La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « déposer »

Déposer

Définitions de « déposer »

Trésor de la Langue Française informatisé

DÉPOSER1, verbe trans.

Dépouiller quelqu'un de son autorité, de sa dignité ou de sa charge. (Quasi-) synon. dégrader, destituer.Déposer un souverain aussi vertueux que Louis XVI (Staël, Consid. Révol. fr.,t. 1, 1817, p. 250):
Au bout d'un mois nouvelle lettre à l'évêque de Laval d'avoir à venir, sous peine d'être déposé... Quoi! déposé, mais il faut être deux pour le nommer, il faut donc être deux pour le révoquer. Barrès, Mes cahiers,t. 7, 1908-09, p. 99.
[P. allus. à l'Évangile selon Saint Luc 1, 52] Vous avez jeté bas les idoles, vous avez déposé tous ces puissants de leur siège (Claudel, Gdes odes,1910, p. 253).
Rem. On rencontre ds la docum. déposé, ée en emploi adj. Qui a été destitué. Je ne sais quel empereur d'Allemagne déposé, réclama seulement la souveraineté d'un clos de vin qu'il a affectionnait (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 192).
Prononc. et Orth. : [depoze], (je) dépose [depo:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Cf. déposer2.

DÉPOSER2, verbe trans.

[Correspond au sens perfectif du préf. dé-1]
I.− [Le verbe exprime une action d'une certaine durée mais s'inscrivant dans l'instant]
A.− [L'obj. désigne une chose]
1. Poser ce que l'on porte sur un terrain, un lieu ou sur un objet apte à le recevoir. Déposez sur ma tombe Vos couronnes de fleurs (Béranger, Chans.,t. 2, 1829, p. 252).Justin (...) déposa sur la table sa serviette et son chapeau (Arland, Ordre,1929, p. 52).
SYNT. Déposer un fardeau, des fleurs, une gerbe, un panier, un paquet; déposer sur l'autel, à/par terre.
En partic. [Le suj. désigne un animal] Mettre bas, pondre. De petites mouches déposent leurs œufs dans les bourgeons ou dans les feuilles (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 26).
Littér. Poser avec délicatesse. Il déposa un baiser de feu sur son front (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 41).
2. P. anal. Quitter une charge ou une dignité. Je devrais déposer mes fonctions de professeur (Amiel, Journal,1866, p. 164):
1. Je suis plus exigeant pour nos héros. Je veux que, résignés à prendre le pouvoir lorsque leurs services sont nécessaires, ils le déposent sans regret quand ils se jugent devenus inutiles. Maurois, Dialogues sur le commandement,1924, p. 154.
3. Au fig. Se défaire d'une attitude, d'un sentiment considérés comme étant à charge. Elle [Annette] venoit (...) de déposer le fardeau de sa crainte aux genoux du père des hommes (Balzac, Annette,t. 2, 1824, p. 31).MmeJeannin (...) se força à déposer sa fierté (Rolland, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 188).
Loc. Déposer les armes. Cesser le combat. Synon. moins usuel poser les armes.Et, comme si elles ne savaient plus s'en servir, les armées déposent leurs armes par terre (Claudel, Tête d'or,1901, p. 266).Littér. Déposer ses hommages aux pieds de qqn. Lui marquer un profond respect. Déposez mes hommages, mon cher ami, aux pieds de la marquise (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 18).
P. ell. et p. méton., littér. Voulez-vous me déposer aux pieds de MmeDaudet (Flaub., Corresp.,1877, p. 48).
B.− [L'obj. désigne une pers.] Mettre ou laisser quelqu'un à un endroit. (Quasi-)synon. conduire, amener.La voiture me déposa devant un perron (Gide, Isabelle,1911, p. 604):
2. Il y a dans le midi de la France, comme par exemple, à Hyères, un usage utile. Les mères qui vont chercher du travail, déposent leurs petits enfants chez une femme qui reçoit un sol par enfant pour en avoir soin. Bonstetten, Homme Midi,1824, p. 166.
Rem. On rencontre ds la docum., par fantaisie d'aut. a) Déposement, subst. masc. Et le déposement est ici ce qui tente, Et ce qui vient tout seul est l'abdication (Péguy, Tapisserie N.-D., 1913, p. 689; cf. aussi Rheims 1969). b) Déposeur, subst. masc. Pondeur de copie et déposeur de sa prose sur toutes les feuilles, à la façon des vers à soie (Goncourt, Journal, 1894, p. 631; attesté ds Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill.-Lar. 20e, mais avec le sens de « celui qui dépose, qui destitue »).
II.− [Le verbe exprime une action dont l'effet s'inscrit dans la durée]
A.− [Le suj. désigne une pers.]
1. Mettre une chose dans un lieu déterminé, dans un lieu sûr pour qu'elle y soit conservée un temps plus ou moins long en vue d'un usage éventuel; remettre à une instance compétente. Le grand magasin devenu arsenal, dans lequel on a déposé la grosse artillerie (Crèvecœur, Voyage,t. 1, 1801, p. 260).Des caisses d'épargne pour les domestiques économes qui viennent y déposer incontinent tout ce qu'ils ont volé à leurs maîtres (Flaub., Corresp.,1842, p. 99):
3. − J'ai l'honneur, dit-il [un monsieur blond] d'une voix chantante, de déposer un rapport sur le projet de loi portant ouverture au ministère d'état, sur l'exercice 1856, d'un crédit de quatre cent mille francs, (...). Et il faisait mine d'aller déposer le rapport, d'un pas ralenti, lorsque tous les députés, avec un ensemble parfait, crièrent : − La lecture! la lecture! Zola, Son Excellence E. Rougon,1876, p. 25.
SYNT. Déposer une somme d'argent, à la banque, chez un notaire, entre les mains de qqn; déposer une motion, une proposition.
2. En partic., loc. Déposer un cautionnement. Verser une garantie à titre de caution. Le cautionnement qu'il lui fallait déposer pour entrer en fonction (Dumas fils, Dame Cam.,1848, p. 171).Déposer son bilan. Se déclarer en cessation de paiement. Ils n'ont pas déposé leur bilan (...) la Banque de France les a renfloués (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 236).Déposer un brevet, un label, une marque, un modèle. Le/la soumettre aux formalités du dépôt légal pour en obtenir la propriété et le/la soustraire aux contrefaçons. Les premiers temps, il [mon père] déposait lui-même ses brevets (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 95).Déposer un ouvrage. Le soumettre aux formalités du dépôt légal. La Nationale, où sont déposés tous les livres publiés en France (Bourget, Actes suivent,1926, p. 65).
