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Emprunt

Variantes Singulier Pluriel
Masculin emprunt emprunts

Définitions de « emprunt »

Trésor de la Langue Française informatisé

EMPRUNT, subst. masc.

A.− Action de recevoir à titre de prêt.
1. [Le compl. du nom désigne une chose concr.] :
1. Après avoir appris (...) que l'or avait doublé de prix (...) et que des spéculateurs étaient arrivés à Angers pour en acheter, le vieux vigneron, par un simple emprunt de chevaux fait à ses fermiers, se mit en mesure d'aller y vendre le sien... Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 148.
D'emprunt.Il se déshabilla et se rhabilla vivement mais distraitement, déposa sur une chaise ses habits d'emprunt, se trompant de gilet (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 115).
2. [Le compl. du nom, explicité ou resté implicite, désigne une somme d'argent] Faire un emprunt de trois millions; intérêts d'un emprunt. La connaissance intime commence, de la part de l'officieux désœuvré, par l'emprunt d'un ou deux écus de six francs (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 205).L'emprunt d'où j'attends ma délivrance souffre mille difficultés; les prêteurs sont rares en ce moment (M. de Guérin, Corresp.,1836, p. 251):
2. ... elle avait reçu une lettre de Jérôme (...) où il la suppliait de contracter pour lui un nouvel emprunt sur la villa de Maisons dont elle était seule propriétaire − (et que déjà, pour lui, elle avait dû partiellement hypothéquer). Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 187.
D'emprunt.Argent d'emprunt (Ac.).
En partic. Acte par lequel une collectivité, un organisme public demande au public des capitaux à titre de prêt; p. méton., les capitaux reçus. L'emprunt du Maroc (...) était tombé à soixante-quatre ou cinq francs (Maupass., Bel-Ami,1885, p. 362):
3. ... mettre à profit l'optimisme que la victoire inspirera au pays pour ouvrir un grand emprunt et absorber les liquidités, on limitera ainsi la circulation fiduciaire. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 181.
SYNT. Emprunt national, public; emprunt de la ville de Paris, de la S.N.C.F.; emprunt à court, à long terme; couvrir, lancer un emprunt.
Emprunt forcé. Emprunt dont la souscription est obligatoire. Les deux commissions (...) celle des Cinq Cents, (...) celle des Anciens (...) établirent une taxe de guerre de vingt-cinq centimes par franc, à la place de l'emprunt forcé (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 524).
Emprunt perpétuel. Emprunt public à l'égard duquel le souscripteur ne pourra jamais exiger le remboursement du capital qu'il a souscrit (d'apr. Cap. 1936).
B.− Au fig. Fait de prendre quelque chose pour se l'approprier, pour l'utiliser ou l'imiter. Parmi les emprunts que le Japon a faits à la Chine, le riz et le thé sont peut-être ceux qui ont le plus pénétré dans les habitudes (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 144).Emprunts très frappants à l'architecture orientale qui se trahissaient dans ses coupoles dorées et vermiculées [d'une église] (Gracq, Syrtes,1951, p. 188):
4. Le clergé mithriaste avait reproché aux chrétiens nombre d'emprunts, entre autres d'avoir plagié, dans leur « purification par le sang de l'Agneau », la purification par le sang du taureau. Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 513.
Vieilli. Par emprunt.Je suis bête (...) je prends au tragique une personne essentiellement légère, romanesque par emprunt (Constant, Journaux,1814, p. 415).
