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Devoir
Sommaire
- Définitions de « devoir »
- Étymologie de « devoir »
- Phonétique de « devoir »
- Fréquence d'apparition du mot « devoir » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « devoir »
- Citations contenant le mot « devoir »
- Images d'illustration du mot « devoir »
- Traductions du mot « devoir »
- Synonymes de « devoir »
- Antonymes de « devoir »
- Combien de points fait le mot devoir au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Masculin | devoir | devoirs |
Définitions de « devoir »
Trésor de la Langue Française informatisé
DEVOIR1, verbe.
DEVOIR2, subst. masc.
DEVOIR3, subst. masc.
Association d'ouvriers unis par les liens du compagnonnage. Les sociétés du Devoir; les Compagnons du Devoir. Les Devoirs furent des formations éminemment françaises (E. Cornaert, Les Compagnonnages en France, Paris, 1966, p. 143).Au début du XIXesiècle toutes les sociétés de compagnons existantes se rattachaient à l'une ou l'autre de ces deux grandes fédérations : le Devoir de Liberté (Enfants de Salomon); le Devoir ou Saint Devoir de Dieu (Martin Saint-Léon, Compagn.,1901, p. 88):Wiktionnaire
Verbe - français
devoir \də.vwaʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se devoir)
- Avoir à payer une somme d’argent, à rendre ou à donner quelque chose que ce soit.
- Le moulin de Montgon ayant été supprimé par suite de la création du canal des Ardennes , outre l’indemnité d’expropriation due au propriétaire , il en était dû une au fermier […]. — (Germain Roche & Félix Lebon, Recueil général des arrêts du Conseil d’état, t.5, 1848, page 95)
- Je vous paierai à la date fixée tout ce que je vous dois.
- Devoir plus qu’on ne possède.
- (Absolument) Il doit à tout le monde.
- (Proverbial) Devoir à Dieu et à diable, au tiers et au quart ; devoir de tous côtés, devoir beaucoup, avoir beaucoup de dettes.
- (Proverbial) Qui a terme ne doit rien, On ne peut être obligé de payer avant que le terme soit échu.
-
Être obligé à quelque chose par la morale, par la loi, par sa condition, par l’honneur, par la bienséance, etc.
- Jamais nous n'avons eu l’ineptie de penser que les catholiques dussent être opprimés, qu'ils dussent être vus avec défaveur par le gouvernement, qu'ils dussent être exclus des emplois publics, qu'ils dussent même être exclus du ministère. — (« Quelques mots à nos contradicteurs passionnée et modérés », dans la Revue nationale de Belgique, Bruxelles : Librairie Polytechnique, 1840, vol. 4, page 85)
- Si l'un des pèlerins venait à mourir sur le bateau, le capitaine devrait ne point pratiquer aussitôt l’immersion, mais bien atterrir quelque part et faire ensevelir le défunt dans un cimetière. — (« Pèlerinage en Terre Sainte au temps jadis », dans Jérusalem, tome 4, 1911, page 368)
- Je soulève mon bada, parce qu'un macchab c'est un macchab et qu'on lui doit le respect. Je me tourne vers mon collègue de la police strasbourgeoise. — (Frédéric Dard, San Antonio : Descendez-le à la prochaine, Éditions Fleuve Noir , 1953)
- Le gouvernement de l’État a estimé qu'elle devait exécuter un plan de redressement à long terme. Ce plan devrait être établi par un échelon gouvernemental inférieur, mais le gouvernement de l’État a fixé un certain nombre de directives. — (Redressement des collectivités locales et régionales en difficulté financière, Conseil de l'Europe : Comité directeur sur la démocratie locale et régionale, 2002, page 19)
- Vous devriez vous conduire autrement.
- Il ne devrait pas abandonner ses parents.
- (Proverbial) Fais ce que dois, advienne que pourra.
- La loi doit une égale protection à tous les citoyens.
- Être dans la nécessité de. — Note : Il est alors suivi d'un infinitif.
- – Bigre ! — s’écria-t-il, avec un sentiment d’infinie vexation. — Quel idiot je suis ! J’aurais dû leur faire rendre leurs épées…. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 359 de l’édition de 1921)
- Il préférait la musique classique et les chemisettes à carreaux mais, pour attirer les concupiscences, il devait avoir la tenue wesh-wesh, l'allure racaille, la casquette Nike, visière retournée en prime. — (Antoine Gouguel, Chifoumi !, Éditions du Frigo, 2011, page 77)
- Le creusement d'un escalier en descente était une opération difficile et pénible, le mineur devant creuser plus bas que ses pieds au marteau et à la cisette, sous le faible éclairage des lampes à huile et avec une aération défectueuse. — (Bulletin de géologie de Lausanne, n° 249-268, Université de Lausanne (Institut de Géologie), 1980, page 352)
-
Être redevable à, tenir de.
- Il vous doit son bonheur, son salut, sa fortune.
- Racine doit beaucoup à Euripide.
- Corneille doit à Sénèque la belle scène d’Auguste et de Cinna.
- L’auteur a dû le succès de sa pièce au talent des acteurs.
- Cette colline doit son nom à un événement qu’on nous raconta.
- (Par extension) Je lui dois tous mes maux.
- Il se dit aussi pour marquer qu’il y a une espèce de justice, de raison, de nécessité, etc., qu’une chose soit.
- Un bon ouvrier doit être plus employé qu’un autre.
- Il me semble que cela devrait les réconcilier.
- Il devrait y avoir une garnison dans cette ville.
- Être inévitable.
- La vitesse de circulation de la monnaie croissait ainsi de jour en jour et sa répudiation définitive semblait devoir être prochaine. — (Wilfrid Baumgartner, Le Rentenmark (15 Octobre 1923 - 11 octobre 1924), Les Presses Universitaires de France, 1925 (réimpr. 2e éd. revue), p.93)
- Suivi d’un infinitif, il joue aussi en quelque sorte le rôle d’un auxiliaire et se dit de ce qui paraît vraisemblable, probable, plus ou moins certain.
- A peu de distance de Dinant, en Belgique, dans la vallée de la Lesse, il existe un assez grand nombre de ces grottes qui ont dû servir d’habitation ou de refuge à nos ancêtres ; […] — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 176)
-
Blandine ne peut s'empêcher de rire.
— C'est pas dans le calendrier que tu devrais être, dit-elle, c'est dans un musée ! T'es une femme comme il n'y en a pas deux ! — (Gérard Mordillat, Xenia, éd. Calmann-Lévy, 2014) - Une fois réparé de cette façon, cet instrument doit marcher.
- Le premier homme qui est mort a dû être drôlement surpris. — (Georges Wolinsky)
- Il se dit de ce qu’on croit, ou qu’on présume, ou qu’on suppose qui arrivera.
- Les comptes nationaux sont une construction sociale, en perpétuelle évolution, reflétant toujours les préoccupations d'une époque. Les chiffres qui en sont issus ne doivent pas être fétichisés. — (Thomas Piketty, Le capital au XXIe siècle, éd. du Seuil, 2013, p. 103)
- Le courrier doit être ici dans peu de jours.
- Je dois recevoir cette somme après-demain.
- Le bonheur que doivent goûter les élus.
- Quand même je devrais y périr.
- Il doit y avoir demain une assemblée générale.
- À l’imparfait du subjonctif, et en tête de la phrase, il s’emploie dans le sens de quand même.
- Dussè-je y périr.
- Dût ma fortune être anéantie.
- Quand je devrais y périr.
- Il se dit aussi pour marquer l’intention qu’on a de faire quelque chose.
- Je dois aller demain à la campagne.
