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Homme

Variantes Singulier Pluriel
Masculin homme hommes

Définitions de « homme »

Trésor de la Langue Française informatisé

HOMME, subst. masc.

I. − [Avec un déterm. de la généralité; ou bien sans art., ou encore au plur.] Être appartenant à l'espèce animale la plus développée, sans considération de sexe.
A. − BIOL. Mammifère de l'ordre des Primates, seule espèce vivante des Hominidés, caractérisé par son cerveau volumineux, sa station verticale, ses mains préhensiles et par une intelligence douée de facultés d'abstraction, de généralisation, et capable d'engendrer le langage articulé. Dans l'homme et dans la plupart des mammifères (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 386) :
1. De même, chez l'homme toutes les fonctions de l'animal se retrouvent, mais transformées. L'antique définition, répétée de siècle en siècle : l'homme [it. ds le texte] est un animal raisonnable, ne doit donc pas être entendue comme si l'on disait que l'homme est un animal, plus la raison, mais en ce sens que l'homme est un animal transformé par la raison. P. Leroux, Humanité, t. 1, 1840, p. 111.
2. ... comme tout animal supérieur, l'homme est un agrégat de plusieurs trillions de cellules, dont chacune représente un assemblage de molécules diverses. (...). En ce qui concerne la pensée, orgueil principal de l'homme, les pièces maîtresses de l'architecture biologique sont constituées par les cellules de l'écorce cérébrale. J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 199.
B. − [L'homme est identifié par des caractéristiques qui le distinguent des autres espèces et le situent par rapport à elles] Il faut aussi connoître les lois et les forces de l'univers pour étudier l'homme sous tous les rapports (Staël, Allemagne, t. 4, 1810, p. 94).L'homme n'est l'homme qu'à sa surface (Valéry, Tel quel I,1941, p. 196) :
3. ... le docteur Rodrigue a pris le terme d'« homme » dans son sens générique, considérant l'espèce humaine tout entière, abstraction faite du sexe... A. France, Chemise,1909, p. 199.
SYNT. Nature, essence, psychologie de l'homme; condition de l'homme; l'homme charnel, intérieur, moral, spirituel.
1. [Considéré dans son aspect phys.] L'étude de l'homme physique est également intéressante pour le médecin et pour le moraliste (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 111).
SYNT. Anatomie, corps, étude, représentation de l'homme; fonctions physiologiques de l'homme.
2. [Considéré dans son aspect morphol.] En faisant bien expliquer aux petits Namaquois que tu es l'homme blanc (Sue, Atar-Gull,1831, p. 13) :
4. À l'époque où, chez nous, Corneille donne Le Cid, les hommes rouges, Algonquins ou Mohawks, pénètrent parfois dans Broadway pour y massacrer les habitants. Morand, New-York,1930, p. 12.
SYNT. L'homme blanc, noir, métis; l'homme de couleur, l'homme de race jaune, rouge.
3. [Considéré dans son milieu géogr.] L'homme du Midi, placé comme le roi de l'univers sous le magnifique dais d'un ciel toujours pur et serein (Bonstetten, Homme Midi,1824, p. 202) :
5. L'homme des villes ne voit qu'insensibilité dans cet amortissement du cœur : il porte cependant, sous une primitivité incontestable, une vision des choses moins individualiste que la sienne [l'homme de la campagne], une mise en place cosmique plus ou moins confuse des événements privés qui affermissent l'égocentrisme bourgeois. Mounier, Traité caract.,1946, p. 84.
SYNT. L'homme du Nord, de l'Est; l'homme de la montagne, de la plaine, de la campagne; l'homme de la cité.
4. [Considéré comme un être social] La société des hommes; sous le regard des hommes. Aux yeux des Dieux et des hommes (Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 264).Être un homme parmi les hommes, lié aux hommes (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 208) :
6. La politique prit le pas sur la religion, et le gouvernement des hommes devint chose humaine. Fustel de Coul., Cité antique,1864p. 416.
De mémoire d'homme. Une grande diablesse de jument, si haute que de mémoire d'homme personne ne se souvient d'avoir vu la pareille (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1539).
Droits de l'homme. V. droit3II A 1c spéc.
De main d'homme. La désagrégation des grès a engendré ses fantaisies pittoresques, qu'on prendrait de loin pour des constructions faites de main d'homme (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 189).
Exploitation* de l'homme par l'homme.
5. [Considéré dans sa nature morale, dans ses qualités ou ses défauts] Tout le monde peut faire la guerre. C'est le propre de l'homme (A. France, Vie fleur,1922, p. 476) :
7. As-tu calculé les degrés de l'homme? Vois son échelle : L'homme inique, l'homme dépravé, l'homme sensuel, l'homme sensitif, l'homme sensible, l'homme moral, l'homme spirituel, l'homme sapientiel, l'homme divin. Saint-Martin, Homme désir,1790, p. 337, 338.
a) [L'homme est considéré dans sa grandeur et dans ses limites à l'intérieur de l'univers] Cet infiniment petit qui s'appelle l'homme (Amiel, Journal,1866, p. 216) :
8. ... c'est de là qu'il [Pascal] est parti pour montrer la misère de l'homme par son côté périssable, et sa grandeur par son côté immortel. Il commence par le ravaler au-dessous des vers qui le rongent au sépulcre, pour le peindre ensuite glorieux avec la vertu dans des royaumes incorruptibles. Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 127.
Être un homme; être homme; porter le nom d'homme. Assumer sa condition d'homme dans sa grandeur et ses limites. Je t'ai appris qu'un menteur était indigne de la qualité d'homme (Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 46).Rougissais-tu de ce nom d'homme (Lamart., Harm.,1830, p. 444) :
9. Être homme, c'est précisément être responsable. C'est connaître la honte en face d'une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 166.
b) [Déterminé par le nom d'un philosophe ayant sa propre conception de l'homme] Les chapitres tant vantés sur l'homme de Pascal (Chênedollé, Journal,1832, p. 139).
c) [P. oppos. à l'individu civil, professionnel] L'individu humain. Dans l'homme d'affaires, retrouver l'homme (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 269).Montherlant − l'homme Montherlant (Paulhan, Fleurs Tarbes,1941, p. 199) :
10. Mais il ne me semblait pas pouvoir distinguer l'homme sous le prêtre : mon caractère sacerdotal l'attirait seul. Martin du G., J. Barois,1913, p. 537.
d) [Dans une perspective religieuse] L'homme ne pourra être guéri de son péché que lorsqu'il sera délivré de son soupçon quant à la méchanceté de Dieu (Philos., Relig., 1957, p. 40-2) :
11. ... Dieu puissant (...), tu m'as fait homme; tu m'as donné ta vie de force... Mussetds Revue des Deux Mondes,1832, p. 365.
[P. allus. à Paul, Rom. 6, Éph. 4] Dépouiller le vieil homme. Renoncer à sa vie de pécheur. Le baptême efface les péchés, nous dépouille du vieil homme, nous revêt de Jésus-Christ et nous régénère (Dict. théol. cath.,t. 14, 1, 1938, p. 515).
L'homme propose, Dieu* dispose.
[P. allus. à Jean 19,5] Voici l'homme ou ecce homo. Voici celui dont il était question (d'apr. Rey-Chantr. Expr. 1979).
6. [Considéré dans son histoire, dans son développement ou défini par sa situation dans l'histoire]
a) [Considéré dans une perspective évolutionniste] L'homme des cavernes (...) plaque sa main sur la paroi (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 106).L'homme du paléolithique supérieur a dû passer par une phase pré-hominienne puis par une phase néanderthaloïde (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 222) :
12. ... l'extension inévitable de la théorie [évolutionniste] à l'origine de l'homme irritait le monde religieux. Des controverses passionnées et violentes se déchaînèrent; à l'évêque anglican Wilberforce qui affirmait l'origine divine de l'homme, Huxley répondait qu'il préférait « être un singe perfectionné, plutôt qu'un Adam dégénéré ». Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 547.
SYNT. Apparition, évolution, origine de l'homme; musée de l'homme; l'homme antédiluvien, fossile, préhistorique, primitif; l'homme de Cro-Magnon, de Grimaldi, de Néanderthal.
b) [Considéré dans une perspective relig.] Seul l'esprit, s'il souffle sur la glaise, peut créer l'homme (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 261) :
13. Cet homme-humanité, émana d'abord de la pensée divine homme [it. ds le texte] et femme à la fois, réunissant dans son unité les deux principes : « Dieu dit : faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur toute la terre. Dieu donc créa l'homme à son image; il le créa à l'image de Dieu : il les créa mâle et femelle. » Voilà l'homme androgyne, comme le sont encore certains êtres. P. Leroux, Humanité, t. 2, 1840, p. 525.
Le premier homme. Adam. Lorsque le Tout-Puissant eut formé le premier homme du limon de la terre (Chateaubr., Martyrs, t. 2, 1810, p. 157).L'Éternel interdisant au premier homme de manger du fruit d'un certain arbre (Gen., II, 17) (Philos., Relig., 1957, p. 32-5).
[Dans le mystère de l'Incarnation] Le fils de l'homme; Dieu fait homme. Jésus-Christ. Et l'on verra tomber du front du fils de l'homme La couronne de sang symbole du malheur (Aragon, Crève-cœur,1941, p. 34).Dieu, qui s'était fait homme, n'aurait pas honte de cette supplique (Queffélec, Recteur,1944, p. 192).V. homme-Dieu, s.v. homme-.
c) [Considéré dans sa situation dans l'histoire] L'homme moderne est en progrès (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 190).Les hommes de notre temps vivent dans un grand désarroi et dans une grande attente (Cacérès, Hist. éduc. pop.,1964, p. 12) :
14. L'homme nouveau peut différer de l'homme bourgeois autant que l'homme bourgeois lui-même diffère du héros de la Renaissance ou du fidèle du temps de Saint Ferdinand de Castille ou de Saint Louis, que dis-je, autant, si l'on y tient, que le civilisé de l'Europe ou de la Chine diffère du nomade primitif. Maritain, Human. intégr.,1936, p. 103.
SYNT. L'homme d'hier, d'aujourd'hui, de demain; l'homme sauvage, civilisé; l'homme du Moyen Âge, des temps modernes, du xxesiècle.
C. − [Avec un déterm. plur. à valeur référentielle] Membre de l'espèce humaine. Nantes trafique des hommes (Michelet, Journal,1831, p. 96) :
15. Vous détruisez un enseignement traditionnel. Cinquante générations de notre pays, des millions d'hommes encore, ont subi cette formation. Barrès, Cahiers, t. 5, 1906, p. 56.
II. − Mâle adulte de l'espèce humaine.
A. − [Avec valeur de généralité, s'oppose à femme]
1. Être humain doué de caractères sexuels masculins. Caractères biologiques, physiologiques de l'homme. Beau comme le vice de conformation congénital des organes sexuels de l'homme (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 339).Il ne savait rien, pas même si c'était un homme ou une femme (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 146) :
16. Moi, je n'aurais pas détesté d'être archevêque. Si j'étais née homme, je serais peut-être archevêque. Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 42.
a) [L'homme se distingue dans son corps] Ce visage épais d'homme durci aux travaux des mines (Zola, Germinal,1885, p. 1291).
À dos* d'homme.
À la taille d'un homme, à hauteur d'homme, d'une grandeur d'homme. C'était une espèce de lit de pierre creusé au ciseau dans le roc vif, à la taille d'un homme (Lamart., Tailleur pierre,1851, p. 412).J'écrasai le ver luisant. Sa tête s'enfonça sous le sol d'une grandeur d'homme; la pierre rebondit jusqu'à la hauteur de six églises (Lautréam., Chants Maldoror,1869p. 131) :
17. ... ils distinguèrent à hauteur d'homme, contre la falaise, des contours qui figuraient le galbe d'un poisson gigantesque. Ils délibérèrent sur les moyens de l'obtenir. Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 86.
SYNT. Homme barbu, musclé, poilu, taillé en Hercule; bras, corps, épaule, tête, visage, voix d'homme.
b) [L'homme se distingue dans son habillement] Habiller, vêtir qqn en homme. Elle a revêtu des habits d'homme et s'est enfuie à pied sur la route de Paris (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 242).Elle (...) va chercher un complet d'homme pendu dans un placard (Sartre, Mains sales,1948, 3etabl., 1, p. 57).
c) [L'homme se distingue dans sa maturité sexuelle] :
18. J'ai dit, il y a un siècle, que j'aimais trouver un peu partout tes petites affaires d'enfant. Un jour je me suis aperçue que ces affaires qui traînaient étaient des chaussettes d'homme, des caleçons d'homme, des chemises d'homme. Ma chambre avait pris un air de chambre de crime. Cocteau, Parents terr.,1938, I, 4, p. 205.
19. la gouvernante : De toi le mariage saura faire une femme. alarica : Fera-t-il un homme de mon époux? la gouvernante : Même puceau, un homme est un homme, même puceau, même tout seul. Mais une femme n'est entière qu'autant qu'elle est une moitié. Audiberti, Mal court,1947, I, p. 136.
Pop. [Précédé d'un adj. poss.] Mari, compagnon, concubin, amant. Mon homme? Il doit être aux champs (Colette, Naiss. jour,1928, p. 25).Elle attendit respectueusement que son homme voulût bien s'expliquer davantage (Queffélec, Recteur,1944, p. 70).
Arg. Souteneur (Delvau 1883).
d) [L'homme se distingue dans les qualités phys. ou mor. traditionnellement attachées à son sexe] − Voilà ce que j'appelle un homme, dit Genestas (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 138).Ce n'étaient plus les vaches qu'on allait combattre, mais les taureaux magnanimes : adversaires enfin dignes d'un homme (Montherl., Bestiaires,1926, p. 412) :
20. Par ces raisons tous les hommes dignes du nom d'hommes courent à la guerre au premier appel, quelle que soit leur opinion sur la guerre. Alain, Propos,1921, p. 192.
Être un homme; être homme. Être digne du nom d'homme. − Allons, vieux Bark, va et sois un homme (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 206).Va-t'en. Tu me dégoûtes. Tu n'es pas un homme (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 47).
Vivre, mourir en hommes. Et tous, ils moururent en hommes! (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 554).Maman décida de le « traiter en homme » (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 73).
Entre hommes. Alors, entre hommes, on causa du mariage (Zola, Nana,1880, p. 1423).
D'homme à homme. [Dans une explication franche] Je viens vous parler d'homme à homme (Bernanos, Sous soleil Satan,1926, p. 62).
Homme (du milieu) (arg.). Homme en marge de la loi, courageux et fidèle à sa parole. Anton. cave.L'artiche des caves, m'expliqua Doudou le Nantais, c'est pour Messieurs les Hommes! (Pt Simonin ill.,1957).
Homme à femmes. Homme volage, qui recherche les conquêtes féminines. Je te vois d'ici deux ans, rougeaud, courtaud, avec une dilatation d'estomac, de grosses fesses, double menton, une petite moustache de commis voyageur et des joues soufflées, salies de poil. Bref, un vrai homme à femmes. Et je te répète que ça viendra très vite (M. Aymé, Travelingue,p. 139 ds Rey-Chantr. Expr. 1979).
SYNT. Homme courageux, fort, intrépide, loyal; parole, affaire, métier d'homme.
2. [S'oppose à femme et à enfant] Les convictions austères que l'expérience apporte un jour à l'enfant qui s'est fait homme (Nodier, Fée Miettes,1831, p. 151).Il était devenu homme, virilisé par la bataille (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 436) :
21. Nous étions des enfants alors, − aujourd'hui des hommes faits, − demain... la vieillesse, − après-demain, mourir. Loti, Mon frère Yves,1883, p. 152.
SYNT. Homme adulte, mûr; l'âge d'homme; devenir (un) homme.
3. Jeune homme
a) Vieilli [Le plur. corresp. est jeunes hommes] Homme jeune. La lamentation d'amour de tous ces jeunes hommes (Duhamel, Suzanne,1941, p. 73) :
22. Et les jeunes hommes musculeux, et les jolies filles souples, la chemise nouée au col et les bras nus, faisaient sauter le grain avec de beaux gestes équilibrés. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 145.
