La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « erreur »

Erreur

Variantes Singulier Pluriel
Féminin erreur erreurs

Définitions de « erreur »

Trésor de la Langue Française informatisé

ERREUR, subst. fém.

I.− Vx ou littér. [P. réf. à errer « aller çà et là »]
A.− Action d'errer çà et là; parcours sinueux et imprévisible. Ce ruisseau sinueux a d'aimables erreurs (Sainte-Beuve, Portr. littér.,t. 1, 1844-64, p. 27):
1. Ici, du labyrinthe habilement tissu, Dédale a retracé le piège inaperçu : On le voit, d'Ariane écoutant la tendresse, Lui-même en révéler l'insidieuse adresse; Et, débrouillant l'erreur de ses mille chemins, Du fil libérateur armer ses jeunes mains. Delille, Énéide,1804, p. 217.
Les erreurs d'Ulysse. Les pérégrinations du héros grec sur le chemin du retour vers Ithaque retracées dans l'Odyssée. Il aimait les beaux voyages et, comme on dit d'Ulysse, les longues erreurs (...), il s'amusait à prendre le plus long (France, Rabelais,1924, p. 26).
B.− Illusion, méprise. Tout est erreur ici bas. Pensers amoureux, imaginations vaines et douces (Delacroix, Journal,1849, p. 268).
II.− Cour. [P. réf. à errer « s'écarter, s'éloigner de la vérité »]
A.− Action, fait de se tromper, de tenir pour vrai ce qui est faux et inversement. Mais ils ne sont pas plus convaincus de mon erreur, que je ne suis convaincu qu'ils se trompent (Gide, Feuillets,1937, p. 1285):
2. L'obstination de la dame d'honneur de la princesse de Parme à voir en moi un neveu de l'amiral Jurien de La Gravière avait en soi quelque chose de vulgairement risible. Mais l'erreur qu'elle commettait n'était que le type excessif et desséché de tant d'erreurs plus légères, mieux nuancées, involontaires ou voulues, qui accompagnent notre nom dans la « fiche » que le monde établit relativement à nous. Proust, Guermantes 2,1921, p. 498.
Locutions
Faire erreur. Se tromper. Je vous dis que vous faites erreur (Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 79).
Il y a erreur (fam.). C'est une erreur, vous vous trompez. Il y a erreur, dit une voix. C'est Archambaud, l'ingénieur de l'usine (Aymé, Uranus,1948, p. 29).
Il n'y a pas d'erreur. Indiscutablement, sans possibilité de se tromper. Pour ce qui est de ça, il n'y a pas d'erreur, c'est bien votre tour, oh là, là! (Courteline, Train 8 h 47,1888, 1repart., 7, p. 77).
Sauf erreur. Sauf si j'ai fait erreur. Grosso modo et sauf erreur, car je n'ai pas sous les yeux les règles d'ordres (Huysmans, Oblat,t. 2, 1903, p. 48).
Convaincre qqn d'erreur. Lui donner la preuve irréfutable qu'il se trompe. Le peu d'extériorisation que tu donnes à tes résultats n'est pas fait pour les convaincre d'erreur (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1899, p. 358).
SYNT. Combattre, commettre, découvrir, démontrer, éviter, reconnaître, réparer une erreur; une erreur d'appréciation, de jugement, d'optique, de perspective; une erreur commune, complète, déplorable, fondamentale, grossière, profonde; être une cause, une source d'erreur; être sujet à l'erreur.
B.− État de celui qui se trompe. Supposons que nous soyons en erreur; cela peut être (Volney, Ruines,1791, p. 205).Elle se décida sans balancer à confirmer Gérold dans son erreur (Genlis, Chev. Cygne,t. 3, 1795, p. 96).Cette petite part de vérité que, sombrés à pic dans l'erreur, ils détenaient encore (Psichari, Voy. centur.,1914, p. 43):
3. ... je (...) demeurai persuadée que j'étais née à Madrid et que j'avais un an ou deux de plus que mon âge présumé. (...) je lus rapidement la correspondance de mon père avec ma grand'mère, et une lettre mal datée, intercalée mal à propos dans le recueil de 1803, me confirma dans mon erreur. Cette lettre, qu'on trouvera à sa place véritable, ne m'abusa plus, lorsqu'au moment de transcrire cette correspondance, je pus y porter un examen plus attentif. Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 77.
SYNT. Être, tomber, s'entêter, persévérer dans l'erreur; tirer qqn de l'erreur.
