourions, que vous mouriez, qu'ils meurent; subj. imp. : que je mourusse; part. prés. : mourant; part. passé : mort, fém. morte. Étymol. et Hist. I. Réfl. Cesser de vivre A. D'une personne 1. 881 (Ste Eulalie, 18 ds Henry Chrestomathie, p. 3 : Por o's furet morte a grand honestet); 2emoitié xes. (St Léger, éd. J. Linskill, 51 : Il se fud morz, damz i fud granz); 2. ca 1170 « être mourant » (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Yonec, 447); 3. être au bord de la mort, dépérir a) ca 1160 par amour (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 8700 : Amors ne me fet mie droit : Quant ge me plain et il s'en rit; Muir moi et lui an est petit); 1176-81 Chrétien de Troyes, Chevalier au Lion, éd. M. Roques, 6506); b) ca 1165 par chagrin (Benoît de Ste-Maure, Troie, 613 ds T.-L. : Por ses fiz qui sont mort se muert [Ecuba]). B. D'un inanimé 1580 (Montaigne, Essais, II, XII, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 387 : la fleur d'aage se meurt et passe quand la vieillesse survient). II. Intrans. Cesser de vivre A. D'une personne, d'un être vivant 1. a) fin xes. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 290 : El mor ind. prés. 3 sing.; 331, 335 : murir); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 227 : ... de quel mort nus muriuns); 1120-50 (Grant mal fist Adam, I, 92 ds T.-L. : Furent mort de sei); ca 1125 (Couronnement de Louis, 2221, ibid. : ... il fu morz de dueil et de lasté); 1155 (Wace, Brut, 133, ibid. : Morte fu de l'enfantement); 1160-74 (Id., Rou, éd. J. Holden, II, 335 : Miex veut qu'a glaive muire); 1176 (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 4011 : Ja nus eidier ne li porra Qu'avuec lui [Cligès] morir ne se lest [l'anpereriz] Car sanz lui vie ne li pleist); 1260 part. prés. subst. (Robert de Blois, Beaudous, 2907 ds T.-L.); ca 1380 id. adj. (Gloss. Aalma, 7683 ds Roques t. 2, p. 263); b) fin xiie-début xiiies. d'un végétal l'erbe muert (Gace Brulé, Chansons, éd. H. Petersen Diggve, XIV, 1, p. 237); 2. être sur le point de mourir, dépérir a) ca 1165 morir de fain [en parlant de Tantale] (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 909); b) 1188 par amour, douleur, chagrin ou autre sentiment (Aimon de Varennes, Florimont, 8405 ds T.-L. : La pucelle por lui moroit); ca 1200 (Châtelain de Coucy, Chansons, éd. A. Lerond, XIII, 28 : ... car a trop grant dolor Muir et languis); fin xiie-début xiiies. (Gace Brulé, loc. cit., p. 238 : Tant fait Amours sovent vivre et morir); 1608 p. hyperb. il en faudroit mourir pour exprimer l'admiration (M. Régnier, Satires, éd. G. Raibaud, VIII, 40); 1671, 27 mars à mourir « au point d'être exténué, d'éprouver une immense lassitude » (Sévigné, Lettres, éd. Gérard-Gailly, t. 1, p. 238); c) 1540 mourir apres « désirer ardemment » (La Grise, Trad. Guevara, II, 14 ds Hug.); 3. ca 1200 morir a terme de spiritualité « renoncer définitivement à » morir al munde (Moralia in Job ds Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, p. 320); 1651, 17 oct. mourir au péché (Pascal, Lettre à l'occasion de la mort de M. Pascal, le Père ds Œuvres, éd. J. Chevalier, p. 498); 1675 mourir à ses passions (Fléchier, O. f. de la duchesse d'Aiguillon, éd. Paris, Libraires associés, 1808, p. 63); 4. xiiies. « aller vers la mort, inéluctable; décliner » (Chanson, ms. Berne 389, éd. E. Järnström, t. 1, p. 20 : Quant li hons naist, lors commence a morir). B. D'un inanimé 1. concr. 1556 (Beaugué, Guerre d'Écosse, I, 10 ds Littré : Courtine ... où les boulets alloyent mourir); 1579 (Larivey, Les Jaloux, I, 1 ds Gdf. Compl. : La parole me mourut entre les dents); 1616 (D'Aubigné, Hist. I, 323 ds Littré : ... deux estangs, entre lesquels venoit mourir en bas une petite pleine triangulaire); 2. abstr. 1580 (Montaigne, Essais, II, XX, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 587 : le premier aage meurt en l'enfance et le jour d'hier meurt en celuy du jour d'huy); av. 1704 (Bossuet, Médit. sur l'Évangile, Dern. sem. du Sauveur, 81ejour ds Littré : [les empires] meurent ... comme le reste des choses humaines). III. Trans. ca 1100 avoir mort [aucun] « avoir tué [quelqu'un] » (Roland, éd. J. Bédier, 1683); id. estre mort « être tué » (ibid., 3609), encore av. 1614 − à la forme active − (Brantôme, Rodomontades [VII, 132] ds Hug. : il tumbe dans le feu qui l'acheva de mourir). IV. Inf. subst. ca 1200 (chans. ds Châtelain de Coucy, Chansons, éd. A. Lerond, XXIX, 10 : jusqu'au morir). Du lat. mori (morīri dans la lang. vulg. Plaute, Vään., § 312; cf. TLL s.v., 1492, 41, devenu morire, verbe actif à basse époque ibid., § 294; cf. TLL, 1492, 52) « mourir (d'un être vivant) », fig. « dépérir, se consumer »; « (d'un inanimé) s'éteindre, finir », spéc. flumina, Pétrone; ignis, Stace, ds TLL, 1495, 39 et 41. Dans la lang. chrét. se développe le sens de « renoncer à, se détacher de (peccato, vitiis...) », Blaise Lat. chrét. Fréq. abs. littér. : 20 874. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 32 551, b) 29 332; xxes. : a) 32 237, b) 25 891. Bbg. Donaldson (W. D.). Fr. reflexive verbs. The Hague. Paris, 1973, pp. 36-41. − Leonard (C. S.). Strong (R) and weak (r) in gallo-Romance. Rom. Philol. 1965, t. 18, pp. 296-299. − Quem. DDL t. 10.