3. Au fig. Je déposerai dans ton sein le secret de ma vie (Genlis, Chev. Cygne,t. 1, 1795, p. 48).Les histoires de Plutarque déposent pour la vie des germes dans bien des esprits (Barrès, Cahiers,t. 11, 1914-18, p. 34).Les virtualités latentes que Dieu a déposées dans la matière en la créant (Gilson, Esprit philos. médiév.,t. 1, 1931, p. 141).
Rem. On rencontre ds la docum. déposé, ée en emploi adj. a) Qui a été confié en dépôt. Le dépositaire ne doit restituer la chose déposée qu'à celui qui la lui a confiée (Code civil, 1804, art. 1937, p. 349). b) Comm. Qui a fait l'objet d'une formalité de dépôt. Brevet, label, modèle, ouvrage déposé. Un parfum étiqueté, marque déposée (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 120).
B.− P. anal. [Le suj. désigne un liquide] Abandonner au fond d'un contenant des matières solides en suspension. Déposer un sédiment; laisser déposer. Les sels que les vins déposent, quand ils se dépouillent (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 184):
4. ... l'eau volatilisée par une chaleur ardente avait déposé tout le sel qu'elle contenait en suspension, et le lac ne formait plus qu'un immense miroir resplendissant. Verne, Les Enfants du Capitaine Grant,t. 1, 1868, p. 162.
P. ext. :
5. Rien ne bougeait plus nulle part sous une cendre impalpable qui était la lumière de la lune, et on la voyait flotter mollement dans les airs ou être déposée en mince couche sur les choses, partout où elle avait trouvé à s'accrocher. Ramuz, Derborence,1934, p. 21.
Emploi abs. Presque tous les vins déposent en bouteilles (Audot, Cuisin. campagne et ville,1896, pp. 555-556).
P. métaph. Vide un bon coup ton cœur où l'amour a déposé (Renard, Journal,1893, p. 168).
Emploi pronom. Le sel se dépose; se déposer lentement. Un brou de noix qui s'est déposé dans les plis de sa paume (Barbusse, Feu,1916, p. 220).
P. métaph. Toute une cuvée de vie séculaire, au fond de laquelle s'est déposé un âcre résidu d'ennui (Rolland, J.-Chr.,Maison, 1909, p. 1002).
Rem. On rencontre ds la docum., vieilli, déposition, subst. fém. Accumulation de matières solides. Synon. usuel dépôt. L'accumulation de nouvelles couches osseuses et la déposition successive de l'émail (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 119).
III.− DR. (procédure judiciaire)
A.− Déposer une plainte. Porter plainte devant l'autorité compétente :
6. Mais le colonel Picquart, tout pacifique qu'il paraisse, n'est pas homme à se laisser faire. Quand il jugea que c'était assez de cette comédie, se trouvant en mesure de prouver qu'il n'avait pas quitté Paris, il décida de déposer une plainte contre ses diffamateurs. Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 372.
B.− Témoigner en justice sous la foi du serment.
1. Vieux
a) Déposer + obj. dir.Déposer un témoignage (Littré).
Rem. Dans sa rem., Littré (cf. Dupré 1972) juge incorrect l'ex. suiv., qui est d'ailleurs un hapax ds notre docum. Mille témoins pour un déposent l'attentat (Florian, Fables, 1792, p. 195).
b) Déposer + sub. compl.Une marchande de ferraille à A déposa que l'accusé (...) étoit venu dans la soirée (Balzac, Annette,t. 4, 1824, p. 27).
Au fig. :
7. Telle a été la vie de Jean Locke : voyons quel a été son caractère. Tous ses contemporains, et, ce qui vaut mieux, toutes les actions connues de sa vie déposent que personne n'aima plus sincèrement et plus constamment la vérité, ... Cousin, Hist. de la philos. du XVIIes.,1829, p. 76.
2. Emploi intrans. Déposer contre, devant, en faveur de. Elles [deux fillettes] déposent de « sottises » qu'on leur a faites (Goncourt, Journal,1860, p. 764).
P. ext. Vous déposerez en ma faveur, et vous attesterez que Sophoclis n'est pas mort (About, Roi mont.,1857, p. 247).
Prononc. et Orth. Cf. déposer1. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. « abattre, faire déchoir » (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, LVIII, 12 [et depone eos]); 2. ca 1373 déposer que « déclarer que » (Gace de La Buigne, Le Roman des Deduis, éd. A. Blomqvist, 10836); 3. 1534 « mettre, entreposer quelque part [de l'argent] » (Coutumier Général, 2, 23 d'apr. FEW t. 8, p. 68a); 4. 1798 [en parlant d'un liquide] (Ac.). Empr. au lat. class. deponere « mettre à terre; mettre en dépôt; renoncer » avec infl. de poser*.
STAT. − Déposer1 et 2. Fréq. abs. littér. : 2 048. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 308, b) 2 865; xxes. : a) 3 088, b) 2 493.
DÉR.
Dépositoire, subst. masc.Lieu où l'on dépose momentanément un cadavre avant l'inhumation. Synon. usuel morgue.Le Toscan mourut dans l'hôpital. On resta seulement un jour de l'enterrer (sic). Son odeur suintait du dépositoire et allait empuantir les jardins (Giono, Manosque,1930, p. 82). Seule transcr. ds Littré : dé-pô-zi-toi-r'. En gén., les n. masc. en [-wa:ʀ] s'écrivent -oir : hachoir, séchoir, terroir, mais il y a de nombreuses exceptions : promontoire, réfectoire, dépositoire (cf. Ortho-vert 1966, p. 192). 1resattest. a) 1559 « lieu près de Sparte où l'on exposait les nouveaux nés mal conformés » (Amyot, Lycurgue, 16 ds Hug.) : trad. du gr. Α π ο θ ε ́ τ α ι, ω ̃ ν « même sens » (cf. Plut., Lyc., 16 ds Bailly); b) 1838 (Ac. Compl. 1842); empr. au lat. médiév. depositorium « lieu sûr où l'on fait dépôt » (xiiies. ds Latham). Fréq. abs. littér. : 2.

