La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « dogme »

Dogme

Variantes Singulier Pluriel
Masculin dogme dogmes

Définitions de « dogme »

Trésor de la Langue Française informatisé

DOGME, subst. masc.

Proposition théorique établie comme vérité indiscutable par l'autorité qui régit une certaine communauté. Un dogme moral, métaphysique; le dogme du fatalisme. À mesure que les peuples croiront moins, soit à un dogme, soit à une idée, ils mourront moins volontiers et moins noblement (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 154):
1. Hélas! à quels docteurs faut-il que je me fie? La leçon des Anciens, dogme ou philosophie, Ne m'a rien enseigné que la crainte et l'orgueil; Ne m'abandonne pas, toi, qui seule, ô science, Sais forger dans la preuve une ancre à la croyance! Le doute est douloureux à traîner, comme un deuil. Sully Prudhomme, La Justice,Veille 2, 1878, p. 108.
A.− RELIG. Point de doctrine contenu dans la révélation divine, proposé dans et par l'Église, soit par l'enseignement du magistère ordinaire et universel (dogme de foi), soit par le magistère extraordinaire (dogme de foi définie) et auquel les membres de l'Église sont tenus d'adhérer. Dogme de la Communion des Saints, de l'enfer, de l'Eucharistie. Synon. article de foi :
2. De même que les dogmes spéculatifs de l'existence de Dieu, de la Trinité, de la Création, de la diversité substantielle de la matière et de l'esprit, de la vocation de l'homme à la perfection et à la béatitude, conduisent au dogme pratique de la distinction du bien et du mal; de même, les dogmes spéculatifs du panthéisme, du dualisme, du matérialisme, du scepticisme, conduisent au dogme pratique de la confusion du bien avec le mal, ... Lacordaire, Conf. de Notre-Dame,1848, p. 194.
3. ... « en la personne de Pierre, des autres apôtres et de leurs successeurs, l'Église a reçu directement de Dieu, par Notre-Seigneur Jésus-Christ, la mission de conduire les âmes, à la lumière du dogme révélé et de la morale chrétienne, vers la vie de l'éternité. » Maritain, Primauté du spirituel,1927, p. 22.
SYNT. Dogme de l'immortalité, de la présence réelle, de la Providence, de la Rédemption, du péché originel, de la Trinité, de l'Immaculée Conception, de l'infaillibilité pontificale; dogme exprimé, dogme révélé.
Au sing. Le dogme. L'ensemble des dogmes. La lettre, l'esprit du dogme; établir le dogme, admettre le dogme attaquer le dogme, croire au dogme, enseigner le dogme; la formation du dogme, un professeur de dogme. Synon. la doctrine.Si jamais le christianisme n'avait été attaqué, jamais il n'aurait écrit pour fixer le dogme; mais jamais aussi le dogme n'a été fixé par écrit que parce qu'il existait antérieurement dans son état naturel, qui est celui de « parole » (J. de Maistre, Constit.,1810, p. 35).
P. anal. (et souvent avec une nuance péj.). Affirmation, thèse, opinion émise sur le ton de la certitude absolue et imposée comme une vérité indiscutable. L'infaillibilité du suffrage universel est prête à devenir un dogme qui va succéder à celui de l'infaillibilité du pape (Flaub., Corresp.,1852, p. 415).La souveraineté du peuple, qui était le dogme régnant parmi les puritains et les indépendants d'Angleterre (Cousin, Hist. philos. XVIIIes.,t. 1, 1829, p. 83).L'économie productive faisait de grands progrès et ces progrès étaient tels que vers 1780 tout le monde croyait au dogme du progrès indéfini de l'homme (Sorel, Réfl. violence,1908, p. 125):
4. ... la peinture, ou, si on préfère, la syntaxe de la peinture, ses préceptes et ses méthodes, ses lois, ses canons, ses rubriques, ses dogmes, sa liturgie, sa tradition, ... Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 145.
B.− PHILOS. et IDÉOL. Thèse admise dans une école philosophique particulière (supra ex. 2). Les dogmes stoïciens, platoniciens :
5. Il [Platon] a bien mérité, à cet égard, le témoignage que les Anciens lui ont unanimement rendu, d'avoir été le plus zélé défenseur et le plus fidèle croyant du dogme métaphysique de l'immortalité et du dogme moral des récompenses d'une autre vie. P. Leroux, De l'Humanité, de son principe et de son avenir,t. 2, 1840, p. 360.
Au sing. Ensemble des points de doctrine d'un système de pensée. Car tout comme celle au catholicisme, la conversion au communisme implique une abdication du libre examen, une soumission à un dogme, la reconnaissance d'une orthodoxie. Or toutes les orthodoxies me sont suspectes (Gide, Journal,1933, p. 1175).
Prononc. et Orth. : [dɔgm̥]. Enq. : /dogm/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1570 (Gentian Hervet, Cité de Dieu, I, 258 ds R. Hist. litt. Fr., t. 10, p. 334). Empr. au lat. class.dogma « doctrine, thèse » spéc. en lat. chrét. « croyance orthodoxe, croyance catholique », gr. δ ο ́ γ μ α « opinion, croyance ». Fréq. abs. littér. : 1 742. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 637, b) 2 373; xxes. : a) 2 367, b) 1 608.