Wiktionnaire

Nom commun - français

mourir masculin singulier

  1. (Philosophie) Expérience de la mort.
    • Un philosophe est celui […] qui apprend tout sa vie à vivre, non pas dans le but de savoir mourir, […] mais pour continuer l'apprentissage de la vie jusque dans le mourir. — (Pierre Bertrand, Éloge de la fragilité, éditions Liber, Montréal, 2000, page 136)

Verbe - français

mourir \mu.ʁiʁ\ intransitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se mourir)

  1. Cesser de vivre ; devenir mort.
    • « Eh bien, tu sais, toi, tu ne t’amènes pas trop vite, dit-il.
      — Faut-il s’en faire mourir ? »
      — (Hector Malot, En famille, 1893)
    • Ce qui est certain, c'est qu'en Extrême-Orient on meurt beaucoup plus par la fièvre typhoïde que par le choléra. — (Jules Guiart, Les Parasites inoculateurs de maladies, Paris : Flammarion, 1918, page 297)
    • À leur âge, dans notre pays, les grand’mères se préparent à mourir pieusement et les jeunes filles ne pensent qu'au flirt. — (Xavier de Hauteclocque, La tragédie brune, Nouvelle Revue Critique, 1934, page 59)
    • Celui-ci se rendit, vers 1121, en Palestine, avec d’autres rabbins et il mourut en cours de route. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • Elle allait mourir dans des souffrances atroces, sans que rien pût la soulager. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Je ne mourrai pas ! je ne mourrai pas ! dit-elle à moitié folle de joie et en se pendant à mon cou : je pourrai t’aimer encore longtemps. Ma vie est dans la tienne, et tout ce qui est moi vient de toi. — (Théophile Gautier, La morte amoureuse, 1836)
    • L’hiver 1953-1954 fut particulièrement rude. Des clochards moururent de froid, ainsi qu’un enfant dans une famille mal logée. — (Bertrand Marchand, Paris, histoire d’une ville XIXe-XXe siècle, Éditions du Seuil, 1993, page 279)
    • Au sortir de la guerre, dans la table sans fin des jours de fête, au milieu des rires et des exclamations, on prendra bien le temps de mourir, allez ! la mémoire des autres nous plaçait dans le monde. — (Annie Ernaux, Les années, Gallimard, 2008, collection Folio, page 31)
    • Disposant de peu d’énergie, les plantes du sous-bois ne peuvent produire que de très petites graines et ces dernières, lorsqu’elles germent, mourraient si elles se laissaient enfouir sous la litière; […]. — (Luc Jacquet et Francis Hallé, Il était une forêt, Actes Sud, 2014, page 38)
  2. (Par hyperbole) Subir des tourments ; être tourmenté.
    • Dites donc, vous autres, – les apostropha-t-il, […], – je meurs de fatigue, et je ne me tiens plus sur les jambes d’avoir été si longtemps en selle. Impossible de vous accorder une seule seconde d’entretien, je suis fourbu, esquinté. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 31 de l’édition de 1921)
    • C'est à mourir de rire comme c’est écrit là, mais moi, je ne meurs pas de rire, je meurs de honte et engueule cet âne de gros émile laconique… […]. — (Louis Paul Boon, La Route de la chapelle, traduit par Marie Hooghe, L’Âge d’Homme, 1999, page 380)
    • Après la vente de l’entreprise, elle avait failli mourir d’ennui la première année passé à la maison, et elle avait tout de suite sauté sur l’occasion quand la bibliothèque avait recherché quelqu’un pour un mi-temps. — (Camilla Läckberg, trad. Lena Grumbach et Catherine Marcus, Le Tailleur de pierre, Actes Sud, 2009 (1re éd. 2005), page 116)
    • Mornet replia le journal. Il allait mal et nul ne songeait à le questionner, alors qu’il en mourrait d'envie. — (Pierre Saha, Le porteur de mauvaises nouvelles: Liancourt, avril 1972, une tragédie ordinaire, Éditions Ravet-Anceau, 2017)
    • — Parce que tu regardes toujours les catalogues de tondeuses à gazon. Tu meurs d’envie d'en acheter une., — (Agatha Christie, Le Cheval à bascule, Librairie des Champs-Élysées, traduction de Janine Lévy entièrement révisée, Éditions du Masque, 2014, chapitre 3)
  3. (Par analogie) Finir, disparaitre, en parlant des États, des institutions, des établissements, des choses morales, des productions de l’esprit, des ouvrages de l’art.
    • Au milieu de leurs anathèmes et de leurs malédictions, ils poussaient ce cri, répercuté d’un bout de la France à l’autre : « Le petit commerce meurt!… Le petit commerce ne veut pas mourir ! » L’ombre de Bossuet en frémissait peut-être. — (Gilles Normand, La guerre, le commerce français et les consommateurs, Perrin, 1917, page 7)
    • Au manifeste du journal Le Décadent, […], fait écho un éditorial de La Croix : « La religion est persécutée, la noblesse est anéantie, la magistrature a perdu son indépendance et son caractère, l'armée est vaincue et humiliée, l'industrie meurt, l'agriculture est ruinée. — (Laurent Mucchielli, La découverte du social: Naissance de la sociologie en France, La Découverte, 2010, page 101)
  4. (Figuré) Finir peu à peu en parlant de certaines choses, de l’activité, du mouvement ou de choses qui finissent par une dégradation insensible, comme les sons, les couleurs, etc.
    • Vers l’est mouraient en pentes douces les versants de ces hauteurs qui composaient le plateau de Lattakou. — (Jules Verne, Aventures de trois Russes et de trois Anglais, 1872)
    • L’embarquement et le débarquement s'opèrent à l'aide de barcasses d'un faible tirant d’eau, pouvant pénétrer dans une petite anse où les vagues viennent mourir au pied même des murs de la ville. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 21)
  5. (Pronominal) Être sur le point de mourirNote : Surtout au présent et à l’imparfait de l’indicatif.
    • Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte ! — (Jacques Bénigne Bossuet, Oraison funèbre de Henriette-Anne d’Angleterre, 1649)
    • Mais mon père se meurt ! mon père se meurt ! s’écria le Dauphin.
      - Hâtez-vous, André, dit Ambroise : le roi est bien mal !
      - Le roi a encore trois ou quatre jours à vivre, ne craignez rien, répondit Vésale.
      — (Alexandre Dumas, La Royale Maison de Savoie : Emmanuel-Philibert, 1852)
    • (Figuré) La soie artificielle, à Anduze ! Ainsi, c’est donc bien vrai, l’un des fleurons de notre France ancienne est en train de s’effriter : la magnanerie se meurt ! — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MOURIR. (Je meurs, tu meurs, il meurt; nous mourons, vous mourez, ils meurent. Je mourais. Je mourus. Je suis mort. Je mourrai. Je mourrais. Meurs. Que je meure. Que je mourusse. Mourant. Mort.) v. intr.
Cesser de vivre, en parlant des Hommes et des animaux. Mourir d'une mort naturelle, de mort violente, de vieillesse, de maladie. Mourir subitement. Mourir jeune. Mourir vieux. Mourir à la fleur de l'âge. De quoi est-il mort? Il est mort d'apoplexie, d'une fluxion de poitrine. Il est mort de faim. Il est mort empoisonné. Il est mort pauvre. Le chagrin l'a fait mourir. Il va mourir, il s'en va mourir. Malade à en mourir, à mourir. Il s'est laissé mourir de faim. Mourir avec fermeté, avec courage, avec résignation. Mourir chrétiennement, comme un saint, dans la grâce de Dieu, de la mort des justes. JÉSUS-CHRIST est mort pour tous les hommes. Mourir pour son roi, pour sa patrie, pour sa religion. Son chien est mort enragé. Son cheval vient de mourir. Impersonnellement, Il meurt, année moyenne, tant de personnes dans cette ville. Il mourut beaucoup de monde de la grippe. Fam., Mourir de sa belle mort, Mourir de mort naturelle. Mourir au champ d'honneur, Être tué sur le champ de bataille. Faire mourir quelqu'un, Le mettre à mort, en exécution d'une condamnation. Se laisser mourir, Ne rien faire pour soutenir sa vie. Mourir à la peine, Mourir au milieu et par suite d'occupations pénibles, qu'on n'a pas pu ou qu'on n'a pas voulu quitter. Son grand âge ne le décida pas à prendre sa retraite, et il mourut à la peine. Il se dit aussi d'une Entreprise à laquelle on ne veut pas renoncer, dont on ne veut pas démordre, dût-on y laisser sa vie. Je viendrai à bout de mon dessein, ou je mourrai à la peine. Mourir à la tâche, Mourir au milieu de son travail, à force de travail. Bien mourir, Mourir chrétiennement. Pop., Mourir comme un chien, Mourir sans vouloir témoigner le moindre repentir de ses fautes, ou encore Mourir abandonné de tous. Fam., Mourir dans la peau d'un intrigant, d'un malhonnête homme, se dit de Quelqu'un dont on n'espère pas qu'il se corrige jamais de ses défauts ou de ses vices. Mourir dans son péché, Ne pas se corriger. Mourir tout entier, Ne laisser aucune œuvre, aucune renommée après soi. Par menace, Il ne mourra que de ma main, Je le tuerai. Par forme de souhait, Je veux mourir, que je meure si ce que je vous dis n'est pas vrai. Prov. On ne sait qui vit ni qui meurt, se dit pour marquer l'Incertitude de la vie. Ayez un bon contrat en forme : on ne sait qui vit ni qui meurt. Prov., Les envieux mourront, mais non jamais l'envie. Prov., Nous mourons tous les jours, Chaque jour nous avançons en âge, nous faisons un pas vers la mort. Prov. et fig., Un lièvre va toujours mourir au gîte, Après avoir beaucoup voyagé, on est bien aise de retourner dans son pays. Être mort civilement. Voyez CIVIL. Fig., Être mort au monde, se dit d'une Personne qui a quitté le monde pour vivre dans la retraite et dans les exercices de piété. Mourir au péché, au vice, à ses passions, Rompre avec le péché, le vice, les passions. Être mort pour quelqu'un, Être considéré comme mort par une personne avec laquelle on avait autrefois des relations de famille, d'amitié, etc., ou inversement, S'abstenir de toutes relations avec des parents, des amis qu'on a quittés. Ce jeune homme s'est expatrié, il est mort pour sa famille. Après ce que vous venez de faire, vous êtes mort pour moi.