DÉPOSER3, verbe trans.

TECHNOL. [Correspond au sens locatif du préf. dé-1] Enlever un objet qui a été fixé à une place. Anton. poser, reposer.Pour vitrer un châssis de toit, il est nécessaire de le déposer et de le reposer (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât.,t. 6, 1930, p. 106).
Rem. On rencontre ds la docum. déposé, ée en emploi adj. Qui a été enlevé de l'endroit où il était posé. Ce mur nu, ce Christ déposé (Claudel, Pain dur, 1918, III, 2, p. 462).
Prononc. et Orth. : [depoze], (je) dépose [depo:z]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1832 « enlever [une serrure, un verrou] » (Raymond). Dér. de poser*; préf. dé-*.
DÉR.
Dépose, subst. fém.Action de déposer, tout ou partie, une installation, afin de la réparer ou de la nettoyer. La réparation d'un objet comprend sa dépose et repose, son double transport à l'atelier, le démontage et remontage des pièces intérieures (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât.,t. 3, 1928, p. 110). [depo:z]. Ds Ac. 1932. 1reattest. 1836 « action de déposer (une serrure) » (Raymond); déverbal de déposer1. Fréq. abs. littér. : 4.
BBG. − Quem. 2es. t. 2 1971 (s.v. dépose).Quem. 2es. t. 3 1972.