b) [Le plur. corresp. est jeunes gens; le fém. corresp. est jeune fille] Garçon pubère, homme jeune célibataire. Le serrement de main d'un jeune homme et d'une jeune fille qui dansent ensemble (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 32).C'est qu'une femme − oui, c'était une voix de femme ou de très jeune homme peut-être − a appelé au secours, cette nuit, vers deux heures (Bernanos, Crime,1935, p. 767) :
23. Au pied d'un arbre vint s'asseoir Un jeune homme vêtu de noir, Qui me ressemblait comme un frère, Je lui demandai mon chemin. Il tenait un luth d'une main, De l'autre un bouquet d'églantine. Musset, Nuit de déc.,1835, p. 92.
c) Pop. [Déterminé par un poss.] Fils. Il dit que votre jeune homme court un danger (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 439).
d) [Le fém. corresp. est mademoiselle ou demoiselle; en partic., dans des interpellations adressées à des adolescents et parfois ressenties comme condescendantes] J'ai soixante-dix-neuf ans, jeune homme, permettez-moi de vous appeler ainsi (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 249).
B. − [Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminatif, homme s'oppose à d'autres hommes]
1. [Distingué par des particularités physiques] Grand homme de trente-cinq ans, l'air plus triste que dur (Michelet, Journal,1834, p. 150).Un gros homme de quarante ans (Zola, Assommoir,1877, p. 404) :
24. L'abbé Cruchot, petit homme dodu, grassouillet, à perruque rousse et plate, à figure de vieille femme joueuse, dit en avançant ses pieds bien chaussés dans de forts souliers à agrafes d'argent : « Les Des Grassins ne sont pas venus? » Balzac, E. Grandet,1834, p. 41.
SYNT. Bel, vieil homme; homme blond, brun, fort, maigre, malingre, svelte.
2. [Distingué dans son caractère, ses qualités ou ses défauts] Dimanche je serai un homme marié et ce n'est pas drôle (Camus, Possédés,1959, 1repart., 4etabl., p. 969) :
25. Oh! les hommes supérieurs! Hommes d'action! Hommes de pensée! Ceux-là, menés par les hasards des événements, des combats et des intrigues, tués ou déchus brusquement, au gré du sort aveugle; et ceux-ci, ceux-ci, étranges fous qui se croient les créateurs de l'éternité!... Adam, Enf. Aust.,1902, p. 216.
SYNT. Bon, brave, galant, malhonnête, méchant, pauvre, saint homme; homme célèbre, cultivé, estimable, honorable; homme intègre, probe, respectable, vertueux; homme à passions; homme de bien, d'esprit, de génie, de goût, d'honneur, d'apparence; grand homme; honnête homme; homme public, supérieur, du monde, d'argent, de peu, de qualité, de rien.
Expressions
Homme moyen, homme de la rue. Individu représentatif du type humain (à une certaine époque ou dans un certain lieu). C'est monsieur tout le monde, l'homme de la rue, le parfait citoyen de la démocratie, celui qui s'habille en série, mange en série, baise en série, a une petite 5 HP de série et ne se distingue et ne se particularise en rien (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 210).
Homme à tout faire*. Volat était un des métayers de Tancogne, et son homme à tout faire, son espion, un chacun s'en doutait (Genevoix, Raboliot,1925, p. 24).
Homme de confiance. Homme qui, bénéficiant de la confiance de quelqu'un, est chargé par lui de tâches, de responsabilités. Vous serez ici mon homme de confiance. Vous louerez, vous recevrez les loyers, vous donnerez les quittances, etc. (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 233).
L'homme de la vie (de qqn). Le seul homme que quelqu'un aimera jamais. J'ai rencontré l'homme de ma vie (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 96).
Homme de paille. Prête-nom. Le Claperon, reprit Desroches, fut pendant six à sept ans le paravent, l'homme de paille, le bouc émissaire de deux de nos amis, Du Tillet et Nucingen (Balzac, Homme d'affaires,1845, p. 405).
Homme de parole. Homme fidèle à ses serments, qui tient sa parole. J'ai voulu prouver que Luigi Vampa est un homme de parole (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 547).
3. [Distingué par son orig., son appartenance à une époque, une classe soc.] Soudain un cri : « Un homme blanc! Un homme blanc » (Chateaubr., Natchez,1826, p. 285).Les hommes du peuple avaient un genou en terre pour prier (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 214) :
26. Cinquante années de misère l'avaient émacié, mais les traits étaient demeurés droits et fins, et la barbe encore blonde l'allongeait noblement et donnait à Gilbert Cloquet l'air d'un homme du Nord, Scandinave ou Normand, descendu parmi les herbages et les forêts du centre. R. Bazin, Blé,1907, p. 10.
L'homme du jour. L'homme célèbre, l'homme dont on parle. Il semble ici qu'on vit dans l'histoire. Tout est plus fort que l'homme du jour (Verlaine, Œuvres compl., t. 1, Sagesse, 1881, p. 265).
POL. Homme de droite, de gauche. Homme qui se situe à droite, à gauche. Lorsqu'on demande si la coupure entre hommes de droite et hommes de gauche a encore un sens, la première idée qui me vient est que l'homme qui pose cette question n'est certainement pas un homme de gauche (Le Nouvel Observateur, 30 mars au 5 avr. 1981, p. 34).
4. [Distingué par ses activités] Un très habile homme de mer (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 287).L'homme de loi ne m'avait pas trompé (Becque, Corbeaux,1882, IV, 1, p. 213) :
27. Dès que Malraux ouvre la bouche, son magnétisme faiblit. (...). Les images qu'il invente, au lieu de réchauffer son discours, le glacent : elles sont trop compliquées, on y sent la mise au point laborieuse de l'homme de lettres. Mauriac, Journal 2,1937, p. 202.
SYNT. Homme d'affaires, d'armes, d'état, d'église, d'équipage, de Dieu, d'équipe, de sciences, de théâtre, de ronde, de peine, de corvée, de cheval, d'épée, de guerre; homme de l'art, de cour.
Homme de barre. Homme qui tient la barre d'un bateau. L'homme de barre fut immédiatement remplacé par un de ses camarades, et les avirons plongèrent vivement dans l'eau (Verne, Île myst.,1874, p. 443).
Homme de métier. Spécialiste, homme qui connaît très bien une certaine discipline. Seuls des hommes de métier peuvent y correspondre (Serv. milit. et réf. armée,1963, p. 71).
Homme de main. Celui qui est au service d'autrui pour exécuter des tâches généralement répréhensibles ou illégales. Bien dirigé, il peut servir d'homme de main pour toutes les besognes (Sartre, Mains sales,1948, 1ertabl., 3, p. 29).
5. Individu qui est considéré comme dépendant d'un autre, qui est placé sous son autorité.
a) [Dans la hiérarchie féodale] Homme(-)lige. Vassal, homme qui a prêté serment à un suzerain. Je suis ton homme lige, et, toujours, n'importe où, je te suivrai, mon maître, et j'aimerai ta chaîne, et je la porterai (Hugo, Légende, t. 2, 1859, p. 495).
P. anal. Elle était mon homme lige, mon second, mon double : nous ne pouvions pas nous passer l'une de l'autre (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 45).
b) [Dans la hiérarchie milit.] Soldat qui est placé sous l'autorité d'un supérieur. Homme de troupe; homme d'infanterie. Les hommes étaient abrutis de fatigue (Benjamin, Gaspard,1915, p. 40).
Il faut (faudrait) quatre hommes et un caporal pour (faire) qqc. Il faut (faudrait) employer la force pour (faire) quelque chose. Ah! Il vous aurait fait secouer ça par quatre hommes et un caporal (Balzac, Illus. perdues,1844, p. 258).
Soldat, combattant gradé ou non :
28. ... Quant aux pertes bolcheviques en hommes, le 13 février, dans ce secteur, elles ont été de l'ordre de mille, alors que les Allemands ne perdaient que onze hommes en tout et pour tout! Gide, Journal,1943, p. 194.
Lutter, combattre jusqu'au dernier homme. Lutter, combattre jusqu'au bout, jusqu'à l'épuisement des ressources en hommes, jusqu'à la dernière cartouche. Les armées de l'Axe ont lutté jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière cartouche, dans une ultime résistance héroïque (Gide, Journal,1943p. 239).
Comme un seul homme. En même temps, avec un ensemble parfait. Les Russes se mirent au garde à vous comme un seul homme (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 181).Au fig. D'un commun accord. « Vous croyez que les socialistes voteront les crédits de défense nationale? » − « Comme un seul homme, Monsieur! » s'écrie le Belge, terrassant son interlocuteur d'un regard flambant de défi (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 693).
c) [Dans la hiérarchie civile] Individu agissant au sein d'une équipe, d'une entreprise, au service de quelqu'un. Les chefs conservateurs (...) avaient défendu à leurs hommes de venir en ville (Gobineau, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p. 143).
C. − [Avec un déterm. sing. ou plur. à valeur référencielle] Individu mâle. Un homme entra, l'homme entra. Le vieil homme coyote représente dans la mythologie des Crow ce curieux mélange (Lowie, Anthropol. cult.,1936, p. 223) :
29. ... un homme et deux fillettes, tous les trois tombés sur le sol de fatigue et de misère, sanglotaient, ne sachant où aller, ayant vu là s'envoler en cendre tout ce qu'ils possédaient. Zola, Débâcle,1892, p. 417.
D. − Dans diverses loc.
1. [Homme en fonction d'attribut] Être l'homme de qqn; être son homme. Être l'homme auquel on peut se fier, avec lequel on a accepté un marché, un défi. Si tu veux que je le tue... Je suis ton homme (Lenormand, Simoun,1921, 7etabl., p. 69).
2. [Précédé d'un adj. poss.; homme en fonction de compl. d'un verbe]
a) L'homme dont on parle, dont il est question. Et je le mène, et je domine mon homme, et je le chauffe, et il est à nous (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 159).Chacune des autos qui traverse la place, à toute vitesse, est dix fois capable de tuer son homme (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 225) :
30. Seuls, quelques agents de change ou marchands de canons de l'époque disaient à leurs enfants que la Butte ne nourrissait pas son homme, et les emmenaient voir Louise, chef-d'œuvre topographique, carte d'état-major à musique qui contient tout ce que Montmartre a de sentimental, de charmant, de barbant, de léger, de ridicule, de féminin et de pervers. Fargue, Piéton Paris,1939, p. 34.
b) Avoir trouvé son homme. Avoir trouvé son maître (d'apr. DG).
3. Être l'homme de la situation. Être celui qui est capable de résoudre le problème posé dans une situation donnée :
31. Si tu m'objectes encore que tu ne sais pas ce que signifie : être l'homme de la situation, (...), je pousserai la condescendance jusqu'à l'excès en t'assurant que Storch ne répond pas aux aspirations et aux besoins de l'époque. Gobineau, Pléiades,1874, p. 106.
4. Être homme à + verbe à l'inf.Être capable de faire quelque chose. Vous n'êtes pas homme à vous retirer des affaires! (About, Roi mont.,1857, p. 284).
5. Un homme à la mer! Cri que l'on lance sur un bateau pour signaler qu'une personne est passée par dessus bord. Il se penche pour regarder sa ligne − et pouf − un homme à la mer! (Pagnol, Fanny,1932, I, 1ertabl., 14, p. 60).
6. Il y a (eut, a eu, ...) mort d'homme. À Saumur, il y a eu bataille, coups de fusil, mort d'homme (Courier, Pamphlets, Lettres partic., 1, 1820, p. 55).
Rem. Parmi ces expr. lexicalisées, la plupart peuvent s'opposer effectivement à celles qui sont construites avec femme : bon homme/bonne femme; saint homme/sainte femme; d'autres expr., si elles existent au fém., ne sont pas lexicalisées ou diffèrent dans leur sens : homme de qualité/femme de qualité, honnête homme/honnête femme, grand homme/grande femme. D'autres encore n'ont pas d'équivalent au fém. : un homme à la mer, y avoir mort d'homme, l'homme de la rue, l'homme moyen. Ces dernières expr. sous-entendent que l'homme masc. peut parfois représenter l'espèce humaine en général.
REM. 1.
Hommée, subst. fém.,région. Travail effectué en un jour par un ouvrier agricole; étendue de terre qui est travaillée dans ces conditions. Certaines prairies du marais de Redon (Bretagne) partagées en « hommées » théoriques de 40 à 60 ares, non matérialisées sur le terrain (Meynier, Pays. agraires,1958, p. 82).
2.
Hommelet, subst. masc.Diminutif hypocoristique de homme. Mon bel hommelet, aux beaux doigts qui prennent et serrent, viens ça, mon homme (Giono, Colline,1929, p. 123).
3.
Hommelette, subst. fém.,péj. ,,Homme qui n'a rien des qualités et des vices de l'homme`` (Delvau 1883).
4.
Hommement, adv.,hapax. D'une manière masculine. Le louloup ne saura jamais ni ce qu'il est, ni combien il est aimé. Il est aimé fémininement autant que hommement! Cet adverbe énorme me fait rire (Balzac, Lettres Étr., t. 2, 1850, p. 417).
5.
Hommilière, subst. fém.,hapax. [Sur le modèle de fourmilière, de taupinière] Groupe d'hommes, ville. Quel spectacle admirable, maître. Je vois une vaste hommilière, toute grouillante. Un brouillard gris la couvre et dans ce brouillard des hommes et des femmes marchent gaiement (Maurois, Mes songes,1933, p. 81).
6.
Hommerie, subst. fém.Bassesse, corruption de l'homme; ses manifestations. − Crois-moi, Jacqueline, nous partirons parmi les anges. Ma Jacqueline, plus d'hommeries!... Tu échapperas à cette noire succession des péchés, des crimes (La Varende, Homme aux gants,1943, p. 394).
Prononc. et Orth. : [ɔm]. Att. ds Ac. dep. 1694. Pour la famille de homme, Thim., Princ. 1967, pp. 68-69, dégage la règle suiv. : ,,L'm du radical ne reste simple que s'il est suivi d'un i voyelle`` : homme, bonhomme, prud'homme, gentilhomme, mais homicide, bonhomie, prud'homie; il propose de corriger homuncule (écrit aussi homoncule) en hommuncule afin de régulariser la famille. Étymol. et Hist. A. « Être humain (sans considération de sexe) » 1. fin xes. hom « être humain considéré par rapport à son espèce et aux autres espèces animales » (Passion, 8, éd. D'Arco Silvio Avalle : hom carnels); 2. ca 1155 « être humain considéré dans les qualités ou les défauts propres à la nature humaine » (Wace, Brut, 7870 ds T.-L. : Unches de plus grant saintée Ne sont l'un hume en sun eé); 3. 1160-75 « être humain considéré par rapport à son origine ethnique ou sociale » (Id., Rou, éd. A.J. Holden, III, 63 : hume de north). B. « Être humain de sexe masculin » 1. fin xes. « mâle de l'espèce humaine » (Passion, 377, éd. D'Arco Silvio Avalle : li om primers [Adam]); spéc. 1383 « individu mâle ayant acquis sa maturité physique et morale » (J. Froissart, Chron., éd. G. Raynaud, t. 11, p. 81 : eage et congnissanche d'omme); 2. ca 1050 hume « mari » (Alexis, éd. Chr. Storey, 493); 3. ca 1100 id. « guerrier » (Roland, éd. J. Bédier, 13); 4. id. hom « vassal » (ibid., 86); 5. ca 1260 « individu considéré par rapport à son activité, sa fonction, son métier, sa condition » ici ome del mestier [patenostrier] (E. Boileau, Métiers, 69 ds T.-L.); 6. 1391 « individu considéré par rapport aux qualités, défauts, aptitudes dont il fait preuve » (J. Froissart, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 14, p. 345 : homme de bien). Du lat. class. homĭnem, acc. de hŏmo « être humain » qui prit, dès l'époque impériale, le sens de « être humain du sexe masculin » en supplantant vir (cf. on; v. FEW t. 4, p. 457b). Fréq. abs. littér. : 153 718. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 259 842, b) 215 705; xxes. : a) 195 077, b) 199 119. Bbg. Bady (R.). L'Homme et son « institution » de Montaigne à Bérulle (1580-1625). Paris, 1964, 587 p. - Delb. Matér. 1880, p. 167 (s.v. hommelet). - Ducháček (O.). Les Chang. des microstruct. lex. et leurs causes. Sborník Praci Filos. Fak. brn. Univ. 1971, t. 20, p. 16; Déficiences du lex. Ét. rom. Brno. 1974, no7, p. 12. - Fabre-Luce (A.). Les Mots qui bougent. Paris, 1970, p. 119. - Hasselrot 1957, p. 183 (s.v. hommelet). - Krötzsch-Viannay (M.). Sexisme et lexicogr. : les mots femme et homme ds le dict. Osnabrücker Beiträge zur Sprachtheorie. 1979, no9. - Quem. DDL t. 1, 2, 3, 14, 16, 17, 19. - Tabachowitz (A.). Homme-femme... Vox rom. 1960, t. 19, pp. 341-385.