-
(Pronominal) Se dit spécialement pour être dans l’obligation morale de se donner, de se dévouer à sa famille, à sa patrie, à ses amis.
- Vous vous devez à vos enfants.
- Cela se doit, se dit de ce qui doit être, de ce qu’il convient de faire.
Verbe - ancien français
devoir \Prononciation ?\
-
Devoir (verbe auxiliaire).
- Qu'il deüssent venir en ma sale pauvée — (Brun de La Montaigne, anonyme, édition de P. Meyer, publiée en 1875)
-
Devoir (avoir à rendre quelque chose).
-
Si doit a Dieu merchis et grés — (L’âtre périlleux, anonyme, manuscrit 1433 français de la BnF)
-
Si doit a Dieu merchis et grés — (L’âtre périlleux, anonyme, manuscrit 1433 français de la BnF)
Nom commun - français
devoir \də.vwaʁ\ masculin
- Ce à quoi on est obligé par la raison, par la morale, par la loi, par sa condition, par la bienséance, etc.
- Manquer à ses devoirs.
- Devoir d'État.
-
Et, pendant qu'on se tue à différer de vivre,
Le vrai devoir dans l'ombre attend la volonté.
— (Sully Prudhomme, Les Vaines Tendresses dans le volume 3 des Oeuvres, Alphonse Lemerre, 1900, p. 96) - L'iniquité commençait à être connue, mais on la sentait soutenue et défendue par de telles forces publiques et secrètes, que les plus fermes hésitaient. Ceux qui avaient le devoir de parler se taisaient. — (Anatole France, Vers les Temps Meilleurs - Tome II, Édouard Pelletan, 1906, pages 10-11)
- Rien ne donne la satisfaction du devoir accompli comme une bonne nuit de sommeil, un repas sérieux, une belle passe d'amour. — (Remy de Gourmont, Promenades Philosophiques, Mercure de France , 1905, éd. 1921, page 263)
- Le service militaire, qui avait été un devoir de la noblesse, était abandonné à ceux qui ne pouvaient faire l'achat d'un remplaçant. — (Général Ambert, Récits militaires : L'invasion (1870), Bloud & Barral, 1883, page 240)
- Nous connaissons votre loyalisme. Il vous fera un devoir de ne rien révéler des instructions que vous aurez reçues. — (Jules Romains, Les Copains, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 131)
-
Exercices scolaires qu’ont à faire les élèves dans un lycée, un collège, une école.
- Les maîtres d’école prétendent que ce qu’on écrit se fourre plus avant dans la cervelle que ce qu'on apprend par cœur, et que c'est pour ça qu'ils font faire des devoirs aux enfants, au lieu de se contenter de leur faire réciter des leçons. — (Émile Thirion, La Politique au village, Fischbacher, 1896, page 137)
- Elle séchait sur son devoir de grammaire. Elle disait qu'elle ne se souvenait plus de la règle des participes. Passés. Les présents ne s'accordent pas. — (Annie Saumont, Koman sa sécri émé, Paris : Julliard, 2005, Robert Laffont, 2011)
- On s'y installait parfois, quand on n'avait pas de devoirs à faire. Je faisais une partie de billard contre moi-même tandis qu'Amy me mettait la pâtée au flipper. — (Kody Keplinger, MDR - Menteuse Drôlement Raleuse, traduit de l'américain par Aude Gwendoline, Hachette Livres, 2017, chapitre 3)
- Témoigner à l’égard de quelqu’un des marques de politesse.
- Ernest, je te prie, et, au besoin, je t’ordonne de présenter tes devoirs à Mlle Thibaud. — (François Mauriac, Le Drôle, 1933, Gedalge, 1956, page 41)
-
Honneurs funèbres, cérémonie pour les funérailles de quelqu’un.
- Rendre à quelqu’un les derniers devoirs, l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure.
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Avoir à payer une somme d'argent, à rendre ou à donner quelque chose que ce soit. Devoir de l'argent. Devoir tant de sacs de blé. Devoir tant de journées de travail. Je vous paierai à la date fixée tout ce que je vous dois. Devoir plus qu'on ne possède. Les sommes dues par un tel. Absolument, Il doit à tout le monde. En termes de Pratique, Jusqu'à due concurrence, Jusqu'à concurrence de la somme, de la quantité dont un débiteur est tenu. Acte en due forme, Acte rédigé conformément à la loi. Prov., Devoir à Dieu et à diable, au tiers et au quart; devoir de tous côtés, Devoir beaucoup, avoir beaucoup de dettes. Prov., Qui a terme ne doit rien, On ne peut être obligé de payer avant que le terme soit échu. Doit s'emploie comme nom masculin dans les livres de compte, par opposition au mot Avoir, et désigne la Partie d'un compte où l'on porte ce qu'une personne doit, ce qu'elle a reçu. On appelle aussi Doit et avoir Le passif et l'actif.
DEVOIR signifie encore Être obligé à quelque chose par la morale, par la loi, par sa condition, par l'honneur, par la bienséance, etc. Un fils doit respect à son père. Il ne doit compte de ses actions à personne. On doit obéissance aux lois. Devoir une visite à quelqu'un. Vous lui devez des égards, des ménagements. On se doit à soi-même de respecter les bienséances. Je me devais de faire cette démarche. Un honnête homme sait ce qu'il se doit. Un homme d'honneur doit tenir sa parole. Vous devriez vous conduire autrement. Il ne devrait pas abandonner ses parents. Prov., Fais ce que dois, advienne que pourra. On le dit quelquefois des Choses. La loi doit une égale protection à tous les citoyens. La pitié due au malheur.
SE DEVOIR À se dit spécialement pour Être dans l'obligation morale de se donner, de se dévouer à sa famille, à sa patrie, à ses amis. Vous vous devez à vos enfants. Cela se doit, se dit de Ce qui doit être, de ce qu'il convient de faire. Suivi d'un infinitif, il signifie souvent Être dans la nécessité de. Je dois partir à six heures. Je devrai avoir terminé cette tâche demain. Il signifie en outre Être redevable à, tenir de. Il vous doit son bonheur, son salut, sa fortune. Racine doit beaucoup à Euripide. Corneille doit à Sénèque la belle scène d'Auguste et de Cinna. L'auteur a dû le succès de sa pièce au talent des acteurs. Cette colline doit son nom à un événement qu'on nous raconta. Par extension, Je lui dois tous mes maux. Il se dit aussi pour marquer qu'il y a une espèce de justice, de raison, de nécessité, etc., qu'une chose soit. Un bon ouvrier doit être plus employé qu'un autre. Il me semble que cela devrait les réconcilier. Il devrait y avoir une garnison dans cette ville. Il se dit encore pour marquer qu'une chose arrivera infailliblement. Tous les hommes doivent mourir. Le terme de son bail doit expirer dans deux jours.
DEVOIR, suivi d'un infinitif, joue aussi en quelque sorte le rôle d'un auxiliaire et se dit de Ce qui paraît vraisemblable, probable, plus ou moins certain. La campagne doit être belle maintenant. Il a dû partir ce matin. Le législateur doit avoir prévu ce cas. Il doit être bien agréable de... Il doit y avoir entre eux beaucoup de différence. À en juger par le train que mène cet homme, il doit être bien riche. Une fois réparé de cette façon, cet instrument doit marcher. On doit avoir bien froid avec un habit aussi léger. Il se dit pareillement de Ce qu'on croit, ou qu'on présume, ou qu'on suppose qui arrivera. Le courrier doit être ici dans peu de jours. Je dois recevoir cette somme après-demain. Le bonheur que doivent goûter les élus. Quand même je devrais y périr. Il doit y avoir demain une assemblée générale. À l'imparfait du subjonctif, et en tête de la phrase, il s'emploie dans le sens de Quand même. Dussé-je y périr; dût ma fortune être anéantie, Quand je devrais y périr, etc. Il se dit aussi pour marquer l'intention qu'on a de faire quelque chose. Je dois aller demain à la campagne.