État de celui qui est trompé. Induire qqn en erreur. Tromper quelqu'un volontairement ou non. Les autres [amies] m'accusaient d'une profonde hypocrisie qui les avait induites en erreur (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1781).Même s'il était prouvé que ces deux ministres ont été induits en erreur (Mauriac, Bâillon dén.,1945, p. 450).
C.− Faute commise en se trompant.
1. Assertion fausse, opinion qui s'écarte de la vérité généralement admise. Il est singulier qu'il faille lui [Montesquieu] tenir compte de n'avoir pas professé une erreur si grossière (Destutt de Tr., Comment. sur Espr. des lois,1807, p. 237).Y a-t-il pour chaque objet une forme idéale, hors de laquelle tout soit déviation ou erreur? (Taine, Philos. art,t. 2, 1865, p. 225):
4. Mon bizarre visiteur s'écria avec une grande véhémence : « Erreur, monsieur! erreur, erreur absolue! Nous sommes, nous autres, plus loin du soleil en été qu'en hiver. » Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Homme de mars, 1889, p. 1182.
Spéc. [En parlant du dogme d'une relig.] Erreur doctrinale. Cette erreur a été condamnée par l'Église (France, Orme,1897, p. 75).La grande erreur du protestantisme, de prétendre limiter aux seuls évangiles la révélation (Gide, Feuillets,1918, p. 676).
Faute commise, péché. Leur bec sublime (os sublime) n'est pas la moindre cause de l'erreur où tomba l'apôtre (France, Île ping.,1908, p. VIII):
5. La couronne d'épine est énorme et cruelle Sur le front inclinant sa pâleur fraternelle Vers l'ignorance humaine et l'erreur du pécheur... Verlaine, Œuvres compl.,t. 2, Amour, 1888, p. 26.
2. Chose fausse, erronée.
a) [L'erreur naît d'une transgression d'une règle gén. admise] Erreur de transcription, de référence. S'il s'était glissé quelques erreurs dans la narration d'Hermann! (About, Roi mont.,1857, p. 6).Cela fourmillait d'erreurs (Gide, Journal,1902, p. 121):
6. Même de jolies fautes de français, même d'adorables et rares, aussi bien, erreurs d'orthographe, mettaient un charme de plus dans ce courrier presque quotidien... Verlaine, Œuvres compl.,t. 5, Confessions, 1895, p. 130.
Spéc., DR. Vice du consentement qui rend le contrat annulable lorsqu'il porte sur des qualités substantielles.
Erreur judiciaire. Condamnation pénale prononcée à tort. Nous sommes décidés, en effet, à ne point laisser douze braves gens commettre une abominable erreur judiciaire (G. Leroux, Mystère ch. jaune,1907, p. 124).
Erreur de droit. Erreur portant sur l'existence ou sur l'interprétation d'une règle juridique. De plus, cette même possession est privée de « bonne foi », puisqu'elle a pour fondement une erreur de droit, et que l'erreur de droit empêche la prescription (Proudhon, Propriété,1840, p. 200).
Erreur de fait. ,,Erreur portant sur une circonstance matérielle`` (Lar. Lang. fr.).
Erreur de personne, erreur sur la personne. Erreur consistant à confondre une personne avec une autre. Un ennui gêné descendait maintenant dans la pièce : il y avait erreur sur la personne (Gracq, Syrtes,1951, p. 170).
b) [L'erreur naît d'une mauvaise mesure, d'une différence avec le réel] Erreur de date, de compte, de mesure. Il est impossible qu'il y ait une erreur en longitude de 10 minutes (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 71).Une simple erreur de date (H. Bataille, Maman Colibri,1904, p. 31).Erreur n'est pas compte*. Cf. J.-F. Rolland, Dict. mauv. lang., 1813, p. 60.
Spécialement
COMPTAB. Il retombait toujours dans leur erreur de calcul (Vogüé, Morts,1899, p. 366).C'est comme si je corrigeais une erreur dans un livre de compte (Janet, Obsess. et psychasth.,1903, p. 138).Sauf erreur ou omission. Formule accompagnant un compte bancaire, un rapport, un procès-verbal, par laquelle on admet implicitement que le compte ou le texte peuvent comporter erreur ou omission involontaires :