D'emprunt.Beauté, idée, nom d'emprunt. Sa conversation n'est point brillante d'un esprit d'emprunt; elle est riche de son propre fonds (Cottin, C. d'Albe,1799, p. 101).Une dignité d'emprunt, un rôle pour imposer aux autres hommes (Sand, Péché de M. Antoine,1847, p. 146):
5. ... le contraste (...) que je surprenais sans cesse entre mon humeur naturelle et le caractère d'emprunt du personnage que je faisais devant l'envieuse galerie. Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 197.
En partic.
CRIT. LITTÉR. Fait de prendre chez un auteur un procédé, un fait littéraire pour se l'approprier, pour l'utiliser ou l'imiter. L'« inoriginalité » de la littérature russe, (...) ses emprunts à nous autres, (...) ses emprunts à la littérature anglaise, (...) ses emprunts à Poe (Goncourt, Journal,1890, p. 1261).Exception faite pour un emprunt aux « Opuscules », ces quelques notes se réfèrent exclusivement aux « Pensées » (Du Bos, Journal,1923, p. 303):
6. Houssaye (...); exploiteur grand modèle; un nom fait de vols, un succès fait d'emprunts, un journal fait de pillages, une réputation qui n'a que sa signature... Goncourt, Journal,1857, p. 311.
LING. Fait pour une langue d'incorporer une unité linguistique, en particulier un mot, d'une autre langue; p. méton., l'unité de langue incorporée. Usuels sont les emprunts de vocabulaire, plus rares et souvent contestables ou du moins indirects les emprunts de syntaxe, de flexion, de prononciation (Mar.Lex.1951) :
7. ... les mots les plus servilement latins sont les moins illégitimes parmi les intrus du dictionnaire. Il était naturel que le français empruntât au latin, dont il est le fils, les ressources dont il se jugeait dépourvu et, d'autre part, quelques-uns de ces emprunts sont si anciens qu'il serait fort ridicule de les vouloir réprouver. Il y a des mots savants dans la chanson de Roland. Gourmont, Esthétique de la lang. fr.,1899, p. 22.
8. Il semble utile de distinguer emprunt et héritage. Par exemple (...) le mot table est issu du latin tabula : on ne peut pas dire qu'il y ait emprunt au latin; il s'agit d'une évolution normale de la langue, le terme employé est un héritage. Par contre, à des époques diverses, certains mots, surtout des mots savants, ont été empruntés au latin et refaits sur le modèle morphologique français (...) : nullité = emprunt du latin médiéval nullitas. Lang.1973, p. 95.
Rem. Certains empr., en partic. dans des domaines techn., ne sont que des transcr. de la lang. d'orig., p. ex. callitriche, subst. masc., zool. α) Variété de singes à cloison nasale étroite. Synon. vulg. singe vert. Quelques espèces, comme le callitriche, ont un os particulier qui remplace l'angle zygomatique de l'os de la pommette (Cuvier, Leçons d'anat. comp., t. 3, 1805, p. 39). β) Genre de singes platyrhiniens. Synon. vulg. sagouin. Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e-Lar. 20e, et Quillet 1965. 1reattest. 1553 « singe » (P. Belon, Observ., 213 vods Hug.). Empr. au lat. class. callithrix, -icis (Pline ds TLL s.v., 175, 5) lui-même empr. au gr. κ α λ λ ι ́ θ ρ ι ξ, -τ ρ ι χ ο ς épithète homérique en parlant d'animaux, notamment du cheval « à la belle crinière » (Iliade ds Liddell-Scott).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃pʀ œ ̃]. À comparer avec empreint [ɑ ̃pʀ ε ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1195 « action d'emprunter (de l'argent) » (Ambroise, Guerre Sainte, 218 ds T.-L.); 1899 ling. (Gourmont, loc. cit.). Déverbal de emprunter*. Fréq. abs. littér. : 714. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 225, b) 944; xxes. : a) 996, b) 884.