Wiktionnaire

Verbe - français

déposer \de.po.ze\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Enlever une chose que l’on portait, et la poser.
    • Au cours de l’entretien, C. A. reconstitue le circuit d'une information qui a fait l'objet d'un mél. Celui-ci a été imprimé par une personne qui le lui a déposé sur son bureau. — (Lire, écrire, récrire: Objets, signes et pratiques des médias informatisés, sous la direction de Emmanuel Souchier, Jean Davallon & Joëlle le Marec, Éditions de la Bibliothèque publique d'information, 2003, note 181, p. 189)
    • Un homme, mort a priori quelques heures plus tôt, a été déposé vers 5 h ce mardi matin devant le service des urgences de l’hôpital. — (Claude Girardet, Un mort déposé à l’hôpital, Vosges-matinn 22 août 2018, p. 1)
  2. (Par extension) Se débarrasser (d’une couronne, d’une dignité, d’une charge, etc.)
    • Sylla déposa la dictature. - Déposer son pouvoir.
    • (Figuré)Déposer sa fierté. - Ils paraissaient avoir déposé leurs mutuels ressentiments.
  3. Placer ou laisser une chose quelque part, dans l'intention de la reprendre après.
    • Notre paysan avait un faible bien marqué pour le péket. Il entre donc dans le premier cabaret qu'il rencontra après avoir au préalable déposé son sac à la porte. — (Alfred Harou, Littérature orale anecdotique : « Le petit cochon et le paysan », dans la Revue des traditions populaires, vol. 31, n° 1-2, Société des traditions populaires, 1916, p. 47)
    • La « grande bouffe » n'était ni la première, ni la dernière opération farfelue ayant pour cadre le sommet du mont Blanc. Le 17 janvier 1982, le cascadeur Michel Chirouze fait déposer au sommet une voiture par un hélicoptère venu de Berne et passé par le versant italien. — (François Labande, Sauver la montagne, Editions Olizane, 2004, page 29)
  4. Faire descendre d’un véhicule un ou des passagers que l’on a amenés jusque là.
    • L’humoriste Aït Méziane vient d’être assassiné. Il déposait sa fille au collège lorsque deux individus armé lui ont tiré trois balles dans la nuque... — (Yasmina Khadra, Morituri, éditions Baleine, 1997, page 90)
    • Cahin-caha, après avoir déposé tous ses passagers palestiniens et franchi encore quelques passages difficiles sur une route semée de chicanes, de ralentisseurs et de nids-de-poule, le taxi atteint notre troisième checkpoint, Zatara. — (Anne Brunswic, Bienvenue en Palestine: Chroniques d’une saison à Ramallah, Éditions Actes Sud, 2017)
  5. (En particulier) Mettre en dépôt, donner en garde, confier, remettre.
    • A sa mort, le « Berryer » est rendu aux Compagnons Soubise qui le déposent dans leur cayenne de La Villette où il est encore visible aujourd'hui. — (François Icher, Les compagnons ou l'amour de la belle ouvrage, 1995, Découvertes Gallimard n°255, 2005, page 64)
    • Déposer une somme d’argent dans une banque, à la caisse d’épargne. - Déposer un contrat, un testament chez le notaire.
  6. Poser délicatement.
    • Il s’inclina, prit, comme on cueille sur une branche un oiseau frissonnant, la main restée sur son bras et, la retournant paume vers le ciel, y déposa un baiser. — (Caroline Tillon, Le Baiser de l’orme, Siloë, 1998)
    • Marie-Claude commande deux steamés et deux Pepsi. Moins de cinq minutes plus tard, la serveuse dépose devant elles deux assiettes dont émane un arôme divin. — (Joanna Goodman, Le Pavillon des orphelines, Place des éditeurs, 2019, chap. 46)
  7. Laisser des parties grossières et hétérogènes au fond d’un vase ou d’un récipient.
    • Cette eau a déposé beaucoup de sable. - Ce vin a déposé beaucoup de lie.
    • (Intransitif)Cette liqueur a beaucoup déposé.
  8. (Pronominal) (réfléchi) Former un dépôt, une couche sur une surface.
    • Le calcium est véhiculé par le sang jusqu’à la glande nidamentaire (dite aussi coquillière). Là, le carbonate de calcium quitte le sang et se dépose en couches sur l'œuf. — (David George Haskell, Un an dans la vie d'une forêt, traduit de l'anglais (États-Unis) par Thierry Piélat, Éditions Flammarion, 2014)