7. Le procès-verbal permet à l'autorité de tutelle de contrôler la validité des délibérations, il doit être porté à la connaissance des conseillers municipaux qui conservent le droit d'en demander la rectification, s'il contenait une erreur ou une omission. Fonteneau, Conseil munic.,1965, p. 111.
PHYS. Courbe d'erreur, erreurs individuelles d'observation.
Erreur absolue. Différence entre le résultat numérique d'une observation et la valeur réelle la plus probable. Le convaincre d'erreur absolue (Renan, Drames philos., préf., 1888, p. 371).
Erreur relative. ,,Rapport de l'erreur absolue à la valeur de la grandeur elle-même`` (Lar. Lang. fr.).
Erreur systématique. Dans les sciences expérimentales, erreur due à la méthode suivie ou à l'instrument d'observation ou d'analyse utilisé. Résistance dynamométrique. − (...) elle peut être entachée d'une erreur systématique due à l'imperfection de la méthode ou de l'appareil employé (Thiébaut, Fabric. tissus,1961, p. 79).
3. Action inconsidérée, contraire au bon sens, à la réflexion et imputable à l'ignorance ou à l'étourderie. Erreur de savoir-vivre, de bienséance, de tactique. Ce portrait de moi en gentleman revenu des erreurs de le jeunesse (Flaub., Corresp.,1857, p. 227).La Bataille d'Anghiari par suite d'une erreur de préparation est vouée à une perte certaine (Gille de La Tourette, L. de Vinci,1932, p. 97).« Incident technique » et non « erreur de parcours » (Vialar, Bon Dieu,1953, p. 166):
8. C'est la même erreur que l'on a commise au Louvre le jour où l'on a mis ensemble tous les Rembrandt, tous les Ruysdaël : on sort de ces cabinets avec une impression de dégoût et d'indigestion. Claudel, Corresp.[avec Gide], 1910, p. 150.
9. Ce soir-là, mes hôtes m'expliquèrent que cette guerre était une erreur, que nous avions toutes raisons de nous entendre avec le nazisme, et qu'ils espéraient une paix de compromis avant la fin de 1940. Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 21.
Loc. adv. Par erreur. En se trompant par ignorance ou par étourderie. Que c'était au contraire comme si on avait par erreur laissé tomber quelques épis, quelques grains de blé, dans une prairie naturelle, qui auraient poussé (Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 686).
Au plur. Dérèglements dans les mœurs. Dans le temps de ses erreurs, elle n'avait cessé d'adresser (...) une oraison à Notre-Dame (France, Vie littér.,1890, p. 268):
10. À cette époque, la comtesse (...) expiait par des larmes de sang les fautes de sa vie passée (...) Peut-être ne connut-elle le prix de la vertu qu'au moment où elle recueillit la triste moisson semée par ses erreurs... Balzac, Gobseck,1830, p. 427.
Prononc. et Orth. : [ε ʀ œ:ʀ]. [rr] ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 2 1787, Land. 1834, Nod. 1844, Littré, DG, Passy 1914. [ʀ] ou [rr] ds Barbeau-Rodhe 1930 et Warn. 1968. [ʀ] ds Dub. (qui transcrit [e] fermé à l'initiale), Pt Rob. et Lar. Lang. fr. Cf. errer. Enq. : /eʀøʀ/. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin du xes. error « tromperie, imposture » (Passion de Clermont, éd. D'Arco Silvio Avalle, 365); 2. a) ca 1125 « action de se tromper » (Grant mal fist Adam, éd. H. Suchier, 15 f); b) ca 1200 « action regrettable » (Jourdain de Blaye, éd. P. Dembowski, 3864); ca 1355 plur. (Bersuire, fo28 rods Littré : humaines erreurs); 3. a) ca 1200 « jugement, opinion, doctrine fausse » (Dialogue Grégoire, 10, 6 ds T.-L. : maistres d'error); b) 1549 dr. (Est.); c) 1585 « faute, inexactitude » (N. Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, t. 2, p. 12 ds IGLF : erreur de calcul). Du lat. class. error, erroris « erreur, illusion, méprise, faute » lat. chrét. « doctrine fausse, hérésie ». Fréq. abs. littér. : 6 626. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 12 647, b) 5 818; xxes. : a) 7 166, b) 9 959. Bbg. Jodogne (O.). Sur la doctrine de Vaugelas. Vie Lang. 1962, p. 521. − Marsaud (M.). L'Impr. des timbres-poste. Banque Mots. 1974, no8, p. 201.