Wiktionnaire

Nom commun - français

homme (h muet) \ɔm\ masculin

  1. (Collectif ou générique) Être d’une espèce humaine, du genre scientifique Homo, souvent par opposition à l’animal ; l’ensemble des humains, en particulier de l’espèce humaine actuelle (Homo sapiens). —  Note : on écrit souvent, depuis les années 1960, Homme avec une majuscule pour lever l’ambiguïté avec « être humain de sexe masculin ». Cet usage peut être considéré sexiste, en particulier au Canada[1]. Pour cette raison, une tendance se dessine qui consiste à remplacer quand c’est possible homme par humain. Amnesty International dit les droits humains à la place des droits de l’homme[2].
    • De nombreux caractères, comme l’allaitement, conduisent aux mêmes modèles de parentés chez l’homme, le poulet et l’ornithorynque que la myoglobine. — (Robert Boyd et Joan Silk, L’Aventure humaine : Des molécules à la culture, Paris, De Boeck Supérieur, 2003, page 107)
    • Si l’on se situe dans l'histoire longue, le système alimentaire a profondément évolué depuis que l’homme est apparu sur Terre, il y a environ 2 millions d’années. — (Jean-Louis Rastoin et Gérard Ghersi, Le Système alimentaire mondial : Concepts et méthodes, analyses et dynamiques, Versailles, éditions Quae, 2010, page 129)
    • Plus la pénétration de l’homme est forte, moins le milieu est « naturel ». Celui-ci ne l’est totalement que là où l’homme est absent. Au centre du milieu se trouve l’homme dont l’intelligence le transforme. La noosphère (de noos, l’intelligence) en fait partie intégrante. — (Thành Khôi Lê, L’Éducation, cultures et sociétés, Paris, publications de la Sorbonne, 1991, page 149)
  2. Être humain adulte de sexe masculin, par opposition à la femme et à l’enfant.
    • Sur un plan morphologique et pour un âge similaire, la femme diffère significativement de son homologue masculin. Ainsi, chez des sujets de 25 ans de moyenne d’âge, Behnke et Wilmore ont pu montrer que l’homme est en moyenne plus lourd de 13 kg, plus grand de 10 cm, possède une masse osseuse et musculaire plus importante […]. — (Nathalie Boisseau, Martine Duclos et Michel Guinot, La Femme sportive : Spécificités physiologiques et physiopathologiques, Paris, De Boeck Supérieur, 2009, page 3)
    • Il y a des moments où je me demande si vous avez quinze ans ou si vous êtes un homme […] — (Georges Simenon, Le Blanc à lunettes, chapitre IV, Gallimard, 1937)
    • À la vérité, on ne voit pas les hommes se réunir entre eux, à l’écart des femmes, pour la plus grande gloire et le triomphe du bon sens. — (Franc-Nohain, Guide du bon sens, Éditions des Portiques, 1932)
    • Philippe de Valois était surtout redevenu homme, et pareil à tout époux, grand seigneur ou dernier valet, qui corrige sa femme menteuse. — (Maurice Druon, Les Rois maudits, tome 6, Le Lis et le Lion)
    • […] nous travaillâmes désormais ensemble, avec un accord et une communauté de jugement qu’il est rare de trouver entre deux hommes. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Céline Thiébault était alors une jeune fille « bienfaisante », une de ces grandes filles brunes qui paraissent vingt ans au lieu de quinze, de celles qu’à la campagne on compare volontiers à une pouliche et que les hommes, vieux et jeunes, détaillent avec une basse envie, un violent désir. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 19)
    • Alice, dis-moi que tu ne vas pas épouser ce rabat-joie. Tu ne t’amuseras jamais avec un homme comme lui. Il ne te fera jamais rire. — (Amanda Bayle, Tout ce qui brille, éditions CyPLoG, 2017, chapitre 19)
  3. (Par extension) Subalterne masculin, vassal.
    • Le seigneur féodal pouvait, par faute d’homme, mettre en sa main le fief qui relevait de lui.
    • Ce dernier Wallenrod, des vrais Wallenrod-Tustall Bartenstild, avait acheté presque autant de balles de coton que l’Empereur perdit d’hommes pendant sa sublime campagne de France. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • L’effectif de la brigade n’avait pas varié : il s’était maintenu au chiffre de 6 000 hommes, grâce à l’apport régulier des dépôts. — (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, page 90)
  4. (En particulier) Personne de sexe masculin douée de sentiments humains, soumise aux grandeurs et vicissitudes des êtres humains.
    • Sa prudence naturelle l’eût retenu d’ailleurs, bien qu’il ne fût point « homme » — appliquons-lui ce mot — à laisser échapper quelque bonne occasion, si elle se présentait. — (Jules Verne, P’tit Bonhomme, chapitre 2-12, J. Hetzel et Cie, Paris, Illustrations par Léon Benett, 1891)
  5. (Précédé d’un adjectif possessif) Personne de sexe masculin dont il a été fait mention précédemment.
    • Si vous pensez ainsi, vous n’êtes pas mon homme.
    • Je ne suis pas leur homme.
    • Notre homme ne se le fit pas répéter deux fois.
  6. (Précédé d’un adjectif possessif) Conjoint, époux, compagnon dans un couple.
    • Elle sentit ce que contient l’expression « mon homme ». Un « homme » est un gouvernement qui nous bat pour nous montrer qu’il est le maître, mais qui saurait nous défendre au moment du danger. — (Charles-Louis Philippe, Bubu de Montparnasse, 1901, réédition Garnier-Flammarion, page 79)
    • Sur cette terre, ma seule joie, mon seul bonheur
      C’est mon homme.
      J’ai donné tout c’que j’ai, mon amour et tout mon cœur
      À mon homme […]
      — (Extrait de la chanson Mon homme, paroles de Albert Willemetz et Jacques Charles, 1920)
  7. (Sociologie) Être humain mâle ou femelle ayant des valeurs sociales et morales.
    • Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits — (Article premier de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, 1789)
    • Être homme est facile ; être un homme est difficile. — (Proverbe chinois cité par Claude Gagnière, dans Pour tout l’or des mots) (做人容易成人难)
    • Il savait maintenant parler la langue du désert, il connaissait ces hommes qui, au début, lui avaient semblé si mystérieux et qui, après tout, n’étaient que des hommes comme tous les autres, ni pires, ni meilleurs, autres seulement. — (Isabelle Eberhardt, Le Major, 1903)
    • […] les Peaux-Rouges disent que le castor est un homme qui ne parle pas, et ils ont raison ; il est sage, prudent, brave, industrieux et économe. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Ô hommes ! si vous êtes véritablement des hommes, épargnez ceux qui ne peuvent plus se défendre ! — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • L’Europe de la solidarité d’abord, je veux dire de la solidarité entre les peuples, entre les régions, entre les personnes. Dans les rapports entre nos peuples, […]. […] Il faudra aussi adapter la politique mise en œuvre pour corriger la situation des régions traditionnellement déprimées […]. […] Enfin et surtout, c’est entre les hommes que les efforts de solidarité doivent être développés. — (Simone Veil, discours au Parlement européen, Strasbourg, 17 juillet 1979, dans Simone Veil, Mes combats, Bayard, 2016, pages 153-154)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