Wiktionnaire

Nom commun - français

emprunt \ɑ̃.pʁœ̃\ masculin

  1. Action ou chose qu'on emprunte.
    • Un emprunt à la bibliothèque.
    1. Euphémisme, en parlant de vol, de plagiat.
    • Cet auteur a soin de cacher ses emprunts.
  2. (En particulier) Capitaux empruntés par un particulier, un État, une société financière.
    • Faire un emprunt à la caisse d'épargne.
    • La vie laborieuse, active, toute estimable, toute positive, d'un conseiller d'État, d'un manufacturier de tissus de coton ou d'un banquier fort alerte pour les emprunts, est récompensée par des millions, et non par des sensations tendres. — (Stendhal, De l'Amour, 1822, 1re préface de 1826)
    • Mon oncle faisait le bilan des sacrifices de son passé. Ça n’était pas sa faute s’il avait été ruiné dans l’affaire de l’emprunt russe et si les actions des tramways de Shanghai ne valaient presque plus rien. — (Jean L’Hôte, La Communale, Seuil, 1957, réédition J’ai Lu, page 16)
    • Le surendettement a fortement augmenté depuis deux ans [...]. Principal accusé: le crédit revolving, ces emprunts qui peuvent se réutiliser au fur et à mesure des remboursements effectués. Bref, des emprunts que l'on ne rembourse jamais et dont les taux dépassent parfois les 20%. — (François-Xavier Devetter, Crédit (ir)responsable, dans Libération du 28 avril 2010)
  3. (Figuré) Caractérise une chose artificielle, forcée.
    • Beauté d’emprunt, sourire d’emprunt, vertus d’emprunt, etc.
  4. (Linguistique) Mot rapporté d'une langue à une autre ; emprunt lexical.
    • Contrairement à une idée reçue, les apports africains sont négligeables. Par contre les emprunts – aux langues caraïbes, au malgache, au portugais selon les cas - sont plus importants. — (Jean-Marie Klinkenberg, Des langues romanes : Introduction aux études de linguistique romane, Éditions De Boeck Supérieur, 1999, note 3 p. 240)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

EMPRUNT. n. m.
Action d'emprunter ou la Chose qu'on emprunte. Faire un emprunt. Entrer dans la voie des emprunts, ou simplement Recourir à l'emprunt. Emprunt forcé. C'est un homme qui ne vit que d'emprunts. Argent d'emprunt. Fig., Cet auteur a soin de cacher ses emprunts. Il se dit spécialement des Capitaux empruntés par un État, une ville, une société financière à charge d'en servir périodiquement les intérêts. Emprunt national, municipal, de la Ville de Paris. L'emprunt a été placé, a échoué, a réussi, a été couvert. Lancer un emprunt. Fig., Beauté d'emprunt, vertus d'emprunt, etc., Beauté qui n'est point naturelle, vertus dont on n'a que l'apparence, etc.

Littré (1872-1877)

EMPRUNT (an-prun ; le t se lie : un emprun-t à des amis ; au pluriel, l's se lie : des an-prun-z excessifs) s. m.
  • 1L'action d'emprunter ; la chose empruntée. Je suis arrivé en un pays où l'on ne parle ni d'édits de subsides, ni d'emprunts sur le peuple, Voiture, Lett. 86. L'emprunt que fait le fils de l'avare [dans la pièce de Molière], Sévigné, 605. Ce qu'ils trouvaient le plus lâche après le mensonge, était de vivre d'emprunt, Bossuet, Hist. III, 5.

    Terme de finance. Il se dit des sommes qu'un gouvernement, une commune, une grande entreprise obtient par les souscriptions volontaires des particuliers, à la condition d'en servir les intérêts.

    Emprunt forcé, somme qu'un gouvernement lève par emprunt, c'est-à-dire avec la promesse de rendre, mais sans laisser aux citoyens la possibilité de refuser de prêter.

    Emprunt forcé se dit aussi, entre particuliers, d'un prêt qu'on ne veut pas ou ne peut pas refuser.

    Caisse d'emprunt, caisse qui fut établie à Paris de 1673 à 1716, et où chaque particulier était admis à faire valoir ses fonds.

  • 2 Fig. Cet auteur a soin de cacher les emprunts qu'il se permet. Elle me dédaigne, et me préfère un autre Qui n'a pour tout pouvoir qu'un faible emprunt du nôtre, Corneille, Attila, III, 1. Cette nature abondante ne refuse pas d'aller à l'emprunt, Bossuet, III, Annonc. 1.

    D'emprunt, loc. adj. Factice, qui n'est pas propre au sujet. Érudition d'emprunt. Esprit d'emprunt. …L'une paraît gentille, Pour savoir se servir d'une beauté d'emprunt, Mettre un visage blanc sur un visage brun, Regnard, le Bal, 7.