Wiktionnaire

Nom commun - français

dogme \dɔɡm\ masculin

  1. Vérité indiscutable définie par l’autorité compétente ; objet de foi.
    • Je vis privément à Pise un honnête homme, mais si aristotélicien, que le plus général de ses dogmes est : que la touche et règle de toutes imaginations solides et de toute vérité c’est la conformité à la doctrine d’Aristote. — (Montaigne, Essais, I, 26, De l'institution des enfants, 1595)
    • À mesure que les peuples croiront moins, soit à un dogme, soit à une idée, ils mourront moins volontiers et moins noblement. — (Lamartine, Voyage en Orient, 1835)
    • Dans l’Inde, l’idéalisme est, pour le brahmanisme aussi bien que pour le bouddhisme, le dogme même de la religion populaire. — (Schopenhauer, De la quadruple racine du principe de raison suffisante, 1813, trad. Cantacuzène, 1882)
    • La morale théologique, […] Kant n[e l’]a jamais prise réellement au sérieux, car un dogme théorique qui n’a qu’une autorité, exclusivement pratique ressemble à ces fusils de bois que l’on peut sans danger mettre entre les mains des enfants. — (ibid.)
    • N’est-ce pas un dogme de la démocratie que rien n’est au-dessus du génie des démagogues ; […] ? — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.V, La grève générale politique, 1908, p.217)
    • Nous sommes aujourd’hui en France, les dupes, les victimes du dogme de la liberté. Nous accordons la protection de ce principe à ceux qui, de leur propre aveu, se servent de lui pour le détruire. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Le libre échange est devenu un dogme dangereux. En son nom, des centaines de milliers d’emplois ont été détruits, des services publics démantelés, des garanties sociales anéanties et des États mis en faillite. — (Motion pour le congrès de Reims du Parti Socialiste, Un monde d’avance, la Gauche décomplexée, 2008)
  2. (En particulier) (Religion) Point capital de doctrine ; vérité considérée comme incontestable par l’Église, par une église chrétienne, ou par une autre religion.
    • Quelques dogmes que l’on suive, à quelque culte extérieur que l’on se joigne, si l’on n’est pleinement convaincu que ces dogmes sont vrais, et que ce culte est agréable à Dieu, bien loin que ces dogmes et ce culte contribuent à notre salut, ils y mettent de grands obstacles.— (Locke, Lettre sur la tolérance,1690, trad. Le Clerc, 1710)
    • Au contraire, le roi Hilperik, sorte d’esprit fort à demi sauvage, n’écoutait que sa propre fantaisie, même lorsqu’il s’agissait du dogme et de la foi catholique. L’autorité du clergé lui semblait insupportable, […]. — (Augustin Thierry, Récits des temps mérovingiens, 1er récit : Les quatre fils de Chlother Ier — Leur caractère — Leurs mariages — Histoire de Galeswinthe (561-568), 1833 - éd. Union Générale d’Édition, 1965)
    • Les chefs des partis politiques prennent aujourd’hui le Catholicisme comme un mot d’ordre et un drapeau ; […]. Les artistes le mettent en lumière comme une précieuse médaille, et se plongent dans ses dogmes comme dans une source épique de poésie ; mais combien y en a-t-il qui se mettent à genoux dans l’église qu’ils décorent? — (Vigny, Servitude et grandeur militaires, 1835)
    • Une cathédrale est une enseigne. Saint Pierre indique Rome, la ville du dogme ; saint Paul signale Londres, la ville du schisme. — (Hugo, L’Homme qui rit, 1869)
    • Quant aux dogmes, elle n’y comprenait rien, ne tâcha même pas de comprendre. Le curé discourait, les enfants récitaient, elle finissait par s’endormir ; et se réveillait tout à coup, quand ils faisaient en s’en allant claquer leurs sabots sur les dalles. — (Gustave Flaubert, Trois Contes : Un cœur simple, 1877)
    • Je crois confusément à beaucoup de choses ; par dessus tout, à l’existence de Dieu, sinon aux dogmes de la religion ; […]. — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Aussi intéressée que tu fusses, il n’était pas de sacrifice à quoi tu n’aurais consenti pour que demeurât intact, dans ces petits, le dépôt du dogme, cet ensemble d’habitudes, de formules, – cette folie. — (François Mauriac, Le Nœud de vipères, Grasset, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 64)
    • Le dogme calviniste de la prédestination, religion terrifiante et qui avait touché si profondément les Écossais, s’était, en ce pays de compromis, atténué. — (André Maurois, Histoire de l’Angleterre, Fayard & Cie, 1937, page 598)
  3. (Médecine) Théorie non vérifiée scientifiquement.  Référence nécessaire
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DOGME. n. m.
Point de doctrine, proposition ou principe établi ou regardé comme une vérité incontestable. Il se dit surtout en matière de Religion. Les dogmes de la religion. Des dogmes religieux. Par extension, Des dogmes politiques, littéraires, etc. Il se dit absolument, au singulier, des Dogmes d'une religion. Attaquer le dogme. Disputer sur le dogme. Fixer le dogme.