HOMME. n. m.
Animal raisonnable, être formé d'un corps et d'une âme. Dans ce sens, il se dit en parlant de l'un et de l'autre sexe, et on l'emploie souvent au singulier pour désigner l'Espèce humaine en général. Dieu créa l'homme à son image. Le corps de l'homme. Les diverses races d'hommes. Tous les hommes sont égaux devant Dieu. Tous les hommes sont sujets à la mort. Tous les hommes ont été rachetés par JÉSUS-CHRIST. Les hommes du Nord. Les hommes du Midi. Les hommes de notre siècle. On le dit souvent de JÉSUS-CHRIST, par allusion au mystère de l'Incarnation. Le Fils de Dieu s'est fait homme. Il s'appelle lui-même, dans l'Évangile, le Fils de l'homme. Il est aussi appelé l'Homme de douleur. Il est vrai Dieu et vrai homme. Il est Homme-Dieu. Les hommes de couleur, Les mulâtres, les hommes provenant du mélange de la race blanche et de la race noire. Prov., L'homme propose et Dieu dispose. Voyez PROPOSER. Dans le style de l'Écriture, Les enfants des hommes. Voyez ENFANT. Dans le style mystique, Dépouiller le vieil homme, se dépouiller du vieil homme. Voyez DÉPOUILLER. Il se dit souvent par rapport aux sentiments, aux passions, aux vicissitudes, aux Infirmités qui sont communes à tous les hommes, inhérentes à leur nature. Avoir un cœur d'homme. Au milieu des grandeurs, il n'a point oublié qu'il est homme. Il est homme et doit craindre les retours de la fortune. Dans cet écrivain on trouve rarement l'auteur et toujours l'homme. Fig., Il y a toujours de l'homme, il se mêle toujours de l'homme dans nos actions, etc., Quelque sage qu'on soit, on montre toujours quelque faiblesse. On dit dans le même sens Il entre bien de l'homme dans ce qu'il fait, dans ce qu'il dit, etc. Il se dit spécialement du Sexe masculin. Dieu a créé l'homme et la femme. Le premier homme. Il y avait autant d'hommes que de femmes. Elle fut séduite par cet homme. Elle ne veut épouser que l'homme de son choix. Les hommes qui composent une troupe, un régiment, etc. Faire manœuvrer, exercer des hommes. Une armée forte de cent mille hommes. Il y eut trois mille hommes de tués. Les hommes qui composent l'équipage d'un bâtiment. Jeune homme. Homme marié. Homme veuf. Homme d'âge. Vieil homme. Homme vieux. Méchant homme. Honnête homme. Digne homme. Homme brave. Homme sans foi, sans honneur, sans probité. Homme laborieux, entreprenant. Fam., C'est un homme sans façon, se dit d'un Homme aisé à vivre; et aussi d'un Homme qui se gêne peu avec les autres et qui les met à l'aise. En termes de Spiritualité chrétienne, C'est un homme fort intérieur, Très recueilli. On dit aussi L'homme intérieur, pour l'Homme spirituel, par opposition à l'Homme charnel. C'est un saint homme, se dit d'un Homme fort pieux et d'une vertu exemplaire. Fam., C'est un pauvre homme, un petit bout d'homme, un plaisant homme. Termes de raillerie et de mépris. C'est un bon cœur d'homme, une bonne tête d'homme, une bonne pâte d'homme, la crème des hommes, Façons de parler familières dont on se sert pour louer quelqu'un de la bonté de son cœur, de la force de son esprit, de la facilité de son humeur. Bon homme a deux sens fort différents. Dans l'un, il se dit, par éloge, d'un Homme plein de droiture, de candeur, d'affection. Dans l'autre sens, il se dit, par dérision, d'un Homme simple, peu avisé, qui se laisse dominer et tromper; et alors on réunit ordinairement les deux mots. Voyez BONHOMME et BON, adjectif. Fam., Brave homme se dit d'un Honnête homme, d'un homme bon, obligeant. C'est un brave homme. Vous êtes un brave homme d'être venu ici. Ce n'est pas être homme, C'est être barbare, c'est n'avoir nul sentiment d'humanité. On ne sait quel homme il est, On ne connaît pas son humeur. Un homme tout d'une pièce, Un homme d'un caractère entier et qui ne connaît pas les ménagements et les demi-mesures. C'est le dernier des hommes, C'est le plus vil, le plus méprisable de tous les hommes. Prov., Tant vaut l'homme, tant vaut sa terre ou la terre, Les terres, les fonds de commerce, etc., rapportent en proportion de la capacité de celui qui les possède, de l'art de les faire valoir; et, en général, Chacun réussit dans son état en proportion de sa capacité personnelle. Fig., Un grand homme, Un homme hors de pair, doué de qualités éminentes. Ainsi mourut ce grand homme. Les grands hommes de l'antiquité. Être mis au rang des grands hommes. Un homme nouveau, Celui qui a fait fortune, qui n'a pas de naissance; le premier de sa race qui se fasse remarquer. Cicéron était un homme nouveau. On appelle aussi Nouvel homme ou Homme nouveau Le chrétien régénéré par la grâce. Il y a grande différence d'homme à homme, Tous les hommes ne croient pas, n'agissent pas, ne pensent pas de la même façon. D'homme à homme se dit aussi à propos de confidences que deux personnes s'échangent à titre privé. Quand il est joint à un nom par la préposition DE, il sert à marquer la profession, l'état ou les qualités bonnes ou mauvaises d'un homme. Homme de guerre. Homme d'épée. Homme d'Église. Homme d'État. Homme de robe. Homme de loi. Homme de lettres. Homme de théâtre. Homme de Bourse. Homme d'affaires. Homme de métier. Homme de journée. Homme de peine. Homme d'équipe. Homme de corvée. Grand homme de guerre. Homme de mer. Homme de bien. Homme d'honneur. Homme de courage. Homme d'esprit. Homme de génie. Homme de talent. Homme de goût. Homme de tête. Homme de cœur. Homme de savoir. Homme de cabinet. Homme d'intérieur. Homme des rues. Homme des champs. Homme des bois. Homme d'écurie. Homme de cheval. Homme de sport. Homme de qualité. Homme de naissance, de grande naissance. Homme du peuple. Homme de basse extraction. Homme de néant. Homme de rien. Homme de peu. Homme d'avenir. Homme de parti. Homme de poids. Homme de probité. Homme de parole. Homme de main. Homme d'exécution. Homme de résolution. Homme d'expédient. Homme de sang. Un homme de bonne volonté. Un homme d'une force prodigieuse. C'est un homme de bon conseil. Un homme de votre rang devrait ne donner que de bons exemples. Un homme du commun. Homme du jour, Homme à la mode, l'homme dont on parle. Homme du vieux temps, du temps passé, d'autrefois, Homme qui conserve les manières, les mœurs anciennes. Homme du monde, Homme qui fréquente et aime le monde, qui en a les manières. Il se dit quelquefois par opposition aux Savants, aux artistes, etc. Le savant et l'homme du monde liront cet ouvrage avec plaisir. Un homme de sac et de corde. Voyez CORDE. Homme de pied, Fantassin. Deux mille hommes de pied. Homme d'armes se disait anciennement d'un Cavalier armé de toutes pièces. C'est un bon homme de cheval, un bel homme de cheval, Il manie bien un cheval. Fig. et fam., Cela sent son homme de qualité, Cela marque un homme de qualité, c'est une chose digne d'un homme de qualité. En homme d'honneur, Façon de parler dont on se sert en affirmant quelque chose. C'est un homme de Dieu, tout de Dieu, tout en Dieu, se dit d'un Homme fort pieux, fort dévot. Homme de confiance, Homme à qui l'on confie le soin de gérer ses affaires. Homme d'importance, Homme qui jouit de crédit, de richesse, de pouvoir. Homme d'argent, Homme qui ne s'occupe que d'affaires d'argent, qui fait passer l'argent avant tout. Fig., Homme de paille, Homme de néant, de nulle considération. Il se dit plus particulièrement de ces Gens qui prêtent leur nom et qu'on fait intervenir dans une affaire, quoiqu'ils n'y aient point de véritable intérêt. C'est lui qui a signé le marché pour cette fourniture, mais il n'est qu'un homme de paille. Homme d'affaires se disait autrefois d'un Homme employé dans les affaires de finance et dans les fermes du roi. Il épousa la fille d'un homme d'affaires. On le dit maintenant d'un Agent d'affaires. J'ai confié le soin de mon procès à un homme d'affaires intelligent. Il se dit aussi d'un Homme qui a soin des affaires domestiques d'un grand seigneur, d'un homme riche, etc. Parlez à l'homme d'affaires d'un tel. Il lui envoya son homme d'affaires. Homme des bois, Nom donné vulgairement à l'orang-outang et qu'on applique aussi à d'autres grands singes. Homme marin, Nom donné, par ignorance, à des phoques et à des lamentins.

HOMME, joint avec un infinitif ou avec un nom par la préposition À, sert ordinairement à marquer, en bien ou en mal, De quoi un homme est capable. Il n'est pas homme à souffrir, à endurer un affront. Il est homme à tout entreprendre, à tout hasarder. Il est homme à s'en venger. Homme à idées. Homme à projets. Homme à femmes. Homme à tout faire, Homme qui est capable de tout. Fam., C'est un homme à tout, se dit d'un Homme qui est propre à différents genres de travaux, de services. Ce domestique est fort intelligent, c'est un homme à tout. Il s'emploie avec le même complément pour marquer De quoi un homme est digne, soit en bien, soit en mal; et alors, au lieu de dire, Il est homme à, on dit plus ordinairement C'est un homme à. C'est un homme à noyer, à pendre, un homme à nasardes, à étrivières. C'est un homme à parvenir aux premières places. C'est un homme à ménager, à employer. Avec les adjectifs possessifs, il signifie souvent un Homme propre et convenable à ce qu'on veut, l'homme dont on a affaire, un homme tel qu'il faut. C'est mon homme. Si vous pensez ainsi, vous n'êtes pas mon homme. Je ne suis pas leur homme. Je suis votre homme. On dit en ce sens, mais en plaisantant : Vous avez bien trouvé votre homme. Il a bien trouvé son homme. Il se dit également d'Hommes soumis aux ordres d'un autre, et plus particulièrement des Soldats et des hommes de peine. Rassemblez vos hommes. Il ne manque aucun de nos hommes. Je donne tant à mes hommes par jour. Envoyez-moi un de vos hommes. Il se dit aussi pour l'Homme dont il s'agit, dont on parle. N'ayant pas trouvé son homme où il l'avait laissé... Mon homme était déjà parti. Notre homme ne se le fit pas répéter. C'est un habile spadassin qui ne manque jamais son homme, qui vous a bientôt expédié son homme. Cette maladie emporte bientôt son homme. Il se dit, populairement, pour Mari. J'irai avec mon homme souper chez vous. En termes de Jurisprudence féodale, il se disait pour Vassal. Le seigneur féodal pouvait, par faute d'homme, mettre en sa main le fief qui relevait de lui. On disait dans le même sens : Homme lige. Homme vivant, mourant et confiscant. Homme de mainmorte. Par extension, Il est l'homme d'un tel, Il est présenté, commis, délégué, rétribué par lui, il est son partisan déclaré.

HOMME se dit absolument pour Homme de cœur, homme de fermeté. Se montrer homme. Il a montré qu'il était homme. Soyez homme. C'est un homme que cet homme-là. Par mépris, Ce n'est pas un homme, C'est un homme faible. Si vous agissez ainsi, vous n'êtes pas un homme.

HOMME se dit encore de Celui qui est parvenu à l'âge de virilité. Ce n'est encore qu'un enfant; quand il sera homme... C'est un homme fait.