MOURIR se dit souvent par exagération. Mourir de chaleur, de froid, de faim, de soif. Mourir d'impatience, d'inquiétude. Vous devriez mourir de honte. Mourir de joie. Mourir de rire. Il meurt d'amour pour cette femme. Il meurt d'envie de la voir. Mourir d'ennui. S'ennuyer à mourir. Mourir de faim signifie spécialement N'avoir pas les moyens d'exister. Cet homme, cette famille meurt de faim. On dit substantivement, dans le même sens, Un meurt-de-faim, Un homme qui n'a pas de quoi vivre. Par exagération, Vous me faites mourir, Vous m'affligez beaucoup; vous m'impatientez extrêmement. Fig., Faire mourir quelqu'un à petit feu, Le faire languir en prolongeant des peines d'esprit, des inquiétudes, des chagrins qu'on pourrait lui épargner ou lui abréger.

MOURIR se dit également des Arbres et des plantes. Ces arbres ne viennent pas bien dans les sables, ils y meurent tous. J'avais planté des poiriers, des pommiers, qui sont morts. Le froid a fait mourir ces fleurs.

MOURIR se dit, par analogie, des États, des institutions, des établissements. Les États, les empires meurent comme les hommes. Cette entreprise, cette industrie meurt faute de capitaux, faute de main-d'œuvre.

MOURIR se dit aussi des Choses morales, des productions de l'esprit, des ouvrages de l'art. Sa gloire, sa mémoire, son nom ne mourra jamais. Vos bienfaits ne mourront jamais dans ma mémoire. Les ouvrages de cet auteur, de ce peintre, de ce sculpteur ne mourront pas. Il se dit encore figurément de Certaines choses dont l'activité, le mouvement finit peu à peu. Le flot vient mourir sur le sable de la plage. Laisser mourir le feu. La boule est allée mourir au but. Il se dit pareillement de Choses qui finissent par une dégradation insensible, comme les sons, les couleurs, etc. Dans ce tableau, les couleurs se perdent en mourant les unes dans les autres. Les sons arrivent, en mourant, jusqu'à mon oreille. Sa voix meurt à la fin de chaque phrase.

SE MOURIR signifie Être sur le point de mourir; mais en ce sens il ne se dit guère qu'au présent et à l'imparfait de l'indicatif. Il se meurt. Il se mourait. Fig., Votre feu, votre lampe se meurt. Cette industrie se meurt. Par exagération, Il se meurt d'amour, de peur, d'impatience, d'envie de dormir, etc.

Littré (1872-1877)