    Par emprunt, loc. adv. Accidentellement, indirectement. Ils n'ont tenu la puissance que par emprunt, Bossuet, Hist. III, 7. J'ai encore une chose à vous dire, dans ma confession générale, c'est que je n'ai jamais été gai que par emprunt, Voltaire, Lett. Richelieu, 19 août 1766.

  • 3Sorte de jeu de cartes à 3, 4, 5 ou 6 personnes, et qui se joue avec des jeux de cartes complets, ou jeux de 52 cartes.
  • 4 Terme d'eaux et forêts. Arbre d'emprunt, arbre d'une ancienne vente, marqué pour servir de pied-cornier à une vente nouvelle.

HISTORIQUE

XIIIe s. Celui de qui la chose est, et à qui l'on la requiert à emprest, ne la prestera ja se il ne viaut [veut], Ass. de Jér. I, 193.

XVe s. Toutes voies il considera que le couroucer ne lui pouvoit rien valoir ; si en fit le meilleur semblant comme il put, par emprunt, et leur dit…, Froissart, I, 1, 73.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

EMPRUNT. Ajoutez :
5Terres d'emprunt, terres qu'on enlève dans le voisinage pour faire un remblai ou autre travail, etc.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

EMPRUNT, (Jurisprud.) terme relatif à celui de prêt. Celui qui a besoin d’argent, fait un emprunt : celui qui lui fournit l’argent, fait un prêt. Voyez Prêt.

Emprunt à constitution de rente, c’est lorsque celui qui emprunte une somme de deniers, se charge envers le prêteur de lui payer jusqu’au remboursement une rente, pour lui tenir lieu des intérêts ou fruits de cette somme.

Emprunt au denier vingt, trente, quarante, &c. c’est lorsque l’on emprunte à constitution de rente, & que le denier ou taux de la rente est fixé au vingtieme. trentieme ou quarantieme du principal. Voyez Constitution de Rente & Rente constituée.

Emprunt de territoire, c’est lorsqu’une jurisdiction tient ses séances ordinaires, ou fait quelqu’autre acte dans un territoire qui n’est pas le sien, & qui dépend d’une autre jurisdiction. C’est ainsi que le parlement de Dombes, créé par François I. en 1523, dans le tems qu’il joüissoit de la principauté de Dombes par droit de conquête, tint ses séances à Lyon par emprunt de territoire, non-seulement jusqu’en 1560 que la Dombes fut restituée à ses légitimes souverains, mais même encore depuis ce tems jusqu’en 1693, qu’il fut transféré à Trévoux, où il est présentement ; ensorte que dans le premier tems il y avoit emprunt de territoire dans une autre jurisdiction, & dans le second ce même emprunt étoit fait tout-à-la-fois & dans une autre jurisdiction & dans une autre souveraineté. Voyez Territoire emprunté. (A)

Emprunt, (Finance.) c’est une prompte ressource pour se procurer des fonds, lorsque l’on a la confiance publique. Dans les tems malheureux les emprunts sont difficiles, & l’on ne les propose plus ouvertement ; c’eit toûjours sous des formes différentes qui font illusion, mais le prestige ne dure pas longtems : alors le crédit se perd, on est obligé d’avoir recours à des expédiens forcés & onéreux.

Les emprunts engagent l’état & le chargent de dettes, & de l’emprunt résultent les intérêts & usures. Voyez Intérêts.

Il y a de deux especes d’emprunts ; les uns se font sur des effets dont le fonds est exigible, & les autres sur des rentes ou gages dont le fonds est aliéné.

Les premiers sont pour être remboursés à volonté, comme étoient anciennement les billets de la caisse des emprunts, les billets de monnoie, de Legendre, de l’état, de la banque, & beaucoup d’autres. Voyez Billets.

Les autres, dont le capital se rembourse par partie d’année en année, ou au bout d’un certain nombre d’années en entier, sont les annuités, les contrats, les rentes viageres & tontines, les rentes perpétuelles, les billets d’amortissemens, les loteries. Voyez ces mots à leur article.