Littré (1872-1877)

DOGME (do-gm') s. m.
  • 1 Terme de théologie et de philosophie. Point de doctrine établi comme fondamental, incontesté, certain . Les dogmes de la religion. Le dogme de la vie future. Les dogmes de la philosophie cartésienne. Encore que ces sentiments n'eussent point passé en dogme, Bossuet, Hist. II, 5. Et par un dogme faux dans nos jours enfanté, Des devoirs du chrétien rayer la charité, Boileau, Ép. XI. Malgré l'exemple impur d'une cour despotique [ils] Gardent l'austérité des dogmes du Portique, Legouvé, Épichar. et Néron, I, 3. Et tant d'écrits savants entassés dans nos murs Ont chargé mon esprit de leurs dogmes obscurs, Delavigne, Paria, II, 2.
  • 2Collectivement, le dogme, l'ensemble des dogmes de la religion chrétienne. La formation du dogme. Professeur de dogme. Bossuet fut l'oracle du dogme.

HISTORIQUE

XVIe s. Je suis bien marry que nous n'ayons une douzaine de Laertius [Histoire des philosophes anciens par Diogène Laerce], ou qu'il ne soit plus estendu ou plus entendu ; car je ne considere pas moins curieusement la fortune et la vie de ces grands precepteurs du monde que la diversité de leurs dogmes et fantaisies, Montaigne, dans le Dict. de DOCHEZ.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

DOGME, subst. m. du grec δόγμα, (Gramm. & Théol.) maxime, sentiment, proposition ou principe établi en matiere de religion ou de philosophie.