Littré (1872-1877)

HOMME (o-m') s. m.
  • 1Animal raisonnable qui occupe le premier rang parmi les êtres organisés, et qui se distingue des plus élevés d'entre eux par l'étendue de son intelligence et par la faculté d'avoir une histoire, c'est-à-dire la faculté de développer, d'agrandir sa nature grâce à la communication avec les ancêtres et d'augmenter ses richesses intellectuelles et morales (en ce sens, c'est un terme d'espèce qui comprend les deux sexes). Les différentes races d'hommes : l'homme blanc ; l'homme noir ; l'homme jaune ; l'homme rouge. Les hommes du Nord. Les hommes du Midi. Je ne laisse pas de recevoir une extrême satisfaction du progrès que je pense avoir déjà fait en la recherche de la vérité, et de concevoir de telles espérances pour l'avenir que si, entre les occupations des hommes purement hommes, il y en a quelqu'une qui soit solidement bonne et importante, j'ose croire que c'est celle que j'ai choisie, Descartes, Méth. I, 3. Se plaindre de mourir, c'est se plaindre d'être homme ; Chaque jour le détruit, chaque jour le consomme, Rotrou, St Genest, V, 2. Il [Dieu] dit ensuite : Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance, Sacy, Bible, Genèse, I, 26. L'homme est, je vous l'avoue, un méchant animal, Molière, Tartuffe, V, 6. Il n'en est pas de même [comme des animaux] de l'homme, qui n'est produit que pour l'infinité ; il est dans l'ignorance au premier âge de sa vie ; mais il s'instruit sans cesse dans son progrès ; car il tire avantage non-seulement de sa propre expérience, mais encore de celle de ses prédécesseurs… de là vient que, par une prérogative particulière, non-seulement chacun des hommes s'avance de jour en jour dans les sciences, mais que tous les hommes ensemble y font un continuel progrès à mesure que l'univers vieillit, puisque la même chose arrive dans la succession des hommes que dans les âges différents d'un particulier ; de sorte que toute la suite des hommes, pendant le cours de tant de siècles, doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement, Pascal, Fragment d'un traité du vide. Que deviendrez-vous donc, ô homme, qui cherchez quelle est votre véritable condition par votre raison naturelle ? vous ne pouvez fuir une de ces sectes, ni subsister dans aucune, Pascal, Pensées, t. I, p. 293, édit. LAHURE. L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête, Pascal, ib. art. VII, 13, édit. HAVET. Quelle chimère est-ce donc que l'homme ? quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige ! juge de toutes choses, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, cloaque d'incertitude et d'erreur, gloire et rebut de l'univers, Pascal, ib. art. VIII, 1, édit. HAVET. L'homme est né pour penser ; aussi n'est-il pas un moment sans le faire ; mais les pensées pures, qui le rendraient heureux s'il pouvait toujours les soutenir, le fatiguent et l'abattent, Pascal, Passions de l'amour. Il y a dans l'homme un sentiment si vif et si clair de son excellence au-dessus des bêtes, que c'est en vain que l'on prétend l'obscurcir par de petits raisonnements et de petites histoires vaines ou fausses, Nicole, Ess. de mor. 1er traité, ch. 2. De quelque superbe distinction que se flattent les hommes, ils ont tous une même origine, et cette origine est petite, Bossuet, Duch. d'Orl. Laissons-lui [l'Ecclésiaste] égaler le fol et le sage ; et même, je ne craindrai pas de le dire hautement dans cette chaire, laissons-lui confondre l'homme avec la bête, Bossuet, ib. Nous cédons et on nous cède ; tout ce qui s'élève d'un côté s'abaisse de l'autre : c'est pourquoi il y a entre tous les hommes une espèce d'égalité, Bossuet, 1er sermon, Visitation, 1. L'homme de la nature est le chef et le roi, Boileau, Sat. VIII. De tous les animaux qui s'élèvent dans l'air, Qui marchent sur la terre ou nagent dans la mer, De Paris au Pérou, du Japon jusqu'à Rome, Le plus sot animal, à mon avis, c'est l'homme, Boileau, ib. Croyez-vous, dit Candide, que les hommes se soient toujours naturellement massacrés comme ils le font aujourd'hui, qu'ils aient toujours été menteurs, fourbes, volages, lâches, envieux, gourmands, ivrognes, avares, ambitieux, sanguinaires, calomniateurs, débauchés, fanatiques, hypocrites et sots ? Croyez-vous, dit Martin, que les éperviers aient toujours mangé des pigeons quand ils en ont trouvé ? Voltaire, Candide, 21. L'homme y [dans la Cafrerie] paraît si différent ; ils sont d'un beau jaune, n'ont point de laine, leur tête est couverte de grands crins noirs, Voltaire, Métaph. 1. Tous les hommes qu'on a découverts dans les pays les plus incultes et les plus affreux, vivent en société comme les castors, les fourmis, les abeilles et plusieurs autres espèces d'animaux, Voltaire, Dict. phil. Homme. De la raison, des mains industrieuses, une tête capable de généraliser des idées, une langue assez souple pour les exprimer, ce sont là de grands bienfaits accordés par l'être suprême à l'homme à l'exclusion des autres animaux, Voltaire, ib. On ne peut douter qu'on n'ait rencontré, dans l'Amérique méridionale, des hommes en grand nombre, tous plus grands, plus carrés, plus épais et plus forts que ne le sont tous les autres hommes de la terre, Buffon, 6e époq. nat. Œuvres, t. XII, p. 305. Je crois qu'on pourrait dire qu'il n'y avait pas dans toute l'Amérique, lorsqu'on en fit la découverte, autant d'hommes qu'on en compte actuellement dans la moitié de l'Europe, Buffon, Quadrup. t. III, p. 177. Il s'agissait [dans les hôpitaux] de l'homme, et de l'homme malade : sa stature règle la longueur du lit, la largeur des salles ; son pas, moins étendu, moins libre que celui de l'homme sain, donne la hauteur des marches, Tenon, Mém. sur les hôp. préface, p. IX. On [en Grèce] voit croître l'homme et sa pensée : d'abord enfant, ensuite attaqué par les passions dans la jeunesse, fort et sage dans son âge mûr, faible et corrompu dans sa vieillesse ; l'État suit l'homme, passant du gouvernement royal ou paternel au gouvernement républicain, et tombant dans le despotisme avec l'âge de la décrépitude, Chateaubriand, Génie, III, III, 2. Borné dans sa nature, infini dans ses vœux, L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux, Lamartine, Méd. I, 2.

    Fig. Ce n'est pas un homme, c'est un ange, c'est-à-dire c'est un homme qui a une extrême douceur, une pieuse et touchante résignation.

    Ce n'est pas un homme, c'est un diable, se dit d'un homme très méchant.

    Les hommes de couleur, les mulâtres.

    Il n'y a tête d'homme qui ose entreprendre de faire telle chose, c'est-à-dire il n'est personne qui ose…

    On dit dans le même sens : Homme vivant, homme qui vive n'oserait.

  • 2 Absolument. L'homme, l'être humain en général. L'homme faible et léger sans un secours divin, Tristan, Panthée, III, 5. Crains Dieu et garde ses commandements, car c'est là tout l'homme, Bossuet, Duch. d'Orl. Cette grandeur que nous admirons de si loin comme quelque chose au-dessus de l'homme touche moins quand on y est né, Bossuet, Mar. Thér. L'homme en ses passions toujours errant sans guide A besoin qu'on lui mette et le mors et la bride, Boileau, Sat. X. Non, crois-moi, l'homme est libre au moment qu'il veut l'être, Voltaire, Brutus, II, 1. L'homme est trop faible, hélas ! pour dompter la nature, Voltaire, Orphel. I, 7. Tout en lui nous parut être au-dessus de l'homme, Saurin, Spartac IV, 1. Voilà peut-être l'homme parfait ; mais l'homme parfait est-il l'homme de la nature ? Diderot, Claude et Nér. II, 68. L'homme, et surtout l'homme instruit, n'est plus un simple individu, il représente en grande partie l'espèce humaine entière, Buffon, Quadrup. t. IV, p. XX. L'homme n'est homme que parce qu'il a su se réunir à l'homme, Buffon, Nature des anim. Quand on vit loin de l'homme, on croit l'homme meilleur, Chénier M. J. Gracq. III. Ah ! l'homme en vain se rejette en arrière, Lorsque son pied sent le froid du cercueil, Béranger, Treize à table. L'instinct de sa faiblesse [de l'homme] est sa toute-puissance ; Pour lui l'insecte même est un objet d'effroi ; Mais le sceptre du globe est à l'intelligence, L'homme s'unit à l'homme, et la terre a son roi, Lamartine, Harm. II, 10. Tu vois qu'aux bords du Tibre et du Nil et du Gange, En tous lieux, en tous temps, sous des masques divers, L'homme partout est l'homme…, Lamartine, Méd. I, 12. Aimons donc, aimons donc ; de l'heure fugitive Hâtons-nous, jouissons ; L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ; Il coule et nous passons, Lamartine, ib. I, 13. Ce réveil incertain d'un être qui s'ignore, Cet espace infini s'ouvrant devant ses yeux, Ce long regard de l'homme interrogeant les cieux, Lamartine, ib. I, 18.

    L'homme innocent, Adam et Ève avant le péché. L'homme innocent aurait fait toutes ses délices de s'entretenir avec Dieu, Massillon, Carême, Prière.

  • 3 Absolument, au pluriel, les hommes, la société, les rapports des hommes entre eux. Loin du commerce des affaires et de la société des hommes, ces âmes sans force aussi bien que sans foi qui ne savent pas retenir leur langue indiscrète ! Bossuet, Duch. d'Orl. …Dans le siècle où nous sommes, Il faut fuir dans les bois et renoncer aux hommes, Regnard, le Distr. IV, 2. Il y a une grande différence entre la connaissance de l'homme et la connaissance des hommes ; pour connaître l'homme il suffit de s'étudier soi-même, Duclos, Considér. mœurs, Introd. Œuvres, t. I, p. 64, dans POUGENS.

    Devant Dieu et devant les hommes, formule des déclarations du jury.

  • 4L'être humain considéré dans ce qu'il a de supérieur à la bête. Et son salut [de Rome] dépend de la perte d'un homme, Si l'on doit le nom d'homme à qui n'a rien d'humain, à ce tigre altéré de tout le sang romain, Corneille, Cinna, I, 3. Un païen nous l'apprend, tout chrétiens que nous sommes : Je n'ai jamais, dit-il, été parmi les hommes Que je n'en sois sorti moins homme et plus brutal, Corneille, Imit. I, 20. Eh bien ! que veux-tu ? parle ; As-tu le cœur d'un homme ? es-tu fils de César ? Voltaire, M. de Cés. III, 4. Il y a des naturels violents dont la férocité se développe de bonne heure et qu'il faut se hâter de faire hommes pour n'être pas obligé de les enchaîner, Rousseau, Ém. II. Ce n'est pas être homme, c'est-à-dire c'est être barbare, c'est n'avoir nul sentiment d'humanité.
  • 5Dans le style de l'Écriture. Les enfants des hommes, les hommes. Qu'est-ce que l'homme, Ô grand Dieu, que vous vous en souvenez ? ou que sont les enfants des hommes, que vous leur faites l'honneur de les visiter ? Bossuet, 1er sermon, Visitation, 1.

    Particulièrement, ceux qui vivent dans l'iniquité.

  • 6Homme se dit de Jésus-Christ, par allusion au mystère de l'Incarnation. Le Fils de Dieu s'est fait homme. Il est vrai Dieu et vrai homme.

    L'Homme-Dieu, Jésus-Christ. Sans cette mission de Dieu, et de Jésus-Christ, son Fils unique et l'Homme-Dieu, Bourdaloue, Dim. de la Sexagés. Dominic. t. I, p. 387. Un adorateur Homme-Dieu rend plus de gloire à la divinité, que tous les siècles et tous les peuples idolâtres ne lui en avaient ôté, Massillon, Avent, Noël. J'outrageai d'un rire inhumain L'Homme-Dieu respirant à peine, Béranger, Juif errant.

    Le Fils de l'Homme, Jésus-Christ. Infidèles ! vous trahissez le Fils de l'Homme par un baiser, Massillon, Carême, Passion.

    L'Homme de douleur, Jésus-Christ dans la Passion. Ô mon Sauveur ! vous n'auriez donc été l'Homme de douleur que pour nous autoriser à être des hommes voluptueux et sensuels ! Massillon, Carême, Passion.

  • 7 Terme de dévotion. L'homme intérieur, l'homme spirituel, la partie de l'homme qui appartient à la spiritualité ; l'homme charnel, la partie qui appartient à la chair et aux sens.

    C'est un homme fort intérieur, c'est un homme très recueilli.

    Le vieil homme, l'état de l'homme pécheur avant qu'il soit renouvelé par la pénitence et la grâce. Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, Sacy, Bible, Saint Paul, Épître aux Rom. VI, 6. Il ne faut pas attendre la liberté et la retraite pour vaincre le vieil homme, Fénelon, t. XVIII, p. 207.

    Dépouiller le vieil homme, se dépouiller du vieil homme, se défaire des inclinations de la nature corrompue, et, dans le langage familier, renoncer à ses vieilles et à ses mauvaises habitudes.