MOURIR (mou-rir), je meurs, tu meurs, il meurt, nous mourons, vous mourez, ils meurent ; je mourais ; je mourrai ; je mourrais ; je mourus ; meurs, qu'il meure, mourons, mourez, qu'ils meurent ; que je meure, que tu meures, qu'il meure, que nous mourions, que vous mouriez, qu'ils meurent ; que je mourusse ; mourant, mort (ou se change en eu, toutes les fois qu'il porte l'accent tonique) v. n.
  • 1Cesser de vivre. Mourir de vieillesse, de maladie, de mort violente. Son cheval vient de mourir. Il est mort de faim. Quiconque sait mourir, sait bien aussi se taire, Du Ryer, Scévole, IV, 6. Ma fille, il est toujours assez tôt de mourir, Corneille, Œdipe, III, 2. Mourir pour le pays est un si digne sort, Qu'on briguerait en foule une si belle mort, Corneille, Hor. II, 3. Voir le dernier Romain à son dernier soupir, Moi seule en être cause et mourir de plaisir ! Corneille, ib. IV, 5. Si mourir pour son prince est un illustre sort, Quand on meurt pour son Dieu, quelle sera la mort ! Corneille, Poly. IV, 3. Quoi ! vous causez sa perte, et n'avez point de pleurs ? - Non, je ne pleure point, madame, mais je meurs, Corneille, Suréna, V, 5. Les jeunes gens mourront par l'épée, leurs fils et leurs filles mourront de faim, Sacy, Bible, Jérémie, II, 22. Nous nous connaissons si peu, que plusieurs pensent aller mourir quand ils se portent bien, et plusieurs pensent se porter bien quand ils sont proche de mourir, Pascal, Pens. XXV, 8, éd. HAVET. Je ne suis la fin de personne, et n'ai pas de quoi le satisfaire : ne suis-je pas prêt à mourir ? Pascal, ib. XXIV, 39 ter. On mourra seul ; il faut donc faire comme si on était seul, Pascal, ib. XIV, 1. Ce qui me fâche, c'est qu'en ne faisant rien les jours se passent, et notre pauvre vie est composée de ces jours, et l'on vieillit, et l'on meurt, Sévigné, 6 août 1675. Si on m'avait demandé mon avis, j'aurais bien aimé à mourir entre les bras de ma nourrice ; cela m'aurait ôté bien des ennuis, et m'aurait donné le ciel bien sûrement et bien aisément, Sévigné, 16 mars 1672. Tant il est vrai que tout meurt en lui [l'homme], jusqu'aux termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes, Bossuet, Duch. d'Orl. Nous mourons tous, a dit cette femme dont l'Écriture a loué la prudence, et nous allons sans cesse au tombeau ainsi que des eaux qui se perdent sans retour, Bossuet, ib. Cette admirable parole, qu'elle aimait mieux vivre et mourir sans consolation, que d'en chercher hors de Dieu, Bossuet, Anne de Gonz. Turenne meurt, tout se confond, la fortune chancelle, la victoire se lasse, la paix s'éloigne, Fléchier, Turenne. Je plains Mlles de Barneval, si elles perdent leur mère : je ne puis plaindre ceux qui meurent, Maintenon, Lett. à Mme de Caylus, t. VI, p. 172, dans POUGENS. En mourrai-je moins, me direz-vous ? vous mourrez plus tard : chaque instant de votre vie m'est précieux, Maintenon, Lettre à Mme de Glapion, 27 déc. 1716. M. de Barbezieux meurt à la fleur de son âge, dans une très grande fortune, et à la veille d'une fortune encore plus grande, Maintenon, Lett. au D. de Noailles, 7 janv. 1701. L'imbécile Ibrahim, sans craindre sa naissance, Traîne dans le sérail une éternelle enfance ; Indigne également de vivre et de mourir…, Racine, Baj. I, 1. Ne tardons plus, marchons ; et, s'il faut que je meure, Mourons, moi, cher Osmin, comme un vizir, et toi Comme le favori d'un homme tel que moi, Racine, Baj. IV, 7. Ariane, ma sœur, de quel amour blessée, Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ! Racine, Phèdre, I, 3. Mourez donc, et gardez un silence inhumain, Racine, ib. I, 3. Virgile mourut à Brunduse l'année de Rome 735, âgé de cinquante-deux ans, Rollin, Hist. anc. t. XII, p. 93, dans POUGENS. M. Cassini mourut le 14 septembre 1712, âgé de 87 ans et demi, sans maladie, sans douleur, par la seule nécessité de mourir, Fontenelle, Cassini. Un peu avant qu'il [l'argent] finît, je tombai assez malade pour espérer de mourir : on ne meurt jamais à propos ; je fus trompée dans mon attente, Staal, Mém. t. I, p. 130. Quand il faut rendre son corps aux éléments, et ranimer la nature sous une autre forme, ce qui s'appelle mourir ; quand ce moment de métamorphose est venu, avoir vécu une éternité, ou avoir vécu un jour, c'est précisément la même chose, Voltaire, Micromégas, 2. On meurt en détail, ma chère amie ; puissiez-vous jouir d'une meilleure santé que la mienne ! Voltaire, Lett. Mme de Champbonin, 17 nov. 1764. On sait bien qu'il faut mourir ; mais, en conscience, il ne faudrait pas aller à la mort par de si vilains chemins, Voltaire, Lett. Vasselier, mai 1773. Mourir est un instant, vivre est un long supplice, Saurin, Beverlei, V, 5. Nous commençons de vivre par degrés, et nous finissons de mourir comme nous commençons de vivre, Buffon, Hist. nat. Hom. Œuv. t. IV, p. 368. Je meurs, et sur la tombe où lentement j'arrive, Nul ne viendra verser des pleurs, Gilbert, Ode imitée de plusieurs psaumes. Prends ton vol, Ô mon âme, et dépouille tes chaînes ; Déposer le fardeau des misères humaines, Est-ce donc là mourir ? Lamartine, Médit. I, 27.

    Mourir roi, prince, etc. mourir avec la dignité de roi, de prince, etc. Traître, songe, en mourant, que tu meurs mon sujet, Racine, Théb. V, 3. Il a soixante et quatorze ans, C'est mourir pape et non pas l'être, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 163.

    Il se dit dans un sens analogue avec un adjectif. Il est mort repentant. Quand tu sauras mon crime et le sort qui m'accable, Je n'en mourrai pas moins, j'en mourrai plus coupable, Racine, Phèdre, I, 3.

    Mourir dans une croyance, y persister jusqu'à la fin de sa vie. Le bon religieux conçut que le philosophe était résolu de mourir dans la religion de son pays, Diderot, Opin. des anciens philos. (hobbisme).

    En un sens analogue, mourir dans son péché, ne pas se corriger. Ce n'est pas parce que j'ai quatre-vingts ans que je pense ainsi ; car j'avais le même goût à quinze, et probablement je mourrai dans mon péché, Voltaire, Lett. Touraille, 5 juill. 1774.

    Il mourra en sa peau, ou en sa peau mourra le renard, c'est-à-dire on ne se corrige point.

    On dit de même : il mourra dans la peau d'un insolent. Le drôle est toujours le même, et, à moins qu'on ne l'écorche vif, je prédis qu'il mourra dans la peau du plus fier insolent !…, Beaumarchais, le Mariage de Figaro, I, 3.

    Mourir dans son lit, voy. LIT, n° 1.

    Mourir au champ d'honneur, au lit d'honneur, être tué à la guerre, en faisant son devoir, voy. HONNEUR, n° 1.

    Familièrement. Mourir de sa belle mort, mourir de sa mort naturelle.

    Ironiquement. Mourir dans les formes, mourir traité en règle par la médecine. Ce n'est pas qu'avec tout cela votre fille ne puisse mourir ; mais au moins vous aurez fait quelque chose, et vous aurez la consolation qu'elle sera morte dans les formes, Molière, Am. méd. II, 5.

    Mourir martyr, mourir en souffrant de grandes douleurs.

    Bien mourir, mourir chrétiennement, dans des sentiments de pénitence et de foi. C'est peu de reconnaître la nécessité de mourir, si l'on n'en tire des motifs et des conséquences pour bien vivre, Fléchier, Lamoignon.

    On dit dans un sens analogue, mais familièrement : mourir décemment. Louis XV… éloigna la du Barry, communia, mourut fort décemment, Michelet, Louis XV et Louis XVI.

    Populairement. Mourir comme un chien, mourir sans vouloir témoigner le moindre repentir de ses fautes.

    Mourir tout en vie, mourir d'une maladie vive et prompte, être emporté dans la pleine vigueur du corps et de l'esprit.

    Mourir tout entier, ne laisser aucun renom après sa mort. Ne laisser aucun nom et mourir tout entier, Racine, Iph. I, 2.

    Mourir à la peine, mourir sans avoir aucun relâche d'occupations pénibles, sans prendre une retraite. Je sens bien qu'il faut mourir ; mais, pendant qu'on attend, tout change, et on meurt à la peine, Voltaire, Lett. d'Argental, 24 oct. 1774.