Littré (1872-1877)
-
1Avoir à payer une somme d'argent, ou à fournir toute autre valeur. Il doit plus qu'il ne possède. Devoir de l'argent, plusieurs journées de travail.
Je dois quatre cents francs à mon marchand de vin, Un fripon qui demeure au cabaret voisin
, Regnard, le Légat. IV, 6.Devoir plus d'argent qu'on n'est gros, être très endetté.
Devoir du retour, devoir quelque argent en sus, après avoir fait un troc ; et fig.
Et d'autant que l'honneur m'est plus cher que la vie, D'autant plus maintenant je te dois de retour
, Corneille, Cid, III, 6.Absolument. Il doit de tous côtés.
Brid'oison : Mais si tu dois et que tu ne payes pas…? - Figaro : Alors, monsieur voit bien que c'est comme si je ne devais pas
, Beaumarchais, Mariage, III, 13.Devoir à Dieu et à diable, à Dieu et au monde, au tiers et au quart, devoir de l'argent à un très grand nombre de personnes.
Fig. Devoir tribut, être obligé de se conformer à.
Aux usages reçus il faut qu'on s'accommode ; Une femme surtout doit tribut à la mode
, Boileau, Sat. X.Fig. et familièrement. Il m'en doit, ou je lui en dois, il m'a offensé et je m'en vengerai.
C'était moi ; je t'en devais, il y a bien longtemps
, Baron, Homme à bonnes fort. V, 8.N'en devoir rien, n'en devoir guère, ne pas céder à, ne pas être inférieur.
Sans répandre leur sang comme Pyrame et Thisbé, ils ne leur en durent guère en tendresse impétueuse
, Scarron, Rom. com. II, ch. 19.Si votre majesté Est curieuse de beauté, Qu'elle fasse venir mon frère : Aux plus charmants il n'en doit guère
, La Fontaine, Joc.J'ai vu les beautés de la Seine, ses bords n'en doivent rien à ceux de la Loire
, Sévigné, 547.Ironiquement. Il ne lui en doit guère, il ne vaut pas mieux que lui.
D'Arlincourt est venu à la cour et a dit : Voilà mon Solitaire et mes autres romans qui n'en doivent guère au Christianisme de Chateaubriand
, Courier, II, 261.Ils ne s'en doivent guère, se dit de gens qui ont des torts réciproques ou qui ne valent pas mieux l'un que l'autre en certaines choses.
…Je crois, à parler à sentiments ouverts, Que nous ne nous en devons guères
, Molière, Amph. Prologue.Thésée : Ne parlons plus d'amours ; sur ce chapitre honteux, nous ne nous en devons rien [l'un à l'autre, moi et Hercule]
, Fénelon, t. XIX, p. 129.Terme de comptabilité. Doit, par opposition à avoir, partie d'un compte établissant ce qu'une personne doit et ce qu'elle a reçu. Tenir ses comptes par doit et par avoir.
-
2Être redevable à, avoir obtenu par. Je lui dois tout. Je lui dois la place que j'occupe.
On n'aime point à voir ceux à qui l'on doit tant ; Tout ce qu'il a fait parle au moment qu'il m'approche, Et sa seule présence est un secret reproche
, Corneille, Nicom. II, 1.L'un imite Sophocle, l'autre doit plus à Euripide
, La Bruyère, I.Si Menzikoff fit cette manœuvre de lui-même, la Russie lui dut son salut ; si le czar l'ordonna, il était un digne adversaire de Charles XII
, Voltaire, Charles XII, 4.Les chrétiens vous devraient une tête si chère
, Voltaire, Zaïre, II, 2.L'un tient de moi la vie, à l'autre je la dois
, Voltaire, Alz. III, 5.Si Racine doit à Tacite la belle scène entre Agrippine et son fils, Corneille doit à Sénèque celle d'Auguste et de Cinna
, Diderot, Règne de Claude et Néron, II, 51.Devoir, avec de et un verbe à l'infinitif, même sens.
Nous servions dans le même régiment, dont je vous dois d'être major
, Beaumarchais, Mère coup. I, 8.Devoir se dit aussi quelquefois en mauvaise part. Je lui dois tous mes maux.
Être redevable à des choses, avoir obtenu par des choses.
Fais devoir à ton roi son salut à ta perte [fais que ton roi doive son salut à ta mort]
, Corneille, Cid, III, 6.Il y a de certains grands sentiments, de certaines actions nobles et élevées, que nous devons moins à la force de notre esprit qu'à la bonté de notre naturel
, La Bruyère, IV.Devrai-je au dépit qui le presse Ce que j'aurais voulu devoir à sa tendresse ?
Voltaire, Brutus, III, 4.Les nations avaient déjà donné à Pierre Alexiovitz le nom de grand, qu'une défaite ne pouvait lui faire perdre, parce qu'il ne le devait pas à des victoires
, Voltaire, Charles XII, 4.En parlant de ce qui a obtenu quelque chose par une certaine circonstance. Cette colline doit son nom à tel événement.
-
3Être tenu, obligé envers. Il ne doit compte de ses actions à personne.
Ne me dites plus rien ; pour vous j'ai tout perdu ; Ce que je vous devais, je vous l'ai bien rendu
, Corneille, Cid, III, 6.Je vous devrai beaucoup pour un si bon office
, Corneille, Hor. IV, 2.Vous qui devez respect au moindre des Romains
, Corneille, Pomp. III, 2.Si vous lui devez tant, ne me devez-vous rien ?
Corneille, Sertor. II, 2.Il est temps de montrer cette ardeur et ce zèle Qu'au fond de votre cœur mes soins ont cultivés, Et de payer à Dieu ce que vous lui devez
, Racine, Athal. IV, 2.Nous avons beaucoup moins de peine à faire plus que nous ne devons qu'à faire ce que nous devons
, Bourdaloue, Sévérité évang. 2e avent, p. 448.Pardonne-moi, mon fils, si je trouble ton récit par les larmes que je dois à ton père
, Fénelon, Tél. X.En un mot il [Dieu] doit à toutes ses perfections la punition du péché
, Massillon, Car. Pass.Que pouviez-vous ? hélas ! - J'ai fait ce que j'ai dû
, Voltaire, Orphel. V, 1.Absolument.
Je dois à ma maîtresse aussi bien qu'à mon père
, Corneille, Cid, I, 10.Ressouvenez-vous que, hors d'ici, je ne dois plus qu'à mon honneur
, Molière, Don Juan, III, 5.Se devoir à soi-même, être tenu en vertu de sa propre considération.
Je sais ce que je suis et ce que je me dois
, Corneille, Don Sanche, I, 1.Dieu se devait à lui-même de rendre son image heureuse
, Bossuet, Hist. II, 1.Je vous dois cet avis, votre intérêt me commande de vous donner cet avis.
-
4Devoir, suivi d'un verbe à l'infinitif, exprime qu'une chose arrivera infailliblement. Tous les hommes doivent mourir.
Il exprime une obligation morale. Un bon fils doit respecter son père.
Si la bonne foi était exilée du reste de la terre, elle devrait se retrouver dans le cœur des rois
, Parole du roi Jean.Il marque qu'il y a une sorte de justice ou de raison à ce qu'une chose soit. On devrait planter des arbres le long de cette route.