Ainsi nous disons les dogmes de la foi. Tel dogme a été condamné par tel concile. L’Eglise ne peut pas faire de nouveaux dogmes ; elle décide ceux qui sont révélés. Ce qui est dogme dans une communion paroît erreur ou impiété dans une autre. Ainsi la consubstantialité du verbe & la présence réelle de Jesus-Christ dans l’eucharistie, qui sont des dogmes pour les catholiques, révoltent étrangement, quoique sans raison, les ariens & les sacramentaires.

Les dogmes des Stoïciens étoient pour la plûpart des paradoxes. Les dogmes spéculatifs qui n’obligent les hommes à rien, & ne les gênent en aucune maniere, leur paroissent quelquefois plus essentiels à la religion, que les vertus qu’elle les oblige à pratiquer. Ils se persuadent même souvent qu’il leur est permis de soûtenir & de défendre les dogmes aux dépens des vertus. (G)

Wikisource - licence Creative Commons attribution partage dans les mêmes conditions 3.0

Étymologie de « dogme »

Δόγμα, opinion, pensée, dogme.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Emprunté au latin dogma, spécialisé en latin chrétien « doctrine de l’Église », du grec ancien δόγμα, dogma (« opinion, croyance »)[1].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « dogme »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
dogme dɔgmᵊ

Fréquence d'apparition du mot « dogme » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « dogme »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « dogme »

  • Le monde matériel est plein d'analogies exactes avec l'immatériel, et c'est ce qui donne une couleur de vérité à ce dogme de rhétorique, qu'une métaphore ou une comparaison peut fortifier un argument aussi bien qu'embellir une description.
    Edgar Allan Poe — Histoires Extraordinaires
  • La bouse de la vache est plus utile que les dogmes : on peut en faire de l'engrais.
    Mao Tsé-Toung
  • La religion fait partie de la culture, non comme dogme, ni même comme croyance, comme cri.
    Maurice Merleau-Ponty — Sens et non sens
  • Moins de dogmes, moins de disputes; moins de disputes, moins de malheurs.
    Voltaire — Traité sur la Tolérance, 1763
  • La Bible est une oeuvre littéraire et non pas un dogme.
    George Santayana — Dialogues dans les limbes
  • Quant à la militante et médecin Amira Bouraoui, dont le procès a été renvoyé au 24 septembre, elle est poursuivie pour « incitation à attroupement », « incitation à briser le confinement sanitaire », « publication pouvant porter atteinte à l’unité nationale » et « offense ou dénigrement du dogme ou des préceptes de l’Islam », « offense au président de la République par une expression outrageante, injurieuse ou diffamatoire ».
    Afrik.com — Détenus pro-Hirak : grâce présidentielle pour les uns, mise en liberté provisoire pour les autres !
  • Le monde moderne est plein d'hommes qui s'en tiennent aux dogmes si fermement qu'ils ignorent même que ce sont des dogmes.
    Gilbert Keith Chesterton — Hérétiques
  • Le monopole, c'est le dogme.
    Georges Clemenceau
  • Dans les plis de leur dogme ils ont la sombre nuit.
    Victor Hugo — L'Art d'être grand-père
  • Les chats existent dans notre monde pour réfuter le dogme que toutes choses furent créées pour servir l'homme.
    Froquevielle
Voir toutes les citations du mot « dogme » →

Traductions du mot « dogme »

Langue Traduction
Anglais dogma
Espagnol dogma
Italien dogma
Allemand dogma
Chinois 教条
Arabe العقيدة
Portugais dogma
Russe догма
Japonais ドグマ
Basque dogma
Corse dogma
Source : Google Translate API

Synonymes de « dogme »

Source : synonymes de dogme sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « dogme »

Combien de points fait le mot dogme au Scrabble ?

Nombre de points du mot dogme au scrabble : 9 points

Dogme

Retour au sommaire ➦

Partager