    Fig. Mourir à la peine, ne vouloir point démordre de ce qu'on a entrepris. Je viendrai à bout de mon dessein, ou je mourrai à la peine.

    Il ne mourra que de ma main, se dit par menace contre quelqu'un. Si c'était encore le même chevalier sur le même cheval, il ne mourrait que de ma main, Sévigné, 13 sept. 1671.

    Fig. Mourir d'une belle épée, succomber sous un ennemi à qui il est glorieux de céder, mourir honorablement. Quoi qu'il en soit, je me porte bien ; et, si je meurs de cette maladie, ce sera d'une belle épée [honorablement], et je vous laisse le soin de mon épitaphe, Sévigné, à Bussy, 5 sept. 1674.

    Fig. Mourir sur le coffre, mourir au service d'un roi, d'un grand ; locution prise des coffres sur lesquels on avait autrefois coutume dans les grandes maisons de coucher les domestiques. Ébloui de l'éclat de la splendeur mondaine, Je me flattais toujours d'une espérance vaine ; Faisant le chien couchant auprès d'un grand seigneur, Je me vis toujours pauvre, et tâchai de paraître ; Je vécus dans la peine, attendant le bonheur, Et mourus sur un coffre en attendant mon maître, Tristan, Son épitaphe (1655). Monsieur, je vous prie de croire [paroles de Turenne au cardinal de Retz] que, sans ces affaires-ci où peut-être on a besoin de moi, je me retirerais comme vous, et je vous donne ma parole que, si j'en reviens, je ne mourrai pas sur le coffre, et je mettrai, à votre exemple, quelque temps entre la vie et la mort, Sévigné, 2 août 1675.

  • 2 Impersonnellement. Il meurt, année moyenne, tant de personnes à Paris. Il est mort beaucoup de monde du choléra. Les mois dans lesquels il meurt le plus de monde sont mars, avril et mai, et ceux pendant lesquels il en meurt le moins sont août, juillet et septembre, Buffon, Prob. de la vie, Œuv. t. X, p. 513.
  • 3Il est mort, a quelquefois la force du futur il mourra. Si ma fille une fois met le pied dans l'Aulide, Elle est morte : Calchas, qui l'attend en ces lieux, Fera taire nos pleurs…, Racine, Iphig. I, 1. ar forme de serment, je veux mourir, que je meure à l'instant, ou je meure, sans que, si ce que je vous dis n'est pas vrai. Je meure, mon enfant, si tu n'es admirable, Corneille, Veuve, III, 4. Je meure, en vos discours si je puis rien comprendre, Corneille, le Ment. II, 3. Si pendant un quart d'heure Vous suivez ce dessein, c'est beaucoup ou je meure, Destouches, Irrésolu, IV, 1. M. de Forlis : Promets-moi… - Le baron : Que je meure Si j'y manque, monsieur, Boissy, Deh. tromp. IV, 2. Je veux mourir si je comprends un mot à tout ce galimatias, Genlis, Théât. d'éduc. le Méchant par air, I, 1.

    On dit aussi : Que je ne meure. Je n'ai, que je ne meure, point de joie si sensible, que lorsque je pense que la fortune nous donnera moyen quelque jour de passer le reste de notre vie l'un avec l'autre, Voiture, Lett. 126.

  • 4Faire mourir quelqu'un, le mettre à mort. Ce tyran [Néron] fait mourir saint Pierre, Bossuet, Hist. II, 7. Quelques esclaves qu'on avait fait mourir pour honorer ses funérailles, Fénelon, Tél. XVIII.

    Faire mourir, causer la mort. Le chagrin l'a fait mourir. La duchesse de Bouillon alla demander à la Voisin du poison pour faire mourir un vieux mari qu'elle avait qui la faisait mourir d'ennui, Sévigné, 31 janv. 1680. Ce n'est pas que je croie à votre ancienne prédiction, que le roi de Prusse me ferait mourir de chagrin ; je ne me sens pas d'humeur à mourir d'une si sotte mort, Voltaire, Lett. Mme Denis, 18 déc. 1752.

    Par exagération, faire mourir, mettre dans un état très voisin de la mort. Il tombe tout à coup dans ces ennuyeuses douleurs où l'on souffre sans secours et sans intervalle : la respiration, qui nous fait vivre, le fait mourir à tous moments, Fléchier, Duc de Mont.

    Vous me faites mourir, vous m'affligez beaucoup, ou bien, vous m'impatientez beaucoup. Tu veux que je t'écoute, et tu me fais mourir ! Corneille, Cid, III, 4. La crainte de sa mort me fait déjà mourir, Corneille, Cinna, I, 2. Il [le cardinal de Bouillon] m'a conté mille choses de M. de Turenne, qui font mourir, Sévigné, 12 août 1675. Le moyen de se représenter que vous êtes au lit, affligé de toutes les parties et les jointures de votre petit corps… c'est pour nous faire mourir, Sévigné, à Coulanges, 24 juill. 1691.

    Faire mourir quelqu'un à petit feu, lui causer des peines continuelles qui le rongent.

  • 5Se laisser mourir, ne rien faire pour soutenir sa vie. Elle prit une poignée de terre qu'elle répandit en croix sur le corps de son fils qu'elle avait étendu à ses pieds ; son mari comprit le signe et se laissa mourir de faim, Diderot, Lettre sur les sourds et muets.
  • 6Éprouver une mortelle affliction. Je mourrai plus que vous du coup qui vous tuera, Rotrou, Vencesl. V, 4. Je meurs si je vous perds ; mais je meurs si j'attends, Racine, Andr. III, 7. Du coup qui vous attend vous mourrez moins que moi, Racine, Iphig. IV, 4.

    Familièrement. Pour mourir, c'est-à-dire au point d'éprouver un très vif sentiment déterminé par le sens de la phrase, ou bien une peine, une fatigue. Je vous loue fort que vous ne reconduisiez point, c'était pour mourir, Sévigné, 44.

    À mourir, au point de souffrir beaucoup. Une toux me tourmente à mourir, Molière, le Dép. V, 2. Je suis lasse à mourir de la fadeur des nouvelles, Sévigné, 236. J'avais grande envie de me jeter dans le Bourdaloue [aller à un sermon] ; mais… la presse était à mourir, Sévigné, 24 mars 1671. Je ne suis presque plus en colère contre vous ; mais je suis triste à mourir, Genlis, Adèle et Th. t. I. p. 13, dans POUGENS.