  9. (Cyclisme) (Familier) Distancer facilement et rapidement.
    • Une fois rentré sur la tête, il s'offrait même le luxe de déposer ses compagnons pour s'imposer en solitaire ! — (les-actus-du-cyclisme.com, [1], 25 avril 2016)
  10. (Figuré) Confier une chose immatérielle.
    • Déposer son autorité entre les mains de quelqu’un.
  11. (Justice) Déclarer une version des faits, enregistrée par la justice.
    • […], et ils déposèrent, avec une précision qui aurait paru suspecte à des juges plus impartiaux, des faits tout à fait faux ou au moins insignifiants et des plus naturels, …. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
  12. (Droit) Faire enregistrer officiellement (un brevet, une marque...).
    • A l'Institut national de la propriété industrielle (Inpi), des dizaines d'allégation halal sont déposées, sans cahier des charges précis. — (Patrick Déniel, Dans le maquis du marché halal, dans L'Usine Nouvelle n° 3185, du 25 mars 2010)
    • Chaque pensionnaire [de maison close] a une chambre attitrée dont le numéro est déposé à la mairie. — (Régis Latouche, Une maison de tradition : le 52 ; Bruyères et la prostitution, 1800-1946, Journées d'études vosgiennes, 2005)
  13. Destituer, priver ou dépouiller quelqu’un de son autorité, de sa dignité, de sa charge, etc.
    • Louis la donnait pour femme au roi Alphonse VI, avec lequel il désirait resserrer son alliance. Deux ans plus tard cette princesse déposa son mari, et épousa Don Pedro son beau-frère, […]. — (Jean Charles Léonard Simonde de Sismondi, Histoire des Français, Bruxelles : à la Société typographique belge, 1842, vol. 17, p. 255)
    • Le législateur canonique intervient aussi pour réprimer le rapt ; le Concile de Chalcédoine de 451 (canon 27) dépose les clercs coupables de complicité de rapt et excommunie les laïques dans ces cas. — (Gabriel Lepointe, La Famille dans l’Ancien droit, Montchrestien, 1947 ; 5e éd., 1956, p. 93)
    • Le plus connu des Skires fut Odoacre qui, entre 473 et 476, s’empara de l’Italie et déposa le dernier empereur, Romulus Augustule, entrant ainsi dans la légende comme celui qui avait mis fin à l’Empire romain d’Occident.
  14. Ôter un objet de la place où on l’avait fixé.
    • Déposer un tableau, des rideaux.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DÉPOSER. v. tr.
Poser une chose que l'on portait. Il déposa son fardeau. Il se dit, par extension, de Celui qui se débarrasse d'une couronne, d'une dignité, d'une charge, etc. Sylla déposa la dictature. Déposer son pouvoir. Fig., Déposer sa fierté. Ils paraissaient avoir déposé leurs mutuels ressentiments. Il se dit également des Liquides qui se débarrassent des parties grossières et hétérogènes au fond d'un vase, d'un récipient. Cette eau a déposé beaucoup de sable. Ce vin a déposé beaucoup de lie. Absolument, Cette liqueur a beaucoup déposé. Il signifie aussi Placer, mettre, laisser une chose en quelque endroit, et se dit surtout en parlant de Ce qui ne doit rester qu'un certain temps dans le lieu où on l'a mis. Déposer sa canne, son parapluie au vestiaire. On déposa le corps dans une chapelle en attendant qu'il pût être transporté dans le caveau de famille. Il signifie particulièrement Mettre en dépôt, donner en garde, confier, remettre. Déposer une somme d'argent dans une banque, à la caisse d'épargne. Déposer un contrat, un testament chez le notaire. Déposer son bilan au greffe du tribunal de commerce, pour se déclarer en faillite. Fig., Déposer son autorité entre les mains de quelqu'un. En termes de Procédure, Déposer une plainte en justice. Absolument, Déposer en justice, devant un magistrat, Déclarer ce qu'on sait sur un fait. Les témoins ont déposé en sa faveur, ont déposé que... Déposer d'un fait. Fig., Cela dépose en votre faveur, dépose contre vous. Il signifie également Destituer, priver, dépouiller quelqu'un d'une dignité, d'une charge, etc. Déposer un empereur, un pape, un évêque.