Wiktionnaire

Nom commun - français

erreur \ɛ.ʁœʁ\ féminin

  1. Fausse opinion ; fausse doctrine.
    • La Foi qui sert de fondement à toutes les Religions n'est qu'un principe d’erreurs, d’illusions et d’impostures. — (Jean Meslier, Le Testament, chap. X, édition de Rudolf Charles, t.1, p.66, 1864)
    • A l'opposé de George Sand qui s'élevait volontiers au-dessus des contingences et, sévère pour les erreurs des autres, était pleine d’indulgence pour ses propres erreurs, s’absolvait de ses chutes en planant, Musset avait une grande puissance de contrition et, par sa nature, était « mea-culpiste ». — (Maurice Donnay, Musset et l'amour, Éditions Flammarion, 1926, p. 42)
    • Tirer quelqu’un d’erreur.
    • C’est une erreur que de s’imaginer que… Vous croyez qu’il est franc avec vous : erreur.
    • Vous faites erreur.
    • Erreur dans la foi, en matière de foi.
    • Vivre dans l’erreur.
    • Persister dans l’erreur.
    • La doctrine de cet homme est pleine d’erreurs.
    • On a condamné ses erreurs.
    • Combattre l’erreur.
    • Laisser quelqu’un dans l’erreur.
    • Triompher de l’erreur.
    • Erreurs populaires, Fausses opinions, le plus souvent traditionnelles préjugés des ignorants.
    • Les erreurs populaires en astronomie, en histoire.
  2. Illusion, comme dans cette expression.
    • Les erreurs des sens.
  3. Faute ; méprise.
    • Je pouvais être satisfait de mon atterrissage. Après quarante-huit jours de mer, mon erreur de longitude était inférieure à deux milles. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Quelque caillou qu'on lui présentât, il en situait toujours et sans erreur l'emplacement exact : […]. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958, page 70)
    • Même fourmillement de fautes innombrables, d’erreurs ou d'inexactitudes phonétiques, dans les mots souletins que porte le dictionnaire du P. Lhande. — (Jean Larrasquet, Le basque de la Basse-Soule orientale, C. Klincksieck, 1939, page 21)
    • (Droit) Erreur de personne ou sur la personne : erreur qui consiste à prendre une personne pour une autre ou à lui attribuer des qualités essentielles qu’elle n’a pas.
    • « Au temps pour moi », concède ma prof de maths quand quelqu'un relève une erreur au tableau. — (Lily King, La Pluie et le beau temps, traduit de l'anglais (USA) par Bruno Boudard, Presses de la Cité, 2012, chap. 7)
    • Il y a erreur dans ce calcul, dans ce relevé de comptes de droits d’auteur.
    • (Proverbial) Erreur n’est pas compte.
  4. (Vieilli) Action d’errer, au sens d'aller de-ci de-là, ou de voyager.
    • Au bord du lac ils viennent en cadence
      Entrelacer les erreurs de leur danse,
      Et prolonger d'invisibles concerts.
      — (P. Fé de Barqueville, La belle au bois dormant, « Le palais d'Obéron », dans La belle au bois dormant, poème suivi d'élégies ; Urbain Canel libraire, Paris, 1825, page 75)
    • Les erreurs d’Ulysse.
  5. (Psychologie) État d'esprit qui tient pour vrai ce qui est faux et réciproquement.
  6. Il se prend quelquefois, au pluriel, pour dérèglement dans les mœurs.
    • Les folles erreurs de la jeunesse.
    • Il est bien revenu de ses erreurs.
    • Il est honteux de ses erreurs passées.
  7. (Sciences) Différence entre la valeur exacte et la valeur mesurée, calculée ou estimée.
    • [...] on effectuera les opérations de l’arithmétique avec une erreur comprise entre 1/300 et 1/500 [...]. — (Machine à calculer in Annales des ponts et chaussées. 1. Partie. Mémoires et documents relatifs à l’art des constructions et au service de l’ingénieur ; Lois ; Ordonnances et autres actes concernant l’administration des Ponts et Chaussées - 1ère série, Paris, 1840, 2ème semestre, page 57 → lire en ligne)
    • En pratique, suivant la qualité du récepteur employé, on observe une indication de la vitesse horizontale avec une erreur comprise entre 0,7 et 0,1 km/h dans 95 % des observations. — (Paul Correia, Guide pratique du GPS, Editions Eyrolles, 2012, page 41)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ERREUR. n. f.
Fausse opinion, fausse doctrine. Erreur capitale. Erreur grossière. Commettre une erreur. Tomber dans l'erreur. Sortir d'erreur. Il est encore dans l'erreur. Il est revenu de son erreur. Tirer quelqu'un d'erreur. C'est une erreur que de s'imaginer que... Vous croyez qu'il est franc avec vous : erreur. Vous faites erreur. Erreur dans la foi, en matière de foi. Vivre dans l'erreur. Persister dans l'erreur. La doctrine de cet homme est pleine d'erreurs. On a condamné ses erreurs. Combattre l'erreur. Laisser quelqu'un dans l'erreur. Triompher de l'erreur. Erreurs populaires, Fausses opinions, le plus souvent traditionnelles préjugés des ignorants. Les erreurs populaires en astronomie, en histoire. Il se dit quelquefois pour Illusion, comme dans cette expression, Les erreurs des sens. Il signifie aussi Faute, méprise. Commettre une erreur. Corriger, rectifier, redresser une erreur. Il y a une erreur dans cette citation. Erreur de nom. Erreur de fait. Erreur de droit. Erreur de date. Les erreurs fourmillent dans cette traduction de Virgile. En termes de Jurisprudence, Erreur de personne ou sur la personne, Erreur qui consiste à prendre une personne pour une autre ou à lui attribuer des qualités essentielles qu'elle n'a pas. Erreur de calcul, Inexactitude, manquement dans le calcul. Sauf erreur de calcul, ou simplement Sauf erreur. Il y a erreur dans ce calcul, dans ce relevé de comptes de droits d'auteur. Prov., Erreur n'est pas compte. Voyez COMPTE. Il se prend quelquefois, au pluriel, pour Dérèglement dans les mœurs. Les folles erreurs de la jeunesse. Il est bien revenu de ses erreurs. Il est honteux de ses erreurs passées. Il signifiait anciennement Action d'errer, au sens de Voyager. Les erreurs d'Ulysse.