J'ai dû continuer, j'ai dû dans tout le reste… Que sais-je enfin ? j'ai dû vous être moins funeste, J'ai dû craindre du roi les dons empoisonnés
, Racine, Mithr. IV, 2.Le zèle de Joad n'a point dû vous surprendre
, Racine, Athal. II, 4.À de moindres fureurs je n'ai pas dû m'attendre ; Voilà, voilà les cris que je craignais d'entendre
, Racine, ib. IV, 5.Un jour seul perdu devrait donc nous laisser des regrets, mille fois plus vifs et plus cuisants qu'une grande fortune manquée
, Massillon, Car. Temps.À ces biens fugitifs votre amour doit survivre
, Delavigne, Paria, II, 5.On s'en sert pour marquer l'intention. Je dois aller demain à la campagne.
Il marque aussi un futur indéterminé. Il doit partir demain. Il devait sortir hier. Nous devons chanter ce soir. Il doit y avoir demain une assemblée des actionnaires. Je dois prochainement recevoir de l'argent.
Devoir exprime quelquefois une supposition. C'est lui qui doit avoir fait cela, on suppose que c'est lui qui a fait cela.
Les deux accusateurs que lui-même a produits, Que pour l'assassiner je dois avoir séduits
, Corneille, Nicom. III, 8.Il indique en d'autres cas une simple croyance.
Et Léonce doit être incapable de crime Puisqu'il a mérité l'honneur de ton estime
, Rotrou, Bélis, I, 6.Un voile ténébreux Nous dérobe le jour qui doit nous rendre heureux
, Racine L. la Grâce, ch. I.Ces faits-là doivent être communs, je pense qu'ils sont communs.
Des actes d'une nature si sublime doivent être rares
, Raynal, Hist. phil. XI, 22. -
5L'imparfait du subjonctif, placé en tête de la phrase, s'emploie dans le sens de quand même. Dussé-je être blâmé [quand même je serais blâmé], je vous soutiendrai. Dusses-tu y perdre de l'argent, il faut entrer dans cette affaire. Dût cela mal tourner, nous ne vous quitterons pas. Dussions - nous échouer, dussiez - vous échouer, dussent-ils échouer, nous essayerons.
Dût le peuple en fureur pour ses maîtres nouveaux De mon sang odieux arroser leurs tombeaux, Dût le Parthe vengeur me trouver sans défense, Dût le ciel égaler le supplice à l'offense, Trône, à t'abandonner je ne puis consentir
, Corneille, Rodog. V, 1.Crois-moi, dût Auzanet t'assurer du succès, Abbé, n'entreprends point même un juste procès
, Boileau, Ép. II.Dût tout cet appareil retomber sur ma tête
, Racine, Iphig. III, 5.Dût Mme d'Acigné m'accuser d'être injuste, ou M. de Richelieu d'être ingrate
, Maintenon, Lett. au card. de Noailles, 10 août 1701. - 6Se devoir, v. réfl. Être dû, être obligatoire. Cela se doit.
-
7Être obligé de se consacrer à.
Le sage s'accommode aux changements divers, Et l'homme généreux se doit à l'univers
, Brébeuf, Phars. II.Sa mort vous laisse un fils à qui vous vous devez
, Racine, Phèd. I, 5.Un roi se doit à tous les hommes qu'il gouverne
, Fénelon, Tél. IX.Mon âme tout entière Se doit aux grands objets de ma vaste carrière
, Voltaire, Orphel. II, 6.
PROVERBES
Fais ce que dois, advienne que pourra, se dit de celui qui accomplit son devoir, sans se laisser ébranler par la pensée de ce qui peut en arriver.
Quand on doit, il faut payer ou agréer, c'est-à-dire il faut donner à son créancier de l'argent ou du moins de bonnes paroles.
Qui nous doit, nous demande, c'est-à-dire celui dont nous avons sujet de nous plaindre nous accuse.
Il croit toujours qu'on lui en doit de reste, il n'est jamais content de ce qu'on fait pour lui
, Dict. de l'Académie.
Il semble que Dieu lui en doive de reste, se dit d'un homme qui fait mal ou grossièrement son devoir.
Qui a terme ne doit rien, c'est-à-dire qu'on ne peut rien lui demander jusqu'au terme.
Qui doit a tort, signifie qu'il faut payer ou être condamné aux dépens.
Va où tu peux, mourir où tu dois, se dit à celui qu'on abandonne à son sort.
REMARQUE
1. Les poëtes du XVIIe siècle et même du XVIIIe ont écrit je doi sans s : La mort a respecté ces jours que je te doi, Pour me donner le temps de m'acquitter vers toi
, Voltaire, Alz. II, 2. C'est un archaïsme, dans l'ancien français, la 1re personne n'ayant pas la lettre s, qui était réservée à la 2e personne (comme en latin) ; ce qui était mieux. L'usage irrégulier a prévalu ; mais on peut du moins conser ver aux poëtes la faculté d'employer cet archaïsme.
2. Vous devriez était de deux syllabes : Mais vous devriez, ma fille, en l'âge où je vous voy…
, Régnier, Sat. XII. C'est ainsi qu'on faisait de deux syllabes sanglier. C'était aussi un archaïsme, tout à fait tombé en désuétude.
3. Marg. Buffet, Observ. p. 138 (en 1668), dit que quelques-uns prononcent : je dais de l'argent ; il dait beaucoup ; et qu'il faut prononcer : je dois, il doit. C'était la prononciation normande qui n'était pas encore complétement exclue.
HISTORIQUE
IXe s. Si cum om per dreit son fradre [frère] salvar dist [doit]
, Serment.
Xe s. Chi [qui] sil [ainsi le] feent [font] cum faire lo deent [doivent]
, Fragm. de Valenc. p. 469.
XIe s. Si hom occit altre, et il seit conusaunt [connaissant], et il deive faire les amendes…
, Lois de Guill. 8. Deüz servises et mout grant amistez
, Ch. de Rol. III. En France ad Ais s'en deit bien repairer
, ib. [Dieu] Le glorius que deüsse [je dusse] aorer
, ib. IX. Quant [il] le dut prendre, si lui cheït à terre
, ib. XX. Li siens orgueilz le devreit bien confondre
, ib. XXVIII. Qui ce jugeat [décida] que doüssiez aller
, ib. XXVI.
XIIe s. Bien deüst estre escoutez et oïs
, Ronc. p. 24. S'en [quand même] devroie estre occis
, ib. Jamais n'iert [ne sera] jor, ne me doiez [que vous ne me deviez] amer
, ib. p. 30. Bien l'avez fait, mout [je] vous en doi amer
, ib. p. 33. Oncle Girart, quant [je] me dui [dus] esveiller
, ib. p. 164. Ma bataille [j']offre, cui qu'en doie peser [à qui qu'il en doive peser, être désagréable]
, ib. p. 191. Mais à dame de valor Doit on penser nuit et jor
, Couci, I. Ore est bien raison et heure Que [je] m'i doie retorner
, ib. IV. De mil souspirs que je lui doi par dete
, ib. VI. Mais en cel point que dui [je dus] avoir mon don
, ib. Jà nel [ne le] deüst ne sofrir ne voloir La douce riens, qui tant est bien aprise
, ib. XVII. Onques vers li [elle] [je] n'oi [n'eus] faus cuer ne volage ; Si m'en devroit pour tant mieuz avenir
, ib. XI. Chascuns quatre deniers ainsi comparer dot [dut payer]
, Sax. XVII. Maintenir le devons ; ce [je] temoigne et connois
, ib. XVIII. Se [nous] lui devons chevage, coustume ne tonlieu [impôt]
, ib. XXIV. Ici de Charlemaine [je] me doi ore bien taire
, ib. XXX.