    On retrouve toujours le vieil homme, se dit d'un homme qui garde toujours l'empreinte de ce qu'il est au fond.

    Nouvel homme, ou homme nouveau, le chrétien régénéré par la grâce. Nous nous trouverons tout d'un coup dans la prière de nouveaux hommes, Massillon, Carême, Prière 1.

  • 8Il se dit par rapport aux sentiments, aux passions, aux infirmités inhérentes à la nature de l'homme. Ce qu'ils [les rois] peuvent n'est rien ; ils sont, comme nous sommes, Véritablement hommes, Et meurent comme nous, Malherbe, I, 3. Ma raison s'est troublée et mon faible a paru ; Mais j'ai dépouillé l'homme, et Dieu m'a secouru, Corneille, Théod. V, 3. Ah ! pour être Romain je n'en suis pas moins homme : J'aime, et peut-être plus qu'on n'a jamais aimé, Corneille, Sertor. IV, 1. Mais parmi tant d'honneurs vous êtes homme enfin, Racine, Iphig. I, 1. Je suis père, mais homme ; et malgré ta fureur…, Voltaire, Alz. V, 5. Il suffit qu'il soit homme et qu'il soit malheureux, Voltaire, Mérope, II, 2. Mon empire est détruit si l'homme est reconnu, Voltaire, Fanat. V, 4.

    Il entre bien de l'homme dans ce qu'il fait, dans ce qu'il dit, etc. c'est-à-dire il se livre, bien qu'il fasse profession de sagesse ou de piété, à des mouvements de passion ou d'intérêt.

    Il y a toujours de l'homme, il se mêle toujours de l'homme dans nos actions, c'est-à-dire quelque sage qu'on soit, on montre toujours quelque faiblesse.

  • 9L'homme, le fonds humain. Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi ; car on s'attendait de voir un auteur, et on trouve un homme, Pascal, Pensées, t. I, p. 290, édit. LAHURE. L'homme perce dans le philosophe Sénèque ; la philosophie n'anéantit pas l'homme, Diderot, Claude et Nér. I, 120.

    Il se prend quelquefois adjectivement en ce sens. Il n'y a que le roi de Prusse que je mets de niveau avec vous, parce que c'est de tous les rois le moins roi et le plus homme, Voltaire, Lett. à Maupertuis, 22 juin 1740.

  • 10Un individu de la race humaine. Tous les siècles ne sont pas si heureux que celui d'Auguste, et l'homme dont le monde a besoin n'est pas quelquefois encore né, Guez de Balzac, Des ministres et du ministère. Il n'y a point d'hommes si hébétés et si stupides, qu'ils ne soient capables d'arranger ensemble diverses paroles et d'en composer un discours, Descartes, Méth. V, 9. Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes ; Ils peuvent se tromper comme les autres hommes, Corneille, Cid, I, 6. Quand un homme une fois a droit de nous haïr, Corneille, Poly. V, 1. C'est loin de ses parents qu'un homme apprend à vivre, Corneille, Œdipe, I, 5. Ce fut alors que Louis [le roi] parut le plus grand de tous les hommes, tant par les prodiges qu'il avait faits en personne, que par ceux qu'il fit faire à ses généraux, Bossuet, Louis de Bourbon. Ç'a été dans notre siècle un grand spectacle de voir dans le même temps et dans les mêmes campagnes ces deux hommes [Condé et Turenne] que la voix commune de toute l'Europe égalait aux plus grands capitaines des siècles passés…, Bossuet, ib. Ce ne lui est rien [à Louis XIV] d'être l'homme que les autres hommes admirent : il veut être avec David l'homme selon le cœur de Dieu ; c'est pourquoi Dieu le bénit, Bossuet, Mar.-Thér. Il n'y avait livre qu'il ne lût, il n'y avait homme excellent ou dans quelque spéculation ou dans quelque ouvrage qu'il n'entretînt, Bossuet, Louis de Bourbon. N'attendez pas, messieurs, que je suive la coutume des orateurs et que je loue M. de Turenne comme on loue des hommes ordinaires, Fléchier, Turenne. Comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d'Israël ? Fléchier, ib. …Il viendra me demander peut-être Un grand homme sec, là, qui me sert de témoin, Et qui jure pour moi lorsque j'en ai besoin, Racine, Plaid. I, 6. Il apparaît de temps en temps sur la surface de la terre des hommes rares, exquis, qui brillent par leur vertu et dont les qualités éminentes jettent un éclat prodigieux, La Bruyère, II. D'un jeune homme ! mon sang s'est glacé dans mes veines, Voltaire, Mérope, II, 2. Voyageons dans leur âge [des anciens], où libre, sans détour, Chaque homme ose être un homme et penser au grand jour, Chénier, l'Invention.

    Autant qu'homme du monde, plus qu'homme du monde, autant, plus que qui que ce soit. Il entend raillerie autant qu'homme de France, Molière, Femmes sav. IV, 3.

    Un saint homme, un homme dont la vertu et la piété sont exemplaires.

    Par plaisanterie. C'était un chat vivant comme un dévot ermite, Un chat faisant la chattemite. Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras, Arbitre expert en tous les cas, La Fontaine, Fabl. VII, 16.

    C'est un homme de Dieu, tout de Dieu, tout en Dieu, homme fort pieux, fort dévot, et qui fait beaucoup de charité, qui s'occupe des pauvres.

    Familièrement. C'est un homme sans façon, c'est un homme qui ne fait pas de cérémonie, qui est commode à vivre, et aussi c'est un homme qui ne se gêne pas assez avec les autres.

    Familièrement. C'est un bon cœur d'homme, une bonne pâte d'homme, c'est un homme bon, doux, facile à vivre.

    C'est une bonne tête d'homme, c'est un homme qui a une bonne tête, de la force d'esprit.

    On ne sait quel homme vous êtes, on ne connaît pas votre humeur.

    Un homme tout d'une pièce, un homme qui ne se plie pas aux circonstances.

    C'est le roi des hommes, se dit d'un homme très bon, très bienfaisant.

    C'est le dernier des hommes, c'est le plus vil, le plus méprisable de tous les hommes.

    C'est un pauvre homme, c'est un homme sans capacité.

    Familièrement. C'est un petit bout d'homme, un plaisant homme, se dit, par mépris, d'un homme sans consistance.

    Fig. Un homme nouveau, celui qui a fait sa fortune et sa réputation.

    Fig. C'est toujours le même homme, il n'a pas changé ; et, en un sens contraire, ce n'est plus le même homme, il a changé, il est tout autre. Qu'il marchât avec une armée parmi les périls, ou qu'il conduisît ses amis dans ces superbes allées [de Chantilly] au bruit de tant de jets d'eau qui ne se taisaient ni jour ni nuit, c'était toujours le même homme, et sa gloire le suivait partout, Bossuet, Louis de Bourbon.

    Fig. Un autre homme, se dit pour exprimer qu'en certaines circonstances un homme semble agir sous des impulsions qui ne sont pas siennes. Vous diriez qu'il y a en lui un autre homme à qui sa grande âme abandonne de moindres ouvrages où elle ne daigne se mêler, Bossuet, Louis de Bourbon.

  • 11Plus particulièrement. L'être qui, dans l'espèce humaine, appartient au sexe mâle. L'homme et la femme. Voilà notre pouvoir sur les esprits des hommes, Corneille, Poly. I, 3. Ayez toujours une fille qui travaille dans votre chambre quand vous êtes avec un homme ; défiez-vous des plus sages, Maintenon, Lettre à Mme de Caylus, 1705, t. VI, p. 4, dans POUGENS. Il faut, pour que la nature et l'ordre social se montrent dans toute leur beauté, que l'homme soit protecteur et la femme protégée, Staël, Corinne, VI, 3.

    Le premier homme, Adam. Leur innocence n'a guère plus duré à la cour que celle du premier homme dans le paradis terrestre, Guez de Balzac, De la cour, 2e disc.

    En homme, en habits d'homme. À ce voyage elle était à cheval et en homme, Rousseau, Confess. IX.

    Un demi-homme, un homme efféminé, qui est presque une femme.

    Fig. La vertu seule est libre : honneur de notre histoire, Notre immortel opprobre y vit avec ta gloire [Charlotte Corday] ; Seule tu fus un homme, et vengeas les humains, Chénier, Ode IX.

  • 12Celui qui est parvenu à l'âge de virilité. C'est un homme fait. Il se fait homme. C'est un enfant, mais quand il se fera homme…

    N'être pas homme, être impuissant, être incapable d'engendrer.

    Absolument et fig. Homme, homme de cœur, de fermeté. Se montrer homme. Je veux que l'on soit homme, et qu'en toute rencontre Le fond de notre cœur dans nos discours se montre, Molière, Mis. I, 1. Et l'esclave d'un roi va voir enfin des hommes, Voltaire, Brutus, I, 1. Allons, reprends tes sens, sois homme, Ducis, Abuf. IV, 5.

    Par mépris. Ce n'est pas un homme, c'est un être faible, sans fermeté.

  • 13Populairement Mari. J'irai avec mon homme souper chez vous. Mon Dieu, la charmante fille, que je l'aimerai quand je serai son homme ! la seule pensée m'en fait mourir d'aise, Marivaux, Paysan parv. 3e part.
  • 14Homme soumis au commandement d'un autre, et, particulièrement, soldat, ouvrier. Le capitaine rassembla ses hommes. Cet entrepreneur donne tant à ses hommes par jour. Une armée de cent mille hommes. Envoyez-moi un de vos hommes.

    Hommes de recrue, soldats de nouvelle levée.

    Remplaçant militaire. Simon Gabelin, ne voulant point aller à l'armée, a vendu tout son bien pour acheter un homme, et se fait remplacer, Courier, Gazette du village, n° 4.

    Marchand d'hommes, celui qui se chargeait de fournir des remplaçants.

    Terme de marine. Un homme à la mer ! cri que l'on fait entendre quand un homme tombe à la mer.

  • 15En jurisprudence féodale, vassal. Homme lige. Homme et femme de corps, gens de condition servile et mainmortable. Homme de foi, vassal qui tenait un fief. Homme de froment, celui qui payait ses redevances en froment. Homme de justice, vassal soumis à la juridiction du seigneur. Homme de poursuite, celui que le seigneur avait le droit de poursuivre et de réclamer partout. Homme sans moyen, celui qui relevait immédiatement du roi. Homme vivant, mourant et confiscant, homme que les corps mainmortables présentaient au seigneur dominant pour les représenter dans leur propriété, afin que cette propriété ne tombât pas à l'état de mainmorte ; ce qui aurait fait perdre au seigneur les droits de relief, etc.

    Autrefois, homme du roi, celui qui avait quelque commission du roi soit au dedans du royaume, soit au dehors. L'homme du roi auprès des états du Languedoc.

    Aujourd'hui et par extension du langage féodal. Il est l'homme d'un tel, c'est-à-dire il est présenté, commis, rétribué par lui.

  • 16Un grand homme, un homme distingué par des qualités éminentes. Admirons cependant le destin des grands hommes ; Plaignons-les et par eux jugeons ce que nous sommes, Corneille, Pomp. II, 2. C'est prolonger la vie des grands hommes que de poursuivre dignement leurs entreprises, Fontenelle, Leibnitz. Vous savez que chez moi les grands hommes vont les premiers, et les héros les derniers ; j'appelle grands hommes tous ceux qui ont excellé dans l'utile ou dans l'agréable, Voltaire, Lett. Thiriot, 15 juill. 1735. Callicrate : Voilà un grand homme bien petit. - Evhémère : Il n'y en a guère d'autres ; ils sont comme l'aimant dont j'ai découvert une propriété, c'est qu'il a un côté qui attire et l'autre qui repousse, Voltaire, Dial. 29. Le grand homme est celui qui, pour des objets grands et utiles, proportionne les moyens aux entreprises, les couronne par le succès, et peut s'applaudir des événements puisqu'il a su les prévoir, les préparer et les amener, Duclos, Mém. Rég. Œuvres, t. V, p. 312, dans POUGENS. Ceux qui l'ont méconnu pleureront le grand homme, Lamartine, Médit. I, 14.

    Voltaire a dit grand homme, en parlant de la reine Élisabeth d'Angleterre : …L'Europe vous compte au rang des plus grands hommes, Voltaire, Henr. III.

    Bon homme, voy. BON, aux nos 13 et 14, et à la synonymie, voy. aussi BONHOMME.

    Par familiarité ou par hauteur. On dit parfois bonhomme en parlant à un homme du peuple ou de la campagne, quel que soit son âge.

    Aller son petit bonhomme de chemin, voy. CHEMIN, n° 1.

    Brave homme, voy. BRAVE aux nos 1 et 2, et aux remarques.

    Un honnête homme, voy. HONNÊTE.