Littré (1872-1877)

ERREUR (é-rreur) s. f.
  • 1Action d'errer çà et là. L'autre soleil d'une erreur vagabonde Court inutilement par ses douze maisons, Malherbe, v, 25. Sur son voyage et ses longues erreurs, On aurait pu faire une autre odyssée, Gresset, Vert-Vert, I. Contez-moi d'Ilion les terribles assauts, Et vos longues erreurs sur la terre et sur l'onde, Delille, Én. I. Il se pourrait que vous m'eussiez écrit, car, dans mes longues erreurs, j'ai perdu des lettres, Courier, Lett. I, 322.

    Ne se dit, en ce sens, que dans le style élevé ou dans les emprunts faits à ce style.

  • 2Action d'errer moralement ou intellectuellement ; état d'un esprit qui se trompe. Je connais bien l'erreur que l'amour m'a fait faire, Malherbe, v. 30. L'erreur n'est pas une pure négation, c'est-à-dire n'est pas le simple défaut ou manquement de quelque perfection qui n'est point due, mais c'est une privation de quelque connaissance que je devrais avoir, Descartes, Médit. IV, 4. Qui chérit son erreur ne la veut pas connaître, Corneille, Poly. III, 3. Les plus courtes erreurs sont toujours les meilleures, Molière, l'Étour. IV, 4. Josèphe tomba dans une semblable erreur, Bossuet, Hist. II, 10. Ce que l'âme connaissait l'induisait à erreur, Bossuet, ib. II, 6. Je sais sur leurs avis corriger mes erreurs, Et je mets à profit leurs malignes fureurs, Boileau, Épît. VII. Quelle était mon erreur ! Racine, Bérén. I, 4. Je reconnais l'erreur qui nous avait séduits, Racine, Iphig. III, 1. Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur, Racine, Phèdre, II, 5. Il reconnut son erreur, Fénelon, Tél. IX. Par l'erreur d'un moment ne jugez pas ma vie, Gresset, Méchant, IV, 5.