Lorsqu’on est obligé d’avoir recours à cette ressource, c’est un mal pour l’état, quoique ces moyens fournissent promptement des fonds ; parce que ces sortes de fonds, au lieu de soulager l’état, le chargent d’intérêts annuels, & obligent le gouvernement d’emprunter de plus grosses sommes afin de payer l’intérêt des emprunts précédens. Ce seroit peut-être peu de chose de n’avoir que des intérêts à payer, il faut en outre rembourser annuellement une portion du capital.

Rien n’est si nécessaire que d’acquitter des dettes faites d’aussi bonne-foi ; & quelles que soient les dettes de l’état, il faut les payer exactement : le retard dans le payement est plus que suffisant pour ôter la confiance. D’ailleurs le crédit de l’état dépend de tant de circonstances, qu’il faut que les emprunts soient faits avec beaucoup de précaution. Un ministre qui ne se sert de cette branche de crédit que pour se la ménager comme une ressource dans l’occasion, est sans doute habile. M. Colbert trouva le moyen de fournir en même tems aux frais de la guerre qui fut terminée en 1678 par le traité de Nimegue, & aux dépenses immenses des somptueux bâtimens & des différens établissemens faits par Louis XIV. & l’état n’étoit point endetté à la mort de ce ministre en 1683. Mais celui qui est capable de porter le poids immense d’une administration que de longues guerres rendent aussi pénible qu’importante ; qui est capable de réparer les desordres, de faire des emprunts dans des tems difficiles, sans interrompre la circulation & le commerce, sans altérer le crédit, est assûrément le plus habile. Le crédit de l’état dans les tems de guerre, dépend beaucoup du sort des armes. Après la bataille d’Hocstet chacun s’empressa de retirer son argent de la caisse des emprunts, ce qui obligea le conseil de faire surseoir au payement des capitaux. Par arrêt du 17 Septembre 1704, on accorda dix pour cent sur les deniers qui seroient apportés à la caisse des emprunts ; mais le crédit se perdit de plus en plus, & on supprima la caisse, rien ne pouvant ranimer la confiance, les promesses perdant sur la place quatre-vingts pour cent.

Dans tous les tems le crédit du roi sur ses peuples, est fondé sur l’amour des peuples pour leur souverain, sur la confiance dans le ministre entre les mains duquel se trouve l’administration des finances, & dans ceux qui régissent les autres parties. Il faut peu de chose pour faire perdre ce crédit si difficile à établir, & nous voyons que le premier ébranlement vient presque toûjours d’une faute commise dans l’administration. Depuis M. Colbert, plusieurs ministres ont sû rétablir ce crédit perdu, & à peine en voyons-nous un qui ait sû le conserver. Les billets de monnoie étoient en faveur ; la grande confiance du public donna lieu au ministre de se servir de cet expédient prompt & facile, pour subvenir aux besoins pressans. On multiplia ces billets avec si peu de précaution, qu’il ne fut plus possible de faire face aux payemens : de-là vint leur décadence.

Souvent lorsque l’esprit s’accrédite trop dans le gouvernement, il fait oublier les maximes les plus sages, l’imagination prend le dessus, on se livre sans prudence à des effets dangereux ; alors l’état incertain & sans principe, ne se conduit plus que par saillies : c’est ce qui arriva à l’auteur du système. Voyez Système de M. Law. Loin d’employer les facilités qu’il avoit pour tempérer le feu des actions, il s’en servit pour l’attiser, & fit ordonner par arrêts des 13 & 28 Septembre, & 2 Octobre 1719, la création de 150 millions de nouvelles actions, qui seroient de même nature & joüiroient des mêmes avantages que les précédentes. On ajoûta encore, par un ordre particulier du 4 Octobre, 24 mille actions, ce qui faisoit 164 mille actions ; & quoiqu’elles ne fussent créées que sur le fonds réel de 500 livres, on les fit cependant acquérir à raison de 5000 liv. Il est vrai que l’augmentation des actions sembloit être une suite naturelle de la suppression des rentes, chacun cherchant un emploi pour remplacer les contrats.