  • 7Mourir sur, se fatiguer excessivement sur. Ô chétifs, qui, mourant sur un livre, Pensez, seconds phénix, en vos cendres revivre, Régnier, Sat. I.
  • 8 Par exagération, supporter les dernières extrémités. Je pensais qu'il fallait mourir plutôt que d'en ouvrir la bouche ; mais, voyant mon fils si sincère, je le suis aussi, Sévigné, 9 oct. 1680.
  • 9Mourir se dit, par exagération, de quelque sensation, de quelque passion ou sentiment qui s'empare de nous. Mourir de chaud, de froid. Mourir de faim, de soif. Laissons-le discourir, Dire cent et cent fois : il en faudrait mourir ! Régnier, Sat. VIII. Tous ceux qui les voient meurent d'envie de les trouver belles, Molière, Impr. 3. Ah ! que voilà un air qui est passionné ! est-ce qu'on n'en meurt point ? Molière, Préc. 10. M. le chevalier lui fit voir ce que vous lui écriviez ; cela fait mourir de tendresse et de reconnaissance, Sévigné, 21 janv. 1689. Vous avez peur que je ne meure de joie ; mais ne craignez-vous point aussi que je ne meure du déplaisir de croire voir le contraire ? Sévigné, 19. Quel moyen de revoir ces allées, ces devises, ce petit cabinet, ces livres, cette chambre sans mourir de tristesse ? Sévigné, 57. Le comte d'Estrées meurt de peur que ce ne soit une grossesse, Maintenon, Lett. au D. de Noailles, 11 déc. 1700. Mlle d'Aumale meurt d'ennui de tout ce qu'elle voit ici ; toute la maison est en larmes, Maintenon, Lett. à Mme de Caylus, 28 nov. 1716. Un bon repas l'attendait ; il mourait de faim, Hamilton, Gramm. 4. Pour mourir à ses pieds d'amour et de fureur, Voltaire, Scythes, II, 5.

    Corneille a dit mourir, absolument, pour mourir d'envie. Lui, quand il a promis, il meurt qu'il n'effectue, Corneille, la Veuve, III, 2. Voulez-vous me servir ? - Si je le veux, j'y cours, Madame, et meurs déjà d'y consacrer mes jours, Corneille, Sert. II, 4. Et l'on ne voit que trop quel droit j'ai de haïr Un empereur sans foi qui meurt de me trahir, Corneille, Tite et Bérén. IV, 3.

    Mourir de rire, se livrer à un rire excessif. Il nous a lu aussi des chapitres de Rabelais à mourir de rire, Sévigné, 5 juillet 1671. Il mourait de rire toutes les fois qu'il voyait sa mine, Hamilton, Gramm. 8.

    Mourir de, avec un verbe à l'infinitif, éprouver un mortel ennui à. Je mourrais de faire longtemps la vie de Rennes, Sévigné, 22 avr. 1689.

    Mourir de faim, n'avoir pas les moyens d'exister. Non que je croie qu'il faut laisser mourir de faim le vice, mais parce qu'il est juste de ne le nourrir qu'après avoir bien engraissé la vertu, Maintenon, Lett. au duc de Noailles. t. V, p. 62, dans POUGENS.

    Substantivement. Un meurt-de-faim, un homme qui n'a pas ou qui ne gagne pas de quoi vivre. Des meurt-de-faim.

  • 10 Fig. Mourir, être passionnément amoureux. Je meurs pour Isabelle, Racine, Plaid. I, 5.
  • 11Être mort civilement, se dit des religieux et des religieuses, qui, en cette qualité, renoncent pour toujours à certains droits, à certains avantages de la société.

    En termes de jurisprudence, être mort civilement, être privé à jamais, par un jugement, des droits et des avantages de la société.

  • 12Dans le langage de la dévotion, avoir fait le complet sacrifice de tout ce qui est nature dans l'homme. Un chrétien toujours attentif à combattre ses passions meurt tous les jours avec l'apôtre ; un chrétien n'est jamais vivant sur la terre…, Bossuet, Mar.-Thér.

    Être mort tout vif, être en état de péché mortel. La veuve qui passe sa vie dans les plaisirs est morte toute vive, Bossuet, Anne de Gonz.

  • 13Mourir à, renoncer pour jamais à. Comme Jésus-Christ a souffert durant la vie mortelle, est mort à cette vie mortelle…, Pascal, Lett. sur la mort de son père. L'âme souffre et meurt au péché dans la pénitence et le baptême, Pascal, ib. Elle mourut longuement à ses passions, avant que de perdre la vie du corps, Fléchier, Aiguillon. Saint Bernard résolut de porter le joug du Seigneur et de mourir à l'affection et au souvenir de tous les hommes, Fléchier, II, 61. Qu'elles vivent comme des anges ! qu'elles ne songent qu'à mourir à elles-mêmes ! Maintenon, Lett. à Mme de Fontaines, t. III, p. 140, dans POUGENS. Mourez au monde : ne le reprenez pas au parloir après l'avoir renoncé à la grille, Maintenon, Lett. à Mlle de Champlebon, 4 mars 1706. Le monde meurt pour lui ; mais lui-même en mourant ne meurt pas encore au monde, Massillon, Avent, Mort du péch. Heureuse de mourir à tout, avant que tout meure pour vous, Massillon, Prof. relig. 1. Elle a vécu… Je meurs au reste des humains, Voltaire, Olymp. V, 2.

    Être mort pour quelqu'un, ne pouvoir plus lui être d'aucune utilité, ne conserver aucune relation avec lui. Pour accabler César d'un éternel ennui, Madame, sans mourir, elle [Junie] est morte pour lui, Racine, Brit. V, 8.

    Dans un sens analogue, être mort pour quelque chose, ne pouvoir plus y être sensible, en être privé pour toujours. J'étais mort pour la gloire, et je n'ai pas vécu, Rotrou, Vencesl. II, 2.

  • 14Mourir, en parlant des arbres, des plantes. Ce pêcher est mort d'un coup de soleil.
  • 15 Fig. Cesser d'exister, en parlant des institutions, des établissements, des États. Le sort des empires est entre les mains de Dieu ; ils meurent en leur temps comme le reste des choses humaines, Bossuet, Médit. sur l'Évangile, Dern. sem. du Sauveur, 81e jour. Si les hommes apprennent à se modérer en voyant mourir les rois, combien plus seront-ils frappés en voyant mourir les royaumes mêmes ! Bossuet, Hist. III, 1. Notre religion réelle, le déisme, a vu naître et mourir mille cultes fantastiques, ceux de Zoroastre, d'Osiris, de Zalmoxis, d'Orphée, de Numa, d'Odin et de tant d'autres, Voltaire, Facéties, Épît. aux frères.

    Ne pas mourir, continuer à exister comme corps, en parlant des compagnies, des communautés. Les communautés ne meurent point.

    En France, le roi ne meurt pas, un roi de France qui meurt a immédiatement pour successeur son héritier présomptif.

  • 16 Fig. Cesser, finir peu à peu, en parlant de l'activité, du mouvement de certaines choses. Ce feu mourra si l'on n'y met du bois. Ne laissez pas mourir le feu. Le sabot va mourir, si tu ne lui donnes un coup de fouet. Le boulet de canon vint mourir là. Approchez-vous de ce banc de terre glaise où le flot va mourir, Bonnet, Contempl. nat. XII, 20. Les vagues … battaient la grève, venaient mourir à mes pieds, Chateaubriand, Itin. 1re part. Vois-tu comme le flot paisible Sur le rivage vient mourir ? Lamartine, Médit. Baïa. Cesser, s'éteindre, en parlant des choses morales, des passions. Si l'étrange accident que vous allez entendre N'eût ranimé mon feu qui mourait sous la cendre, Mairet, Sophon. IV, 1. Ma haine va mourir que j'ai crue immortelle ; Elle est morte, et ce cœur devient sujet fidèle, Corneille, Cinna, V, 3. Je vois… Que la vertu du fils soutient celle du père, Qu'elle ranime en lui la raison qui mourait, Corneille, Théod. III, 3. Que toute sa vertu meure en un grand forfait, Corneille, Perthar. III, 3. Ne nous obstinons point à des vœux superflus, Laissons mourir l'amour où l'espoir ne vit plus, Rotrou, Vencesl. II, 2. Le chantre désolé, lamentant son malheur, Fait mourir l'appétit et naître la douleur, Boileau, Lutrin, IV.