    Laisser dans l'erreur, ne pas redresser quelqu'un qui se trompe. Mais ne le laissez pas dans l'erreur davantage, Corneille, Héracl. IV, 5.

    Mettre en erreur, faire que quelqu'un se trompe. Elle, que vos mépris ayant mise en fureur, Rendent opiniâtre à vous mettre en erreur, Corneille, Perthar. IV, 3.

    Illusion. L'erreur des sens. Chacun songe en veillant… Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes ; Tout le bien du monde est à nous, La Fontaine, Fabl. VII, 9. Des ennemis de Dieu la coupable insolence Accuse trop longtemps ses promesses d'erreur, Racine, Athal. I, 2. Il faut que l'erreur de l'avenir nous soutienne, Massillon, Car. Prosp. De ce soupçon jaloux écoutez-vous l'erreur ? Voltaire, Zaïre, I, 5. Où manque un bien réel, la douce erreur abonde, Delille, Imagin, II.

  • 3Fausse doctrine, fausse opinion. Et cette vieille erreur que Cinna veut abattre Est une heureuse erreur dont il [le peuple romain] est idolâtre, Corneille, Cinna, II, 1. L'erreur et la nouveauté se faisaient entendre dans toutes les chaires, Bossuet, Reine d'Anglet. Ce dieu, maître absolu de la terre et des cieux, N'est point tel que l'erreur le figure à vos yeux, Racine, Esth. III, 4. Aller à l'erreur par la vérité et établir de nouveaux abus en voulant rétablir les anciens usages, Massillon, Confér. Vocat. à l'ét. ecclés. 1. Si l'erreur les dicta, cette erreur m'est utile ; Elle occupe le peuple et le rend plus docile, Voltaire, Orphel. II, 5. L'erreur n'est pas un crime aux yeux de l'Éternel, Chénier M. J. Fénelon, III, 1.

    Erreur populaire, fausse opinion accréditée parmi le vulgaire. Les erreurs populaires en physique, en médecine, en astrologie, en histoire, telles que le phénix, le rémora, le chant du cygne, le tombeau de Mahomet…, Du Marsais, Vérit. princ. de la gramm. Œuvres. t. I, p. 228.

    Elliptiquement, erreur, c'est-à-dire c'est une erreur, vous vous trompez. Vous vous imaginez cela : erreur.

  • 4 Au plur. Déréglement dans les mœurs. Il reviendra tôt ou tard de ses erreurs. De ses jeunes erreurs maintenant revenu, Par un indigne obstacle il n'est pas retenu, Racine, Phèdre, I, 1.
  • 5Faute, méprise. Erreur de rédaction.

    Erreur de calcul, faute commise dans une supputation.

  • 6 Terme d'astronomie. Différence entre le calcul et l'observation.

    Erreur d'un quart de cercle, la quantité qu'il faut ajouter aux hauteurs qu'il indique.

    Erreur d'une lunette méridienne, la quantité dont elle s'éloigne du véritable méridien.

    Erreurs systématiques, erreurs régulières ayant une ou plusieurs causes définies, par exemple des causes qui agissent sur les observations, comme l'imperfection de certains instruments, etc.

  • 7 Terme de jurisprudence. Opinion contraire à la vérité sur le fait ou sur le droit, qui détermine à agir. Erreur de fait. Erreur de droit.

    Erreur dans la personne, erreur qui consiste à prendre une personne pour une autre. Lorsqu'il y a erreur dans la personne, le mariage ne peut être attaqué que par celui des deux époux qui a été induit en erreur, Code Nap. art. 180.

    Erreur sur la substance, chose prise pour une autre. L'erreur n'est une cause de nullité que lorsqu'elle tombe sur la substance même de la chose qui en est l'objet, Code Nap. art. 1110.

    Erreur commune, erreur partagée par la plupart.

  • 8 Terme de médecine. Erreur de lieu, ancienne hypothèse d'après laquelle on admettait que les globules sanguins pouvaient s'engager dans des capillaires trop petits pour les recevoir.

    PROVERBE

    Erreur n'est pas compte, c'est-à-dire on peut toujours revenir sur une erreur.

REMARQUE

« Erreur est du masculin, » dit Marg. Buffet, Observ. p. 191, en 1668. Erreur, en effet, a été masculin au XVIe siècle, alors qu'on refit du masculin, d'après le latin, les substantifs en eur qui venaient de noms latins en or, qui étaient tous féminins dans l'ancienne langue et qui ont presque tous repris leur genre ancien, excepté quelques-uns, par exemple, amour, honneur, labeur, etc.