XIIIe s. Il voloit aler avec eus por ce qu'il sembloient bien gent qui grant terre doient conquerre
, Villehardouin, LX. À l'aïe de Dieu fu desconfis li empereres Marchufles, et il meïsmes i dut estre pris
, ib. XCIX. Dame, ce dist Pepins, on ne doit pas douter…
, Berte, III. [Il] Assemble ses barons en qui se dut fier
, ib. Li jors que ele dut sa voie avoir emprise
, ib. VI. L'en doit bien reculer pour le plus loin saillir
, ib. XII. Il semble à sa maniere qu'ele doie desver [être folle]
, ib. XVII. Ma volenté ferez, quoi qu'il doie couster
, ib. CXII. Miex me venist estre alé pendre Au jor que ge dui fame prendre, Quant si cointe fame acointai
, la Rose, 8878. Sa mere que envieillir [il] voit, Et son pere qui moult devoit [qui avait des dettes]
, Bl. et Jeh. 71. Et je ne cuit que le defendant puisse chose dire par quoi la court dée esgarder que il ne li dée respondre à cel claim qu'il lors fist…
, Ass. de J. I, p. 84. Et ce qu'on dist que voirs est [est vrai] que li sires doit autant foi et loialté à son home come li hons fet à son segneur, ce doit estre entendu en tant comme cascuns est tenus li uns vers l'autre
, Beaumanoir, LVIII, 25. Sire, je oi [j'eus] le ceval et dui ces vingt livres ; mais j'en ai fet plain paiement
, Beaumanoir, IX, 5.
XIVe s. Onneur crie partout et vuet : Fay que doys, aveingne que puet
, Machaut, p. 112. Et aussi nous voulons estre beneurés et disons que devons vouloir avoir felicité, mais nous ne disons pas que nous la doions eslire
, Oresme, Eth. 64. Tant lui est deu plus de honneur se elle est bonne
, Oresme, ib. 47.
XVe s. Et que voulez-vous, dit le roi, que je fasse ? Il n'est chose que je ne doive faire pour nous sauver
, Froissart, III, IV, 76. Seigneurs, vous n'estes mie en arroy ni en ordonnance, que le roi doye maintenant parler à vous
, Froissart, II, II, 110. Et puis chevaucherent tout souef jusques adonc qu'ils vinrent au logis du duc. Quand ils durent approcher, ils ferirent chevaux des esperons tous d'une randon et se planterent en l'ost du duc
, Froissart, I, I, 111. Je ne pense pas avoir dit ne fait chose dont me doyez savoir mal gré
, Louis XI, Nouv. XXIV. Vous en deveriez estre content
, Louis XI, ib. XXXVIII. Vous n'estes pas telle que vous deussiez estre
, Louis XI, ib. LXVIII.
XVIe s. Là elle veoit une lumiere telle, Que, pour la veoir, mourir devrions vouloir
, Marot, III, 301. Laquelle en beauté et bonne grace ne devoit rien à son mari
, Marguerite de Navarre, Nouv. II. Le jour mesme qu'elle [la sentence] debvoit estre prononcée
, Montaigne, I, 40. Il debvoit plus à la fortune qu'à sa diligence
, Montaigne, I, 41. La peur emporta nostre jugement hors de sa deue assiette
, Montaigne, I, 61. Tout cela tesmoigne qu'ils ne nous debvoient rien en clarté d'esprit naturelle et en pertinence
, Montaigne, IV, 17. Le roy s'en meit en si grande cholere contre luy, que l'on pensoit qu'il ne luy deust jamais pardonner
, Amyot, Thém. 53. Bon citoyen et faisant le deu de son office
, Amyot, Flamin. 37. Voici le destroit où les poures consciences sont merveilleusement vexées et affligées, quand elles voyent que ceste contrition deue [pleine, entière] leur est imposée
, Calvin, Instit. 486.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
DEVOIR, s. m. (Droit nat. Relig. nat. Morale.) en latin officium. Le devoir est une action humaine exactement conforme aux lois qui nous en imposent l’obligation.
On peut considérer l’homme, ou comme créature de Dieu, ou comme doüé par son Créateur de certaines facultés, tant du corps que de l’ame, desquelles l’effet est fort différent, selon l’usage qu’il en fait ; ou enfin comme porté & nécessité même par sa condition naturelle, à vivre en société avec ses semblables.
La premiere relation est la source propre de tous les devoirs de la loi naturelle, qui ont Dieu pour objet, & qui sont compris sous le nom de religion naturelle. Il n’est pas nécessaire de supposer autre chose : un homme qui seroit seul dans le monde, devroit & pourroit pratiquer ces devoirs, du moins les principaux, d’où découlent tous les autres.
La seconde relation nous fournit par elle-même tous les devoirs qui nous regardent nous-mêmes, & que l’on peut rapporter à l’amour propre, ou, pour ôter toute équivoque, à l’amour de soi-même. Le Créateur étant tout sage, tout bon, s’est proposé sans contredit, en nous donnant certaines facultés du corps & de l’ame, une fin également digne de lui, & conforme à notre propre bonheur. Il veut donc que nous fassions de ces facultés un usage qui réponde à leur destination naturelle. De-là naît l’obligation de travailler à notre propre conservation, sans quoi nos facultés nous seroient fort inutiles ; & ensuite de les cultiver & perfectionner autant que le demande le but pour lequel elles nous ont été données. Un homme qui se trouveroit jetté dans une île deserte, sans espérance d’en sortir & d’y avoir jamais aucun compagnon, ne seroit pas plus autorisé par-là à se tuer, à se mutiler ou à s’ôter l’usage de la raison, qu’à cesser d’aimer Dieu & de l’honorer.
La troisieme & derniere relation est le principe des devoirs de la loi naturelle, qui se rapportent aux autres hommes. Quand je pense que Dieu a mis au monde des êtres semblables à moi, qu’il nous a tous faits égaux ; qu’il nous a donné à tous une forte inclination de vivre en société, & qu’il a disposé les choses de telle maniere qu’un homme ne peut se conserver ni subsister sans le secours de ses semblables, j’infere de-là que Dieu, notre créateur & notre pere commun, veut que chacun de nous observe tout ce qui est nécessaire pour entretenir cette société, & la rendre également agréable aux uns & aux autres.
Ce principe de la sociabilité est, je l’avoue, le plus étendu & le plus fécond ; les deux autres même viennent s’y joindre ensuite, & y trouvent une ample matiere de s’appliquer : mais il ne s’ensuit point de-là qu’on doive les confondre & les faire dépendre de la sociabilité, comme s’ils n’avoient pas leur force propre & indépendante. Tout ce qu’on doit dire, c’est qu’ici, comme par-tout ailleurs, la sagesse de Dieu a mis une très-grande liaison entre toutes les choses qui servent à ses fins.
La nature humaine ainsi envisagée, nous découvre la volonté du Créateur, qui est le fondement de l’obligation où nous sommes de suivre les regles renfermées dans ces trois grands principes de nos devoirs. L’utilité manifeste que nous trouvons ensuite dans leur pratique, c’est un motif, & un motif très-puissant pour nous engager à les remplir.