    Il se dit aussi des souvenirs, de la gloire, des productions de l'esprit, des ouvrages de l'art. Un souvenir qui ne meurt point. Vos bienfaits ne mourront point dans mon cœur. Les œuvres de ce poëte, de ce peintre, ne mourront pas. Mais, soutenu du tien, mon nom ne mourra plus, Voltaire, Brutus, IV, 6.

  • 17Ne pas s'achever. À ces mots, la parole meurt dans sa bouche, Fénelon, Tél. IX.

    Les paroles lui meurent dans la bouche, il laisse tomber sa voix et traîne ses paroles.

  • 18Il se dit d'un son qui s'éteint peu à peu, et de la dégradation des couleurs. Les tintements de la cloche allaient mourir au loin. Dans ce tableau, les couleurs se perdent en mourant les unes dans les autres. Tremble qu'une pensée, une maxime, un mot N'aille mourir dans l'oreille d'un sot ! Delille, Convers. II.

    Terme de peinture. Faire mourir les couleurs, en adoucir l'éclat, la vivacité, ménager avec art le passage des clairs aux bruns.

  • 19Exprimer la défaillance, la mort prochaine. Ses yeux [de Jésus] déjà éteints vont mourir sur elle [Marie], Massillon, Carême, Passion.

    Exprimer la langueur. Mademoiselle de Retz avait les plus beaux yeux du monde, mais ils n'étaient jamais si beaux que quand ils mouraient, Retz, I, 7.

  • 20Scier ou couper un morceau de bois en mourant, le scier ou le couper de sorte que l'épaisseur diminue insensiblement et vienne à rien.
  • 21Se dit à la poule, au billard et à plusieurs autres jeux, pour être mis hors du jeu comme perdant. On meurt en tant de points.
  • 22Se mourir, v. réfl. Être sur le point de mourir. Ici l'enfant se meurt d'une mort triste et lente, Du Ryer, Scévole, I, 3. Ô nuit désastreuse, ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un coup de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte, Bossuet, Duch. d'Orl. Mes filles, soutenez votre reine éperdue ; Je me meurs, Racine, Esth. III, 7. Il y avait à Orléans un vieux chanoine janséniste qui se mourait et à qui ses confrères refusaient la communion, Voltaire, Louis XV, 36.

    Par exagération. Il se meurt d'amour, de peur, d'impatience, d'envie de dormir, etc. Le pauvre enfant se meurt de douleur, Sévigné, 204. Qui, toujours se signant, et disant ses rosaires, Leur prêchait la constance, et se mourait de peur, Voltaire, Éduc. d'un prince.

    Fig. Finir, cesser. En ses propos mourants ses complaintes se meurent, Malherbe, I, 4.

    S'éteindre. Votre feu se mourait. Votre lampe se meurt.

    Il ne se dit qu'au présent et à l'imparfait de l'indicatif et à l'infinitif.

  • 23 S. m. Le mourir. …Ce mal qui m'afflige au mourir, Régnier, Sat. X. Ô douce volupté, sans qui dès notre enfance Le vivre et le mourir nous deviendraient égaux, La Fontaine, Psyché, II, p. 215.

PROVERBES

Un lièvre, un bon lièvre vient toujours mourir au gîte, c'est-à-dire après avoir beaucoup voyagé, on est bien aise de retourner en son pays. Les envieux mourront, mais non jamais l'envie, Molière, Tart. V, 3.

Nous mourons tous les jours, c'est-à-dire il n'y a pas de jour que nous ne fassions un pas vers la mort.

On ne sait qui meurt ni qui vit, l'heure de la mort est incertaine, il faut prendre des assurances par écrit.

Autant meurt veau que vache, les jeunes meurent comme les vieux.

Il faut vieillir ou jeune mourir.

Il n'en mourra que les plus malades, c'est-à-dire le danger n'est pas si grand qu'on le croit.

Mourir se conjugue avec l'auxiliaire être.

REMARQUE

1. Faire mourir n'a point de passif. On ne dit pas : Ce criminel fut fait mourir.

2. Faire mourir n'a pas non plus de mode réfléchi ; et l'on ne dit pas se faire mourir ; cela se disait autrefois : Ma main l'a fait périr En lui donnant le fer dont il s'est fait mourir, Desmarets, Mirame, IV, 1. Toutefois, dans le langage familier, on s'en sert souvent quand il n'est pas question d'une mort violente : Vous vous faites mourir à force de pleurer ; il travaille trop, il s'en fera mourir.

3. Voltaire a employé ayant été mort dans un cas où il serait difficile de se servir d'une autre tournure. Théophile d'Antioche prouve que, le Lazare ayant été mort pendant quatre jours, on ne pouvait admettre…, Voltaire, Philos. Exam. Bolingbr. XI.

4. Dans ces vers de Racine : Mes soins, en apparence épargnant ses douleurs [de Claude], De son fils, en mourant, lui cachèrent les pleurs, Racine, Brit. IV, 2. en mourant est construit irrégulièrement, se rapportant non au sujet, mais à un régime direct. Cependant, quand le sens n'en souffre pas, cette construction n'est pas à rejeter.

5. Racine a dit : Et du même poignard dont est morte la reine, Racine, Théb. V, 5. Sur quoi Racine le fils observe qu'on ne dit pas mourir d'un poignard. Mais pourquoi ? Ne dit-on pas, dans une locution, proverbiale il est vrai, mourir d'une belle épée ?

6. Mourir, bien que neutre, peut devenir verbe réfléchi, mais seulement au présent et à l'imparfait ; on ne pourrait dire : il s'est mort (voy. le pronom SE, pour l'explication de cette tournure).

7. L'expression je meure si, etc. doit être conservée telle qu'elle est, avec le verbe au subjonctif. Lanoue dans la Coquette corrigée (II, 9) a dit par l'indicatif : Je meurs si j'entends rien à tout ce jargon-là. C'est une faute grossière. Il est absurde de dire qu'on meurt si on entend ; tandis qu'il est très raisonnable de dire je veux mourir ou que je meure si je vous comprends.

HISTORIQUE

Xe s. Por o s' furet morte [elle serait morte pour cela] à grant honestet, Eulalie.

XIe s. Si home mort [meurt] sans devise [testament], si departent les enfans l'erité [l'héritage], Lois de Guill. 36. Ne lui chaut, sire, de quel mort nous murions, Ch. de Rol. X. Mielx est sul moerge [que je meure seul] que tant bon chevalier, ib. XXVI. Là murrez vous à honte et à viltet, ib. XXXII. [Il] Mort [tué] m'a mes homes, ma terre degastée, ib. CXCIV.