Le crédit de l’état dépend toûjours de l’assûrance sur les conventions publiques ; sitôt qu’elle devient incertaine, le crédit chancele, & les opérations pour faire des emprunts ne réussissent que par le fort intérêt qu’on y attache, & qui est presque toûjours un moyen sûr. Les hommes ne se conduisent que par l’appas du gain ; mais ce moyen utile pour le moment, ne fait qu’accélérer la chûte du crédit, qui n’est jamais que l’effet de la liberté & de la confiance ; & lorsque les effets publics ont reçû quelqu’atteinte dans leur crédit, on s’épuise en vains efforts pour le soûtenir : il est nécessaire de changer de batterie, & de présenter d’autres objets. On peut dire que la confiance est en proportion avec les dettes : si l’on voit que l’état s’acquitte, elle renaît ; sinon, elle se perd. Il semble pourtant, à en juger par les exemples passés, que la confiance publique dépende moins des retranchemens dans les dépenses & de l’ordre dans les recettes, que des idées que le gouvernement imprime. Le calcul des recettes & dépenses est la science de tout le monde : celle du ministre est une arithmétique qui sait calculer les effets des opérations & des différens réglemens. Il y a des biens de confiance autant que de réalité ; c’est au ministre habile à les faire valoir sans les prodiguer, à savoir par le calcul politique apprécier les hommes, & vérifier toutes les parties de l’état. Il ne seroit pas étonnant que la France, avec un revenu plus fort que celui des autres états, trouvât un crédit plus abondant qu’aucun souverain de l’Europe. Article de M. Dufour.

Emprunt, terme de Riviere, se dit d’un passage qui mene à la travure d’un bateau foncet.

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Étymologie de « emprunt »

Voy. EMPRUNTER ; provenç. emprumpt.

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Déverbal sans suffixe de emprunter.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « emprunt »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
emprunt ɑ̃prœ̃

Fréquence d'apparition du mot « emprunt » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « emprunt »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « emprunt »

  • Ne soyez ni un emprunteur, ni un prêteur ; Car souvent on perd le prêt et l'ami, Et l'emprunt...
    William Shakespeare — Hamlet
  • L'argent emprunté porte tristesse.
    Proverbe français
  • Pour avoir du succès, soyez bronzé, vivez dans un immeuble chic (même si vous êtes dans la cave), faites vous voir dans les restaurants élégants (même si vous ne prenez qu’une boisson) et, si vous empruntez, empruntez beaucoup.
    Aristote Onassis
  • Tôt ou tard arrive ce jour où il nous faut maudire la résignation, car la résignation est un des nombreux noms d'emprunt du péché.
    André Pronovost — Les marins d'eau douce
  • Qui va emprunter va regretter.
    Thomas Tusser
  • Pourceau emprunté grogne toute l'année.
    Proverbe italien
  • L’emprunt est le premier-né de la pauvreté.
    Proverbe peul
  • Je ne compte pas mes emprunts, je les pèse.
    Michel de Montaigne
  • Le retour de la concurrence entre banques favorise de meilleures offres pour les emprunteurs.
    L'Argent & Vous — La détente des taux d’emprunt se confirme en juillet, Actualité/Actu Immobilier
  • Le sommeil est un emprunt fait à la mort pour l'entretien de la vie.
    Arthur Schopenhauer
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Traductions du mot « emprunt »

Langue Traduction
Anglais loan
Espagnol préstamo
Italien prestito
Allemand darlehen
Chinois 贷款
Arabe قرض
Portugais empréstimo
Russe ссуда
Japonais ローン
Basque mailegua
Corse prestitu
Source : Google Translate API

Synonymes de « emprunt »

Source : synonymes de emprunt sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « emprunt »

Combien de points fait le mot emprunt au Scrabble ?

Nombre de points du mot emprunt au scrabble : 11 points

Emprunt

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