Dans cette espece de subordination qui se rencontre entre les trois grands principes de la loi naturelle, que je viens d’établir, s’il se trouve, comme il arrive quelquefois, qu’on ne puisse pas en même tems s’acquitter des devoirs qui émanent de chacun, voici, ce me semble, la maniere dont on doit régler entre eux la préférence en ces cas-là. 1°. Les devoirs de l’homme envers Dieu l’emportent toûjours sur tous les autres. 2°. Lorsqu’il y a une espece de conflit entre deux devoirs d’amour de soi-même, ou deux devoirs de sociabilité, il faut donner la préférence à celui qui est accompagné d’un plus grand degré d’utilité ; c’est-à-dire qu’il faut voir si le bien que l’on se procurera, ou que l’on procurera aux autres en pratiquant l’un de ces deux devoirs, est plus considérable que le bien qui reviendra ou à nous ou à autrui de l’omission de ce devoir, auquel on ne sauroit satisfaire sur l’heure sans manquer à l’autre. 3°. Si, toutes choses d’ailleurs égales, il y a du conflit entre un devoir d’amour de soi-même, & un devoir de sociabilité, soit que ce conflit arrive par le fait d’autrui, ou non, alors l’amour de soi-même doit l’emporter ; mais s’il s’y trouve de l’inégalité, alors il faut donner la préférence à celui de ces deux sortes de devoirs qui est accompagné d’un plus grand degré d’utilité. Entrons maintenant dans le détail des trois classes générales sous lesquelles j’ai dit que tous nos devoirs étoient renfermés : ce sera faire avec le lecteur un cours abrégé de Morale dans un seul article, il auroit tort de s’y refuser.
Les devoirs de l’homme envers Dieu, autant qu’on peut les découvrir par les seules lumieres de la raison, se réduisent en général à la connoissance & au culte de cet être souverain. Voyez Dieu. Voyez aussi Culte.
Les devoirs de l’homme par rapport à lui-même, découlent directement & immédiatement de l’amour de soi-même, qui oblige l’homme non-seulement à se conserver autant qu’il le peut, sans préjudice des lois de la religion & de la sociabilité, mais encore à se mettre dans le meilleur état qu’il lui est possible, pour acquérir tout le bonheur dont il est capable ; étant composé d’une ame & d’un corps, il doit prendre soin de l’une & de l’autre.
Le soin de l’ame se réduit en général à se former l’esprit & le cœur ; c’est-à-dire à se faire des idées droites du juste prix des choses qui excitent ordinairement nos idées ; à les bien régler, & à les conformer aux maximes de la droite raison & de la religion : e est à quoi tous les hommes sont indispensablement tenus. Mais il y a encore une autre sorte de culture de l’ame, qui, quoiqu’elle ne soit pas absolument nécessaire pour se bien acquitter des devoirs communs à tous les hommes, est très-propre à orner & perfectionner nos facultés, & à rendre la vie plus douce & plus agréable : c’est celle qui consiste dans l’étude des Arts & des Sciences. Il y a des connoissances nécessaires à tout le monde, & que chacun doit acquérir ; il y en a d’utiles à tout le monde ; il y en a qui ne sont nécessaires ou utiles qu’à certaines personnes, c’est-à-dire à ceux qui ont embrassé un certain art ou une certaine science. Il est clair que chacun doit rechercher & apprendre non-seulement ce qui est nécessaire à tous les hommes, mais encore à son métier ou à sa profession.
Les devoirs de l’homme par rapport aux soins du corps, sont d’entretenir & d’augmenter les forces naturelles du corps, par des alimens & des travaux convenables ; d’où l’on voit clairement les excès & les vices qu’il faut éviter à cet égard. Le soin de se conserver renferme les justes bornes de la légitime défense de soi-même, de son honneur & de ses biens. Voyez Défense de soi-même, Honneur.
Je passe aux devoirs de l’homme par rapport à autrui, & je les déduirai plus au long. Ils se réduisent en général à deux classes : l’une de ceux qui sont uniquement fondés sur les obligations mutuelles, où sont respectivement tous les hommes considérés comme tels : l’autre de ceux qui supposent quelque établissement humain, soit que les hommes l’ayent eux-mêmes formé, ou qu’ils l’ayent adopté, ou bien un certain état accessoire, c’est-à-dire un état où l’on est mis en conséquence de quelque acte humain, soit en naissant, ou après être né : tel est, par exemple, celui où est un pere & son enfant, l’un par rapport à l’autre ; un mari & sa femme ; un maître & son serviteur ; un souverain & son sujet.
Les premiers devoirs sont tels que chacun doit les pratiquer envers tout autre, au lieu que les derniers n’obligent que par rapport à certaines personnes, & posé une certaine condition, ou une certaine situation. Ainsi on peut appeller ceux-ci des devoirs conditionnels, & les autres des devoirs absolus.
Le premier devoir absolu, ou de chacun envers tout autre, c’est de ne faire de mal à personne. C’est-là le devoir le plus général : car chacun peut l’exiger de son semblable en tant qu’Homme, & doit le pratiquer ; c’est aussi le plus facile, car il consiste simplement à s’empêcher d’agir, ce qui ne coûte guere, à moins qu’on ne se soit livré sans retenue à des passions violentes qui résistent aux plus vives lumieres de la raison : c’est enfin le plus nécessaire ; car sans la pratique d’un tel devoir, il ne sauroit y avoir de société entre les hommes. De ce devoir suit la nécessité de réparer le mal, le préjudice, le dommage que l’on auroit fait à autrui. Voyez Dommage.
Le second devoir général absolu des hommes, est que chacun doit estimer & traiter les autres comme autant d’êtres qui lui sont naturellement égaux, c’est-à-dire qui sont aussi-bien hommes que lui, car il s’agit ici d’une égalité naturelle ou morale. Voyez Egalité.
Le troisieme devoir général respectif des hommes considérés comme membre de la société, est que chacun doit contribuer autant qu’il le peut commodément à l’utilité d’autrui. On peut procurer l’avantage d’autrui d’une infinité de manieres différentes, & dont plusieurs sont indispensables. On doit même aux autres des devoirs, qui sans être nécessaires pour la conservation du genre humain, servent cependant à la rendre plus belle & plus heureuse. Tels sont les devoirs de la compassion, de la libéralité, de la bénéficence, de la reconnoissance, de l’hospitalité, en un mot, tout ce que l’on comprend d’ordinaire sous le nom d’humanité ou de charité, par opposition à la justice rigoureuse, proprement ainsi nommée, dont les devoirs sont le plus souvent fondés sur quelque convention. Mais il faut bien remarquer que dans une nécessité extrème, le droit imparfait que donnent les lois de la charité, se change en droit parfait ; de sorte qu’on peut alors se faire rendre par force, ce qui, hors un tel cas, devroit être laissé à la conscience & à l’honneur de chacun. Voyez Compassion, Libéralité, Reconnoissance, Hospitalité, Humanité.
Les devoirs conditionnels de l’homme envers ses semblables, sont tous ceux où l’on entre de soi même avec les autres par des engagemens volontaires, exprès, ou tacites. Le devoir général que la loi naturelle prescrit ici, c’est que chacun tienne inviolablement sa parole, ou qu’il effectue ce à quoi il s’est engagé par une promesse ou par une convention. Voyez Promesse, Convention.
Il y a plusieurs établissemens humains sur lesquels sont fondés les devoirs conditionnels de l’homme par rapport à autrui. Les principaux de ces établissemens sont l’usage de la parole, la propriété des biens, & le prix des choses.
Afin que l’admirable instrument de la parole soit rapporté à son légitime usage, & au dessein du Créateur, on doit tenir pour une maxime inviolable de devoir, de ne tromper personne par des paroles, ni par aucun autre signe établi pour exprimer nos pensées. On voit par-là combien la véracité est nécessaire, le mensonge blâmable, & les restrictions mentales, criminelles. Voyez Véracité, Mensonge, Restriction mentale.