  • 17Homme suivi de la préposition de sans article sert à marquer la profession, l'état, la qualité. Homme d'épée, d'Église, de robe, de lettres, de génie, de goût, etc. Don Rodrigue surtout n'a trait en son visage Qui d'un homme de cœur ne soit la haute image, Corneille, Cid, I, 1. Je l'avais bien prévu que pour un tel ouvrage Cinna saurait choisir des hommes de courage, Corneille, Cinna, I, 3. Homme de lettres, homme d'érudition, Molière, Mar. forcé, 6. Homme de suffisance, homme de capacité, Molière, ib. 6. Vous êtes homme d'accommodement, Molière, Pourc. III, 6. Un homme d'esprit, et qui est né fier, ne perd rien de sa fierté et de sa raideur pour se trouver pauvre, La Bruyère, V. Le chrétien est donc un homme de prière, Massillon, Carême, Prière 1. Mon cher ange, la vie d'un homme de lettres n'est bonne qu'après sa mort, Voltaire, Lett. d'Argental, 17 septemb. 1755.

    Homme de qualité, homme qui appartient à la noblesse.

    Familièrement. Cela sent son homme de qualité, cela marque un homme de qualité, en est digne.

    Homme d'État, homme qui régit les affaires publiques. Puissions-nous voir en lui, malgré tous ses malheurs, L'homme d'État heureux, quand le père soupire, Voltaire, Tancr. V, 1.

    Homme d'ordre, de progrès, d'avenir, d'action, homme qui est attaché à l'ordre, qui favorise le progrès, qui a de l'avenir et donne des espérances, qui est propre à agir.

    Homme de bien, homme qui obéit à toutes les lois de la morale. Tu n'as fait le devoir que d'un homme de bien, Corneille, Cid, III, 4. Un homme de bien ne saurait empêcher par toute sa modestie, qu'on ne dise de lui ce qu'un malhonnête homme fait dire de soi, La Bruyère, V. Le plus homme de bien est celui qui travaille, Collin D'Harleville, Vieux célib. IV, 3.

    Familièrement. Homme de bien, se dit quand on adresse la parole à quelqu'un qu'on ne connaît pas. Homme de bien, qui voyez tant de choses, Voyez-vous point mon veau ? dites-le-moi, La Fontaine, le Villageois.

    Homme de confiance, homme en qui on a pleine confiance.

    Homme d'honneur, homme qui se comporte en tout suivant les lois de l'honneur. Ne le recevez point en meurtrier d'un frère, Mais en homme d'honneur qui fait ce qu'il doit faire, Corneille, Hor. II, 4.

    D'homme d'honneur, en homme d'honneur, se dit pour affirmer quelque chose.

    Homme d'importance, homme qui jouit de crédit, d'influence, de richesse, de pouvoir. On y fait l'homme d'importance Et l'on n'est souvent qu'un bourgeois, La Fontaine, Fabl. VIII, 15.

    Homme de loi, un avocat, un avoué.

    Autrefois, homme d'affaires, homme employé dans les affaires de finance et particulièrement dans les fermes du roi.

    Aujourd'hui, homme d'affaires, agent d'affaires, et aussi homme qui a soin des affaires d'une grande maison.

    Fig. et familièrement. Homme de paille, homme sans consistance, sans fortune, qui ne présente aucune garantie ; et, par extension, celui qui, prêtant son nom dans une affaire, mais ne possédant rien, n'offre aucune garantie à ceux qui ont sa signature.

    Autrefois, homme de chambre, domestique employé au service de la chambre. On dit aujourd'hui valet de chambre.

    Homme de guerre, militaire. Un grand homme de guerre, un général qui a remporté d'éclatants succès.

    Homme de mer, homme qu'une pratique longue et intelligente a familiarisé avec les choses de la mer. Nous voilà insensiblement engagés dans l'histoire d'un excellent homme de mer, d'un voyageur illustre, d'un habile ingénieur, et presque d'un homme d'État, Mairan, Éloge de Halley.

    Homme de mer signifie aussi simplement matelot. Que ferait aujourd'hui l'Angleterre, si, au lieu de quarante mille hommes de mer, elle avait quarante mille moines ? Voltaire, l'H. aux 40 écus, moines.

    Homme de pied, soldat d'infanterie.

    Homme de cheval, soldat de cavalerie.

    C'est un bon homme de cheval, un bel homme de cheval, il manie bien un cheval, il a bonne grâce à cheval.

    Anciennement, homme d'armes, cavalier armé de toutes pièces.

    Homme de peine, homme employé aux gros travaux fatigants, à porter des fardeaux, à balayer, etc.

    Homme de sac et de corde, un mauvais garnement.

    Homme de Dieu, prophète, homme inspiré de Dieu. Voici le quart d'un sicle d'argent que j'ai trouvé sur moi par hasard : donnons-le à l'homme de Dieu, afin qu'il nous découvre ce que nous devons faire, Sacy, Bible, Rois, I, IX, 8.

    Terme mystique. Homme de péché, pécheur. Lui [à Dieu] demander avec une foi vive qu'il détruise en elle [l'âme] cet homme de péché qui, malgré ses plus fermes résolutions, lui fait faire tous les jours tant de faux pas dans la voie de Dieu, Massillon, Carême, Prière 1.

  • 18Homme de, avec l'article défini. Celui qui appartient à, qui est propre à. Il n'est roi que pour être l'homme des peuples, Fénelon, Tél. V. Le garde-champêtre est l'homme du maire, comme le maire est l'homme du préfet, Courier, Pierre Clavier aux juges de Blois. Celui de nos chefs que jusque-là on avait vu le plus rigoureux pour le maintien de la discipline, ne se trouve plus l'homme de la circonstance, Ségur, Hist. de Nap. IX, 11.

    Homme du vieux temps, du temps passé, homme qui conserve les mœurs, les manières antiques.

    Homme du jour, homme à la mode. Ne soyez plus ami, ne soyez plus amant, Soyez l'homme du jour, et vous serez charmant, Boissy, Deh. tromp. V, 1.

    Homme du monde, homme qui vit dans le grand monde. L'homme du monde du meilleur esprit, que le hasard a porté au milieu d'eux [une société particulière, une coterie], leur est étranger, La Bruyère, VII. L'homme du monde est né pour ne tenir à rien, Boissy, Deh. tromp. I, 6.

    Homme du monde, se dit aussi par opposition aux savants, aux artistes, etc. Le savant et l'homme du monde.

  • 19Homme qui, homme capable de, susceptible de. Il ne fuyait qu'en homme Qui savait ménager la fortune de Rome, Corneille, Hor. IV, 2. Vous êtes homme qui savez les maximes du point d'honneur, Molière, G. Dand. I, 8. Je suis homme qui aime à m'acquitter le plus tôt que je puis, Molière, Bourg. gent. III, 4. Il n'est pas homme qui s'accommode des médiocres consolations, Sévigné, 593.
  • 20Homme à, suivi d'un infinitif, capable, qui peut faire quelque chose soit en bien soit en mal. Il est homme à tout tenter. Il n'est pas homme à endurer un affront. Il est homme à s'en venger.

    Suivi d'un substantif, il signifie celui qui accepte, qui s'accommode à. Aldobrandin était homme à présents, La Fontaine, Magn.

    N'être homme à cela près, ne pas attacher d'importance à une chose qui en blesserait un autre. …Neherbal n'était homme à cela près…, La Fontaine, Diable en enfer. Familièrement. C'est un homme à tout, c'est un homme propre à différents genres de besognes, de services. Ce domestique est fort intelligent, c'est un homme à tout.

    Homme à, exprimant de quoi un homme est digne soit en bien soit en mal ; dans cet emploi au lieu de dire : il est homme à, on dit d'ordinaire : c'est un homme à. C'est un homme à noyer, à pendre, à ménager, à employer. Un homme à nasardes, à étrivières.

  • 21Avec les adjectifs possessifs, homme propre et convenable à ce qu'on veut. C'est mon homme. Je ne suis pas leur homme. Adieu donc, mes pauvres troupeaux ; Le bon Guillot n'est plus votre homme, Lamotte, Fabl. II, 10. Monsieur, vous êtes mon homme, votre famille m'est connue, et je vous donne ma nièce en mariage, Legrand, Métamorph. amour. sc. dern.

    Je suis votre homme, je vous suis tout dévoué.

    Ironiquement. Il a trouvé son homme, il a trouvé quelqu'un qui lui a rivé son clou, qui est plus fort, plus habile que lui. Parbleu, chevalier, te voilà mal ajusté ; …tu as trouvé ton homme, Molière, Critique, 7.

    L'homme dont il s'agit, dont on parle. Je n'ai pas trouvé mon homme. Il courut, mais son homme avait pris les devants. Et le second qu'il tâta d'aventure Était son homme, La Fontaine, Mulet.

    Se dit de la manière dont quelqu'un est traité par un autre, de l'action que certaines choses exercent sur quelqu'un. C'est un duelliste qui ne manque pas son homme. Ce charlatan a bientôt expédié son homme. La fièvre jaune tue souvent son homme en quelques heures. Il ne se battait jamais sans avoir le malheur de tuer son homme, Hamilton, Gramm. 4. Qui est coupable d'une fraude pieuse pourrait l'être également d'une fraude à faire pendre son homme, Voltaire, Lett. d'Argent. 7 juillet 1769. Il a toujours tué, blessé ou désarmé son homme, Rousseau, Hél. I, 57.

  • 22Homme d'intelligence, sorte de gnostique du XVe siècle (Pays-Bas).
  • 23Homme des bois, l'orang-outang ; et, par plaisanterie, un homme rustre, gauche, etc. C'est un homme des bois, un véritable homme des bois.

    Homme marin, nom donné à des phoques et à des lamantins.

    Homme de guerre, un des noms donnés au tachypète aigle (palmipèdes), dit aussi frégate, et oiseau guerrier, parce qu'il en combat plusieurs autres pour se saisir du poisson qu'ils enlèvent, Legoarant

  • 24Homme rouge, être surnaturel qui, selon les habitants de la basse Bretagne, parcourt les côtes de ce pays et précipite dans la mer les voyageurs qu'il rencontre.

    Petit homme rouge, être surnaturel qui, suivant une superstition parisienne, hantait les Tuileries et annonçait malheur à leurs habitants, comme Mélusine à la maison de Lusignan. Comme balayeuse on me loge Depuis quarante ans, Dans le château, près de l'horloge ; Or, mes enfants, sachez Que là pour mes péchés, Du coin, d'où le soir je ne bouge, J'ai vu le petit homme rouge ; Saints du paradis, Priez pour Charles-dix, Béranger, Petit homme rouge.

  • 25L'homme d'Auvergne, sorte de jeu de cartes.
  • 26 Terme de marine. Homme de bois, sorte de mât très court.

PROVERBES

Jamais cheval ni méchant homme n'amenda pour aller à Rome, voy. CHEVAL.

Il y a grande différence d'homme à homme.

Il doit à Dieu et aux hommes, se dit d'un homme fort endetté.

Face d'homme porte vertu, c'est-à-dire la présence d'un homme sert bien à ses affaires.

Bonhomme, garde ta vache, voy. VACHE.

Tout homme est menteur.

Tant vaut l'homme tant vaut la terre, les terres rapportent en proportion de l'habileté de celui qui les fait valoir ; chacun réussit selon sa capacité.

L'homme propose et Dieu dispose, c'est-à-dire qu'on fait des projets, mais que l'exécution dépend de la volonté de Dieu.

REMARQUE

Plusieurs adjectifs ont un sens différent suivant que le mot homme suit ou précède. Un grand homme, homme éminent par le génie ; un homme grand, un homme de haute taille. Un honnête homme, homme de probité ; un homme honnête, un homme civil, cependant il a aussi le sens d'homme probe. Un bon homme, homme commode et qui se laisse faire ; un homme bon, homme qui a de la bonté. Un brave homme, homme de loyauté ; un homme brave, homme qui a de la bravoure. Un pauvre homme, homme sans capacité et sans ressources d'esprit ; un homme pauvre, homme qui est dans la pauvreté.

SYNONYME

1° HOMME DE BIEN, HOMME D'HONNEUR, HONNÊTE HOMME. L'homme de bien est celui qui pratique le bien. L'homme d'honneur est celui qui est fidèle aux lois de l'honneur. L'honnête homme est celui qui se règle par l'honnêteté. Toute la différence est donc dans bien, honneur et honnêteté. Le bien est ce qu'il y a de plus universel. L'honneur a certaines parties de convention qui n'appartiennent pas à l'idée de bien. Enfin l'honnêteté d'une part n'implique pas ce qu'il y a de conventionnel dans l'honneur, et d'autre part a moins de généralité que le bien.

2° HOMME DE SENS, HOMME DE BON SENS., Homme de sens dit plus qu'homme de bon sens. Le bon sens est ce qui est supposé appartenir à la plupart des hommes. Le sens au contraire implique une certaine profondeur ou supériorité dans le jugement.

HISTORIQUE

XIe s. Hom [je] sui Rolant [je suis homme de Roland], je ne lui dei faillir, Ch. de Rol. LXII.