Littré (1872-1877)

DÉPOSER (dé-pô-zé) v. a.
  • 1Poser une chose que l'on portait. Il déposa son fardeau. Du tonnerre vengeur s'en va tout embraser, Et, tranquille, à ses pieds revient le déposer, Racine, Esth. prol.

    Déposer son fardeau, se dit quelquefois d'une femme qui accouche.

    Déposer le masque, ôter le masque qui couvre le visage ; et fig. se montrer tel qu'on est, ne plus rien dissimuler.

    Fig. Déposer sa fierté, quitter la fierté qu'on avait. Je dépose à vos pieds l'éclat de leur faux lustre, Corneille, Poly. V, 6. Celui qui se propose de trouver la vérité déposera ses préjugés, Diderot, Opin. des anc. phil. (Thomasius). Comme un poids importun, déposez votre haine, Delavigne, Paria, V, 2. Déposer le fardeau des misères humaines, Est-ce donc là mourir ? Lamartine, Médit. I, 27.

  • 2Mettre (sans idée accessoire). Il est défendu de déposer des ordures le long de ce mur.

    Déposer son fardeau, se dit trivialement de quelqu'un qui va à la selle.

  • 3Laisser aller au fond les parties épaisses, en parlant d'un liquide. Le Nil dépose chaque année un limon fécond.

    Absolument. Cette liqueur dépose. Ce vin a beaucoup déposé.

  • 4Mettre pour quelque temps une chose dans un lieu. Déposer sa canne à la porte d'un spectacle. Déposer des marchandises en lieu sûr.
  • 5Mettre en dépôt. Déposer un testament chez le notaire. Déposer de l'argent à la caisse d'épargne. Le cultivateur s'est vu forcé de déposer ses récoltes dans les magasins du gouvernement, Raynal, Hist. philos. V, 14.

    Déposer une plainte, remettre une plainte à l'autorité judiciaire.

    Par extension, remettre. Le cœur me battait de joie durant la route, et le moment où je déposai cet argent dans ses mains, me fut mille fois plus doux que celui où il entra dans les miennes, Rousseau, Confess. VI.

    Fig. Il dépose ses secrets dans le sein de son ami. Voulez-vous sauver quelque chose de ce débris si universel, si inévitable ? donnez à Dieu vos affections ; nulle force ne vous ravira ce que vous aurez déposé en ses mains divines, Bossuet, Duch. d'Orl.

  • 6Donner en garantie. Déposer un cautionnement.
  • 7Se démettre, abdiquer. Sylla déposa la dictature. Il me semble surtout incessamment le voir Déposer en nos mains son absolu pouvoir, Corneille, Cinna, III, 2.
  • 8Dépouiller une personne d'une magistrature, d'une dignité élevée. Patrobe, Polyclète, et Narcisse et Pallas Ont déposé des rois, ont donné des États, Corneille, Othon, II, 2. Les évêques que l'Église veut déposer, Pascal, Prov. 16. On ordonna que tous ceux qui refuseraient de souscrire à ces deux nouveaux articles de foi, seraient exclus et déposés du ministère et de toute fonction ecclésiastique, Bossuet, Var. XIV, § 121. Je puis faire les rois, je puis les déposer, Racine, Bérén. III, 1.
  • 9 Terme de construction. Démonter un objet posé à demeure, faire la dépose.