Les devoirs qui résultent de la propriété des biens considérée en elle-même, & de ce à quoi est tenu un possesseur de bonne foi, sont ceux-ci, 1°. chacun est indispensablement tenu envers tout autre, excepté le cas de la guerre, de le laisser joüir paisiblement de ses biens, & de ne point les endommager, faire périr, prendre, ou attirer à soi, ni par violence, ni par fraude, ni directement, ni indirectement. Par-là sont défendus le larcin, le vol, les rapines, les extorsions, & autres crimes semblables qui donnent quelque atteinte aux droits que chacun a sur son bien. Voyez Larcin, &c. Si le bien d’autrui est tombé entre nos mains, sans qu’il y ait de la mauvaise foi, ou aucun crime de notre part, & que la chose soit encore en nature, il faut faire ensorte, autant qu’en nous est, qu’elle retourne à son légitime maître. Voyez Propriété, Possesseur.
Les devoirs qui concernent le prix des choses, se déduisent aisément de la nature & du but des engagemens libres où l’on entre, il est donc inutile de nous y arrêter. Voyez Engagement.
Parcourons maintenant en peu de mots les devoirs des états accessoires, & commençons par ceux du mariage qui est la premiere ébauche de la société, & la pépiniere du genre humain. Le but de cette étroite union demande que les conjoints partagent les mêmes sentimens d’affection, les biens & les maux qui leur arrivent, l’éducation de leurs enfans, & le soin des affaires domestiques ; qu’ils se consolent & se soulagent dans leurs malheurs ; qu’ils ayent une condescendance & une déférence mutuelle ; en un mot, qu’ils mettent en œuvre tout ce qui peut perpétuer d’heureuses chaînes, ou adoucir l’amertume d’un hymen mal assorti. Voyez Mariage, Mari, Femme.
Du mariage viennent des enfans ; de-là naissent des devoirs réciproques entre les peres & meres & leurs enfans. Un pere & une mere doivent nourrir & entretenir leurs enfans également & aussi commodément qu’il leur est possible, former le corps & l’esprit des uns & des autres sans aucune préférence, par une bonne éducation qui les rende utiles à leur patrie, gens de bien & de bonnes mœurs. Ils doivent leur faire embrasser de bonne heure une profession honnête & convenable, établir & pousser leur fortune suivant leurs moyens, &c. Voyez Pere, Mere.
Les enfans de leur côté sont tenus de chérir, d’honorer, de respecter des peres & meres auxquels ils ont de si grandes obligations ; leur obéir, leur rendre avec zele tous les services dont ils sont capables, les assister lorsqu’ils se trouvent dans le besoin ou dans la vieillesse ; prendre leurs avis & leurs conseils dans les affaires importantes sur lesquelles ils ont des lumieres & de l’expérience ; enfin, de supporter patiemment leur mauvaise humeur, & les défauts qu’ils peuvent avoir, &c.
Les devoirs accessoires réciproques de ceux qui servent & de ceux qui se font servir, sont de la part des premiers le respect, la fidélité, l’obéissance aux commandemens qui n’ont rien de mauvais ni d’injuste, ce qui se sous-entend toûjours en parlant de l’obéissance que les inférieurs doivent à leurs supérieurs, &c. Le maître doit les nourrir, leur fournir le nécessaire, tant en santé qu’en maladie, avoir égard à leurs forces & à leur adresse naturelle pour ne pas exiger les travaux qu’ils ne sauroient supporter, &c. Voyez Maitre, Serviteur. Pour ce qui est des esclaves, Voyez Esclave.
Il me semble qu’il n’y a point d’avantages ni d’agrémens que l’on ne puisse trouver dans la pratique des devoirs dont nous avons traité jusqu’ici, & dans les trois accessoires dont nous venons d’expliquer la nature & les engagemens réciproques ; mais comme les hommes ont formé des corps politiques, ou des sociétés civiles, qui est le quatrieme des états accessoires, ces sociétés civiles reconnoissent un souverain & des sujets qui ont respectivement des devoirs à remplir.
La regle générale qui renferme tous les devoirs du souverain, est le bien du peuple. Les devoirs particuliers sont, 1°. former les sujets aux bonnes mœurs : 2°. établir de bonnes lois : 3°. veiller à leur exécution : 4°. garder un juste tempérament dans la détermination & dans la mesure des peines : 5°. confier les emplois publics à des gens de probité & capables de les gérer : 6°. exiger les impôts & les subsides d’une maniere convenable, & ensuite les employer utilement : 7°. procurer l’entretien & l’augmentation des biens des sujets : 8°. empêcher les factions & les cabales : 9°. se précautionner contre les invasions des ennemis. Voyez Souverain.
Les devoirs des sujets sont ou généraux, ou particuliers : les premiers naissent de l’obligation commune où sont tous les sujets en tant que soûmis à un même gouvernement, & membres d’un même état. Les devoirs particuliers résultent des divers emplois dont chacun est chargé par le souverain.
Les devoirs généraux des sujets ont pour objet, ou les conducteurs de l’état, ou tout le corps de l’état, ou les particuliers d’entre leurs concitoyens.
A l’égard des conducteurs de l’état, tout sujet leur doit le respect, la fidélité, & l’obéissance que demande leur caractere : par rapport à tout le corps de l’état, un bon citoyen doit préférer le bien public à toute autre chose, y sacrifier ses richesses, & sa vie même s’il est besoin. Le devoir d’un sujet envers ses concitoyens, consiste à vivre avec eux autant qu’il lui est possible en paix & en bonne union. Voyez Sujet.
Les devoirs particuliers des sujets sont encore attachés à certains emplois, dont les fonctions influent, ou sur tout le gouvernement de l’état, ou sur une partie seulement : il y a une maxime générale pour les uns & les autres, c’est de n’aspirer à aucun emploi public, même de ne point l’accepter lorsqu’on ne se sent point capable de le remplir dignement. Mais voici les principaux devoirs qui sont propres aux personnes revétues des emplois les plus considérables.
Un ministre d’état doit s’attacher à connoître les affaires, les intérêts du gouvernement, & en particulier de son district, se proposer dans tous ses conseils le bien public, & non pas son intérêt particulier, ne rien dissimuler de ce qu’il faut découvrir, & ne rien découvrir de ce qu’il faut cacher, &c. Les ministres de la religion doivent se borner aux fonctions de leur charge ; ne rien enseigner qui ne leur paroisse vrai, instruire le peuple de ses devoirs, ne point deshonorer leur caractere, ou perdre le fruit de leur ministere par des mœurs vicieuses, &c. Les magistrats & autres officiers de justice, doivent la rendre aux petits & aux pauvres aussi exactement qu’aux grands & aux riches ; protéger le peuple contre l’oppression, ne se laisser corrompre ni par des présens, ni par des sollicitations ; juger avec mesure & connoissance, sans passion ni préjugé ; empêcher les procès, ou du moins les terminer aussi promptement qu’il leur est possible, &c. Les généraux & autres officiers de guerre doivent maintenir la discipline militaire, conserver les troupes qu’ils commandent, leur inspirer des sentimens conformes au bien public, ne chercher jamais à gagner leur affection au préjudice de l’état de qui ils dépendent, &c. Les soldats doivent se contenter de leur paye, défendre leur poste, préférer dans l’occasion une mort honorable à une fuite honteuse. Les ambassadeurs & ministres auprès des puissances étrangeres doivent être prudens, circonspects, fideles à leur secret & à l’intérêt de leur souverain, inaccessibles à toutes sortes de corruptions, &c.