XIIe s. Jamais par home ne fut tex [telle bataille] esgardée [vue], Ronc. 49. Et li viel home et li jeune mesquin [garçons], ib. p. 155. Nus [nul] homs de char n'i oïst Deu tonnant, ib. p. 156. Membrer vous doit que laide cruauté Fait qui ocist son lige homme demaine, Couci, XI. Grant peché fait qui son homme veut prendre Par beau semblant monstrer, tant que bien tient, ib. XX. Dont [pour cela] [ils] firent la bataille sur deus homes jugier [remettre la bataille à deux champions], Sax. IV. Ne remest [reste] à semondre chevaliers ne frans hom, ib. XX. À prendre lui convient [il faut] vie d'omme sauvage, Et gesir mainte nuit au vent et à l'orage, ib. XXVI. [Que chaque baron aille] Pour aprester ses homes, son cors et son afaire, ib. XXX. Nous [paysans] sumes homes come il [les nobles] sont ; Tex [tels] membres avon com il ont, Wace, Rou, 5975-6074.

XIIIe s. Tous li clergé, et li home d'eage, Quesnes, Romancero, p. 94. Il n'avoient mie plus de vint mil homes à armes, Villehardouin, CVIII. Alons cele terre conquerre, et ce que vos m'en voldrez doner, je le tenrai de vous, et en serai vostre hom liges, Villehardouin, CXXXIII. Et dient cil qui morir le virent, que ce fu uns des homes du monde qui plus bele fin fist, Villehardouin, XXIII. Là fu mors uns haus hons de Flandres, qui avoit nom Giles de Landast, Villehardouin, L. Dit [il] lui a qu'al retour riche homme [il] le fera, Berte, CXXII. La quarte maniere de desaveu, si est quant li hons de cors se desaveue de son segneur, parce qu'il dist qu'il est frans…, Beaumanoir, XLV, 5. Et toz jors dit-on que hons jugiés ne pot jugier autrui, Beaumanoir, XXXIV, 42, 78. Si come s'il li requiert qu'il le reçoive à home de fief, Beaumanoir, VI, 13. Je vous weil demander comment vous feustes si hardi que vous qui estes un joenes hons, m'osastes loer [conseiller] ma demourée [de rester en Palestine], Joinville, 256. Si com li hom ot la seignorie des autres creatures, Latini, Trésor, p. 335.

XIVe s. Et chescun indifferemment aussi bien un homme bestial comme un très bon homme peut user de corporeles delettacions, Oresme, Eth. 313.

XVe s. Cils se tindrent franchement et richement, et dirent qu'ils ne se rendroient à homme, Froissart, I, I, 244. Tantost après, le roy, par le conseil de ses hommes, fit madame sa mere enfermer en un bel chastel, Froissart, I, I, 50. Comment et de quoy le roy d'Angleterre devoit estre homme du roy de France, Froissart, I, I, 52. J'ai servi au roi Philippe son aïeul et au roi Jean son tayon [grand-père] et au roi Charles son pere bien et loyalement ; ni oncques cils trois rois… ne me sçurent que demander ; et aussi ne feroit celui-ci s'il avoit age et connaissance d'homme, Froissart, II, II, 205. Si c'estoit un plus riche hom dix fois que il ne soit, si ne sera-til jamais hors de nostre prison, Froissart, II, II, 52. Si comme ils le proposerent, ils le firent : et envoyerent un homme de bien et unes lettres scellées closes devers messire Roger d'Espaigne, Froissart, III, IV, 23. Et tout le demeurant, … tous hommes d'honneur, se bouterent à la couverte dedans le bois, Froissart, III, IV, 50. Le roy de France à bien vingt mille hommes d'armes, qui sont soixante mille testes armées, Froissart, liv. II, p. 213, dans LACURNE. On dit communement qu'un homme en vaut cent, et cent n'en vallent pas un ; et, au vray dire, aucunes fois il advient que par un homme un païs est raddrecé et resjoui par son sens et sa prouesse ; d'un autre un païs tout perdu et desesperé, Froissart, liv. I, p. 354. Foulz est vieulz hons qui jeune femme prant, Deschamps, Fou est vieux homme, etc. Or vive ce bon breuvaige, Qui mon homme [mari] en santé met, Et nous faict Vivre en paix en mariage, Basselin, Vau de Vire, 36. Jà lui semble qu'il soit homme, Bouciq. I, 6. Tout homme couroit vers le duc d'Orleans, à qui advenoit la couronne comme au plus prochain, Commines, VIII, 20. Il [le duc de Bourgogne] n'est pas homme pour jamais se saouler d'une entreprise, Commines, IV, 1. Je ne scey que faire, et ne m'en scey chevir, tant est mal homme et divers, Les 15 joyes de mariage, p. 29. Si vindrent l'un contre l'autre de tel randon que Nero atteint son homme si vertueusement qu'il le porta par terre, Perceforest, t. V, f° 30. Donner à Dieu n'apovrist homme, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 19.

XVIe s. …Que franchement j'ay ouvertes mes portes à vingt mil homps, avec leurs capitaines, Marot, J. V, 17. Bacchus la vante, et dit qu'elle est seante, Et convenante à Noé le bon hom Pour en tailler la vigne en la saison, Marot, II, 352. Malligny qui n'est pas plus homme de bien qu'eux, Condé, Mémoires, p. 555. Homme de guerre, Montaigne, I, 25. Nous ne sommes hommes que par la parole, Montaigne, I, 36. Il estoit homme pour [à] devenir…, Montaigne, I, 70. Homme de lettres, Montaigne, I, 174. Il l'envoya subjuguer le monde à tout seulement 30,000 hommes, Montaigne, I, 180. Hommes faicts, ils…, Montaigne, I, 181. En fant, homme, vieil, j'ay tousjours creu…, Montaigne, I, 183. Il deffia au combat d'homme à homme le plus vaillant des Gaulois. - Les Gaulois, ayant veu desfaire leur homme, envoyerent un herault à Rome pour accuser ce Fabius, Amyot, Numa, 22. Il luy tua deux mille cinq cens bons hommes, et en feit six cens prisonniers, Amyot, P. Aem. 13. Un homme de cheval, Amyot, Arist. 35. C'estoit un personnage parfaittement droit et juste ès choses privées d'homme à homme, Amyot, ib. 61. Homme assailli, à demi vaincu, Cotgrave Homme endormi, corps enseveli, Cotgrave Homme matineux, sain, alaigre et soigneux, Cotgrave Homme mort ne fait guerre, Cotgrave Homme mutin, brusque roussin, flacon de vin prennent tost fin, Cotgrave Homme rusé, tard abusé, Cotgrave Homme seul est viande aux loups, Cotgrave Celui est homme de bien, qui est homme de biens, Cotgrave À grand homme grand verre, Cotgrave De meschant homme bon roy, Cotgrave Le bœuf par la corne, l'homme par la parole, Cotgrave Une science requiert tout son homme, Cotgrave Le fait juge l'homme, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 253. L'on ne peut homme nud despouiller, Leroux de Lincy, ib. p. 256. On ne doit juger d'homme et de vin, sans les esprouver soir et matin, Leroux de Lincy, ib. t. II, p. 361. Si tu veux cognoistre quel soit l'homme, donne luy office, charge ou somme, Leroux de Lincy, ib. p. 416. Autant vaut l'homme comme il s'estime, Rabelais, II, 29.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

HOMME. Ajoutez :
27Homme de pierre, homme de neige, masse de pierre, masse de neige qu'érigent ceux qui, dans les montagnes, atteignent un point inexploré. La hampe du drapeau planté par Martelli, Boretti et Naccarone était encore là dans la boîte de fer-blanc posée sur l'homme de pierre ; on sait qu'on appelle ainsi les deux pierres superposées que laissent les ascensionnistes comme souvenir de leur passage à un point jusqu'alors inexploré, Journ. offic. 8 nov. 1875, p. 9110, 1re col. Je plantai mes deux drapeaux de chaque côté ; j'érigeai deux hommes de pierre, ib. Tout près de là s'élevait un chalet couvert de lattes en sapin ; un homme de neige bouchait la porte d'entrée, nous l'abattîmes, ib. 3e col.
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Étymologie de « homme »

Du moyen français homme, de l’ancien français home, hom, hume, omme, homme (« être humain, individu ; humain de genre ou sexe masculin »), du latin hŏmĭnem (avec la perte de la syllabe \-in-\), accusatif singulier de hŏmo (« être humain »), qui a ajouté le sens de « homme, humain de genre ou sexe masculin » en supplantant le classique vir en latin impérial.
La forme du nominatif hŏmo a donné en français le pronom indéfini on.
Cognat de l’italien uomo, de l’espagnol hombre, du portugais homem, du roumain om, de l’occitan òme, du catalan home.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Berry, houme ; provenç. hom, home, om ; catal. home ; espagn. hombre ; portug. homem ; ital. uomo ; du lat. hominem. Dans l'ancien français, au nominatif hom ou, moins correctement, homs, au régime home ; au pluriel nominatif, li home, régime les homes. C'est du nominatif singulier hom que dérive notre nom indéfini l'on, on. Palsgrave, p. 7, au XVIe siècle, dit qu'on prononce honme, c'est-à-dire hon-m'. Sur l'origine de homo il n'y a que des conjectures : Bopp indique le sanscrit bhūman, créature, de bhū, être, mais on aurait eu en latin fumon ; d'autres indiquent humus, la terre, homo signifiant, dans cette hypothèse, le terrestre.

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Phonétique du mot « homme »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
homme ɔm

Fréquence d'apparition du mot « homme » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « homme »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « homme »

  • Je dois m’attendre à tout – ayant été l’homme le plus haï et le plus adoré du XVIIIe siècle !… Avec de la gaieté – et même de la bonhomie, j’ai eu des ennemis sans nombre – et n’ai pourtant croisé la route de personne. Or, j’ai trouvé la cause de tant d’inimitiés. Dès ma folle jeunesse, j’ai joué de tous les instruments, mais je n’appartenais à aucun corps de musiciens – les musiciens m’ont détesté. J’ai inventé quelques bonnes machines, mais je n’étais pas du corps des mécaniciens – et l’on a dit du mal de moi. Je faisais des vers et des chansons, mais qui m’eût reconnu pour poète ? – j’étais le fils d’un horloger ! N’aimant pas le jeu de loto, j’ai fait des pièces de théâtre, mais on disait : “De quoi se mêle-t-il ? Ce n’est pas un auteur, car il fait d’immenses affaires”. Faute de rencontrer qui voulût me défendre, j’ai imprimé de grands mémoires pour gagner des procès qu’on m’avait intentés. Les avocats se sont écriés : “Peut-on souffrir qu’un pareil homme prouve sans nous qu’il a raison !” J’ai traité avec les ministres de grands points de réformation dont nos finances avaient besoin, mais l’on disait encore : “De quoi se mêle-t-il, puisqu’il n’est point financier ?” Luttant contre tous les pouvoirs, j’ai relevé l’art de l’imprimerie française par les superbes éditions de Voltaire – mais je n’étais pas imprimeur et j’ai eu tous les marchands pour adversaires. J’ai fait le haut commerce dans les quatre parties du monde – mais je ne m’étais point déclaré négociant. J’ai eu quarante navires à la fois sur la mer – mais, n’étant pas un armateur, on m’a dénigré dans nos ports. Un vaisseau de guerre à moi de cinquante-deux canons a eu l’honneur de combattre en ligne avec ceux de Sa Majesté, mais regardé comme un intrus, j’y ai gagné de perdre ma flottille ! De tous les Français, quels qu’ils soient, je suis celui qui a fait le plus pour la liberté de l’Amérique – mais je n’étais point classé parmi les négociateurs…
    Sacha Guitry — Beaumarchais
  • Homme sans ennemis, homme sans valeur.
    Proverbe bosniaque
  • Partout où l'homme veut se vendre, il trouve des acheteurs.
    Henri Lacordaire — Pensées
  • Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa.
    Ancien Testament, Genèse I, 27
  • Il y a une foule de sottises que l'homme ne fait pas par paresse et une foule de folies que la femme fait par désœuvrement.
    Victor Hugo — Tas de pierres, Éditions Milieu du monde
  • Au premier coup d'il jeté sur un intérieur, on sait qui y règne de l'amour ou du désespoir.
    Honoré de Balzac — La Cousine Bette
  • Homme libre, toujours tu chériras la mer.
    Charles Baudelaire — Les Fleurs du Mal, l'Homme et la Mer
  • L'homme humble ne s'agenouille pas, il s'asseoit.
    Paul Claudel — Journal, Gallimard
  • L'homme est un sujet merveilleusement divers et ondoyant, sur lequel il est très mal aisé d'y asseoir jugement assuré.
    Pierre Charron — De la sagesse
  • Ce que l'homme redoute le plus, c'est ce qui lui convient.
    Henri-Frédéric Amiel — Journal intime
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Traductions du mot « homme »

Langue Traduction
Anglais man
Espagnol hombre
Italien uomo
Allemand mann
Chinois 男子
Arabe رجل
Portugais homem
Russe человек
Japonais おとこ
Basque gizon
Corse omu
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Synonymes de « homme »

Source : synonymes de homme sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « homme »

Combien de points fait le mot homme au Scrabble ?

Nombre de points du mot homme au scrabble : 12 points

Homme

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