    On dit dans le même sens, déposer des rideaux de lit ou autres.

  • 10 V. n. Faire sa déposition comme témoin, rendre témoignage. Déposer en faveur de quelqu'un. Il déposa qu'il avait vu l'accusé. Il déposa avoir entendu dire que. Des témoins qui déposent de la même vérité, Bossuet, Hist. II, 13. Il déposa d'un fait qu'il ne pouvait ignorer, Bossuet, Messe. Pourquoi contre vous-même allez-vous déposer ? Racine, Phèd. III, 3. C'est l'ennemi de Jésus-Christ qui dépose en faveur de son innocence, Massillon, Car. Pass. Les mondains déposent tous contre le monde, Massillon, Car. Mélange.

    Fig. Ce monument [un Mémoire écrit par Louis XIV à propos de la guerre de la succession] dépose à la postérité en faveur de la droiture de son âme [de Louis XIV], Voltaire, Louis XIV, 28. … Sont autant de témoins dont le cri glorieux A déposé pour vous au tribunal des dieux, Voltaire, Sémiram. I, 5. Ton génie dépose contre tes principes, Rousseau, Ém. IV.

  • 11Se déposer, v. réfl. Être mis en dépôt. Les sommes qui se déposent à la caisse d'épargne.

    Abdiquer, quitter le pouvoir, une dignité. Les empereurs qui se déposaient, Bossuet, Hist. I, 10.

    Aller au fond, en parlant des impuretés d'un liquide. Le limon se dépose quand l'eau est tranquille.

REMARQUE

L'Académie, en parlant de déposer, faire une déposition, dit qu'il est ordinairement neutre ; et elle ne donne aucun exemple de l'emploi à l'actif. Mais au mot déposition elle dit que ce mot signifie ce qu'un témoin dépose et affirme par devant le juge qui l'entend ; dans ce qu'un témoin dépose elle le fait actif. Déposer est naturellement actif ; et l'on peut dire déposer un témoignage et puis, elliptiquement ou intransitivement, déposer en justice, déposer contre quelqu'un. Cela remarqué, il semble que déposer ne peut être actif en ce sens qu'avec témoignage ou un mot analogue ; et que, partout ailleurs, le plus sûr et le plus clair paraît être d'en faire un verbe neutre, et de dire non déposer un fait, mais déposer d'un fait.

HISTORIQUE

XIIe s. Il deposat les puissanz del siege, eshalçat les humles, Liber psalm. p. 253. Le roi de France cui je [pensé-je] tost desposer, Et de son chief fors la corone oster, Bat. d'Aleschans, V. 2808. Que s'il le vunt devant l'apostolie apeler, K'ensi le purrunt bien de sun sié deposer, Th. le mart. 42. Et se nul ad tenu seculiers poestez, E par celes purchast [acquière] divines dignitez, Ostez seit de comune e del tut deposez, ib. 127. Kar li reis nel fait pas pur nului deposer, Mais pur ço qu'il voldreit l'arcevesque mater, Se à sa volenté ne le peust aturner, ib. 25.

XIIIe s. Roi, je t'ai servi dès t'enfance ; Mais cil qui tiennent ta balance M'ont deposé, Un dit de verité. Des murs de Douai l'ost [ils] esgardent, Qui les biens d'environ despose [garde], Guiart, Ms. f° 294, dans LACURNE.

XVe s. Quand il sut comment le roi [Édouard II] avoit esté pris et deposé de sa couronne, Froissart, I, I, 28. Pour un il en trouvera dix, Qui contre moi deposeront [témoigneront], Patelin.

XVIe s. Il feut deposé de l'estat de capitaine general, Montaigne, III, 196. Un gendre entre les mains de qui je deposasse en toute souveraineté la conduite de mes biens, Montaigne, IV, 75. Cela mesme qu'un tesmoing deposoit pour l'avoir veu de ses yeulx, Montaigne, IV, 183. Collatinus se deposa luy mesme voluntairement du consulat, Amyot, Publ. 12. Il voulut que le temple de Saturne fust le tresor publique, auquel on deposeroit tout l'argent qui se leveroit sur le peuple, Amyot, Publ. 22. Il produisit au conseil quelques esclaves, lesquelz deposerent qu'Alcibiades et autres siens familiers avoient ainsi mutilé quelques autres images, Amyot, Alc. 33. Qu'il falloit que la promesse de la vie ou autre chose lui eussent faict deposer contre la verité, D'Aubigné, Hist. I, 180.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DÉPOSER. Ajoutez :
12 Fig. Déposer son cœur, confier tous ses sentiments. Enfin j'ai déposé mon cœur à M. d'Uzès, Sévigné, 6 avr. 1672.