XIIe s. Là fu morz Oliviers et ses compainz Rolanz, Sax. V. Car cil qui pert honor vaurroit mieux mors que vis [vif, vivant], ib. XXVI. Et mi desconfort greignor [plus grands], Dont je morrai sans retor, Couci, I. …Car à trop grant dolor Muir [je meurs] et languis ; vostre pitié le sache, ib. XI. Se nuls morist [mourut] pour avoir cuer dolent, ib. XXII. Ce est la mort dont mieux morir devroie, ib. 126. Et je, qui sui au morir, Ne sai qu'un mot, tant [je] le desir : Merci, ib. IV. …Et jà de sa prison [je] Ne quier issir se mors ou aimés non, ib. XIX. Nus ne vus demandums ne or ne argent ; ne ne volum pas que huem de Israel i murged, Rois, p. 201.

XIIIe s. Et après quant il vit ce, si l'estrangla et fist dire partout qu'il estoit mort de sa mort, Villehardouin, XCVIII. Se bien ne vous prouvez [si vous ne vous comportez pas bien], de la douleur morrai, Berte, VII. Et oïrent que cil qui morut dist : il m'a mort, Beaumanoir, XXXIX, 12. Encore se li lai [laïques] ne les ozoient penre [prendre] ou mors ou vis…, Beaumanoir, XI, 45. Ici desus Se mori le biaus Narcissus, la Rose, 1446.

XIVe s. Tarquin mourit à Cumes, Bercheure, f° 35, recto. … On scet proprement C'une fois fault morir, se ne scet-on comment, Guesclin. V. 15897.

XVe s. Monseigneur, sauve soit votre grace ; nous ne voulons pas que Gaston muire ; c'est vostre heritier, et plus n'en avez, Froissart, II, III, 13. La riviere qui queurt parmi la ville de Caen, qui porte grosse navire, estoit si basse et si morte qu'ils la passoient et repassoient à leur aise, sans danger du pont, Froissart, I, I, 272. Son neveu, le duc de Milan, se mouroit, Commines, VII, 6. Si fut tant esbahi qu'il devint mort comme terre, Perceforest, t. III, f° 145. Seigneurs, dit le roy, j'ay ouy dire communement : va où tu veulx, meurs où tu doys, ib. t. I, f° 31. Le quel AEeas tant aymoit Dido, qu'il en mouroit, J. de Saintré, ch. 2. À bien mourir chascun doit tendre ; à la fin faut devenir cendre, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 225. La punition et la peine devoit estre bien grande contre la dite dame, qui avoit esté cause de la faire ainsi mourir avant sa mort, Aresta amorum, p. 211, dans LACURNE.

XVIe s. Courtine bien remparée par le dedans de grosse terre, où les boulets alloyent mourir, Beaugué, Guerre d'Escosse, I, 10. Mais celuy qui premier, s'opposant à l'effort Des vaillans ennemis, meurt d'une belle mort, Ronsard, 933. Jamais des masles cœurs les louanges ne meurent, Ronsard, 933. Le ruisseau duquel nous avons parlé estoit renforcé de la cheutte de deux estangs, entre lesquels venoit mourir en bas une petite pleine triangulaire, D'Aubigné, Hist. I, 323. Cet obstacle fut levé par l'authorité des grands, disans que la royne ne mouroit point, et partant fut ouverte la premiere seance, D'Aubigné, ib. I, 105. C'est pour en mourir [locution à la mode parmi les courtisans, au temps d'Henri IV], il faut dire cela en demenant les bras, branlant la teste, changeant de pied, peignant d'une main la moustache et d'aucunes fois les cheveux, D'Aubigné, Faeneste, I, 2. Nous en avons veu plusieurs qui endurent estre fouettez jusques au mourir sur l'autel de Diane, Amyot, Lyc. 37. Meurs toy maintenant, Diagoras, car ja ne monteras plus au ciel, Amyot, Pélop. 63. J'en feus si mal que j'en cuiday mourir, Montaigne, II, 58. La fleur d'aage se meurt et passe quand la vieillesse survient ; le premier aage meurt en l'enfance, Montaigne, II, 378. Mourant, il se feit porter où le besoing l'appeloit, Montaigne, III, 94. Les ungs mouroient sans parler, les aultres parloient sans mourir ; les uns se mouroyent en parlant, les aultres parloient en mourant, Rabelais, Garg. I, 27. Et un bon mourir vaut mieux qu'un mal vivre, Charron, Sagesse, I, 36. On ne peut mourir que d'une mort, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 362. Il n'en tastoit point, tellement qu'il mouroit tout en vie auprès d'elle, Despériers, Contes, t. II, p. 47, dans LACURNE. C'est trop aimer, quand on en meurt, Cotgrave Le loup mourra en sa peau, qui ne l'escorchera, Cotgrave Envieux meurent, mais envie ne mourra jamais, Cotgrave Il commence bien à mourir qui abandonne son desir, Cotgrave Qui bien veut mourir, bien vive, Cotgrave

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Étymologie de « mourir »

Du latin populaire *mŏrīre, en latin classique mori.
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Bourguig. meuri ; wallon, morî, je moûr, je meurs, moron, mourant ; Berry, mourer, mouzir ; picard, morir ; provenç. morir, murir ; espagn. morir ; portug. morrer ; ital. morire ; du latin fictif moriri, tiré du latin mori, mourir.

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Phonétique du mot « mourir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
mourir murir

Fréquence d'apparition du mot « mourir » dans le journal Le Monde

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Évolution historique de l’usage du mot « mourir »

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Citations contenant le mot « mourir »

  • Il faut bien de la force pour dire en mourant les mêmes choses qu'on dirait en bonne santé.
    Roger Bussy-Rabutin — Lettres
  • Nous aimons mieux mourir chaque heure de la crainte de mourir, que mourir une fois.
    William Shakespeare
  • Quand on est mort, c'est pour longtemps.
    Marc Antoine Désaugiers — Chansons
  • Tout finit afin que tout recommence, tout meurt afin que tout vive.
    Jean Henri Fabre
  • Mourez avant de mourir.
    Le Coran
  • Rien ne sert de mourir, il faut mourir à point.
    Jules Renard — Journal
  • Mourir d'amour est tellement autre chose que mourir.
    Denys Gagnon — Haute et profonde la nuit
  • Il est plus facile de mourir que d'aimer. C'est pourquoi je me donne le mal de vivre Mon amour
    Louis Aragon — Elsa, Gallimard
  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Je vois le marbre des tombeaux tomber en poussière, et je ne veux pas mourir !
    Denis Diderot — Salon de 1767
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Traductions du mot « mourir »

Langue Traduction
Anglais pass away
Espagnol morir
Italien morire
Allemand versterben
Chinois 去世
Arabe ابتعد عن الطريق
Portugais falecer
Russe скончаться
Japonais 亡くなる
Basque pasatu
Corse passà
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Synonymes de « mourir »

Source : synonymes de mourir sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « mourir »

Combien de points fait le mot mourir au Scrabble ?

Nombre de points du mot mourir au scrabble : 8 points

Mourir

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