Tous ces devoirs particuliers des sujets que je viens de nommer, finissent avec les charges publiques, d’où ils découlent : mais pour les devoirs généraux, ils subsistent toûjours envers tel, ou tel état, tant qu’on en est membre.
L’on voit par ce détail qu’il n’est point d’action dans la société civile qui n’ait ses obligations & ses devoirs. & l’on est plus ou moins honnête homme, disoit Cicéron, à proportion de leur observation ou de leur négligence. Mais comme ces obligations ont paru trop gênantes à notre siecle, il a jugé à-propos d’en alléger le poids & d’en changer la nature. Dans cette vue, nous avons insensiblement altéré la signification du mot de devoir pour l’appliquer à des mœurs, des manieres, ou des usages frivoles, dont la pratique aisée nous tient lieu de morale. Nous sommes convenus de substituer des oboles aux pieces d’or qui devroient avoir cours.
Il est arrivé de-là que les devoirs ainsi nommés chez les grands, & qui font chez eux la partie la plus importante de l’éducation, ne consistent guere que dans des soins futiles, des apparences d’égard & de respect pour les supérieurs, des regles de contenance ou de politesse, des complimens de bouche ou par écrit, des modes vaines, des formalités puériles, & autres sottises de cette espece que l’on inculque tant aux jeunes gens, qu’ils les regardent à la fin comme les seules actions recommandables, à l’observation desquelles ils soient réellement tenus. Les devoirs du beau sexe en particulier sont aussi faciles qu’agréables à suivre. « Tous ceux qu’on nous impose (écrivoit-il n’y a pas long-tems l’ingénieuse Zilia, dans ses Lett. Péruv.) se réduisent à entrer en un jour dans le plus grand nombre de maisons qu’il est possible, pour y rendre & y recevoir un tribut de loüanges réciproques sur la beauté du visage, de la coëffure, & de la taille, sur l’exécution du goût & du choix des parures. »
Il falloit bien que les devoirs de ce genre fissent fortune ; parce qu’outre qu’ils tirent leur origine de l’oisiveté & du luxe, ils n’ont rien de pénible ; & sont extrémement loüés : mais les vrais devoirs qui procedent de la loi naturelle & du Christianisme coûtent à remplir, combattent sans cesse nos passions & nos vices ; & pour surcroît de dégoût, leur pratique n’est pas suivie de grands éloges. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.
Devoir, (Jurispr.) signifie quelquefois office ou engagement. C’est ainsi qu’en Droit on dit, qu’il est du devoir des peres de doter les filles, officium paternum dotate filias. (A)
Devoir, se dit aussi des engagemens du vassal envers son seigneur, comme de lui faire la foi & hommage, fournir son aveu & dénombrement, &c. (A)
Devoir, se prend encore pour redevance seigneuriale ou emphytéotique. On dit, en pays de Droit écrit, qu’un héritage est tenu sous le devoir annuel, cens, & servis d’une telle somme d’argent, ou d’une certaine quantité de grains. Voyez Cens, Servis, Redevance. (A)
Devoir de Montigne, étoit un droit de péage qui se payoit au tablier de la prevôté de Nantes, consistant en huit deniers monnoie de Bretagne, par escafe ou bateau chargé de plus de six muids de sel, venant tant de Bretagne que de Poitou, & arrivant par la riviere de Loire au port de la ville de Nantes. Ce droit étoit ainsi appellé, parce qu’il y en avoit quatre deniers qui se percevoient au profit du seigneur de Montigné. Il fut supprimé par arrêt du conseil du 18 Janvier 1729. (A)
Devoir, v. a. (Com.) c’est être obligé envers quelqu’un par promesses, billets, lettres de change, même seulement de parole, pour l’acquit d’achat de marchandise, prêt d’argent, service rendu, ou autrement. Dict. de Comm. & de Trèv. V. Dette. (G)
Devoir, terme de Commerce & de Teneur de livres : parmi les livres dont les marchands se servent pour leur négoce, il y en a un entre autres qu’on appelle le grand livre, qui se tient en débit & en crédit. Dans ce livre, la page à droite qui est pour le crédit, se marque par le mot avoir, & la page à gauche reservée au débit par le mot doit ; avec cette différence qu’avoir se met à la tête de tout de son côté, & que doit suit du sien le nom du débiteur. Dict. de Commerce. (G)
Devoir, (Com.) on nomme ainsi en Bretagne, particulierement dans la prevôté de Nantes, les droits qui s’y levent pour le Roi, & les octrois qui appartiennent à la ville sur certaines especes de marchandises. Il y en a de plusieurs sortes.
Le devoir du quarantieme est un droit qui se paye sur les marchandises venant de la mer à Nantes, & allant de Nantes à la mer, en passant par Saint-Nazaire.
Le devoir de la vieille coûtume se paye sur les blés.
Le devoir de quillage se leve sur les vaisseaux chargés desdits blés, pourvû qu’il y en ait plus de 10 tonneaux.
Le devoir de brieux est sur les blés amenés de dehors dans le comté de Nantes. Il y a aussi des devoirs de brieux sur les vaisseaux, qui se payent suivant leur charge. Voyez Brieux.
Le devoir de registre ou congé, se leve sur les vins.
Le devoir de guimple sur les sels venant de la mer au port de Nantes. Voyez Guimple.
Les Anglois nomment aussi devoirs tous les droits qui se levent par autorité publique sur les marchandises, vaisseaux, & c. Voyez l’article Droits. Dict. de Comm. & Chambers. (G)
Étymologie de « devoir »
Bourguig. devoi ; provenç. dever ; catal. deurer ; espagn. deber ; ital. devere ; du latin debere, que les étymologistes regardent comme composé de de habere, ne pas avoir, avoir perdu la possession.
- De l’ancien français deveir, devoir, du latin dēbēre (« devoir »).
Phonétique du mot « devoir »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
devoir | dœvwar |
Fréquence d'apparition du mot « devoir » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « devoir »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « devoir »
-
Devoir ! Ah, je ne puis souffrir ce vilain mot, cet odieux mot ! Il est si pointu, si aigre, si froid. Devoir, devoir, devoir ! On dirait des coups d'épingle.
Henrik Ibsen -
Être optimiste est un devoir moral.
Karl Popper -
Un écrivain a le devoir de méchanceté.
Philippe Caubère -
Le devoir est la nécessité volontaire.
Henri-Frédéric Amiel — Journal intime -
Le sourire est un devoir social.
Stéphane Gsell — Notice sur Roland Delachenal -
Moins qu’un devoir de mémoire, nous avons davantage un devoir de vigilance quotidienne.
Houda Rouane — Evene.fr - Octobre 2006 -
C’est un devoir que de se faire heureux.
André Gide -
On n'a jamais fini de faire son devoir.
Amiral Touchard -
La vie est un devoir Accomplis-le.
-
Au-dessus du devoir, il y a le bonheur.
Paul Léautaud — Passe-temps
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Traductions du mot « devoir »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | homework |
Espagnol | deber |
Italien | dovere |
Allemand | pflicht |
Chinois | 义务 |
Arabe | مهمة |
Portugais | dever |
Russe | обязанность |
Japonais | 関税 |
Basque | betebeharra |
Corse | u duveru |
Synonymes de « devoir »
- obligation
- tâche
- corvée
- responsabilité
- charge
- travail
- fonction
- service
- avoir l'idée de
- avoir en tête
- composition
- exercice
Antonymes de « devoir »
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