REMARQUE

Ajoutez : En résultat de la discussion qui établit qu'on dit déposer un témoignage, mais qu'on ne peut pas dire déposer un fait (il faut déposer d'un fait), ce vers de Florian est incorrect : Mille témoins pour un déposent l'attentat, Fabl. V, 19.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « déposer »

Dé… préfixe, et poser ; provenç. depausar ; espagn. deposar. Voy. POSER pour la confusion des radicaux entre poser (pauser), et le latin positum.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du préfixe dé-, et de poser ; déposer, c’est — du moins initialement — enlever ce qui avait été posé.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « déposer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
déposer depɔse

Fréquence d'apparition du mot « déposer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « déposer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « déposer »

  • On met des fils de fer autour des pelouses pour arrêter les gens qui vont y déposer des statues.
    Edgar Degas
  • Alunissage : Procédé technique consistant à déposer des imbéciles sur un rêve enfantin.
    Pierre Desproges — Dictionnaire superflu
  • La renommée est dangereuse ; son fardeau est léger à soulever, pénible à supporter et difficile à déposer.
    Hésiode — Les travaux et les jours
  • Une mauvaise réputation est un fardeau, léger à soulever, lourd à porter, difficile à déposer.
    Hésiode — Les travaux et les jours
  • Sur le mur d’un cimetière j’ai lu : Défense de déposer des ordures. Pourtant, aucun corbillard ne fait jamais demi-tour !
    Pierre Doris
  • Le printemps venu, la femelle du coucou, au lieu de construire un nid, s'en va déposer ses oeufs dans les pendules.
    François Cavanna — Le saviez-vous ?
  • Deux jours après sa défaite, Samy Debah annonce vouloir déposer un recours en annulation. Sur sa page Facebook, il dénonce un résultat « faussé par plusieurs irrégularités durant le scrutin ». « Nous sommes en train de constituer le dossier que nous présenterons pour le recours », poursuit le professeur d’histoire-géographie de 48 ans. Il lance notamment un appel pour « retrouver toutes les personnes qui n’ont pas pu voter dimanche dernier car on leur aurait opposé un refus, peu importe la raison ».
    Garges-lès-Gonesse : Samy Debah veut déposer un recours pour annuler le scrutin
  • Apprendre, c'est déposer de l'or dans la banque de son esprit.
    Shad Helmstetter — Le Pouvoir de motivation intérieure
  • A Tournefeuille près de Toulouse, Laurent Soulié (DVC- soutenu par LREM), le candidat et tête de liste "Tournefeuille audacieuse, inventive, solidaire" vaincu avec seulement 48 voix d'écart va déposer un recours en annulation devant le Tribunal administratif.   
    France 3 Occitanie — Municipales à Tournefeuille, Laurent Soulié (LREM) battu sur le fil va déposer un recours
  • Les candidats perdants de ces municipales dimanche soir, n'ont eu que jusqu'à ce soir 18 heures pour déposer un recours. Sur le fil, les Verts ont annoncé déposer un recours. Il sera examiné par le tribunal administratif, en principe dans un délais maximum de 3 mois.
    France 3 Hauts-de-France — Municipales à Lille : les Lillois vont-ils devoir re-voter ? Spillebout et les Verts déposent un recours
Voir toutes les citations du mot « déposer » →

Traductions du mot « déposer »

Langue Traduction
Anglais deposit
Espagnol bajar ó dejar algo
Italien deporre
Allemand fallen lassen
Chinois 放下
Arabe إنزال
Portugais deixar
Russe высадиться
Japonais 落ちる
Basque jaregin
Corse lascià
Source : Google Translate API

Synonymes de « déposer »

Source : synonymes de déposer sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « déposer »

Combien de points fait le mot déposer au Scrabble ?

Nombre de points du mot déposer au scrabble : 9 points

Déposer

Retour au sommaire ➦