HISTORIQUE

XIIe s. Que il ne laissent la voie par error, ou, brisié par lassement, perdent la deserte [le mérite] du travail qui devant est alés, Job, p. 448. Mais de ce [je] sui en error [troublé], Qu'onques n'amai sans poor [peur], Couci, I.

XIIIe s. Et s'il ne les veut croire, ançois se veut tenir en se [sa] malvese erreur, il soit justiciés comme bougres [hérétique] et ars, Beaumanoir, XI, 2.

XIVe s. Et si est chose perilleuse vivre par innocence en celles humaines erreurs, Bercheure, f° 28, recto.

XVe s. Si elle avoit fait quelque erreur, le chastis [le châtiment] ne luy en appartenoit pas en public, Commines, v, 17. Pour eviter tout erreur fabuleux, J. Lemaire, 3° livre, Prologue, dans PALSGRAVE, p. 166 (qui blâme le masculin).

XVIe s. Afin de retirer tous fideles de cest erreur pestilent, Calvin, Instit. 323. Là fut soubs toy Moyse ton amy chef de ta gent, qui murmuroit parmy Les longs erreurs de ce desert sauvage, Du Bellay, J. III, 93, recto. Nous sommes touts en cette erreur, Montaigne, I, 172. Lors tourna son mespris de la religion en trop craintifve superstition ; et encores infecta il davantage les autres de ce contagieux erreur, par l'inconvenient qui luy advint à sa mort, Amyot, Numa, 37. Les prestres affermoient qu'il y avoit eu erreur [vice] en leur creation, et qu'ilz avoient esté induement esleus contre les signes et prognostiques des oiseaux, Amyot, Marcell. 4. Le commun estimoit qu'il fist erreur [eut tort] de laisser l'Attique, qui est païs aspre et malaisé pour gens de cheval, Amyot, Sylla, 34.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « erreur »

Provenç. et espagn. error ; ital. errore ; du latin errorem (voy. ERRER).

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du latin error (« course à l'aventure »), visiblement dérivé du verbe errare, signifiant « errer ».
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « erreur »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
erreur ɛrœr

Fréquence d'apparition du mot « erreur » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « erreur »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « erreur »

  • Les erreurs, comme des pailles, flottent à la surface. Celui qui veut chercher des perles doit plonger en profondeur.
    John Dryden — All for love, Prologue
  • Toute action est déception, toute pensée implique erreur.
    Raymond Queneau — Le Chiendent, Gallimard
  • L'erreur est humaine, admettre la sienne est surhumain.
    Doug Larson
  • Il n'y a peut-être point de vérité qui ne soit à quelque esprit faux matière d'erreur.
    Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues — Réflexions et Maximes
  • Le bien et le mal doivent leur origine à l'abus de quelques erreurs.
    Eugène Grindel, dit Paul Eluard — Capitale de la douleur, Joan Miró , Gallimard
  • L’erreur est humaine, le pardon divin.
    Alexander Pope — Essai sur la critique
  • À toute erreur des sens correspondent d'étranges fleurs de raison.
    Louis Aragon — Le Paysan de Paris, Gallimard
  • Ce que nous dénommons vérité n'est qu'une élimination d'erreurs.
    Georges Clemenceau — Aux embuscades de la vie, Fasquelle
  • L'erreur est la règle ; la vérité est l'accident de l'erreur.
    Georges Duhamel — Le Notaire du Havre, Mercure de France
  • Le cœur est la source de toutes les erreurs dont nous avons besoin.
    Bernard Le Bovier de Fontenelle — Dialogues des morts
Voir toutes les citations du mot « erreur » →

Traductions du mot « erreur »

Langue Traduction
Anglais mistake
Espagnol error
Italien sbaglio
Allemand fehler
Chinois 错误
Arabe خطأ
Portugais erro
Russe ошибка
Japonais 間違い
Basque akats
Corse sbagliu
Source : Google Translate API

Synonymes de « erreur »

Source : synonymes de erreur sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « erreur »

Combien de points fait le mot erreur au Scrabble ?

Nombre de points du mot erreur au scrabble : 6 points

Erreur

Retour au sommaire ➦